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(Huit heures vingt-quatre minutes)
M. St-Pierre Plamondon :
Bonjour, tout le monde. Beaucoup de sujets importants, ce matin, je laisserai
la parole, tout d'abord, à mon collègue, Joël, parce qu'on est témoins de
quelque chose d'inusité, voire historique. Je ne me souviens pas d'un moment où
six ex-premiers ministres sortent pour empêcher une décision du gouvernement,
pour demander au gouvernement de ne pas faire une erreur. Donc, c'est un
moment, je pense, qui mérite d'être analysé. Je laisse la parole à Joël sur
cette question-là.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Paul. Bien, effectivement, la sortie des premiers ministres est importante,
parce qu'à l'heure actuelle ce qu'on sait, c'est qu'on a des fleurons en matière
de recherche, des centres universitaires qui font, évidemment, l'envie de bien
des nations, de bien des pays, et là le gouvernement s'apprête à dissoudre,
essentiellement, leur existence juridique mais aussi à miner leur capacité d'aller
chercher des fonds, d'une part, à mener la recherche, l'enseignement et surtout
veut dissocier la question des soins des autres fonctions de ces instituts.
Alors, évidemment, ça vient appuyer ce qu'on
demandait au gouvernement dès le départ, s'il veut vraiment décentraliser, mais
on ne tente pas de réparer ce qui fonctionne, et c'est exactement ce que le
gouvernement veut faire. Alors, pourquoi essayer de réparer quelque chose qui
fonctionne? En fait, on risque d'essentiellement mettre à mal des institutions
qui, à l'heure actuelle, font leur travail de façon admirable et miner leur
indépendance et leur capacité d'action et de rayonnement pour elles-mêmes et
pour le Québec. C'est ce qui est très grave. C'est la raison pour laquelle on
va revenir à la charge ce matin en commission parlementaire, forts de l'appui
des premiers ministres.
Puis je pense que ce n'est pas terminé.
Les institutions aussi vont se faire valoir au cours des prochains jours parce
que le gouvernement s'apprête à commettre une erreur majeure qui aura des
impacts pendant des années et des années sur la recherche, l'enseignement, l'innovation
et la capacité, justement, pour le Québec de se distinguer sur le plan
international puis de soigner correctement, évidemment, adéquatement et avec
les meilleurs soins les Québécoises et les Québécois.
Journaliste : ...M. Arseneau,
si M. Dubé est sorti hier déjà de façon préventive pour tenter de prévenir les
coups, là, donc c'est quoi, l'erreur qui est majeure avec la proposition... la
modification qui a été proposée?
M. Arseneau : Bien,
essentiellement, la machine bureaucratique veut absorber des centres
universitaires, des instituts de recherche qui fonctionnent dans un but de centralisation,
puis on le sait, que ça va créer une espèce de sclérose de ces centres de
recherche là d'enseignement, d'innovation, et c'est ce qu'il faut à tout prix
éviter. Il est tout à fait possible pour le gouvernement, pour le ministre Dubé
de créer une catégorie particulière pour ces six centres-là, conserver leur
existence juridique puis continuer à leur permettre de fonctionner puis de se
développer puis d'aller chercher des fonds en philanthropie puis d'innover.
Des voix : ...
M. Arseneau : Hein?
Journaliste : On sort les six
centres de Santé Québec carrément, on aurait un système hybride?
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est tout à fait possible de conserver l'existence juridique des entités. Le
gouvernement s'y refuse. Il faut effectivement éviter que ce soit sous le
pouvoir d'administration du conseil de Santé Québec. Oui, créer une catégorie à
part sur le plan juridique, là, on peut s'organiser en commission
parlementaire, mais il faut éviter qu'ils soient absorbés essentiellement par
Santé Québec.
Journaliste : Mais pourquoi
il veut les absorber, à votre avis? Quel est le but derrière la manœuvre?
M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est
pas la première fois qu'on voit la CAQ faire la promotion d'une centralisation
qui enlève des contrepoids, qui enlève des voix dissonantes, au fond... bien,
dissonantes ou constructives, mais au nom de l'efficacité. Et il y a vraiment
un risque par rapport à l'innovation puis par rapport à la saine gestion de
chaque organisme, que ce soit en éducation ou en santé, parce que plus on crée
des structures centralisées sans qu'il y ait de voix de gens qui connaissent,
sur le terrain, la réalité pour équilibrer le discours puis viser le plus juste
possible, bien, plus les risques d'erreurs, plus la stagnation risquent de
survenir. Donc, c'est vraiment ça, le risque.
