(Onze heures deux minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Content de vous retrouver ce matin à l'Assemblée nationale. Par
où commencer? Par où commencer? Il y a des centaines de milliers de personnes
en grève aujourd'hui, au Québec, parce qu'on ne leur offre même pas l'inflation
comme augmentation de salaire, en pleine crise du coût de la vie. Il y a des
centaines de milliers de Québécois, chaque mois, qui vont dans les banques
alimentaires. Il manque 8 millions de dollars pour bien les financer,
ces banques alimentaires là. Et, ce matin, le ministre des Finances est venu
défendre sa décision de subventionner à coups de millions une entreprise multimillionnaire,
les Kings de Los Angeles. Je ne sais pas par où prendre ça, tellement que c'est
une situation absurde. J'écoutais M. Girard tantôt et je suis désolé d'utiliser
des gros mots, mais les arguments qu'il utilise pour défendre sa décision sont
tout simplement pathétiques.
Puis on va quand même rappeler les faits,
là. Ce n'est pas une décision d'Eric Girard, là, c'est une décision qui a été
validée par le Conseil des ministres. Donc, le responsable de cette
décision-là, c'est François Legault. M. Girard essaie, c'est très habile de sa
part, de prendre sur ses épaules les critiques impressionnantes qu'on voit
depuis les derniers jours, mais le responsable de cette décision-là, c'est
François Legault. Puis c'est à lui à répondre à vos questions. Comment ça se
fait qu'il a donné son go à une décision aussi absurde, à une décision qui met
de l'huile sur le feu dans les négos du secteur public, une décision qui
alimente le cynisme, une décision qui est injustifiable à tout point de vue?
Si on avait voulu inventer, nous, à Québec
solidaire, si on avait voulu inventer de toutes pièces un exemple pour
illustrer le dérèglement des valeurs de ce gouvernement-là, je pense qu'on
n'aurait même pas trouvé un exemple comme ça. C'est un symbole qui est
tellement fort, qui est tellement révélateur de la perte de repères complets de
François Legault et de son équipe. Comment ont-ils pu penser que les Québécois,
que les Québécoises allaient accepter ça?
Je veux bien, là, que le monde aime le
hockey à Québec puis au Québec. Moi, j'aime ça aussi le hockey, puis c'est vrai
que les Québécois aiment le hockey, mais ils aiment aussi avoir des travailleurs,
travailleuses dans leurs services publics. Ils aiment encore plus que tout le
monde soit capable de faire son épicerie puis que, quand ils ne sont pas
capables, bien, les banques alimentaires ne manquent de rien. Les Québécois,
ils aiment tout ça, encore plus qu'ils aiment le hockey. Puis ça, ça vient d'un
gars qui aime pas mal ça, le hockey.
Moi, mon message pour François Legault, ce
matin, c'est : Il n'y a pas de mal à reconnaître une erreur quand on en a
fait une. Il n'y a pas de mal à reculer quand une décision est aussi de toute
évidence mal avisée. On va déposer une motion, ce matin, pour que François
Legault recule sur cette décision-là. Puis je suis même prêt à lui promettre
que, s'il recule, ce matin, là, on ne lui en reparlera plus jamais, de cette
erreur-là. On ne l'agacera pas avec ça pendant trois mois, là, mais là la seule
décision responsable dans le contexte, voyons donc, c'est de reculer sur une
décision qui ne passe pas, point final.
Mme Massé : Oui, bonjour tout
le monde. En fait, ce matin, moi, je vais venir vous parler des travailleurs et
travailleuses de l'État qui sont dans la rue, ils sont dans la rue pour nos
services publics. Cette semaine, vous savez, il y a... Ça va être difficile
pour beaucoup de Québécois et Québécoises, considérant que, quand tu te fais
annuler un rendez-vous pour une opération ou quand il faut que tu te trouves un
plan B pour les enfants, ça rend ça compliqué. On reconnaît ça. Mais ce qu'on
entend surtout et ce qu'on voit surtout, c'est comment les Québécois et
Québécoises sont derrière les travailleurs et travailleuses de la santé, des
écoles, les infirmières, les profs. C'est une grève qui est très importante,
hein, cette semaine, trois jours en ligne. C'est une grève qui est très importante
parce qu'elle touche tout le Québec puis elle touche plusieurs secteurs
d'activité.
