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Point de presse de M. André Albert Morin, porte-parole de l’opposition officielle pour les Relations avec les Premières Nations et les Inuit, et Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations avec les Premières Nations et les Inuit

Version finale

Wednesday, June 5, 2024, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trois minutes)

La Modératrice : Alors, bonjour et bienvenue à ce point de presse de l'opposition... en fait, point de presse de M. — pardon — André Albert Morin, porte-parole de l'opposition officielle pour les relations avec les Premières Nations et les Inuit, de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de relations avec les Premières Nations et les Inuit. Pour ce point de presse, ils sont accompagnés du chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, M. Ghislain Picard, de M. Sipi Flamand, chef du Conseil des Atikamekw de Manawan et de M. Réal McKenzie, chef du Conseil de la nation innue de Matimekush-Lac John. M. Morin, c'est à vous.

M. Morin :Alors, merci. Bon après-midi. Je suis heureux d'être, cet après-midi, avec des chefs des Premières Nations, les chefs Picard, Flamand, McKenzie, ainsi qu'avec Mme Massé. Point de presse important où je vais d'abord céder la parole à M. le chef Picard, qui va vous parler du bulletin qu'il donne au gouvernement. Je vous remercie.

M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans une langue autochtone).

Bonjour à toutes et à tous. D'abord, des remerciements... des remerciements à Mme Massé, M. Morin, qui se joignent à nous aujourd'hui et qui nous permettent finalement cette tribune pour réitérer, sans doute, serait le mot le plus approprié, là, des messages que vous avez déjà entendus. Mais je veux surtout souligner et remercier la présence des chefs McKenzie et Flamand qui se joignent à nous aujourd'hui. Je sais que le chef Dominique devait être des nôtres. Il a dû avoir un pépin, mais je sais qu'il n'est pas très loin.

Écoutez, je vais y aller d'une déclaration que je souhaite le plus possible abrégée, là, pour permettre à mes deux collègues de prendre la parole également. Et je pense que la déclaration devrait mettre la table, là, pour les raisons de notre présence ici.

Je dirais d'abord que je considère que l'Assemblée des Premières Nations, qui représente au Québec une quarantaine de communautés, a très certainement autant le droit que les partis d'opposition à témoigner de la performance du gouvernement à l'endroit des enjeux que nous représentons, et c'est une première et ce ne sera sans doute pas la dernière. Je pense que c'est important qu'on puisse avoir la capacité, nous aussi, de juger de la performance du gouvernement et, en même temps, peut-être de lui décerner une note, quitte à ce que la note puisse peut-être être un incitatif pour améliorer nos façons de faire les choses.

Qui dit fin de session, dit bulletin. C'est le cas pour les étudiants qui achèvent leurs cours. C'est aussi le cas pour le gouvernement. Dans les prochains jours, plusieurs médias vont se prêter au jeu d'évaluer la performance du gouvernement et de ses ministres en leur donnant une note comme dans un bulletin.

L'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador a décidé de faire l'exercice et d'évaluer la performance du gouvernement de la Coalition avenir Québec en matière de relations avec les Premières Nations. L'idée nous est venue d'évaluer la performance du gouvernement en réaction à l'attitude un peu trop jovialiste du gouvernement. Les Premières Nations ne sont pas une clientèle. Nous ne sommes pas des parties prenantes. Nous ne sommes pas des acteurs de la société civile. Les Premières Nations forment des nations distinctes avec leur propre gouvernement. Nos rapports avec l'État doivent être basés sur des relations de nation à nation et de gouvernement à gouvernement. Ce n'est actuellement pas le cas. Souvent, on est perçus par le gouvernement comme des obstacles, des empêcheurs de tourner en rond. On nous reproche même de faire valoir nos droits parce que ça dérange.

First Nations are not clients. We are not stakeholders. We are not civil society actors. First Nations are separate nations, distinct nations with their own governments. Our relations with the State must be based on nation-to-nation and government-to-government relations. This is currently... This is not currently the case. Often, we are perceived by Government as obstacles. We are even criticized for asserting our rights because it is disturbing for the Government.

Notre droit à l'autodétermination dérange François Legault, qui brandit constamment l'épouvantail du droit de veto. Notre droit à l'autodétermination dérange ce gouvernement, allant même jusqu'en Cour suprême pour se faire rappeler l'évidence. Les peuples autochtones ont un droit inhérent à l'autonomie gouvernementale, comprenant notamment le droit de légiférer en matière de protection de nos enfants. Je pourrais vous citer une longue liste d'exemples pour vous illustrer la piètre performance de la CAQ en matière de relations avec les Premières Nations. La performance actuelle du gouvernement n'est pas suffisante pour obtenir la note de passage, et des mesures de redressement devront être prises avant la prochaine session parlementaire. On pourrait dire que l'élève doit redoubler son année.

The Government's current performance is not sufficient to earn a passing grade, and… measures will have to be taken before the next parliamentary session.

Tout n'est pas noir. On le reconnaît. Dans certaines matières, le gouvernement fait mieux, comme en matière de développement économique. Au niveau du développement énergétique, c'est aussi intéressant si on ajoute Hydro-Québec à l'équation. Si on avait donné une note à la société d'État, ce serait... ce serait B+, la note la plus haute du bulletin.

Our relations with Hydro-Québec are good, great openness of the CEO to involve First Nations in governance and to work with us, but still too early to say on the results. We are still honeymooning. However, it is Minister Fitzgibbon who largely decides on Hydro-Québec's orientations.

À ce titre, le ministre se vante de... Je vais raccourcir le texte parce que j'aimerais ça que mes collègues se joignent, évidemment, en complément à mes paroles.

