To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Conférence de presse de Mme Christine Fréchette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Mme Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire , M. Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, et M. Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Conférence de presse de Mme Christine Fréchette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Mme Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire , M. Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, et M. Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

Version finale

Tuesday, February 20, 2024, 10 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures trois minutes)

Le Modérateur : Bonjour à tous. Bienvenue à cette conférence de presse du gouvernement du Québec. S'exprimeront aujourd'hui la ministre de l'Immigration, Christine Fréchette, le ministre des Relations intercanadiennes, Jean-François Roberge, le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, et la ministre de la Solidarité sociale, Chantal Rouleau. Mme Fréchette.

Mme Fréchette : Alors, bonjour à tous, merci d'être là ce matin. Je remercie également mes collègues pour leur présence, Bernard Drainville, à l'Éducation, Chantal Rouleau, à la Solidarité sociale et à l'action communautaire, et Jean-François Roberge à la Langue française et aux Relations canadiennes et la francophonie canadienne. Donc, un grand merci pour votre présence.

Vous le savez, en fait, accueillir puis accompagner des demandeurs d'asile, ça requiert en fait un vaste ensemble de services gouvernementaux. Et il nous faut aussi animer tout un écosystème. Alors, la présence de mes collègues, ce matin, c'est justement pour rappeler que tous nos ministères sont en première ligne des services qui sont rendus aux demandeurs d'asile. Et je peux vous dire que plusieurs autres ministres auraient pu se joindre à nous parce que plusieurs autres ministères accompagnent et soutiennent les demandeurs d'asile.

Depuis plus d'un an, notre gouvernement a multiplié les démarches auprès du gouvernement canadien concernant l'arrivée massive des demandeurs d'asile. Comme le premier ministre l'a rappelé dans sa lettre transmise à M. Trudeau le 17 janvier dernier, les Québécois forment un peuple généreux, un peuple accueillant et qui a une longue tradition humanitaire dont nous pouvons être très fiers. On aide les demandeurs d'asile à subvenir à leurs besoins, à se trouver un logement, à scolariser leurs enfants, à apprendre le français, etc. Le Québec s'assure en fait de fournir des services aux demandeurs d'asile pour qu'ils puissent attendre dans la dignité la décision qui viendra de la part de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Or, malgré toute la générosité qui nous anime, notre capacité à livrer ces services aux demandeurs d'asile a des limites.

En décembre 2023, le Québec avait sur son territoire 55 % des demandeurs d'asile présents au Canada, c'est-à-dire 160000 demandeurs d'asile sur les 289000 qu'il y avait au Canada, alors que notre poids démographique au sein du Canada est d'un peu plus de 22 %, en 2023. Et vous avez ici une diapo où on voit à la fois le poids de chacune des provinces et du Québec au sein du Canada et à la droite, la colonne de droite bleu pâle, vous avez le pourcentage de demandeurs d'asile présents au Canada, qui se trouvent soit au Québec ou dans l'ensemble des provinces canadiennes. Alors, vous voyez un grand déséquilibre pour ce qui est du Québec.

Nos demandes par rapport au fédéral, bien, elles sont très claires. On demande à ce que soient répartis équitablement les demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire canadien. Parce que cette diapo-là montre à quel point il y a un déséquilibre. Et, si on regarde, par exemple les quatre provinces maritimes, à leurs quatre, en 2023, les quatre provinces maritimes ont accueilli 380 demandeurs d'asile pendant que le Québec en accueillait 65 000. C'est complètement démesuré. Il faut également que le fédéral réduise l'afflux des demandeurs d'asile en resserrant rapidement la politique canadienne d'octroi des visas. Il doit fermer toute brèche qui permettrait à des groupes criminels de s'infiltrer au Canada. Et également, il doit rembourser au Québec l'ensemble des sommes encourues pour l'accueil des demandeurs d'asile. Le gouvernement du Canada, c'est le seul responsable de l'admission sur le territoire canadien des demandeurs d'asile, c'est pourquoi le fédéral doit mettre en place un plan durable pour que la proportion de demandeurs d'asile présents au Québec équivaille à son poids démographique. Il doit s'assurer également d'une répartition équitable dans l'ensemble des provinces.

Le gouvernement du Québec offre de nombreux services aux demandeurs d'asile. Je vais vous en nommer quelques-uns. Il y a notamment une aide financière de dernier recours qui est offerte. Il y a l'éducation préscolaire, l'enseignement primaire, l'enseignement secondaire, les soins de santé et services sociaux via le Programme régional d'accueil et d'intégration des demandeurs d'asile, un hébergement temporaire, des cours de français, l'accès aux haltes-garderies communautaires et aux garderies non subventionnées, des allocations au logement, l'aide juridique pour la préparation de la demande d'asile, pour ne nommer que ceux-là. Alors, vous voyez que la liste, vraiment, est très longue, et ça reflète la générosité que l'on a à l'endroit des demandeurs d'asile. Les trois dépenses les plus importantes, c'est l'aide financière de dernier recours, les services éducatifs et l'hébergement temporaire.

Rappelons que le gouvernement du Québec a demandé au fédéral le remboursement de 470 millions pour les dépenses encourues pour les années 2021 et 2022. À ce jour, seules les dépenses liées à l'hébergement temporaire ont été remboursées, soit tout près de 67 millions, ce qui représente moins de 15 % des coûts assumés par le Québec. De 2017 à 2020, le fédéral a remboursé le Québec pour la majorité des dépenses effectuées pour les demandeurs d'asile. Pourquoi a-t-il cessé de le faire alors que le nombre de demandeurs d'asile ne fait qu'augmenter depuis? Je pense qu'il n'y a pas de réponse logique à cette question. Pour l'année 2023, le calcul des sommes assumées par le Québec est maintenant complété. Un montant supplémentaire de 576 millions a été engagé par le Québec pour les services publics offerts aux demandeurs d'asile au cours de l'année 2023. Ce montant s'ajoute aux 470 millions demandés pour les années 2021 et 2022. C'est donc un total de plus de 1 milliard que le fédéral doit rembourser au Québec pour les années 2021 à 2023. C'est énorme.

Il est important, toutefois, de rappeler que le remboursement des sommes dues ne réglera pas le problème à sa source. À la base, c'est le trop grand nombre de demandeurs d'asile qui viennent au Québec qui est l'enjeu. C'est pourquoi le fédéral doit resserrer ses critères d'accès aux visas de visiteur et il doit répartir les demandeurs d'asile équitablement. La récente annonce fédérale de réserver 150 millions au Québec pour les dépenses de 2023, eh bien, c'est loin d'être à la hauteur. C'est nettement insuffisant pour soutenir les nombreux ministères qui offrent des services à la population. Le Québec est une société d'accueil parmi les plus généreuses, on en est fiers. Et on honore nos engagements humanitaires, mais on ne pourra continuer à le faire que si on respecte notre capacité à livrer les services requis, et cette condition-là, elle n'est plus respectée. Merci.

