(Neuf heures quatre minutes)
M. Chassin :Alors, Mesdames et messieurs les journalistes, ce n'est pas
de gaieté de cœur que je suis devant vous ce matin. Je viens vous dire que je
vais désormais siéger comme indépendant, que je quitte le caucus de la CAQ, et
j'ajoute du même souffle que je compte finir mon mandat de député et que je ne
vais pas me joindre à un autre parti politique.
Ce matin, dans une lettre ouverte, j'ai
voulu passer un message clair au gouvernement et à tous mes collègues :
Nous sommes devant une crise des services publics. Alors, les partis de l'opposition,
hein, ils sortent des crises à gauche, à droite, c'est le logement, c'est
l'itinérance, les délais judiciaires, les urgences, les gangs de rue, la
pénurie d'enseignants, de psychologues, la crise de SAAQclic, même la crise de
l'immigration qui, je l'avoue, va venir plus du fédéral. Mais, quand on prend
un pas de recul, force est de constater qu'on fait face à des services gérés
par l'État. C'est une crise des services publics. Et donc on va nous dire qu'il
manque d'argent, qu'il manque de personnel, qu'il manque de responsables sur le
terrain, qu'il manque de professionnels de x ou de y. Mais j'ai envie de dire :
Voyons donc, ça fait des années qu'on augmente les budgets, ça fait des années
qu'on embauche à pleine porte puis qu'on donne des meilleurs salaires.
Écoutez, on s'est rendu jusqu'à 11 milliards de
dollars de déficit. Moi, j'ai tenu la ligne puis j'ai voté en faveur du budget,
même avec le déficit historique, parce qu'on allait s'atteler à faire un examen
des dépenses puis qu'on allait faire des choix, parce que le gouvernement ne
peut pas être tout pour tout le monde. Mais, devant mes électeurs qui me disent :
C'est bien beau, vous mettez plein de ressources là-dessus, mais ça ne
s'améliore pas vraiment dans les résultats pour nous. Mais là je n'ai comme
plus rien à dire. Ça fait qu'aujourd'hui je dois admettre que je n'arrive plus
à défendre les choix du gouvernement auprès de mes électeurs, parce que ce
n'est pas ça, la CAQ. Puis moi, je suis d'avis que la CAQ tient déjà toutes les
bonnes cartes dans sa main. On a toutes les solutions pour faire face à cette
crise des services publics, parce qu'on s'était bien préparés avant d'arriver
au pouvoir.
Puis moi, personnellement, depuis 2011,
avant même que ce soit un parti politique, j'y ai contribué. Puis j'ai
contribué au parti politique puis j'ai contribué à ce mouvement-là. Et, quand
j'ai fait le saut en politique active en me présentant en 2018, bien, la CAQ,
c'était vraiment le parti du changement. Puis il faut se souvenir qu'au départ
c'était un projet formidable de réunir des gens de tous les horizons pour
relancer le Québec, de réconcilier la fierté puis la prospérité, qui, à mon
avis, vont de pair, puis enfin sortir d'un modèle sclérosé, même, usé à la
corde, où c'est toujours le gouvernement qui prend tout en charge.
À l'époque, j'avais comme la crainte que
le Québec devienne la république du statu quo — c'est une expression
qu'avaient utilisée les lucides — mais la CAQ allait changer ça. Et,
malheureusement, l'énergie et l'audace nécessaires pour bousculer le statu quo
semblent s'être dissipées. Notre premier mandat a permis de belles
réalisations. On a eu le front de faire des changements contre vents et marées,
puis le deuxième mandat est décevant. J'ai tenu la ligne. J'ai voté en faveur
du budget avec un déficit historique. On s'est dit : On va faire des
choix. Mais, quand on remonte aux Lucides, puis là ça va faire 20 ans en
février prochain, quand on regarde à nouveau L'illusion tranquille, le
documentaire de Joanne Marcotte, puis que ça n'a pas vraiment tant changé, on
peut voir un symptôme tangible que le Québec est en train de devenir une
république du statu quo.
Alors, je veux le reconnaître, on essaie
quelque chose en santé, puis je pense que les électeurs le reconnaissent aussi.
