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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’institutions démocratiques, et M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’institutions démocratiques

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Thursday, October 5, 2023, 11 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures cinquante-six minutes)

La Modératrice : Donc, bienvenue à ce point de presse transpartisan sur... et avec des invités bien spéciaux, sur la réforme électorale. Donc, prendra la parole Jean-Pierre Charbonneau, président du MDN; Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin et porte-parole de Québec solidaire; Pascal Bérubé, député de Matane pour le Parti québécois; Alex Tyrrell, chef du Parti vert; Martine Ouellet, chef de Climat Québec; Émilie Charbonneau, deuxième vice-présidente de l'APTS au nom du mouvement syndical; Catherine Bibeau-Lorrain et Laurence Mallette-Léonard pour le mouvement étudiant; et puis Maël Ferland-Paquette pour le mouvement citoyen. On prendra vos questions uniquement sur le sujet par la suite.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Bien, merci beaucoup. Alors, je voudrais d'abord saluer... je ne dirai pas mes anciens collègues parce qu'on n'a pas été collègues ensemble, mais les députés de Québec solidaire et du Parti québécois qui sont avec nous aujourd'hui et qui nous ont accompagnés dans cette démarche depuis très longtemps, et tous les représentants des organisations de la société civile, ils sont nombreux, vous avez la liste, qui sont avec nous aujourd'hui et qui supportent cette action-là.

Il y a un peu plus de cinq ans, ici même, à l'Assemblée nationale, le chef de la CAQ, François Legault, qui est devenu premier ministre depuis du Québec, était devant les membres de la tribune parlementaire ici en compagnie de, justement, Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire, d'Alex Tyrrell du Parti vert, qui est ici aujourd'hui, ici, et du chef du Parti québécois d'alors, Jean-François Lisée. Tous s'étaient engagés solennellement, signatures à l'appui, à réformer le mode de scrutin advenant la victoire aux élections de 2018. C'était un moment historique initié trois ans plus tôt par nul autre que François Legault, qui avait choisi à l'époque d'être, d'une certaine façon, l'héritier de René Lévesque et d'achever le grand combat démocratique de ce dernier.

Cinq ans plus tard, c'est un autre moment historique que nous vivons aujourd'hui au même endroit. En effet, cette fois-ci, c'est la société civile québécoise qui se lève pour exiger de ses représentants politiques une démocratie plus saine, plus juste, en conformité avec les multiples propos vertueux tenus au fil des ans par les ténors du gouvernement actuel.

En incluant les partis politiques favorables, le MDM, nous sommes plus de 30 organisations de la société civile qui, tous ensemble, appuient aujourd'hui non seulement l'idée d'une réforme électorale, mais une réforme concrète, rédigée en toutes lettres dans un projet de loi qui s'inscrit en droite ligne avec toutes les propositions législatives présentées par les grands partis depuis 1968, et c'est inédit.

La réforme électorale que nous proposons maintenant est à la disposition des parlementaires qui ont à nouveau le pouvoir de l'étudier et de la faire adopter, à condition, bien sûr, que l'instauration d'une nouvelle démocratie, d'une véritable démocratie représentative fondée sur un mode de scrutin qui donnerait aux partis politiques une place équitable en fonction des votes des citoyens, redevienne une cause fondamentale pour le premier ministre qui l'a défendue, il faut bien se le rappeler, pendant des années.

C'est ça qu'en plus du projet de loi on présente ici, aujourd'hui, une pétition sur la réforme du mode de scrutin, une pétition officielle de l'Assemblée nationale. Et dans un cas, le projet de loi a été déposé par un député de Québec solidaire et la pétition sera pilotée par un député du Parti québécois.

L'instauration d'un système électoral digne des valeurs démocratiques devant prévaloir en ce XXIe siècle doit devenir une revendication citoyenne majeure pour tous celles et ceux qui croient en la justice, une gouvernance équilibrée de notre société.

La pétition qu'on présente aujourd'hui est une occasion de dire au premier ministre que notre vie et que la qualité de notre vie démocratique intéresse beaucoup, beaucoup de gens et qu'en conséquence il doit reprendre le travail législatif abandonné. Incidemment, rappelons qu'une bonne partie du chemin à parcourir a déjà été fait. Et le projet de loi qui a été déposé aujourd'hui s'appuie d'ailleurs sur ça, sur le travail qui a déjà été fait. C'est le message le plus important aujourd'hui, on prend deux minutes, tout le monde, et on signe des pétitions.