Notre présence aujourd'hui nous amène aussi à... et c'est important de le faire, à vous rappeler un projet qui date des années 1980, proposé par René Lévesque et inscrit dans la motion de reconnaissance des peuples autochtones, adoptée par l'Assemblée nationale en mars 1985. Et je parle ici de la création d'un forum parlementaire permanent. La même motion affirmait aussi la volonté de l'Assemblée nationale «de protéger...», et je cite, «...protéger dans ses lois fondamentales les droits inscrits dans les ententes conclues avec les nations autochtones». Ça fait bientôt 40 ans et, malgré l'évolution du droit et de la société, on n'a toujours pas ce lien de nation à nation entre nos élus et ceux de l'Assemblée nationale. Au cours des années, on nous a proposé des comités, des tables avec des représentants du gouvernement, mais jamais un forum parlementaire.

Un autre constat que je me permets de partager, c'est le refus obstiné du gouvernement Legault de reconnaître la légitimité des gouvernements des Premières Nations et sa détermination à leur imposer ses propres lois, son intégrité territoriale, l'autorité de son Assemblée nationale et de son gouvernement sur leurs... leurs assemblées et leurs gouvernements, sur leurs territoires et ses ressources. Les gouvernements québécois ont toujours... ont tous eu cette tendance, mais le gouvernement Legault est particulièrement bloqué sur ces principes d'une autre époque.

La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones le confirme, la Loi constitutionnelle du Canada aussi, la Cour d'appel du Québec et la Cour suprême du Canada le lui ont confirmé, mais rien à faire. La solution : accepter l'invitation de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador à établir un forum paritaire de discussions avec les Premières Nations, partager les visions respectives, trouver les moyens concrets d'une cohabitation profitable à tous. L'APNQL lance à nouveau cette invitation.

We are in 2024, more than 40 years ago after our ancestral and treaty rights were enshrined in the Canadian constitution. It has now been 17 years since the Declaration on the rights of Indigenous People was adopted by the United Nations. The Parliament of Canada has passed legislation to implement it. B.C. has passed... as a province has passed legislation to adhere to the UN Declaration back in 2019. Recently, the Supreme Court upheld our right to self determination and self government.

On en a assez des pouces en l'air, des… et des stratégies de relations publiques du gouvernement. Ce qu'on veut, c'est d'abord le respect de qui nous sommes, du fait que nous formons des gouvernements de plein droit. Nous voulons une relation avec l'État qui soit conforme à nos droits et qui reconnaisse notre statut de peuple et qui respecte les principes de relation de nation à nation. (S'exprime dans sa langue) Merci beaucoup. Et j'invite mes collègues à prendre la parole.

M. Flamand (Sipi) : J'appuie entièrement le bulletin remis au... par le chef Picard en lien avec l'échec du gouvernement du Québec dans ses relations avec les Premières Nations. Nous avons les mêmes constats en rapport avec les relations avec le gouvernement du Québec et les Premières Nations. Nous voulons rappeler ce qu'on veut, c'est d'avoir notre juste place dans nos propres territoires ancestraux. Depuis un bon moment, nous nous sentons... nous ne nous sentons pas entendus par ce gouvernement, par le premier ministre Legault, par exemple le fait de ne pas vouloir reconnaître ni d'adopter le Principe de Joyce. C'est un principe qui vient de notre communauté, un principe qu'on veut que ce soit mis en œuvre, adopté et appliqué par tous, et c'est ce qu'on demande. Et au nom de ma communauté, l'échec du gouvernement du Québec... par rapport aux relations avec les Premières Nations. (S'exprime dans sa langue).

M. McKenzie (Réal) : O.K. Merci. Chef Réal McKenzie à nation innue Matimekush-Lac John. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est Schefferville, dans le nord du Québec, parce qu'il y a bien des gens qui disent : Matimekush, c'est où?

Écoutez, moi, je serai bref... je vais essayer d'être bref parce que mon chef régional, qui est devant moi... derrière moi... Ce que je veux préciser ici, l'Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador existe depuis longtemps, et on élit un chef régional qui est sous la gouverne... chef régional. Je dois être clair et précis avec ça, parce que le gouvernement ne devrait pas... de douter de la direction, que le chef régional est mandaté par nos chefs. Parce que souvent, je pense qu'il n'est pas perçu ou reçu comme il se doit. Je veux le préciser, et que le gouvernement m'entende ce que je viens de dire.

Ça fait 21 ans que je dirige ma communauté dans le nord du Québec, O.K.? J'endosse tout ce que mon chef régional vient de dire. Ça tarde à des décisions, O.K.? Je disais tantôt en caucus avec... entre nous : Quand on parle des projets miniers, hydro... tu sais, des... voyons, éoliens, oui, l'économie est importante pour tout le monde, pas juste pour le Québec... s'enrichir dans notre dos à ce qui nous appartient, nos territoires. Schefferville est un modèle. En 5 ans, première mine au Québec, O.K., Schefferville. Qu'est-ce qu'on a récolté? Je vous donne des exemples. Qu'est-ce qu'on a récolté comme richesse? Absolument rien. Ils ont même plus démoli la ville au lieu de nous donner des infrastructures. C'est incroyable, ça. C'est une histoire tragique, ça. L'ancien premier ministre est mort là-bas, M. Duplessis, votre ancien premier ministre.

