(Huit heures vingt-trois minutes)
M. Cliche-Rivard : Bonjour,
tout le monde. Hier, les délais de parrainage en immigration sont passés à 34 mois,
presque trois ans. Ça fait presque trois ans sans sa famille, trois ans sans
stress... trois ans avec stress, pardon, trois ans d'anxiété, de détresse. Ça
va bientôt faire un an qu'on connaît la crise du parrainage, la crise des époux
puis des épouses qui sont séparées, et l'inaction de la CAQ et sa fermeté dans
ce dossier-là me bouleversent à chaque jour. À chaque histoire que j'entends, à
chaque famille qui nous contacte, je me demande vraiment quand est-ce que la
ministre va agir. C'est ce que je voulais vous dire en premier lieu.
Ensuite, hier, à la période de questions,
le PM a discrédité le comité de suivi du rapport Laurent, visiblement gêné par
la note qu'il a reçue à son propre bulletin. Il a attaqué un comité d'experts d'une
vingtaine d'experts mis en place par Camil Bouchard, qui inclut notamment l'Observatoire
des tout-petits. Avec tout le respect que je dois au premier ministre, je ne
trouve pas que ça fait honneur à sa fonction ce qu'il a dit hier au salon bleu.
Cette semaine, on commémorait les cinq ans
de la mort de la fillette de Granby. On a pris un moment tous ensemble pour
renouveler notre plaidoyer et nos promesses envers les enfants. On s'était dit :
Plus jamais. Et le lendemain, le lendemain de ça, le PM se lève en Chambre pour
attaquer la crédibilité d'un comité d'experts qui défendent les enfants les
plus vulnérables de notre société.
Moi, j'ai une demande à faire au PM ce
matin puis je vais lui faire au salon bleu, je lui demande de reconnaître qu'il
est allé trop loin puis je lui demande de s'excuser. Je lui demande aussi de
rencontrer le comité avec le ministre Carmant pour les entendre, parce que ces
gens-là ont des choses à dire, ce sont des experts qui suivent nos tout-petits.
Et aujourd'hui, je les comprendrais d'être furieux. Merci. D'autres questions?
Journaliste : Comment vous
trouvez le virage de M. Nadeau-Dubois? Est-ce qu'hier vous vous êtes senti
investi d'une nouvelle mission, c'est-à-dire recentrer le parti?
M. Cliche-Rivard : Gabriel a
été très clair qu'il y avait des chantiers en place pour que QS devienne un
parti de gouvernement, un parti qui va prendre le pouvoir. On a de grandes
discussions à avoir, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois,
dans nos différentes instances, avec nos membres. Moi, j'ai hâte de demain, là,
ou dans les prochains jours, de parler à...
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Non, non,
j'ai hâte de parler à mon coco, j'ai hâte de parler à mes gens sur le terrain.
Journaliste : Vous,
personnellement, vous êtes en politique, vous êtes un politicien, vous en
pensez quoi?
M. Cliche-Rivard : Bien, moi,
je suis définitivement venu en politique pour... pour y aller avec ce parti de
pouvoir là, moi, ça, c'est certain. Je ne suis pas venu dans... en politique,
je n'ai pas quitté ma pratique du droit au quotidien pour rester dans l'opposition.
C'est le débat qu'on doit faire, sur comment qu'on va se rendre là. Ça, c'est
le débat qui va appartenir aux membres, c'est le débat qui va nous appartenir.
Moi, ce que ça va vouloir dire
concrètement, étape par étape, puis ce qui va nous être présenté, je vais me
positionner en temps et lieu quand je vais voir les propositions, mais c'est
évident, là, qu'on est là dans une perspective de gouverner et c'est évident
que, moi, je suis venu en politique dans cette perspective-là.
Journaliste : Comment on
recentre le parti? Comment il devient un parti de gouvernance? Vous devez avoir
quelques idées à proposer.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui, mais
il y a plein de choses, là, puis je pense que Gabriel l'a très bien dit hier,
puis j'en suis, là, le test puis ce qui s'en vient avec la déclaration
politique qui est mise de l'avant à notre prochaine instance, ça va en être un,
la réforme de nos statuts, ça va être excessivement important puis intéressant,
la modernisation de notre programme va être quelque chose qui va être central
et déterminant.