Alors, merci beaucoup d'être ici, encore une fois, et je cède maintenant la parole... bien, je vais la laisser à Gabriel, mon cher. M. le député.

M. Nadeau-Dubois : Merci. Merci, M. Charbonneau. Pourquoi c'est important de réformer le mode de scrutin? C'est important parce qu'au Québec, là, chaque vote dans l'urne devrait compter. C'est important parce que chaque Québécois, chaque Québécoise, devrait être égale quand ils vont voter le jour des élections. Puis, en ce moment, ce n'est pas ça qui se passe. En ce moment, il y a des votes qui comptent moins que d'autres au Québec parce qu'on a un vieux mode de scrutin qui date d'une autre époque puis qui est complètement dépassé. Il faut réformer le mode de scrutin. C'était la promesse de François Legault. Aujourd'hui, je lui demande de ne pas faire un Justin Trudeau de lui-même, de respecter la parole qu'il avait donnée. Moi, j'étais ici il y a cinq ans, j'ai signé ce papier-là avec lui, qu'il respecte sa parole puis qu'il donne aux Québécois et Québécoises une vraie belle démocratie qui représente tout le monde. Pascal.

M. Bérubé : M. le président Charbonneau, je vous appelle encore comme ça, cher Gabriel, chers partenaires de la société civile, c'est quand même important ce qu'on dit aujourd'hui, ce qu'on réitère. On fait ça pour la démocratie. Pour des parlementaires, il n'y a rien de plus important que la démocratie, c'est ce qui nous a amenés ici. Or, il faut réaliser qu'il y a distorsion entre la volonté populaire et la représentation qu'on a au salon bleu. Tout le monde gagnerait à ce qu'on réforme le mode de scrutin pour que chaque vote compte. Et je suis convaincu que même le taux de participation pourrait augmenter. Ça contribue à contrer le cynisme et à s'assurer d'avoir une société vraiment exemplaire en matière de démocratie.

Le Parti québécois est toujours engagé. D'ailleurs, avec Québec solidaire, on s'est partagé deux tâches importantes, un projet de loi déposé ce matin par le député de Jean-Lesage et une pétition que je parraine qui est sur le site de l'Assemblée nationale. Donc, elle est officielle, on peut la signer dès maintenant et la partager. Je vais laisser toute la place aux gens de la société civile. Continuons cette bataille. Lorsqu'on fait ça, on ne le fait pas pour nous, on le fait pour les institutions, on le fait pour les Québécois et Québécoises. Et lorsqu'on est des démocrates, on ne craint pas le résultat. Donc, avec un nouveau mode de scrutin, je suis convaincu que c'est le Québec qui y gagne et c'est pour ça qu'on est tous rassemblés ici, aujourd'hui. Merci de votre attention.

M. Tyrrell (Alex) : Bonjour, tout le monde. Mon nom, c'est à Alex Tyrrell, je suis le chef du Parti vert du Québec. Il y a cinq ans, j'ai signé l'entente avec François Legault pour réformer le mode de scrutin. Depuis ce temps, on a vu une élection avec parmi les pires taux de participation dans l'histoire du Québec. On a un déficit démocratique qui est en train de se creuser et il faut poser des gestes pour augmenter la diversité des voix à l'Assemblée nationale. C'est un plaisir pour moi de pouvoir travailler avec des collègues de plusieurs partis différents pour atteindre cet objectif-là. Je pense qu'on est capable de démontrer qu'il y a quand même des choses qu'on peut faire en travaillant ensemble, notamment. C'est ce qu'on cherche à faire avec une plus grande diversité des voix et avec une meilleure représentativité à l'Assemblée nationale. Merci.

