(Huit heures une minute)
M. Cliche-Rivard : Bonjour,
tout le monde. Le premier ministre rappelle souvent que le Québec fait face à
des pressions accrues, notamment en matière d'aide sociale, en raison du nombre
de la hausse... en fait, en raison de la hausse du nombre de demandeurs d'asile
au Québec. Le premier ministre aime souligner que la situation est devenue
intenable, et sa ministre, elle, elle parle d'un point de bascule.
Par contre, le Québec a des leviers réels
qu'il pourrait utiliser, mais la ministre et la CAQ ne font rien. En effet, il
y a de multiples reportages qui ont confirmé des délais excessifs pour l'émission
de permis de travail pour les demandeurs d'asile. On parle de six, sept, huit, 10,
11 mois. Vous l'avez vu, là, ça fait quelque temps qu'on parle de ça. Puis
pendant ce temps là, les gens sont contraints... parce qu'ils n'ont pas le
choix, parce qu'ils ne peuvent pas travailler, ils sont contraints de faire des
demandes d'aide sociale. Puis ça, ça coûte cher à l'État. Mais ce n'est pas
parce que ces gens-là veulent faire une demande d'aide sociale, c'est parce qu'ils
n'ont pas le choix en attendant le permis de travail du fédéral.
Alors, moi, ce que je propose aujourd'hui,
c'est : pourquoi que le Québec n'émettrait pas des autorisations rapides
de travail en attente du permis de travail? Pourquoi le Québec, qui est
pleinement compétent en matière de droit du travail, ne pourrait pas autoriser
puis décider qui peut travailler, puis quand, puis comment sur son territoire,
au lieu de devoir demander l'aide sociale? Finalement, là, si le Québec est
capable d'émettre des chèques d'aide sociale, Québec est capable de décider qui
va pouvoir travailler sur son territoire.
Ça fait des mois qu'on en parle. Moi, je
fais une proposition concrète aujourd'hui et je serais bien surpris de voir le
gouvernement fédéral nous dire qu'on ne peut pas faire ça alors qu'ils ne sont
pas à même de nous rembourser les frais d'accueil. Je serais absolument
abasourdi de voir le fédéral nous dire qu'on ne peut pas émettre des
autorisations de travail alors que le Québec est pleinement compétent pour le
faire.
Alors, moi, je lance un défi à la CAQ
aujourd'hui. La CAQ se dit nationaliste, la CAQ se dit qu'elle veut rapatrier
des pouvoirs au fédéral, qu'elle veut travailler dans ce sens, bien là, il y a
une proposition concrète, une proposition claire : qu'elle émette
directement des autorisations de travail pour les demandeurs d'asile. Le permis
arrivera, il va être émis, mais pendant ce temps là, on perd six, sept, huit
mois de gens qui veulent contribuer, qui peuvent contribuer. On l'a vu pendant
la COVID-19 dans les préposés aux bénéficiaires, ces gens-là veulent. J'ai
travaillé avec eux, là, ces gens-là, la première chose qu'ils veulent, c'est
leur permis de travail pour pouvoir contribuer à la société d'accueil. Permettons-leur
de le faire le plus vite possible.
M. Zanetti : Moi, je vais
vous parler de la réforme de la carte électorale ce matin. Je trouve inacceptable
que la Gaspésie perde une autre circonscription. Ils en ont perdu une en 2011,
et là, avec le projet de réforme actuel, ils en perdraient une autre. C'est
complètement inacceptable. On n'a pas à perdre des circonscriptions au Québec,
on n'a pas à perdre la représentation politique. Le nombre de circonscriptions
puis le nombre de députés à l'Assemblée nationale est plafonné, depuis 1989, à
125. Et là, ça nous met dans une situation où on coupe pour rééquilibrer les
différentes circonscriptions, mais on n'a pas à faire ça.
