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Point de presse de M. André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation, M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition responsable de la région de la Capitale-Nationale, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour la Capitale-Nationale

Version finale

Wednesday, November 29, 2023, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures quarante et une minutes)

La Modératrice : Bonjour et bienvenue à ce point de presse transpartisan, composé du député de Pontiac et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation, M. André Fortin. Également présents, le député de Jean-Lesage et responsable solidaire de la Capitale-Nationale, M. Sol Zanetti, ainsi que le député de Jean-Talon et porte-parole du Parti québécois pour les dossiers de la Capitale-Nationale, M. Pascal Paradis. Ils sont accompagnés aussi aujourd'hui du président de la Fédération de l'UPA de la Capitale-Nationale et de la Côte-Nord, M. Yves Laurencelle. La parole est à vous.

M. Fortin :Bien, bonjour. Merci d'être avec nous aujourd'hui. Merci aux gens qui se sont déplacés pour être ici à l'Assemblée et exprimer des préoccupations qui sont quand même assez criantes de la part de producteurs agricoles de la grande région de la Capitale-Nationale. Malheureusement, là, ces jours-ci, les initiatives qui sont mises de l'avant par le ministre de l'Agriculture sont loin de suffire aux besoins des producteurs ici, dans la grande région, et, de façon générale, dans les régions qui sont peut-être plus éloignées de certains centres de transformation agricole. On l'a vu au cours de la période estivale, notamment avec la question des producteurs de porc, quand les... quand certaines des usines ont fermé leurs portes, c'est les producteurs plus éloignés qui en ont fait les frais de façon disproportionnée. Et ça, c'est une... c'est un manque d'attention particulière aux besoins de certaines régions de la part du gouvernement de la Coalition avenir Québec.

Nous, ce qu'on aimerait voir, de notre côté au Parti libéral, c'est des programmes qui sont... qui peuvent refléter la réalité des producteurs agricoles. Un producteur agricole, un producteur de porc, par exemple, qui est collé sur une usine de transformation dans Lanaudière, n'a pas la même réalité, n'a pas les mêmes besoins, n'a pas les mêmes réalités financières qu'un producteur qui vient de Portneuf, qui vient de Baie-Saint-Paul ou d'ailleurs.

Alors, ce qu'on demande aujourd'hui au gouvernement, c'est de prendre des initiatives qui reflètent la réalité des producteurs, qui comprennent et qui s'adaptent au fait que ce n'est pas toutes les régions qui ont la même réalité agricole, ce n'est pas les mêmes régions qui ont toutes les mêmes pressions et qu'on ne fait pas de l'agriculture uniquement le long de la 20 et de la 40 au Québec. On la fait un peu partout, et il faut être capable de refléter cette réalité-là dans nos programmes agricoles.

M. Zanetti : Les terres agricoles au Québec, c'est une denrée rare avec les changements climatiques. C'est dans l'intérêt national, stratégique du Québec de protéger ça. Ça va devenir de plus en plus important. Je ne comprends pas comment le gouvernement actuel ne saisit pas l'urgence et ne rencontre pas les gens du milieu, les gens de l'UPA entre autres de la Capitale-Nationale et de la Côte-Nord, pour savoir quels sont leurs enjeux. Avec le prix des terres agricoles à l'heure actuelle, l'accaparement des terres aux mains de non-agriculteurs, c'est inquiétant. Et pour ça, ma collègue Alejandra Zaga Mendez a déposé un projet de loi là-dessus pour qu'on protège davantage les terres. Et il faut qu'on soit au service du milieu de l'agriculture parce que c'est notre intérêt collectif à tous. Ce n'est pas une industrie comme une autre qui pourrait disparaître, ça mettrait le Québec dans un état de dépendance absolument dangereux. Il faut mettre des compensations à la disposition des agriculteurs pour les aider à traverser les périodes qu'ils traversent en ce moment. Et voilà, donc. C'est pour ça qu'on trouvait important aujourd'hui de venir donner la parole aux gens de l'UPA pour qu'ils puissent s'adresser directement aux ministres qui manifestement ne sont pas à leur écoute à l'heure actuelle.

