(Onze heures trente et une minutes)
M. Tanguay : Alors, bon matin
à tous et à toutes. Nous allons vous parler d'économie ce matin. Nous avons
complété, la semaine dernière, l'exercice très, très important des crédits
budgétaires, qui a duré pendant deux semaines. On a pu constater, encore une
fois, là, que le gouvernement que dirige François Legault est tout sauf un
parti de l'économie.
Les exemples sont multiples. Lorsque vous
voyez Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie, qui récidive et dit qu'il n'y
a pas d'enjeu de main-d'œuvre dans notre Capitale-Nationale, alors qu'il avait
déjà été contredit, notamment par son collègue responsable de la
Capitale-Nationale, ça ne tient pas la route. C'est être déconnecté
économiquement de la réalité de notre capitale. Également, filière batteries,
toujours pas de vision de développement économique pour la filière batteries. L'agriculture,
il n'y a rien de neuf à proposer à nos agricultrices et à nos agriculteurs. En
habitation, ce que l'on a de besoin, c'est 150 000 nouvelles unités
de logement par année. Il n'y a aucune... aucun objectif chiffré. Et on n'a
toujours pas de plan de retour à l'équilibre budgétaire pour éponger ce déficit
monstre de 11 milliards de dollars.
Alors, encore une fois, François Legault n'est
pas... ne représente pas... ne dirige pas un gouvernement de l'économie. Et on
peut voir, je vais terminer là-dessus, Centraide rendre public... et je salue
Centraide, rendre public un sondage important où on peut voir qu'un Québécois
sur deux fait face à une détresse caractérisée face à un stress financier et
que 86 % des Québécois vivent une anxiété financière à différents degrés.
Le gouvernement devrait s'y atteler et avoir une vision, ce qu'il est incapable
de faire. Je vais maintenant céder la parole à ma collègue Madwa-Nika Cadet.
Mme Cadet : Merci, chef.
Donc, vous avez entendu notre chef, donc, parler, donc, du manque de vision de
la CAQ dans différents dossiers et de son manque de crédibilité économique à
plusieurs égards. C'est aussi ce qu'on voit dans le dossier de l'emploi. Vous m'avez
entendue questionner la ministre de l'Emploi lors de l'étude des crédits
budgétaires, la semaine dernière, également à l'occasion de la période de
questions, où est-ce qu'on a compris... C'est que, dans les programmes de
requalification qui ont été lancés par la CAQ en 2021, l'opération main-d'oeuvre,
non seulement on est loin du compte dans plusieurs des secteurs d'activité qui
ont été ciblés par la CAQ, mais également lors, donc, des programmes qui ont
été lancés par ce gouvernement dans les dernières années, ce qu'on constate, c'est
que, pour bien de ceux-ci, là, nommément, donc, le PARAF, bien, on n'aura
jamais les résultats de ces programmes-là. On ne saura jamais si ce
programme-là, il a fonctionné. On ne saura jamais si les premières années d'un
autre programme, donc, le PRACTIC, en technologies de l'information, a
fonctionné. Puis, quand on a des chiffres... Parce qu'évidemment l'an dernier,
je l'avais pressée là-dessus, donc elle s'est empressée, donc, de resserrer,
donc, certains critères. Et, pour les chiffres qu'on a eus, donc, pour les
derniers mois, ce qu'on voit, c'est qu'il y a un étudiant sur deux qui ne
travaille pas, donc, dans le domaine dans lequel il a étudié. Donc, 300 millions de
dollars, donc 300 millions juste pour ces deux programmes-là, c'est un
autre exemple, donc, de mauvaise gestion caquiste des finances publiques, et
qui nous démontre que c'est un gouvernement qui gouverne à courte vue.
Journaliste : Est-ce que… l'arrivée
de Mme Biron à la tête de l'Agence de santé du Québec, est-ce que ça vous
inquiète étant donné qu'elle vient du privé? Est-ce que vous pensez que c'est
une... une porte ouverte au privé?
