(Huit heures quarante-quatre minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Il y a quelques années, lorsqu'on parlait du déclin du français, on
était à peu près les seuls, on ne nous croyait pas, on disait que la population
n'était pas dans les mêmes dispositions que le Parti québécois.
Aujourd'hui, le constat est très clair, un
sondage Léger hier nous informe que, d'abord, sur les choix politiques et la
langue, si le Québec devenait souverain, l'avenir du français serait
assuré : 53 % pour le oui chez les francophones. Évidemment, on
comprend que c'est les premiers concernés par l'avenir du français. Mais
l'autre question, si le Québec reste dans le Canada, le français finira par
disparaître au Québec : 47 %. Imaginez, ce n'est pas une diminution, «va
disparaître».
Les options sont claires, la progression
de l'opinion publique sur cette question est fulgurante, et nous sommes d'avis
que nous sommes totalement en phase avec les choix qui sont devant les
Québécois pour l'avenir de la langue. Cet enjeu est important et nous savons
qu'il l'est. Donc, je voulais souligner ça ce matin avec le sondage d'hier.
Et nous sommes disponibles pour vos
questions.
Journaliste : 47 %, ça
reste une minorité, quand même. Ce n'est pas une majorité de Québécois qui croit
que le français va disparaître si le Québec reste dans la fédération.
Journaliste : ...dans un
référendum, ça ne passe pas.
M. Bérubé : ...une majorité
de francophones, on partait de loin, là, il y a quelques années, et là il n'y a
pas de nuances. On ne sait pas si ça va... tu sais, ça va être moins actif, ça
va disparaître. Moi, je pense que vous devriez regarder ça de cette lorgnette-là.
Ce n'est pas rien, ce qui était annoncé, puis on continue...
Journaliste : Qu'est-ce qui
n'est pas rien? Soyez clair.
M.
Bérubé
: Bien,
ce qui n'est pas rien, c'est qu'il y a... il y a un nombre important de
francophones qui disent que, si on reste dans le Canada, le français va
carrément disparaître, et ça continue de monter.
Il se passe quelque chose présentement
quant à l'avenir du français, une prise de conscience qui n'est pas terminée.
Les chiffres augmentent de façon fulgurante. Je suis bien à même de vous en
parler, j'ai le dossier de la langue depuis quelques années. Moi, je pense que cette...
cette réponse-là au sondage est la plus importante que j'ai vue, hier.
Journaliste : Vous avez un
allié, là, les solidaires, là.
M. Bérubé : Sur quel enjeu?
Journaliste : Bien, sur la
langue, ils ont dit que ça prenait l'indépendance du Québec pour protéger le
français.
M. Bérubé : Très bien, ce
n'était pas prématuré.
Journaliste : Est-ce que
votre chef s'est trompé avec son discours, il y a deux semaines environ, en
disant que le Canada veut effacer le Québec? Il y a seulement 33 % des
répondants qui sont d'accord avec cette lecture-là des événements.
M. Bérubé : Quand on parle
avec nos convictions puis avec notre cœur, puis on dit la vérité, on ne se
trompe pas. Et Paul St-Pierre Plamondon, en privé et en public, ne cherche pas
à dire ce qu'on veut entendre, cherche à dire ce qu'il voit. Et souvent il a
été précurseur, souvent il a... il a constaté un certain nombre de tendances
inquiétantes qui se valident, c'est le cas sur la langue, c'est le cas sur
d'autres enjeux, et je pense que le... le temps va lui donner raison. Mais ce
n'est pas à propos de lui, c'est à propos de nous, et nous sommes inquiets pour
la suite. Et il aurait été facile pour Paul St-Pierre Plamondon d'essayer
d'adapter un discours au gré du jour, c'est mal connaître l'homme. Et ce n'est
pas terminé, dans le sens qu'il va vous dire les choses telles qu'il les voit,
et je pense que les Québécois apprécient ça.
Journaliste
: Mais à
partir du moment que, dans les écoles, même de ce qu'on voit dans les journaux,
ce qui a été rapporté, les écoles secondaires, même les francophones n'ont pas
envie de parler français, ça ne les intéresse pas, ce n'est pas déjà un combat
qui est perdu d'avance? Parce que c'est là que ça se joue, non?
M. Bérubé : C'est ce qui est
le plus difficile à... à constater. Il faut que le français soit une langue de
prestige, il faut la valoriser, il faut faire en sorte qu'il y ait des mesures
positives également de mise en valeur. Il faut que la langue soit, avec la
culture, dans le même... dans le même combat. Il faut que ça soit prestigieux.
