Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Douze heures quarante six minutes)
M. Cliche-Rivard : Alors, je
n'ai pas assisté au point de presse, mais j'ai quand même lu en détail le plan
qui a été déposé ce matin. Ce qu'on réalise, finalement, puis c'est ce qu'il
faut qu'on arrête de dire, là, il faut qu'on arrête de faire des
sous-catégories dans la planification puis qu'on parle des vrais chiffres. Là,
la ministre est en train de nous dire que c'est 51 000 à la base, auquel
on ajoute le PEQ hors quota, puis auquel on ajoute les arriérés des gens d'affaires.
Donc, on va juste dire les vraies affaires
comme on les a toujours dites, là : Le chiffre, finalement, de la
planification, c'est 64 600 dans sa... dans son extension maximale. Ça
fait que, quand on dit, là, que la QAC finalement a choisi 50 000 ou 51 000,
ce n'est pas vrai. Il y a une planification, et c'est 64 600 à son
maximum. Je voudrais juste qu'on garde le focus là-dessus. Évidemment, c'est à
l'intérieur de ma fourchette 60 000-80 000 que j'ai
toujours mis de l'avant. Alors, bien sûr que c'est dans le bas de ma
fourchette, mais c'est dans les chiffres qu'on met de l'avant de toute façon.
Maintenant, la CAQ, je vois qu'elle décide
de s'attaquer aux arriérés, mais seulement dans une catégorie. Il y a une seule
exception de rattrapage d'arriérés qui est faite, c'est pour les gens d'affaires,
ça, c'est les investisseurs, travailleurs autonomes, repreneuriat, etc. Mais il
n'y a aucun rattrapage qui est fait sur les arriérés puis le «backlog» en
matière de réunification familiale, en matière de refuge puis en matière
humanitaire. Et ça, dans les dernières semaines, dans les derniers mois, on a
vu des gens qui nous ont témoigné que seulement au Québec, on allait attendre
trois ans pour réunir nos familles, nos enfants, nos conjoints, alors que ça,
ça n'avait pas lieu à l'extérieur du Québec. On a vu Le Devoir nous rapporter
des chiffres qu'avec les quotas tel que présenté on va avoir 10 000...
pardon, 10 ans de délais de traitement dans la catégorie du refuge, 25 ans
de délais de traitement dans la catégorie humanitaire. Mais la seule place où
la ministre accepte de bouger sur les arriérés puis sur les délais, c'est dans
les gens d'affaires.
Alors, la question est malheureuse, mais
elle se pose. Bref, ce qu'on apprend aujourd'hui, c'est qu'il faut être
millionnaire, finalement, pour avoir droit à des délais de traitement qui sont
raccourcis par la CAQ. Mais quand vous êtes un citoyen, quand vous êtes une
famille, quand vous attendez votre enfant, là il n'y a pas de passe-droit,
vous, vous allez attendre trois ans et plus. C'est malheureux. C'est décevant.
C'est déplorable. La ministre a été avertie que son plan allait séparer des
familles, allait créer du désarroi, de la détresse. Elle n'a pas agi et elle
sera responsable. Et elle est responsable de ça parce qu'on sera les seuls au
pays à séparer les familles jusqu'à trois ans. Je trouve ça déplorable. Puis on
a donc assumé on MIFI qu'on aurait des programmes d'immigration de 25 ans.
C'est une décision délibérée d'un ministère de créer et d'avoir des programmes
qui durent des décennies de délais de traitement. Je vois mal comment on peut
être crédible.
Et, en terminant, il y a une erreur claire
d'analyse dans ce que la ministre nous dit. Elle prévoit que le programme de l'expérience
québécoise diplômé hors quota aura seulement environ 6 000, 6 500 demandes
annuellement. Tous les experts s'entendent pour dire qu'on va être dans le
double de ça. Alors, même dans ce qu'elle prévoit, le fameux 64 600, là,
on pourrait être beaucoup plus proche de 70 000, 72 000. Il faut dire
les vraies choses. Il faut dire les vrais chiffres. Et tout le monde s'entend
que c'est une sous-évaluation marquée. Juste avant la réforme du PEQ, on avait
au moins 8 000 admissions dans ce programme-là annuellement, alors je
vois extrêmement mal comment on peut budgéter ou prévoir que c'est seulement 6 500 personnes
qui vont se qualifiés dans ce programme hors seuil. Donc, moi, ce que je dis,
c'est que : Arrêtons de faire des sous-catégories, là, disons les vrais
chiffres et estimons correctement. Et, soudainement, on va être pas loin de
70 000. C'est ça qu'il faut dire à la population, puis il faut être
honnête, il faut que le message soit réel. C'est ce que je demande. Questions?