M. Tanguay : Fondamentalement,
non, ça ne nous inquiète pas outre mesure. Elle semble avoir des qualités
professionnelles qui ont été démontrées par le passé. Nous n'en sommes pas sur
la personne qui va diriger Santé Québec. Nous en sommes sur : est-ce que
le Québec... Aujourd'hui, les Québécoises et Québécois qui attendent 3 heures
de plus dans les urgences, comparativement à 2018, est-ce qu'ils veulent avoir
un autre débat, d'être lancés dans une structure? Les résultats, là, on va les
voir quand? En anglais, il y a une expression : «Where is the beef». Quand
est-ce qu'on va avoir les résultats en Santé? C'est leur sixième budget.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous... Qu'est-ce que vous avez pensé de ce qu'elle a dit hier? Est-ce que ça
vous rassure de voir, comment dire, l'expérience qu'elle apporte, l'expérience
qu'elle a eue chez Groupe Santé Biron? Qu'est-ce que vous attendez, au fond, de
son mandat?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
nous, ce qu'on attend... Encore une fois, je ne veux pas personnaliser, une
femme hypercompétente, qu'elle vienne du privé, on n'a pas d'enjeu, nous,
là-dessus, les libéraux. Cependant, elle va diriger une entité qui va prendre
son envol, ça va prendre encore plusieurs mois, dont les résultats ne sortiront
que, si on est chanceux, en 2025. Ça fait bientôt six ans qu'on se désâme à
dire à ce gouvernement-là : Occupez-vous de notre monde. Je ne vois pas
les résultats en santé. C'est promesse sur promesse, échec après échec. Le 90 minutes,
il est rendu près de 3 heures. Alors, on peut bien... il peut bien vouloir
nous lancer dans un débat de structure, on peut voir qu'aujourd'hui les
résultats ne sont pas là.
Journaliste : ...Mme Biron
demeure propriétaire d'un fonds d'investissement qui, notamment, investit en
santé. Sa sœur aussi dirige le groupe Biron, son conjoint a des contrats avec
le réseau public. Êtes-vous satisfait du mur de Chine, là, qui doit être mis en
place pour éviter tout conflit d'intérêts?
M. Tanguay : Je pense que,
dans ces cas-là, le fait qu'il y ait un mur de Chine, évidemment, c'est une nécessité.
On fait... On fait confiance aux personnes à l'effet que le mur de Chine sera
hermétique, va faire son travail, qu'il n'y aura pas de favoritisme, de conflit
d'intérêts. Ça se fait. Quand on… quand on engage quelqu'un qui a oeuvré
beaucoup dans un domaine, ça se fait, mettre des murs de Chine en place.
Maintenant, il va falloir qu'il soit
respecté et il faudra qu'il y... qu'il y ait à l'interne un suivi rigoureux
quant au respect de ce mur de Chine là. Ça veut, entre autres, dire, lorsqu'il
y a des décisions qui pourraient la mettre en situation ou en apparence de
conflit d'intérêts, elle doit se retirer.
Journaliste : Mais est-ce que
le fait qu'elle vienne du privé... Parce que, quand on œuvre dans le privé,
puis elle a quand même géré le plus important réseau de cliniques privées au
Québec, souvent, le privé est axé sur le service à la clientèle beaucoup plus
que le public. Est-ce que ça, ça ne peut pas, justement, être un aspect positif
ou une vision qu'elle pourrait amener, là, justement, d'essayer de ramener le
patient, là, comme... comme client avec une meilleure... une meilleure
approche, en fait, envers le... envers le patient?
M. Tanguay : Au Parti libéral
du Québec, on lui souhaite tout le succès du monde. Parce que, si Santé Québec,
ça finit par fonctionner, bien, ça va être au bénéfice des patients, patients,
clients, peu importe comment on le dit. Quand vous avez besoin d'avoir un soin
de santé, bien, de grâce, ayez-le dans les délais qui soient de rigueur.
Ceci dit, nous, ce qu'on voit, c'est
encore une fois la même chanson avec François Legault, c'est la Bolduc :
Ça va venir, ça va venir, découragez-vous pas. Bien, il y a de quoi être
découragé. Ça fait bientôt six ans, puis on voit que tous les indicateurs ont explosé
dans le mauvais sens par rapport à 2018. C'est un mauvais gouvernement. Alors,
qu'il nous lance dans un débat de structure avec Santé Québec, on veut que le
service soit donné, ce quin'est pas le cas.
Journaliste : Vous avez vuque la FAE veut contester en cour suprême la Loi sur la laïcité. M.
Roberge, hier, disait sur X qu'un syndicat ne devrait pas utiliser les
cotisations pour contester en cour, comme ça, une loi du gouvernement du
Québec. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Tanguay : Oui. Bien, je
pense qu'il aurait juste à prendre sa carte de membre du syndicat, de se
présenter à la présidence puis de dire : Nous autres, on ne fera pas ça.
Ils ont toujours bien le droit de décider ce qu'ils veulent faire, la FAE, puis
ils n'ont pas besoin du paternalisme à Québec, hein, de... de... je vais
m'arrêter là-dessus. Ils ont le droit. Le droit le plus fondamental d'un
citoyen, d'une citoyenne, d'une organisation, c'est de s'adresser aux
tribunaux. C'est leur droit le plus fondamental. Maintenant, la loi 21, on
a voté contre. Ça se décide à l'Assemblée nationale, mais, une fois que la loi
est adoptée, on l'a toujours dit, il est possible qu'il y ait des recours
juridiques. Puis nous, au Parti libéral du Québec, on trouve que c'est un
équilibrage qui est sain puis qui participe d'un fondement de notre société de
droit.