On espère tous que ça va fonctionner. Je suis fier d'avoir mis mon grain de sel
là-dedans, d'avoir contribué à ma mesure avec les minihôpitaux qui, je pense,
vont être un beau succès, mais ça en prend plus. Puis, quand on fait le saut en
politique, à mon avis, il faut servir une cause noble. On ne fait jamais pour
notre petite personne, il faut que ce soit plus grand que soi, ce qu'on défend.
Puis moi, je vous le dis, quand j'ai fait le saut en politique, je n'ai pas
demandé à être ministre, mais j'ai demandé à être rassuré quant au courage
qu'on allait avoir pour faire les changements nécessaires. Puis j'ai tout
essayé à l'interne, dans le parti, auprès des cabinets, auprès des ministres,
puis, hier soir, auprès du premier ministre. J'ai tout essayé pour ramener l'agenda
caquiste. Je n'ai pas réussi, puis ma conclusion, c'est que, là, on arrive à la
mi-mandat, là. On entend le tic-tac, là, mais, si je ne peux pas regarder les
électeurs de Saint-Jérôme dans les yeux puis leur dire que le gouvernement fait
actuellement les bons choix pour le Québec, bien, il est temps que je parte.
Alors, moi, j'ai un message pour mes
électeurs, puis permettez que je m'adresse directement à eux quelques instants :
Dans les prochaines semaines, je veux, d'abord et avant tout, aller à votre
rencontre. Je veux vous entendre, je veux échanger avec vous. Puis je veux pouvoir
répondre à toutes vos questions avec l'ouverture, avec l'honnêteté, avec
l'intégrité que vous me connaissez.
C'est important pour moi de rassurer les
gens de Saint-Jérôme, parce que je vais continuer à porter leur voix haut et
fort, avec passion puis avec acharnement. Je veux honorer l'engagement que j'ai
pris envers eux. Mais, si j'ai tout essayé à l'interne puis je n'ai pas réussi,
bien, le temps est venu d'essayer autre chose puis d'obtenir des avancées,
peut-être, de l'extérieur. Alors, ironiquement, je compte pousser la CAQ à
réaliser l'agenda de la CAQ, mais depuis l'autre bord de la Chambre.
Le premier ministre l'a dit lui-même, il a
perdu sa boussole. J'espère encore contribuer à ce sursaut salutaire qui lui
permettra de retrouver sa boussole. Ce n'est donc pas de gaieté de cœur que je
suis devant vous. Je suis fondamentalement un joueur d'équipe. Et puis j'ai
encore ma carte de membre et je la garde au cas où, on ne sait jamais, mais je
vais quand même essayer quelque chose d'autre. Je veux qu'on se souvienne au
gouvernement de ce parti politique qui a fait élire chacun des ministres, des
militants qui ont poussé des idées formidables qu'on a mises de côté,
malheureusement.
En somme, je me dis que, dans le fond,
moi, ce que je peux utiliser, c'est ce qui a été un moyen d'action privilégié
toute ma vie, je vais débattre de politiques publiques puis sur la place
publique.
Alors, mesdames et messieurs les journalistes,
on va pouvoir se voir plus souvent puis on va pouvoir jaser abondamment. Je
suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Journaliste : ...M. Chassin,
vous libérez votre parole?
M. Chassin :Oui, dans le sens où, maintenant, après avoir essayé à l'interne
de toutes les façons possibles, il faut que je me rende à l'évidence, ça n'a
pas fonctionné.
Journaliste : Depuis quand
vous y réfléchissez?
M. Chassin :Bien, en fait, je pense qu'il faut le dire très clairement,
là, que l'insatisfaction, ça augmente. Tu sais, il n'y a pas une ligne rouge,
là, mais il y a quelque chose qui s'accumule. Puis de croire que je pouvais le
faire à l'interne, là, j'y ai cru jusqu'à hier soir.
Journaliste : ...au premier
ministre. Qu'est-ce que vous lui avez dit justement hier soir?
M. Chassin :Puis là je ne veux pas rentrer dans les détails de la
conversation, mais, la semaine passée, le contenu de la lettre ouverte de ce
matin, je l'ai dit en caucus après l'été, puis c'est... le caucus de la
rentrée, ça sert à ça. Puis, dans le fond, hier soir, bien, c'était entre le
premier ministre pour voir si on pouvait encore espérer que ces changements-là
se fassent.
Journaliste : Est-ce que vous
êtes en train de faire l'aveu que vous vous êtes trompé dans votre cheminement
politique ou que vous avez été trompé dans votre cheminement politique?