M. Drainville : Bonjour, tout le monde. Alors, ma collègue Christine vous a parlé des sommes que représente l'accueil des demandeurs d'asile dans le réseau de l'éducation. Alors, je le répète, 305 millions depuis 2021. Juste pour l'année 2023, on parle de près de 140 millions pour scolariser, donc, les jeunes enfants demandeurs d'asile. Je veux être clair : le gouvernement Trudeau ne peut plus continuer à gérer les frontières comme il le fait présentement. Les capacités d'accueil du réseau de l'éducation ne sont pas infinies. Alors, je vais vous donner quelques chiffres. Actuellement, au Québec, donc, en date du 24 janvier, il y a 1 237 classes de francisation, ce qui représente, de façon très conservatrice, l'équivalent de 52 écoles primaires, 52 écoles primaires dédiées à l'accueil et à la francisation. Dans un contexte où nous vivons une importante pénurie d'enseignants, de personnel scolaire et de locaux, vous comprenez que ça met énormément de pression sur notre réseau. On s'approche du point de rupture.

Au mois de janvier, on a fait une nouvelle collecte d'information auprès, là, de la dizaine de centres de services scolaires qui accueillent le plus d'enfants demandeurs d'asile. On nous a informés qu'entre 4 000 et 5 000 élèves seront à scolariser d'ici la fin de la présente année scolaire. Ça représente 250 à 300 classes de francisation, d'accueil de plus. 250 à 300 classes, c'est l'équivalent de 12 à 15 écoles primaires de plus. Donc, on en a déjà une cinquantaine, et avec juste les enfants qui demandent à être scolarisés, là, c'est 10... en fait, c'est 12 à 15 écoles primaires, en sus des 52 qui existent déjà, pour la francisation et l'accueil. Ça, c'est avec les listes, là, d'enfants à inscrire présentement, là. Juste pour le centre de services scolaire de Montréal, entre septembre 2023 et la mi-janvier 2024, c'est 90 classes d'accueil qui ont été ouvertes au centre de services scolaire de Montréal. Ça représente l'équivalent de quatre écoles primaires. Le centre de services scolaire de Montréal reçoit environ 80 nouvelles demandes d'inscription par semaine. À ce rythme-là, d'ici la fin de l'année scolaire, c'est 3 à 4 nouvelles écoles primaires qu'il va falloir ouvrir, l'équivalent, hein, de 3 à 4 nouvelles écoles primaires qu'il va falloir ouvrir pour accueillir et franciser ces jeunes enfants demandeurs d'asile. Donc, une cinquantaine déjà qui existe. Juste avec les inscriptions de cette année, c'est 12 à 15 de plus. Et, à l'intérieur de ce 12 à 15, là, on en a quatre, juste pour le centre de services scolaire de Montréal, qui ont été ouvertes de septembre à janvier et un autre 3 à 4 de janvier jusqu'à la fin de l'année. Et je vous rappelle, bien entendu, que chaque classe nécessite des ressources comme du personnel et des locaux.

Alors, je le répète, on a atteint un point où on ne peut pas écarter la possibilité qu'éventuellement on ne sera plus en mesure de scolariser les jeunes demandeurs d'asile qui nous arrivent. Et, vous le savez, selon la Loi sur l'instruction publique, l'État a l'obligation de scolariser ces enfants-là, mais la capacité du réseau, elle, n'est pas infinie. C'est grave, ce qui se passe. On s'approche dangereusement du point de rupture et ça ne peut plus continuer comme ça. Puis, je le répète, là, petite parenthèse, là, cette situation-là, ce n'est pas le choix des enfants. Les enfants subissent cette situation. Nous, on veut les scolariser. Puis c'est exceptionnel, ce que le Québec a fait pour scolariser ces enfants demandeurs d'asile au cours des dernières années. C'est exceptionnel, ce qu'on a réussi à faire.

Mais là ça ne peut plus continuer comme ça. La situation qu'Ottawa laisse perdurer depuis des années a un impact pas juste sur le personnel enseignant et sur les locaux, elle a un impact aussi sur les professionnels de l'éducation, les orthophonistes, les orthopédagogues, les psychologues, les psychoéducateurs, les éducatrices, le transport scolaire. Le fédéral n'en fait pas assez. Puis ce n'est pas juste une question d'argent. C'est important de le dire. Le montant qu'il nous donne pour couvrir ce que ça nous coûte ici, au Québec, est ridicule. Ça, c'est un fait. Ils ne nous donnent pas l'argent qui couvre les coûts de services. Mais ce n'est pas seulement une question d'argent. Parce que, rendus à la situation où on est présentement, on s'approche d'un point où nous n'arriverons plus à fournir les services aux personnes qui sont déjà sur le territoire québécois parce que nos ressources doivent se partager entre un nombre grandissant d'enfants.

Donc, oui, on a atteint un point critique. Le gouvernement Trudeau n'a plus le choix d'agir. Il faut qu'il prenne ses responsabilités et ça presse.

Mme Rouleau : Alors, je suis ici avec mes collègues pour faire le point sur les conséquences de l'augmentation constante des demandeurs d'asile au Québec. Depuis trois ans, une forte pression est mise sur le système d'aide de dernier recours par l'arrivée massive des demandeurs d'asile. Je rappelle qu'au Québec les demandeurs d'asile sont admissibles à une aide financière de dernier recours à travers le programme d'aide sociale, selon certaines modalités. Le problème aujourd'hui, c'est qu'on observe une hausse fulgurante de demandeurs prestataires de ce programme et le gouvernement fédéral ne semble pas le prendre au sérieux.

De juin 2022 à juin 2023, on a constaté une croissance du nombre de demandeurs d'asile prestataires d'aide sociale de 23 000 personnes. C'est donc qu'on est passés de 17 000 personnes à 40 000 personnes, alors que le nombre total de prestataires au programme d'aide sociale, le programme d'aide de derniers recours, a... de son côté, a augmenté de 24 000 personnes. On voit donc que la hausse des prestataires, des adultes, d'une année à l'autre, est presque entièrement attribuable à l'arrivée massive des demandeurs d'asile sur notre territoire québécois. À ce jour, rien ne laisse présager que la situation va s'améliorer.

Alors, parlons des nouvelles demandes d'aide financière qu'on traite à mon ministère. Le mois de janvier vient de se clore avec une hausse de 11 % de nouvelles demandes à l'aide sociale en provenance des demandeurs d'asile comparativement à janvier 2023, 11 % de plus que l'année précédente, alors que le chemin Roxham est fermé. Les demandes d'aide de dernier recours se multiplient tous les mois depuis un an maintenant, et c'est une tendance lourde qui ne fléchit pas.

Le Québec se fait un devoir d'être accueillant, c'est dans notre ADN, mais nos services ont des limites, et le gouvernement fédéral ne les respecte pas. Ultimement, ce sont les contribuables qui paient. La facture à l'aide sociale pour la remise des chèques aux demandeurs d'asile est passée de 69 millions de dollars à 370 millions de dollars entre 2021 et 2023, une facture qui a plus que quadruplé en deux ans seulement. Où serons-nous rendus l'an prochain si la politique d'immigration du gouvernement fédéral ne change pas?