Moi, ce que je propose aujourd'hui au
ministre Roberge, parce qu'il dit qu'il faudrait faire une loi pour ça, puis
j'invite les partis d'opposition à appuyer cette idée-là, c'est d'arrêter de se
déchirer sur le partage des circonscriptions, arrêter de déchirer notre chemise
sur le fait qu'on va en perdre et puis d'augmenter le nombre de députés à
l'Assemblée nationale à 129. En plus, les rénovations qui sont en cours ou qui
vont être bientôt commencées, au salon bleu, et qui vont être terminées avant
la prochaine législature vont permettre l'établissement de 129 députés.
Alors, moi, je dis : Arrêtons de nous
déchirer, arrêtons de faire perdre de la représentation politique en région, au
Québec, en particulier en Gaspésie, puis à Montréal aussi, et augmentons le
nombre. Depuis 1989, là... En 1989, on était 7 millions au Québec.
Là, on est 9 millions, 2 millions de personnes de plus. Ça mérite
d'avoir plus de représentation.
Journaliste : M. Cliche-Rivard,
sur votre proposition, il y a des juristes qui sont d'avis que le Québec n'a
pas la capacité juridique de faire ce que vous proposez. Qu'est-ce que vous
répondez à ça? Parce que ça revient à autoriser une personne à rester en sol
canadien, ce qui est de compétence fédérale, non?
M. Cliche-Rivard : Non, je
vais juste être clair, là, on ne parle pas d'émettre un permis de travail, ça,
c'est le fédéral qui va le faire, ni un visa de travail, ça, c'est le fédéral
qui va le faire. En attendant le permis, 99,9 % des demandeurs d'asile
vont recevoir leur permis de travail, là, ils sont ici, puis c'est des délais
administratifs. Moi, ce que je dis, c'est : Émettons-leur tout de suite
l'autorisation de travail. Mais ce n'est pas le Québec qui va se mettre à
émettre des visas, ce n'est pas le Québec qui va se mettre à faire venir du
monde en avion avec des visas du Québec, ce n'est pas de ça dont je vous parle
aujourd'hui, là. Moi, je vous parle des gens qui sont ici. Quand ils font leur
demande d'aide sociale, qu'ils reçoivent en même temps une lettre du ministère
du Travail ou du ministère de l'Immigration qu'ils vont pouvoir fournir aux
employeurs en disant : Cette personne-là est légalement sur le territoire
du Québec, cette personne-là est habilitée à travailler au Québec.
Bien sûr qu'en ce moment, on ne s'est pas
donné ce pouvoir-là. Ce que les experts constatent, c'est le statu quo, c'est
ce qu'il y a en ce moment. Moi, je pense que le statu quo, le premier ministre
l'a dit, ne peut pas tenir. Il faut qu'on soit novateurs, il faut qu'on trouve
des solutions. La dernière fois que j'ai regardé la Loi sur les normes du
travail, loi québécoise, le Code des professions, la loi québécoise, c'est le
Québec qui régit et qui décide en matière du droit du travail sur le sol
québécois. Pourquoi Québec ne pourrait pas décider qu'un demandeur d'asile peut
travailler?
Journaliste : Il n'y a pas de
précédent. Je veux dire...
M. Cliche-Rivard : Bien non,
c'est une proposition novatrice. Je le soumets. Il n'y a rien dans l'Accord Canada-Québec
qui dit que le Québec ne peut pas le faire. Il n'y a aucune loi fédérale qui, à
ma connaissance, dise qu'on ne peut pas le faire. Maintenant, moi, je mets la
CAQ au défi de le faire. Et, si le gouvernement fédéral n'est pas content, ça
me surprendrait, là, de les voir, demain matin, commencer à attaquer le Québec
parce qu'ils autorisent des travailleurs, parce qu'ils autorisent des
demandeurs d'asile à travailler. Vraiment? Vous pensez que le gouvernement
fédéral qui refuse de nous payer et de nous rembourser les 470 millions va
se lever demain matin en disant : Tut, tut, tut! Québec, vous ne pouvez pas
faire ça, alors qu'ils ne sont pas capables d'émettre des permis dans un temps
réaliste et raisonnable? Ça me surprendrait bien gros.
Journaliste : Est-ce que ce
serait impossible d'en arriver à une entente avec le fédéral pour qu'eux
émettent des permis temporaires?