Donc, où est-ce que je veux préciser... le quotidien. J'arrive d'une commission d'enquête. Souvenez-vous du jeune Innu qui est mort gelé en plein COVID. Il vient de chez moi. Je suis son chef. Dieu ait son âme, il n'est plus là. J'ai témoigné hier avec beaucoup d'émotion... et dans la salle sans exception. La mère est descendue de Schefferville aujourd'hui, elle était là en témoignage. De quoi j'essaie de vous dire? Le Québec, comme le fédéral... mais restons au territoire du Québec. Quand on a de l'itinérance, qu'on a besoin des logements, qu'on en parle encore aujourd'hui, puis les jeunes chômeurs, c'est inacceptable pour un chef de perdre une jeunesse comme ça. Je m'excuse, là, mais c'est comme ça. C'est la vérité pure et dure. Je demande au Québec d'accélérer tous les dossiers qui sont sur leur table, en respect avec l'autorité des Premières Nations du Québec-Labrador, O.K.? Non seulement ça, ce n'est pas d'hier que j'entends de nation à nation, mais je n'ai jamais vécu vraiment de nation à nation. Pour moi, la définition de nation à nation, c'est le premier ministre et moi, on est assis à la même table, et c'est là que ça se décide, pas en deuxième étage ou troisième. Quand on aura réussi à atteindre ce niveau-là, on sera au même niveau, et là, on parlera des grandes discussions d'avenir de nos peuples qui cohabitent sur le territoire, O.K.? Donc, de nation à nation, verbalement, pour moi, je l'ai entendu je ne sais pas combien de fois, mais la journée que le gouvernement actuel sera sérieux... qu'il y a des mégaprojets qu'il véhicule, vous le savez, ça, hydrogène, terre rare... On n'est pas là. Voyons donc! C'est chez nous ça.

Alors, moi je vous dis simplement... je m'exprime avec émotion, là. Bien, j'ai encore le témoignage d'hier, qui vient me chercher, le jeune, O.K.? Alors, la journée que le gouvernement actuel ou qui sera là dans les prochaines élections, on veut être assis à la même table... qu'on a le droit de décider de l'avenir de notre peuple et du territoire en termes de ressources, pas en deuxième, pas consulter des mégacompagnies, puis qu'ils décident dans notre dos et que tout est attaché. Trop tard, le train vient de passer, mais l'impact est là. C'est nous qui... subissons. Merci beaucoup. (S'exprime dans sa langue).

La Modératrice : Oui, Mme Massé. On va être prêts à prendre les questions après.

Mme Massé : Oui, rapidement. Je vous laisse la place pour les questions, parce que je pense qu'on a devant nous des gens qui nous rappellent à nos devoirs. Et j'ai envie de dire, chef Picard, que, ce matin, je posais une question au ministre responsable des relations avec vous, et je lui ai demandé s'il était prêt à accepter votre main tendue, et là, vous venez de lui tendre une main sur un forum permanent, qu'on parle depuis 40 ans. Sa réponse a été oui. J'espère que ça va donner de l'espoir.

La Modératrice : Donc, on est prêts pour la période des questions. Vous pouvez vous placer au micro, question, sous-question. Simplement vous nommer avec votre média, s'il vous plaît, et nous dire à qui s'adresse votre question, si possible.

Journaliste : «Kwei». Shushan Bacon, Nouvelles Nationales d'APTN. (S'exprime dans une langue autochtone).

Pensez-vous que c'est... ce que tout ce que vous donnez puis vous énoncez, est-ce que le racisme systémique part en haut du gouvernement, du premier ministre?

M. Picard (Ghislain) :Bien, c'est vraiment une question qui appartient au gouvernement et au premier ministre. Moi... et je dirais même nous, je me permets d'être inclusif, nous sommes guidés par des positions que nous avons adoptées, qui sont en grande partie menées par le chef Flamand, et le secrétariat qui gère, finalement, tout ce qui passe autour du Principe de Joyce. Donc, nous, c'est notre cheval de bataille, et ça, on n'en déroge pas. Pour moi, c'est très clair qu'il y a là, ici, en bon français, un «clash», hein, une confrontation, là, d'idées, sinon de mots. Et c'est là où je dirais que le bât blesse, parce qu'on est toujours... on a toujours l'impression qu'on hérite de l'odieux du compromis, et ce n'est jamais... ce n'est jamais égal. Qu'on se dote d'un processus qui soit égalitaire, il y a toujours une partie qui impose à l'autre, et c'est ça qui, finalement, dérange au niveau... au niveau des chefs.

Donc, l'idée de créer un forum qui est... où les règles du jeu sont décidées par les deux parties, c'est déjà beaucoup mieux comme perspective. Donc, il n'y aura pas d'imposition d'une partie à l'autre, parce qu'on a toujours l'impression de devoir faire face à un gouvernement qui a une attitude très, très colonialiste, autant dans ses façons de faire que dans son idéologie.

Journaliste : J'ai une deuxième question. Nation à nation, c'est répété souvent par le gouvernement du Québec, mais pourtant le gouvernement du Québec signe des ententes et des ententes de principe avec les communautés autochtones à travers le Québec. Est-ce que nation à nation, ça veut dire APNQL et le gouvernement du Québec ou les communautés et le gouvernement du Québec?

M. Picard (Ghislain) :On ne prétend pas, on ne prétendra jamais à agir comme nation, parce qu'on est un collectif de nations, un collectif de communautés. Mais ce que j'ajouterais à ça comme complément, c'est qu'il y a une très, très nette différence entre référer à créer une harmonie qui fait la promotion de cette relation de nation à nation et de poser les gestes en conséquence. Et nettement, pour moi, la deuxième partie est très, très... très, très loin en arrière du concept lui-même, parce que le gouvernement parle de la relation de nation à nation, mais agit tout à fait au contraire... dans le contraire de cette notion-là.

Journaliste : (S'exprime dans une langue autochtone).

