(Onze heures une minute)
M. Tanguay : Merci beaucoup.
Alors, François Legault ne peut pas cacher, en immigration, ses échecs
multiples en y allant de déclarations incendiaires. Quand François Legault
donne suite aux déclarations malheureuses qui ont été prononcées par ses
ministres et qu'il reprend lui-même de «crise humanitaire au Québec», de «menace
identitaire», François Legault ne doit pas aborder l'enjeu de la pénurie de
main-d'œuvre de l'immigration, l'enjeu que représente ce qui doit être, lui,
ses préoccupations à tous les jours et qui font en sorte qu'aujourd'hui on
constate une perte de contrôle. Ce sont les échecs de François Legault en
immigration.
Nous avons besoin d'avoir une immigration
contrôlée. On doit faire en sorte d'inclure, dans la planification des nouveaux
permanents, les travailleurs temporaires. François Legault refuse de le faire.
Vous le savez, on l'a déjà dit, quand François Legault a promis «en prendre
moins pour en prendre soin», bien, il a prononcé le plus grand mensonge de la
politique québécoise contemporaine lorsqu'il a fait en sorte que ce n'est pas
le cas. Ce n'est pas en prendre moins pour en prendre soin, bien au contraire
sur les deux vocables. On doit avoir une planification qui tienne compte
des travailleurs étrangers temporaires. On doit avoir une planification qui
fasse en sorte que l'on puisse développer également notre capacité d'accueil,
ce que n'a pas fait François Legault.
Alors, juste avant de céder la parole à ma
collègue Madwa-Nika Cadet, force est de constater que François Legault, aujourd'hui,
met la société québécoise face à ses propres échecs. Il a mal planifié, il n'a
pas augmenté notre capacité d'accueil, et c'est trop facile pour lui de sauter
dans le débat identitaire, de faire de la surenchère avec le Parti québécois
puis d'essayer de nous faire accroire qu'au Québec, on est au bord d'une crise
humanitaire et qu'il y a une menace identitaire. Alors, la petite politique
identitaire de François Legault s'apprend, ça fera. Je le sais, qui est en
lutte avec le Parti québécois sur ces politiques identitaires là, mais il doit
se ressaisir et il doit faire son travail de premier ministre, et il doit faire
en sorte, bien évidemment, qu'on ait une immigration sous contrôle, mais une
immigration planifiée, et qu'on augmente notre capacité d'accueil. Je vais
maintenant céder la parole à ma collègue Madwa-Nika Cadet.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Marc. Quand le premier ministre ne parvient pas à justifier ses mauvaises
décisions, il décide de faire diversion en faisant appel à de la surenchère
identitaire. Ça fait plusieurs jours que les Québécois sont tannés d'entendre
François Legault, d'entendre les ministres caquistes nous parler de crise
humanitaire, nous parler de menaces à l'identité québécoise alors qu'on le sait
qu'on a une identité qui est forte, on le sait qu'on a une identité qui n'a pas
à être menacée. Pour nous, au Parti libéral du Québec, c'est tellement
important de protéger la langue française, puis je pense qu'on ne le répétera
pas, j'en... on ne le répétera jamais assez. Puis, moi, en tant que porte-parole
de l'opposition officielle en matière de langue française, je ne veux pas
entendre de tels amalgames de la bouche du ministre de la Langue française et
de ses collègues. En ce moment, nous ne sommes pas dans une situation où nous
avons donc des personnes qui arrivent, nommément les demandeurs d'asile, qui
menacent l'identité québécoise. Il faut que ce soit très clair et que les
Québécois entendent ce message.
M. Tanguay : Bravo!
Journaliste : Vous savez, j'ai
manqué le début de la conférence de presse, mais est-ce que vous diriez que le
premier ministre souffle sur les braises de l'intolérance?
M. Tanguay
:
Moi,
là, ce que je constate, là, c'est que François Legault, lorsqu'il donne suite à
ces déclarations de crises humanitaires, de menaces identitaires, fait tout
sauf évidemment travailler sur ce sur quoi il a le devoir, la responsabilité,
comme premier ministre, d'avoir le contrôle, autrement dit de développer notre
capacité d'accueil. Moi, là, les épithètes, là, je vais laisser ça à François
Legault. Je vais laisser ça à François Legault parce qu'il est engagé dans une
surenchère identitaire entre lui et le Parti québécois, et les deux, c'est
comme s'ils n'iraient jamais assez loin pour justement faire en sorte de...
faire percevoir l'immigration comme étant une menace, voyons donc, à notre
identité. Ce que l'on nous demande, nous, c'est d'avoir un contrôle de
l'immigration, ce que n'a pas François Legault. On est aujourd'hui face à la
pression. On est aujourd'hui face à l'échec de François Legault.
Journaliste : Pourquoi vous
pensez qu'il y a cette surenchère-là et pourquoi vous pensez que M. Legault
essaie de... de... de... Bien, en fait, ce que vous semblez dire, c'est qu'il
essaie d'aller plus loin que le Parti québécois. Pourquoi, selon vous, à cause
qu'il est dépassé dans les sondages?