M. Paradis : Nous sommes ici aujourd'hui en réalité... Puis je tiens à le rappeler, c'est le mois des droits des enfants ce mois-ci, et on est là pour parler de leur avenir, de l'avenir du Québec. L'avenir du Québec, il passe d'abord par la sécurité alimentaire, et il y a des problèmes de sécurité alimentaire actuellement au Québec. On en parle. Le prix des aliments... l'inflation fait en sorte que vraiment le coût du panier d'épicerie a beaucoup augmenté, et les solutions pour ça, elles passent notamment par la protection de notre territoire agricole. Et là, actuellement, on est dans une période complexe sur cette question-là. Le prix des terres agricoles a quadruplé depuis 2002-2003. En moyenne, dans la région Mauricie-Portneuf, c'est une augmentation de 19 % dont on parle, donc c'est très complexe. Les agriculteurs de la région vivent une situation qui est influencée par la hausse du taux d'intérêt, la hausse du coût des intrants, les intempéries, les difficultés, par exemple, pour les éleveurs porcins, etc.

Maintenant, on a passé un point de bascule aussi en 2021, il y a plus de transactions sur les terres agricoles, avec des non-agriculteurs, qu'avec des agriculteurs. Donc là, on est en train de perdre des terres agricoles, on est en train de perdre du terrain, littéralement, au propre et au figuré, sur la question de la sécurité alimentaire. Alors, où est-ce qu'on en est actuellement à Québec? Est-ce qu'il y a une carte des terres agricoles, de celles qui sont protégées, de celles qui ne le sont pas? Est-ce qu'on sait qui sont les investisseurs du domaine agricole et du domaine non agricole? Ce sont des questions essentielles. Et là, actuellement, on a des gens du secteur qui veulent s'adresser au ministre responsable de la Capitale-Nationale, au ministre de l'Agriculture et aussi à la ministre des Transports, parce que c'est une question aussi de construction, souvent, de routes. Il y a le cas notamment de la route du Chemin Fossambault actuellement.

Mais donc, actuellement, il n'y a pas la réponse qu'on attendrait de la part de ces gens-là. On leur demande de parler aux intervenants du secteur à qui je cède la parole immédiatement. Merci.

M. Laurencelle (Yves) : Merci. J'avais préparé des notes, mais je vais vous parler plus avec mon cœur ce matin. J'aimerais vous dire que ça va bien dans Capitale-Nationale, Côte-Nord. J'aimerais vous dire que les cultures ont été bonnes, que les rendements sont bons, qu'on fait des bons profits puis que la détresse... que le psychologique est bon, mais ce n'est pas ça présentement. On est dans un point de non-retour, moi, je vous dis, en agriculture au Québec. On a connu une année désastreuse, oui. Les intempéries, ça a commencé avec le gel, les inondations dans Charlevoix... Non, je dirais plutôt, ça a commencé avec la crise porcine cet hiver dans Charlevoix. 12 producteurs, on a interpellé le gouvernement, on a interpellé le ministre, personne ne nous a répondu. Non, pas vrai, ils nous ont répondu, mais on attend encore les résultats parce qu'il n'y en a pas, de résultat. On a eu les inondations, Charlevoix, 12 producteurs ont perdu plus de 20 hectares de terres. Aujourd'hui, on est rendus... Vous avez vu, c'est la neige, il fait moins 12 dehors. Ces gens-là n'ont pas tout le fourrage que ça prend pour nourrir les animaux. On va faire quoi?

