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(Huit heures cinquante-deux minutes)
M. Nadeau-Dubois :
Bon,
bien, bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver ce matin. Hier, les
Québécois, les Québécoises s'attendaient à un coup de main dans la mise à jour
économique parce que le coût de la vie frappe fort, ça coûte tellement cher
vivre au Québec. L'épicerie, les loyers, les maisons, tout coûte tellement
cher. Les gens n'arrivent plus puis ils s'attendaient à ce que François Legault
et la CAQ leur donnent un coup de main. Bien, les gens ont été déçus, il n'y a
rien dans la mise à jour économique d'hier pour aider concrètement et
rapidement les Québécois, les Québécoises à faire face à une inflation qui est
galopante puis qui fait mal au portefeuille de tout le monde au Québec, surtout
la classe moyenne, puis encore plus le monde en bas de l'échelle. Il faut faire
quelque chose.
À Québec solidaire, on vous avait annoncé
que ce serait la priorité de notre session parlementaire. De toute évidence,
François Legault a baissé les bras. Bien, nous, on ne baissera pas les bras. Et
le premier exemple dont les gens nous parlent quand ils nous parlent de la
crise du coût de la vie, c'est le prix de l'épicerie. Le panier d'épicerie
coûte trop cher au Québec, ça n'a juste pas d'allure. Il y a un Québécois sur
10, un Québécois sur 10 qui va dans les banques alimentaires, on ne peut pas
accepter ça. Pendant ce temps-là, on observe, depuis la fin de la
pandémie une explosion, une explosion des profits des grandes chaînes d'épicerie.
Pendant que les Québécois, les Québécoises vident leur portefeuille à la
caisse, bien, le portefeuille des actionnaires des grandes bannières de l'épicerie
se remplit toujours davantage. Aujourd'hui, on va faire une demande, on
va faire une proposition au gouvernement du Québec, celle de déclencher une enquête
sur les marges de profit des grandes bannières du domaine de l'épicerie. Ce n'est
pas compliqué, ce n'est pas coûteux et c'est une première étape nécessaire pour
qu'on fasse la lumière, pour qu'on donne une réponse aux Québécois et aux
Québécoises qui se posent la question à chaque fois qu'ils font leur épicerie :
Pourquoi ça me coûte aussi cher? Pourquoi ça me coûte aussi cher? François
Legault a, de toute évidence, donc, baissé les bras sur le prix de l'épicerie.
Nous, on ne lâchera pas. On va faire cette proposition-là cet après-midi par la
voie d'une motion, et je laisse mon collègue Haroun nous en parler davantage.
M. Bouazzi :
Merci,
Gabriel. Donc, aujourd'hui, on dépose une motion pour débattre et demander au
gouvernement de déclencher une enquête sur les marges de profit des épiceries.
Gabriel et moi avons rencontré le Conseil canadien du commerce de détail qui
représente les grandes chaînes d'alimentation. Il n'y a pas longtemps d'ailleurs
on leur a demandé de nous expliquer pourquoi, en quatre ans, les marges des
magasins d'alimentation ont doublé, et on n'a vraiment pas été convaincus des
maigres réponses que nous avons reçues. Ça fait plus d'un an que Québec
solidaire parle de ce qu'on appelle le «greenflation». La Banque du Canada commence
à nous donner raison en expliquant que les augmentations des profits dépassent
et participent en fait à l'inflation qu'on vit actuellement. Il est temps d'arrêter
de se fier à la parole des grandes épiceries et d'aller au fond des choses. C'est
une main tendue à François Legault. Il est temps de se tenir debout face à ces
géants de l'épicerie, et nous avons hâte d'en débattre tantôt pour la motion du
mercredi.
Journaliste : Vous allez être
très actifs, aujourd'hui, sur les lignes de piquetage. Là, il y a déjà de vos
députés qui sont devant l'Enfant-Jésus. Vous allez aller à l'Hôtel Dieu cet
après-midi.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Journaliste : Est-ce que vous
croyez que le ministre Girard a orchestré sa mise à jour pour laisser entendre
aux travailleurs de l'État qu'il n'y avait plus d'argent?