Ça fait plusieurs fois déjà qu'on va sur
les lignes de piquetage, à différents moments donnés, on voit bien que les
femmes, parce que c'est surtout des femmes, et les hommes qui sont là le sont
pour les bonnes raisons. Premièrement, ils ne veulent pas s'appauvrir, c'est
une bonne raison, ça. Qui, ici, voudrait s'appauvrir? Puis, par la suite, bien,
ils ne veulent pas que nos services publics s'effritent encore plus. Et ça,
pour nous à Québec solidaire, c'est aussi très, très, très important.
Alors, moi, j'invite la population, que je
sais derrière, parce que, quand on est sur les lignes de piquetage, on
l'entend, là, ça klaxonne pas mal quand les gens passent, j'invite les gens à
prendre contact avec... s'ils connaissent des infirmières, des enseignantes,
des inhalos, peu importe, dans le système de santé ou l'école, prendre le
téléphone, appeler les gens qu'ils connaissent pour les encourager, parce qu'il
va faire froid un peu cette semaine, là, ça demande du courage d'aller défendre
ses idées et surtout de dire au gouvernement du Québec qu'ils ne veulent pas
être appauvris et ils veulent que les services publics soient maintenus. Et si
toutefois vous n'en connaissez pas, bien, vous pouvez aller sur les lignes de
piquetage, il va y en avoir durant les trois prochains jours. Nous, on va y
retourner à Québec solidaire avec le caucus, on va aller s'assurer que les gens
sur les lignes de piquetage savent qu'il y a un parti politique qui va les
backer, qui va les appuyer jusqu'au bout pour que, minimalement, ils puissent
avoir... qu'ils ne s'appauvrissent pas.
Je suis un petit peu émotive. C'est ma
dernière semaine comme porte-parole de Québec solidaire. Je ne voulais pas prendre
de chance, avec mon équipe, on s'est dit : Bien, peut-être, tu ne referas
pas de «hot room» cette semaine. Alors, moi, j'avais... je voulais prendre
quelques instants pour... Je ne m'en vais pas, vous le savez, on va se revoir,
mais pas comme porte-parole. C'est une nouvelle étape qui va commencer la
semaine prochaine pour mon parti. C'est sûr qu'après sept ans comme
porte-parole, 10 ans comme députée, j'en ai fait des «hot room».
D'ailleurs, mes premiers, il n'y avait personne, ça fait que je parlais avec la
caméra, ça a été... d'ailleurs, j'ai été bien accompagnée par les techniciens
de l'Assemblée nationale. Mais aujourd'hui, ça me fait juste dire que la
prochaine étape pour moi, elle va être importante, de ne plus être la duo de
Gabriel, mais je voulais vous remercier. Je pense à des gens qui, en fait, qui
m'ont formé, hein, je pense à Cathy, à Alain, vous m'avez aidé à devenir une
meilleure porte-parole, tous les autres aussi, et je vous en remercie beaucoup.
Journaliste : Allez-vous être
une belle-mère?
Mme Massé : Pardon?
Journaliste : Allez-vous être
une belle-mère?
Mme Massé : Ce n'est pas mon
genre, ça, M. Laforest, ce n'est vraiment pas mon genre, je vais être une
députée qui va avoir plus le temps de faire sa job de députée, ça fait que
peut-être ça va être fatigant pour certains, probablement pour le gouvernement,
mais je ne pense pas que je vais être une belle-mère, ce n'est pas mon genre.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
vous dites que, dans les négociations, c'est d'appauvrir les travailleurs et
travailleuses actuellement.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Journaliste : Alors, je vous
reviens avec la question qu'on vous pose depuis des semaines : Un
pourcentage décent pour Québec solidaire, c'est quoi?
M. Nadeau-Dubois : Nous,
pour... Bien, d'abord, c'est aux travailleurs puis aux travailleuses de décider
qu'est-ce qui fait leur affaire, mais il y a un strict minimum pour nous.
