(Quinze heures dix sept minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Je ne croyais pas avoir à revenir devant vous cette semaine pour parler
de l'actualité politique, mais les derniers événements m'obligent à le faire.
Ce qui vient de se passer avec le couple Rivera-Bittar est incroyable. En 17 ans
de vie politique, jamais des témoins dans une commission parlementaire ne sont
venus révéler une telle chose. Des parents endeuillés de la mort d'un enfant
qui viennent se confier dans une consultation sur la sécurité routière et qui
révèlent comment ils ont réussi à rencontrer une ministre.
D'abord, le premier ministre qui dit que
cette histoire est close. Non, ce n'est pas clos, parce que ce n'est pas la
seule histoire qui circule présentement. On en a plusieurs autres. D'ailleurs,
je vais vous en révéler au moins une autre cet après-midi. On nous dit que le
financement se fait correctement. Non, ça commence à ressembler à un système.
On va regarder les faits. Le couple Rivera-Bittar
a eu des discussions avec la députée de Soulanges. Ils ont eu des discussions
avec une attachée politique, et on a retracé le nom. Il y a effectivement une
attachée politique du nom qui a été évoquée, qui travaille pour Mme Picard.
Est-ce qu'on peut lui parler? Est-ce qu'on peut lui demander qui lui a demandé
de proposer un cocktail de financement? Je vous rappelle également qu'elle a
obtenu ces informations dans le cadre de son travail de conseillère politique
ou d'attachée politique. Donc, elle a utilisé un cas, dans le cadre de son
travail quotidien, elle l'a mis à part et elle s'est dit : je vais faire
le lien avec une activité de financement puis quelqu'un que j'ai rencontré, ce
qui est fortement répréhensible. Chacun des députés est responsable de son
personnel politique. J'invite les autorités à regarder ça.
Comment une conseillère politique peut se
dire : Moi, dans tous les cas que j'ai vus, là, dans le dernier mois, il
me semble que ces personnes-là, que ça soit pour les transports ou que ça soit
dans un autre domaine, pourraient être susceptibles d'être des personnes qui
nous permettent d'atteindre un objectif? C'est incroyable.
Alors, la première des choses, à court
terme, des excuses à ce couple. Deuxième des choses, un remboursement immédiat
de la part de la Coalition avenir Québec. Ça, ça peut se faire à court terme.
Sinon, quelle est la chaîne de commandement? Quel est ce mémo qui circule et
qui demande d'utiliser des noms de personnes qu'on connaît pour des objectifs
de financement? Est-ce qu'on peut mettre la main sur ce mémo? Pourquoi une
employée de... d'un bureau de comté s'est sentie habilitée à proposer à ce
couple... Puis ce n'est pas un hasard, là, elle connaissait la situation. Elle
s'est fait raconter le deuil et, malgré ça, elle a décidé de suggérer à ces
personnes-là d'acheter deux billets. On est en toute connaissance de cause.
Ensuite, ça pose d'autres questions. Je l'ai
évoqué... mardi, ce n'est pas pour rien. Quand que les ministres font des
activités de financement puis ils parlent à des concitoyens, des élus
municipaux, des entrepreneurs, des citoyens qui ont des causes, est-ce qu'on
les réfère à des personnes dans des cabinets ministériels, oui ou non? Moi, je
pense qu'il y a quelques cas que vous allez découvrir. Donc : Appelle
telle personne au cabinet, je vais l'avertir que tu vas appeler. Si les
ministres l'ont fait, je les invite à les rendre publics dans les prochaines
heures avant qu'on le fasse, parce qu'il y a des gens qui communiquent avec
nous. Ça donne, ça aussi, aussi un accès privilégié, hein? Je n'ai pas le temps
de vous parler, j'ai deux minutes. D'ailleurs, ça fait 100 $ la minute, la
consultation avec un ministre, hein? 100 $ la minute. Il n'y a pas
beaucoup de professionnels qui peuvent aller chercher autant d'argent.
