Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures cinquante-six minutes)
La Modératrice : Donc,
bienvenue à ce point de presse transpartisan sur... et avec des invités bien
spéciaux, sur la réforme électorale. Donc, prendra la parole Jean-Pierre
Charbonneau, président du MDN; Gabriel Nadeau-Dubois, député de Gouin et
porte-parole de Québec solidaire; Pascal Bérubé, député de Matane pour le Parti
québécois; Alex Tyrrell, chef du Parti vert; Martine Ouellet, chef de Climat
Québec; Émilie Charbonneau, deuxième vice-présidente de l'APTS au nom du
mouvement syndical; Catherine Bibeau-Lorrain et Laurence Mallette-Léonard pour
le mouvement étudiant; et puis Maël Ferland-Paquette pour le mouvement citoyen.
On prendra vos questions uniquement sur le sujet par la suite.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Bien, merci beaucoup.
Alors, je voudrais d'abord saluer... je ne dirai pas mes anciens collègues
parce qu'on n'a pas été collègues ensemble, mais les députés de Québec
solidaire et du Parti québécois qui sont avec nous aujourd'hui et qui nous ont
accompagnés dans cette démarche depuis très longtemps, et tous les
représentants des organisations de la société civile, ils sont nombreux, vous
avez la liste, qui sont avec nous aujourd'hui et qui supportent cette
action-là.
Il y a un peu plus de cinq ans, ici même,
à l'Assemblée nationale, le chef de la CAQ, François Legault, qui est devenu
premier ministre depuis du Québec, était devant les membres de la tribune
parlementaire ici en compagnie de, justement, Gabriel Nadeau-Dubois de Québec
solidaire, d'Alex Tyrrell du Parti vert, qui est ici aujourd'hui, ici, et du
chef du Parti québécois d'alors, Jean-François Lisée. Tous s'étaient engagés
solennellement, signatures à l'appui, à réformer le mode de scrutin advenant la
victoire aux élections de 2018. C'était un moment historique initié trois ans
plus tôt par nul autre que François Legault, qui avait choisi à l'époque d'être,
d'une certaine façon, l'héritier de René Lévesque et d'achever le grand combat
démocratique de ce dernier.
Cinq ans plus tard, c'est un autre moment
historique que nous vivons aujourd'hui au même endroit. En effet, cette
fois-ci, c'est la société civile québécoise qui se lève pour exiger de ses
représentants politiques une démocratie plus saine, plus juste, en conformité
avec les multiples propos vertueux tenus au fil des ans par les ténors du
gouvernement actuel.
En incluant les partis politiques
favorables, le MDM, nous sommes plus de 30 organisations de la société
civile qui, tous ensemble, appuient aujourd'hui non seulement l'idée d'une
réforme électorale, mais une réforme concrète, rédigée en toutes lettres dans
un projet de loi qui s'inscrit en droite ligne avec toutes les propositions
législatives présentées par les grands partis depuis 1968, et c'est inédit.
La réforme électorale que nous proposons
maintenant est à la disposition des parlementaires qui ont à nouveau le pouvoir
de l'étudier et de la faire adopter, à condition, bien sûr, que l'instauration
d'une nouvelle démocratie, d'une véritable démocratie représentative fondée sur
un mode de scrutin qui donnerait aux partis politiques une place équitable en
fonction des votes des citoyens, redevienne une cause fondamentale pour le
premier ministre qui l'a défendue, il faut bien se le rappeler, pendant des
années.
C'est ça qu'en plus du projet de loi on
présente ici, aujourd'hui, une pétition sur la réforme du mode de scrutin, une
pétition officielle de l'Assemblée nationale. Et dans un cas, le projet de loi
a été déposé par un député de Québec solidaire et la pétition sera pilotée par
un député du Parti québécois.
L'instauration d'un système électoral
digne des valeurs démocratiques devant prévaloir en ce XXIe siècle doit
devenir une revendication citoyenne majeure pour tous celles et ceux qui
croient en la justice, une gouvernance équilibrée de notre société.
La pétition qu'on présente aujourd'hui est
une occasion de dire au premier ministre que notre vie et que la qualité de
notre vie démocratique intéresse beaucoup, beaucoup de gens et qu'en
conséquence il doit reprendre le travail législatif abandonné. Incidemment,
rappelons qu'une bonne partie du chemin à parcourir a déjà été fait. Et le
projet de loi qui a été déposé aujourd'hui s'appuie d'ailleurs sur ça, sur le
travail qui a déjà été fait. C'est le message le plus important aujourd'hui, on
prend deux minutes, tout le monde, et on signe des pétitions.