On a le pont de l'Île-d'Orléans. En 2020, on nous annonçait une coupure de charge sur le pont de l'Île-d'Orléans pour les producteurs là-bas, les intrants, les sortants, tout ce qui rentre, tout ce qui sort. Pas de compensation. Les marges de profit sont très diminuées, on le sait, les marges de profit sont minces en agriculture, on vient de nous rajouter une surcharge. Qu'est-ce qu'on fait? On interpelle le ministre des Transports, on interpelle le ministre de l'Agriculture. Pas de réponse. On fait quoi? On interpelle le ministre Julien à trois reprises. On n'a pas eu de réponse. Cet automne, on a refait une demande, le ministre Julien nous a dit : Oui, peut-être en janvier, on va vous rencontrer, peut-être. Les programmes pas adaptés. Qu'est-ce qu'on fait?

Moi, aujourd'hui, je suis là, puis je remercie les députés d'opposition qui nous écoutent, parce qu'eux, ils nous écoutent, ils prennent le temps avec nous. À quand le ministre Agriculture qui va venir s'asseoir avec les producteurs agricoles de la Capitale-Nationale, Côte-Nord, pour discuter? À quand le ministre Julien va accepter de nous rencontrer puis discuter des enjeux? À quand? C'est ça, ma question aujourd'hui : À quand? Merci.

La Modératrice : On va passer à la période de questions. Sébastien Desrosiers, RDI.

Journaliste : Est-ce que vous pouvez nous dire, nous donner une idée de la situation financière des producteurs dans la région après l'année difficile qu'ils ont vécu? Quelle proportion d'entre eux, vous diriez, étaient en difficulté?

M. Laurencelle (Yves) : On parlait, avec le sondage du printemps, qu'il y avait à peu près 10 % des fermes qui étaient... qui pensaient fermer, puis à peu près 50 % des fermes qui avaient une situation critique. Je dirais qu'aujourd'hui il y a plus de 80 % des fermes de la région qui ont une situation financière critique. Ce n'est pas une deuxième carte de crédit qu'on a besoin, c'est de l'aide directe. Puis, oui, M. Lamontagne nous a fait une annonce ce printemps, il nous a annoncé un fonds d'urgence, un fonds d'aide avec trois ans, qu'on n'a pas de capital et intérêts à rembourser. Oui, c'est un premier geste, mais c'est une carte de crédit qu'il nous a donnée puis... Quand tu es en difficulté financière, tu n'as pas besoin de rajouter un fardeau fiscal sur le dos d'un producteur.

Journaliste : Puis, si la situation est si critique que ça, pourquoi, selon ce que vous comprenez, Québec refuse-t-il de vous accorder une aide financière d'urgence supplémentaire?

M. Laurencelle (Yves) : Ça, on ne le sait pas. Si on pourrait discuter un peu plus profondément, on pourrait avoir la réponse, mais la réponse, on ne l'a pas. Puis je ne peux pas vous répondre, je ne le sais pas.

M. Fortin :...là-dessus, si ça ne te dérange pas. Puis là les mots sont les miens, ils n'appartiennent pas aux gens de l'UPA derrière moi, là. Mais les programmes que le ministre a mis en place... Quand on met des programmes d'urgence, il faut qu'ils soient disponibles de façon urgente. Ce n'est pas normal qu'on ait des producteurs qui nous aient dit : Ah oui, ça a pris trois, quatre, cinq, six mois avant d'être capables d'accéder à des fonds qui sont supposés être des fonds d'urgence pour pallier à des situations qui sont vraiment difficiles à court terme, pour être capables de payer ses intrants, pour être capables de payer les gens de l'ensemble de la communauté avec qui ils font affaire sur une base régulière. Ces programmes-là, le fait que ça a été mis en place de façon, un, insuffisante et, deux, que ça prenait beaucoup de temps pour certains producteurs d'y avoir accès, bien, ça a fait en sorte d'empirer la situation financière de beaucoup de producteurs agricoles.

Puis je vous dirais, encore là, ça vient de moi et je ne prête pas... je ne prête pas d'intention à qui que ce soit autour, là, le ministre de l'Agriculture, il est rendu blasé. Ça fait presque six ans qu'il est en poste, et l'impression qu'il donne, c'est que ça ne lui tente plus. Un ministre de l'Agriculture, ça se doit d'être en lien constant avec ses producteurs. Ça se doit d'être en lien constant pour comprendre la réalité des producteurs, pour s'assurer que quand il y a une saison difficile, ils réussissent à passer au travers. On n'a pas le sentiment d'urgence en ce moment de la part du ministre Lamontagne. Il a besoin de l'avoir pour des producteurs, ici, dans la capitale, mais partout ailleurs au Québec.