Journaliste : Ne détournez
pas la question.
M. Nadeau-Dubois : Le strict
minimum, là, c'est pas d'appauvrissement. Si on était... si Québec solidaire
formait le gouvernement, là, ce serait le strict minimum sur lequel on
s'entendrait avec les travailleurs, les travailleuses. Pas d'appauvrissement,
ça, ça veut dire pas de perte de pouvoir d'achat et, en ce moment, l'offre du
gouvernement correspond à une perte de pouvoir d'achat.
Journaliste : ...le
gouvernement, c'est qu'il couvre l'inflation qui est à 12,8 %, et avec ce
qu'il donne, ça couvre l'inflation. Donc, vous, vous n'êtes pas d'accord avec
ça. Votre chiffre, il se situe où? C'est 13 %, c'est 14 %, c'est
15 %?
M. Nadeau-Dubois : Ce que
fait François Legault, là, c'est dire un chiffre dans les médias, mais déposer
un autre chiffre à la table de négociation. À la table de négociation, là, ce
sont des documents publics, j'invite tout le monde à aller les lire, c'est
écrit que l'augmentation proposée, c'est 10,3 %. Mais après ça, quand
vient le temps de passer à la télé, François Legault prend ce 10.3 %-là, il
rajoute des nouvelles embauches, donc des aides à la classe, il rajoute des
primes, il rajoute quelques augmentations différenciées, il fait une belle
grosse salade avec ça puis il dit : Toute cette salade-là, ça équivaut
pour moi à un effort de 14,8 %. Pour les travailleurs, travailleuses, en
moyenne, de manière générale, cette offre-là, c'est moins que l'inflation.
Journaliste : Mais
M. Nadeau-Dubois, vous êtes conscient que ce que vous dites, c'est à peu
près ce qu'a dit Éric Duhaime en fin de semaine au niveau de... Dans le flou,
là, c'est...
M. Nadeau-Dubois : Bien, vous
m'apprenez... Je ne connaissais pas la position de M. Duhaime.
Journaliste : Bien, il a dit
lui aussi que le gouvernement devait être plus généreux et faire en sorte que
les employés ne soient pas pénalisés par l'inflation, vous êtes à l'aise avec
ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
veux dire, bien, même une horloge arrêtée donne l'heure juste deux fois par
jour, là, je veux dire, ça se peut que moi puis M. Duhaime, on soit
d'accord là-dessus... m'empêche pas de dormir. Nous, on dit, depuis le
début : On ne va pas négocier à la place des travailleurs, travailleuses,
mais le strict minimum, le strict minimum, c'est pas d'appauvrissement. Est-ce
qu'on peut demander aux travailleuses puis aux travailleurs de perdre du
pouvoir d'achat?
Journaliste : Il est où le
plancher d'inflation pour vous?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il
faut prendre les prévisions d'inflation des prochaines années...
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Bien, pour
être bien honnête, monsieur...
Journaliste : ...14,8?
M. Nadeau-Dubois : M.
Laforest, pour être bien honnête, par cœur, là, les projections d'inflation
pour les trois, quatre prochaines années, je ne les connais pas par cœur, mais
nous, ce serait la posture avec laquelle on débarquerait à la table de
négociations si on était au gouvernement, de dire : Entendons-nous sur des
prévisions d'inflation. Et, pour nous, l'inflation, c'est le strict minimum, le
strict minimum. On ne peut pas demander à des gens de s'appauvrir en
travaillant dans nos écoles puis nos hôpitaux.
Journaliste : On pourrait
essayer une dernière fois, là : pas d'appauvrissement, c'est combien?
M. Nadeau-Dubois : Ça veut
dire, minimalement, que les salaires des travailleurs, travailleuses dans le
secteur public, minimalement, c'est le strict minimum, suivre l'augmentation de
l'inflation au Québec sur la durée de la convention collective.
Journaliste : Je veux vous
ramener sur les Kings. Tantôt, vous avez faire le lien entre les négociations
et la subvention de 5 à 7 millions, là, qu'on s'entend que ce n'est pas les
mêmes... de commune mesure. M. Legault a dit que c'était faire de la petite
politique de faire ce genre de parallèle là. Vous en pensez quoi?