Alors, merci beaucoup d'être ici, encore
une fois, et je cède maintenant la parole... bien, je vais la laisser à
Gabriel, mon cher. M. le député.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
Merci, M. Charbonneau. Pourquoi c'est important de réformer le mode de
scrutin? C'est important parce qu'au Québec, là, chaque vote dans l'urne
devrait compter. C'est important parce que chaque Québécois, chaque Québécoise,
devrait être égale quand ils vont voter le jour des élections. Puis, en ce
moment, ce n'est pas ça qui se passe. En ce moment, il y a des votes qui
comptent moins que d'autres au Québec parce qu'on a un vieux mode de scrutin
qui date d'une autre époque puis qui est complètement dépassé. Il faut réformer
le mode de scrutin. C'était la promesse de François Legault. Aujourd'hui, je
lui demande de ne pas faire un Justin Trudeau de lui-même, de respecter la
parole qu'il avait donnée. Moi, j'étais ici il y a cinq ans, j'ai signé ce
papier-là avec lui, qu'il respecte sa parole puis qu'il donne aux Québécois et
Québécoises une vraie belle démocratie qui représente tout le monde. Pascal.
M. Bérubé : M. le président
Charbonneau, je vous appelle encore comme ça, cher Gabriel, chers partenaires
de la société civile, c'est quand même important ce qu'on dit aujourd'hui, ce
qu'on réitère. On fait ça pour la démocratie. Pour des parlementaires, il n'y a
rien de plus important que la démocratie, c'est ce qui nous a amenés ici. Or,
il faut réaliser qu'il y a distorsion entre la volonté populaire et la
représentation qu'on a au salon bleu. Tout le monde gagnerait à ce qu'on réforme
le mode de scrutin pour que chaque vote compte. Et je suis convaincu que même
le taux de participation pourrait augmenter. Ça contribue à contrer le cynisme
et à s'assurer d'avoir une société vraiment exemplaire en matière de
démocratie.
Le Parti québécois est toujours engagé.
D'ailleurs, avec Québec solidaire, on s'est partagé deux tâches importantes, un
projet de loi déposé ce matin par le député de Jean-Lesage et une pétition que
je parraine qui est sur le site de l'Assemblée nationale. Donc, elle est
officielle, on peut la signer dès maintenant et la partager. Je vais laisser
toute la place aux gens de la société civile. Continuons cette bataille.
Lorsqu'on fait ça, on ne le fait pas pour nous, on le fait pour les
institutions, on le fait pour les Québécois et Québécoises. Et lorsqu'on est
des démocrates, on ne craint pas le résultat. Donc, avec un nouveau mode de
scrutin, je suis convaincu que c'est le Québec qui y gagne et c'est pour ça
qu'on est tous rassemblés ici, aujourd'hui. Merci de votre attention.
M. Tyrrell (Alex) : Bonjour,
tout le monde. Mon nom, c'est à Alex Tyrrell, je suis le chef du Parti vert du
Québec. Il y a cinq ans, j'ai signé l'entente avec François Legault pour
réformer le mode de scrutin. Depuis ce temps, on a vu une élection avec parmi
les pires taux de participation dans l'histoire du Québec. On a un déficit
démocratique qui est en train de se creuser et il faut poser des gestes pour
augmenter la diversité des voix à l'Assemblée nationale. C'est un plaisir pour
moi de pouvoir travailler avec des collègues de plusieurs partis différents
pour atteindre cet objectif-là. Je pense qu'on est capable de démontrer qu'il y
a quand même des choses qu'on peut faire en travaillant ensemble, notamment.
C'est ce qu'on cherche à faire avec une plus grande diversité des voix et avec
une meilleure représentativité à l'Assemblée nationale. Merci.
Mme Ouellet (Martine) : Martine
Ouellet, avec Climat Québec. On a vu François Legault faire un triple salto
arrière pour le troisième lien. Bien, aujourd'hui, on lui demande de faire une
simple pirouette pour rouvrir le débat sur le système électoral. Notre
démocratie, elle est malade. Notre système électoral actuellement favorise
indûment les partis établis et l'argent au détriment des partis émergents qui
voudraient changer la donne, comme Climat Québec. Donc, le système favorise le
statu quo. Dans un contexte de bouleversements comme on connaît avec les
dérèglements climatiques, bien, le système électoral agit comme un frein, comme
un frein dangereux au changement de cap qui est indispensable et vital pour la
suite des choses. Et donc Climat Québec est heureux de joindre sa voix aux
autres partis pour demander, là, cette réforme du système électoral. Merci.
Mme Charbonneau (Émilie) : Donc,
la réforme du mode de scrutin concerne toute la société civile et c'est
pourquoi les organisations syndicales joignent leurs voix au mouvement, pour
réclamer plus de démocratie. Mes collègues l'ont dit, la CAQ s'est engagée, il
y a cinq ans, à procéder à cette réforme-là, bien, que ce soit au fédéral, que
ce soit au provincial, bien, c'est toujours une réforme qu'on tablette quand on
a le pouvoir. La démocratie, bien, c'est une de nos valeurs fondamentales comme
organisation syndicale, c'est inscrit dans nos ADN. Nous avons à cœur de voir des
élus qui sont bien représentatifs de la population à l'Assemblée nationale et
pour défendre nos services publics, nos politiques publiques puis que ce soit
vraiment le reflet de la société qu'on veut puis de la volonté des Québécoises
et des Québécois. C'est un enjeu démocratique, mais c'est aussi un enjeu
féministe. La réforme du mode de scrutin favorisera plus de femmes à
l'Assemblée nationale, donc c'est d'une importance capitale aussi pour cette
raison.
