(Huit heures vingt-quatre minutes)
M. Cliche-Rivard : Bonjour,
tout le monde. J'espère que ça va bien. Ce matin, je vais vous parler de deux
choses. D'abord, de l'histoire de Félix dans Le Devoir, ce jeune
Français qui voit sa demande d'immigration refusée par Québec pour des raisons
absolument déraisonnables.
La situation au ministère de l'Immigration
est devenue absolument problématique quand on se rend compte qu'on est en train
de refuser des candidats parfaits. Félix, 33 ans, est père d'un petit
garçon né au Québec, qui est ici depuis huit ans, si je ne m'abuse, il a une
conjointe québécoise, il est triple diplômé ici, du Québec, il travaille dans
une fromagerie de Saint-Antoine-de-Tilly. Bref, il coche toutes les cases, c'est
de lui qu'on veut comme immigrant, certainement, dans le PEQ, et là il se fait
refuser pour des raisons absolument déraisonnables par le MIFI, notamment, là,
sur la couleur des documents, qu'une impression est en noir et blanc au lieu d'être
en couleur, alors que les contacts, Service Canada et les autres, lui ont dit :
Bien, c'est de même qu'on l'imprime, puis «that's it». Alors, moi, je demande à
la ministre Fréchette, je pense que c'est rendu politique, là, ça va au-delà de
la simple... le simple administratif, là. Quand on a des... des candidats à l'immigration
parfaits qui sont refusés à cause de politiques déraisonnables de la part des
ministères, je pense qu'il est temps que la ministre s'en mêle puis fasse du
ménage dans les politiques de son ministère.
Deuxième sujet. On voit, ce matin, que les
éducatrices de la FIPEQ-CSQ ont déposé une plainte contre le gouvernement face...
pardon, pas une plainte contre le gouvernement, une plainte contre le Tribunal
administratif du travail pour manque d'engagement et de sérieux dans les
négociations. Ça fait un an qu'ils sont sans convention collective. On sait
maintenant que le gouvernement ne va pas remplir sa promesse de compléter le
réseau d'ici mars 2025. On sait déjà que le gouvernement ne convertira pas 50 000 places
d'ici 2027, comme il l'avait promis. Quoi maintenant? Est-ce que le
gouvernement va échouer à reconnaître à sa juste valeur le travail des
travailleuses qui s'occupent de nos tout-petits? Ça n'a pas de bon sens. Je
demande au gouvernement de respecter les travailleuses puis de ne certainement
pas plonger le Québec, à terme, dans une autre grève, dans le secteur public,
on n'a pas besoin de ça. Qu'on s'occupe de nos travailleuses, qu'on les
respecte, ça presse.
M. Marissal : Bonjour, tout
le monde. On était dans l'attente, depuis hier soir, de l'annonce du ministre
de la Santé. Cela dit, je ne cracherai pas dans la soupe, ce que le ministre va
annoncer tout à l'heure, c'est une bonne nouvelle. En fait, il y a un mot de
trop, ce n'est pas une nouvelle, mais c'est un bon pas dans la bonne direction.
C'est quelque chose, dont on parle franchement au Québec, là, le rôle de ce qu'on
appelait avant les superinfirmières, là. J'étais journaliste ici, puis on en
parlait, ça commence à faire 30 ans, là. Alors, tant mieux, tant mieux, si,
finalement, on va de l'avant et qu'on leur donne un plus grand champ de
pratique, tant mieux si ça améliore la voie d'accès vers des soins. C'est
quelque chose qu'elles demandent, c'est quelque chose, de toute façon, qu'elles
font déjà sur le terrain, ça, on le sait. Alors, tant mieux si c'est le cas.
Cela dit, le ministre nous a gratifiés
hier d'une bande-annonce, d'un film qui tourne en boucle depuis des années, là,
un A pour l'effort de communication. Maintenant, sur le fond, moi, j'ai une
crainte, parce que faites une petite recherche, là, sur Google ou ailleurs, faites :
cliniques, infirmières praticiennes, ça vous amène systématiquement vers le
privé, systématiquement vers le privé. Puis, quand le ministre a ouvert sa
première clinique à Montréal, deux semaines après, on a été obligé de la fermer,
parce que les infirmières sont parties, elles ont pris leurs jambes à leur cou
parce qu'elles n'avaient pas les conditions de travail.