M. Picard (Ghislain) : Merci.

La Modératrice : Micro de gauche.

Journaliste : Oui. Bonjour. Jérôme Gill-Couture de Radio-Canada. Je me demandais... Vous parlez beaucoup de droits, en fait, de droits qui sont acquis, de droits qui sont confirmés, autant par la Loi constitutionnelle que la Déclaration des Nations Unies, et tout ça. Je me demande : Qu'est-ce qui permet, selon vous, au gouvernement, politiquement, de ne pas reconnaître ou de ne pas travailler en fonction de ces droits-là?

M. Flamand (Sipi) : Les droits qu'on défend, ce sont des droits humains, les droits de l'homme. Les droits autochtones, c'est... À la base, le Québec, c'est sur le... les territoires des peuples autochtones, puis je me demande pourquoi le gouvernement du Québec ne veut pas avancer dans ces discussions-là alors que c'est nécessaire. C'est nécessaire de devoir parler du territoire parce que c'est là que fait l'économie. L'économie, c'est ça qui génère une... des bonnes conditions de vie dans la société. Alors que nous autres, dans les communautés, on a fait que regarder sortir du bois de nos territoires traditionnels. On a fait que regarder les industries exploiter nos territoires, alors que... c'est comme... c'est comme si on nous interdisait de pouvoir vivre convenablement. Donc, pourquoi on parle de droits? C'est parce que nos droits sont bafoués. Merci.

M. McKenzie (Réal) : Je rajouterais à votre question, pour faire suite à la Mme Bacon, en complément avec mon chef régional, vous parliez de nation à nation. Quand on parle de nation à nation, quand on parle d'un gouvernement du Québec qui dirige la question territoriale, la question économique, sociale, politique, avant qu'une compagnie pellette le brut, la richesse, lui, il discute déjà avec des compagnies privées. Nous, on n'est pas là. Elle est là, la question. C'est de là qu'on parle. On doit s'assir au même niveau quand... l'acceptabilité sociale est là pour développer le territoire. C'est de là qu'on n'est pas. Les ententes, madame, qu'on signe, là, on n'est pas riche comme Crésus avec ça, là. Je m'excuse, là, c'est à peine si les minières... On les reconnaît, ça aide, vos redevances qu'ils versent chez nous, mais c'est insuffisant. Mais lui, l'État, le brut, la redevance, il est versé à même... avant même qu'il pellette, et c'est de ça que je parle. Avant que les compagnies aient des permis, on doit s'assir, vous puis moi, puis on va voir la position de la communauté... acceptable ou pas. Ça, c'est la pyramidale de droits d'un territoire, le consentement. Je voulais rajouter ça. Merci.

Journaliste : Si je fais juste un petit «follow-up», je comprends... puis merci de donner des exemples aussi de comment les droits sont bafoués, et tout. Mais au niveau politique qu'est-ce qui permet à Québec de ne pas respecter ces droits-là? C'est quoi, leur motivation? C'est quoi, leur...

M. Picard (Ghislain) :Je ne suis pas sûr de bien saisir la question et j'aurais tendance à rediriger la question au gouvernement. Je pense que c'est vraiment là que la question doit être posée. Nous, ce qu'on fait comme constat, c'est... c'est... c'est qu'il y a très, très clairement, là, ce que j'appellerais peut-être un dialogue de sourds. Et je rappellerai ici... Bon, on entend souvent le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit insister sur le fait que l'offre du Québec, il est toujours au rendez-vous, de pouvoir créer l'espace nécessaire pour discuter des questions politiques et... en faisant souvent référence au fait que nous sommes dans le refus, et il y a des raisons à ça. Moi, je... Je m'excuse, mais je ne peux pas adhérer à un processus où une partie impose sur l'autre. Qu'est-ce qui doit aller à la table? O.K., bien, on va venir à la table de l'APNQL si on ne parle pas du Principe de Joyce. On va aller à la table des chefs si on ne parle pas du racisme systémique. On va aller à votre table si on ne parle pas de la déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. C'est ça qui fait défaut actuellement, c'est qu'il n'y a pas... il n'y a pas de courroie de communication, de canal de communication qui fasse l'affaire du gouvernement, et, pour nous, bien, c'est important. Et, sans répéter ce que le chef Flamand a dit, c'est qu'on est détenteurs de droits auxquels personne d'autre ne peut prétendre. Il y a une relation spéciale qui est encadrée par la Constitution canadienne, par le droit international, par une déclaration sur les droits des peuples autochtones qui fait... qui fait... qui guide maintenant une grande majorité des États au niveau mondial, à travers... à travers le monde.

Donc, qu'est-ce qui fait que le Québec préfère rester dans... préfère rester isolé? Même à l'intérieur, si on regarde du côté domestique, au Canada, bien, le Québec fait piètre figure, accuse des retards importants sur le plan politique et à d'autres niveaux.

Donc, pour moi, c'est... il y a... Si on regarde un peu les détails du bulletin et comment on est venus, finalement, mettre une note sur des dossiers que nous considérons fondamentaux, bien, la réponse est beaucoup... est beaucoup là.

Journaliste : ...mikwetc»

M. Picard (Ghislain) : «Mikwetc»

La Modératrice : Micro de droite.

Journaliste : Bonjour. Ma question est pour M. Picard ou M. Flamand. Dans le bulletin, vous attribuez la note D pour ce qui est de la sécurisation culturelle. Le ministre Lafrenière, dans les dernières heures, a annoncé la reprise éventuelle de l'étude... ou plutôt qu'il va commencer l'étude détaillée du projet de loi n° 32. Qu'est-ce que ça prendrait pour vous rallier au ministre sur ce projet de loi là?