Journaliste : J'en ai juste
une. Dire qu'on le fait pour la protection du français, est-ce que c'est une
bonne raison?
M. Cliche-Rivard : Qu'est ce
qu'on fait pour la protection du français? C'est dans quelle perspective, votre
question? C'est sur les temporaires ou sur les permanents? Tout?
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Bien,
c'est parce que, ce matin, il y a eu des annonces sur le fait que le
renouvellement du permis de travail PTET...
Journaliste : ...un droit de
protéger la nation, le droit de protéger le français, est-ce que ça, ça protège
la nation puis ça protège le français?
M. Cliche-Rivard : Mais ça,
là, vous me parlez du plan d'immigration ou vous me parlez des mesures de ce
matin au PTET? Lequel des deux? C'est ça que je veux juste savoir.
Journaliste : Bien, c'est
tout. C'est ce qu'il a dit. Ça inclut les deux.
M. Cliche-Rivard : Tout. Ah!
bon. Bien, ce n'était pas clair. Donc, c'est important, la protection de
Français, et c'était dans notre plan et ma position que n'importe quelle
personne qui est sur le territoire du Québec devrait entamer sa francisation au
moment d'arriver. Donc, moi, je pense qu'on doit mettre les mesures en place et
on doit s'assurer que ça fonctionne et on doit s'assurer, là, que tous les
résidents temporaires du Québec, là, qui sont au Québec se francisent. C'est
vers là où on doit s'en aller. C'est prioritaire et c'est un enjeu essentiel
pour moi.
Journaliste : Mais...
M. Cliche-Rivard : Mais quoi?
Journaliste : Mais vous
accusez le gouvernement de faire traîner du monde pendant 25 ans.
M. Cliche-Rivard : Mais ces
gens-là sont francophones. Les gens qui sont ici, là, qualifiés, comme
réfugiés, qui attendent leur résidence permanente, ça fait au minimum quatre ou
cinq ans qu'ils sont déjà ici en emploi. Les gens de la catégorie humanitaire,
ça fait probablement cinq, six, sept, huit ans qu'ils sont au Québec, des fois
20 ans qu'ils sont au Québec. C'est les gens les plus vulnérables des
vulnérables. Les familles qu'on réunifie, vous vous en venez rejoindre votre
époux ou votre enfant va vous rejoindre, la pérennité du français, là, elle va
être assurée par ce que vous allez faire à la maison, l'intégration du ménage
puis la vie avec un Québécois puis une Québécoise. Il n'y a aucun enjeu et il
n'y a aucun lien entre protéger le français puis faire poireauter pendant
25 ans des gens. Ça n'a pas de lien, là. Merci.
Journaliste : Can I ask you a few questions in English?
M.
Cliche-Rivard : Of course.
Journaliste
: Just, first of all, on the new requirements for temporary workers,
in terms of the French test, what do you make of this measure? Do you think it
goes far enough?
M.
Cliche-Rivard :
It was very clear for us that every single individual that comes to Québec as a foreign worker, as a student
should start and should be introduced to the French language as soon as
possible. This is the ideal where we should be going and moving forward. Now, I
get that this can be made step by step, this is possible. This is a good step
forward, but I think the aim should always be that if you intend to reside in Québec for two, three, four, five years or
more, you should be introduced and you should be learning towards being able to
communicate in French at all times in your social life and the public life. And
this can only be done with important measures and access to those measures for
those people by Francisation Québec. And there's no way
that we can only put the burden on those people without providing the means and
the ways to make sure that they will be capable of succeeding those objectives.
So, I'm saying yes, but let's make sure that all the reasonable resources are
available for them to succeed those goals.
Journaliste :
And in terms of... as well, you
mentioned several times the delays in treating the paperwork, but we heard from
Minister Fréchette earlier and she says that's because of the Federal Government. In fact, she's asking them to go
through that paperwork faster to grab those permits quicker. So, what are you
asking exactly of the Minister? How much of this falls on her?
M.
Cliche-Rivard : So, towards permanent
residency and the categories, this is 100% on Québec's fault. Regards to foreign workers, students, work permits,
everything's that's temporary, that's a different question. What I'm addressing
with the delays is the threshold or the quotas that Minister Fréchette is
putting forward versus how many files we have in the backlog. This is creating
directly, by her fault, extreme delays that go up to 25 years in some
categories.
Journaliste
: Can you explain how, though, exactly?
M.
Cliche-Rivard : Absolutely. It's very simple.
If there's... Let's give an example. If there's 10 000 cases pending in
one category, let's say, per example, in the family category, OK? Then, there
is 10 000 cases in the backlog, but the quota or the maximum is only
1 000 per year. This makes... It's going to take 10 years for us to
go towards or through that backlog. So, she's there for creating an artificial
10 years process of... treatment process for this category. It's very
simple. So, if there is 50 000 people in that same backlog and you
only take 5 000 per year, there will be 10 years, they'll be waiting
10 years before they get permanent residency. It's very simple.