M. Paradis : Et si je peux me permettre de compléter, vous savez, là, depuis deux semaines, on parle beaucoup aussi d'une fameuse subvention, hein, de 5 à 7 millions, octroyée aux milliardaires du hockey. Et beaucoup nous ont répondu : Oui, mais c'est seulement 5 à 7 millions de dollars. Bien, on était avec les gens de l'UPA tout à l'heure qui nous disaient, sur la question du pont de l'Île-d'Orléans... Hein, donc le pont de l'Île-d'Orléans, il y a eu une diminution de la charge permise pour des raisons de sécurité que les agriculteurs comprennent bien, mais pour eux c'est des difficultés additionnelles. J'ai compris qu'avec 2 millions de dollars sur sept ans, on aurait pu compenser les pertes qu'ils subissent actuellement. Donc, c'est une question, voyez-vous, là, de priorités et d'équilibre. Puis, dans le cas des Kings de Los Angeles, ça semble s'être passé très, très vite. Dans le cas des gens dont on parle aujourd'hui, donc, ça fait des mois et des mois qu'ils veulent seulement rencontrer l'un des ministres responsables de leur dossier. Ça indique encore une fois la question du deux poids deux mesures et la question des priorités de ce gouvernement.

M. Zanetti : Je voudrais ajouter quelque chose sur la CAQ et l'agriculture, là. C'est un gouvernement qui avait dit qu'il protégerait le Québec. On ne protège pas le Québec, puis on ne défend pas le Québec, puis on ne défend pas les agriculteurs et les agricultrices parce que, quand on fait ça, quand on laisse les choses aller comme le fait le gouvernement à l'heure actuelle, on met en péril l'intérêt national du Québec. Et ça, c'est grave. Ça va nous rendre dépendants. Ça va avoir des conséquences catastrophiques sur les générations futures. Et la CAQ doit se ressaisir.

Journaliste : Puis peut-être une dernière question. Vous avez fait état, évidemment, de l'importance de protéger les terres agricoles. Il y a une consultation en cours sur les activités agricoles. Je crois comprendre que vous avez des inquiétudes en lien avec cette consultation-là. D'abord, est-ce que vous savez où elle est rendue? Puis quelles sont ces inquiétudes-là au juste?

M. Laurencelle (Yves) : Bien, on ne sait pas où est-ce qu'ils sont rendus. Les résultats, on ne les a pas, on va les avoir l'année prochaine. Moi, je reste inquiet. Je reste très inquiet parce que, quand tu développes, tu ouvres la Loi de la protection du territoire agricole avec le principal responsable du grugement puis de l'étalement urbain, le ministère des Affaires municipales, c'est notre principal compétiteur, si on veut l'appeler comme ça, moi, je ne trouve pas que c'est sain.

Expliquez-moi comment qu'une loi qui est supposément trop rigide, trop dure, puis que les municipalités ne sont pas capables de rien faire, ce qu'ils nous disent, puis qu'en 10 ans on a perdu plus de 9 000 hectares de terres au Québec dans une loi qui est supposément trop rigide. Ça va être quoi quand on va y donner un peu de souplesse? Ça veut dire que c'est la fin de l'agriculture. C'est la fin des terres agricoles autour de Québec, autour de Montréal, autour des grandes villes. Moi, je trouve que c'est une aberration, je le répète. Je respecte le ministre de l'Agriculture, mais c'est une aberration d'avoir ouvert cette loi-là avec le ministère des Affaires municipales.

Journaliste : O.K. Merci beaucoup.

La Modératrice : Merci. C'est ce qui complète ce point de presse.

(Fin à 9 h 54)