M. Cliche-Rivard : C'est
mon... Je le souhaiterais. Ça fait combien de temps qu'on parle de ça? Ça fait
combien de temps qu'on parle des délais excessifs d'émission, de refus
injustifiés, de permis qui se perdent dans la poste? Je veux dire, ces gens-là,
là, ils subissent au jour le jour l'attente d'aller ouvrir le colis ou la poste
pour voir si le permis est dedans. Ça fait des mois qu'on en parle. S'il y a
une entente puis si c'est réglé, on n'en serait pas là aujourd'hui, là. Le fait
est qu'il y a des problèmes avec l'émission de permis du fédéral. Vous
connaissez les ratés d'IRCC, Immigration Canada, ce n'est pas moi qui va vous
apprendre ça.
Maintenant, tous ces gens-là ont une
demande à l'aide sociale, puis reçoivent le chèque d'arrivée, puis reçoivent
les prestations. On a des contacts directs avec eux. Moi, ce que je soumets,
c'est qu'on leur donne une lettre, en plus, qui dit : Bien, voilà, vous
avez l'autorisation de travailler. Le permis va arriver, là, quatre, cinq, six
mois plus tard, la situation va être absolument suivie par la suite. Mais, en
attendant, là, c'est des centaines, voire des milliers de travailleurs qu'on
pourrait avoir directement dans l'économie du Québec, surtout dans les services
essentiels. On a parlé des préposés aux bénéficiaires, là, pendant la COVID, je
reviens avec ça, mais c'est assez important. Combien d'entre elles pourraient
venir donner un coup de main dans nos réseaux publics? Plutôt que d'être un
fardeau, puis c'est ce que M. Legault dit à tous les jours, là, ils
pourraient contribuer le plus rapidement possible.
Journaliste : Parlant des
choses qui datent de Mathusalem, là, vous avez vu l'histoire du père de
Berthierville hier, là, l'intimidation dans les écoles. Vous vous positionnez
comment là-dessus? Vous, vous avez été un ancien enseignant. Comment vous vous
positionnez là-dessus, là, un père qui va agir pour que... parce que l'école ne
fait rien, pour que cesse l'intimidation auprès de son fils? Les réseaux
sociaux aussi ont une grosse part de responsabilité là-dedans. Qu'est-ce qu'on
doit faire comme société pour limiter ça?
M. Zanetti : Bien, je pense que
c'est le symptôme d'un échec collectif, mais d'un échec aussi du ministre de
l'Éducation à mettre les choses en place pour diminuer ces phénomènes-là.
Évidemment que la solution, ça ne peut pas être, après ça : chaque parent
va s'en charger. Ça, évidemment que ça va mener à des dérives. Mais je pense
que le ministre de l'Éducation, quand il voit ça, là, il doit se dire :
O.K., je n'en ai pas fait assez, je dois aller plus loin. Et puis il ne faut
pas que ce genre de situation là se reproduise, parce que ça va être pire, ça
va être pire.
Journaliste : Est-ce que vous
comprenez le désespoir du père quand on parle de cette situation-là?
M. Zanetti : Bien, c'est sûr
qu'on comprend l'impuissance des parents, tu sais, dont les enfants sont
victimes de ça. C'est clair. C'est clair qu'on comprend ça. Et ça, ça doit nous
amener non pas à dire : Bien là, chacun va essayer d'aller régler ça par
soi-même individuellement, mais il faut que le ministre mette des choses en
place pour que ça n'arrive plus.
Journaliste : M. Zanetti,
vous qui étiez une tête d'affiche d'Option nationale, vous avez réagi comment
ce matin en lisant que Denis Coderre était en mission contre la menace
séparatiste? Est-ce qu'il va lancer aujourd'hui un mouvement qui
s'appelle : «Non merci!»?
M. Zanetti : O.K. Aïe, c'est
nouveau, ça, «Non merci!». Ce n'est pas le slogan de 1980, 1995? En tout cas,
j'étais jeune, là. 1980, je n'étais pas là. 1995, j'étais jeune. Bien, c'est au
moins un sujet sur lequel il s'entend avec le chef intérimaire du Parti
libéral, Marc Tanguay. Ça fait que, coudon, ils vont bien s'entendre, c'est
bien. Je pense qu'on est dans une démocratie, on doit faire valoir les idées.