Ça fait que c'est des chantiers qui sont
en marche, puis là, ça, c'est des outils, là, mais à l'intérieur de ces
outils-là, il y a des changements de substance, là, il y a des modifications,
puis moi, étape par étape, ça me fera grand plaisir de déterminer, là, sur les
propositions, avec nos membres...
Journaliste : ...de statuts
qui aura un effet, vraiment, sur l'électorat? Parce que, très sincèrement, là,
les gens à la maison, vos statuts, ça ne les intéressent pas vraiment, là.
M. Cliche-Rivard : Je pense
que... puis je ne veux pas le faire, le débat, avant qu'on le fasse, là, je
veux être super clair puis super transparent avec vous aujourd'hui là-dessus,
là, moi, j'ai des discussions à avoir, les élus ont des discussions à avoir, le
comité de coordination, les gens à Québec solidaire ont des discussions à
avoir. On va les faire, ces discussions-là, vous allez en être, là, vous allez
les voir, vous allez assister à ces choses-là, puis on va les mettre de l'avant,
mais ce n'est pas aujourd'hui que je vais me positionner là-dessus.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
hier, disait : Je joue cartes sur table, moi, je veux un parti de
gouvernement depuis que j'ai succédé à Françoise David. Or, de 2018 à 2022, c'était
lui, le chef parlementaire, et vous avez moins de votes. Ça fait que, là, c'est-tu...
Est-ce que le passé est garant du futur, ça va continuer à décliner?
M. Cliche-Rivard : Je n'espère
vraiment pas. C'est mon souhait que non. Puis, moi, je le vois, là, les
élections ont été celles que vous nommez, c'est un fait, on ne va pas le... les
contredire, puis on a du travail à faire. Puis Gabriel l'a dit, il travaille à
chaque jour pour être meilleur que le lendemain... que la veille. Moi, je fais
la même chose.
Journaliste : ...des amis,
hier, après la déclaration de votre chef?
M. Cliche-Rivard : Perdu des
amis?
Journaliste : Bien, des amis
au sein du parti, là.
M. Cliche-Rivard : Moi, ça?
Journaliste : Oui.
M. Cliche-Rivard : Je
pense... Je ne vois pas de quoi vous faites référence... je n'ai pas parlé d'amis...
Je n'ai pas perdu d'ami.
Journaliste : ...avec votre
exécutif. Est-ce que tout le monde de votre exécutif vous suit?
M. Cliche-Rivard : De mon
exécutif local?
Journaliste
: Oui.
M. Cliche-Rivard : Je n'ai
pas encore parlé à mon exécutif local, je vais faire ça dans les prochains
jours, dans les prochaines heures, peut-être ce soir, peut-être demain, là.
Évidemment, on a...
Journaliste : ...vous dire :
On n'est pas d'accord?
M. Cliche-Rivard : Non.
Journaliste : Quel est le
feed-back que vous recevez des membres, jusqu'à maintenant, là? Est-ce qu'ils
disent tous : On est tous 100 % d'accord derrière...
M. Cliche-Rivard : Évidemment
pas. À Québec solidaire, on fait des débats, on est un parti qui a toujours
fait des débats, mais vous l'avez vu, vous lisez les mêmes réseaux sociaux que
moi, c'est public puis c'est disponible. Il va y avoir des gens qui ne seront
pas d'accord, il va y avoir des gens qui vont être d'accord. On va faire les
débats en instance, on va les trancher, moi, ça ne me gêne pas. On a toujours
fait des débats, à Québec solidaire, ça, ça ne va pas arrêter demain matin.
Journaliste : On a compris
que vous étiez tous derrière votre chef, hier, devant sa présentation.
M. Cliche-Rivard : Oui, tout
à fait. Tout à fait.
Journaliste : Bon. Là, il y a
trois gros chantiers qui s'en viennent, là. Est-ce que l'aile parlementaire va
présenter toujours un front uni pour chacun de ces débats-là, ou est-ce qu'il y
a des députés qui vont pencher d'un bord ou l'autre, ou est-ce que vous avez
une ligne de caucus pour appuyer chacune de ces démarches-là?