M. Nadeau-Dubois : Si la mise
à jour a été arrangée avec le gars des vues pour envoyer un message aux
travailleurs, travailleuses du secteur public, c'est raté, c'est raté. Je veux
dire, il y a un sondage qui est sorti hier, c'est très clair, là, François
Legault est en train de perdre la bataille de l'opinion publique. Les femmes et
les hommes qui sont en grève en ce moment, là, c'est les gens qu'on appelait
les anges gardiens il y a quelques années, c'est les gens qui tiennent notre
système de santé, notre système d'éducation debout. François Legault ne leur
offre même pas l'inflation. C'est insultant. Moi, je les comprends, insultés,
et on est fier d'être à leurs côtés sur les lignes de piquetage. Et les
Québécois, Québécoises, là, en grand nombre, sont d'accord avec eux, sont d'accord
avec nous. Ils ne sont pas d'accord avec François Legault.
Journaliste : Est-ce que vous
ne craignez pas que l'opinion publique se retourne contre les travailleurs
quand ils vont constater les conséquences d'une grève comme celle-là, le report
des chirurgies, par exemple?
M. Nadeau-Dubois : La
stratégie de François Legault, dans les prochaines semaines, ça va être celle
que les gouvernements libéraux ont utilisée dans le passé. La stratégie, ça va
être diviser pour mieux régner. C'est ça qui va se passer. On va entendre
François Legault dire : Les travailleurs, travailleuses prennent en otage.
Il a déjà commencé à parler comme ça d'ailleurs. La population, les méchants
syndicats perturbent les services à la population. Là, ce que les Québécois,
Québécoises ont compris, c'est que ça ne marche pas comme ça, que les gens qui
font la grève en ce moment, c'est aussi des contribuables, c'est aussi des gens
qui veulent des bons services publics et que, si on appauvrit les travailleurs,
travailleuses, c'est tout le Québec qu'on va appauvrir. Est-ce qu'on a les
moyens de ne pas encore avoir un prof devant chaque classe au Québec? Est-ce qu'on
a les moyens d'avoir un système de santé dysfonctionnel? La réponse, c'est non.
Les Québécois, Québécoises sont derrière les travailleurs, travailleuses. Nous,
on est avec eux autres. Et là, c'est François Legault qui doit entendre le
message, là : la stratégie de la division, cette fois-ci, ça ne marchera
pas.
Journaliste : À quel
pourcentage vous êtes derrière eux...
M. Nadeau-Dubois : 100 %.
Journaliste : ...d'augmentation
salariale? On donne 100 % d'augmentation salariale?
M. Nadeau-Dubois : Non. On
est à... On est de... 100 % de cœur avec eux, mais votre question c'est? Combien...
Journaliste : La hausse, c'est
combien?
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Journaliste : À 14,8 %,
ce n'est pas assez. Même les offres différenciées pour les infirmières qui sont
à 17 %, ce n'est pas assez.
M. Nadeau-Dubois : Bien d'abord,
nous, sur les offres différenciées, on l'a toujours dit... François Legault
semble enfin le reconnaître. Nous, on n'est pas contre des offres
différenciées. D'ailleurs, dans notre propre plateforme électorale, on en
proposait notamment pour les psychologues parce qu'il y a un problème avec le
recrutement des psychologues dans le secteur public. Donc, nous, les offres
différenciées, on n'a rien contre ça par principe. Il faut que ça soit négocié
à la table de négociation. Après ça, sur les offres, nous, on a toujours dit la
même chose, pour Québec solidaire, le strict minimum, c'est appauvrissement
zéro. On ne peut pas demander aux gens qui travaillent dans nos services publics
de s'appauvrir. Regardez les prix des loyers, les prix de l'épicerie, les prix
des maisons. On peut-tu demander au monde qui travaille dans nos écoles de
perdre du pouvoir d'achat? Ce n'est pas raisonnable.
Journaliste : Sur le
troisième lien, il y a un sondage ce matin, là, qui indique que la population
de Québec le souhaite toujours, mais qu'il y a juste 6 % des gens de la
grande région de Québec qui pensent que la CAQ va vraiment le réaliser. Qu'est-ce
que ça vous dit quand 84 % qui disent que ça ne se fera jamais, là? Qu'est-ce
que ça vous dit sur le leadership du gouvernement Legault dans ce dossier-là?