Mme Ouellet (Martine) : Martine Ouellet, avec Climat Québec. On a vu François Legault faire un triple salto arrière pour le troisième lien. Bien, aujourd'hui, on lui demande de faire une simple pirouette pour rouvrir le débat sur le système électoral. Notre démocratie, elle est malade. Notre système électoral actuellement favorise indûment les partis établis et l'argent au détriment des partis émergents qui voudraient changer la donne, comme Climat Québec. Donc, le système favorise le statu quo. Dans un contexte de bouleversements comme on connaît avec les dérèglements climatiques, bien, le système électoral agit comme un frein, comme un frein dangereux au changement de cap qui est indispensable et vital pour la suite des choses. Et donc Climat Québec est heureux de joindre sa voix aux autres partis pour demander, là, cette réforme du système électoral. Merci.

Mme Charbonneau (Émilie) : Donc, la réforme du mode de scrutin concerne toute la société civile et c'est pourquoi les organisations syndicales joignent leurs voix au mouvement, pour réclamer plus de démocratie. Mes collègues l'ont dit, la CAQ s'est engagée, il y a cinq ans, à procéder à cette réforme-là, bien, que ce soit au fédéral, que ce soit au provincial, bien, c'est toujours une réforme qu'on tablette quand on a le pouvoir. La démocratie, bien, c'est une de nos valeurs fondamentales comme organisation syndicale, c'est inscrit dans nos ADN. Nous avons à cœur de voir des élus qui sont bien représentatifs de la population à l'Assemblée nationale et pour défendre nos services publics, nos politiques publiques puis que ce soit vraiment le reflet de la société qu'on veut puis de la volonté des Québécoises et des Québécois. C'est un enjeu démocratique, mais c'est aussi un enjeu féministe. La réforme du mode de scrutin favorisera plus de femmes à l'Assemblée nationale, donc c'est d'une importance capitale aussi pour cette raison.

Aujourd'hui, nous joignons notre voix au mouvement démocratie et nous encourageons la population à signer dès maintenant cette pétition, parce que c'est maintenant qu'il faut que ça bouge, c'est maintenant que la pression doit être mise. Merci.

Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Bonjour. Je m'appelle Catherine Bibeau-Lorrain et je suis présidente de l'Union étudiante du Québec, une association étudiante nationale qui représente plus de 94 000 personnes étudiantes au niveau universitaire. C'est important pour nous aujourd'hui d'être présent ce matin pour dénoncer la problématique de notre système de... le mode de scrutin actuel. Nous sommes ici pour dénoncer l'inaction du gouvernement et demander des changements concrets.

Cette grogne-là prend même la forme de grèves, notamment par les personnes étudiantes prégraduées en philosophie à l'Université Laval. L'année dernière, notre système électoral a montré sa distorsion. Alors que la Coalition avenir Québec a obtenu 41 % du vote populaire, elle obtient 72 % des sièges. Québec solidaire, le Parti québécois ont reçu plus de votes que le Parti libéral du Québec, mais respectivement 10 sièges et 18 sièges de moins que le PLQ après le dépouillement des votes. Il y a un demi-million de personnes qui ont voté pour le PCQ, mais les conservateurs n'ont aucun siège à l'Assemblée nationale.

Toutes ces statistiques-là montrent qu'il y a un problème dans notre mode de scrutin. François Legault démontre que ce n'est pas une priorité pour le gouvernement. Aujourd'hui, nous lui montrons que c'est une priorité pour la jeunesse, pour la population étudiante. Une réforme permettrait de mieux représenter la voix de la jeunesse et par le fait même la voix étudiante. Les jeunes, des 18 à 34 ans, représentent environ le tiers de l'électorat. Faisons sentir à chaque personne, à chaque jeune, que sa voix compte véritablement.

Nous demandons une réforme pour permettre le pluralisme politique et mieux incarner notre diversité québécoise, les villes, les régions, la représentativité hommes-femmes, entre autres. Présentement, plusieurs personnes choisissent de ne pas voter parce qu'elles croient que leur vote ne sert à rien. Il faut faire en sorte que toutes et tous s'expriment sur qui sera les décideurs et décideuses politiques du Québec.

Notre mode de scrutin est brisé. Il faut que la voix de la population étudiante soit finalement prise en considération. Il faut changer notre mode de scrutin. M. Legault, respectez ce qui est demandé par la population étudiante. Merci.