M. Cliche-Rivard : Hier, on a
renouvelé et réaffirmé notre confiance envers notre chef parlementaire, c'est
ça qu'on a fait hier. Puis après ça, sur chacune de ces étapes-là, les membres
du caucus vont définitivement pouvoir les choisir, vouloir... quoi ils votent,
comment ils votent, où est-ce qu'ils vont faire. J'ai des collègues qui vont
peut-être prendre d'autres positions, je n'ai aucune idée, aujourd'hui, à l'effet
de qu'est-ce qu'ils vont faire, mais, hier, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
maintenu un front unanime envers notre chef parlementaire.
Après, sur les trois instances puis sur les
trois votes que vous signifiez, là, sur les trois chantiers, chacun, chacune va
pouvoir se gouverner. On en fait, des débats, on va continuer d'en faire, puis
ça ne sera pas grave qu'on fasse des débats, puis ça va être correct qu'on
fasse des débats parce que, je veux dire, si on ne fait pas de débats, en
démocratie, je me demande ce qu'on fait, là.
Journaliste : Aux termes de l'exercice,
ça va être quoi, la différence entre vous puis le PQ?
M. Cliche-Rivard : Mon Dieu!
Combien d'heures vous avez? On est... Il est quelle heure?
Journaliste : Il vous reste 10 minutes.
M. Cliche-Rivard : 10 minutes
pour faire les différences.
Journaliste : C'est quand
même beaucoup, là, c'est...
M. Cliche-Rivard : Vous
parlez... tu sais, vous dites ça, quand même, M. Laforest, avec respect,
là, avec le critique en immigration, puis vous demandez c'est quoi, la
différence entre nous puis le PQ, là, je veux dire, sincèrement... Je veux
dire, des différences, on va en nommer, puis on va en nommer, puis on va en
nommer, mais je vais me focusser là-dessus : nos positions sur l'inclusion,
sur l'immigration sont complètement différentes. Je veux dire, moi, je suis
ébahi à chaque jour et complètement désarçonné à chaque jour de voir les politiques
annoncées du Parti québécois en matière d'immigration.
Puis je vous parlais de réunification
familiale, tantôt, là, la réduction des seuils puis l'effet catastrophique dans
les chiffres que le PQ nous présente, la réduction catastrophique que ça, ça
peut avoir sur des familles, là, puis là on est déjà à avoir des délais de 32 mois,
si on réduit à 40 000 puis qu'on réduit le regroupement familial, on va
être rendu à cinq ans de délai de traitement. Je veux dire, en ce qui me
concerne puis en ce qui me touche, ça, c'est juste une... un élément
fondamental et clair qu'il y aura toujours des distinctions immenses.
Évidemment, il y a des choses, comme avec
d'autres partis, pour lesquelles on n'est pas en contradiction ou en
confrontation, mais la liste peut être longue, là. On ne votera pas la même
chose sur le 52, je n'ai pas voté avec les libéraux sur plein de propositions,
plein de projets de loi, plein de motions. Je veux dire, je n'ai pas voté avec
le PQ sur la même chose. Je veux dire, Québec solidaire, son identité est très
distincte, il va continuer de l'avoir de manière très distincte. Puis ça, pour
moi, ça ne fait aucun doute, que QS a sa place puis va demeurer absolument
différent des autres formations politiques.
Journaliste : Est-ce que le
message d'hier, là, c'était : Si vous n'êtes pas pragmatique, quittez le
parti?
M. Cliche-Rivard : Redites la
question parce que j'étais en...
Journaliste : Si... Est-ce
que le message d'hier, c'était : Si vous n'êtes pas pragmatique, quittez le
parti?
M. Cliche-Rivard : Non, je ne
pense pas du tout, je pense qu'on veut garder un front le plus uni possible. Il
y a des discussions à avoir puis il y a des débats à avoir, moi, je trouve ça
intéressant. Il y a une vision. Gabriel est allé à fond dans sa vision, il nous
l'a présentée, c'est arrivé il y a quelques heures, là, puis les membres s'en
sont saisis. Puis les membres vont pouvoir prendre leur décision
individuellement puis personnellement, puis vont pouvoir débattre, puis ça,
c'est beau en démocratie. On va avoir ces discussions-là, puis les gens vont
décider ce qu'ils font par la suite de... de l'expression démocratique de nos
membres.
Journaliste : ...le
pragmatisme, qu'est ce que c'est? Parce que François Legault aussi s'en réclame.
M. Cliche-Rivard : Ça peut
vouloir dire plein de choses, là. Moi, je vais...