M. Chassin :En fait, moi, je ne veux pas faire de... je ne veux pas
faire ce type de... de diagnostic là, je veux dire que, pour x raisons, ça
bloque, puis que je veux essayer de débloquer les choses.
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que vous avez d'autres collègues qui vivent la même situation que vous?
Vous n'êtes sûrement pas le seul qui a une insatisfaction qui s'accumule puis
qui n'est pas capable de faire avancer ses choses.
M. Chassin :Alors, de l'insatisfaction, je veux dire, on s'en parle
entre collègues, donc je sais qu'il y en a d'autres qui ont des insatisfactions
aussi, mais permettez que je les laisse, un, parler pour eux-mêmes et, deux,
choisir comment ils vont la faire valoir.
Journaliste : Mais
sentez-vous que vous avez l'appui de vos collègues? Tu sais, quand vous l'avez
exprimé au caucus, justement, la semaine dernière, là, est-ce que vous sentiez
que vous aviez un appui des autres?
M. Chassin :Bien, je tiens à dire que ça m'a fait chaud au cœur, les
applaudissements. Donc, ceux qui ont applaudi se reconnaîtront.
Journaliste : Mais, M. Chassin,
vous avez dit il y a deux instants : J'y ai cru jusqu'à hier soir au
moment où vous avez rencontré M. Legault. Qu'est-ce qu'il vous a dit,
M. Legault, hier, pour que vous cessiez d'y croire?
M. Chassin :Sans entrer dans les détails, moi, j'ai besoin de sentir
qu'on est prêt à revenir à cette audace qu'on avait au premier mandat. Puis ce
n'est pas ce qu'il m'a dit, c'est ce qu'il ne m'a pas dit, en quelque sorte. Ça
fait qu'autrement dit, sans entrer dans les détails, c'est ça que j'allais
chercher puis ce n'est pas ça que j'ai trouvé.
Journaliste : Est-ce que
M. Legault est marqué par l'usure du pouvoir, M. Chassin? Est-ce
qu'il est marqué par... est-ce qu'il est... Comment vous sentez...
M. Chassin :Ça, je vous laisse... je vous laisse faire cette
analyse-là. Mais, pour moi, on avait vraiment la chance de transformer le
Québec puis... on est... on arrive à la mi-mandat, là, il n'y a plus de temps,
c'est maintenant qu'il faut agir.
Journaliste : Mais vous avez
perdu espoir envers M. Legault, c'est ce qu'on comprend?
M. Chassin :Bien, en fait, peut-être qu'il va avoir un sursaut
salutaire. Puis, si je peux contribuer, tant mieux. Ça fait que j'espère
encore.
Journaliste : Pourquoi vous
avez cru important de dire que vous ne joigniez pas les rangs d'aucun autre
parti?
M. Chassin :Pourquoi c'est... pourquoi c'est important? Bien, parce que
si je ne le disais pas dans mon élocution... vous m'avez posé la question fort
justement. Et essentiellement, c'est parce que j'y crois, à la CAQ, comme
projet, puis j'espère qu'on va retrouver la raison de me dire : Oui, j'ai
ma carte de membre, puis on va y aller.
Journaliste : Mais le Parti
conservateur va sauter sur l'occasion. Le Parti conservateur va vous appeler
puis il va dire : Voulez-vous faire comme Claire Samson?
M. Chassin :J'ai parlé avec Éric Duhaime ce matin pour lui expliquer
cette démarche-là puis pour lui dire pourquoi je n'allais pas le rejoindre.
Journaliste : C'est qui qui a
appelé qui?
M. Chassin :C'est moi qui l'a appelé.
Des voix : ...
Journaliste : ...idéologiquement
de lui, de ce que vous nous dites.
M. Chassin :Puis vous le savez, dans le fond, vous connaissez mes
convictions. Puis ce n'est pas nouveau. Puis vous avez pris un malin plaisir à
venir me voir à chaque fois qu'il y avait un écart entre ce que le gouvernement
faisait puis mes prises de position passées. Mais, à tout le moins, je pense
que je veux avoir l'honnêteté avec M. Duhaime de lui dire exactement pourquoi
puis de vive voix, parce que... pas par...
Des voix : ...
M. Chassin :...pas par... oui, c'est ça, pas par, comment dire,
personne interposée, mais pourquoi je veux être indépendant et ne pas rallier
un autre parti. Puis la raison...