Mme Mallette-Léonard (Laurence) : Bonjour. Je me présente Laurence Malette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante du Québec.

18 ans, âge de la majorité au Québec. Il s'agit de l'âge auquel une personne citoyenne obtient le droit de voter. Alors que, personnellement, j'étais bien excitée d'obtenir mon droit de vote en février 2021, une question remplie de cynisme m'a rapidement rattrapée : Ça sert à quoi de voter? La traditionnelle réponse : Ça sert à faire entendre son opinion sur les enjeux locaux et nationaux qui nous concernent, est-elle encore d'actualité? Quand la distorsion entre le vote populaire et la représentation à l'Assemblée nationale atteint des sommets, on le constate, notre démocratie est malade. Alors que c'est joué d'avance dans de nombreuses circonscriptions, pourquoi est-ce qu'une mère de famille monoparentale aux études ou une stagiaire non rémunérée en soins infirmiers prendrait le temps d'aller voter pour un candidat poteau?

Il y a un peu plus de trois ans, avec le p.l. n° 39, le gouvernement actuel était d'accord pour affirmer que le scrutin majoritaire uninominal à un tour est simple, trop simple, alors que les réalités québécoises sont plurielles. Qu'est-ce qui a changé? Pour combattre le cynisme actuel de la jeunesse étudiante québécoise, le gouvernement se doit d'agir, mais pour de vrai, cette fois. La mise en place d'une réforme du mode de scrutin est urgente, sans quoi la génération Z et les générations subséquentes perdront espoir en nos instances démocratiques.

On ne le répétera jamais assez, pour que les jeunes s'intéressent à la politique, la politique doit s'intéresser à eux. Surtout que les jeunes d'aujourd'hui sont nos élus de demain. Bien que la Fédération étudiante collégiale du Québec représente plus de 80 000 étudiants et étudiantes au collégial, comme ma consœur l'a mentionné, c'est un total de 45 associations étudiantes, plus de 250 000 personnes qui réclament une véritable mise à jour de nos instances démocratiques.

Comme vous pouvez le constater aujourd'hui, M. Legault, 250 000 personnes, ce n'est pas seulement quelques intellectuels. Qu'attendez-vous afin de soigner notre démocratie qui est gravement malade? Merci beaucoup.

M. Ferland-Paquette (Maël) :Bonjour. Je m'appelle Maël Ferland-Paquette. Je suis porte-parole de la mobilisation citoyenne pour une réforme du scrutin et j'ai l'honneur de représenter les nombreux mouvements citoyens qui appuient la réforme : Groupe Femmes, Politique et Démocratie, OUI Québec, Citoyenneté Jeunesse, Force jeunesse, Réseau québécois des groupes écologistes et Réseau québécois de l'action communautaire autonome.

L'an dernier, on nous demandait si la réforme du mode de scrutin, ça intéresse les gens après les élections. Aujourd'hui, on est 32 groupes à s'unir pour réclamer la réforme. La réponse est claire, nous voulons entretenir notre démocratie. Une grande partie de la population demande une façon de voter qui les écoute réellement. Nous méritons un gouvernement à notre image. Pourtant, la Coalition avenir Québec s'entête à répéter qu'être bien représentés, ce n'est pas ce qui nous intéresse au Québec.

Aujourd'hui, nous avons une occasion unique de prouver à M. Legault que choisir notre futur, c'est une priorité. Si vous voulez être entendus, signez la pétition, partagez-la à vos proches. Chaque signature est importante. Chaque voix mérite d'être entendue. Le Québec est prêt à prendre soin de lui. Ensemble, nous pouvons construire la province qui nous ressemble. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre les questions au micro, sur le sujet uniquement. Si jamais vous avez des questions pour quelconque personne, vous pourrez faire des scrums, par la suite, sur les autres sujets. Donc, en français.

Journaliste : Bonjour à tous. Ma première question est pour qui voudra bien y répondre, M. Charbonneau ou encore M. Nadeau-Dubois, de Québec Solidaire, puisque vous avez présenté le projet de loi. Pourquoi maintenant? C'est-à-dire que le premier ministre a clairement indiqué qu'il n'avait pas l'intention de s'intéresser à la réforme du mode de scrutin, puisque cette question-là n'intéressait que des intellectuels. Qu'est-ce qui vous fait croire que, cette fois-ci, c'est la bonne?