M. Tanguay : Parce que
François Legault, ça a toujours été sa marque de commerce de blâmer tout le
monde puis, dans ce dossier-là, il blâme le fédéral. Il est clair que le
fédéral doit être meilleur et doit faire sa part. On peut en parler si vous le
voulez. Mais il a sa très large part de responsabilité. Alors, François
Legault, dans tous les dossiers, sa marque de commerce, ça a été de dire :
Ce n'est pas de ma faute, c'est la faute des autres, puis, dans ce dossier-là,
ce n'est pas de ma faute, c'est la faute de ce qui vient de l'extérieur, ce qui
n'est pas moi, et alors qu'il n'a aucunement travaillé... il a nié pendant
trois ans la pénurie de main-d'œuvre, il n'a aucunement travaillé sur la
capacité d'accueil. Ça, c'est faire les logements, puis avoir les services
publics.
Journaliste : Tantôt, en
période de questions, M. Legault a parlé de la Cour d'appel en disant que les
juges étaient nommés par le fédéral, laissant entendre finalement comme si
l'institution n'était pas neutre. En fait, il remettait un peu en question sa
crédibilité. Qu'est-ce que vous pensez des propos comme ça?
M. Tanguay : Tout à fait
irresponsable du premier ministre du Québec. Nous vivons dans une société de
droit. Le pouvoir judiciaire existe, il vient évidemment analyser les lois que
nous votons. Moi, je suis législateur depuis 12 ans, puis savez-vous quoi?
Quand la Cour d'appel, ou le... que nos cours de justice, vient rééquilibrer
nos lois, c'est bien parfait, c'est la société de droit.
Quand François Legault, encore une fois,
vient pointer nos cours de justice comme étant une menace à notre travail comme
parlementaires, il vient s'attaquer à un fondement de notre société qui est la
société de droit. Les tribunaux sont là pour faire un nécessaire rééquilibrage,
et ça, là, quand je vous disais vous avez un autre exemple, un exemple
additionnel qu'il y a une surenchère identitaire entre lui et le Parti
québécois. Le fait, là, du gouvernement, des juges nommés par Ottawa, là, c'est
le vieux discours péquiste depuis des décennies puis là, François Legault,
aujourd'hui, fait une erreur fondamentale de reprendre ça.
Journaliste :
On the... on the Supreme Court
decision, I'd like to hear your, Mme Cadet. What do you make of the fact that
that they are appealing this decision to begin with?
Mme Cadet :
Well... well, like the first thing...
like I want to go... I want to come back on the statement that we just commented
in French, that it's totally irresponsible from the Premier to... to shed
doubt... sorry, like they have a doubt... to cast a doubt on the legitimacy of
the Court of Appeals, on the decision that was made. We, at the Québec Liberal
Party, what we say is that we're going to respect the decision of the Court of
Appeals, and it is not responsible from the Premier to be able to... to doubt
the legitimacy of the court.
Journaliste
: You heard the Premier call it a liberal decision to not provide
children of asylum seekers with subsidize day care. What do you say to that?
Mme Cadet :
He said it was a...
Journaliste
: He said it was a Liberal government decision initially.
M. Tanguay :
It's his decision today to decide to
appeal that decision. And I let Madwa complete my answer. It's a fundamental
right to be able to address as a citizen the court of justice, to appeal to a
court of justice. I think that something wrong has been done, with respect to
my fundamental rights. And when François Legault says that, oh! it's the
government by judges, I think that he's completely wrong and he's attacking a fundamental
right to appeal to a court of justice. This is about our democracy. So,
François Legault is as responsible as saying this is not proper for a
democratic society, and I think that he's wrong absolutely, and I think that we
can have better, as a Premier, than challenging this fundamental right. Madwa, do
you want to complete?
Mme Cadet :
Yes. If I want to complete. So, as a
democracy, you know democracy, so we know that we have the rule of law, and we
know that we have the separation of powers. So, it's not legitimate from the
Executive, which François Legault represents, to look at the judicial part of
our state of law and to be able to cast a doubt that was talked about. So, just
on that part, this is totally responsible on his hand. And on the decision on
itself, we see that there is a direct impact in different rights, including my
own. And we see that a lot of people, they are... they had a little moment of
a... OK, like, we will be able to work, because a lot of the asylum seekers,
they already have a work permit. They want to be able to go... to go to work,
but because they were not able… They were… They were waiting to see what the
courts were going to say. And as we said, like we are a party that respects the
rule of law, it's part of our values, like when you look at the Liberal values,
like well, making sure that we respect democracy. And as we know that the…
Well, the judges, they have made their decision in this, we're going to respect
this decision, this is our formal, well, opinion on… on this. And it's… it's
definitely a step back for a lot of families.
Journaliste
: …from the… the fact that this came out of a court itself, the
Premier also said that there just aren't… there isn't enough space for children
in CPEs right now to begin with. So, do you think, given that fact, given there
is already a wait list for CPEs, that children of asylum seekers should have a
right to go to one?