Il faut être fier de voir nos productions sur Netflix, sur les grandes
plateformes internationales. C'est tout ça, puis il faut donner l'exemple.
Alors, si c'est un enjeu national
important, si on doit sonner le réveil national, comme dit la CAQ, bien, il
faut y mettre toutes les énergies. J'ai questionné le ministre hier, la
responsable de la Langue, il n'y a plus personne qui parle de la loi no 96,
qui devait être une loi costaude. Puis là, finalement, il n'y a pas vraiment de
plan, c'est ça qu'on a appris hier. Puis le cégep en français, c'est non. Puis finalement
ça va être pas mal ça, le français. Ils ne sont pas sérieux, ils ne sont pas
sérieux.
Alors, moi, je suis rendu au point que
s'ils ne veulent pas appliquer les mesures, c'est qu'ils ont fait les débats
puis c'est trop divisé dans le parti. La différence avec le Parti québécois,
c'est qu'il n'y a personne à convaincre de la nécessité d'intervenir sur la
langue, ça va beaucoup plus vite pour poser des gestes.
Journaliste
: ...l'entente
sectorielle, clairement, il n'y a pas d'appétit pour ça dans la population.
Vous étiez prêts à appuyer M. Legault s'il allait de l'avant. Est-ce qu'on
doit laisser tomber puis...
M. Bérubé : Bien, je ne sais
pas s'il est sérieux. Il y a un de ses anciens collaborateurs de son cabinet
qui a indiqué dans L'Actualité qu'il entendait parler de ça. Je pense que ce
n'est pas pour rien qu'il évoque ça. On verra ce qu'il veut faire, mais, je
veux dire, ce n'est pas notre premier choix, là. Nous, on veut faire l'indépendance
du Québec, on les veut tous, les pouvoirs. Alors, ce qu'il va faire d'ici 2026
ça lui appartient, puis on en prendra acte.
Journaliste : Un sujet peut-être
pour vous, M. Arseneau, dans la... le combat payer 30 $, il faut
payer 30 $ pour aller aux îles, vous êtes dans quelle équipe?
M. Arseneau : Écoutez, le...
Moi, la première chose que je veux dire, c'est qu'actuellement le conseil
municipal fait face à une tempête importante, et je trouve ça disgracieux, les
attaques personnelles, les insultes qu'on... qu'on voit passer contre l'équipe
du maire Valiquette et évidemment son conseil municipal. Je pense qu'il faut
baisser le ton. Je pense également qu'il faut réinstaurer un dialogue et d'abord
que ça se passe chez nous.
Alors, moi, évidemment, je ne veux pas
faire de l'ingérence, je ne veux pas jouer au beau-père dans les compétences
municipales, mais j'appuie certainement le maire dans sa démarche pour pouvoir
s'assurer qu'on ait des infrastructures récréotouristiques de qualité, qu'on
puisse partager la... la facture avec les gens qui viennent nous visiter et qui
en profitent. Et là, le moyen qui est utilisé, c'est la redevance. Et la
redevance de... de 30 $, à l'heure actuelle, fait un débat surtout sur son
application. Alors, moi, je pense que, dans les modalités, on peut... on peut
trouver des... comment dire, une voie de passage.
Journaliste : Mais est-ce que
la redevance, c'est le bon moyen, selon vous? La municipalité devrait penser à
d'autres moyens?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
c'est le moyen qu'a mis en place le gouvernement du Québec en 2017 pour que les
municipalités puissent trouver de nouvelles sources de revenus pour assumer
leurs responsabilités. Alors, le conseil municipal des Îles-de-la-Madeleine
veut se servir de cet outil-là, et c'est tout à fait légitime de le faire.
Quant à l'application, évidemment, il y a
encore des choses à définir. Puis on fait preuve d'ouverture, au conseil municipal,
pour pouvoir trouver la meilleure façon de faire contribuer ceux qui en
profitent.
Journaliste : ...faire payer
les Québécois pour accéder à leur propre territoire, ce n'est pas quelque chose
qui est contre nature?
M. Arseneau : C'est... En
fait, le principe, ce n'est pas pour accéder au territoire, c'est pour
contribuer aux infrastructures municipales qui profitent aux visiteurs. Tu
sais, ce n'est pas... ce n'est pas un droit d'entrée, c'est une redevance pour
contribuer, pour ceux qui ne sont pas les payeurs de taxes, aux services qui
sont offerts aux visiteurs pendant l'été.