M. Nadeau-Dubois : La
confiance est brisée. La confiance est brisée. Les gens qui étaient contre le
troisième lien ne croient plus dans la parole de François Legault. Les gens qui
étaient pour le troisième lien ne croient plus à la parole de François Legault.
Donc, le gâchis est total. C'est ça qui arrive quand on lance des promesses en
l'air, on est obligé après ça de les briser parce que ça ne tenait pas la route,
puis tout le monde se sent trahi.
Journaliste : Est-ce que le
gouvernement aurait dû exiger du contenu québécois dans la filière batterie?
M. Bouazzi : Il est
évident... Cette filière batterie commence vraiment à prendre des allures de
maîtres chez eux. Northvolt arrive et décide de nos normes environnementales.
On garroche des milliards sans avoir le moindre contrôle sur les baisses de GES
au Québec. Et aujourd'hui on apprend qu'il n'y a même pas, même pas l'obligation
d'avoir du contenu québécois. On se demande, mise à part leur vendre de
l'électricité pas chère et leur donner des milliards, quels sont réellement les
gains, qui sont d'ailleurs, je vous le rappelle, pas publics. On n'a pas
aujourd'hui le montage qui nous permet de savoir qu'il y a des retours sur
investissement. C'est évidemment tout à fait inacceptable et c'est dans la
lignée de tout le reste. C'est que ces compagnies-là viennent chez nous, elles
sont maîtres chez nous, de nos normes, de notre économie, de notre argent
public.
Journaliste : Mais est-ce que
vous croyez à ça, vous, que si on n'avait pas... on avait exigé du contenu
québécois à Northvolt, par exemple, on aurait risqué de perdre le contrat?
M. Bouazzi : Bien...
Qu'est-ce que ça coûte? La question qu'on doit se poser, mis à part la volonté
extrême du ministre Fitzgibbon de faire une annonce, quel coût on est prêt à
mettre sur la table? On est rendu à 1 million et demi par job d'argent
public. Rendu là, c'est quand que ça devient rentable? On en est rendu à
changer nos normes environnementales pour nous dire qu'elles sont vertes.
Est-ce que c'est vraiment la bonne décision? On n'est même pas capable d'avoir
des batteries qui vont être au Québec. Ça fait que, concrètement, là, ce qu'on
a sur la table, c'est une compagnie qui vient, à qui on donne des milliards,
qui décide de nos normes, qui peut décider d'acheter n'importe quelle
composante à l'extérieur du Québec pour faire ces batteries-là et les vendre
ailleurs, et, elles, garder tout l'argent. Je veux dire, quels sont les
revenus... Je vous avouerai que même d'un point de vue, je veux dire, juste, de
développement économique, on ne comprend pas. On a des leviers au Québec pour
faire de l'investissement, c'est du capital de risque. La Caisse de dépôt, par
exemple, fait exactement ce genre de choses. Aujourd'hui, on parle de la Caisse
de dépôt pour les questions d'Hydro-Québec, mais on n'est pas capable de faire
appel à la Caisse de dépôt pour ce genre d'investissement. Probablement parce
que ce n'est pas rentable du tout. On ne les a pas les chiffres actuellement.
J'ai du mal... On n'a pas arrêté de faire des demandes d'accès à l'information
pour essayer de comprendre ce qui se passe, parce qu'on a juste la parole du
gouvernement actuellement. Tout ce qui sort dans les médias ne nous rassure
pas. Sur les baisses de GES, la réponse du ministère a été : Il n'y a pas
le moindre document ou courriel qui associe des baisses de GES à la filière
batterie, à la filière batterie au complet. Sur les normes environnementales,
on a reçu un document caviardé du début à la fin sur 40 pages. Je veux
dire, concrètement, il y a un manque de transparence totale, et évidemment
qu'il faudrait... Et je me permets quand même... Dans le développement économique
de filières comme ça, en général, on prend le plus gros joueur, on le
subventionne et puis on s'attend à ce qu'il y ait toute une chaîne autour de
PME, de compagnies qui se crée... pour créer de l'économie locale. Nous, on
subventionne toute la chaîne au complet, toute la chaîne au complet, mais en
plus on ne s'assure pas qu'ils vont se donner de l'argent les uns aux autres.
