(Treize heures)
Mme Zaga Mendez : Bonjour,
tout le monde. Je sors de l'échange lors des études des crédits avec le
ministre Lamontagne. J'ai amené avec moi un petit tableau qui fait... qui fait une
perspective, en fait, de l'argent que le gouvernement du Québec promet à
Northvolt et, de l'autre côté, l'argent qui est mis cette année dans le budget
de l'agriculture.
Bien sûr, ce n'est pas une comparaison
exacte, mais nous, ce qu'on entend sur le terrain, tous les producteurs et
productrices que je rencontre nous le disent, à quel point on voit que le
gouvernement, facilement, il va aller chercher de l'argent pour la filière
batterie, mais pour l'agriculture, on réserve seulement... en fait, même pas
1 % du budget.
Et M. Lamontagne me disait : Mais on
donne tellement d'autre aide, d'autres types d'argent, mais quand on fait la somme,
ce n'est pas comparable à l'argent qu'on est en train de donner à la filière
batterie et pour laquelle les producteurs et productrices se posent des
questions légitimes : Comment ça se fait qu'on ne donne même pas 1 %
du budget à l'agriculture?
J'ai aussi eu un échange concernant le cas
de M. Steben-Chabot, qui m'accompagne aujourd'hui, qui est producteur maraîcher
dans la Capitale-Nationale. Il demandait de l'aide d'urgence pour nos
producteurs, tout particulièrement pour nos petits producteurs maraîchers. Le
ministre continue à nous dire que les aides sont suffisantes et qu'il travaille
sur un programme.
Notre préoccupation, c'est de savoir quand
et comment nos petits producteurs vont recevoir de l'aide. Parce que des gens
comme M. Steben-Chabot ont dû arrêter leur production étant donné qu'ils n'ont
pas assez d'argent pour semer cette année en 2024. Je vous cède la parole.
M. Steben-Chabot (Hubert) : Merci.
Bonjour. Je me présente, Hubert Steben-Chabot. Comme elle disait, je suis
copropriétaire du Potager des koasseux. On est à Saint-Augustin-de-Desmaures.
Cette année, j'ai eu l'obligation de me
mettre en pause, vu les pertes radicales liées à la météo de l'an dernier.
Donc, je sors un peu de... déçu avec qu'est-ce que M. le ministre parle. Il nous
martèle qu'il faut aller communiquer avec La Financière agricole et avec le
MAPAQ, mais souvent, des fois, La Financière agricole, c'est qu'on ne rentre
pas dans les cases, on ne rentre pas dans la bonne case ou on se fait répondre
par beaucoup, beaucoup de papiers à remplir, qu'est-ce qui devient vite très
lourd.
Par la suite, j'ai l'impression que le
secteur agricole, on est en train de perdre notre avenir ici pour la seule
bonne raison qu'on nous demande de compétitionner dans le secteur léguminier avec
les États-Unis, avec d'autres pays qui ont extrêmement, beaucoup plus de
financement que notre secteur agricole. Donc, je m'en sors déçu.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Est-ce qu'on a des questions?
Journaliste : Je m'excuse,
j'ai manqué le début. Le ministre, lorsque vous avez brandi votre tableau, a
senti quand... a semblé quand même piqué au vif. Comment vous avez reçu ça?
Mme Zaga Mendez : Bien, le
tableau que j'ai fait, je le remontre ici, c'est suite à des échanges que j'ai
eus avec des agriculteurs, qu'eux reçoivent le message. Ils voient les médias
comme tout le monde, c'est-à-dire il y a 3 milliards qu'on annonce, bien
sûr, sur plusieurs années, à Northvolt, puis de l'autre côté, ils voient juste
1,5... 1,25 milliard en agriculture. Moi, je ne fais que porter un message. Il
y a une question qui est légitime ici : Quelle est la priorité du
gouvernement de la CAQ?
Le ministre, il n'a pas su me répondre. Il
nous disait qu'il y a tellement d'autre argent qui est donné. Il m'a parlé de La
Financière agricole, mais il faut comprendre que La Financière agricole, les
agriculteurs aussi mettent leur contribution.
Et ce qu'il faut se poser comme question,
puis ce que les producteurs et productrices nous le disent, c'est que, pour
Northvolt, c'est 3 milliards pour une seule entreprise. On a 28 000 entreprises
québécoises en agriculture, 28 000, et pour eux, on leur réserve
seulement... même pas, en fait, 1 % du budget. Je pense que c'est ça, le
message que j'avais le goût de passer à la CAQ aujourd'hui.