M. Flamand (Sipi) : Comme on le rappelle depuis plusieurs mois déjà, ce qu'on demande, c'est qu'on corédige ensemble ce projet de loi là, qu'il y ait une réflexion collective entre le gouvernement, les parlementaires et les leaders autochtones pour pouvoir mieux cerner ce qu'est la sécurisation culturelle, pour mieux clarifier quels sont les rôles et les responsabilités des professionnels de la santé par rapport aux patients autochtones qui doivent passer par les centres hospitaliers. Je pense que, si le gouvernement veut vraiment travailler avec nous en lien avec ce projet de loi là, c'est de retourner sur le terrain, de retourner voir les communautés, retourner voir les professionnels de la santé autochtones pour pouvoir retravailler son projet de loi.

Ce qu'on a... Ce qu'on a observé au cours des derniers mois, c'est que ce projet de loi là était sur la glace, puis c'est par surprise qu'on apprend que le Québec... bien, le gouvernement du Québec, redépose cette loi-là au Parlement sous forme de principe. Mais ce qu'on veut, c'est l'adoption du Principe de Joyce, sa mise en œuvre et son application à part entière dans l'ensemble du Québec. «Mikwet».

Journaliste : Merci. Puis, M. Picard, sur la loi 96, vous avez sans doute vu cette lettre que les directeurs généraux des cégeps anglophones ont fait parvenir à François Legault. Ils dénoncent, au fond, les conséquences de la réforme de la Charte de la langue française sur leurs étudiants autochtones. Qu'est-ce que vous avez pensé de cette initiative-là puis qu'est-ce que vous constatez un an après la mise en place de ces mesures-là au cégep?

M. Picard (Ghislain) :Bien, d'abord, comme complément aux commentaires du chef Flamand, j'ajouterais qu'on... C'est sûr qu'il y a... il y a quand même des nuances, hein, parce que... et je pense qu'on a réussi quelque part à peut-être... à assurer, là, que, oui, la conviction peut être au rendez-vous puis l'influence et le changement de... des esprits, parce qu'on a également passé à l'étude un autre projet de loi important pour nos communautés, qui est celui qui est issu de la commission Laurent, le projet de loi n° 37 sur un commissaire aux droits des enfants et nos positions pour un commissaire aux droits des enfants des Premières Nations, ce qui a été accepté par le ministre Carmant. Et la question qu'on peut se poser : Bien, avait-il beaucoup le choix étant donné que la Cour suprême nous avait confirmé le droit de pouvoir adopter nos propres lois? Donc, il y aura une discussion à avoir certainement là-dessus.

Mais, ceci dit, en même temps, bien, on s'est permis de peut-être en partie déroger du... du processus courant, parce qu'on nous a permis d'être entendus une deuxième fois en commission parlementaire pour traiter, et la coconstruction à laquelle référait le chef Flamand, bien, c'est en partie ça. Mais, à la fin, la conclusion, c'est qu'on n'a pas la plume dans la main ou le crayon dans la main, là, pour déterminer qu'est-ce qui va dans la loi.

À votre autre question, bien, on est engagés depuis déjà plusieurs, plusieurs mois dans une démarche juridique et on est là-dessus constamment, sur une base régulière. Donc, je ne voudrais pas trop commenter sur... sur des questions qui sont en réflexion sur le plan légal à ce moment-ci, mais à la lettre à laquelle vous faites référence, c'est très clair qu'on va aller plus loin. On reçoit le message des cégeps anglophones et ça vient, en fait, confirmer les préoccupations que nous avions déjà exprimées en marge de 96 et 14 et donc... Mais ce qui sera sans doute encore plus important pour nous, c'est vraiment de vérifier tout ça au niveau des clients eux-mêmes. C'est quoi... C'est quoi, les préoccupations, les enjeux qui sont vécus par les étudiants et étudiantes du côté anglophone?

Journaliste : ...étudiants, donc, autochtones quittent pour aller étudier en Ontario, par exemple. C'est une crainte qui est évoquée dans cette lettre-là. Est-ce que ça, ça vous inquiète?

M. Picard (Ghislain) :Bien, dans les premiers moments de 96 et par la suite 14... et c'est des commentaires qu'on entend encore aujourd'hui de certains chefs, même parmi les chefs qui, normalement, auraient une relation, je ne dirais pas privilégiée, mais spéciale avec le Québec, parce qu'il y a des conventions qui ont été signées, des chefs qui disaient : Bon, ce qui arrive, là, c'est que nos enfants sont obligés de s'exiler à l'extérieur du Québec pour parfaire leurs études. Donc, ça confirme plutôt, oui.

La Modératrice : Micro de gauche.

Journaliste : Bonjour. Marie-Michèle Sioui du Devoir. Chef Picard, je voudrais juste faire un petit suivi là-dessus. Le ministre responsable de la Langue française a dit que les cégeps étaient déconnectés du réel avec leur demande. En quoi leur demande est déconnectée du réel, si elle l'est?

M. Picard (Ghislain) :Bien, déconnecté du réel dans quel sens? Je ne suis pas sûr de...

Journaliste : Le fait de demander que les étudiants autochtones soient exemptés, là, de l'obligation de suivre des cours de français, M. Roberge dit que c'est déconnecté du réel comme demande.

M. Picard (Ghislain) :Bien, je pense que ça reflète deux choses. D'abord, moi, ce que je pourrais peut-être avancer comme suggestion au ministre, parce que le ministre Roberge... le ministre... la ministre Déry également... allez rencontrer... pas les cégeps, là, allez rencontrer les étudiants autochtones. Soyez transparents. Parlez-leur. Je pense que s'il y a une assurance à aller chercher, bien, l'assurance appartient aux gens qui... à qui on dispense le service.