Journaliste : ...
M. Chassin :Bien oui, exact. Donc, la raison, c'est vraiment parce que
j'ai été élu sous la bannière de la CAQ, si je n'y crois plus, je ne peux pas
rester, mais je n'ai pas été élu sous une autre bannière et je suis un joueur
d'équipe, fondamentalement. Et c'est ça qui me fait le plus mal, ce matin,
c'est que j'y crois, j'adore mes collègues, je veux jouer en équipe, mais là il
manque de temps, là. On n'est plus capables.
Journaliste : ...2026, ça
serait possible que vous vous présentiez sous une autre bannière?
M. Chassin :On verra. C'est encore très loin. Je vais me concentrer sur
les prochaines semaines, mais j'aime ça comme job de député, là, j'adore ça.
Journaliste : Vous n'avez
jamais pu être nommé ministre, M. Chassin. Je pense que vous ne l'avez pas
caché, que vous auriez voulu vous retrouver autour de la table du Conseil des
ministres. Qu'est-ce que... Quel rôle ça a joué dans votre décision?
M. Chassin :Permettez-moi que je prenne une petite gorgée. C'est une
réponse importante. Puis je vous l'ai dit, mais je vais le répéter. Être
ministre dans un gouvernement qui fait les changements, absolument. J'ai cette
ambition-là. Ça aurait été très, très chouette, personnellement, d'y contribuer
comme ça, mais c'est les changements d'abord. Puis, s'il y a quelqu'un d'autre
qui peut les faire mieux que moi, c'est correct, tant mieux. Est-ce qu'on va
sortir de la république du statu quo ou non? Moi, c'est ça, la question que je
pose, puis c'est pour ça que je m'engage.
Journaliste : ...nomination
de Mme Fréchette qui a été le dernier pas pour vous?
M. Chassin :Ah! non, pas du tout. Non, non, moi, je pense qu'on s'y
attendait, puis c'est correct.
Journaliste : Vous êtes un
libertarien.
M. Chassin :Non.
Journaliste : Vous saviez que
ça n'allait pas être un gouvernement libertarien. Non, vous n'êtes pas un
libertarien?
M. Chassin :Non, je ne suis pas un libertarien.
Journaliste : On vous décrit
comme ça.
M. Chassin :Alors, moi... Si vous voulez tout savoir, puis là on pourra
jaser de ça, je n'utilise pas cette étiquette-là du tout pour définir ma pensée
politique. Mais, ceci étant dit, je pense que ça, c'est une autre discussion
pour une autre fois.
Journaliste : Mais, M.
Chassin, on est à la deuxième semaine de la session parlementaire. Vous avez
passé tout l'automne. Vous avez réfléchi tout l'été. Pierre Fitzgibbon a
démissionné la semaine passée. Ça a été un électrochoc pour votre gouvernement.
Vous donnez un nouvel électrochoc au gouvernement en démissionnant ce matin.
Pourquoi aujourd'hui vous décidez de claquer la porte? Vous l'avez dit, vous
avez parlé au caucus, là, vous avez été applaudi. Qu'est-ce qui fait que, ce
matin, vous avez décidé de publier une lettre et de vous présenter devant nous
et dire : Maintenant, je suis indépendant parce que j'ai l'impression que
je vais avoir plus d'impact sur le gouvernement que d'être dans le
gouvernement? C'est quoi... La cassure est où? Elle s'est faite où puis à quel
moment?
M. Chassin :On a l'été, comme députés, pour aller en comté puis parler
à nos électeurs. Puis je pense que c'est peut-être pour moi aussi cet exercice
de confrontation, mais d'introspection de dire : Il faut que je défende un
gouvernement, puis j'ai de plus en plus de difficulté à le défendre. Puis la
seule façon que je vois que je vais pouvoir le défendre, c'est si on prend le
bon chemin, si on revient à notre agenda caquiste, puis c'est ce que j'ai tenté
la semaine dernière au caucus. Ça n'a pas fonctionné.
Journaliste : Mais, M.
Chassin, ça ne date pas d'hier, votre mécontentement de la Coalition avenir
Québec et ça ne date pas d'hier que la Coalition avenir Québec a plutôt viré à
gauche plutôt qu'à droite, selon vos idéologies politiques. Encore une fois,
pourquoi ça a pris tout ce temps pour que ce mécontentement-là se manifeste
comme ça? Ça fait longtemps que ça va à l'encontre de vos idées.