Habituellement, quand on fait un grand débat de société sur l'indépendance,
c'est les appuis au oui qui augmentent. C'est ce qu'on a vu en 1995 quand il a
passé, en quelques, mois d'à peu près 40 à peu près 50. Donc... Puis c'est pour
ça que nous autres, Québec solidaire, bien, on n'a pas attendu, on n'attend pas
non plus la prochaine campagne référendaire. On a parti la semaine passée une
campagne pour convaincre les non convaincus de l'indépendance d'adhérer au
projet, particulièrement les jeunes. Puis moi, je suis très fier de ça, puis,
oui.
Journaliste : Donc, vous
pensez que l'entrée en scène de Denis Coderre, de cette façon-là, risque de
faire bouger l'aiguille vers un plus grand appui pour l'indépendance?
M. Zanetti : Je le souhaite
puis je le pense. Je pense qu'à chaque fois qu'on fait lever ce débat-là au
Québec, là, c'est le oui qui gagne les appuis. Alors, tant mieux, tant mieux
s'il se lance dans la mêlée, s'il suit notre initiative, notre leadership. Puis
j'ai bien hâte de voir ça.
Journaliste : Sur la carte
électorale, vous avez dit qu'augmenter le nombre de députés à 129, ça
permettrait de sauver des circonscriptions, comme en Gaspésie. Pourquoi est-ce
que vous concluez que, si on augmente de quatre circonscriptions, c'est la
Gaspésie qui gagne une circonscription, qui réussit à ne pas en perdre?
M. Zanetti : Bien,
l'objectif, ce serait que... En ce moment, c'est plafonné à
125 circonscriptions. Moi, ce que je propose, c'est de dire qu'on augmente
ce plafond-là à 129 pour au moins maintenir le nombre de circonscriptions qu'il
y a à l'heure actuelle au Québec. On pourrait regarder... la Commission de la
révision électorale pourrait regarder aussi, au Québec, où il y a besoin d'un
ajout de circonscriptions, parce qu'il faut garder un poids proportionnel pour
avoir... que le vote de chaque personne ait le même poids. Donc là, finement,
je n'ai pas en tête tous les chiffres puis où est-ce qu'exactement ça devrait
augmenter, mais il y a des endroits au Québec où les circonscriptions sont plus
chargées d'électeurs que d'autres.
Journaliste : Ce n'est pas en
Gaspésie.
M. Zanetti : Ce n'est pas en
Gaspésie, mais, au moins, la Gaspésie, on pourrait-tu leur laisser leur
représentation actuelle? Tu sais, la conséquence de ça, d'enlever une
circonscription en Gaspésie, là, c'est des gens qui déjà doivent faire beaucoup
de route pour aller à leur bureau de député quand c'est nécessaire, et puis là
il va falloir qu'ils en fassent encore plus, puis c'est les élus qui vont
devoir rencontrer des dizaines d'élus municipaux pour savoir ce qui se passe
alors que... Tu sais, je veux dire, ça n'a aucun bon sens. Ils ne pourront pas
faire un aussi bon travail. Tu sais, à un moment donné, là.
Journaliste : ...du nombre de
députés, vous prenez ça comme : On arrête de se déchirer, à savoir
quelle... mais ce n'est pas juste repousser ça au prochain redécoupage. Parce
que, je veux dire, si on monte à 129, puis la prochaine fois, on monte à 132,
puis la fois d'après à 137, puis la fois d'après...
