(Neuf heures vingt-et-une minutes)
M. Fontecilla : Bon vendredi
matin. Donc, écoutez, je suis très content de voir que, cette semaine, l'enjeu
de l'habitation, l'enjeu de la crise du logement a été abordé avec force à l'Assemblée
nationale par... à travers différentes thématiques, différents moyens.
Je suis quand même étonné de voir que le Parti
libéral, qui a été au gouvernement pendant de très longues années et qui est un
des principaux responsables aussi de la crise du logement actuelle, bien,
aujourd'hui, se permet d'assumer la posture de donneur de leçon à la Coalition
avenir Québec, qui, évidemment, aujourd'hui, est aux commandes et responsable
de cette crise-là, mais le Parti libéral se dédouane de toutes ses
responsabilités historiques dans cette crise du logement et prétendent aujourd'hui
présenter un nouveau visage, comme quoi ils mettent de l'avant des solutions
pour la crise et du logement. Pendant que nous, pendant des années, nous avons
prêché un peu dans le désert sur cette question-là, le Parti libéral ne prenait
pas cette question-là à fond, et je les comprends, parce qu'ils étaient
responsables, et, aujourd'hui, ils veulent se mettre de l'avant et profiter que
la crise du logement est de l'avant de la scène. Voilà. Je vous remercie.
Journaliste : Ce serait mieux
qu'ils ne lancent pas de propositions? Le Parti libéral...
Journaliste : Ils n'ont pas
le droit au débat?
M. Fontecilla : Ils ont droit
au débat, ils ont droit au débat, mais ils devraient aussi commencer par
reconnaître qu'une de leurs... la crise du logement, aujourd'hui, c'est
aussi... ça fait partie de leurs responsabilités lorsqu'ils ont été au
gouvernement.
Journaliste : Les locataires
ont bien, là, jusqu'à la date de la sanction prévue de la loi, c'est-à-dire
autour du 13, là, pour envoyer des avis de cession de bail. Sentez-vous qu'il y
a des gens qui se dépêchent à le faire, là, puis pensez-vous que tout le monde
est au courant de ça? Il y a sûrement des gens qui l'ignorent.
M. Fontecilla : Écoutez,
malheureusement, je ne pense pas que toute la population, en tout cas, les
locataires, j'en suis convaincu, suivent attentivement les débats de l'Assemblée
nationale comme vous. Et je n'ai pas d'information comme quoi il y a une ruée
vers la cession de bail, là, mais, effectivement, vous dites vrai, jusqu'à la
sanction de la loi, les locataires peuvent effectuer une cession de bail tel
que ça a été traditionnellement fait.
Journaliste : Est-ce que Mme
Duranceau a l'impartialité nécessaire pour occuper ce poste de ministre
responsable du logement, là, compte tenu de son passé professionnel?
M. Fontecilla : Écoutez, nous
avons tous et toutes une trajectoire professionnelle avant d'arriver à l'Assemblée
nationale. Ça nous marque, oui, ça nous donne un signal par où on peut ou on ne
peut pas aller, mais un ministre, quelle que soit sa couleur politique, a le
devoir de s'élever au-dessus de la mêlée et proposer des politiques qui visent
le bien commun, qui visent le bien-être du plus grand nombre.
Moi, j'ai donné la chance à Mme Duranceau,
et, aujourd'hui, je me rends compte qu'elle avait une mission très claire, c'est-à-dire
d'apporter quelques mesures minimales pouvant faire dire au gouvernement de la
CAQ qu'ils agissent, mais, en réalité, c'est des mesures minimales. Et, aujourd'hui,
par la force des choses, malheureusement, elle a dit qu'elle voulait corriger
certains déséquilibres, mais elle augmente le déséquilibre des pouvoirs entre
le locateur et le locataire.
Journaliste : Mais vous avez
dit aussi, cette semaine... vous aviez fait certaines propositions, vous
vouliez le faire lors de... avant l'adoption, là. Vous aviez peu d'espoir qu'elle
change d'idée ou... À quoi vous vous rattachez, aujourd'hui, là, pour espérer
faire des gains?