Évidemment pas pour eux, mais pour une organisation. Puis après on vous réfère
à quelqu'un : Appelez une telle personne au cabinet. Je peux-tu vous dire
que j'en ai des gens dans mon comté qui aimeraient avoir un accès direct au
cabinet. Moi, je n'ai pas à me plaindre. Quand je plaide auprès des ministres,
ils me répondent, mais je plaide pour des citoyens, je ne le fais pas pour moi.
Mais il y a beaucoup de gens qui aimeraient pouvoir le faire directement.
Alors, je répète : Des excuses à ce
couple, un remboursement, ça... tout ça, ça peut se faire très rapidement.
Ensuite, je ne veux pas blâmer cette conseillère politique, dont j'ai le nom,
parce que ça coïncide exactement avec le registre. Une des personnes... je ne
veux pas nommer son nom, mais qui... qui travaille pour Mme Picard
présentement. Qui lui a demandé de faire ça? Est-ce la députée? Est-ce quelqu'un
de l'organisation de la CAQ? Je l'invite à régler ça dans la prochaine heure.
Là, ça ne peut plus durer. Je veux dire, ce commentaire-là est arrivé.
Que dire du Syndicat des producteurs
forestiers du Bas-Saint-Laurent? Son président, qui habite dans ma
circonscription, m'indique qu'il va à une activité de financement à Rimouski,
juste à côté, parce que ça prend ça pour qu'il rencontre la ministre de la
Forêt. La ministre de la Forêt, là, pas la ministre Laforest, qui est à
Rimouski. Maurice, qu'est-ce tu fais là? Je n'ai pas le choix, je veux
rencontrer la ministre. Je représente les gens qui ont des lots forestiers. Il
est allé, puis il me l'a dit, puis son nom apparaît dans le registre.
Puis j'ai d'autres cas aussi, quelqu'un
qui, au Bas-Saint-Laurent, dirige une fondation pour ramasser des fonds pour un
hôpital, qui est allé aussi, qui n'a aucune affinité avec la CAQ, il n'a jamais
voté pour la CAQ de sa vie. Puis j'en ai une liste ça de longue uniquement pour
le comté de Rimouski. Puis là on commence à les faire comté par comté. Ce n'est
pas terminé.
Je comprends le premier ministre de couper
court en disant : On va tout arrêter, tu sais, on va comme capituler. On
en découvre d'autres. Les ministres, ils n'aiment pas ça, faire des activités
de financement. Il y en a qui me le disent : J'ai haï faire ça. Puis je
les comprends. Il y avait une solution toute simple : retirer les
ministres des activités de financement. Puis si les gens aiment votre parti,
ils n'ont pas besoin de rencontrer un ministre, ils vont payer. Nous, là, on n'a
aucun ministre, on ramasse plus d'argent que la CAQ, on ne fait même pas d'activité
de financement. C'est ça, le financement populaire.
Alors, aujourd'hui, ce qui s'est passé n'est
pas banal, et il y aura certainement des suites. Dommage que la Chambre ne
siège pas aujourd'hui ni demain, mais il y aura des suites. À votre
disposition.
Journaliste : Allez-vous
entamer des démarches auprès de la Commissaire à l'éthique pour faire la
lumière sur... là-dessus, sur ce que vous disiez, là, la chaîne de
commandement, comme vous l'appelez, là?
M. Bérubé : Vous savez, les
instances appropriées n'ont pas besoin de plainte. Elles peuvent d'elles-mêmes
instaurer des vérifications. Moi, je rends les informations disponibles. Là,
tout ce que... Je comprends que le député de Nelligan était déjà au courant de
cette situation-là, c'est l'impression que ça me donne, mais ça dit quelque
chose. Parce que moi, les gens chez nous qui ont des cas, là, très graves... Je
vous donne un exemple. L'accès à un médicament, hein, on n'a pas accès puis on
voudrait avoir accès. Là, ils vont-tu se dire : Bien là, si je paie, au
moins, je rencontre le ministre... parce qu'il y a des gens qui n'ont pas
beaucoup d'argent. Puis d'autres cas, ça peut être un cas de CSST... On expose
les gens, là. Le ministère des Transports, il a des grandes responsabilités, puis
le ministère de l'Économie aussi, puis c'est les deux ministres les plus
visibles.