Journaliste : ...quel est le
but derrière la manœuvre? Est-ce que... Il y a des milliards... des millions,
là, dans les fondations. Est-ce que le gouvernement veut donner à Santé Québec
la mainmise sur ces millions-là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ça. Mais, si quelqu'un donne pour de la recherche, on ne peut quand même
pas leur dire : Bien, finalement, ce ne sera pas de la recherche parce
que, nous autres, ça nous tente de faire d'autre chose avec l'argent. Pour que
six premiers ministres interviennent en disant : Ce que vous faites là est
vraiment problématique, prenez une pause, réfléchissez-y, il faut que le degré
de risque soit extrêmement élevé. On n'a jamais vu ça, et la CAQ n'a pas le
choix que d'entendre ce message-là.
Journaliste : Est-ce que le
plaidoyer des premiers ministres est... pour l'indépendance des six centres,
là, est miné par la présence de Jean Charest?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Non, non, justement, le fait qu'il y ait des premiers ministres d'allégeances
politiques très différentes qui sortent conjointement et qui sont entièrement d'accord
sur le fait qu'on s'apprête à faire une erreur grave devrait mobiliser toute l'attention
de Christian Dubé et de la CAQ au complet. Et c'est ça qui va arriver.
Journaliste : Mais, quand on
se réfère à ce que M. Legault a dit hier, quand il se disait insulté par la
comparaison avec Jean Charest, est-ce que ça se peut que ça, ça nuise au plaidoyer
pour l'indépendance des six premiers ministres?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais ça se peut que le premier ministre Legault ait à s'expliquer là-dessus. Je
pense que François Legault n'aime pas que je place un miroir devant lui au
salon bleu. J'ai simplement relevé que ses paroles sont identiques à ce que
disait Jean Charest et à ce que disait Jean Chrétien. Il n'a jamais été
question d'insulte là-dedans. Dans un livre d'Oscar Wilde intitulé Le Portrait
de Dorian Gray, on voit le personnage principal ne pas aimer l'image de son
âme, à travers le temps, évoluer. C'est comme si François Legault n'aime pas
que je lui fasse prendre conscience du fait que ses arguments, aujourd'hui,
sont identiques à ceux portés par Jean Chrétien et Jean Charest. Mais il ne
peut pas, parce que ça lui déplaît, commencer à dire que le nom d'un ancien
premier ministre, c'est une insulte. En tout cas, bonne chance avec ça, il va
devoir s'expliquer, parce que, du point de vue, justement, de Jean Charest, ça
nécessite, à tout le moins, des explications de la part du premier ministre.
Journaliste : ...c'est
insultant.
M. St-Pierre Plamondon : Pardon?
Journaliste : C'est vous qui
avez proféré que c'était insultant.
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Ce ne sont pas des insultes, c'est le nom d'un ancien premier ministre
fédéraliste. Et tout ce que je fais, c'est que je relève le fait que François
Legault tient le même discours, mot pour mot, que ceux de Jean Chrétien et Jean
Charest. Il n'est pas question d'insulte, il est question du premier ministre
Legault qui n'aime pas se faire rappeler ça, qui n'aime pas avoir un miroir
devant lui, tout simplement.
Journaliste : La personne qui
le reçoit considère ça comme une insulte, puis la personne qui l'a dit...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
à lui, ça, ça ne veut pas dire que c'est vrai.
Journaliste : Est-ce qu'il
devrait s'excuser auprès de M. Charest par respect pour la fonction?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
moi, je pense qu'il devrait, à tout le moins, corriger le tir et dire : Je
n'aurais pas dû utiliser le mot «insulte». Mais je désire mentionner que mon
point de vue n'est pas celui de Jean Charest et, dans quel cas, j'ai bien hâte
de voir en quoi ce n'est pas le même point de vue, parce que ce sont exactement
les mêmes paroles.
Journaliste : ...Jean
Chrétien, c'est quand même...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
les chicanes, ça ne s'invente pas.
Journaliste : ...vous dites
qu'il devrait s'excuser d'avoir utilisé le mot «insulte» concernant Jean
Charest.