Journaliste : ...parce que
vous en êtes un, visiblement, si vous appuyez Gabriel Nadeau-Dubois.
M. Cliche-Rivard : Tout à
fait.
Journaliste : Donc, comme,
pragmatique, qu'est-ce que vous êtes?
M. Cliche-Rivard : Je trouve,
ça, pour être franc, là, je préfère que... On s'adressera en temps et lieu sur
des propositions concrètes, puis je vous dirai...
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Non, non,
pas du tout, je suis un pragmatique.
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Pour moi,
personnellement, un pragmatique, ça veut dire de prendre des décisions qui
sont... qui sont fondées sur... sur les faits puis qui nous permettent d'aller
de l'avant.
Journaliste : Donc, ça ne
veut pas dire grand-chose.
M. Cliche-Rivard : Bien,
pragmatique, ça peut vouloir dire ce que ça veut dire pour qui ça veut dire,
là. Honnêtement, rentrer dans un débat de philo sur ce que ça veut dire, le
pragmatisme, à matin...
Journaliste : ...on prend une
décision pragmatique, c'est qu'elle soit à droite, qu'elle soit à gauche, il
faut prendre la bonne décision. Donc, est ce que vous, c'est que à gauche que
le pragmatisme se vit ou, des fois, ça peut aller à droite aussi?
M. Cliche-Rivard : Oui, oui,
le pragmatisme peut se vivre à gauche comme il peut se vivre à droite, là.
Je...
Journaliste : Donc, il
pourrait y a voir des décisions plus à droite de Québec solidaire pour être
pragmatique.
M. Cliche-Rivard : Bien, à
droite, il va falloir relativiser, là, Québec solidaire va toujours rester un
parti progressiste, féministe, environnemental, de gauche, là. Je veux dire,
ça, ça ne va pas changer. Est-ce que, dans l'oeuvre politique, puis dans les
déclarations politiques, puis dans ce qu'on va moderniser comme programme, est
ce qu'il va y avoir des propositions qu'on va pouvoir... que vous allez
qualifier de pragmatiques? Je pense que oui. Mais là, après ça, au cas par cas,
puis au moment, ou sur le moment, ou par chaque proposition, je pourrais les
définir, mais là, le grand débat de philo, à savoir si le pragmatisme est à
gauche, ou à droite, ou au centre, là, je pense que...
Journaliste : ...de la philo,
là.
M. Cliche-Rivard : Oui, mais
il y a de la philo pol, c'est un petit peu différent, mais...
Journaliste : ...la vision de
Gabriel Nadeau-Dubois, est-ce que vous, vous demandez à ce que Gabriel
Nadeau-Dubois travaille sur son leadership et change des choses dans son cercle
privé?
M. Cliche-Rivard : Gabriel a
été très clair, puis je trouve que c'est assez... c'est assez honnête de sa
part qu'il travaillait chaque jour. Puis je fais la même chose pour être
meilleur que la veille. Ça, ça veut dire que, puis le monde le disent, là, puis
il l'a dit lui-même, il n'est pas parfait, puis je ne suis pas parfait non
plus, puis personne n'est parfait. Il y a des choses à changer, il y a des
choses...
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Ça, c'est
des discussions que je vais avoir avec lui. Mais ce qui est certain, c'est
qu'on a vécu un échec avec le départ d'Émilise. C'est un échec qui fait mal.
C'est arrivé lundi, là. Là, on est jeudi. Il y a des bilans qui vont se faire
là-dessus, il y a un travail qui va se faire là-dessus, il y aura une suite qui
sera faite là-dessus.
Et moi, j'ai confiance en Gabriel quand il
nous dit... puis c'est vrai, là, puis moi, je l'observe quand même qu'il
travaille très fort pour qu'il soit meilleur demain qu'aujourd'hui, puis moi,
je fais la même chose. Je ne suis pas parfait non plus, on n'est pas parfait
non plus. Il y a du travail à faire.
Journaliste : Ça veut dire
quoi «meilleur»? C'est comme pragmatique, là, ça ne veut rien dire.