Alors, oui, très bonne idée. C'est une
offre importante qu'on doit avoir au Québec, j'en suis, mais il faut donner le
moyen à ces superinfirmières, je devrais dire «infirmières praticiennes»,
de pratiquer dans le réseau public. Autrement, elles vont faire ce qu'elles
font déjà, elles vont se désaffilier. Elles vont ouvrir leurs propres cliniques
privées, puis elles vont charger de l'argent aux patients, ce qu'on voit déjà,
de toute façon, régulièrement, dans les médias, et, dans nos bureaux de
circonscription, on a des plaintes en ce sens.
Alors, je réitère, d'ailleurs, ma demande
au ministre : Il faut plafonner au minimum, là, rapidement, plafonner ces
frais-là qui explosent un peu partout. Puis, si le ministre est sérieux, qu'il
veut vraiment donner une nouvelle offre, je lui demande de le faire dans le
contexte de notre réseau, sinon, on va juste faire un trou de plus dans le seau
qui fuit déjà puis on va continuer de perdre notre monde dans le réseau public.
Merci.
Journaliste : Dans quelle
mesure, est-ce que l'entente avec la FIQ pourrait justement faire en sorte, là,
qu'il y a assez d'IPS pour fournir les services aux patients?
M. Marissal : Il est trop tôt
pour parler d'une entente avec la FIQ, ils sont en train de voter en ce moment.
Je vais devoir réserver mes commentaires, parce que je n'ai pas de droit de
vote à la FIQ, je suis un observateur à ce moment-ci. Je sais que ça passe mal,
l'entente, notamment dans la région de Montréal, dans la région de Québec, dans
les grands centres. Cela dit, la balle est au jeu. C'est aux membres de la FIQ
de décider. On attendra de voir le résultat.
Journaliste : J'entends votre
crainte, l'espèce d'exode vers le privé, ou plutôt d'une trop grande place pour
le privé, mais le gouvernement semble quand même s'être donné un objectif, là,
à terme, il espère ajouter 1 000 nouvelles superinfirmières. Est-ce
que ça, ça vous apparaît réaliste dans le contexte actuel qu'on connaît?
M. Marissal : Vous savez, si
on ajoute 1 000 nouvelles infirmières praticiennes puis qu'il y en a 850
qui passent au privé, il en reste 150, public.
Journaliste : C'est votre
prédiction.
M. Marissal : Non, ce n'est
pas ma prédiction, c'est une figure de style. Ce que je vois, en ce moment, c'est
que l'offre, elle est largement disponible au privé puis, au privé, il faut
payer. Je vous rappelle que nous payons tous et toutes des impôts et que,
normalement, on devrait avoir un système public. Alors, c'est une très bonne
idée d'ouvrir, d'ouvrir plus largement l'entonnoir puis de donner des soins
avec les infirmières praticiennes. Elles sont capables, elles en ont fait la
preuve, elles le font déjà. Tant mieux, mais, si tout ça sert à incorporer
davantage d'infirmières qui vont quitter le réseau public, ce sera, encore une
fois, de participer à l'exode vers le privé. Vous connaissez notre position, ma
position là-dessus. Moi, je suis un partisan de notre régime public, et... et
il n'y a rien qui me dit en ce moment que c'est ça qui va se passer.
Journaliste : Bien, on n'a
pas eu de nouvelles, là, récemment, il me semble, mais, bon, le gouvernement a
toujours son projet de deux mini hôpitaux privés.
M. Marissal : Oui, ça devrait
venir prochainement, d'ailleurs, hein?
Journaliste : C'est ça. Donc,
est-ce que ça, ça risque d'être contre-productif?
M. Marissal : Bien, moi, je
le dis souvent, puis ce n'est pas par méchanceté, là, mais je le pense
sincèrement, le ministre parle des deux côtés de la bouche, il dit : On
veut ramener le monde dans le réseau public, on veut être un employeur de
choix. Puis, d'un autre côté, tout ce qu'il fait, c'est multiplier les
cliniques privées, ouvrir des mini hôpitaux, visiter les cliniques au DIX30
puis à Rockland, puis il trouve ça donc bien extraordinaire.