Et ce n'est pas aux demandeurs d'asile, personnellement, qu'il faut porter la responsabilité de la situation actuelle, évidemment. On a le devoir, comme nation québécoise, de soutenir ces personnes qui ont traversé des conditions difficiles pour venir jusqu'ici. Mais ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que la politique actuelle du gouvernement fédéral n'est pas viable pour le Québec. L'augmentation incontrôlée du nombre de demandeurs d'asile sur le programme d'aide sociale nous conduit droit dans le mur. Le gouvernement de la Coalition avenir Québec, le gouvernement de la CAQ ne veut pas et ne va pas tolérer qu'on efface les progrès de la société québécoise. Il est temps que le gouvernement fédéral cesse de laisser nos frontières complètement ouvertes. Le gouvernement fédéral doit prendre ses responsabilités et rembourser le Québec. Merci.

M. Roberge : Merci. Au moment où on se parle, c'est comme si la fermeture du chemin Roxham avait été remplacée par une passoire dans nos aéroports, c'est comme si le gouvernement fédéral avait perdu le contrôle de ses frontières. On peut se demander, même, si c'est un choix, parce qu'il pourrait reprendre le contrôle de ses frontières, comme il a pu fermer le chemin Roxham, il peut changer la donne aussi dans les aéroports. Mais il doit le faire, la démonstration a été faite par mes collègues de manière limpide, ça ne peut plus durer. On s'approche d'une crise qui pourrait devenir une crise humanitaire, si on n'était plus capables de donner des services. Et on vient de faire la démonstration ici, là, c'est très grave.

L'attitude de passivité du gouvernement fédéral doit absolument cesser. Parce que nous leur parlons, nous leur expliquons les choses, ils comprennent, mais ne changent pas la donne, alors qu'ils ont le pouvoir de le faire. Mais là, la réalité vient de se faire entendre, là, directement du terrain. Mes collègues sont en contact directement avec les écoles, avec les organismes, avec tout l'écosystème qui prend soin des gens qui arrivent ici en l'espoir d'une meilleure vie. Ces demandeurs d'asile là ne sont pas des personnes qui sont responsables de ce qui arrive ici, ce sont des personnes qui essaient d'améliorer leur sort. Mais le gouvernement fédéral a une responsabilité pour que ce soient, au bout du compte, de belles histoires. Sauf que là, en ce moment, on a l'impression que le gouvernement fédéral prend des décisions qui sont basées sur des... de belles idéologies bienveillantes, mais qui se butent au mur du réel.

Le nombre est tout simplement trop élevé. Le nombre de demandeurs d'asile est tout simplement trop élevé au Québec. On ne peut plus les accueillir dignement, les loger, les franciser, les scolariser, les intégrer à la société québécoise, il y en a trop. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Et ça, c'est dommageable pour tout le monde, tout le monde. Donc, le gouvernement fédéral doit redescendre sur terre puis il doit donner suite aux demandes légitimes du Québec. Nos demandes sont des demandes bienveillantes aussi, aussi.

Donc, le gouvernement doit d'abord, le premier geste à poser, la première affaire, réviser la politique d'émission des visas, il doit aussi renforcer la surveillance des frontières, parce qu'on entend parler qu'il y a des groupes criminels qui profitent du laxisme actuel, il doit réduire le nombre de demandeurs d'asile, il doit répartir les demandeurs d'asile dans l'ensemble du Canada puis il doit évidemment rembourser le Québec, on parle de plus de 1 milliard pour les trois dernières années. Donc, c'est cinq R : Réviser, renforcer, réduire, répartir, rembourser. Puis, comme mes collègues l'ont montré, ça presse.

Le Modérateur : Merci à vous quatre. On va maintenant passer à la période des questions. Commençons avec Alain Laforest, TVA.

Journaliste : Bonjour à vous tous. Mme Fréchette, «Basta!», ça ne fonctionne plus?

Mme Fréchette : Bien, dans les aéroports, la situation est différente. Vous savez, «Basta!», ça s'appliquait au chemin Roxham parce qu'il y avait possibilité de le fermer. Des demandeurs d'asile, on va continuer à en recevoir, c'est un droit qui est protégé par la Convention de Genève. Maintenant, le nombre de ceux qui viennent au Canada... qui viennent au Québec, je veux dire, le nombre de ceux qui viennent au Québec est trop important pour notre capacité à livrer les services requis. Donc là, je dirais que le «Basta!», il s'applique face à l'attentisme du fédéral. Pour l'instant, je ne sens pas une urgence du côté fédéral à régler la situation, et c'est là où je dis : «Basta»!, pas sur l'arrivée de demandeurs d'asile, il continuera à y en avoir, mais il faut qu'il y en ait en moins grand nombre et il faut qu'ils s'établissent partout au Canada.

Journaliste : M. Roberge, vous prêchez dans le désert, ça fait des mois, vous avez envoyé des lettres. On a l'impression que Justin Trudeau et M. Fraser vous disent oui, puis une fois qu'ils vous ont dit oui, ils ne font rien. Est-ce que j'ai une mauvaise impression?

M. Roberge : On a eu des ouvertures, on a eu de l'écoute, on a eu un premier paiement, un tout petit chèque, sur la facture...

Journaliste : ...de l'ouverture, des écoutes, vous ne seriez pas là ce matin.

M. Roberge : Mais non, on a eu de l'ouverture, on a eu de l'écoute, mais on n'a pas eu les gestes concrets qui font la différence, et c'est pour ça qu'on est là ce matin.

Il faut que les gens prennent conscience de l'ampleur de la situation. La question de l'argent est importante, d'accord, c'est plus de 1 milliard en trois ans, mais la capacité de livrer des services, là, ça, c'est une information nouvelle. On informe les Québécois, mais aussi les Canadiens, on informe le gouvernement fédéral, qui, au premier chef, doit prendre acte de la situation et poser des gestes, on informe aussi tous les élus qui sont à Ottawa, il y a les membres du gouvernement, mais il y a aussi plusieurs élus de d'autres formations politiques, qui doivent prendre connaissance de cette nouvelle information, et qui peuvent ensuite prendre de nouvelles décisions.

Journaliste : ...ils ne feront rien?

M. Roberge : Je ne partage pas votre scepticisme, je ne partage pas votre scepticisme. Je pense que, tôt ou tard, la voix de la raison va se faire entendre. On ne vous amène pas des opinions ce matin, là, ou des... Ce sont des faits, ce sont des faits. Les démonstrations de mes collègues sont limpides.

Le Modérateur : Louis Lacroix, Cogeco.

Journaliste : Bonjour, Mesdames, messieurs. Mme Rouleau, vous avez dit : On ne peut pas accepter d'effacer les acquis de la société québécoise. Est-ce qu'en ce moment… le modèle québécois d'éducation culturelle, d'accueil, etc., est-ce qu'il est menacé par l'arrivée massive de migrants?

Mme Rouleau : En fait, on a le meilleur filet social, là, si on peut l'appeler filet social, de par le monde, je dirais, à travers le Canada, certainement, en Amérique, et si on se compare à de nombreux autres... nombreuses autres nations ou à travers le monde.

Notre... Ce qui est menacé, c'est la capacité d'agir, parce que le nombre de demandeurs d'asile est trop important. Il y a une pression énorme qui se fait sur notre système, le système gouvernemental, pression financière, mais pression humaine. Je pense aux organismes communautaires qui accueillent les demandeurs d'asile et qui ont de la difficulté à l'heure actuelle, on les aide, mais c'est une pression constante.