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Bien, on regarde comment les gens ont réagi, comment, même, les médias ont réagi après les dernières élections, il y a un an. Et là, pour la première fois... Nous, on a eu l'impression, souvent, de prêcher dans le désert. Et là, tout à coup, les gens ont réalisé, avec le résultat électoral de l'an dernier, que les distorsions dont on parlait depuis des années étaient réelles, effectives et avaient des conséquences. Un an plus tard, c'est un peu une espèce d'occasion de souligner, à la fois, le fait qu'il y a cinq ans, ici, à l'Assemblée, on signait quelque chose de façon solennelle et qu'on n'a pas respectée, et, maintenant, un an plus tard, après les élections, on veut dire au premier ministre : On n'a pas oublié, on n'est pas juste quelques-uns, on pense que vous devriez revenir sur vos paroles, revenir sur vos engagements de ne rien faire et revenir, dans le fond, à une époque où vous étiez vertueux au plan démocratique. Et c'est ça qu'on dit au premier ministre aujourd'hui : Vous avez la possibilité de faire l'histoire. Et nous n'avons pas oublié, on se souvient et on va se souvenir longtemps.

Et ce qu'on met en place, c'est non seulement la possibilité, pour les députés à l'Assemblée nationale, de reprendre le travail là où il a été abandonné, mais aussi de permettre aux citoyens et aux citoyennes de s'exprimer et de dire au premier ministre : Écoutez, on est pas mal plus nombreux que ce que vous pensez à vouloir avoir une véritable démocratie représentative.

Journaliste : Mais avez-vous réellement confiance que cette réforme-là voie le jour?

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Si on n'avait pas confiance, bien, on ne serait pas ici. Sauf que ça fait... J'ai été longtemps ici, à l'Assemblée. Mon portrait est là, là. J'ai été 25 ans. J'ai appris que, parfois, les grandes causes prennent du temps et je crois que cette cause-là en vaut la peine. Il faut se rappeler... puis c'était dans notre mémoire, quand on l'a présenté en janvier 2020... le débat, en fait, les auditions publiques sur le projet de loi, on a rappelé que les premiers moments où on a réclamé une réforme du mode de scrutin, pour avoir un scrutin de type proportionnel, c'est à la fin du XIXe siècle, à la suite d'élections puis de distorsions. Et depuis, il y a presque toujours eu des distorsions, des partis qui ont eu trop de députés par rapport à ce qu'ils avaient eu comme votes — on a le résultat — des partis qui n'ont eu aucun député, alors qu'ils auraient dû en avoir, puis des partis qui n'ont pas eu assez de députés par rapport aux appuis qu'ils ont obtenus. C'est ça, notre situation. Alors, il sera toujours temps...

Et ce qui est important dans cette affaire-là, c'est que les citoyens ne lâchent pas et aient confiance qu'à un moment donné quelqu'un aura le courage de respecter sa parole. M. Legault a dit, à plusieurs reprises, encore, ces derniers jours, qu'il fallait respecter ses paroles. Bien, je veux dire, c'est une occasion en or. Revenez à l'époque où vous étiez vertueux, M. le premier ministre.

Journaliste : Et M. Nadeau-Dubois, à la lumière des... bien, du résultat à l'élection partielle cette semaine, puis des résultats de l'élection générale l'an dernier, Québec solidaire a, comment dire, de la difficulté à faire des gains en région. Est-ce que, pour vous, le... comment dire, la croissance de votre parti passe nécessairement par une réforme du mode de scrutin? Est-ce que vous avez un intérêt, au fond, partisan à présenter ce projet de loi là?

M. Nadeau-Dubois : Depuis sa fondation, Québec solidaire dit qu'il faut une démocratie qui marche pour vrai pour le monde. On dit ça depuis notre fondation, il y a 18 ans maintenant. On a eu, depuis ce temps-là, des bonnes, des moins bonnes élections, notre position n'a jamais changé. Ça n'a rien à voir avec l'intérêt partisan.