M. Fontecilla : Bien, en
fait, quelques exceptions à la cession du bail, là, en particulier, permettre
la cession du bail sous la forme actuelle, pour faire court, au colocataire qui
réside au moins depuis 12 mois dans le même logement. Je pense que ces
personnes-là ont aussi droit au maintien dans les lieux. Ees améliorations à la
loi Françoise David, donc baisser de 70 à 65 ans l'âge de la retraite, l'âge
minimal pour être admissible à cette loi-là, de 10 à cinq ans le temps passé
dans un logement pour être bénéficiaire de cette loi-là, et augmenter le revenu
minimal... le revenu maximal admissible, revenu... seuil qui actuellement, là,
permet seulement aux personnes... aux aînés les plus pauvres de la société d'être
protégés par la loi Françoise David. Nous, on voudrait que ce ne soit pas
seulement les gens les plus pauvres, les aînés les plus pauvres, mais les aînés
qui ont un peu plus d'argent aussi.
Journaliste : Donc, vous
espérez certaines exceptions par rapport
cession de bail, là, mais, juste pour comprendre, vu
que c'est adopté, elle pourrait quand même...
M. Fontecilla : Bien, on est
dans la phase de prise en considération, donc on peut encore présenter des
amendements. Et d'ailleurs la ministre elle-même peut apporter des amendements,
sans possibilité de débat, c'est un problème, là, parce que nous, on a déjà
présenté ces amendements-là et on présente aussi un amendement concernant le
registre des baux.
Journaliste
: Est-ce
que vous pourriez utiliser toute stratégie à votre portée pour ralentir le plus
possible l'adoption du projet de loi?
M. Fontecilla : Nous, on fait
notre travail de parlementaires. On prend le temps qui nous est alloué pour
exprimer notre position, essayer de convaincre, et les pouvoirs politiques, et
la ministre, et l'opinion publique du bien-fondé de nos positions. On n'est pas
dans une optique, là, de retarder les travaux, on est dans une optique de faire
notre travail de la façon la plus consciencieuse possible.
Journaliste : Mais si vous
dites : On va utiliser tout le temps qui est à notre portée, vous êtes en
train de dire que vous allez étirer le plus possible l'adoption?
M. Fontecilla : Oh non! Je ne
suis pas en train de dire ça, je suis en train de dire que je veux utiliser le
temps qu'il me faut pour exprimer mon point de vue. Si c'est 45 minutes...
j'ai besoin de 45 minutes pour expliquer mon point de vue, bien, je vais
les utiliser.
Journaliste : Il y a des gens
qui trouvent un peu suspicieux que Québec solidaire lance une nouvelle campagne
de promotion de l'indépendance au moment où le Parti québécois est à son plus fort
dans les sondages. Quel lien on veut faire entre les deux, M. Fontecilla?
M. Fontecilla : Absolument
aucun lien. Cette décision de lancer une campagne solidaire maintenant, ça a
été adopté lors de notre conseil national, si je ne me trompe pas, au mois de
février 2023, donc ça fait un an exactement, et je ne sais même pas quel était
le pourcentage du PQ à ce moment-là. Il n'y a pas de lien de cause à effet, c'est
une décision qui a été prise il y a longtemps par nos membres, et on la lance
aujourd'hui. Ça a pris un temps de préparation, etc., on la lance aujourd'hui.
Journaliste : Comment vous
avez trouvé la réaction de Geneviève Guilbault, hier, à la suite des
révélations en commission parlementaire du fait que deux personnes endeuillées
avaient dû payer 200 $ pour avoir deux minutes avec elle?
M. Fontecilla : Je n'ai pas
vu la réaction... les images de sa réaction, j'ai seulement entendu, mais je
crois qu'elle a répondu avec son flegme habituel, hein, c'est-à-dire, en
quelque sorte, en minimisant, en disant : Circulez, il n'y a rien à voir
ici. Mais ce qui s'est passé, c'est pas mal... c'est très grave, là, et je
crois que la CAQ doit procéder à une sérieuse remise en question, qui n'est pas
finie, même avec l'annonce du premier ministre, là, de renoncer aux
contributions populaires.
Et là on est allé un cran plus loin, là :
non seulement on a monnayé l'accès à des ministres, à des promoteurs, donc, que
ce soient des promoteurs d'un intérêt économique quelconque, mais cette fois-ci,
c'est carrément, là, des cas citoyens, là, des gens qui ont des problèmes dans
leur vie et dans la vie quotidienne, qui veulent avoir accès à une ministre
pour expliquer leurs problématiques, mais là on leur charge de l'argent, là.