M. Nadeau-Dubois : Je ne
pense pas que donner 7 millions pour deux matchs présaison, c'est faire de la
grande politique. Je pense que c'est faire des petits choix de société. Je
pense que le Québec, je pense que les Québécois, Québécoises, oui, ils sont en
amour avec leur sport national, mais, en ce moment, ils voient du monde faire
la file devant les banques alimentaires, notamment la banque alimentaire qui
est en face du Centre Vidéotron, puis entre s'assurer que tout le monde mange
puis payer un lunch à Philippe Danault, je pense que les Québécois,
Québécoises, ils préfèrent que tout le monde mange. Pis je n'ai rien contre
Philippe Danault, c'est un super bon joueur, mais j'entendais M. Girard,
tantôt, dire : Oui, on va payer les repas des joueurs. Je veux dire, il
n'y a personne de d'accord avec ça au Québec. Je veux dire, c'est absurde.
Journaliste : Vous appuyez le
front commun. Je vous ai vu dans les rues avec les grévistes, et tout ça, les
manifestants. Jusqu'à quand vous allez appuyer le front commun? C'est-à-dire,
s'il y a une grève, par exemple, générale illimitée pendant deux semaines,
trois semaines, est-ce que vous allez les appuyer jusqu'au bout?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
est de tout cœur avec les travailleurs, avec les travailleuses qui sont en
grève. Les choix de moyens de pression, c'est des choix qui leur appartiennent,
mais, au moment où on se parle, là, et les chiffres le prouvent, les Québécois,
les Québécoises sont derrière les travailleurs, travailleuses qui font la
grève. Et tout le monde le sait, là, que la stratégie de François Legault, ça
va être de diviser pour mieux régner. Tout le monde le sait. C'est toujours ça
que font les gouvernements, puis, nous, on n'embarquera pas là-dedans, on va
être du bord des Québécois, Québécoises, du bord des travailleurs,
travailleuses, puis on va les appuyer dans leurs moyens de pression.
Journaliste : Mais vous,
donc, est-ce que vous allez les appuyer jusqu'à la fin si ça dure deux
semaines?
M. Nadeau-Dubois : Bien là,
je veux dire, à... Le droit de grève, au Québec, il est encadré légalement,
c'est un droit légitime. Et, oui, on va les appuyer dans l'exercice de leurs
moyens de pression à l'intérieur de ce cadre-là, bien sûr.
Journaliste : Concernant le
hockey, si je peux me permettre, vous êtes un amateur de hockey notoire, vous,
là, vous pensez que c'est quoi, les chances qu'il y ait une équipe de la LNH à
Québec? M. Girard a dit tantôt que c'était de l'ordre de 10 %, oui.
M. Nadeau-Dubois : Donc, il
parie 7 millions avec 10 % de chances de succès. Je ne sais pas, c'est
censé être des comptables, ces gens-là, je trouve ça audacieux. Moi, dans mon
cœur, là, j'aimerais ça, voir de mon vivant la rivalité Canadiens-Nordiques.
J'aimerais ça, une équipe à Québec. On a déjà mis 400 millions de notre argent
dans le Centre Vidéotron. Il me semble que, là, les fonds publics, dans ce
dossier-là, ils ont fait leur part, là.
Les arguments de M. Girard sont
pathétiques. Il a même dit, tantôt, je ne sais pas si vous l'avez capté, là, il
a même dit : Oui, mais c'est les matchs à la fin du camp d'entraînement,
ça fait qu'on va avoir un bon alignement, un alignement complet. Il a-tu parlé
avec le coach pour s'assurer sur quelle ligne Philippe Danault allait jouer?
C'est le coach qui décide qui qu'il y a dans le line-up, là, ce n'est pas le
ministre des Finances du Québec. Je veux dire, je suis désolé, là, mais, je
veux dire, c'est absurde. Puis je suis désolé, dire des affaires comme ça, là,
c'est prendre les Québécois puis les Québécoises pour des valises. Puis,
ustement, je ne suis pas le seul fan de hockey au Québec, ça fait que je suis
pas le seul qui va entendre un ministre des Finances dire : Oui, oui, on
va avoir un bon alignement. Voyons donc! Il a-tu mis ça dans son contrat? Je
veux dire, c'est ridicule.