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas dit qu'il devrait s'excuser, attention, ça, c'est vos propos, non, ça,
c'est vos propos.
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, ce n'est pas ça que j'ai dit, j'ai dit : Je crois qu'il devrait
corriger son affirmation. Je n'ai pas dit qu'il devrait s'excuser, ça, c'est
vos propos. Mais le fait est que je ne vois pas dans quel scénario le premier
ministre du Québec va laisser cette affirmation-là comme ça, puis que tout va
continuer normalement, là, ça mérite un correctif.
Journaliste : ...face à M.
Charest et M. Chrétien...
M. St-Pierre Plamondon : Bien
oui.
Journaliste : Un des
arguments de Christian Dubé, entre autres, à la suite de la lettre des premiers
ministres ce matin, c'est de dire qu'il y a beaucoup de gens qui sont
réfractaires au changement.
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
raté ça. À quel endroit...
Journaliste : Il a dit ça...
Les gens sont réfractaires au changement.
M. St-Pierre Plamondon : Sur
quels points?
Journaliste : Sur les points,
sur sa réforme en santé.
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
raté ça. Joël, si tu l'as entendu, moi, je n'ai pas entendu ça.
M. Arseneau : Mais, en fait,
je pense que c'est un argument facile pour dire aux gens : Laissez-moi
faire ma centralisation telle que je l'entends. Mais ce n'est pas un argument
de fond, là, de dire que les gens veulent conserver ce qui fonctionne et
continuer de rayonner à travers le Québec, ce serait être réfractaire au
changement. On peut être réfractaire à une réforme qui sera catastrophique pour
des instituts de recherche, des centres universitaires qui sont reconnus à
travers le monde, et, si on s'y oppose, ce n'est pas parce qu'on est contre le
changement, c'est parce qu'on veut éviter au gouvernement de faire des erreurs
graves de centralisation.
Puis je veux répondre à la question, M.
Lacroix, tout à l'heure, le gouvernement, même s'il s'en défend, a entrepris
une centralisation sans précédent dans le domaine de la santé. Il fait
disparaître tous les conseils d'administration de tous les établissements, y
compris ceux qu'on mentionne aujourd'hui. Pour concentrer le pouvoir entre les
mains de certains hauts dirigeants, ceux qu'on a qualifiés de Top Gun, qui vont
mieux gérer que tous les gens qui sont sur le terrain, y compris ceux qui
maintiennent l'excellence dans des centres universitaires de recherche et de
santé depuis, dans certains cas, plus d'une centaine d'années, moi, je
regrette, ce n'est pas être contre le changement, c'est de prévenir le
gouvernement qui s'apprête à faire une erreur monumentale.
Et ça, moi, je salue la sortie des
premiers ministres à cet égard. Puis je ne pense pas qu'ils le font, là, pour
se faire valoir, je ne pense pas qu'ils le font par plaisir. Je ne pense pas
qu'ils avaient du temps à perdre, après avoir rencontré le premier ministre,
après avoir rencontré le ministre, de dire : Bien là, on va faire une
sortie puis on va envoyer des gens en entrevue, là, comme s'ils étaient en
politique active, pour dire au gouvernement : On veut que votre réforme
fonctionne, mais ne faites pas cette erreur-là. Je pense qu'ils l'ont fait,
parce qu'ils voient qu'il n'y a pas...
Journaliste : ...excusez-moi
de vous interrompre, venant de l'ancien mentor de M. Legault, parce que c'est
M. Bouchard qui a recruté François Legault en politique en 1998, est-ce que ça
a davantage de poids, est-ce que vous croyez que M. Legault devrait écouter son
ancien mentor?
M. St-Pierre Plamondon : En
politique québécoise, une intervention ne peut pas avoir plus de poids que six
premiers ministres qui te disent que tu es en train de faire une erreur grave.
Il n'y a pas de scénario où une intervention a plus de poids politique que ce
qu'on vient de voir.
Journaliste : Est-ce que vous
pensez qu'il va être inévitable d'augmenter les tarifs d'électricité au cours
des prochaines années? C'est ce qu'a évoqué Michael Sabia dans une rencontre
d'employés, entre autres pour encourager une meilleure efficacité énergétique.
M. St-Pierre Plamondon : Bon,
voici la conséquence d'avoir retiré la Régie de l'énergie de ces questions-là.