Là, on est allé un cran plus loin, là. C'est rendu grave, là.
Journaliste : Est-ce qu'on
devrait rembourser ces gens-là? Parce qu'ils ont dit hier, en commission
parlementaire... Mme Rivera a dit, entre autres, qu'elle s'était sentie
mal à l'aise face à ça puis qu'elle avait été déçue, également, et qu'elle
s'était sentie, en même temps, obligée d'offrir ou d'acheter le billet parce
qu'elle ne voyait pas d'autre façon. Est-ce qu'on devrait les rembourser?
M. Fontecilla : Moi je pense
que c'est à considérer, oui, on pourrait rembourser ces montants-là, mais le
problème ne s'arrête pas au fait de rembourser, hein? Il y a des
responsabilités politiques ici, là. Vous le savez, dans la vie, il y a un
phénomène de projection, hein, il y a... Moi, ce que je vois ici, là, c'est
qu'il y a eu des directives, en quelque part, comme quoi il faut ramasser de
l'argent. Évidemment, les partis politiques, là, et on n'est pas les seuls dans
cette institution à chercher de l'argent, là, mais les partis politiques, on
cherche de l'argent. Et, moi-même, je prends le téléphone et je sollicite des
gens : Est-ce que tu pourrais nous faire une contribution à Québec
solidaire, et, etc. Mais, en étant au gouvernement et en monnayant l'accès à
des ministres, là, ça prend une autre allure, parce qu'au gouvernement on doit
faire preuve d'une impartialité beaucoup, beaucoup plus grande.
Donc, en quelque part, moi, je sens qu'il
y a eu des directives, là, et il y a eu des... Et le phénomène de la projection
consiste à dire justement... à interpréter ces directives-là et les amener
encore plus loin, là. Et, sans doute, il y a eu des employés, en toute bonne
foi, là, qui ont dit : Ah! bien là... pas seulement certains promoteurs,
certains intérêts économiques, qu'on pourrait leur demander : Ah! tu paies
un petit montant en échange d'une jase avec un ministre, mais ils ont
interprété jusqu'au fait de demander à certains citoyens ou citoyennes des
contributions.
Donc, le problème n'est pas tellement...
et je sais que la solution, ça va être de désigner un bouc émissaire, le
quatrième sous-secrétaire du cinquième adjoint. Non, le problème n'est pas là, le
problème est dans le semblant de directive qu'il y a eu, là, et qui a été
interprété de façon, comment dire, exagérée par certains, là. Mais le problème,
c'est encore... encore une fois, là, c'est le semblant de directive qu'il y a
eu, et c'est ça qu'on doit enquêter.
Journaliste : Vous, à Québec
solidaire, c'est quoi, votre objectif de financement, dans une circonscription,
pour un député? Vous devez récolter combien?
M. Fontecilla : Nous, on n'a
pas d'objectif de financement. On doit récolter le maximum possible.
Journaliste : O.K., vous
n'avez pas un certain montant à atteindre avant les prochaines élections?
M. Fontecilla : Non. On se
fixe... c'est des données... écoutez, c'est des données confidentielles, on se
fixe des objectifs nationaux, mais ce n'est pas décliné : tel député doit
ramasser tant ou tel autre doit en ramasser tant.
Journaliste : À l'époque des libéraux,
par exemple, il y avait des ministres à 100 000$, là. Eux autres, on leur
disait : Il faut que tu ramasses 100 000$.
M. Fontecilla : Ce n'est pas
notre pratique.
Journaliste : Vous n'avez pas
d'objectif comme ça.
Journaliste : Est-ce que ça
vous met mal à l'aise, vous, de solliciter des gens pour qu'ils donnent au
Parti québécois... pardon.
M. Fontecilla : Pardon?
Répétez-moi la question, là.
Des voix : ...
Journaliste : Est-ce que ça
vous met mal à l'aise de solliciter des gens pour qu'ils donnent à votre
formation politique?