M. Chassin :C'est une bonne question puis je... C'est des bonnes
questions, hein? Vous me faites réfléchir moi aussi. Je n'ai pas nécessairement
de réponse toute faite, là. J'ai vraiment espéré qu'on se... qu'on se
ressaisisse, qu'on se dise : Bien là, il faut absolument voir qu'on a,
comme, été plus loin que tous les autres en dépensant plus, puis en embauchant
plus, puis en donnant des bons salaires, puis en faisant des déficits, puis ça
ne marche toujours pas. Moi, c'est un petit peu ça.
Le Modérateur : On va prendre
une dernière question.
Journaliste : Est-ce qu'il y
a un geste que M. Legault pourrait poser qui vous ramènerait au caucus de la
CAQ?
M. Chassin :C'est une autre très bonne question. Déjà, s'il revient à
l'agenda de la CAQ, ça serait une bonne chose, puis après ça on verra. En
anglais?
Journaliste : Est-ce que le
Parti conservateur du Canada, c'est quelque chose qui vous intéresse, M.
Chassin?
M. Chassin :Non.
Journaliste : Le Parti
conservateur du Canada, vous mettez une croix là-dessus?
M. Chassin :Non. Aujourd'hui... Aujourd'hui, c'est vraiment…
Journaliste : On ne parle pas
d'aujourd'hui, là, mais dans les prochains jours, si le parti vous appelle, s'il
y a une élection, on a vu M. Lefebvre, là, quitter le caucus de la CAQ pour
cette raison-là.
M. Chassin :Non, ce n'est pas ça. C'est ça, mais ce n'est pas pour ça
que je quitte, je vous rassure.
Journaliste :
So, what made you take your decision
today to publish this open letter? There is something that happened. What is
it?
M. Chassin :
Last week, we had our caucus had to
start the parliamentary session. I made my case after a summer of talking about
every crisis in every public service and my... actually, my electorate that was
kind of adamant about the results. And we are actually spending a lot and
hiring a lot and the results are not there. So, basically, I think that I made
my point in my caucus. I tried to see if there was any opening. And, yesterday,
I went to see the Prime Minister, and I don't feel that there is an opening.
Journaliste :
When you met Mr. Legault, you just said
this, you said it was... when you met him last night... Did you meet him in
person?
M. Chassin :
Yes.
Journaliste :
OK.So, you said it wasn't what
he said, it was what he didn't say in terms of your demands that the CAQ pulls
itself together. So, you decided then that there was no more hope or in the
summer…
M. Chassin : No, actually, I believed there was hope until last night. And I
pondered about what we did discuss, and I tried to figure out if there was any
hope. If there is hope, it's because I'm going to, you know, sacrifice myself
and try to get them on the right track from the outside.
Journaliste :
But, fundamentally, you said you could
not look at your voters in the eye.
M. Chassin :
And defend the Government.
Journaliste :
Why is that?
M. Chassin :
Because, basically, I think that we
are... we don't show the same audacity that we had in the first term.
Journaliste :
What do you mean by that, though? In
what sense do you not show the same audacity?
M. Chassin :
We actually went for some bold moves in
the first... in the first mandate. Actually, we had the… the Bill 21. Sorry I'm
not accustomed to English, but we tabled Bill 21. It wasn't, you know, a
consensus at all. We did it. We actually hired and trained 10,000 «préposés aux
bénéficiaires» in an amazing time because we confronted the administration, the
public services, and we forced it to deliver. So, I know we can.
Journaliste :
So, what were you not delivering now?
M. Chassin :
Well, actually, we were not in the same
audacity framework that we had in the first term.
Journaliste :
What disappoints you of Premier
Legault? He is the one who pushed to recruit you in 2018. What disappoints you
of Mr. Legault?
M. Chassin :
I admire him very much. He did a great
deal for Québec. And I think that he just needs to find his pointers and he's
going to see the same thing that I see.
Journaliste :
It's complex.
M. Chassin :
It's complex. Yes, absolutely. So, I
just wish him to find back his compass and he's going to see the same thing I
do.
Le Modérateur :
Thank you so much, everyone.
M. Chassin :
Thanks.
(Fin à 9 h 24)