And this is made through
by the immigration plan, Québec immigration plan deciding: This is my maximum
per category, I am not taking more than 1 000 in this, 10 000 in
this, 5 000 in this, while the backlog is much greater, and she avoids
that, and she is creating artificial backlogs that goes up to decades in some
categories.
La
Modératrice : ...Cathy avait des questions en anglais, donc on
retourne en français.
Journaliste :
It's just because, if we take the
PTET...
M.
Cliche-Rivard :
Oui.
Journaliste :
...Mr. Cliche-Rivard, and if we
subtract the workers working in agriculture, and then, you have, like, maybe
30 000 people, some of them are... a lot of them are coming from
Guatemala and they are going back home. So, what's the impact of this measure
if it was the most important measure that was announced today, and they are
convinced that they are going to make a difference with the protection of
French?
M.
Cliche-Rivard :
We should always be aiming that all temporary workers and all
temporary residents of Québec can be able to access French classes and should
aim to be in touch or start their... access to French language as soon as they
come in Québec. They should be available, that the resources should be
available. They should have access.
Now, this is our final
aim, that every student, every worker, everyone coming into Québec for a long
period, two, three, four, five years, should have access to those resources and
should start right away their «francisation», starting learning French...
Journaliste :
Learning French.
M.
Cliche-Rivard :
Learning French. This is the aim. Now, there is a step-by-step
process, this is one step. We should be going further, but we need to make sure
that the resources are there for them to be able to access those French
classes. Now, what we will face as a problem is, if we force the success of
level 4 in French language, but that we do not provide the resources for
them to be able to get those classes, we will have a problem. So, that's what
l'm asking.
Journaliste :
And, a professional point of view, for
you, as a former immigration lawyer... I guess, you're still a lawyer with...
M.
Cliche-Rivard :
I am.
Journaliste :
So, your clients or the ones that you
were defending or you were supporting in your day-to-day job, did they have
those resources to learn French?
M.
Cliche-Rivard :
They did not. So, Francisation Québec is one step forward, but we
did all read, last summer and this September, that it was not fully effective
and that it's a majority... for September, it's a majority of the people who
applied for a class that didn't get through. And this is going to be... If this
continue to be a problem and that we are asking for people to qualify
level 4, but we can't provide the resources in the classes, we are going
to have an issue.
So, what I am saying is
that we cannot only push forward the burden on those people without offering
the services, and, being able to provide classes within... or courses, within
the businesses and the workplace, I think it's one positive solution which we
put forward. Workers should be paid and should be freed from their regular work
burden to attend those French classes. Because to wish and to think that
simply… after all the job that they've been doing, after doing de laundry and
everything they need to do at home, with sometimes two jobs, that they will
start getting level 4 by the weekend, that's just unrealistic and
impossible.
So, let's put measures to
protect French, but let's get them the measures and the resources to achieve
those goals.
La
Modératrice : En français.
Journaliste : M. Cliche-Rivard,
moi, j'aimerais comprendre si l'exigence de Français, pour renouveler un permis
de travail, pour les travailleurs étrangers temporaires, exclut les
travailleurs agricoles. On tombe à, grosso modo, 35 000 personnes. De
ce nombre-là, on ne sait pas quel pourcentage renouvelle un permis ou cherche
à... en tout cas, la ministre ne le savait pas tantôt. On vise qui avec ça?
Puis est-ce qu'on vise dans le mille?
M. Cliche-Rivard : Dans mon
orientation puis dans mes planifications, moi, j'ai la prétention puis la
volonté que toute personne, tout résident temporaire au Québec, étudiants
étrangers, l'ensemble de la panoplie, à terme, là, soit capable de se franciser
à l'arrivée tout de suite, et qu'on n'ait plus des gens qui passent deux,
trois, quatre, cinq, six ans sans se franciser au Québec. Maintenant, ça, c'est
impossible si on ne donne pas accès aux cours de francisation puis c'est
impossible si on ne met pas des mesures incitatives dans les universités, dans
les cégeps, dans les collèges, dans les lieux de travail pour que ça se passe.