En ce moment, ce n'est pas compliqué, là,
les cliniques privées, là, elles trouvent quasiment leur permis dans des boîtes
de céréales, là, c'est à ce point, là, qu'on multiplie les cliniques privées.
Évidemment, comme je le dis souvent, il
n'y a qu'un bassin de personnel soignant, si vous les drainez vers le réseau
privé, vous allez en avoir moins qu'au réseau public, c'est... c'est
mathématique.
Journaliste : M. Cliche-Rivard,
sur le cas dont vous avez parlé en ouverture, croyez-vous que c'est un cas type
au ministère de l'Immigration? C'est-à-dire, est-ce que… Bon, c'est assez
particulier, là, comme situation, on refuse des documents parce qu'ils sont en
noir et blanc. Mais vous demandez à la ministre d'intervenir. Pourquoi? Parce
que, selon vous, le ministère procède toujours de cette façon-là, dans des cas
comme ceux-là?
M. Cliche-Rivard : Moi, j'ai
travaillé une dizaine d'années, là, dans ce secteur-là, j'ai fait affaire avec
le ministère de l'Immigration plusieurs fois, et ce n'est pas un cas isolé, là,
c'est vraiment un cas qu'on voit souvent, des documents qui sont demandés de
manière déraisonnable.
Un autre exemple dans le dossier de monsieur,
c'est que son employeur a fourni une lettre d'attestation d'emploi avec une
signature électronique, ce qu'on fait tous et toutes à tous les jours, là. Par
contre, le MIFI exige encore une lettre signée à la main, lettre qui, après,
doit être numérisée et déposée sur un portail électronique. Donc, la plus-value
de la signature manuscrite, là, on va se la poser, surtout que le gouvernement
n'a aucune... n'a aucun document de référence avec une autre signature pour la
comparer en disant : C'est-tu la même signature manuscrite, là, pour faire
une vérification?
Ça, ça s'empile, ça, ces exigences-là
déraisonnables. On lui demande de prouver qu'il a posté une lettre en 2017, je
veux dire, vous et moi, là, prouvez ça, que vous avez posté une lettre en 2017
puis à quelle date vous l'avez postée. Franchement. On lui demande de fournir
un permis ou une autorisation de travail dans la période entre les deux emplois
qu'il a occupés. Bien, il n'a justement pas occupé d'emploi entre les deux, il
n'avait justement pas de permis.
Donc, ça, là, c'est un cas parfait et...
mais ce n'est pas un cas unique, c'est un cas qu'on voit à tous les jours au
ministère de l'Immigration, qui coûte... Et, vous le savez, là, le... je veux
dire, ce n'est pas la première fois qu'on parle des... des procédures
kafkaïennes du ministère de l'Immigration, puis c'est vrai au fédéral aussi, on
va se le dire.
Là, c'est devenu politique, parce qu'on
perd… à cause de ces exigences déraisonnables là, on perd des candidats, on
perd des candidates à l'immigration qui sont intégrés, francophones, en
l'occurrence en région, pour un employeur qui a besoin de lui. Puis il y a des
drames humains en arrière de ça, là, monsieur est ici depuis huit ans, il a...
il a un fils ici, il a sa conjointe. Je veux dire, parce qu'il n'a pas un
document en noir... en couleur, là, on va refuser sa demande de sélection. Je demande
au... à la ministre de venir mettre un petit brin de sens puis d'humanité dans
ces procédures, où, avant qu'un ministère refuse la demande d'immigration de
quelqu'un établi ici, on peut-tu se poser le gros bon sens puis se dire :
Oui, peut-être que le document en noir et blanc, là, on va s'en contenter,
considérant qu'on a l'avis de cotisation d'impôt, considérant qu'on a le T4,
considérant qu'on a une lettre d'emploi? Sérieusement.
Donc, c'est ce que je demande à la
ministre, c'est devenu politique, et elle doit faire le ménage dans son
ministère pour que ces processus soient efficaces en 2024.
Journaliste : Vos attentes de
la visite du premier ministre français?
M. Cliche-Rivard : Bien,
évidemment, vous le savez, puis, pour Québec solidaire, la relation
Québec-France est absolument importante, les liens culturels Québec-France sont
au cœur, puis on... on a des attentes dans la mesure où là c'est une belle
visite protocolaire, puis on espère tisser ces liens-là.