Journaliste : ...vous lui
demandez de reculer, mais briser un contrat avec un promoteur puis la Ligue
nationale de hockey qui est déjà signé, actuellement, ça pourrait coûter aussi
des millions de dollars, ça. Donc, vous êtes prêt à payer des millions de fonds
publics pour ça?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
le connais pas, le contrat, ça fait que j'ai de la misère à répondre à votre
question. Je ne le sais pas, c'est quoi qui est prévu, en cas d'annulation,
mais, à un moment donné, là...
Journaliste : ...brise un
contrat, il y a des pénalités, normalement, là.
M. Nadeau-Dubois : Parfois,
puis parfois... je veux dire, chaque contrat est différent. Moi, je ne le sais
pas, qu'est-ce qu'il y a dans le contrat, mais, je veux dire, à un moment
donné, là, le gros bon sens a ses droits, là, puis c'est injustifiable. Puis
c'est sûr que... J'entendais M. Girard dire : C'est juste 7 millions. Oui,
oui, mais c'est un symbole qui est très fort. Pourquoi les gens réagissent
autant si c'est juste 7 millions? Les gens, ils le savent, là, que ce n'est pas
avec 7 millions qu'on va signer une nouvelle convention collective. Les
Québécois, Québécoises, c'est des gens intelligents, ils savent ça.
Mais le symbole est insultant. Le symbole
est insultant parce que ça reflète le dérèglement des valeurs de ce
gouvernement-là. C'est comme si ce gouvernement-là n'avait plus de boussole de
valeurs pour prendre des décisions. Ça a été approuvé en Conseil des ministres,
ça veut dire qu'il n'y a pas un seul ministre, une seule ministre qui, autour
de la table, a levé la main pour dire : Moi, j'ai des groupes
communautaires, là, qui font la file, puis je leur dis non, puis là on va faire
ça. Il n'y a personne qui a allumé autour de la table. J'avoue que ça me
renverse.
Mme Massé : Oui, je voudrais
juste compléter, parce que, moi aussi, ça me renverse. De l'autre main, tu as
parlé des négociations du secteur public, moi, je vais parler du monde qui
ont... le coût de la vie est tellement cher, qu'ils n'arrivent pas, même s'ils
travaillent 40 heures semaine, 50 heures semaine, à remplir leurs
paniers d'épicerie. Eux autres, là, et là je dirais à M. Girard, c'est juste
8 millions de plus qu'ils avaient besoin. M. Girard a décidé de ne pas le
donner à cette étape-là. Alors, moi, c'est ça qui me choque. Quand on parle de
dérèglement de valeurs, là, c'est là que je vois le dérèglement, la déconnexion
du gouvernement qui fait : Ah! ça va être le fun, le hockey, on va
soutenir financièrement, on va payer des lunchs à du monde qui, entre vous et
moi, là, ne font pas la file des banques alimentaires et qui ne la feront pas
pour le reste de leurs jours. Complètement déréglé.
Journaliste : Parlons des
hausses de salaire des députés. Est-ce que Québec solidaire va accepter
l'indexation?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, la confusion de la CAQ, dans ce dossier-là, est totale, et son
hypocrisie aussi. On a proposé, en commission parlementaire, de la suspendre,
l'indexation, et la CAQ a battu notre proposition. Et ça, ce n'est pas il y a
trois ans, c'est il y a quelques mois. Première chose. Donc, aujourd'hui, de
toute évidence, paniquée face à l'état de l'opinion publique, la CAQ essaie
d'improviser une solution. Il faut rappeler que cette indexation-là, elle
existe à chaque année depuis très longtemps. Tout le printemps, le
gouvernement, le premier ministre lui-même a répété sur toutes les
tribunes : Les salaires des députés n'ont pas augmenté depuis des années.