M. Fontecilla : Écoutez, il y
a des gens qui sont plus à l'aise avec ça que d'autres, évidemment. Pour moi,
c'est un devoir, c'est un devoir, ce n'est pas la tâche la plus agréable, mais,
régulièrement au cours de l'année... Souvent, on essaie de faire ça en groupe,
là, pour se donner plus d'entrain, on passe une soirée, on prend nos carnets de
téléphone et puis on appelle nos amis, nos connaissances, etc., là :
Est-ce que tu as apprécié le travail qu'on a fait? Est-ce que tu penses qu'on
mérite de continuer? Bien, si tu penses cela, bien, on a besoin d'argent, tout
fonctionne avec de l'argent, est-ce que tu pourrais faire un don jusqu'à...
tout montant est le bienvenu, jusqu'à un maximum de 100 $. Et voilà, les
gens donnent ou ne donnent pas.
Journaliste : Devant
l'accumulation de cas problématiques, là, à la Coalition Avenir Québec,
pensez-vous que François Legault devrait suspendre du caucus les députés qui
sont actuellement visés par une enquête de la commissaire?
M. Fontecilla : Je pense que
la situation est très délicate pour la Coalition avenir Québec et je pense
qu'il doit y avoir une enquête, une enquête la... dont les résultats vont être
dévoilés le plus rapidement possible, parce que la... je pense qu'on est devant
une situation où il y a un lien de confiance entre la population et les
politiciens de la CAQ, là, qui risque d'être ébranlé, et, par conséquent,
envers toute la classe politique, là.
Journaliste : ...problème de
confiance, il y a des enquêtes en cours. Ces députés-là, qui sont visés, à
l'heure actuelle, devraient-ils être maintenus dans le caucus de la CAQ?
M. Fontecilla : Moi, je pense
qu'ils devraient sortir.
Journaliste : Vous pensez qu'ils
devraient sortir? Et François...
M. Fontecilla : Le temps que
l'enquête se termine.
Journaliste : Ils sont une
distraction pour le gouvernement?
M. Fontecilla : Évidemment.
Évidemment. Et ça, c'est le problème politique de M. Legault, hein? Moi, la
distraction, tant mieux, là, la distraction, pour le gouvernement de la CAQ,
mais, pour M. Legault, c'est un problème, là.
Journaliste : O.K., mais on
fait quoi avec les ministres qui participent à ça? Parce que, là, vous dites :
On devrait retirer les... le temps que les enquêtes se concluent, mais ces
gens-là ont monnayé la visite ou la présence de ministres qui ont participé à
des... Est-ce qu'on devrait les retirer aussi?
M. Fontecilla : La même
logique devrait s'appliquer.
Journaliste : ...vous parlez
d'une enquête. Qui devrait diriger l'enquête?
M. Fontecilla : Je pense
qu'il y a le Commissaire à l'éthique, là. C'est ça que j'ai en tête.
Journaliste : ...parlez d'une
enquête plus générale...
M. Fontecilla : Non, non, je
parle de l'enquête du Commissaire à l'éthique.
Journaliste : Est-ce que Mme
Guilbault devrait personnellement s'excuser à cette famille-là?
M. Fontecilla : Je pense que
oui. Ça s'impose.
Journaliste : Vous dites que vous
avez un certain malaise avec le financement, tu sais, d'aller... vous le faites
par devoir, mais vous dites que ce n'est jamais agréable de le faire, là.
M. Fontecilla : Bien, ce
n'est jamais agréable...
Journaliste : Bien, c'est ce
que vous avez dit tantôt, vous avez dit : Ce n'est pas le fun, mais je le
fais, là, tu sais. Alors, est-ce qu'on devrait... Si on rendait, justement...
on éliminait le financement populaire pour le remplacer par du financement
public, est-ce que ça ne réglerait pas ce problème-là?
M. Fontecilla : Je pense que
le financement populaire fait partie intégrante de la vie politique, là. Peu
importe l'endroit à travers le monde, les gens... Et, d'autre part, le fait de
contribuer financièrement à une cause politique, là, est un droit fondamental.
Donc, oui, ce n'est pas la tâche la plus agréable, mais c'est une tâche
incontournable et ça fait partie des droits fondamentaux des citoyens, des
citoyennes de contribuer à la cause qu'ils jugent importante. C'est bon? Merci.
(Fin à 9 h 36)