Journaliste : ...les prises
de position de vos collègues députés libéraux sur le campement à McGill, on
constate que... qu'on demande, là, que les manifestants quittent les lieux
parce que ça ne répond pas au règlement de l'université. Est-ce que ça ne
rentre pas en contradiction avec vos valeurs de liberté d'expression au Parti
libéral du Québec?
M. Tanguay : C'est un
équilibrage à avoir. Vous avez raison. Toute personne a le droit de manifester
son opinion. Le droit de manifester, le droit de s'unir, le... la liberté
d'expression sont des libertés fondamentales. Maintenant, lorsque ça, ça vient
en conflit avec l'accès à un campus universitaire, avec peut-être des fois des
enjeux... je ne suis pas sur le terrain, mais de santé et sécurité, mais
l'accès à une propriété, l'accès à un service public, bien, il s'agit d'avoir
un équilibrage. Ce que je constate, ce que nous constatons, c'est que McGill
suit les étapes d'un processus qui fait en sorte que... Dernière nouvelle, on
suit ça, là, évidemment, on suit ça de façon rigoureuse, semble-t-il, ils ont
demandé l'intervention de la police. On va espérer que ça se fasse dans le
calme, dans l'ordre.
Journaliste : ...M. Tanguay,
McGill? Est-ce qu'ils n'ont pas traîné? Est-ce qu'ils n'auraient pas dû agir
dès le début de cette... de ce campement-là?
M. Tanguay : Je n'ai pas...
je n'ai pas... je n'ai pas de commentaire à vous faire là-dessus. Je pense que
McGill... soucieux, je crois, justement, d'assurer cet équilibre-là, de ne pas
mettre de l'huile sur le feu, de bien gérer responsablement cette situation-là.
Puis on espère tous, on touche du bois, un dénouement ordonné.
Journaliste : Mais, pour
vous, est-ce qu'ils ont raison, McGill, de demander une injonction pour... pour
empêcher ces camps-là? Est-ce que ces camps étudiants là, par exemple, qui...
ils ne sont pas légitimes de demander de... ou, en fait, de faire valoir leur
point?
M. Tanguay : Moi, je pense...
Moi, je n'entrerai pas dans le jeu de dire qui est légitime ou pas légitime.
Tout le monde est légitime d'exprimer son opinion. Et McGill a des droits, les
manifestants ont des droits. Encore une fois, il s'agit d'avoir une position rationnelle
et équilibrée entre, oui, vous avez le droit de manifester, McGill a le droit
de permettre l'accès et la sécurité du site. Alors, encore une fois, je pense
que le processus de McGill a été suivi. On va suivre ça puis on va espérer pour
le mieux.
Journaliste : ...sur le
terrain qui justifie une injonction? Est-ce qu'il y a des appels à la haine,
par exemple, selon vos observations?
M. Tanguay : Ah! bien,
écoutez, moi... L'injonction, c'est présenté devant un juge, alors il relève à
la partie demanderesse le fardeau de la preuve de dire : Voici, nous
demandons une injonction, il appartient au juge de l'accorder ou de ne pas
l'accorder. Et, de ce que je comprends, c'est que ça fait partie d'un processus
d'aller chercher une injonction pour, le cas échéant, demander à la police de
faire respecter l'injonction.
Journaliste : …pour vous ils
doivent partir.
M. Tanguay : Ce n'est pas la
question...
Journaliste : Est-ce que
c'est ce que je comprends, non?
M. Tanguay : Ce n'est pas...
La question, c'est qu'ils ont droit de manifester et McGill a le droit de
permettre l'accès du site et la sécurité. C'est un équilibrage qui est fait,
demande d'injonction devant une cour de justice. Le juge va analyser ça, et
professionnalisme, le cas échéant, des policiers. Alors, je pense que c'est
important de préserver la liberté d'expression, mais préserver aussi le droit
de McGill de permettre l'accès et la sécurité du site, tout simplement.
Journaliste : Est-ce que les
universités ne sont pas justement des endroits tout désignés pour faire valoir
des points, des points de vue sur des... sur des cas, par exemple, politiques,
sociaux, etc. Les universités, ce sont des endroits de réflexion.
M. Tanguay : Oui.
Journaliste : Alors, est-ce
que, justement, on ne devrait pas prendre ça en considération et dire :
Bien, laissons les gens s'exprimer ou exprimer une opinion?