Alors, il y a des solutions à ça, c'est de réduire cette pression sur le Québec, parce que le Québec reçoit... en 2023, le Québec a reçu 55 % des demandeurs d'asile qui sont venus au Canada. C'est beaucoup. C'est beaucoup pour notre capacité, alors il...

Journaliste : Je vais peut-être préciser ma question, parce que... parce que ce que vous laissez entendre, c'est que l'arrivée massive de migrants qui viennent solliciter des services du gouvernement du Québec, ce que vous laissez entendre, c'est qu'il pourrait y avoir un risque, pour le reste de la population, de ne plus avoir accès à certains services. Comprenez-vous ce que je veux dire? Bien, parce que, là, on a un modèle, là, qui est établi pour une population en général, et ce que vous semblez décrire, et ce que vous semblez dire, c'est que... ne pas accepter d'effacer les acquis de la société québécoise. Ma question, c'est : Est-ce que ça met en péril les services qu'on donne à l'ensemble de la population?

Mme Rouleau : Ça peut nous amener à des difficultés, si cette pression se poursuit, parce qu'à l'heure actuelle, par exemple, en décembre 2023, les demandeurs d'asile, sur le programme d'assistance sociale, qui est l'aide de dernier recours, représentaient 29 % de la population... des bénéficiaires, là, qui sont sur le programme. Alors, c'est... et c'est beaucoup d'argent, c'est 370 millions de dollars. C'est de l'argent, c'est des ressources humaines qui doivent prendre soin de ces personnes. On veut les accueillir, mais la pression est trop importante.

Et c'est le gouvernement fédéral qui ne respecte pas ses responsabilités, c'est le gouvernement fédéral qui doit s'assurer d'une meilleure distribution des demandeurs d'asile à travers le Canada. Les quatre provinces de l'Atlantique ont reçu 380 demandeurs d'asile en tout, on en a reçu 65 000, il y a une proportion qui ne fonctionne pas. Alors, c'est le gouvernement fédéral qui doit prendre ses responsabilités, ça, c'est clair, c'est très clair pour nous.

Et ce n'est pas de refuser, puis on le dit encore, ce n'est pas de refuser d'accueillir des gens qui vivent des difficultés et qui doivent quitter leur pays pour venir ici, puis ça a été compliqué, ça a été difficile, alors on veut les accueillir, mais là la pression est trop importante et c'est inégal. Alors, on veut faire supporter cette pression sur les... nos... sur la population québécoise, et ce n'est pas tolérable.

Journaliste : Comme deuxième question, je veux... C'est un peu connexe, mais M. Legault parle souvent de l'identité québécoise, il faut protéger l'identité québécoise. Est-ce que l'arrivée massive de migrants menace l'identité québécoise?

M. Roberge : Ça pourrait arriver si on accueille plus de personnes qu'on est capables de loger, mais de franciser, puis d'intégrer à la société québécoise. Nous, on veut des histoires de succès, on veut des gens qui viennent faire partie de la grande famille québécoise, qui viennent y contribuer avec leurs différences, avec leurs accents, avec leur culture. Puis l'idée, là, ce n'est pas de devenir multiculturaliste, puis vivre les uns au côté des autres, c'est de vivre les uns avec les autres. On a toujours été une société d'accueil, on veut en demeurer une, mais il y a une capacité d'accueil, il y a une capacité d'intégration à la citoyenneté québécoise.

Donc, oui, il y a des choses qui sont menacées, il y a des choses qui sont menacées, il y a des services qui sont menacés, il y a une manière de vivre qui est menacée lorsque les nombres sont trop grands, il faut le nommer.

Le Modérateur : Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.

Journaliste : Oui. Bonjour à tous. Je vais aller dans le même sens un peu que mon collègue. M. Drainville, j'aimerais vous entendre sur l'impact sur les services en éducation. Vous avez dit, là : Ça se pourrait qu'on ne soit pas capables d'offrir le niveau de service adéquat aux enfants qui sont déjà sur le territoire.

M. Drainville : Qu'on en vienne à un point. Oui.

Journaliste : Qu'on en vienne à ce point-là. J'aimerais que vous décriviez un petit peu, là, la crainte que vous avez.

M. Drainville : On ne veut pas en arriver là, hein, je veux que ce soit bien clair, là, on ne veut pas en arriver là, là, mais si le flux continue au rythme où on l'observe présentement puis si le fédéral ne prend pas ses responsabilités, je veux dire, à un moment donné, on va l'atteindre, le point de rupture, puis on est dangereusement proche de l'atteindre, le point de rupture, là.

Les centres de services scolaires, par exemple, le centre de services scolaire de Montréal, là, qui nous disent : Écoutez, on est étirés au maximum, ça craque aux coutures, puis on fait tout ce qu'on peut pour trouver des locaux, puis pour trouver des enseignants, puis pour trouver du personnel. Là, ils en sont rendus, au centre de services scolaire de Montréal, d'envisager, dans le fond, de déplafonner les ratios dans les classes. Or, vous savez que la composition de la classe, ça a été un des grands enjeux de la dernière négociation. Puis, quand on parlait des élèves à besoins particuliers, on parlait des élèves HDAA, donc qui ont un plan d'intervention, mais on parle également des élèves qui ont un plan de francisation, si on peut dire, ce n'est pas comme ça qu'on l'appelle, mais qui doivent être francisés, qui doivent être accueillis dans des classes d'accueil, des classes de francisation. Alors, quand on parle de composition de la classe, donc, on parle aussi des élèves à franciser.

Là, le nombre d'élèves à franciser ne cesse d'augmenter, et puis ça, c'est... comment dire... c'est conventionné, ça, le nombre d'élèves par classe, il est limité. Puis là, bien, il y a des discussions qui ont été ouvertes entre la direction du centre de services scolaires de Montréal et le syndicat, pour voir : Est-ce que le syndicat accepterait de lever le plafond, le maximum d'élèves qu'on peut accueillir dans une classe? Puis là je ne rentre pas trop dans la technique, là. Il y a deux maximums, là. Il y a un maximum pour la classe, puis il y a un maximum de groupe. Bon, alors, mettons, là, tu as trois classes de 20 élèves. Bon, alors, le maximum, c'est 20. Donc, on va jusqu'au maximum. Mais le maximum du groupe, lui, il est 18. Donc la moyenne des trois ne doit pas dépasser 18. Bon, bien, alors, évidemment, si tu as trois classes de 20, puis ton maximum de groupe est 18, il faut que tu ouvres un quatrième groupe, bon.

Et là ce que veut la direction de la commission scolaire... du centre de services scolaire, dis-je, c'est de hausser les maximums pour pouvoir accueillir plus d'élèves. Alors là, il faudra voir comment la direction du syndicat, de l'alliance, donc, va réagir. Mais là on en est là, là. On en est dans des discussions que je qualifierais, quasiment, de dernier recours, là. Pour que la direction du centre de services scolaire de Montréal en soit rendue là, là, c'est qu'il n'y en a plus, de classes, là, il n'y a plus d'espace, il n'y a plus de locaux, il n'y a plus de profs. Il manque, en fait, déjà d'enseignants, il manque déjà d'enseignants pour les élèves qu'ils doivent inscrire. Alors, le résultat, à très court terme, c'est qu'on est obligés d'étirer dans le temps la période pendant laquelle ils doivent attendre, ces enfants-là, avant d'avoir une place dans la... dans une classe, et plus le nombre va continuer à grossir, plus cette période-là va s'allonger, nécessairement. Et, moi, ce que je crains, c'est qu'à un moment donné on soit... on se regarde, comme société, puis on dise : Bien, on n'est plus capables, on n'est plus capables de les scolariser, parce qu'on n'a juste pas les ressources, puis on n'a juste pas les écoles, on n'a juste pas les classes.