M. Zanetti : Bien là, 129, c'est
un chiffre qui correspond aussi à la prochaine disposition du salon bleu et à
ses capacités de la prochaine législature. Ça fait que c'est pour ça. Ça permet
de ne pas se déchirer pour cette fois-ci, mais c'est sûr que, tu sais, la
solution pour une meilleure représentation politique au Québec, là, c'est la
réforme du mode de scrutin. J'ai déposé un projet de loi là-dessus qui attend
juste d'être appelé par le gouvernement. Il crie: Appelez-moi! Donc, moi, je
demande au gouvernement, évidemment, d'appeler ce projet de loi là. Ça, ça
réglerait le problème, là, de façon définitive puis on ne serait pas toujours
pris dans un délai comme ça, un dilemme de dire : On augmente.
Journaliste : ...perdrait pas
de la représentativité...
M. Zanetti : Non, pas du
tout. Dans un système à vocation proportionnelle mixte, compensatoire, à
répartition régionale, on vient justement apaiser ces craintes là historiques.
Journaliste : ...125 puis que
la Gaspésie garde ses circonscriptions, est-ce que le poids d'un vote en
Gaspésie ne vaudrait pas plus qu'ailleurs? Vous ne voyez pas là une iniquité?
M. Zanetti : Bien, ça, c'est
sûr que le mode de scrutin actuel, ça n'a pas rapport au nombre de
circonscriptions, le mode de scrutin actuel crée des énormes iniquités qui
n'ont pas de bon sens. Je ne reviendrai pas nécessairement là-dessus, mais...
Puis sur le nombre de circonscriptions, bien, c'est parce qu'à un moment donné,
tu sais, c'est une des failles aussi du système uninominal à un tour. Tu ne
peux pas dire : On enlève des circonscriptions en Gaspésie, ça devient des
territoires complètement impossibles à couvrir puis ça réduit l'accès des
citoyens et des citoyennes à leur député puis à leur représentation politique.
Journaliste : Le DGE dit
qu'il est contre l'abolition totale des contributions d'électeurs. Donc qu'est
ce que ça dit, ça, sur la position que la CAQ a adoptée face aux controverses
sur le financement électoral?
M. Zanetti : Bien, la
position de la CAQ, c'est une position de réaction de panique qui essaie de
faire diversion. Ils ont eu un problème avec leur culture de sollicitation,
puis là ils ont essayé de dire : Ah! Le problème, c'est la sollicitation
en tant que telle, tu sais. Mais il n'y a personne qui est dupe de ça. On voit
que l'idée de dire non à ces contributions-là, ça aurait un effet pire sur la
démocratie. Le problème, ce n'est pas les contributions elles-mêmes, c'est la
façon de le faire puis il ne faut rien promettre en échange. Donc, c'est ça.
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que le fait de publier le nom des donateurs, ça nuit, là, à la collecte
de fonds, là, pour les partis politiques?
M. Zanetti : Non, mais
c'est important de publier les noms, là. À une époque, aussi... tu sais, ça a
permis... Je ne sais pas quand ça a commencé, là, par exemple, mais le fait de
savoir qui donne à qui, je pense que c'est important. C'est un geste public,
encourager un parti politique. C'est important qu'on puisse savoir c'est qui.
C'est sûr que, tu sais, avec des dons de 100 $, on n'a pas le même
problème que les prête-noms d'avant. Mais je pense que c'est important. Moi, je
trouve que c'est une transparence importante.
Journaliste : Est-ce que vous
pensez que le ministre de l'Éducation a fait une erreur en renouvelant le
permis de l'école juive Belz à Montréal?
M. Cliche-Rivard : Bien,
moi, je vais laisser le ministre expliquer. Je pense qu'il nous doit des
explications clairement sur ce point-là. Mais je pense que, pour un
gouvernement qui défend la laïcité, c'est difficile à expliquer. Et il faut
arrêter de... On l'a dit, là, on l'a dit souvent, il faut arrêter de financer
les écoles privées confessionnelles. C'est ça qu'on demande. Mais là,
M. Drainville doit s'expliquer sur celle-là.
Journaliste : Sur le 0,05,
vous allez être appelés à voter sur une motion du Parti libéral du Québec.
C'est quoi votre position, vous, à QS? Est-ce que vous êtes ouverts à revoir
ça?