Pour des raisons politiques, on enlève le mandat d'expert à la Régie de l'énergie,
on le reprend, puis on en fait de la politique, puis on dit : Nous autres,
on va limiter ça à 3 %, puis on se retrouve... à l'inflation. Puis là on
se retrouve dans une situation où une déclaration de M. Sabia par-ci, les
intérêts du gouvernement par-là, on va essayer de trouver quel devrait être le
bon tarif d'hydroélectricité.
On revient avec la position du Parti
québécois, qui était la même il y a maintenant presque deux ans, je crois, à
savoir : on devrait confier ça à un examen objectif à la Régie de
l'énergie en fonction de considérations comme l'inflation, certes, mais les
considérations environnementales, les considérations commerciales, parce qu'on
vend cette électricité-là ailleurs également. Tout ça devrait être examiné avec
rigueur et non pas faire l'objet de déclarations soit en fonction des ambitions
de M. Sabia ou en fonction des sondages internes de la CAQ, ce n'est pas une
manière d'examiner...
Journaliste : ...recommandait
d'augmenter les tarifs au-delà de 3 %, vous dites : Nous, on serait
d'accord avec ça.
M. St-Pierre Plamondon : Tant
que l'examen est sérieux et considère tous les critères. C'est ce qui a
toujours été par le passé, on avait une Régie de l'énergie qui se penchait sur
ça. Et ça a toujours été un sujet, l'augmentation du prix de l'énergie, c'est
normal, mais ça ne peut pas se faire sur un coin de table en fonction de la
déclaration de l'un puis de l'ambition de l'autre.
Journaliste : Mais, sous la
houlette de la Régie de l'énergie, Hydro-Québec... engranger 1,5 milliard
d'argent de plus que ce qu'il aurait dû avoir, c'est pour ça qu'on a passé une
loi pour enlever ça des mains de la Régie de l'énergie.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais la Régie de l'énergie entend toutes les parties avant de prendre une
décision, et elle prend une décision...
Journaliste : ...des
mauvaises décisions apparemment.
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense qu'entre une façon de prendre des décisions où est-ce que tout le monde
est entendu puis que les experts sont au cœur du processus ou une façon de
prendre des décisions où est-ce que la CAQ regarde ses sondages internes puis
Michael Sabia se donne des objectifs de rentabilité, sans aucun doute, on est
mieux de procéder par la Régie de l'énergie. C'est un système qui fonctionnait.
Ça ne veut pas dire qu'on est d'accord avec chacune des décisions, mais au
moins tout le monde a été entendu, tous les critères ont été évalués.
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Un
point important, on n'a pas attendu M. Sabia encore, hein? On a demandé de
l'avoir en commission parlementaire...
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Bon,
bien, c'est ça. Donc, allons-y par étapes, parce qu'on a des questions.
Journaliste : ...d'Hydro-Québec,
là, le 1,5 milliard, vous avez été les premiers à vilipender Hydro... la
Régie de l'énergie. Là, vous dites : On se retourne vers la régie.
M. St-Pierre Plamondon : Attention,
c'est ça, la beauté d'Hydro-Québec, ça va dans nos poches. Ensuite, lorsqu'on veut...
on prend un engagement, comme l'avait fait la CAQ, de dire : Bien, il y a
eu, à notre avis, un trop-perçu, on va vous le rembourser, parfaitement
légitime que les oppositions...
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Justement,
c'est parfaitement légitime que les oppositions disent : Là, soyez sérieux
et respectez vos engagements.
Journaliste : ...ils vont
engranger encore.
M. St-Pierre Plamondon : Pas
nécessairement. Ils vont prendre la meilleure décision après avoir entendu tout
le monde. Ensuite, politiquement, étant donné que ces argents-là, ces
profits-là vont dans les coffres de l'État, si un parti politique prend un
engagement, très normal que les partis d'opposition demandent une cohérence
puis un respect des engagements.
Journaliste : ...on voit une
recension, ce matin, là, des différents projets de transports structurants qui
tous dépassent beaucoup le budget initial. Est-ce que... pas enlever un peu du
poids à l'argument comme quoi il faudrait peut-être mettre au rancart le projet
de tramway, parce qu'on s'attend à des dépassements de coûts bientôt?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
je vais laisser Joël répondre là-dessus mais simplement mentionner qu'on
spécule énormément sur le tramway. Tant qu'on n'aura pas de l'information
fiable, ça demeure de la spéculation. Je vais laisser Joël, parce que... sur
les dépassements de coûts, là, mais...