Journaliste : Vu la situation qui est aussi périlleuse, est-ce que vous envisagez de ne pas scolariser les enfants demandeurs d'asile qui arrivent sur le territoire?

M. Drainville : On ne veut pas aller là. Puis on n'est pas là, on n'est pas là.

Journaliste : Mais vous avez l'impression qu'un jour, éventuellement, on pourrait être obligés d'y aller?

M. Drainville : Mais on ne veut pas aller là. On ne veut pas aller là.

Le Modérateur : Alexandre Duval, Radio-Canada.

Journaliste : Avec l'attentisme, comme vous l'avez nommé, Mme Fréchette, du gouvernement fédéral, est-ce qu'il y a une part de vous qui commence à espérer que le prochain gouvernement ne soit pas libéral à Ottawa?

Mme Fréchette : Nous, on travaille avec le gouvernement en place. On tient des rencontres régulières, je vous dirais, à toutes les semaines. De notre côté, du côté de mes collègues, il y a énormément de travail qui se fait, il y a énormément de pression qui est exercée, et on s'attend à ce que le gouvernement libéral fédéral donne suite, et rapidement.

Journaliste : Je comprends, mais votre chef, dans le passé, a déjà appuyé le Parti conservateur lors de l'élection précédente. Pensez-vous que ce genre de pression là pourrait peut-être amener le gouvernement Trudeau à bouger?

Mme Fréchette : Moi, je vais laisser le gouvernement Trudeau évaluer ses options, là, sur le plan stratégique. Nous, on travaille avec le gouvernement en place.

Journaliste : Sur l'accord Québec-Canada, je vous ai déjà posé la question à savoir pourquoi vous ne l'ouvriez pas, puisque vous pouvez, unilatéralement, le demander. Alors, je vous repose la question aujourd'hui : Considérant les constats que vous faites, pourquoi n'ouvrez... ne demandez-vous pas la réouverture de l'accord Québec-Canada? Et est-ce parce que le Québec reçoit déjà beaucoup d'argent en vertu de cet accord?

Mme Fréchette : Bien, nous, d'une part, on demande à ce que cette entente soit respectée. Actuellement, on nous demande de travailler un peu en marge de ce qui est prévu par l'accord. Nous, on demande que l'accord soit respecté et appliqué par le fédéral. Donc, on n'est pas à vouloir réouvrir ou renégocier une nouvelle entente. On dit : On a cette entente, il faut la respecter. Maintenant, les demandeurs d'asile, ça, c'est un cas à part, un cas à part de l'entente. Ce n'est pas quelque chose qui est prévu par l'accord Québec-Ottawa, donc c'est de gré à gré que ça doit être convenu, la mécanique. Celle qui prévalait de 2017 à 2020 était adéquate. Maintenant, c'est comme si le fédéral avait décidé de changer d'approche, de changer de philosophie, pour on ne sait trop quelle raison, et ça survient à un moment où le problème devient crucial, parce que beaucoup plus important d'année en année. Alors, ce n'est pas le temps de changer d'approche puis de dire : Bien, finalement, ça va être au Québec à assumer la presque totalité des frais, là. Il n'y a pas de logique à cette approche-là, d'autant que c'est le fédéral qui est responsable de l'admission des demandeurs d'asile au Canada. C'est sa responsabilité. C'est à lui de prendre ses responsabilités de manière urgente.

Le Modérateur : Hugo Pilon-Larose, La Presse.

Journaliste : Oui, bonjour. M. Roberge, ma première question est pour vous : Si le gouvernement fédéral, malgré vos nombreuses interventions, ne bouge pas, que les frontières, dites-vous, deviennent des passoires, qu'on atteint un point de rupture dans les services publics et que ça menace maintenant l'identité québécoise, votre point de presse ce matin est-il un argument massue pour les indépendantistes, les souverainistes au Québec, pour dire qu'à quelque part c'est le pays réel du Québec qui en souffre puis il faut sortir de la fédération?

M. Roberge : Écoutez, ce n'est pas ça… pas ça, l'objet du jour. On a une situation réelle aujourd'hui, d'accord, il y a des systèmes qui peinent à répondre à la demande, il y a des enfants dans les classes, il y a des enseignants qu'on essaie de recruter. Donc, dans le réel aujourd'hui, cette semaine, la semaine prochaine, le mois suivant, là, on a besoin que le gouvernement fédéral prenne ses responsabilités. C'est ça qu'on veut faire. Tous les Québécois devraient faire front commun pour ça. Tous les Québécois élus ici, à l'Assemblée nationale, tous les Québécois aussi élus au Parlement d'Ottawa devraient faire entendre la voix du Québec, devraient faire entendre la voix de la raison.

Moi, j'ai confiance que ça va fonctionner. On a eu des exemples par le passé, où on s'est fait entendre. Des fois, ça prend deux, trois coups pour se faire entendre. Michel Rivard disait : «Les idées dans la tête, c'est comme les clous, pour être sûr qu'elles pénètrent, ça prend quelques coups.» Alors, voici un coup de plus sur le clou aujourd'hui.

Journaliste : ...

M. Roberge : Je ne l'ai pas chanté.

Journaliste : Mais le Québec dispose de combien de temps avant que les nombreux coups que vous donnez portent fruit? Parce que vous prédisez un point de rupture. Alors, dans combien de jours, de semaines, est-ce qu'on va l'atteindre?

M. Roberge : Bien, l'idée, c'est de ne pas l'atteindre.

Journaliste : Oui, mais là, aujourd'hui, là, vous prédisez la météo, là, vous dites que, dans le futur, il y a des gros nuages, là, puis il va y avoir un orage, c'est le point de rupture. O.K. Mais la tempête arrive quand?

M. Roberge : Écoutez, ce n'est pas moi qui dirige tous les réseaux, mais ce qu'on dit, c'est que c'est imminent et qu'on doit s'arrêter avant.

Journaliste : …l'Ontario? Parce que je regarde un peu vos graphiques, là, on voit que le Québec et l'Ontario partagent l'immense, l'écrasante majorité des demandeurs d'asile au pays. Est-ce que ce serait le temps, là, d'inviter l'Ontario à venir sur l'estrade avec vous?

M. Roberge : On a des discussions avec nos collègues des autres États fédérés de la confédération. Je peux vous confirmer que nous avons des discussions avec les autres.

Journaliste : Oui, mais, d'accord, moi, j'ai des discussions avec mes collègues, là, mais où est l'Ontario?