On ne comprend pas la vision économique mise à part un amour des
multinationales pour qu'elles viennent ici prendre notre énergie et notre
argent.
M. Nadeau-Dubois : D'ailleurs,
peut-être juste préciser qu'on va déposer une motion ce matin exactement sur ce
sujet-là pour demander que les prêts pardonnables, que nous allons tous et
toutes collectivement donner à Northvolt, soient conditionnels à la présence de
contenu local. Franchement, c'est le strict minimum qu'en échange de l'argent
public viennent des garanties concrètes qu'il y ait des retombées au Québec.
Puis le flair de Pierre Fitzgibbon, ce n'est pas une garantie suffisante.
Journaliste : Quelle question
avez-vous pour M. Sabia qui viendra à l'Assemblée nationale,
vraisemblablement à la fin du mois? Vous allez concentrer vos questions sur
quoi?
M. Bouazzi : Bien, il y a
énormément de questions qu'on a. On est très heureux d'ailleurs qu'il vienne
enfin. C'est une vieille demande qu'on a depuis longtemps. Nous, ce qui nous
intéresse, c'est que la transition énergétique soit une réussite. Toute la
question du Dollarama de l'énergie pour des multinationales qui ne sont pas là,
qui seraient... qui prendraient la place d'une électrification de l'économie
québécoise pour nous est vraiment importante. Toute la question de l'efficacité
énergétique par rapport aux énormes investissements de développement de
nouvelles énergies est importante. Toute la question aussi de la justice face à
cette transition énergétique. Vous savez, au Québec, moins on est riche, plus
on paie d'électricité. Les gens vivent dans des passoires énergétiques. À date,
il n'y a pas eu la moindre maison qui a été isolée depuis cinq ans. Maintenant
que la CAQ est au pouvoir, on ne voit pas où est le programme qui permet
d'éviter à ces personnes-là de payer plus cher leur électricité. Encore une
fois, les contrats que Fitzgibbon est en train de signer actuellement avec des
compagnies qui ne sont pas encore ici vont finir, à terme, par nous faire payer
tous collectivement l'électricité que ces compagnies-là vont... et, pour nous,
c'est vraiment important de protéger la mission d'Hydro-Québec. Et finalement
la question de la privatisation ou de la dénationalisation d'Hydro-Québec, pour
nous, est un véritable risque. C'est un joyau qui nous appartient toutes et
tous, et il faut absolument le protéger. On connaît les allégeances du ministre
de l'Économie et de M. Sabia, et évidemment ça ne nous rassure pas à ce
stade, et on attend des réponses à nos questions.
Journaliste :
What do you think, Mr. Nadeau-Dubois…
yesterday, Mr. Girard was quite clear in saying that, you know, to pay more to the common front,
to the union workers, would require us borrowing, borrowing money. Do you think
that the update is a tool for the Government to say no to the unions?
M.
Nadeau-Dubois : I think the Government is obsessed with the prize of
what it's going to cost to give a fair wage to the people working in our public
sector. What they don't see is the cost of not doing it. If we don't pay a fair
salary to those people, we will all lose collectively. We will have a more weak
education system, we will have a weaker health care system. If we impoverish
public sector workers, every Quebecker will be impoverished. Giving good
working conditions and good salaries to the people working for us in our public
sector is not an expense, it's an investment. So, Mr. Legault and Mr. Girard
have to understand that, it's going to cost us a lot more to not pay them
correctly than to pay them correctly.
Journaliste
: But, in French, you said the… if it was an intent to…
M.
Nadeau-Dubois : Of course, if it…
Journaliste
: …you said : It was a failure.
M.
Nadeau-Dubois : If that mini budget was like a
strategy to send a message to the workers or to the population, I think it's a
failure. Mr. Legault is currently losing the battle of opinion on that
issue. The Quebeckers understood, they saw the pandemic, they saw the pandemic,
they saw those courageous women and men fighting for us on an everyday basis to
keep our services going, they understand, in the middle of an historic
cost-of-living crisis, that those people, at least, at least, deserve not to
lose buying power, they deserve at least for their salary to follow inflation.
(Fin à 9 h 8)