M. Arseneau : Bien,
effectivement, si on ne parle que du tramway comme étant le seul endroit où on
risque d'avoir des coûts supérieurs à ce qui était évalué au départ, on fait
fausse route. Le gouvernement, là, à peu près tous les projets qu'il a mis en
œuvre, bien, se sont révélés des catastrophes sur le plan financier. Qu'on
pense aux maisons des aînés. On est partis avec l'idée de construire des
maisons des aînés avec un coût par porte de l'ordre d'à peu près, quoi,
700 000 $. On est rendu à 1,4 million de dollars la porte.
Puis de toute façon on n'arrive pas à livrer les places, on n'arrive pas à les
livrer, on n'arrive pas à les ouvrir. Pensez aux classes des maternelles quatre
ans, on a dû interrompre le projet, et ainsi de suite. On pourrait même parler
de cette formule qui devait être absolument extraordinaire sur le plan de la
livraison du service du REM et sur le plan du respect des échéanciers et des
budgets. C'était via la Caisse de dépôt et placement. On a fait sauter la
banque puis on a dépassé les délais. Alors, pourquoi est-ce que c'est que ce
serait uniquement sur la tête de la ville de Québec, de son maire et du projet
de tramway qu'on s'acharnerait? Bien, c'est parce qu'il y a une raison derrière
ça. On aimerait ça que la CAQ soit davantage transparente puis appuie fermement
le projet et aide plus.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste : Si vous me
permettez juste une question, monsieur.... Bien, M. St-Pierre Plamondon, juste
une petite question sur le budget de l'an 1, les chroniqueurs de ce matin,
là, Francis Vailles, Gérald Fillion, qui vous accusent d'être jovialiste,
d'avoir des hypothèses, donc, très positives. Je vous donne un exemple en tête,
Francis Vailles dit que vous avez conservé les taux d'intérêt payés sur la
dette du Canada, alors qu'il faudrait augmenter ces intérêts payés au Québec.
Donc, en faisant des choix qui étaient, disons, très roses, ça ne vient pas de
décrédibiliser votre exercice?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je constate que six économistes venant de quatre universités ont
signé ce document en disant : Il est crédible, c'est une évaluation qui est
juste. Je préfère nettement l'analyse de Luc Godbout, un de nos plus éminents
fiscalistes, qui qualifie l'exercice de sérieux, de crédible. Bien sûr, si un
journaliste, en l'espace de 48 heures, décide de mettre de côté la
méthodologie Legault... Bélanger-Campeau et de dire : Moi, ce n'est pas ça
que je suis puis je vais inventer ma propre méthodologie, voici comment ça
fonctionne, bien, évidemment, on va arriver avec toutes sortes de résultats.
Mais quelle est la valeur de ça, là?
Prenons par exemple les taux d'intérêt
dont vous parlez. Est-ce qu'un État du Québec payé aurait des meilleurs taux
qu'une province? La réponse est probablement oui, mais on n'en a pas tenu
compte parce que ce n'est pas une certitude. Si on commence, donc, à faire des
arbitrages politiques puis à faire des prédictions des choix, comme sur le
Fonds des générations, la méthode de certains journalistes, c'est de
dire : Bien, moi, je ne tiens pas compte de la méthode Bélanger-Campeau
puis je présume qu'on va emprunter pour mettre dans le Fonds des générations
pour potentiellement les baisses d'impôts ou rembourser la dette. Ça me semble
être un choix politique assez irrationnel vu les taux d'intérêt élevés.
Mais, en d'autres mots, on ne peut pas
faire des arbitrages à l'extérieur de la méthodologie, prendre ce qui nous
tente, prendre ce qui ne nous tente pas. Dans ce qui nous tentait, nous, qu'on
n'a pas pris, les budgets fédéraux. On dit 12 milliards d'économies sur
sept ans, mais on est pris avec les chiffres fédéraux qui, lorsque c'est
sur un horizon de trois, quatre, cinq ans, prévoient toujours que le déficit va
se résorber. Ça n'arrive jamais. Donc, on prévoit des déficits de 14,
15 milliards, alors que le déficit, présentement, est de 46. Mais on est
pris avec ces chiffres-là, ça ne nous avantage pas, mais on a conservé la
méthodologie Bélanger-Campeau. Donc, à un moment donné, si on choisit une
méthodologie, on est obligé de la suivre. Après, il y a plein de gens qui
peuvent faire leurs prédictions, leur méthodologie, un peu comme on ferait un
pool de hockey du budget de l'an 1, mais il demeure que six économistes
ont travaillé là-dessus pendant des mois. Je... tu sais, je...