M. Cliche-Rivard : On
est définitivement en faveur. On va attendre de voir le texte final. Ça peut
toujours faire l'objet d'amendements, là, puis les propositions, puis les
partis peuvent modifier des motions qui sont déposées. On va attendre voir le
libellé final. Mais à la base, là, ce qui est proposé, on est en faveur. Si on
peut sauver des vies, il faut qu'on le fasse. Alors, en a priori, là, on est
favorables.
Journaliste : Mais la
ministre Guilbault a déjà fermé la porte.
M. Cliche-Rivard : Bien,
la ministre Guilbault s'expliquera et elle sera responsable de ses choix
politiques. Nous, on a des études qui nous disent qu'il y a des réductions
drastiques, là, importantes de décès puis d'accidents suite à l'abaissement.
Notamment, je pense qu'on cite la Colombie-Britannique, là, qui a diminué près de
moitié. On a d'autres législations qui font la même chose. Donc, moi, je pense
que le Québec doit emboîter le pas. Puis on est très ouverts puis on va
continuer à avoir cette position-là.
Journaliste : Pourquoi elle
ne bouge pas? Pourquoi elle ne bouge pas?
Une voix : ...
Journaliste : Oui, c'est ça.
Journaliste : Qu'est-ce qui
explique la position du gouvernement...
M. Cliche-Rivard : Je
vais les laisser justifier leur proposition, là. Cela dit, nous, on connaît la
nôtre, on va la défendre, on va la mettre de l'avant. C'est ce que la science
nous dit. Nous, on va continuer d'aller dans ce sens-là, mais le gouvernement
se défendra.
Journaliste : Est-ce que
c'est impopulaire comme décision?
M. Zanetti : Je pense
que les sondages sont très favorables à ça.
M. Cliche-Rivard : En
effet.
Journaliste : Est ce que vous
pensez que l'épisode de la semaine dernière concernant le financement politique
puis le couple, là, qui milite pour cette mesure-là, est-ce que vous pensez que
ça, ça a un impact sur le débat actuellement, sur les... même la position des
partis politiques? Est-ce que...
M. Cliche-Rivard : Bien,
ce n'est pas ça, l'intention. Je pense qu'on parle du 0,05 depuis quand même
plusieurs années. Ça l'a ramené évidemment dans le débat, mais le débat de fond
de la semaine dernière, c'est plutôt le 100 $ ou le 200 $ du
cocktail. Je pense que c'est ça qui était révélé. C'était malheureux dans les
circonstances qu'on les envoie d'autant plus à un cocktail alors qu'ils
faisaient la promotion de la limitation du taux d'alcoolémie. Mais là, la vraie
question qui est relevée par ça, puis la CAQ a eu à s'expliquer, évidemment,
puis il y a eu des problèmes, c'est de monnayer l'accès à un ministre. C'est ça,
l'enjeu.
Journaliste : Hier, c'était
le festival des excuses, là. Vous avez pensé quoi des excuses présentées par
Geneviève Guilbault à Pascal Bérubé, excuses entre guillemets, là?
M. Zanetti : À Pascal
Bérubé, ou à Vincent Marissal, ou les deux?
Journaliste : Les deux.
M. Zanetti : Bien, en
tout cas, pour ce qui est de notre côté, Vincent Marissal, il a accepté les
excuses. Donc, je pense que ce qui est important là-dedans, c'est de ne pas
laisser cette espèce de brouhaha d'insultes et d'excuses, là, disons, occulter
le fond de l'affaire. Il faut qu'on revienne au fond de l'affaire, hein? Ça
fait quelques semaines que la CAQ aimerait changer de sujet à ce sujet là. Mais
le fond de l'affaire, c'est : comment la CAQ obtient du financement dans
ses cocktails? Ça, c'est un problème. Puis comment est ce qu'on peut s'assurer
qu'au Québec ça ne puisse pas se passer comme ça? C'est ça, le vrai fond de
l'affaire. Puis moi, j'ai bien hâte qu'on revienne à ça.
J'aurais juste un petit commentaire.
Tantôt, on parlait de la campagne éventuelle, campagne du Oui, là. Je vous
avoue que je suis perplexe par rapport au choix du chef du Parti québécois de
ne plus parler de «référendum» et de remplacer ça par «consultation populaire».