Mais ceci étant dit, je pense encore une fois qu'on revient sur la question de... de cette relation que tout le monde fait valoir, la relation de nation à nation. Et encore une fois, au risque de me répéter, là, on est devant une situation où l'État impose vraiment ses façons de faire, son idéologie au niveau des Premières Nations, et ça, ça ne peut pas trouver écho chez nous. Vous poserez la question à n'importe quel chef, puis la réponse va être la même : Ça ne peut pas... Ça ne peut pas fonctionner de cette façon-là.

Donc, je pense, moi, qu'il y a... ce qui est vraiment à tester, là, c'est la volonté du gouvernement à ce moment-ci, jusqu'où le gouvernement du Québec est prêt à aller.

Journaliste : Demain, le ministre de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, dépose son projet de loi, là, qui est attendu depuis assez longtemps. Là, vous donnez B+ à Hydro-Québec. C'est quoi vos attentes pour le projet de loi? Comment c'est attendu aussi dans les communautés? Est-ce qu'on veut que les bases soient jetées pour les nouveaux partenariats avec Hydro, par exemple? Est-ce qu'il y a des attentes précises?

M. Picard (Ghislain) :Bien, ce que nous avons avancé comme avis jusqu'à maintenant, c'est le fait que, bon, on sait que le projet de loi devrait avoir un impact sur deux lois existantes, là, qui est la Loi sur Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de l'énergie. Nous sommes d'avis que le projet de loi aura très certainement un impact sur les deux autres lois, et on a beaucoup insisté auprès d'Hydro-Québec. On est en contact assez fréquent quand même avec M. Michael Sabia et on a soumis un document, que nous avons également soumis au gouvernement, qui contient une série de principes sur la façon que devrait... des principes qui devraient régir finalement le développement énergétique au Québec en regard des spécificités des Premières Nations. On a avancé que... l'idée, par exemple, que s'il doit y avoir une véritable inclusion des Premières Nations dans les plans d'Hydro-Québec, le plan d'action 2035 et incluant les annonces plus récentes la semaine dernière, bien, il doit, je pense, y avoir assez d'ouverture pour, par exemple, considérer que la gouvernance d'Hydro-Québec n'est plus la seule affaire du gouvernement du Québec ou du Québec, que les Premières Nations... également y trouver leur place.

Donc, moi, je juge, actuellement, qu'il y a cette écoute-là du gouvernement... pas du gouvernement, mais de la société d'État, mais est-ce que je peux en dire autant du côté du Québec? Bien, on verra avec le projet de loi qu'est-ce que ça dit au juste et jusqu'où le gouvernement du Québec est prêt à aller.

Journaliste : Bonjour, M. Picard. Caroline Plante de La Presse canadienne. Vous dénoncez l'attitude colonialiste du gouvernement. D'après vous, est-ce qu'un autre gouvernement provincial, dirigé par un autre parti, ferait mieux?

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, je pense qu'on connaît quand même la joute parlementaire. On la joue depuis déjà plusieurs années. On a déjà eu un gouvernement libéral. On a eu quand même, je veux dire, nos... je ne parlerai pas d'affrontements, mais nos... nos différends par rapport à certains enjeux que nous considérons capitaux, et je pense qu'il y a assez de maturité politique, je pense, autour de moi, là, pour reconnaître que tout n'est pas parfait. Mais, en même temps, c'est... c'est vraiment de trouver la façon de... de convenir des conditions, et c'est ce que nous déplorons aujourd'hui, après cinq ans. Écoutez, on a un premier ministre qui disait, avant même qu'il soit élu, hein, qui disait : Les peuples autochtones, là, moi, je vois autant... autant de... de traités... Comment on l'appelle, là, le traité...

Une voix : ...

M. Picard (Ghislain) :La paix des braves. Je vois autant de paix des braves qu'il y a de communautés au Québec. Faites le décompte, cinq ans plus tard. Moi, je n'en vois pas. Au contraire, on a un an de retard sur un traité qui faisait l'objet d'une promesse du premier ministre avant la dernière élection. Donc, pour moi, c'est... il y a là une évidence.

Donc, je pense que les parties qui sont en présence avec nous aujourd'hui regardent les choses aller, et je pense que le seul commentaire qu'on peut leur faire... Bien, souvenez-vous, souvenez-vous du message que nous passons aujourd'hui, parce que ce message-là, ça fait des années qu'on... qu'on essaie de le passer et on est toujours en train de se buter à un mur puis... Et souvent, souvent, malheureusement, le motif qui revient, c'est que la question des peuples autochtones, c'est une question qui est très complexe. Ça, écoutez, je ne vous compterai pas le nombre de fois que je l'ai entendu, mais je l'ai entendu souvent.

Journaliste : Puis peut-être sur votre démarche de produire un bulletin, c'est la première fois, je crois, que vous produisez un bulletin ou que vous commentez le bilan de l'action gouvernementale. Est-ce que vous pensez refaire ça à toutes les années? Puis peut-être expliquer un peu votre démarche...

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, on n'a pas les moyens...

Journaliste : ...ce qui vous a motivés.

M. Picard (Ghislain) :Oui. On n'a pas les moyens du gouvernement, là, je veux dire, on... je veux dire, on ne lutte pas à force égale, là, de toute évidence, pour nous. On est très à court de temps, d'énergie puis de ressources, tant humaines que financières. Mais, en même temps, le prix à payer, là, pour faire en sorte qu'on puisse être entendus, bien, c'est celui-là. Les chefs en arrière de moi peuvent en témoigner également.