M. Roberge : Bien, juste l'autre bord de la rivière des Outaouais. Mais, plus sérieusement, je ne peux pas vous dire le moment où on fera exactement... ou s'il y aura une annonce, mais je peux vous dire que, dans le dans le reste du Canada aussi, il y a une prise de conscience. Si on recule il y a un an, là, il n'y avait qu'au Québec qu'on parlait de ce qui se passait en immigration, du fait qu'on a continué de jouer notre rôle, là, c'est important de le mentionner, là, on veut continuer d'être une terre d'accueil, mais qu'il y avait des enjeux avec le nombre et avec les coûts. Puis, dans la dernière année, vous avez vu, si vous regardez, là, ce qui se passe dans le Canada anglais, beaucoup, beaucoup de prise de conscience, de lettres ouvertes, d'éditoriaux, un changement d'approche, un changement de ton. Et je pense que, bientôt, nous ne serons pas seuls à faire de telles prises de parole, Ontario, autres provinces.

M. Drainville : ...

M. Roberge : Merci, Bernard. Tout à fait. L'opinion publique canadienne a complètement changé. Ça se voit dans le ton des éditoriaux, des chroniques, dans les sondages. Donc, Ottawa ne peut pas être insensible à ce que disent l'ensemble des Canadiens.

Le Modérateur : Thomas Laberge, LaPresse canadienne.

Journaliste : Oui. Bien, c'est drôle, M. Roberge, parce qu'on a parlé de changement de gouvernement, votre collègue a dit : On travaille avec le gouvernement en place, mais là vous venez de mentionner les sondages. Donc, j'ai un peu de misère à ne pas vous reposer la question : Donc, vous espérez que les sondages fassent pression sur le gouvernement fédéral? Est-ce que c'est ce que vous dites?

M. Roberge : Je vous ai parlé... Je ne vous ai pas parlé des sondages par rapport...

Journaliste : Oui, vous venez de parler de...

M. Roberge : Oui, laissez-moi une seconde. Je n'ai pas parlé de sondage par rapport à des intentions de vote théoriques pour des élections. Je vous ai parlé des sondages où, quand on sonde les Canadiens puis on leur demande s'ils pensent que ça va bien, les politiques migratoires, s'ils pensent que ça va bien… que le nombre d'immigrants, par exemple, pour les demandeurs d'asile, est suffisant, insuffisant ou trop élevé, beaucoup de Canadiens considèrent qu'il y a un impact avec les mauvaises politiques migratoires, notamment pour le logement. C'est de ça dont je vous parle.

Journaliste : O.K., bien, je vais poser la question plus directement. Vous dites : On ne veut pas devenir multiculturalistes. Donc, vous visez le gouvernement Trudeau. Est-ce que Pierre Poilievre est moins multiculturaliste que Justin Trudeau?

M. Roberge : Ah! Je n'embarquerai pas… je n'embarquerai pas là-dedans. Ce que je dis, c'est que tous les élus à Ottawa doivent prendre connaissance de l'état de situation actuel.

Journaliste : Mme Fréchette, on vous a posé des questions récemment un peu sur les discussions que vous aviez avec vos homologues. Vous ne sembliez pas être tout à fait sur la même longueur d'onde que le premier ministre. Ça va comment, vous, vos discussions avec vos homologues? Est-ce que c'est comme M. Roberge, il y a de l'ouverture, mais il n'y a pas de geste? C'est...

Mme Fréchette : Bien, j'ai dit tout à l'heure qu'on ne sentait pas l'urgence, et c'est encore ce qui apparaît problématique. Parce que la situation qu'on vous décrit... Puis, comme je vous disais, ça, c'est une partie de la réalité. Parce qu'il y a d'autres collègues aussi qui sont à offrir des services dans un contexte très pressurisé. Donc, le type de service qui est rendu crée une trop grande pression. Et on demande au fédéral d'agir de manière urgente, et, cette urgence-là, on ne la sent pas encore du côté fédéral. Donc, on espère que c'est pour très, très bientôt, parce que c'est dans l'urgence qu'elles vont être prises, les actions, et c'est ce qu'on attend du fédéral.

Le Modérateur : Antoine Robitaille, Le Journal de Québec.

Journaliste : Je vous écoute, puis il me semble que je vous ai déjà entendu tenir tous ces discours-là. Il me semble qu'une personne... un personnage politique qui ne fait que réclamer, formuler des jérémiades, des lamentations, à un moment donné, n'est pas pris au sérieux. Avez-vous... Sur quoi ça peut déboucher, là? La... Ce que vous nous décrivez, c'est grave, là, une... une passivité, vous n'êtes pas pris au sérieux, une crise majeure. Alors, la suite, est-ce que ce n'est pas... bon, je veux dire, poursuite judiciaire, référendum? Je veux dire, il y a plein de façons, là. Il me semble, ça ne débouche sur rien, là. Vous avez souvent dit ces choses-là. Vous mettez les chiffres à jour, puis M. Roberge nous dit : Un jour, on va l'avoir. Je m'excuse, il y a bien des demandes que vous avez multipliées au fédéral et qui sont soldées par un refus total, pensons... mettons juste le... le rapport d'impôt unique. Alors, avez-vous quelque chose, là, après, là, que vous ayez formulé vos lamentations?

Mme Fréchette : Mais là vous laissez entendre qu'on n'a pas eu de réponse adéquate à certaines de nos demandes. Or, j'aimerais ça rappeler qu'on a fait fermer le chemin Roxham, des pressions ont été exercées, il y a eu signature de cette entente avec les États-Unis, qui a donc mis fin au chemin Roxham. Ensuite, l'année passée, à pareille date, on demandait à ce que les demandeurs d'asile qui arrivaient via Roxham soient répartis dans un ensemble d'États fédérés, et c'est ce qui a été fait. Et on demande de réactiver cette mécanique-là, parce que, l'année passée, ça a donné beaucoup d'oxygène au Québec. Donc, ça, c'était une de nos demandes, et elle a été entendue, et le fédéral a donné suite. Et, par ailleurs, des années… de 2017 à 2020, on a réclamé aussi un remboursement au fédéral et le fédéral était au rendez-vous.

Journaliste : Donc, il n'y a pas de passivité du fédéral.

Mme Fréchette : Bien ça, ça date d'il y a un an.

Journaliste : Alors, il répond à vos demandes.

Mme Fréchette : Ça date d'il y a un an ou plus. Mais, au cours de la dernière année, effectivement, là, c'est une passivité qui est... en fait, la... une passivité qui caractérise le fédéral.

Journaliste : Mais la voie judiciaire, par exemple, est-ce que c'est exclu?

Mme Fréchette : On n'en est pas là. Pour le moment, on pense que nos rencontres, nos discussions régulières, répétées... Les chiffres qu'on vous dévoile ce matin, parce que c'est des calculs notamment sur ce que ça a coûté en 2023, c'est tout récent, là, c'est il y a quelques jours, qu'on a eu l'évaluation exacte. Donc, on transmet ça au fédéral comme information en leur disant : Bien, voilà, voilà la réalité. Je pense que Bernard nous a bien démontré que la pression est excessive, démesurée sur le système d'éducation, Chantal a fait la même chose. Donc, c'est à force, comme ça, de transmettre les informations qu'on s'attend à ce qu'il y ait une action qui soit prise.

Journaliste : M. Drainville, une dernière question. Dans le monde... dans le domaine de la santé, quand on ne peut pas opérer le monde au public, on va au privé. Est-ce qu'on ne pourrait pas mettre à contribution les écoles privées à qui... qui sont largement subventionnées au Québec?