Je trouve que ça amène du flou. Une consultation populaire, c'est quoi? Est-ce
qu'en ce moment ce que le gouvernement fait pour la foresterie puis qui a
commencé à Rimouski, est-ce que ça, c'est une consultation populaire? Une
consultation populaire, c'est-tu un sondage? C'est-tu une tournée des régions?
C'est-tu comme un comité qui voyage à travers... puis qui essaie de voir c'est
quoi que le monde pense ou est ce que c'est une consultation... Est-ce que
c'est un référendum exécutoire qui mène à une déclaration d'indépendance? Moi,
je crains que si on recule devant la question du référendum sous prétexte que
ça fait peur aux gens au lieu de rassurer les gens et leur donner le goût du
pays, si on recule là-dessus, bien, ça va amener du flou puis on ne saura plus
trop qu'est ce que ça veut dire, «consultation populaire».
Journaliste : Là, c'est
l'ancien chef d'Option nationale qui parle ou c'est le député solidaire? Parce
que, là, vous venez de vous avancer beaucoup sur le oui. Dans votre parti, il y
a la constituante où on était un peu frileux, là, pour parler de référendum
chez vous puis d'affirmation nationale, là.
M. Zanetti : On est super
clair. D'ailleurs, on a lancé, la semaine passée, une campagne nationale de
promotion de l'indépendance.
Journaliste : Ça faisait
longtemps que vous ne l'aviez pas fait, là.
M. Zanetti : Ce n'est pas
vrai. Avant la dernière... juste avant la dernière élection, on a lancé un
livre. Le caucus solidaire a écrit un livre, un essai sur l'indépendance du
Québec, pour justement réactualiser l'argumentaire indépendantiste puis le
propager. D'ailleurs, on a vendu presque 5 000 copies, tous les fonds
ont été pour faire des nouveaux livres.
Journaliste : Juste pour
revenir à... de Paul St-Pierre-Plamondon, là, à propos du mot «référendum»,
est-ce que vous accusez M. St-Pierre Plamondon de manquer de courage
justement en parlant plutôt d'une consultation populaire?
M. Zanetti : Je ne l'accuse
pas, mais je soulève une inquiétude. Moi, je trouve que c'est inquiétant de
reculer sur ce mot-là en allant vers un terme qui est plus flou, qui peut
laisser place à interprétation.
Journaliste : Donc, c'est un
manque de conviction?
M. Zanetti : Je pense que
c'est un manque de clarté.
Journaliste : Mais ce n'est
pas le nom de la loi, ça, quand, à un moment donné, la première étape à
franchir, là, ce n'est pas... ça ne porte pas ce nom-là au sens de la loi,
«consultation populaire»?
M. Zanetti : Oui. Mais
dans... disons, dans notre débat collectif, historiquement, là, on a parlé,
quand il s'agissait de dire : Tout le monde va aller voter pour dire ce
qu'il pense de tout ça, puis on va en appliquer le résultat, on a appelé ça un
référendum. Une consultation populaire, il y a bien des affaires qui
s'appellent les «consultations populaires» qui ne mènent pas un pays.
Journaliste : Vous avez parlé
d'un référendum exécutoire...
Une voix : ...
Journaliste : ...vous avez
parlé d'un référendum exécutoire, donc pour vous, c'est important qu'un
référendum sur un projet de souveraineté soit automatiquement exécutoire? C'est
ça que vous dites?
M. Zanetti : Bien sûr. Dans
la Constitution canadienne, les référendums ne sont pas exécutoires. Mais si on
est sérieux dans notre volonté d'affirmer la souveraineté des peuples du Québec
et puis de faire en sorte qu'on soit vraiment indépendant, bien, il faut que le
gouvernement, il s'engage à tenir une consultation populaire, un référendum, il
s'engage à en appliquer le résultat.
Journaliste : Puis comment ça
se transpose, ça, sur votre processus qui passe par une constituante, là, et à
quel moment la dimension exécutoire intervient dans ce processus-là...