Là, on va ouvrir ou on va exiger une
catégorie d'une trentaine de mille probablement, tant mieux! Mais moi, je pense
que ça, c'est une étape, une première étape vers là où on doit s'en aller et on
doit s'assurer qu'il n'y ait personne qui, à la fin de son parcours, là, de ses
études ou à la fin de son permis de travail ou de ses deux ou trois ans, ne
soit pas capable de communiquer dans la sphère publique en français. Ça, ça ne
doit plus exister. Et tant mieux si on met de l'avant des mesures aujourd'hui,
des premières mesures aujourd'hui, mais il va falloir aller plus loin. Il va
falloir développer Francisation Québec parce que si vraiment on veut faire de
la sauvegarde du français une priorité, il va falloir qu'on donne les moyens
pour y arriver, puis arrêter de pelleter la responsabilité totale et unique sur
la personne, sur le travailleur puis l'étudiant, puis d'être capable d'avoir
des mesures incitatives, d'être libéré au travail pour étudier certaines heures
par semaine, d'être payé pour le faire, que ça fasse partie du cursus régulier
d'une personne. Tu viens au Québec, tu étudies au Québec, tu travailles au
Québec, voici tes cours de francisation qui vont se faire tout au long de son
cheminement pour qu'en quittant, tout le monde soit francophone.
Journaliste : J'ai quand même
une question sur le fait que les gens qui vont renouveler un permis de travail,
bon, des fois, c'est parce qu'ils veulent faire deux ans de plus ou un trois
ans de plus avant de rentrer chez eux. Mais il y en a qui vont renouveler dans
l'optique de faire une demande de résidence permanente et donc de devenir un
résident permanent et, de toute façon, ils vont devoir démontrer une
connaissance du français. Donc, je comprends la volonté que ça commence tôt.
Mais là, est-ce qu'on ne fait pas juste soit demander à des gens qui, de toute
façon, vont retourner chez eux de connaître le français ou soit à des gens qui,
de toute façon, auraient dû démontrer une connaissance de français, de juste le
faire plus tôt?
M. Cliche-Rivard : Je pense
qu'on est rendu, puis vous le savez, puis vous le rapportez souvent, on est
rendu à autour de 500 000 résidents temporaires. Donc, c'est un point
important que vous dites que, vers l'accession à la résidence permanente, ils
vont devoir apprendre le français. Par contre dans nos catégories économiques,
c'est à peu près 35 000 places seulement par année du 50 000, 55 000,
là, si on efface le refuge humanitaire, le familial, il reste seulement une trentaine
de mille, 35 000 places pour 500 000 permanents. Donc, je
ne pense pas qu'on est...
Journaliste : ...
M. Cliche-Rivard : Bien,
temporaire, tout à fait. Je ne pense pas qu'on est en train de passer à côté du
problème. Au contraire, on l'adresse puis on commence à l'adresser parce qu'il
y a à peu près 400 000, 420 000, 430 autres mille qui eux, ne se
qualifieront pas à la résidence permanente économique parce qu'il n'y a pas de
place dans ce seuil-là. Donc, au contraire, je pense que c'est important.
Journaliste : On ne semble
pas avoir été très clair aujourd'hui, là, sur la capacité d'accueil, là. Tu
sais, il y a du travail qui a été fait là-dessus. On a entendu beaucoup de
groupes en consultation. Mais c'est encore flou, là, lorsqu'on demande à la
ministre comment on définit et est-ce qu'on a une réelle idée de la capacité
d'accueil au Québec. M. Cliche-Rivard, vous en parlez souvent, là.
M. Cliche-Rivard : J'en parle
souvent.
Journaliste : Bon. Selon
vous, es- ce qu'on aurait dû arriver, aujourd'hui, avec une meilleure idée de
la capacité d'accueil réelle du Québec?
M. Cliche-Rivard : Aujourd'hui,
on est arrivé avec un plan sur l'immigration permanente. Des chiffres qui
tournent, disons-le, entre 50 000 et 65 000, puis des gens qui
sont... bien, pas tous, mais beaucoup de gens qui sont ici là-dedans. Donc
effectivement, il faut qu'on parle de capacité d'accueil dans notre immigration
permanente. Mais le vrai... la vraie discussion puis le vrai débat, c'est sur l'immigration
temporaire. Donc, aujourd'hui, on dépose un plan sur l'immigration permanente
qui d'ailleurs elle devait déposer aujourd'hui de par la loi. Là, de toute
façon, donc on n'aurait pas pu arriver à d'autres choses qu'aujourd'hui. Mais
cette capacité d'accueil là, il faut qu'on la définisse, puis je pense qu'elle
va surtout toucher le temporaire parce que là, on est dans des chiffres depuis
plusieurs centaines de milliers, là, alors qu'un débat entre faire 50 000,
55 000, 60 000, 65 000, ce n'est pas là où notre capacité
d'accueil... si elle est dépassée, ce n'est pas là qu'elle est dépassée.
Journaliste : Merci.
Journaliste : Questions en
français, ça va? Oui. Merci, bonne fin de journée.
M. Cliche-Rivard : Merci,
bonne journée.
(Fin à 13 h 04)