Journaliste : Oui, mais c'est
parce qu'il y a une situation particulière, c'est une île. Alors, si tu accèdes
à l'île, tu es obligé de payer la redevance, alors que, si je veux aller, par
exemple, à Percé, bien, il n'y aura pas une barrière à Percé où on va m'obliger
à donner 30 $ pour aller, je ne sais pas, moi, prendre une bière à...
M. Arseneau : Oui, mais il
n'y aura pas de barrière aux Îles non plus, là soit dit en passant.
Journaliste : ...La Broue
dans l'Toupet, ou je ne sais pas trop... Non, ça, c'est à Mont-Louis, ça.
M.
Bérubé
:
C'est à Mont-Louis.
M. Arseneau : Bien, c'est un
phénomène qui est... En fait, c'est un outil qui est nouveau. Et, à ce que je
sache, la ministre Laforest a dit : Bien, effectivement, c'est... c'est
tout à fait à la portée de la municipalité d'utiliser un outil qui lui
appartenait, la redevance. Ailleurs, dans des endroits fortement achalandés sur
le plan touristique, on a mis en place des moyens. Et puis il y a... il y a
toutes les indications que la municipalité a, à la fois, le mandat
démocratique, l'outil réglementaire et la légitimité d'aller de l'avant, alors...
Journaliste : ...vous avez
déjà été maire, est-ce que cette question-là avait déjà été évoquée à votre
époque?
M. Arseneau : Oui. En fait, à
l'époque, vous vous souviendrez que le gouvernement du Québec avait mis à la
disposition des... des régions touristiques la possibilité d'appliquer une taxe
touristique, 3 %, 3,5 %. C'était à la nuitée.
Et, aux Îles-de-la-Madeleine, il y avait
eu ce débat-là, à savoir, bon, il y a des gens qui ne vont pas dans les hôtels,
nécessairement, il y a des résidences de tourisme qui ne facturent pas
nécessairement de la même façon, ou les terrains de camping, et tout ça. Et l'idée
avait été évoquée de... d'avoir une carte d'entrée ou une carte touristique
pour l'ensemble des gens qui... qui venaient. Ce débat-là a duré pendant trois
ans, et ensuite on a écarté ce moyen-là parce que c'était justement extrêmement
difficile de l'appliquer, et de le mettre en œuvre, et de s'entendre là-dessus,
mais il n'y avait pas la disposition réglementaire qui a été adoptée en 2017
par la suite.
Alors là, le débat reprend parce qu'il y a
un outil à la disposition des municipalités. On veut s'en servir. Et je pense
qu'il est légitime pour la municipalité de trouver des moyens de faire face à
ces coûts importants pour les infrastructures récréotouristiques, pour la gestion
des matières résiduelles et pour l'aménagement d'un parc régional dont tout le
monde va pouvoir bénéficier.
Journaliste : Le REM, le report
du REM, avez-vous confiance à la CDPQ Infra? On n'a même pas de date, là, pour
savoir quand ça va ouvrir.
M. Arseneau : Bien,
rappelez-vous, quand on a lancé l'idée du REM avec CDPQ Infra, c'était parce qu'on
avait la garantie qu'on respecterait les échéances, qu'on respecterait les
budgets, et que ce serait à l'avantage de l'ensemble des Québécois. Il y avait
comme une certitude, on a monté cette espèce de démonstration imparable que
c'était le meilleur moyen pour développer du transport collectif.
Aujourd'hui, bien, on en juge, là, la CDPQ
Infra n'est même pas en mesure de nous dire quels sont leurs... leurs
prochaines échéances. Je pense que, sur ce plan-là, c'est un échec. Donc, CDPQ
n'a pas magiquement, là, la façon de développer des projets plus rapidement et
à l'intérieur des budgets. Bon, voilà.
Journaliste : Vous avez
toujours été très critique du modèle qui avait été présenté par CDPQ Infra.
M. Arseneau : Tout à fait.
Oui.
Journaliste : CDPQ Infra,
est-ce que...Ce ne serait pas le moment où est-ce qu'il y a des têtes
qui roulent actuellement? Parce que ça fait quand même beaucoup, beaucoup de reports.
Il y a un problème, et ça explose, mais le
gouvernement du Québec passe souvent l'éponge et puis ramasse les factures en
arrière. Est-ce qu'il... est-ce qu'il n'y a pas des questions à se poser?
M. Arseneau : Bien, il y a
des questions à poser, oui, il y a des redditions de comptes à faire. Puis je
pense même qu'aux crédits c'est aujourd'hui que CDPQ Infra va... va
comparaître.
Journaliste : Oui...