M. Cliche-Rivard : Bien,
c'est parce que là vous demandez de faire les bilans avant qu'on les fasse, là,
tu sais, bien respectueusement. Il y a des discussions qui commencent. La PP a
quitté lundi. On est jeudi. On a connu une semaine que vous avez connue vous
aussi. Moi, je suis en commission parlementaire à entendre 35 groupes. Je
veux dire, il y a des débats qui se font, là. On va les faire. Mais me demander
aujourd'hui de faire le bilan de ce que ça veut dire puis d'où est-ce qu'on
s'en va, je veux dire, respectueusement, je...
Journaliste : ... si je peux
me permettre une question, s'il vous plaît, sur Accompagnement Québec, est-ce
que vous connaissez ça, vous?
M. Cliche-Rivard : Bien oui,
je le connais, puis visiblement pas beaucoup d'immigrants qui connaissent
Accompagnement Québec. Je trouve ça dommage. Bon, j'ai lu l'article de
Mme Gervais dans Le Devoir comme vous ce matin, je suis un peu... Je ne
peux pas dire que je suis surpris parce que le MIFI a beaucoup de misère avec
ses programmes, dans l'ensemble de ses programmes. Et, pour moi,
malheureusement, c'est un autre constat d'échec puis c'est un autre ajout au
constat d'échec puis au bilan, puis pas juste de Mme Fréchette mais de
l'ensemble des ministres de l'Immigration de la CAQ, là, depuis leur arrivée.
On va parler des 40 000 dossiers à la base, on va parler de la
réforme du PEQ sur laquelle on est revenu, sur laquelle on a remodifié,
Francisation Québec, l'entrée est catastrophique, ça ne fonctionne pas du tout.
Toutes les propositions que, moi, j'ai mises de l'avant dans les dernières
semaines pour faciliter les choses, améliorer les choses, notamment qu'on
émette des autorisations de travail aux demandeurs d'asile, ça ne marche pas au
niveau de l'immigration.
Journaliste : On fait quoi,
avec ce programme-là, on l'abandonne ou on invite les immigrants à s'en servir?
M. Cliche-Rivard : Moi, je
pense qu'il n'y aura jamais trop de services, là. Je pense qu'on a des défis
immenses d'intégration. Et les organismes rappelaient qu'eux ils jouent ce
rôle-là, quand même, là, puis qu'eux ne comprennent pas le dédoublement. Je
pense qu'il y a un travail à faire là-dessus et je pense qu'on a une remise en
question à faire là-dessus, qu'est-ce qui se faisait avant, par les organismes,
qui devrait continuer de se faire, puis que c'est eux qui jouent le rôle, parce
qu'il y a des... des organismes d'intégration, là, avec la TCRI notamment, puis
les autres, il y en a énormément. Donc, il y a une réflexion à faire, mais ce
que je vois, c'est que le ministère prévoit et met en place des programmes pour
lesquels il n'est pas capable de livrer la marchandise.
Puis, par la suite, bien, la CAQ pointe du
doigt, à savoir que les immigrants ne réussissent pas leur intégration ou
qu'ils sont un fardeau. Je veux dire, moi, j'ai mis des propositions concrètes
et positives de l'avant, là, plusieurs, vous les avez couvertes, dans les
dernières semaines, dans les derniers mois. Il n'y a rien qui est fait, ça
n'avance pas. On a les délais qu'on a. Je vous ai parlé de la réunification
familiale. Je vous ai parlé du temps avant que les demandeurs d'asile
travaillent. J'ai lancé une proposition pour un programme pilote pour attirer
les demandeurs d'asile puis les immigrants dans le secteur de la construction, pas
suivi. J'ai proposé un programme de... de régionalisation de l'immigration, pas
suivi. J'ai proposé un programme de régularisation pour qu'on sorte du monde
sans papiers puis qu'on les mette dans l'économie réelle pour qu'ils paient des
taxes et impôts puis qu'ils retrouvent une dignité, il n'y a rien qui a été
fait.
Journaliste : ...une mauvaise
idée, Accompagnement Québec?
M. Cliche-Rivard : Je ne
pense pas que c'est une mauvaise idée. Je pense que ça démontre l'incapacité de
la CAQ à livrer la marchandise en matière d'immigration. C'est ce que je pense.
Puis c'est un autre échec sur la longue liste des échecs caquistes en matière
d'immigration.
Journaliste : Vous,
personnellement, si les membres décident de ne pas suivre le changement proposé
par votre parti, par le caucus, ici, parlementaire, est-ce que vous allez
rester?