Il y a quelques années, une ancienne ministre disait qu'elle n'avait pas besoin d'un quatrième parti de l'opposition à l'Assemblée nationale, en faisant référence à l'Assemblée des Premières Nations. Pour cette fois-ci, bien, on accepte de jouer le jeu, et c'est possible qu'on revienne peut-être avec un bilan qui soit plus systématique, là, au cours des prochaines sessions parlementaires.

Journaliste : Juste une petite précision. Bien, pensez-vous que ce bilan-là va avoir un impact?

M. Picard (Ghislain) :Bien, j'ai hâte d'entendre la ministre... pas la ministre, mais le gouvernement réagir à ça.

Journaliste : Monsieur.... Chef Flamand, sur la sécurisation culturelle, vous parliez de ça tout à l'heure. Ce matin, c'est ça, M. Lafrenière nous a aussi dit... Bon, il y a eu une grande pause, là, dans l'étude de ce projet de loi là, qu'on avait donc réfléchi à ce que le juge Viens avait demandé, c'est-à-dire de reconnaître l'existence de la discrimination systémique, et M. Lafrenière a dit : On a consulté les chefs, puis ils ne veulent pas aller vers ça. Est-ce que vous confirmez que c'est bel et bien le cas? Est-ce que la question divise au sein des communautés autochtones...

M. Flamand (Sipi) : ...

Journaliste : …sur le racisme ou la discrimination systémique? Pardon.

M. Flamand (Sipi) : Ce que le ministre Lafrenière affirme est une honte. Les Premières Nations ont pris position par rapport aux discriminations systémiques. Les enjeux que nous vivons dans les relations, dans les services publics, même, du gouvernement. Je pense que, si ce gouvernement démontre une ouverture, c'est... comme j'ai dit plus tôt, c'est retourner sur le terrain puis vraiment réfléchir avec les leaders, avec les professionnels de la santé autochtones qui connaissent bien les besoins dans les communautés. Ce n'est pas dans un bureau ici, au Parlement, que le projet de loi va être rédigé. C'est sur le terrain. Merci.

Journaliste : Puis, Mme Massé, justement, pour continuer là-dessus, M. Lafrenière disait aussi qu'il allait revenir cet automne avec l'étude détaillée et qu'il y avait eu une main tendue de Québec solidaire pour peut-être faire les choses autrement pendant l'étude détaillée. Qu'est-ce qu'il veut dire?

Mme Massé : Bien, en fait, chef Picard en a fait référence. Dans le cadre du projet de loi n° 37, on a fait en sorte que, puisque le... M. Carmant était arrivé avec des nouveaux amendements, sur lesquels les Premières... qui concernaient les Premières Nations, sur lesquels les Premières Nations ne s'étaient jamais prononcées, bien, qu'il fallait les faire revenir. Et d'ailleurs, pas plus tard qu'hier, on a invité M. Lafrenière à faire la même chose sur son projet de sécurisation culturelle parce que, bien, même nous... sauf là, c'est arrivé dans les dernières heures, mais même nous, on ne sait pas il va revenir avec quoi. Ça fait que nous, on dit : Ce n'est pas compliqué, vous ne parlerez pas de sécurisation... Peu importe ce que vous avez fait durant ces mois-là, sans ramener les personnes qui, dans le fond, sont légitimes d'être là et de s'entendre sur ce qu'on va mettre dedans, ce projet de loi là, sinon, bien, on...

Journaliste : Donc, sur la forme, M. Picard, ça serait un compromis acceptable, pas sur le fond évidemment, là, mais donc de vous rappeler puis de regarder au niveau des amendements ensemble?

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, pour moi, c'est... c'est un défi qui appartient entièrement au gouvernement. Si le ministre dit : Bien, depuis un an, on réfléchit. Bien, le ministre n'a certainement pas réfléchi avec nous, et ça, c'est important de le rappeler. Et on nous a souvent servi le motif de l'outrage parlementaire ou l'outrage au Parlement. Nous, on n'y croit pas. Je pense qu'il y a une façon de faire qui nous permette de voir venir le gouvernement au lieu de devoir le subir ou de réagir. Et ce n'est jamais, jamais une situation qui est confortable pour nous parce qu'on... encore une fois, bien, on hérite du fardeau de la bonne foi ou de la mauvaise, et je trouve ça tout à fait, tout à fait injuste.

Journaliste : Merci.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Journaliste : Good day. Bonjour. M. Picard, you said in French that, regarding Bill 96 and the impact on indigenous students in anglophone CEGEPs, you're ready to go further to take more actions. The two ministers today, Lafrenière and Déry, said that the adjustments are there to stay. The form will stay, will remain and the three classes in French... of French. So, they are basically keeping the same position. How do you react to this?

M. Picard (Ghislain) : I've always said that, you know, we're... maybe it's ironic, but we're comfortable with adversity, and adversity comes more determination. That's what the two ministers should be reminded of. And to me, as I said, I'm not going to detail more the process we're involved in, you know, from a legal perspective. I think it's too strategic and it's important for our communities.

But, this being said, I find it important that we find a way to secure our own peoples, namely the students who are facing these situations. So, I'm very thankful from the letters that we received from the different CEGEPs, and we will... we will have meetings at some point.

Journaliste : Because you're already... you launched a legal contest against Bill 96 or... You're not backing off.

M. Picard (Ghislain) : Oh no! No, no way, no. We don't... It would be too irresponsible to back down at this point.

Journaliste : And just on the report card, when you see this list that you all prepared, what's the most disappointing on the Legault Government? Is it because Mr. Legault put the expectations really high during the election campaign in 2018?