M. Arseneau : Oui, oui, oui,
absolument, puis on va poser les...
M. Bérubé : On a quelques
questions.
M. Arseneau : ...les
questions. Il y a également les crédits en transport aussi.
Mais le modèle CDPQ Infra dans... dans le
REM, vous savez, là, tu sais, le rabattement de tout ce qui est clientèle vers
le REM et puis la possibilité qu'on se débarrasse... ou enfin que l'on revende
les... les infrastructures à quiconque voudrait bien s'en... s'en emparer dans
une période de cinq ans. Puis les espèces de... de, comment je pourrais dire
ça, de privilèges qui ont été accordés à CDPQ Infra, on n'en parle plus
beaucoup, mais c'est encore dans le décor, là, c'est ça, pour... Donc, tout le
modèle, pour moi, est à revoir. Puis on voit que le gouvernement nous fait
encore miroiter, là, un projet de REM de l'Est alors qu'on vient d'abandonner
le REM de la Rive-Sud. Puis ce dossier-là, écoutez, il est confus, puis
c'est... c'est l'oeuvre du gouvernement de la CAQ.
Le Modérateur : On va en
prendre une dernière en français.
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que l'État québécois met en place toutes les ressources nécessaires pour
évaluer les risques de violence ou de récidive des personnes déclarées non
responsables... non coupables... non responsablement criminelles?
M.
Bérubé
: ...
Journaliste
: Pardon?
M. Bérubé : ...l'affaire
Maureen Breau?
Journaliste : Oui, oui, c'est
ça, exactement. Comme on a vu.
M. Arseneau : Moi, je n'ai...
je n'ai pas...
M. Bérubé : J'ai écouté la
question. Bien, peut-être indiquer que l'État a une responsabilité de faire en
sorte que des gens dangereux ne soient pas en liberté, ou soient encadrés, ou
reçoivent des soins. Et je pense à ce cas-là, mais je sais qu'il y en a
d'autres autres.
Outre que d'indiquer qu'on est désolé des
conséquences pour les familles, oui, il y a une... ma réponse serait :
Oui, il y a une responsabilité de mettre toutes les ressources pour protéger la
population puis protéger des gens d'eux-mêmes aussi. Ça serait ça, ma réponse.
Journaliste : ...est-ce que
les gens doivent... est-ce que la population doit s'inquiéter du manque de
ressources pour... quand on voit ce qui s'est passé à Louiseville?
M. Bérubé : Bien, elle
s'inquiète déjà. Alors, c'est au gouvernement du Québec de les rassurer en
disant qu'on prend toutes les mesures pour encadrer des personnes.
Évidemment, il y a des cas où c'est
difficile de... de prévenir. Je peux vous parler d'abondance du cas d'Amqui. Il
n'y avait pas de signaux avant-coureurs auprès du réseau de la santé, auprès de
la Sûreté du Québec.
Journaliste : Mais là c'est
qu'on parle de gens qui ont déjà été déclarés non criminellement responsables.
M. Bérubé : Bien, ces cas-là
sont souvent connus et documentés de la Sûreté du Québec ou de la santé. Et il
vaut mieux prendre davantage de moyens de prévention que pas du tout.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste :
We're seeing more delays on the REM...
I don't know...
M. Arseneau :
Yes, yes.
Journaliste :
You... O.K. How do you think the whole…
giving the project to the Caisse is working out? Because we perceive delays on
their project like it's becoming a regular thing.
M. Arseneau :
Well, it's certainly disappointing when
you think back to what the model was supposed to be. Back in 2016, 2017, it was
supposed to be absolutely new and marvelous. The CDPQ Infra was to deliver
within, you know, schedule, and within the budget that was projected.
Today, we're face with a
project that's not finished, and no date... no date fixed for the... for the...
no delay to... to deliver. So, I think it's the, how can I say, the failure of
the model that we're seeing right now. And I would add to this the fact that the
South Shore REM was abandoned, the West... or the East REM is far from being
built. There was another project that was... that was cancelled also, the first,
you know, initiative for the East.
So, the question behind
this is: Is CDPQ Infra the right player to develop collective transport here,
you know, transit systems in Québec? And I think it's a... it's a hard, you
know, discussion for the Government to... you know, to come up with, but it's
due, it's overdue. And today we are going to have the credits and we will be
able to ask questions both to the Minister Guilbault, about what's happening
and what's not happening in public transit, and the same for the CDPQ as well.
Le
Modérateur : Thank you.
M. Arseneau : Thank you.
Merci.
(Fin à 9 heures)