Moi, je travaille tous les jours à tisser
des liens avec l'ensemble des acteurs de la communauté internationale. Je
rencontre aussi aujourd'hui l'ambassadrice de la Colombie, par exemple. On
travaille très, très fort à tous les jours à établir nos relations
internationales pour que le Québec souverain dont on rêve puisse avoir sa
place, notamment dans la francophonie, comme acteur ou comme leader de la
francophonie au monde, mais un peu partout sur l'échelle internationale. Alors,
je m'attends à ce qu'on ait des liens les plus serrés, les plus importants, les
plus historiques et possibles, c'est ça, généralement nos attentes.
Je n'ai pas d'attentes précises, on n'a
pas d'éléments précis, mais on s'attend à ce que soient réaffirmés, encore une
fois et pour toujours, les liens absolument inébranlables entre la France et le
Québec.
Journaliste : Est-ce que vous
avez des appréhensions, comme... comme votre collègue M. Grandmont, parce
que c'est un gouvernement de droite?
M. Cliche-Rivard : Écoutez,
c'est une visite… c'est une visite protocolaire où on va établir des liens puis
des diplomaties internationales. Je n'ai pas d'appréhension. Je pense que c'est
un... c'est une belle marque pour le Québec d'avoir M. Attal, évidemment. Ça
nous place, évidemment... et ça confirme le poids du Québec, notamment dans ses
liens avec la France puis avec la Francophonie. Je pense que c'est... c'est une
très bonne nouvelle qu'il soit ici, puis je n'ai pas d'appréhension.
Journaliste : Est-ce que ce
n'était pas... Est-ce que c'était une mauvaise idée de votre collègue, M.
Grandmont, de politiser la chose hier? Parce que la première chose qu'il a
évoquée quand on lui a posé la question, c'est les politiques avec lesquelles
il n'était pas d'accord... un gouvernement de droite, alors que vous êtes un
parti de gauche. Est-ce que c'était une bonne idée?
M. Cliche-Rivard : D'emblée,
dans la vie, on a des relations internationales avec des gouvernements pour
lesquels on n'a pas toujours d'affinités politiques, puis ça fait partie de la
joute internationale. Ça ne veut pas dire qu'on est amis, ou qu'on cautionne,
ou qu'on... ou qu'on est de la même mouvance politique de ces partis-là, mais
ça ne nous empêche pas d'avoir des relations.
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Non, non,
je ne dirais pas ça du tout. De toute façon, M. Grandmont a été très ferme à
l'effet que les relations Québec-France sont absolument importantes, et
essentielles, et déterminantes, et on continue dans ce sens-là. Je pense que
c'est ce que M. Grandmont a dit de toute façon.
Journaliste : Est-ce que vous
partagez sa vision que c'est un gouvernement de droite, que... tu sais, que
vous êtes contre... la réforme des retraites?
M. Cliche-Rivard : Bien,
évidemment, il y a énormément d'enjeux. On est capables d'être critiques de
positions gouvernementales, comme on le fait pour l'ensemble de la planète. On
ne se gêne pas de critiquer Donald Trump, on ne se gêne pas de critiquer
Bolsonaro. Je ne suis pas en train de mettre M. Attal dans ce panier-là, ce
n'est pas du tout ce que je fais, mais on est capables... ce n'est pas du tout
le lien que je fais, là, pour être clair, mais on est capables de critiques
envers les États étrangers qui ont des politiques puis des gouvernements de
positions différentes. Ça ne nous empêche pas, comme je le dis très bien, de
miser puis de compter sur ces relations internationales là, notamment dans le
contexte spécifique, là, de la souveraineté du Québec.
Journaliste : ...parlant de
ça, le chef du Parti québécois, lui, s'attend à ce que la France s'implique
activement, là, advenant l'accession du Québec à la souveraineté. Est-ce que
c'est une attente que vous partagez, là, c'est-à-dire que sa France, advenant
l'indépendance, utilise son pouvoir d'influence, tu sais, pour convaincre
d'autres États de la légitimité de cet exercice démocratique là?