Journaliste : J'ai manqué
votre histoire au début, monsieur, mais je vous ai vu assis en arrière du
ministre, tout à l'heure. Jusqu'à maintenant, est-ce que vous avez... D'abord,
vous êtes un producteur, vous?
M. Steben-Chabot (Hubert) : Moi,
je suis producteur maraîcher, à Saint-Augustin, de petites surfaces, donc à peu
près de deux hectares.
Journaliste : Saint-Augustin,
ici?
M. Steben-Chabot (Hubert) : Oui.
Journaliste : O.K. Comment
vous avez reçu ce qu'il a dit, le ministre, jusqu'à maintenant?
M. Steben-Chabot (Hubert) : Personnellement,
depuis... j'avais été présent pendant les événements de l'AGA de l'UPA, puis
qu'est ce qu'il disait, j'ai l'impression d'entendre une cassette qui tourne.
Oui, c'est beau de dire qu'il y a de l'aide via La Financière agricole, mais ce
n'est pas tous les agriculteurs, qu'on est probablement inscrits à La
Financière, ce n'est pas tous les agriculteurs qui ont accès aux services, à
une certaine taille. Comme moi, je n'ai pas accès à l'assurance récolte, parce
que, pour avoir accès à l'assurance récolte, il faudrait que j'aie une plus
grande superficie en monoculture. Tout qu'est-ce qui est la culture
diversifiée, on ne rentre pas dans la case de l'assurance récolte.
Mais le problème qui arrive, c'est, on a
aussi une grande... Il a beau à venir nous dire d'aller demander de l'aide, il
nous demande surtout de remplir beaucoup, beaucoup, beaucoup d'heures de
paperasse, beaucoup de papiers, beaucoup de documents, qui amène que, souvent,
on a des moments où est-ce qu'on a l'impression de... d'échanger quatre
trente-sous contre une piastre.
Journaliste : La ligne que
j'ai beaucoup entendue, que je n'avais pas entendue, parce que je me suis
entretenu avec lui il y a une semaine, c'est il a l'air à dire que les
producteurs ne sont pas au courant des programmes qui existent, puis c'est peut-être
pour ça qu'ils ont des... qu'ils ont des problèmes, en bout de ligne.
M. Steben-Chabot
(Hubert) :On est au courant de nos
programmes. On est surtout aussi au courant de... les... certains programmes
ont plus de 50 pages de documents à remplir. On est au courant que, pour
un producteur comme moi, on me demande de donner en hectares les superficies
des cultures des 46 légumes différents que je faisais pousser, donc devoir
remplir, dans des formulaires, des 0,000001 hectare de carottes, 0,0...
ainsi de suite, pour toutes les cultures.
Je suis au courant que certaines demandes,
exemple, mon... faire une demande à ma... excusez-moi, faire une demande pour
ma prime à l'établissement va me coûter à peu près 2 000 $ pour
toucher 7 000 $. Mais là-dedans, je vais avoir aussi 100 heures
de documents à remplir et de paperasse à remplir.
On me demande d'avoir des plans d'affaires
puis avoir des perspectives sur cinq ans pour nos entreprises, tout le temps,
des plans d'affaires très compliqués, mais à un moment donné, tout ça, c'est de
l'argent qu'on doit mettre pour être entourés d'aide, avec des agroéconomistes,
des... ainsi de suite. Mais on n'est pas sûrs, après ça, d'avoir, aux fins...
au bout, avoir vraiment de l'aide. Des fois, on va se faire dire : Bien,
vous ne rentrez pas dans la case, monsieur, désolé, comme que vous gagnez trop
cher sur votre deuxième emploi pour pouvoir faire vivre la ferme, vous n'êtes
plus éligible au programme, donc arrangez-vous tout seul.
Mme Zaga Mendez : Puis
j'ajouterais que, comme le cas de M. Steben-Chabot, il y a 44 % de la
relève agricole qui est forcée de travailler en dehors de la ferme. Et ce
revenu-là, s'il est considéré trop élevé, ils ne sont pas admis. Mais, des
fois, ce revenu-là permet de faire vivre l'autre entreprise et prendre une
poche pour l'autre. Et ça, c'est un problème.
Et moi, je trouve ça difficile de... à
chaque fois que M. le ministre dit : Appelez à La Financière agricole.
Moi, j'ai travaillé en agriculture, là, les producteurs savent, ils connaissent
le nom et le numéro de La Financière, et ils savent qu'ils doivent passer par
des agronomes, par des agroéconomistes. Mais malheureusement là aussi ils ont
moins d'accès aux aides pour le service-conseil.
La Modératrice : Merci
beaucoup.
Mme Zaga Mendez : Merci.
M. Steben-Chabot (Hubert) : Merci.
(Fin à 13 h 08
)