M. Drainville : Pour faire de la francisation? C'est votre question?

Journaliste : Bien, vous dites qu'on est obligés d'ouvrir 1 400 classes de plus, là, puis qu'on approche le point de rupture. Pour éviter le point de rupture, est-ce qu'on ne pourrait pas mettre à contribution le réseau privé?

M. Drainville : Honnêtement, ça n'a pas fait partie des discussions jusqu'à maintenant. La loi nous oblige à scolariser les élèves. C'est le réseau public, donc, qui est le premier concerné. Moi, je ne peux pas m'imaginer qu'à Ottawa ils ne vont pas à un moment donné réagir, là, Antoine. Je ne peux pas m'imaginer qu'ils ne vont pas allumer, là. C'est comme si ce monde-là vivait sur une autre planète, là présentement, là. Je veux dire, ils ne peuvent pas rester insensibles à la situation que l'on vit, qui est de plus en plus urgente et qui s'approche d'un point... qui s'approche d'un point de rupture. Puis on ne veut pas se rendre là, on ne veut pas... on ne veut pas le frapper, le mur. Alors là, à un moment donné, il faut que M. Trudeau et son gouvernement prennent leurs responsabilités. Il faut qu'ils agissent. Alors, moi, je garde espoir qu'ils vont finir par agir.

Journaliste : Je vais me permettre quelques questions. François Carabin, du Devoir. On a quelques questions encore en français, après ça, mais je vais vous demander d'aller plus rapidement, là, parce qu'on aimerait ça que nos collègues anglophones puissent s'exprimer.

M. Drainville : Vous trouvez que nos réponses sont trop longues?

Journaliste : Bien, vous pouvez le prendre comme vous... comme vous voulez. Mme Fréchette, ça va faire un an, ce printemps, que le chemin Roxham est fermé. Il y a des coûts qui ont doublé essentiellement, là, dans la dernière année, avec 577 millions de dollars en plus en services dispensés à des demandeurs d'asile. Est-ce que c'est un aveu d'échec sur la fermeture du chemin Roxham?

Mme Fréchette : Non, absolument pas. Moi, je dis : Par chance que le chemin Roxham est fermé, parce que, sinon, il continuerait à en arriver par dizaines de milliers via le chemin Roxham, parce qu'il faut voir que les cinq principaux pays de provenance, lorsque les gens arrivaient via le chemin Roxham, sont différents, mis à part un seul pays, des cinq pays principaux de provenance de ceux qui arrivent à l'aéroport de manière régulière. Donc, c'est deux... c'est deux filons différents, deux manières d'arriver au Québec ou au Canada à titre de demandeur d'asile. Mais, par chance, par chance, je ne veux pas voir... je ne veux pas imaginer ce que ce serait si on avait continué d'avoir 60 000, 50000 personnes qui arrivaient via le chemin Roxham, en plus de ceux qui se présentent à l'aéroport. Donc, voilà, je vais essayer d'être brève.

Journaliste : Des sommes dépensées pour les demandeurs d'asile qui s'élèvent maintenant à plus de 1 milliard de dollars dans les trois dernières années. J'aimerais juste comprendre, est-ce qu'il y a de ces sommes-là qui ont déjà été remboursées? Et, c'est ça, combien d'argent vous attendez encore, en réalité, là?

Mme Fréchette : Oui. Alors, il y a effectivement des sommes qui ont été remboursées pour l'hébergement temporaire. Donc, ça équivaut à presque 15 % des demandes. Alors, c'est très, très insuffisant. C'est très, très loin de l'objectif. Et donc c'est au-delà de l'hébergement temporaire qu'on attend des remboursements du fédéral.

Le Modérateur : Merci. Olivier Bossé, Le Soleil.

Journaliste : Bonjour. Vous demandez au Canada de répartir les immigrants, qu'ils aillent au Manitoba, à l'Île-du-Prince-Édouard ou en Nouvelle-Écosse. Si on comprend bien, le point de rupture est sur le point de se produire, spécifiquement à Montréal. Pourquoi le gouvernement du Québec ne fait pas ce qu'il demande, et donc forcer les demandeurs d'asile, à les envoyer à Rivière-du-Loup, à Rouyn ou à Sherbrooke?

Mme Fréchette : Bon, bien, j'aimerais... j'aimerais rappeler que c'est sur une base volontaire que les déplacements, d'une part, ont été faits l'année passée, alors que les gens arrivaient via le chemin Roxham, essentiellement. Et nous, comme gouvernement, on a développé un projet au cours des derniers mois pour répartir les demandeurs d'asile en dehors du Grand Montréal. Donc, il y a un projet d'accueil des demandeurs d'asile qui a été initié avec la ville de Québec et qui prend place depuis novembre dernier. Et c'est une formule que l'on teste à l'heure actuelle. Les résultats sont très intéressants jusqu'à maintenant. Et, au terme de la première année d'opérationnalisation de ce programme pilote, on verra s'il y a lieu de le maintenir dans le temps puis de l'implanter ailleurs que dans la capitale nationale.

M. Drainville : Mais si je peux... si je peux enchaîner, vous avez raison de dire que les centres de services scolaires où on compte le plus grand nombre de nouvelles classes ouvertes sont bel et bien dans la région de Montréal, mais ça touche également des centres de services scolaires qui sont à l'extérieur de la région de Montréal. Ça touche... J'ai les chiffres ici, là, dans le... on va dire, dans le top 10, là, des centres de services scolaires qui sont les plus affectés, vous avez un centre de services scolaire en Outaouais, vous en avez un à Sherbrooke, vous en avez un à Trois-Rivières. Vous en avez un à Québec, le Centre de services scolaire de la Capitale est aussi un centre de services qui a ouvert plusieurs classes de francisation. D'ailleurs, c'est un centre de services scolaire qui nous a signalé qu'il était sous forte pression. Et j'ajoute aussi... Ça, c'est le 11ᵉ, je vais dire, là. Donc, je ne suis plus dans le top 10, là, je suis plus dans le top 15, là. Mais le Centre de services scolaire des... des... voyez-vous, des Appalaches — je le cherche, je le cherche, je le cherche — c'est un centre de services scolaire qui a effectivement ouvert aussi un certain nombre de classes de francisation. Tout ça pour dire que la francisation, ce n'est plus seulement qu'un enjeu montréalais. C'est un enjeu qui, je dirais, touche plusieurs régions du Québec.

Journaliste : ...Roberge, vous avez parlé de crise humanitaire. Pouvez-vous développer à quoi vous pensez?

M. Roberge : Bien, quand on a de la difficulté à loger des gens. On a vu, là, dernièrement que l'itinérance a augmenté à Montréal, mais dans plusieurs autres grandes villes partout... Moi, j'habite sur la Rive-Sud de Montréal. Mon comté, c'est Chambly. Il y a de l'itinérance à Chambly. Il y a de l'itinérance à Saint-Jean. Je ne dis pas que ce sont que des demandeurs d'asile, mais on a un problème important de logement. On a un problème important de scolarisation. Donc, je pense que c'est de ça dont on parle, notamment.

Le Modérateur : On va passer en anglais. Phil Authier, The Gazette.

Journaliste : You've stated these requests before, and I was interested to hear you… your comment Mme Fréchette, that you find Ottawa's attitude passive, very passive. What is it going to take to wake them up to the urgency of the situation? You are now asking for a billion dollars in expenses. What will it take to sort of get their attention, shall we say? They're… Ottawa is embroiled in other issues these days, as you know. So, what will it take?

