(Neuf heures quarante-deux minutes)
Mme Dufour : Bonjour. Aujourd'hui,
je vais interpeller la ministre de l'Habitation sur une crise du logement qui
va bien au-delà des chutes de mises en chantier ou de la hausse des prix des
loyers. En fait, nous sommes devant une tempête parfaite, et je le dis dans le
sens péjoratif du terme. C'est une tempête qui a été créée par la CAQ, par son
inaction et son manque de vision systémique.
Nous n'avons jamais manqué autant de
logements qu'en ce moment. Et les efforts pour retourner à l'équilibre, là, ils
vont être considérables, il faudrait construire plus d'un million de logements
d'ici 2030, et on n'en a même pas construit 40 000 l'an dernier.
Mais en plus on voit de plus en plus de
projets qui sont retardés soit par Hydro-Québec, soit par un manque d'infrastructures
municipales; les infrastructures souterraines qui sont inadéquates.
Nous sommes donc devant une triple crise :
logement, énergie, infrastructures municipales. On est en droit de se demander
si cette situation ne pourrait pas freiner sérieusement notre capacité à
rattraper le record des... le retard des six années caquiste.
Nous avons une vision en habitation, un
plan que... un plan global que je vous dévoilerai ultérieurement, mais aujourd'hui
j'ai trois mesures concrètes à mettre sur la table et qui vont permettre d'agir
sur les trois fronts que j'ai mentionnés de la triple crise.
Alors, d'abord, éliminer la TVQ sur les
constructions de logements locatifs, à l'instar du fédéral et de nos provinces
voisines, établir des cibles d'analyse des dossiers et d'émission de permis
pour les municipalités et allouer 200 millions de dollars à celles
qui atteindront ces cibles, et les sommes devront être investies dans le réseau
des infrastructures municipales, s'assurer que la priorité numéro un du
gouvernement avec Hydro-Québec soit de brancher notre monde, que tout le monde
puisse avoir un toit. Je prendrai donc l'occasion de l'interpellation aujourd'hui
pour débattre de ces trois mesures avec la ministre. Merci.
Journaliste : Québec
solidaire dit que... se dit surpris qu'au Parti libéral vous vous mettiez
soudainement à parler votre logement. Est-ce que vous avez eu une révélation
récemment?
Mme Dufour : Moi, j'en parle
depuis, évidemment, depuis que je suis élue porte-parole du dossier. Peut être
qu'ils ne m'entendaient pas, mais j'étais là. J'étais là puis...
Journaliste : Non, mais ils
disent que, compte tenu du passé, que vous ne devriez pas donner de leçon sur
le logement.
Mme Dufour : Quand on regarde
le vrai, les bilans, là, il n'y a jamais eu autant de logement social construit
et investi lorsque les gouvernements libéraux étaient au pouvoir.
Ensuite, si on regarde aussi les chutes de
mises en chantier, c'est sous la CAQ que ça s'est produit. Quand on regarde les
hausses de loyers fulgurantes, c'est sous la CAQ que ça s'est produit, pas sous
le Parti libéral. Sous le Parti libéral, là, il y avait un certain contrôle
quand même bien établi, un équilibre. C'est sous la CAQ que ce déséquilibre-là
est arrivé.
Journaliste : C'est quoi les
chiffres, Mme Dufour, les libéraux versus les péquistes versus la CAQ, en
logement social?
Mme Dufour : Ah, mon Dieu! J'avais...
j'ai souvent amené un petit tableau ici, là, même qu'à un moment donné, vous
riez parce que je l'avais mis devant moi, là, je pourrais vous le ressortir,
là, mais les chiffres, ils sont assez clairs.
Journaliste : Sur ce qui s'est
passé hier en commission parlementaire avec Mme Guilbault puis les cas qui
se répètent de monnayage de ministre, est-ce que vous pensez que ça prend une
enquête plus élargie sur tous ces cas qui se répètent à la CAQ, plus que celle
engagée par Mme Mignolet auprès des députés qui sont concernés? Est-ce que
vous croyez que ça prend vraiment, là, une démarche plus large?
Mme Dufour : Mais, écoutez, d'abord,
moi, je dois dire, ce n'est pas la présence de ministres à des événements qui
est le problème, c'est plutôt de vouloir monnayer l'accès au ministre qui est l'enjeu.
Est-ce qu'il y a eu un système? Moi, je ne
peux pas le dire. Est-ce qu'il devrait y avoir une enquête? Honnêtement, je
pense qu'il faut quand même mettre de l'avant qu'on est toujours innocent jusqu'à
preuve du contraire, là. Donc, je ne voudrais pas condamner personne qui n'a
pas été condamné. Donc, moi, j'attendrais les conclusions de...
Journaliste : ...
Mme Dufour : ...j'attendrais
les conditions... voyons, les conclusions de Mme Mignolet.