Au Québec, là, quand le monde va voter le jour de l'élection, là, les votes de tout le monde devraient valoir la même affaire. C'est ça que ça veut dire, une réforme du mode de scrutin. Chaque Québécois, chaque Québécoise devrait être égal quand ils vont voter. En ce moment, ce n'est pas ça qui se passe, puis ça, c'est un vrai problème, pas un détail d'intellectuel.

M. Bérubé : Je vais ajouter aussi...

M. Nadeau-Dubois : Oui, Pascal, bien sûr.

M. Bérubé : Ça n'a pas été dit, mais je profite de l'occasion pour inviter l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, le Parti libéral du Québec, à se joindre à nous parce que ça devrait les animer aussi, l'avenir de la démocratie, je dirais même la réalité actuelle de la démocratie qui fait en sorte que tout a été évoqué de façon admirable, on y gagne tous comme démocratie. Alors, je profite de cette courte intervention pour inviter aussi le Parti libéral du Québec à se joindre à nous. Et je sais que le Parti conservateur aura une décision qu'ils vont prendre bientôt dans leurs instances. Le plus nombreux qu'on sera, le plus nombreux on aura l'occasion de plaider auprès du gouvernement et de ses députés, pas seulement du premier ministre. Je pense qu'il faut également rencontrer les députés un à un de la Coalition avenir Québec.

M. Nadeau-Dubois : Juste peut-être un dernier ajout factuel. Vous comprenez qu'une mobilisation comme celle-là, la rédaction d'un projet de loi touffu comme celui-là, ça prend plusieurs mois, hein? Donc, les résultats dans Jean-Talon auraient pu être différents. J'aurais pu gagner, Pascal aurait pu perdre, puis ça n'aurait rien changé, on aurait tous été ici, aujourd'hui, ensemble.

M. Bérubé : Oh, oui! on s'était engagé depuis longtemps.

M. Nadeau-Dubois : Exact.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Mais il y a une chose que je voudrais juste ajouter, c'est que les gens doivent savoir qu'avoir un Parlement représentatif, ça permet de régler les problèmes de la société et de faire des choix de société différemment. Avoir un Parlement représentatif avec un gouvernement qui est en relation avec le vote qui a été exprimé par les citoyens... et s'il faut les gouvernements minoritaires ou s'il faut des gouvernements de coalition... Ailleurs dans le monde, ça fonctionne. Ce qui est important, c'est qu'on règle les problèmes des citoyens en faisant en sorte que les citoyens aient la conviction que leur point de vue puis leur façon de voir les choses sont aussi pris en compte dans la façon dont le Parlement fonctionne, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Journaliste : Bonjour, tout le monde. Peut-être, M. Charbonneau pour poursuivre, là. Vous répondez quoi aux gens qui craignent que le nouveau mode de scrutin que vous proposez permette à des partis aux idées plus extrêmes d'entrer à l'Assemblée nationale, comme on le voit dans certaines assemblées en Europe, là, avec des partis d'extrême droite, par exemple?

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Bon, attention, là. Deux choses. D'abord, vous avez vu dans le projet de loi qui a été déposé ce matin par Sol Zanetti, il y a un taux minimum de 4 %. 4 %, là, pour l'ensemble du Québec, ça veut dire pas mal de monde. C'est un gros, gros, gros sondage et il n'y a pas beaucoup de partis extrémistes actuellement qui seraient en mesure de percer ce mur-là, d'une part. Et peu importe le mode de scrutin, le mode de scrutin qu'on a n'empêche pas aux États-Unis Donald Trump d'exister. Le mode de scrutin actuel au Canada n'empêche pas, par exemple, le Parti conservateur, avec une frange plus à droite, plus populiste, d'avoir le vent dans les voiles. Faisons la distinction entre le mode de scrutin et, finalement, le type de politique qu'on peut faire.

Mais une chose est claire, c'est qu'on voit un peu partout où il y a des systèmes de proportionnels que même les partis de droite sont obligés de faire des compromis parce que tu ne peux pas te retrouver au pouvoir avec une petite frange de la population extrémiste.

Journaliste : Puis peut-être en terminant, la question est pour tout le monde, là. Bon, là, vous êtes rassemblés à l'Assemblée nationale, ici, on voit vous êtes de nombreuses personnes issues de la société civile, mais comment vous pouvez faire en sorte que votre message percole au-delà des milieux que vous représentez, là, que ça aille toucher réellement la population?

