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(Onze heures quarante-neuf minutes)
Mme Labrie : Bonjour, tout le
monde. Je suis ici, ce matin, en compagnie de travailleurs, travailleuses de l'Institut
Pinel. Ce matin, on a demandé au gouvernement de mandater la CNESST pour faire
une enquête sur la situation de la sécurité à l'Institut Pinel. Dans les
derniers mois, il y a eu des incidents extrêmement préoccupants. Moi, je suis
allée sur place rencontrer les travailleurs et travailleuses, il y en a
plusieurs qui m'ont mentionné craindre pour leur vie. On a fait des démarches,
dans les dernières semaines, pour demander au gouvernement de déclencher cette
enquête. Ils ne l'ont pas fait, ils viennent de le refuser encore ce matin.
Moi, ça m'inquiète, parce que ce que je veux éviter à tout prix, c'est qu'on
attende un rapport de coroner pour prendre les moyens de mieux protéger les
gens qui travaillent à l'Institut Philippe-Pinel, qui vivent des situations
préoccupantes au quotidien. Donc, je vais céder la parole aux travailleurs,
travailleuses aujourd'hui.
Mme Desormeaux (Marie-Ève) : Bonjour.
Je suis un peu émotive aujourd'hui, parce que je me demande comment je vais
retourner voir les travailleurs puis leur dire que son employeur, le
gouvernement, ne prend pas ça assez au sérieux. Je ne sais pas si vous pouvez
vous imaginer comment on se sent quand il y a un grand gaillard de 6 pieds 4,
200 livres, qui pleure dans ton bureau parce qu'il a eu peur de mourir
dans son quart de travail. Ce n'est pas normal de ne pas savoir si tu vas
quitter, le soir, en terminant ton chiffre.
En chiffres, gros, gros, l'Institut
Philippe-Pinel, c'est 800 membres, au syndicat SCFP 2960, 200 patients. On a
700 griefs, on a 14 plaintes, à la CNESST, en deux ans. Il y a 432 dossiers d'ouverts
à la CNESST. Je vous rappelle que j'ai 800 membres. Nos formations sont
désuètes. Les recommandations de l'ASSTSAS et de la CNESST ne sont pas
appliquées, et ce, depuis 2018. On judiciarise nos relations de travail. On
amène les travailleurs au TAT parce qu'il applique des droits qui sont prévus
au Code du travail. On a une gestion coercitive. 50 % de nos membres sont
renouvelés en trois, quatre ans. Pour nous, c'est inacceptable. Puis aujourd'hui,
ce que je constate, c'est qu'on se met la tête dans le sable, en se disant que
ce n'est pas vrai que c'est dangereux, travailler à Pinel. On veut mettre de l'argent
dans la santé? Bien, il serait temps de prouver que la santé mentale, ce n'est
pas l'enfant pauvre. Merci.
M. Gaudet (Gyslain) : Merci.
Marie-Ève Desormeaux, présidente du syndicat. Je me présente, Gyslain Gaudet,
vice-président du syndicat. Ce que je veux ajouter à ce que Marie-Ève vient d'ajouter
puis à ce que Christine Labrie a défendu, c'est que les travailleurs qui sont
présents à Pinel, c'est des gens de coeur, qui ont envie de protéger la
société, puis, présentement, nous inquiètent, parce qu'on n'est pas en mesure
de réaliser la mission de l'organisation, parce qu'on ne prend pas soin de ces
travailleurs-là. On demande au gouvernement de prendre ses responsabilités et
d'enclencher cette enquête-là pour prendre soin des travailleurs. Merci
beaucoup.
M. Gloutney (Patrick) : Je
suis Patrick Gloutney, président du SFP-Québec. Aujourd'hui, j'ai honte de mon
gouvernement puis je suis émotif, moi aussi, parce que ce n'est pas normal
qu'en 2023 on réagisse de la sorte. Ce gouvernement-là est là pour protéger nos
travailleurs et travailleuses. Ça fait des années qu'on est impliqué dans le
dossier à Pinel.
Juste pour vous mettre en contexte, les
intervenants qui travaillent... puis je rappellerai à bien du monde que Pinel,
c'est une institution carcérale, au départ, ce n'est pas uniquement un hôpital.