Journaliste : En attendant,
pensez-vous que ce serait une bonne idée pour la CAQ d'exclure, d'expulser les
députés qui sont visés par les enquêtes?
Mme Dufour : Je ne partage
pas cette opinion. Je ne partage pas cette opinion. Comme j'ai dit, on est
toujours innocent jusqu'à preuve du contraire.
Journaliste : M. Beauchemin
a été expulsé chez vous pendant qu'il y avait une enquête.
Mme Dufour : Oui, j'avoue,
mais ici, c'était... Il y a un enjeu différent où il y avait une relation avec
un employé, c'était ça, la distinction majeure. C'est différent quand on parle
d'intimidation par rapport à des employés, mais là, ici, on parle d'éléments
externes au caucus lui-même, là.
Journaliste : Puis comment
vous l'avez trouvé, son ton, Mme Guilbault hier dans sa... dans sa
défense, finalement?
Mme Dufour : Bien, écoutez,
je vais... J'ai plutôt regardé ça plus... C'est plus les analystes que j'ai
vus. Moi-même, j'étais très occupée à préparer une interpellation. Donc, je ne
commenterai pas, là, le ton lui-même, là. Ça lui appartient, à Mme Guilbault.
Journaliste : Est-ce qu'elle
aurait dû s'excuser?
Mme Dufour : Bien, écoutez,
je pense que... Si les faits qui sont exposés sont tels qu'ils se sont passés,
je pense que quelqu'un doit effectivement, puis... Et, à ma connaissance,
quelqu'un l'a fait, là, ce que je comprends, il y a quelqu'un du bureau, la
personne... ou, en tout cas, la députée de l'employé qui a fait... s'est
excusée. Maintenant, c'est... Mme Guilbault, c'est quand même... là, ce
que je comprends, ce n'est quand même pas elle qui a fait l'invitation, là.
Journaliste : Peut-être...
Bien, en fait, une petite question sur la nouvelle campagne de promotion de
l'indépendance de Québec solidaire. Le Parti québécois est premier dans les
sondages. Québec solidaire embarque dans la danse. Au Parti libéral, allez-vous
faire une campagne de promotion du fédéralisme?
Mme Dufour : Bien, on ne fera
pas une campagne de promotion de la séparation du Québec, ça, c'est clair. Et
puis le reste, ça leur appartient, là, s'ils souhaitent faire la promotion...
Journaliste : Il n'y a pas de
contre-initiative de votre part?
Mme Dufour : C'est... On n'en
sent pas la nécessité présentement, non.
Journaliste : Sur Mme Duranceau,
là, est-ce que vous estimez qu'elle était... qu'elle a pris un parti pris dans
sa réforme? Est-ce qu'elle est... plus penche du côté des locateurs ou des
locataires?
Mme Dufour : Je vous dirais
que c'est une ministre que je trouve quand même assez entêtée, parce qu'elle a
eu beaucoup d'arguments, beaucoup de groupes qui sont venus parler d'enjeux. Même
la cession bail, on va en reparler, là, parce que le projet de loi n° 31
n'est pas encore adopté, hein, la cession bail, là, même des groupes en
économie, il y a des... tu sais, les municipalités, il y a tellement de groupes
qui sont venus en parler, de l'effet que ça pourrait avoir sur les citoyens. Évidemment,
quelques groupes qui étaient d'accord, mais la majorité... et elle a été
complètement inflexible. Il y a un manque d'écoute.
Et je crois, et puis je l'ai mentionné dans
mon point de presse, il y a un manque de vision systémique, de voir... Chaque
action a une réaction effet papillon. Puis la ministre ne semble pas le
réaliser que, cet élément-là, en période de crise actuelle, ça pourrait avoir
des effets fort inquiétants. On pourrait voir, par exemple, une hausse de
l'itinérance. Et l'itinérance coûte plus cher que d'investir en logement
social. Alors, à un moment donné, ça devient des positions dogmatiques, mais
qui vont, au bout du compte, nous coûter plus cher.
Journaliste : Est-ce que
c'est encore la bonne personne pour occuper ce poste-là?
Mme Dufour : Comme je l'ai
dit, je pense que c'était au caucus présessionnel, on va attendre le budget, le
prochain budget. On verra qu'est-ce qui peut en ressortir, voir si elle a le
leadership pour convaincre ses collègues d'accorder les sommes et les
investissements nécessaires pour nous sortir de la crise, mais on ne peut pas penser
qu'on va sortir de la crise sans faire des mesures fiscales importantes comme
le fait l'Ontario actuellement. Ils investissent, mais, au bout du compte, ils
vont en récupérer leurs billes. Nous, actuellement, on attend, et l'attentisme
va nous coûter beaucoup plus cher au bout de la ligne. Merci.
(Fin à 9 h 50)