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :À cause de vous. C'est à dire que nous, quand on vient à l'Assemblée nationale, et je le sais, là, j'ai été député... puis je le sais, le mouvement Démocratie nouvelle existe depuis maintenant 21 ans, on a prêché dans le désert longtemps parce que les médias ne s'intéressaient pas à nous, ils ne nous prenaient pas au sérieux. Et tout à coup, à un moment donné, après les dernières élections, avez-vous vu le nombre de chroniques, d'éditoriaux, de commentaires? Encore cette semaine, un de vos collègues au Journal de Montréal ou au Journal de Québec, Antoine Robitaille, a fait toute une chronique sur ça, Michel David aussi. Il y a eu des éditoriaux depuis les dernières élections, depuis un an, plus qu'il n'y en a jamais eu, et des gens ont pointé du doigt chaque fois ce problème-là. C'est ça qu'on recherche. C'est-à-dire qu'à travers la pétition, à travers notre présence à l'Assemblée nationale et à travers la caisse de résonance que vous pouvez activer ou ne pas activer, on espère qu'à un moment donné il y aura non seulement cette prise de conscience là, mais cette mobilisation citoyenne.

La Modératrice : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? On va passer en anglais.

Journaliste : Good afternoon. I'm not sure who wants to take this question, but we've heard the Premier, the CAQ, as well as the Liberals say repeatedly, they're not interested in this electoral reform. What makes you think that it's realistic? What makes you think that it's realistic for it to see the light of day?

M. Nadeau-Dubois : Well, you know, the only struggles that you loose are the ones that you abandon. That debate has been ongoing for decades in Québec and it never stopped. Why? Because this debate will always be alive until the democracy in Québec really represents the people of Québec. And that's why, in all democracies that have the same electoral system that we have, that debate is still ongoing and is still unresolved. The issue will never be resolved, now until we have a real democracy that actually represents the plurality of opinions in Québec. That's a very basic principle. When people go out and vote on the night of the election, each of those votes should be equal to one another, each of those voices should be heard. Our system does not do that. That's a real problem. It should be a problem for Mr. Legault himself.

Journaliste : And I just want to come back to something that was said a few moments ago about gender parity, the idea that this could get more women MNAs in the National Assembly. Can you explain exactly how that works? So, why is that…

M. Nadeau-Dubois : When you have a system where there's a list of candidates from different political parties, it's actually pretty easy just to ask parties to alternate on that list between a man and a woman as a candidate. It's the easiest and cheapest way to obtain parity in our electoral system.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions?

M. Authier (Philip) : Good afternoon. But we also know Mr. Legault is not interested in talking about this at all. What are you going to do about that?

M. Charbonneau (Jean-Pierre) : He's not interested… He was interested some years ago. Do you know who started again, when the Liberals abandoned the reform many years ago, the Charest government? it's Mr. Legault. He decided with…

M. Authier (Philip) : In this very room. It was in this very room that he signed.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) : He signed and the CAQ signed two times. The first time in December 2016 with the others. And, at that time «c'étaient les représentants des partis…» I'm sorry but... I can switch.

M. Authier (Philip) : It's alright.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) : And, in the beginning of the last election in May 2018, here, it was the chief of his party who signed again. So, two times in front of the cameras of the National Assembly, in front of you, the journalists who cover the National Assembly. You know, they signed, they signed. And he said: If I don't respect my «parole», this will encourage, you know, the cynicism in the society, and I don't do that, I will never do that, he said.

M. Bérubé : I don't want to be Justin Trudeau. That's what he said.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) : So, you cannot break your signature only because now it's not in the interest of your party. You know, you cannot in politics… because one of the biggest things in politics, important, and I know that why, it's confidence. You know, if the people trust a politician, woman or man, trust, you know, his «parole»… how do you say… his words…

M. Authier (Philip) : His words.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) : ...yes, it's the fundamental key of the democracy. If you cannot trust when a leader of politics said some things, how can you trust for the future and how can you build something very strong in this society?

M. Authier (Philip) : Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup

(Fin à 12 h 24)