Je ne sais pas. Moi, je trouve que ça les
place dans une vulnérabilité. Des cocktails, il y en avait encore plein de
prêts, là. Il y en avait un qui était prêt, là, pour le 12, le 12 février,
là, qui, manifestement, va être annulé à Longueuil. On est capable de suivre la
trace. Ce n'était pas une bonne idée. Puis la seule affaire qu'il fallait
faire, c'est de retirer les ministres. Puis on va voir si les gens qui ont
donné à la CAQ : des maires, des entrepreneurs, tout ça, vont donner
pareil s'il n'y a pas d'activité avec un ministre. Moi, je sais... je sais un
peu ce que ça va donner, mais testons-le. Puis ils auraient pu garder les dons
ouverts, la CAQ, puis là ils auraient vu si les gens les financent pour leurs
idées ou pour la proximité que ça donne. Ça ne donne pas de contrat, ça te
donne la possibilité d'avoir accès à. C'est ça, la vérité.
Journaliste : ...votre menace,
là? Vous vous donnez combien de temps avant de révéler ce que vous savez?
M. Bérubé : Bien, je viens
déjà de donner deux cas, là.
Journaliste
: Oui.
M.
Bérubé
: Bon.
Journaliste
: Est-ce
qu'il y en aura d'autres?
M.
Bérubé
: Bien...
Journaliste : ...compilation...
M. Bérubé : Tous les partis
reçoivent les mêmes courriels présentement. Je vois à qui c'est adressé. Ça
fait que j'imagine que les journalistes, vous allez en recevoir aussi. Donc, ce
n'est pas une menace... ce n'est pas une menace, c'est que c'est réel. Mais là,
on prend quelle mesure pour ce qui est arrivé? Là, on laisse passer ça en
disant : Ce n'est pas mal... ce n'était pas mal intentionné. Les personnes
le savaient que c'était un couple endeuillé. Je veux dire, y a-tu quelque chose
qu'on respecte plus que le décès... de parents qui sont endeuillés pour un
enfant? Puis après ça on peut dire qu'on n'est pas d'accord avec une politique.
Le gouvernement peut dire : Bien, voici pourquoi nous, on pense ça, puis
pourquoi on ne le fera pas, puis ça se fait correctement. Mais d'avoir suggéré
un cocktail de financement pour ça. Heureusement, on l'a su. Il y en a d'autres
qui ne le diront pas parce qu'ils ont peur des conséquences. Après, je n'aurais
plus d'accès. Ça va-tu bloquer dans la machine? Je pensais que c'était fini
avec le départ des libéraux, moi.
Journaliste : Vous êtes
convaincu que ce n'est pas une erreur d'une employée.
M. Bérubé : Ce n'est pas une
erreur, non. Et pourquoi, tant de semaines après, on se souvient de ces deux
personnes-là qui ont un dossier au Transport? Puis on les rappelle, là. On a un
cocktail avec la ministre des Transports, 100 $ chaque, 100 $ la
minute, deux minutes.
Journaliste : ...la ministre,
Mme Guilbault, dit elle-même : Moi, je parle à plein de monde qui ne
me donne... qui ne nous donne pas d'argent, je suis accessible.
M. Bérubé : Ça ne veut
absolument rien dire.
Journaliste : Est-ce que vous
la croyez quand elle dit ça?
M. Bérubé : Oui, mais ça ne
prouve rien, qu'elle parle à des gens qui ne la paient pas. Le problème, c'est
les gens qui paient pour lui parler. C'est ça, le problème. Voyons donc, c'est
quoi, cette affaire-là? En tout cas, je... On fait le test, hein? Nous, on n'a
pas de ministre, les gens nous donnent de l'argent puis ils ne cherchent pas à
nous voir. Ils le font parce qu'ils nous aiment. Puis, s'ils veulent me
rencontrer, c'est assez simple. J'ai rencontré plein de monde, tantôt, là, sur
la rue, là, comme tout le monde. La différence, c'est qu'ils ne me donnent pas
200 $. Je ne sais pas, vous êtes le libre arbitre, activité libre.
(Fin à 15 h 26)