Mme Fréchette : Well, I think that the current press conference is part of our strategy to inform the federal Government of the situation here. I think he needs information, clear information, and we have many of these informations to reveal this morning and… to the federal Government. And I'm confident that with that information, the federal Government will end up taking action assuming its responsibility, because it's the federal Government that has the complete responsibility for the flow of asylum seekers in Canada.

Journaliste : Why wouldn't you be asking for a meeting of the Premiers of all the provinces to… If the crisis is as big as it is, why wouldn't you ask for that, so that the main… the top players are at the table?

Mme Fréchette : In fact, last year when we were at the summit of the crisis with Roxham Road, the federal Government implemented a mechanism to make sure that asylum seekers would go elsewhere than Québec. We simply ask the federal Government to reactivate that mechanism. We don't need a big forum with all the… the federal Government and provinces in Canada to discuss that issue. We know that the mechanism, to make sure that people are going in all the federated states in Canada, is part of the solution and we don't need that kind of forum in the short term to take action.

Le Modérateur : Cathy Senay, CBC.

Journaliste : Mr. Roberge, you mentioned… you shared your fear of… for Québec's identity with this increased number of asylum seekers. Can you describe what your fear is about? What do you see?

M. Roberge : Well, it's important to be able to accommodate everyone coming here in Québec. It's important to have everything we should have to help them. They have to… they have a roof over their head, classes, education services, social services. We are generous and we want to continue being generous, but, if the numbers are too high, all this social contract is at risk.

Journaliste : What Québec's identity precisely? Can you clarify your point of view?

M. Roberge : Well, Québec's identity…

Journaliste : Not just talking about public services but Québec's identity.

M. Roberge : Québec's identity is a part of our model having social services, our way of life, be open minded, be accommodate, be happy to bring new people here, and listen to their stories, and knowing them, and learn from them, and then, they have to learn from us, but, if we… if the numbers are too high, this is not possible. We want to live together.

Journaliste : And Mr. Drainville, you share your despair of not providing education services for those children of asylum seekers. But is… How can we make sure that your message is understood by Marc Miller, who lives in Montréal, who is a Member of Parliament in Montréal, and was the Immigration Minister? How do you explain that he doesn't get the message?

M. Drainville : Well, one would hope that a minister from Montréal, living in Montréal, elected by Montrealers, would be very sensitive to this situation and would act upon it. And this is what we're asking him to do. We're asking Mr. Miller and the Government that he belongs to to act. So, hopefully, common sense and a certain wisdom will prevail.

Journaliste : Juste pour préciser, en français, est-qu'il est déconnecté, le ministre Miller?

M. Drainville : Moi, ce que j'ai dit, en français, c'est qu'il a été élu par des Montréalais dans un... dans une circonscription montréalaise, ça lui donne une position très avantageuse pour être très sensible aux arguments que nous soutenons ce matin. Et donc, on espère qu'il va agir, lui et le gouvernement auquel il appartient.

Le Modérateur : Franca Mignacca, Global.

Journaliste : Just to follow up, Mr. Drainville. You said that this was an issue of more than just money. What exactly is the risk to… on the education system right now with the influx of asylum seekers?

M. Drainville : Well, the risk is that, at some point, if it keeps adding up, if the number of children that we need to bring into our school system keeps on increasing at the current level, at the current pace, the risk is that we will no longer be able to offer them the educational services that they are entitled to. And we are not there yet, but we are getting too close for comfort, so, we're hoping that something will be done to bring down the level. And we're… you know, we're calling upon the federal Government to take its responsibilities and act before we get to this crisis point, to this point of rupture, I'm not sure we can say that in English, but this breaking point.

Journaliste : Breaking point.

M. Drainville : That's right.

Journaliste : And Minister Fréchette, you mentioned, you know, there are more and more people coming through the airports. Do you feel it was a mistake to close Roxham Road?

Mme Fréchette : Excuse me, if I... if I feel?

Journaliste : Yes. With more and more asylum seekers coming through the airports, was it a mistake to close Roxham Road? Do you think it actually made a difference?

Mme Fréchette : Of course… of course not. It was the thing to do. And hopefully it was done, because otherwise, we would have thousands and thousands of asylum seekers coming through Roxham Road as well as coming through the airport, Montréal Airport. And so, fortunately, it was closed. And, as I said in French, the five main countries' asylum seekers coming through Roxham Road are different than the five most important countries from where people in the airoport are coming from, except for one country. So, we are talking about different people, and so, it is… it was important to close Roxham Road. And, since then, we can see that the number of asylum seekers going to Ontario has increased a lot, because when it was through Roxham Road, they would all come to Québec… almost, 99%.

Journaliste : Can I just get…

Journaliste :

Journaliste : Sorry, just one more. I see Mme Rouleau is here. I'm not sure if you want to take this question, or Minister Roberge. But what exactly are the consequences we're seeing on… services for newcomers coming to the province, what are the consequences we're seeing.

Mme Rouleau : Well, it's a big pressure on our services, on our human resources, governmental resources but also the community organisations that welcome the asylum seekers. It's a lot, a lot, a lot of people coming. The raise of the asylum seekers is too important to support. And we want to welcome them, but the pressure is too high.

Le Modérateur : Une petite dernière question, pour conclure l'heure, d'Antoine Robitaille.

Journaliste : Le Commissaire à la langue française, il dit qu'une répartition linguistique des demandeurs d'asile, ça faciliterait... ce serait une pierre deux coups... faciliterait l'intégration des demandeurs d'asile, contribuerait à améliorer la situation du français, même ça réduirait les coûts de l'intégration. Pourquoi vous écartez complètement cette proposition-là du commissaire?

M. Roberge : Bien, c'est intéressant. C'est intéressant. On n'a pas le pouvoir de faire ça en ce moment, la répartition doit se faire par le gouvernement fédéral. C'est sûr que supposons qu'il y a 5 000... Parce qu'on va continuer d'en recevoir des demandeurs d'asile, hein, on n'est pas des gens qui sommes fermés à toute personne qui demande l'asile. Mais supposons qu'il arrive 10 000 demandeurs d'asile, qu'on doit en conserver 5 000 sur le territoire québécois, s'il y en a 5 000 qui parlent français, 5 000 qui ne parlent pas français, ce serait intéressant que le gouvernement fédéral arrange ses flûtes pour que les 5 000 restent au Québec, c'est sûr que ce serait plus facile pour eux puis ça faciliterait l'intégration à la société québécoise. Puis ça, ça fait partie des choses qui seraient beaucoup plus intéressantes, beaucoup plus facilitatrices, mais ce n'est pas la solution actuelle vu le volume de demandeurs d'asile, mais ça fait partie des choses qui seraient intéressantes.

Journaliste : ...

M. Roberge : Bien oui.

Journaliste : Parce qu'il n'y a sûrement pas une seule solution...

M. Roberge : Il y a plusieurs solutions.

Journaliste : ...

M. Drainville : Je dirais qu'on est sur le point d'atteindre le point de rupture. Et, à Montréal, on est encore plus proches de l'atteindre.

Le Modérateur : Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.

(Fin à 11 h 05)