M. Zanetti : Bien, nous, ce
qu'on propose, c'est qu'une assemblée constituante citoyenne écrive une
constitution du Québec, une condition de pays, qui sera soumise à un référendum
une fois qu'elle va être rédigée à l'intérieur d'un premier mandat, et puis,
après ça, bien, on exécute le résultat du référendum.
Journaliste : How useful is it for the Liberals to table this motion to lower down
the blood alcohol level to 0.05 since Québec is the only Canadian province who doesn't have this rule in place?
M.
Cliche-Rivard : Well, it's very clear that we
could save lives by reducing to 0.05, yes, and that's very something... that's something
we'll support. We're going to see the final words of the motion, but what's
written now is within what we will support. We've seen British
Columbia's hopeful and drastic reduction of injuries after reducing such
alcohol levels. So, I think science tells us that it's very important for us to
reduce it.
Journaliste
:But, how useful is it to have this debate here above
the position of the CAQ Government on this?
M.
Cliche-Rivard : Well, it's within Québec legislation to do so. So, I mean, the
National Assembly is the right
way to have this debate, and the PLQ then will decide what they want to put
forward afterwards. But the CAQ is very clear on their position, and I find it
disappointing because once we're seeing and when we're seeing how clear science
is and how many lives we could save, I hardly can see how we could oppose such
a motion.
Journaliste
: What do you think explains the fact that we don't have already a 0.05-blood
alcohol limit?
M.
Cliche-Rivard : It's a very good question. What
I see now is a debate coming back to the National
Assembly, parties taking position and hopefully this is
going to stay within the National Assembly. We're going to push forward to it. And Québec
solidaire, as I mentioned, we'll see the final wording
of that motion, but right away, I can say we're very open to support it.
Journaliste
: Just quickly on immigration.
M.
Cliche-Rivard : Sure.
Journaliste
: In the past, when you mentioned the delays, we've heard the Minister
Fréchette sort of pass the... say the ball is in the federal Government's court. So, what exactly are you
asking her to do today?
M.
Cliche-Rivard : Yes. So, let's face it, I am
criticizing the federal Government for their delays and I'm supporting Minister Fréchette saying: This
is unacceptable, so, point here. Afterwards, when we stated that, it's very
important for her to realize she has power to do something now, and Québec always had the jurisdiction to
decide… with their jurisdictions, what's the law here about working... how we
work, how... what norms of working... the working norms, how we're going to
decide what, when, how. And Québec can decide to issue work authorization for these people right away
to make sure they can start working in the work force without having them
waiting four, five, six months on social welfare. They want to work. They're
asking when their work permit is going to come. And Québec should issue right away this authorization to prevent... forcing
them to rely on social welfare between the time they're working… the six,
seven, eight, nine months they're waiting for the federal permit.
So, Minister Fréchette
can act, she must act now. Minister Legault and Minister Fréchette are always
speaking about the burden of asylum seekers, but now, there's an option, there's
a solution. So, I'm giving them this proposition for them to move forward and
find a solution.
Journaliste
: Just on Denis Coderre. He's supposed to be here today, he's
obviously speaking out quite a bit in the media about a number of his issues,
including separation. What are your thoughts of how he's entering the reign
here?
M. Zanetti : Well, it's one subject on which he agrees with Marc Tanguay, actual
leader of the Liberal Party. So, that's a good thing. And it's really OK, it's
a good thing that, in a democratic society, we debate on important issues such as Québec's independence. And I think that we're really happy to see that this
debate could get stronger with him, because every time we have this debate, the
polls go up for independence. So, let's have this debate.
Journaliste
: Do you feel, it's working... it will work in you favor to have him?
M. Zanetti : I think it will work in the favor of Québec's independence if we renew this debate, if we... if the federalists
in Québec want to renew their
arguments and, yes, have it on the public place.
Journaliste
: Donc, un «Capitaine
Canada», c'est bon pour la souveraineté?
M. Zanetti : Avoir des débats
sur l'indépendance, ça fait toujours augmenter historiquement l'appui à l'indépendance,
et c'est bien.
(Fin à 8 h 26)