M. Tanguay : Bien, encore une
fois, il y a une différence, puis je ne veux pas tout mélanger, là, la liberté
de penser universitaire, de réfléchir et de pouvoir avoir des débats à
l'intérieur des murs universitaires versus une manifestation, un campement, une
limitation à l'accès puis peut-être, peut-être, je ne suis pas au courant, mais
peut-être des enjeux de santé et sécurité. Alors, encore une fois, je ne veux
pas tout mélanger. C'est un équilibre à y avoir. Ils ont le droit de manifester
puis McGill a le droit de demander un minimum d'encadrement.
Journaliste : ...beaucoup de
gens de confession juive. Savez-vous comment la communauté juive vit justement
ce qui se passe actuellement, là, dans le centre-ville de Montréal?
M. Tanguay : Vous savez, nos
élus représentent toute la population, toute la population, toute la
population. Il est clair que... Dans le conflit que l'on voit, il est clair
qu'il y a beaucoup de détresse, beaucoup de passion, également, dans ce
débat-là, c'est éminemment humain. Et, en ce sens-là, nos élus, évidemment,
sont au fait de tout ça et, comme bonnes personnes élues députées à l'Assemblée
nationale, sont là pour travailler sur le vivre-ensemble.
Journaliste :
This injunction that will be filed in
Montréal, later this afternoon, is it too soon to this injunction? Is it too
soon for McGill to ask police to intervene? They are there since Saturday and
there are on campus encampments across Canada and also in the US.
M. Tanguay :
The beauty of your question is that
it's to the judge to decide, and it's part of the criteria that has to be
analyzed, that he will base his analysis on. So, it's part of the criteria, if
it's too soon or not. It's not for me to answer it. It's part of the judicial
debate in order to get an injunction, so it's going to be part of the debate.
Journaliste :
But are you at all concerned,
Mr. Tanguay, about a potential escalation, at this point, on the campus?
What do you make of the situation?
M. Tanguay :
Well, I hope... as everyone, I hope for
the best, I hope that it could be done in an orderly fashion. And again, it's a
question of balance between the right, fundamental right to express yourself,
to have an opinion and to voice it. But also, we have to have an «équilibre»
with the fact that McGill can make sure to provide the right access to the
students on the campus, and also, it could be a question of security. So, it's
a question of balance, now that there's... we learned that they'll have a
judicial debate, it's a question of evidence for McGill to show that it's in
his right, and it's the proper time to proceed.
Journaliste :
Is McGill acting too quickly or too
soon, though?
M. Tanguay :
It's the judge... It's for the judge to
decide, it's for the judge to decide, and it's going to be one of his criteria.
Journaliste :
But it's all about freedom of expression
here, and students having this possibility of expressing what they think about
this war, and what McGill should do with the companies, alliances, like,
supporting Israel. There are videos where we see tensions between individuals,
not necessarily students. So, where do you draw the line to make sure that you
have these encampments, but then, it doesn't go too far?
M. Tanguay :
Absolutely. So, it's part of the
judicial process that will be under analysis. That being said, you're right
saying that it's, fundamentally, the right to the freedom of expression. But,
that being said, it's not because I have a freedom that I have every right, and
there's nothing that will concur with my freedom of expression, my liberty of
speech. So, that being said, it's a question of having the right equilibrium.
And, on the other hand, we have McGill, who wants to make sure that everyone
will be safe, and everyone will... can get access safely to the campus. So,
it's part of the judicial debate. I will not be prejudging on that. But
fundamental rights can be analyzed, the way you are expressing it. You can have
certain restrictions, justified under the law and under our Charter of Human
Rights.
Journaliste :
And the nomination of Mrs. Biron,
from the private sector, to be the head of Santé Québec, is it a good thing for
you? Because there were lots of criticism, because she's from the private
sector and she's running the health care system…
M. Tanguay :
We don't have any issue… come from the
fact that she's coming form the private sector, we don't have any issue. For
us, it's not a question of who's going to be leading this new structure, which
is Santé Québec. For us, it's the fact that, within their sixth year, the CAQ
is unable at all to provide the right services, the health care services, for
instance. So, with respect to Santé Québec, they're saying that, O.K., we will
be hoping for the best, maybe, in 2025, we'll have the beginning of results.
No, it's for the last six years that we are requesting good results, access of
the health care system, and, unfortunately, we're not convinced of the
efficiency of going that way, and we're still not convinced, we still don't
have the proof that Santé Québec will make sure to... concretely, to improve
the situation. But, again, we will have to wait, minimum, another... an extra
year.
So, it's not a question
of who's going to be leading that new structure or organization, it's the
question of today : Today, who's going to take care of the patients in
Québec? And the answer is... is a failure from that bad Government.
Journaliste :
Where's the beef?
M. Tanguay :
Where's the beef? We are asking
every... for the last six years. It's their sixth budget. You are putting
targets; you are not delivering. You are promising a lot. François Legault,
where is the beef? Where is the beef?
(Fin à 11 h 48)