M. Cliche-Rivard : Moi, je
vais regarder ce que les membres vont décider de faire avant de me positionner.
Puis là ce que vous dites, c'est s'ils suivent de... tu sais, s'ils décident de
ne pas suivre, s'ils décident de ne pas suivre, comment, s'ils décident de
suivre, la moitié, s'ils décident de suivre à 90 %, puis qu'est-ce qu'ils
décideront de ne pas suivre, je prendrai ma décision en temps et lieu, mais là,
dans l'hyperhypothétique de qu'est-ce qu'ils suivront ou suivront pas...
Journaliste : Bien, c'est
quand même une décision importante...
M. Cliche-Rivard : Bien, moi,
j'ai l'intention... moi, j'ai complètement l'intention de continuer mon travail
au quotidien pour les Québécois, pour les Québécoises, pour les gens de Saint-Henri—Sainte-Anne
qui m'ont... qui m'ont élu. Et moi, je ne me vois pas ailleurs qu'à Québec
solidaire, c'est à Québec solidaire que je vais faire mon travail, c'est à
Québec solidaire... c'est ma formation politique. Ça fait que moi, je n'ai pas
de question à me poser aujourd'hui.
Journaliste : Est-ce qu'il y
a une crainte à l'interne de ce que le parti pourrait devenir?
M. Cliche-Rivard : À
l'interne de qui?
Journaliste : À l'interne de
votre parti?
M. Cliche-Rivard : Moi, je
n'entends pas... J'entends les débats, ce que je trouve sain, c'est important.
Puis, si on n'aura... si on n'a pas de débats puis si on n'a plus de débats, on
n'est pas Québec solidaire. Puis est-ce que ça, c'est des craintes? Est-ce que
c'est les discussions? Est-ce que c'est les défis? Est-ce que c'est des jases?
Est-ce que c'est des... des réflexions qu'on va avoir? Je veux dire, ça, c'est
l'avenir qui nous le dira, mais, je veux dire, je pense que c'est honnête, là,
c'est sain, là, qu'on ait une discussion. Il y a une vision politique qui a été
mise de l'avant, on a des chantiers qui nous appartiennent, on a une élection à
préparer en 2026, si on ne se posait pas de questions puis qu'on fonçait dans
une direction qui ne nous amène nulle part, bien, je pense qu'on aurait... on
n'aurait pas compris. Ça fait que faisons les débats puis avançons.
Journaliste
: So, what
does it… what does it mean… (Interruption) Excuse-me. What
does it mean to you to be a party that's ready to govern? What do you think has
to change, in your own opinion?
M. Cliche-Rivard : Well, it's a very good question. This is the debate we're going to
be doing in the next weeks, and we have different instances, and we have
different discussions… we'll have different discussions with regards to the
statute of the party, with regards to the political offer we want to put
forward, with regards to our program that needs to be modernized, to show
Quebeckers and to demonstrate them that we're ready for that next step and that
we're ready to move from an opposition party place to be the next party to
govern Québec. And this is what we need to adjust, this is what we need to
find, and those are the solutions that we need to put forward to convince
Quebeckers that we're ready to do so.
And this is going to be
debated in our next instances to make sure… and to move forward to this
objective, but, for sure, I went in into politics with the optics of being
elected into Government, not to
be in the opposition party for so many years. So, I'm fighting and I'm aiming
for Québec solidaire to be in Governmentas soon
as possible.
Journaliste
: But what if… and you saw already reactions on social media, what if
it creates a backlash with party faithful?
M. Cliche-Rivard : It's something we don't know yet, so I won't go into the
hypothetical. However, I find that debate is necessary and Québec solidaire will not keep being Québec solidaire if we're not debating, this
is our true nature, and I find this to be very fruitful and very important.
And I respect people's
opinion. It's very important for those people to express themselves, and to
have their voice understood and heard in our instances, and, if they're unhappy
and if they decide to come and… forward, and express themselves, well, fine,
that's very good. And then we're going to have a democratic decision, and the
party's going to move on depending on that choice and that decision. And I
think this is very important for us, and this shows how important it is for us
to give a voice to our members.
Journaliste :
So, QS is for the sovereignty of
Québec, is feminist, is left wing, progressist...
M. Cliche-Rivard :
Inclusive.
Journaliste :
...and now pragmatic. Is it a little
bit of everything that doesn't mean anything?