M. Cliche-Rivard : Bien,
définitivement, définitivement, il va y avoir un rôle qui va être... qui va
être déterminant, qui va être essentiel, mais comme... comme aussi la France,
certainement, mais l'ensemble des acteurs internationaux. Pour qu'un État soit
établi, il faut qu'il soit reconnu par les autres, c'est des règles de base du
droit international, et ces reconnaissances-là vont devoir se faire. Puis c'est
pour ça que moi, au quotidien, j'établis des liens avec les ambassadeurs, les
ambassadrices.
Journaliste : Mais là je vous
parle... Est-ce que ce serait... Je vous parle de la France, là. Est-ce que ce
serait la France, au premier chef, compte tenu…
M. Cliche-Rivard : Bien, je
l'espère. Je l'espère fondamentalement. Je l'espère fondamentalement. Puis on
va travailler en ce sens-là. Je vais maintenir les mêmes liens diplomatiques,
on fait ces mêmes liens diplomatiques là avec la France. J'espère que la France,
au premier chef, comme historiquement elle l'a fait, sera la première, je le
souhaite, à reconnaître l'indépendance du Québec, c'est mon souhait, puis je...
Voilà.
M. Marissal : Je vais y
aller, moi, je suis Français.
M. Cliche-Rivard : Vas-y. Tu
es Français, Vincent?
M. Marissal : Bien oui, je
suis Français.
M. Cliche-Rivard : Bon.
Des voix : ...
M. Marissal : Bien oui,
bien... c'est mon seul défaut.
Journaliste : De votre mère?
M. Marissal : Les deux. Les
deux. Les deux.
Journaliste : Les deux?
Journaliste : Ah oui? Les
deux?
M. Marissal : Oui, mes...
Journaliste : ...citoyenneté
française, puis tout, puis tout?
M. Marissal : Oui, monsieur.
J'ai même un passeport de l'Union européenne.
Journaliste : ...
M. Marissal : Je n'ai pas
voté les dernières fois, parce que je me... je n'ai pas suivi suffisamment, je
me sentais un peu imposteur. Moi, je suis né ici de parents français. Mes
frères et soeurs sont nés soit en Afrique soit en France. Tout le monde est à
peu près Français. Mes enfants, d'ailleurs, sont Français de par la filiation,
alors... Mais, tu sais, de là à voter... La dernière fois, je me disais :
J'ai peu suivi. Puis mon allégeance, mon allégeance est ici, là. Ça, c'est
très, très clair, là.
Journaliste : Est-ce que ça
vous émeut, la visite d'un premier ministre français?
M. Marissal : Je ne dirais
pas ça. C'est important, c'est important pour le Québec, mais pas pour moi. Tu
sais, je ne le prends pas personnel. Tu sais, je suis né ici en 1966. Ça fait
longtemps, quand même. Mes parents sont arrivés en 1965. J'ai malheureusement
trop peu de liens avec la République, mais ça fait partie de mon histoire, là,
mais, tu sais, je n'en fais pas une affaire personnelle, là. Je ne chante pas
la Marseillaise en me levant le matin.
Journaliste : Mais, mettons,
vos allégeances politiques françaises, vous seriez plus...
M. Marissal : Devinez.
Journaliste : ...France
insoumise que Front national, on s'entend.
M. Marissal : Devinez. Oui,
je serais certainement plus à gauche, ça va de soi. De même que, si j'étais
Américain, je serais peut-être un peu orphelin, parce que je trouve que les
démocrates ne sont pas assez à gauche à mon goût. Il y a Bernie Sanders. Mais
c'est la beauté de l'affaire, qu'on a des amitiés internationales, mais on ne
se mêle pas de leurs chicanes de famille. Je pense que c'est ça, la règle, en
général. De même que, si, un jour, on décidait de se donner un pays ici,
j'espère bien que la France serait parmi les premiers, sinon le premier pays à
nous reconnaître, ça va de soi, mais il y a une règle internationale qui dit
que, généralement, on essaie de ne pas se mêler trop des affaires de nos
voisins, des autres et de nos amis. Alors, je vais écouter ce que le premier
ministre a à dire aujourd'hui. Je n'ai pas beaucoup d'attentes, là, cela dit.
Journaliste : Alors, «que
leur sang impur abreuve nos sillons», trouvez-vous que, dans la Marseillaise,
là, cette phrase-là est... Comment vous l'analysez?
