(Quinze heures dix-neuf minutes)
M. Derraji : Bonjour, tout le
monde. Écoutez, aujourd'hui, je suis accompagné de plusieurs familles pour la
cause de l'alcool au volant. C'est... Ce sont des personnes très impliquées
pour la cause de l'alcool au volant.
Pourquoi nous sommes là aujourd'hui? C'est
parce qu'au ministère de la... du Transport et de la Mobilité durable, nous
avons fait une demande d'accès à l'information pour savoir quelles sont les
recommandations formulées par la SAAQ à une demande officielle envoyée par le
coroner. Le coroner, je tiens à le rappeler, recommande au ministère des Transports
et de la Mobilité durable et à la Société de l'assurance automobile du Québec
de réaliser dans les plus brefs délais leur analyse respective de la
faisabilité d'abaisser le seuil limite d'alcool dans le sang de 80 mg par
100 ml à 50 mg par 100 ml, qui consiste à amender le Code de la
sécurité routière en conséquence.
Malheureusement, nous avons essayé d'avoir
les réponses de cette conclusion. C'est un combat qu'on mène depuis plusieurs
années, et les gens qui m'accompagnent le mènent depuis plusieurs années.
Malheureusement, à notre grande surprise, le document officiel que nous avons
reçu de notre SAAQ est complètement caviardé. Il n'y a aucun mot, aucune
conclusion sur un sujet qui est très sensible parce que ça touche des vies
humaines. Donc, quand on parle de l'alcool au volant, c'est très important, c'est
très sérieux, et je trouve inacceptable que Mme la ministre, qui est
responsable du Code de la sécurité routière, ait le temps de lire cette étude
et qu'elle ne nous la dévoile pas. Pour nous, s'ils cachent cette étude, c'est
qu'elle va à l'encontre de ce qu'elle disait sur la place publique depuis
plusieurs mois. Maintenant, Mme Geneviève Guilbault ne peut plus se
cacher. Mme Geneviève Guilbault ne peut plus se cacher derrière la science.
L'étude a été réalisée par son propre ministère, dont elle-même est
responsable. Et au nom des familles endeuillées aujourd'hui, je lui demande de
divulguer les conclusions de cette étude. La population a le droit de savoir
toute la vérité et rien que la vérité par rapport à cette étude.
Je laisse maintenant... Je cède la parole
à Antoine... Charles-Antoine pour vous dire quelques mots.
M. Bittar (Charles-Antoine) : Bien,
bonjour, tout le monde. Merci beaucoup, M. Derraji, premièrement. Ce n'est
pas avec beaucoup de... C'est avec beaucoup de douleur que je suis ici
aujourd'hui. Ma sœur est décédée en 2017 dans une collision avec une... avec un
conducteur avec les capacités affaiblies, et je veux comprendre pourquoi le
gouvernement aujourd'hui est en train de cacher les réponses du... les réponses
du rapport de la SAAQ. On sait très bien qu'un coroner a fait des
recommandations, a envoyé des idées de recommandations à la SAAQ, et eux-mêmes
ont fait un rapport.
Mais en tant que citoyen et victime, je ne
peux pas comprendre pourquoi les résultats sont bâclés, cachés. On est ici
juste pour sauver des vies. Je ne veux pas avoir d'autres personnes... qui ont
vécu qu'est-ce que moi j'ai vécu, qu'est-ce que ma famille a vécu et qu'est-ce
que d'autres... plusieurs autres victimes vivent dans le quotidien. On doit
rendre les routes au Québec beaucoup plus sécuritaires pour le futur, pour le
maintenant aussi, mais on veut juste sauver des vies à la fin de la journée.
Donc, s'il vous plaît, rendez ça public. Permettez aux gens, aux Québécois
comme moi, d'avoir des réponses et comprendre la vraie situation. Merci.
Mme Lachance (Odette) : Alors,
bonjour. Moi c'est Odette Lachance, la maman de Thomas Ratté, qui est décédée
en 2018. Il a été happé par un conducteur avec les facultés affaiblies. Alors,
comme Charles-Antoine l'a dit, on a le droit de le savoir qu'est-ce qu'il y a
dans ce rapport-là. On demande seulement de la transparence, tout simplement.
Donc, on dit que notre gouvernement est transparent, bien, on veut des preuves
maintenant, on veut avoir de la transparence. Je vais être assez assez courte
dans mon... dans mon discours. Dans le fond, qu'est-ce qu'on a à perdre?
Qu'est-ce qu'on a à perdre à part des vies? Alors, voilà. Merci.
M. Bittar (Antoine) : Bonjour,
tout le monde. Antoine Bittar. Vous allez comprendre, c'est très émotionnel,
puis, normalement, ça sera Daniel qui devait parler. Bien, je vous jure qu'il
est enragé d'avoir vu un rapport qui doit sauver des vies être donné comme ça.
C'est inacceptable. On a un gouvernement qui doit prendre ses responsabilités,
qui doit être, comme dit Odette, transparent. On leur a donné des chiffres.
M. Derraji a sorti des chiffres, l'INSPQ, l'ASPQ — on a eu des
études — le CAA Québec. Tout le monde a sorti. On a des études qui
sont faites par d'autres provinces. On est encore la seule province qui ne le
fait pas, ce n'est pas acceptable. On parle de sauver des vies.
Ma question, c'est : Est-ce que
Mme Guilbault est encore en état de pouvoir régler cette question? Parce
que je veux vous rappeler, quand il y a eu un amendement, ils demandent
d'amender son fameux projet de loi n° 48, que tout le monde a dit :
Il vous manque la partie la plus importante, qui est l'alcool au volant. Elle
n'y a pas répondu. Ce qu'elle nous répond : On a les mesures les plus
strictes et les plus sévères. Oui, mais toutes ces mesures... et comprenez-moi
bien, ces mesures existent, mais elles sont toujours après. C'est fini. Ça veut
dire que la personne qui a un éthylomètre à vie, elle a peut-être tué une
personne, elle a peut-être deux personnes, elle a peut-être tué quatre
personnes, ce n'est pas acceptable. Les mesures doivent être prises avant les
faits, et c'est ce que nous, on demande. Et je suis sûr que ce rapport le
demande, le précise et j'espère qu'il l'exige.
Et là-dessus, j'espère vraiment... qu'il
faudrait vraiment... Comme je vous dis : Est-ce que Mme Guilbault est
la personne pour régler la question? Quand il y a a eu l'amendement, et tous
les partis de l'opposition ont voté pour, et, unanimement, tous les députés de
la CAQ ont voté contre, la ligne de parti, je pense que ce n'est pas elle qu'il
l'a faite, c'est M. Legault. M. Legault, vous avez un devoir de
sauver des vies. Vous parlez du gros bon sens. Ayez le gros bon sens. Ayez la
force politique, la volonté politique, le courage politique de faire les
changements que 60 % des Québécois vous demandent de le faire. Merci.
M. Derraji : Pour conclure,
au nom de ces familles endeuillées, je demande à M. Legault et à
Mme Geneviève Guilbault de dévoiler l'étude caviardée. Je pense que c'est
pour l'intérêt de tout le monde, l'intérêt de ces familles endeuillées qui
militent depuis plusieurs années, mais aussi c'est un intérêt public de savoir
les conclusions de cette étude réalisée par la SAAQ. Merci beaucoup.
(Fin à 15 h 26)