C'était faux. Nous, on s'évertuait à le répéter en disant : Bien, non, ils
sont indexés à chaque année, nos salaires, donc il n'y a pas d'urgence de
procéder à une explosion de 30 %.
Donc là, la CAQ vient d'allumer que leurs
propres salaires sont indexés, je ne sais pas, ils avaient l'air de ne pas le
savoir, et là ils improvisent une suspension juste pour la première année, si
j'ai bien compris, de cette indexation-là, qui va être de... bon, ça va
dépendre de l'entente du front commun, disons 10 %, 12 %, 13 %,
14 %, 15 %, mais ils vont garder le 30 % d'augmentation, le
30 000, 40 000, 50 000 d'augmentation. Je veux dire, il n'y a
aucune cohérence là-dedans. Nous, on a toujours dit : C'est correct que
les salaires des députés soient indexés. Ils le sont, on ne s'opposait pas à ce
qu'il y ait une indexation progressive comme c'est le cas depuis des décennies.
Par contre, le projet de loi qui vient faire exploser les salaires, ça, ça n'a
pas de bon sens. Puis les membres du caucus solidaire ont annoncé ce qu'ils
allaient faire avec la hausse
Journaliste : ...l'indexation
puisque vous êtes d'accord avec l'indexation?
M. Nadeau-Dubois : On verra
ce que la CAQ va faire. On ne sait même...
Journaliste : ...pas la même
avec 30 % de plus puis 30 % de moins.
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça
ne s'applique pas sur le même montant. On verra, parce que, là, la CAQ ne nous
dit même pas s'ils vont modifier ou pas la loi. Si la CAQ nous fait une
proposition législative, on va l'examiner puis on va se positionner sur la
modification législative. En ce moment, c'est tellement flou, la position du
gouvernement lui-même, c'est tellement chaotique qu'on va attendre de voir leur
proposition avant de se positionner.
Journaliste : ...juste une
précision... bien, pas une précision, mais une question, en terminant, sur le
livre de Mme Dorion, là. Vous n'étiez pas ici la semaine dernière, mais il y a
comme une critique...
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas parce que je ne voulais pas, c'est que ça ne siégeait pas.
Journaliste : Non, mais il y
a comme une critique...
M. Nadeau-Dubois : Je serais
venu tous les jours, sinon, répondre à vos questions.
Journaliste : ...et là on la
voyait par un ancien employé de l'aile parlementaire que, depuis quelque temps,
vraiment, les décisions sont centralisées, que c'est difficile d'avoir des
opinions divergentes de la vôtre, finalement. Est-ce que c'est une critique que
vous entendez? Est-ce qu'il y a une certaine remise en question de votre part
de ce côté-là? Puis, Mme Massé, j'aimerais ça vous entendre aussi, parce qu'on
dit qu'il y a beaucoup de femmes qui ont quitté, des militantes, des employées,
ce n'est pas précisé, mais est-ce que vous avez remarqué? Mais un ou l'autre,
là, mais je veux vous entendre les deux.
Mme Massé : Bien, je vais...
parce qu'il y a une question directe à Gabriel, je ne vais pas répondre pour
lui, comme je n'accepterai jamais qu'il réponde pour moi. Bien sûr que la
critique, à Québec solidaire, on l'accepte tout le temps, là. Je veux dire,
c'est l'ADN de Québec solidaire depuis 17 ans, bientôt 18, parce que c'est
de même qu'on grandit. Et, dans ce sens-là, pour moi, ce que je vois dans... et
ce que j'entends dans les dernières semaines, c'est déjà des choses adressées, c'est
déjà des choses qu'on tient à coeur, tu sais, améliorer les conditions de
travail, améliorer l'expérience député, c'est essentiel. Puis moi, je vous
rappellerais, dans les quatre ans où Catherine a été là, c'était moi, la cheffe
parlementaire.
Journaliste : Est-ce que vous
trouvez que votre rôle a été suffisamment, un peu, mis en valeur dans son
livre? Il y en a qui disaient que vous étiez comme complètement accessoire.