Journaliste :
...just jumping in English.
Mr. Arseneau, with Bill 15 and the letter of the six former premiers,
why people at home should care about this letter where they are asking for...
about university centers, institutes and the merging with Santé Québec, and why
they should not be satisfied with what Mr. Dubé said yesterday with amendments?
M. Arseneau :
Well, the reason why it should concern
everyday people is because we have six university research centers that
are extremely well-known throughout the world. They innovate, there is also
teaching, they are a key to... the Québec, the entire Québec health system, to
be one of the best in the world. And, if they don't have the capacity to raise
money, to develop their research projects and to apply their, you know,
innovative methods, you know, through the care that they give Quebeckers, well,
we are going to lose something very precious, and we are going to be
backtracking. We're trying to repair what's not broken. That's what's wrong
with this idea because there is this philosophy that, if we hire a top gun
leaders or...
Journaliste :
Managers.
M. Arseneau :
...managers from the private sector,
whatever sector, they will do a better job than those people who've been
leading university research centers for more than a hundred years in certain
cases. That doesn't make sense.
Journaliste :
But Mr. Dubé came out yesterday
and said that he would keep the board of directors... at least.
M. Arseneau :
No, I think he's trying to find a
middle ground whereby they are still going to be under control of Santé Québec,
but they are not going to have full rein on what they... on their projects, on
what they can do. But, you know, they will, basically, be allowed to choose a
certain number of research projects, and so on, but it goes together, it has to
be integrated. You have to be able to manage your care, you know, the soins.
You know, you have the care of the patients, innovate, teach and, as well, you
know, raise money, and, you know, that's the way it's been for decades. Again,
why change what's working for the institutions, working for Québec and Québec's
citizens too?
Journaliste :
Do you feel that the letter went far
enough or would you like to have seen them, maybe, call for other changes...
M. Arseneau :
There are other changes that they could
have brought about, but I think they... Well, we're discussing these things,
you know, day after day, in the commission. No, I think, to make an impact,
they had to, you know, choose a focus, and that's what they said, that's what
they did, and I think it's... You know, you don't want the former Premiers to
get involved in the daily work of the commission, you know. So, obviously, if
they've done that yesterday, it's because there is péril en la demeure, there
is a decision that should not be made, and that's one focus that they're
keeping, and that's a good strategy...
Journaliste :
Mr. St-Pierre Plamondon, can we just
hear you on Premier Legault's comments yesterday about Mr. Charest. Do you feel
that you went too far in saying that? Was that your intention to insult him?
M. St-Pierre
Plamondon :
I
never insulted anyone. I just mentioned the fact, that is accurate, that the
argument used by François Legault, at the salon bleu, are the exact same words
than those of Jean Chrétien and Jean Charest. François Legault might not like
that I put a mirror in front of him, he might not like what he sees, but that's
not an insult. It's just reality. Now, it's up to him to explain how you can
qualify... how you can say out, in public, that the name of a former Premier is
an insult. It's up to him to explain how this works. But I think it's not about
insults, it's about François Legault being uncomfortable with his own position
on those topics.
Journaliste :
I just... you mentioned Oscar Wilde. I
just...
M. St-Pierre
Plamondon :
Have
you read Le Portrait de Dorian Gray?
Journaliste :
It's a long book.
M. St-Pierre
Plamondon :
Because
the picture changes gradually.
Journaliste :
But I have read The Portrait of
Dorian Grayfor Dummies... In the book, Dorian Gray sells his soul
for eternal youth and beauty.
M. St-Pierre
Plamondon :
But
the picture changes as he makes decisions that are not according to himself and
according to ethics.
Journaliste :
Right. And so, it ends badly, as that
price. But do you think the Premier has sold his soul? Is that the connection
you're making?
M. St-Pierre
Plamondon :
I
strongly encourage every citizen to read Oscar Wilde and I let them answer that
question.
(Fin à 8 h 49)