M.
Cliche-Rivard :
Well, I mean, the first words you used are very significant, they
really mean something. Being inclusive versus someone who's not, I find that to
be very determinative of what the parti is. Being progressive versus being
conservative, I find this very clearly something that is very clear, and
realistic, and concrete. Being feminist, I think this is very clear as well.
So, I mean, pragmatic, this depends as to what very single decision you'll be
talking about. And if, at that single point, you want to address us as to was
that decision pragmatic or not, with a very clear scenario, and if you see a
shift of some position and you want from us or you want from me to comment as
to this very specific change, is it more pragmatic than feminist, or is it more
pragmatic than inclusive, I'll answer. But if find giving just this word in the
abstract, I feel... I feel is not very much answering any question.
Journaliste :
One last question... two actually.
M. Cliche-Rivard : Sure.
Journaliste : Mr. Bonnardel
said yesterday, after the injunction was rejected, that basically... well, he
said in French: "Maintenant, ce jugement ne fait pas de différence pour la
suite, et je fais confiance au SPVM pour évaluer la suite avec le recteur de
l'Université McGill". What does that mean for you that
this judgment, this decision, does it make a difference?
M. Cliche-Rivard :
Well, first and foremost, I mean,
freedom of speech is at the very core of our democratic system, and as far as I
know those protestors are expressing themselves in a pacific manner, they're
not preventing any access to classes or courses, and they're protesting and
they're showing their support and solidarity to people in Gaza in Palestine.
Some groups, some
students decided to move forward with an injunction, I feel like the Minister
and the Government should not have interfered and given their comments regards
to the good value or not of that procedure. And I think that the Court did very
well into stating that there's no rights that are being violated by that
protest.
Journaliste :
What's the problem if the Government
give its approval to the process of requesting an injunction?
M. Cliche-Rivard :
I mean, they are everyday stating that
they can't comment on stuff because it's being before the courts. And at the
very time where it shows or pushes their political values, they're suddenly do
so, I find that to be very hypocritical.
And we very push forward
to make that separation between the judicial, the executive and the
legislative, and I think this is very important. It's not for the Government to
tell the courts what to do. And by beforehand stating that it's a very good
recourse, and that the court should allow it, probably before even seeing the
arguments, and the memos, and the factums, and the evidences, probably, because
I don't have the sure evidence of that, but that's what I think, I find this…
it wasn't the right move and I think the Court did very well into deciding to
reject the injunction.
Journaliste :
How do you think this is going to end?
M. Cliche-Rivard :
Oh! I don't know, but I very much hope
that it keeps being pacific. I think it's very, very, very important, here in
Québec, that we express our values and express our freedom of speech in a
pacific manner, and I very much hope so that this is how it's going to go. And
I... we did table many motions here in solidarity and... and obviously
condemning the attack of the Hamas on Israel, obviously, but also the
disproportionate response having now 35 000 civilians that died in Gaza.
So, this is a very
sensitive issue. I can feel those students obviously and I can feel a lot of
Quebeckers being... feeling than they can't do much to have their own
contribution to that... to that debate, so let them at least have some freedom
of speech and freedom of… and capacity to organize themselves and demonstrate
their opinion in a very pacific manner.
Journaliste :
Oui, juste... juste de façon très courte, là, un commentaire, là, sur
Bonnardel qui commente... qui dit que ça ne changera rien, les tribunaux, là.
Juste ce que vous avez dit en anglais, finalement.
M. Cliche-Rivard : Bien, moi,
je suis... je veux dire, le gouvernement passe son temps à dire qu'il ne
commentera pas ce qui est devant la justice, puis là je trouve ça bizarre qu'on
s'est permis de le faire cette fois-ci. En fait, je trouve ça hypocrite parce
que dans l'ensemble du temps où, nous, on fait des propositions ou on pose des
questions, la réponse est très, très rapide à l'effet qu'on ne commentera pas
ce qui est devant les tribunaux. Puis c'est ce que j'aurais plutôt souhaité, puis
je pense que la cour a fait la bonne décision, mais j'aurais plutôt préféré que
le ministre n'envoie pas ou n'essaie pas d'envoyer sa position dans un recours
qui est judiciarisé. C'est ce que... C'est ce que j'ai soumis en anglais.
(Fin à 8 h 46)