Le seul moyen de protection, c'est des gants de latex. On est passé des gants
de latex aux gants de kevlar. Pour se rendre aux gants de kevlar, il a fallu
déposer de nombreuses plaintes à la CNESST.
Comment se fait-il qu'en 2023 il n'y a
personne qui réalise qu'on est dans une impasse? Nos travailleurs et
travailleuses ont peur de rentrer travailler dans leur environnement de travail
parce qu'ils ne savent pas ce qui va arriver. On a des agents de sécurité qui
travaillent dans nos centres d'achats, au Québec, qui ont des bâtons
télescopiques, qui ont des menottes, qui ont des vestes de protection, puis nos
travailleurs à nous, qui prennent soin des gens qui sont en prison, qui sont
hospitalisés pour des problèmes psychiatriques, ont uniquement des gants de
kevlar. Je demande au gouvernement et aux responsables de Pinel de déclencher
une enquête immédiatement, dans les plus brefs délais, pour que nos
travailleurs et travailleuses se sentent en sécurité. Cette situation-là a duré
depuis trop longtemps.
Malheureusement, il y a des gens à Pinel
qui n'ont aucune expérience. Ces gens-là, ça fait à peine quelques années
qu'ils sont dirigeants à l'Institut Pinel. Ils ne font pas le travail. De voir,
aujourd'hui, que le gouvernement de la CAQ n'a pas pris position, a même rejeté
du revers de la main la proposition de Mme Labrie, ça m'insulte. Cette
position-là aurait dû être amenée à l'Assemblée nationale et être débattue. Ils
nous ont offert des modifications parce que le message de Mme Labrie ne
semblait pas faire leur affaire, parce qu'il était trop alarmiste. Bien, je
m'excuse, on n'est plus à des mots alarmistes, la sonnette d'alarme est
enclenchée puis le feu est pris, à Pinel, il est temps que les autorités
gouvernementales et les autorités de Pinel prennent les moyens à leur
disposition pour protéger l'ensemble de nos travailleurs, parce que cette
situation-là doit cesser immédiatement.
Comment se fait-il qu'on a 480 plaintes
sur 800 employés, puis, actuellement, tout le monde dort au gaz?Excusez-moi
l'expression, mais tout le monde dort au gaz, personne ne veut prendre ses
responsabilités. C'est indécent. Puis, comme Marie-Ève a mentionné, et Gyslain,
comment que, nous, on peut retourner, aller voir nos travailleurs, travailleuses
et leur dire que... vous êtes en sécurité? Merci.
Mme Lachaine (Alexa) : Bonjour,
je m'appelle Alexa, je suis sociothérapeute à l'Institut Philippe-Pinel depuis
bientôt sept ans. On s'est beaucoup adressé à la CAQ, on s'est également
beaucoup adressé à notre employeur, depuis les dernières années. Je vais en
profiter d'avoir cette tribune-là pour leur rappeler à quel point le travail de
vos travailleurs est délicat, essentiel, puis qu'il n'y a personne d'autre dans
la société québécoise qui la fait, cette job-là. N'oubliez pas ça, n'oubliez
pas de prendre soin des gens qui, eux, prennent soin de la clientèle la plus
controversée, peut-être, du Québec, je dirais. Vous êtes un institut
spécialisé, vous cherchez à rayonner à l'international. Prouvez-le.
Mme Labrie : Juste pour
conclure, autour de moi, ce matin, il y a des gens qui étaient présents en 2011
lors de la prise d'otages, qui se souviennent très bien du climat dangereux qui
régnait avant cet événement traumatisant, je vais le dire ainsi, et ce qu'ils
m'ont décrit dans les dernières semaines, c'est que le climat qui règne
actuellement à Pinel ressemble malheureusement beaucoup à ce qui régnait comme
ambiance dans les moments qui ont précédé la prise d'otages de 2011.
La raison pour laquelle on met de la
pression sur le gouvernement, en ce moment, pour une enquête, c'est pour agir en
mode préventif, c'est pour éviter des drames. Le climat, il est explosif, puis
un gouvernement responsable prendrait les moyens de prévenir un drame à Pinel.
Merci.
(Fin à 11 h 57)