M. Marissal : Il faut quand
même reconnaître la grandiloquence de la France. C'est quand même des paroles
assez extraordinaires, mais je vais m'arrêter là pour le moment, avant de créer
un impair diplomatique, justement, là. Je ne sais pas si je peux créer un
impair diplomatique vu que je suis français aussi, mais bon, bref, je m'arrête
là.
Journaliste
: I'll bring you back to Montréal.
M. Marissal : Sure.
Journaliste
: O.K. The English Montreal School Board, EMSB, decided last night
to… that it's taking its challenge of Québec secularism law to the Supreme
Court of Canada. Is the school board exaggerating, because it costs a lot, or
it's the right path for defending minorities' rights?
M. Cliche-Rivard : It always clear that that bill was going to Supreme Court. It was
never debated. The question was when. And, once the Québec court of appeal
rendered its judgement, a couple of weeks ago, it was a matter of time until
there was an appeal before the Supreme Court. The EMSB is within their rights,
and I believe firmly, as a lawyer, that everyone should have the right and
power to exercise their rights, and this means… if this means to go up to the
Supreme Court, well, that is what it means. So, the EMSB is fully within their
right to do so.
Journaliste
: Critics that may say : Well, it's going to cost a lot of money
and it's a school board. Is it the right priority?
M. Cliche-Rivard : They are the ones to define their priorities. They're the ones to
decide how important it is for them to go up to the Supreme Court. Let's face
it, they won't be the only one to challenge it, there will be some… there will
be other parties, other interveners. So, it is for them to decide how they're
going to spend their money.
Journaliste
: On the nurse practitioners, Mr. Marissal, we've heard Mr. Dubé say
several times that, you know,
he's doing everything possible to move away from the private sector, he's… the
public. So, why are you so concerned by this announcement today?
M. Marissal : I'm not so concerned. I just want to make sure that… if we go that
way, and it's a good thing, that we make sure that the service… the services
are first and foremost in the public sector. But the thing is, and that's why I
am just asking the Minister to keep an eye on this and to react, the thing is,
if you do a research on Google or any… any way you want to do your research,
and you are looking for an appointment in such a clinic, you will end up
finding only private sector offers. And that concerns me, because, if we go
that way, we will, and we open up this field and, at the end of the day, we
realize that the vast majority of nurse practitioners are going to the private
sector, for me, it's not a gain, it's not a gain, we're moving backward. That's
my main concern, and you know where I stand in that issue, I want to make sure
that Québec is working for the public sector first.
Journaliste
: What more can the Minister do to make sure that, you know, less people are directed to these
private clinics?
M. Marissal :You know, the first
thing you should do is to put an end to the «appel d'offres», how do you say
that in English? To the «appel d'offres», to the «appel d'offres» for private
hospitals…
Des voix : …
M. Marissal : Well, anyway, you know what I mean. Minister Dubé is about to launch «un appel d'offres».
Des voix : …
M. Marissal : Call for tenders? O.K., let's try that again. Minister Dubé…
Minister Dubé is about to launch a call for tenders for two mini hospitals,
whatever that means, private mini hospitals. And I think that, if he wants to
send a clear message that, for now on, we're working for the public sector, he
could just scrap the call for tenders, and not going forward with this idea of
private hospitals. Because, otherwise, you're just saying basically to the
nurses : Don't bother working for the public, just go to the private, it's
so easy and it's counterproductive.
Journaliste
: On Attal, it's a new Prime Minister. We don't know yet what
are his positions, but Québec solidaire is asking Attal to... the «ni-ni» the non-indifference and
non-interference with Québec. Do you want Attal to put... everywhere in Québecsovereignty as well?
M. Cliche-Rivard : We are very clear that the relationship between Québec and France is the core, or very core
of our links and very important that it is. Now, we've been very clear that we
would want France to get back to that policy of «ni-ni». But we are not making
formal request, we are just formally hoping, absolutely hoping that this is the position that is going to be taken for Québec and for sovereignty.
Journaliste
: And by Gabriel Attal.
M. Cliche-Rivard : It's not something... As France, France… all, and we are hoping
that this will always be and always remain France's position.
Journaliste
:
Thanks. Merci.
M. Cliche-Rivard : Merci.
(Fin à 8 h 46)