Mme Cadet : Well, it's his own responsibility. It's his own failure. Like we've
been talking about François Legault failing, failing and failing. Failing at
being able to deliver public services. We've been talking about how, like we…
Like Quebeckers are not able to
have access to the essential services that they deserve, like they… When we
look at the public sector, not only like when it comes to early childhood
education, but in the education sector, the justice sector that we were just
talking about, like, just a few seconds ago, and the health care sector, like
we've seen our colleague André Fortin challenging Minister Dubé on many aspects
of not being able to receive services, this is exactly what we see here. So,
now, like we have a Premier that says: Ah! Well, like we're not able to deliver
services, we're not able to deliver enough CPEs for the population. Well, now,
again, like we see that we have a scapegoat. This is… This is the problem of
the asylum seekers if we're not able to deliver on our own promises that we
made six years ago to be able to have the children to be in these CPEs.
Us, at the Liberal Party,
just a few months ago, like we… and in the last… as well, because Marc was
actually the spokesperson for the family file, we said that every child should
have a guarantee to be able to go to day cares, the public day cares. And what
we see is the failure, and failure, and failure of la CAQ Government to not deliver on their own… on
their own duty.
Journaliste
: …absolutely clarify, the Liberal Party stance is that every child,
including asylum seekers, should have the right.
M. Tanguay
: Yes, absolutely. So, we have… You have to respect the rule of law.
You have to respect the court decision. That being said, it's a political
decision for the Government to
appeal that decision. And we're saying that this is the wrong choice. We need
to make sure that everyone will be able to have a place at… on a day care
service on kindergarten. So, this is François Legault to deliver this. It's a
total failure. He just has him to blame.
Journaliste : J'aimerais peut-être
juste revenir en français.
M. Tanguay : Oui.
Journaliste : Est-ce que...
Vous avez quand même loin, M. Tanguay. Vous parlez de surenchère
identitaire avec le PQ. Vous parlez du fait que M. Legault mine les
fondements de la société de droit. Dans Le Devoir, ce matin, il y
avait des gens qui étaient interviewés en disant qu'ils trouvaient qu'il y avait
une tendance inquiétante qui s'installait au Québec, justement, par rapport au
discours sur les demandeurs d'asile. Ça fait référence, notamment, à ce qu'on
entend dans le discours populiste en Europe. Est-ce que vous trouvez qu'au
Québec, on est comme sur une pente glissante vers des propos qui sont... de
plus en plus inquiétants?
M. Tanguay : Je vais...
je ne vais pas faire de comparaison avec ce qui se passe ailleurs, mais il est
clair que quand François Legault y va et que des ministres de François Legault
y vont de telles déclarations, crise humanitaire, menace à l'identité, il est
clair que les Québécoises et Québécois qui voient ça de leur premier ministre puis
de leur gouvernement se disent : Oh! Est-ce vraiment le cas? Ils ont, par
définition, la responsabilité de dire les faits et d'être justes, ce qui n'est
pas le cas quand ils font des déclarations incendiaires comme ça. Ça n'aide
personne. Ce sur quoi il devrait mettre son énergie et son temps, c'est de
développer les places en services de garde, développer les constructions de
nouveaux logements, faire en sorte qu'on ait une immigration ordonnée,
planifiée, qui tienne compte des travailleurs temporaires. Je ne sais pas si tu
veux compléter, Madwa.
Journaliste : ...comme un
point de bascule où ce discours-là est d'une certaine manière plus, bien,
acceptable ou accepté dans l'espace public.
M. Tanguay : Je ne pense
pas qu'il est plus acceptable, je pense que...
Journaliste : ...plus accepté
ou plus... un discours qu'on n'entendait peut-être pas avant.
M. Tanguay : Mais...
Mais nous, les libéraux, là, on s'inscrit totalement en faux face à ce
discours-là. Et il est vrai qu'il y a une surenchère entre le Parti québécois
et François Legault, et même une surenchère entre les ministres, eux autres,
quand Jean-François Roberge y va de ses déclarations-là. Rappelons-nous, et
puis c'est François Legault qui donne le ton. Quand il parlait de la
louisianisation du Québec, c'était une exagération. Quand il parlait que les
personnes, les Québécoises et Québécois qui ne parlent pas le français à la
maison et qui parleraient le français dans la sphère publique, c'est une
anecdote, bien, il fait fausse route.
Mme Cadet : Tout à fait.
Bien...
M. Tanguay : Oui, je t'en prie.
Vas-y, vas-y, je t'en prie.
Mme Cadet : Oui, bien, c'est
ça... Hein?
Une voix : ...
Mme Cadet : Ah! O.K. Bon,
écoute... Bien, rapidement, je veux dire, tu sais, il y a... Tu sais, on ne
peut pas se comparer à l'Europe. Puis moi, je ne me compare même pas l'Ontario.
On peut juste se comparer à nous-mêmes. Puis, quand on se compare à nous-mêmes,
ce qu'on voit, là, c'est que François Legault, bien, on a dit, il exagère, il
fait fausse route puis il ne prend pas ses responsabilités comme premier
ministre dans ce débat-là, d'être en hauteur.
M. Tanguay : Bravo! Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 16)