Mme Massé : Bien,
écoutez, je veux dire, le livre de Catherine, je ne vais pas réagir sur chacune
des affaires qu'elle dit parce qu'elle en dit beaucoup. Mais ceci étant dit,
c'est clair que c'est l'expérience de Catherine. Et aussi, ce que je tiens à
dire, c'est, tu sais, je vois à quel point elle a été blessée par cette expérience-là,
et ça, moi je ne voudrais jamais ça ni pour un membre de mon caucus ni pour
aucun parlementaire. Alors, ça, ça me fait beaucoup de peine. Et, bien sûr,
comme je l'ai dit, bien, je pense que Catherine n'était pas dans mes souliers,
ça fait qu'elle ne sait pas comment tous les... comment je faisais mon travail,
en fait, d'une certaine façon. Alors, mais je la laisse...
Journaliste : ...
Mme Massé : Pardon?
Journaliste : Pour vous, son
livre, c'est un cri du cœur, parce que M. Nadeau-Dubois a répété ça la
semaine passée, elle est blessée, vous dites qu'elle est blessée, donc elle a
écrit ce livre-là parce qu'elle est blessée?
Mme Massé : Bien,
écoutez, vous lui poserez les questions, le pourquoi elle a écrit ce livre-là,
là.
Journaliste : ...vous avez
dit?
Mme Massé : Bien, c'est
l'impression que ça nous donne quand on lit le livre, là... bien, pas «c'est
l'impression», je veux dire, elle est blessée. Pourquoi elle a écrit le livre,
ça, je la laisse répondre pour elle-même. Mais oui, si vous l'avez lu...
Journaliste : ...vous lui
avez dit qu'elle ne jouait pas dans l'orchestre? C'est ce qu'elle écrit aussi.
Mme Massé : Écoutez, je
pense que Catherine a fait son travail de députée. Je pense que nous l'avons,
je l'ai accompagnée personnellement, comme tous mes députés, parce que j'en
étais la cheffe parlementaire, de cette première aile parlementaire de Québec
solidaire. Et c'est clair que je n'ai pas réussi, puisqu'elle sort de là
extrêmement blessée. Et ça, c'est triste.
Journaliste : Mais est-ce que
vous vous sentez coupable comme Mme Labrie? Mme Labrie a dit qu'elle
se sentait coupable quand elle avait lu le livre, est-ce que c'est votre cas?
Mme Massé : Coupable,
non, parce que je... Comme je vous dis, on a mis, dans ce quatre ans là, sur
pied une première aile parlementaire avec tout ce qu'on avait besoin comme
processus, décisions à prendre, puis il y en a, là, dans la mise sur pied.
Vous, vous voyez toujours le travail accompli, mais il y a beaucoup de job à
faire derrière tout ça. Et de faire qu'autant... disons, là, je parle de
l'époque, autant Catherine que Vincent Marissal trouvent leur place dans cette
aile parlementaire là, j'avais travaillé pas pire à ça. Est-ce que je me sens
coupable? Je me sens triste.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois?
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Rappelez-moi, c'était quoi, le bout de la question pour moi parce qu'il y a eu
plusieurs interactions.
Journaliste : Est-ce qu'il y
a suffisamment de place à Québec solidaire pour exprimer des opinions
divergentes aux vôtres? Puis, est-ce que ce sont des enjeux qui vous ont été
rapportés par les employés actuels de Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Si
vous... Bien, d'abord, tu sais, dans le cas de la lettre spécifique dont vous
parlez, tu sais, moi j'ai lu, j'entends, je prends acte, mais on ne va pas
traiter de questions de ressources humaines en point de presse.
Pour ce qui est de la place du débat à
Québec solidaire, je pense que vous êtes parmi les mieux placés au Québec pour
témoigner du fait qu'il y en a, du débat, à l'interne de Québec solidaire, il y
en a beaucoup. Il y en a à chaque instance, puis il y a des instances souvent,
il y a des propositions qui viennent de plein d'associations, il y a des
propositions qui viennent de la direction du parti, elles sont parfois
adoptées, elles sont parfois battues. Des fois, il m'est arrivé de gagner des
votes en instance, il m'est arrivé d'en perdre aussi. On se fait parfois
critiquer par nos membres en instance aussi, on est là, on écoute, on entend.