M. Picard (Ghislain) : Well, the list, by the way, is not exhaustive. We could have added to it, but I think we wanted to maybe secure a number of key examples in different areas. But I think... overall, when you take it as a whole, I think it... everything comes down to one... one conclusion. And I don't know where this government is going when it concerns indigenous people, and we have the right to know. Everything is done very based on improvisation, it seems. Where's the plan? When was the plan, in 2018, except for a Premier-to-be, who said : Well, I'm going to be signing as many «Paix des Braves» as we have indigenous communities. Five years later, we're nowhere, nowhere near that.

And to me, the point that we are trying to make today, we... we have the right to know where this government is taking us. I think that's a basic, basic right. Many Quebeckers might question their Government, but at least they know and they're able to question their Government on a daily basis. That's the difference.

Journaliste : Good day, Mr. Picard. Philip Authier, Montreal Gazette. I don't know if you saw the video that was produced by some of the indigenous students at the English CEGEPs, in which they talk about what these rules are doing to them. And they say, for example : «The more people we have on our side, the louder our voices are. We cannot be the lone voices against oppression, against the attacks on our language and our culture forever. We've done this for 400 years».

These are very emotional statements by people in your community. And the Government's response is : Well, we've tried, we tried to soften up some of the rules, but we won't go any further. And they won't even change this long form that people have to fill out to have an exemption to Bill 96, that... which is... I don't know if you've seen the form, but it's pretty complex. It asks, you know : Where did you go to school? They have to produce a certificate that they went to certain schools. They seem oblivious, the Government seems completely oblivious to what the impact of this law is happening. How do you feel about that? And do you... Are you willing to go further in defending these students in their plight?

M. Picard (Ghislain) : We were... we were... or at least our commission in education was a clear mandate to go towards the legal... towards a legal avenue, and that's what we have done. On the political front, I think that's where we certainly can react and respond to this...

Journaliste : ...

M. Picard (Ghislain) : ...to this ongoing... let me finish, to this ongoing challenge. And... But it doesn't belong to me alone. We have communities, we have... you know, «clients» is not a good word, but we have our students from our different nations. They're the ones that should be, you know, speaking to this and also contributing to the political process at their own local levels, but as well at the regional level. I think, hearing what you just shared with us is a reminder. And we will... we will need those from time to time ourselves in order to stay the course, you know, to secure what we feel is a total, total disrespect for who we are.

Journaliste : And that's what Bill 96 is, a total...

M. Picard (Ghislain) : Oh yes! I mean, every... every bill or every act that doesn't take... that doesn't take into account, you know, the special... the rights that we have and that rights that nobody else can claim in Québec except us is... is a disrespect, totally.

Journaliste : Good afternoon. Chief Picard, when you... Just again on Bill 96. Hearing that some students are feeling to the point where they have to go out of province to study, to go further away from their communities or even feel discouraged to pursue post-secondary education, how does it feel when you hear that students are... are in that boat right now?

M. Picard (Ghislain) : Well, I can only say the same thing I just said to your colleague, and that's totally unacceptable. But this is, you know, a political reaction or a political statement, if you will. We are exploring the legal avenue. It's, you know... The sad part to that is it's always very long, it's costly and it's always, you know, at the end of the day, 50-50. So, it's... At the same time, we need to bring this issue back to our table, in light of, you know, this offer from the anglophone CEGEPs, you know, to... to where they say : Well, you know, we are able to, you know, take into account or be witness to the... the impacts of the law with our indigenous students. So, I think we have to take stock of all this, evaluate it, and then feed that information to our chiefs, and see, you know, where we go from there. But, I don't... I don't believe... I don't believe, I strongly don't believe that it cannot be left unanswered.

Journaliste : And just on today's report card, I recognize this is a topic you get asked about a lot, but when it comes to this failing grade, do you feel that the Government could achieve a passing grade without recognizing systemic racism as an issue?

M. Picard (Ghislain) : No. Systemic racism is key to us. And that's where I go back to what I said «en français» earlier. You know, why is it that we... we have to abide by the Government's definition of what systemic racism is? Have they gone through it? Do they know what it is? What about... you know, discriminated groups? Aren't they in a better position to determine what that implies, what that includes and how it is defined? And to me, it's... it's a big piece, as much as the UN declaration on the Rights of Indigenous Peoples. We have a motion from the National... this National Assembly, going back to October 2019, that commands the Government to... to be sitting down with First Nations and Inuit to negotiate the terms of implementing the UN declaration. I haven't seen any offer to come to a table to have that discussion.

Journaliste : Just one more, if I may, quickly. On the cultural sensitivity bill in the health care system, we're hearing that they're going to continue the clause by clause of the bill. What would it take, at this point, for you to be satisfied with the bill?

M. Picard (Ghislain) : Honesty, transparency, see things coming before they become a fact. On that piece, I received an email, last night, telling me that, you know, it's now a fact that's totally, totally against a notion that is promoted by this government on the nation-to-nation relationship, total contradiction. It's like lying to yourself. That's really what it... And to me, and Chief Flamand referred to it earlier, what about this, you know, possibility, I will call it opportunity, to co-construct things together, such as the laws affecting our peoples? I think, you know, what is really... What is the resistance of this government? What is their fear? The world is not going to end tomorrow. So, I think it's up to them to really show that... good faith. The onus is on them, not on us, because it's often... too often been the case, and things have to turn around. I think we got to do things differently.

La Modératrice : Merci. C'est ce qui met fin au point de presse. Les différents chefs, porte-parole sont disponibles pour des entrevues, si vous le souhaitez. Merci. Bonne journée.

(Fin à 13 h 57)

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