Québec solidaire, comme toutes les formations politiques, n'est pas un parti
parfait, mais dans la liste de nos défauts, le fait de ne pas avoir de débat,
je pense que ça n'en fait pas partie. Suffit d'être témoin d'une instance du
parti, je pense, pour voir qu'il y en a, du brassage d'idées à Québec
solidaire.
Journaliste
: Mr. Nadeau-Dubois, you made the comparison yourself earlier, and we
heard it from the teachers on the picket lines this morning, they're asking for
salary increases, in the meantime they see 5 to 7 million dollars going to the
L.A. Kings. We heard Mr. Girard this morning say that it's just 5 million
dollars, that that won't make… or break the negotiations in the public sector.
What do you say to that argument?
M. Nadeau-Dubois : You know, Quebeckers
are intelligent, they know that 5 million dollars would not solve all the
problems of Québec. But they see the symbol and they see the chocking symbol of
a government that has lost, completely lost track of its values, of what's
important for Quebeckers. Quebeckers expect their government to help
them with the housing crisis, with the cost-of-living crisis, with the climate
crisis. They don't expect the Government to give $7 million to a multimillion
hockey club. I mean, it's… the arguments of the Government are pathetic. It is impossible in the context to justify such a
decision. And it's putting oil on the fire of the negotiations with the public
sector workers. Imagine how insulted they feel? And they are… a number of them
are wearing L.A. Kings jerseys this morning on their picket lines, because
it's… the symbol is shocking and I would even like to say : If we… if you
had asked me to invent a fictitious symbol or example of the disconnection of
that Government, I would never
have been able to invent such a clear example.
Journaliste
: But do you not think that it's… Realistically, is it not too late
for the Government at this
point to come back?
M.
Nadeau-Dubois : I don't know the specifics of
the contract, but it's a decision that erodes the confidence of the public in
the Government, and in our
institutions. Imagine if you're someone who is going to a food bank, and the
amount of food you receive in your basket is going down, because the food bank
doesn't have enough money to buy stuff. And then you turn on the TV, and you
see Mr. Girard saying : Oh! We have $7 million just lying around for the
L.A. Kings to do two preseason games. Imagine how you feel. I am hurt by that
decision, but I have a good salary, I don't struggle to do the grocery every
day. Imagine if you're someone struggling. Imagine the insult. Such decisions
are doing a lot of damage to our democracy.
Journaliste
: Mr. Girard said that he would give the $8 million that the network
of the food banks is missing. He justified his project and this 5 to 7 million
subsidy because he needs to do something to bring back the Nordiques to Québec
city. And then Legault added last week that Quebeckers in Québec city love
hockey. So, don't you think it makes sense, all this?
M.
Nadeau-Dubois :You
know, Quebeckers love hockey, Quebeckers are in love
with their national sport, personally, I do love a lot hockey, but they love
something else even more, which is to have a society where people can eat if
they work fulltime, a society where the people working for us in our schools,
in our hospitals have good working conditions and can give good services to the
population. The fact that François Legault seems to think that the love of
hockey is superior to the love of those other things is a testament to the
respect he gives to Quebeckers.
Journaliste
: And… the statement Québec solidaire is
making in asking the Auditor General to investigate this subsidy?
M.
Nadeau-Dubois : Well, the decision in itself is unjustifiable. But the
way the decision has been made is also very questionable. I mean, it's a fund
that's supposed to help community organizations and small businesses, and it's
used to sign a huge check to a multimillion-dollar hockey club. It… That money
is not supposed to be used for that. It's a very, very disturbing news of that
program, and the only tool we have to investigate that spending and the way the
decision has been taken is the Auditor General.
Journaliste
:
How do you think the strikes should go, in your opinion?
M.
Nadeau-Dubois : Well, that decision lies into the hands of the workers
themselves. But what I see right now is that people are angry. I think they're
more angry than ever before. Because the people in strike today, they go to the
grocery and they see that with their paycheck, each time they go to the
grocery, they have to do more and more difficult choices, because their salary
is not following the cost of everything in Québec. So, of course, they strike
and of course we are with them.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
M.
Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 32)