Aujourd'hui, nous joignons notre voix au
mouvement démocratie et nous encourageons la population à signer dès maintenant
cette pétition, parce que c'est maintenant qu'il faut que ça bouge, c'est
maintenant que la pression doit être mise. Merci.
Mme Bibeau-Lorrain (Catherine) : Bonjour.
Je m'appelle Catherine Bibeau-Lorrain et je suis présidente de l'Union
étudiante du Québec, une association étudiante nationale qui représente plus de
94 000 personnes étudiantes au niveau universitaire. C'est important
pour nous aujourd'hui d'être présent ce matin pour dénoncer la problématique de
notre système de... le mode de scrutin actuel. Nous sommes ici pour dénoncer
l'inaction du gouvernement et demander des changements concrets.
Cette grogne-là prend même la forme de
grèves, notamment par les personnes étudiantes prégraduées en philosophie à
l'Université Laval. L'année dernière, notre système électoral a montré sa
distorsion. Alors que la Coalition avenir Québec a obtenu 41 % du vote
populaire, elle obtient 72 % des sièges. Québec solidaire, le Parti
québécois ont reçu plus de votes que le Parti libéral du Québec, mais
respectivement 10 sièges et 18 sièges de moins que le PLQ après le
dépouillement des votes. Il y a un demi-million de personnes qui ont voté pour
le PCQ, mais les conservateurs n'ont aucun siège à l'Assemblée nationale.
Toutes ces statistiques-là montrent qu'il
y a un problème dans notre mode de scrutin. François Legault démontre que ce
n'est pas une priorité pour le gouvernement. Aujourd'hui, nous lui montrons que
c'est une priorité pour la jeunesse, pour la population étudiante. Une réforme
permettrait de mieux représenter la voix de la jeunesse et par le fait même la
voix étudiante. Les jeunes, des 18 à 34 ans, représentent environ le tiers
de l'électorat. Faisons sentir à chaque personne, à chaque jeune, que sa voix
compte véritablement.
Nous demandons une réforme pour permettre
le pluralisme politique et mieux incarner notre diversité québécoise, les
villes, les régions, la représentativité hommes-femmes, entre autres.
Présentement, plusieurs personnes choisissent de ne pas voter parce qu'elles
croient que leur vote ne sert à rien. Il faut faire en sorte que toutes et tous
s'expriment sur qui sera les décideurs et décideuses politiques du Québec.
Notre mode de scrutin est brisé. Il faut
que la voix de la population étudiante soit finalement prise en considération.
Il faut changer notre mode de scrutin. M. Legault, respectez ce qui est
demandé par la population étudiante. Merci.
Mme Mallette-Léonard (Laurence) :
Bonjour. Je me présente Laurence Malette-Léonard, présidente de la
Fédération étudiante du Québec.
18 ans, âge de la majorité au Québec. Il
s'agit de l'âge auquel une personne citoyenne obtient le droit de voter. Alors
que, personnellement, j'étais bien excitée d'obtenir mon droit de vote en
février 2021, une question remplie de cynisme m'a rapidement rattrapée : Ça
sert à quoi de voter? La traditionnelle réponse : Ça sert à faire entendre
son opinion sur les enjeux locaux et nationaux qui nous concernent, est-elle
encore d'actualité? Quand la distorsion entre le vote populaire et la
représentation à l'Assemblée nationale atteint des sommets, on le constate,
notre démocratie est malade. Alors que c'est joué d'avance dans de nombreuses
circonscriptions, pourquoi est-ce qu'une mère de famille monoparentale aux
études ou une stagiaire non rémunérée en soins infirmiers prendrait le temps
d'aller voter pour un candidat poteau?
Il y a un peu plus de trois ans, avec le p.l.
n° 39, le gouvernement actuel était d'accord pour
affirmer que le scrutin majoritaire uninominal à un tour est simple, trop
simple, alors que les réalités québécoises sont plurielles. Qu'est-ce qui a
changé? Pour combattre le cynisme actuel de la jeunesse étudiante québécoise, le
gouvernement se doit d'agir, mais pour de vrai, cette fois. La mise en place
d'une réforme du mode de scrutin est urgente, sans quoi la génération Z et les
générations subséquentes perdront espoir en nos instances démocratiques.
On ne le répétera jamais assez, pour que
les jeunes s'intéressent à la politique, la politique doit s'intéresser à eux.
Surtout que les jeunes d'aujourd'hui sont nos élus de demain. Bien que la
Fédération étudiante collégiale du Québec représente plus de
80 000 étudiants et étudiantes au collégial, comme ma consœur l'a
mentionné, c'est un total de 45 associations étudiantes, plus de
250 000 personnes qui réclament une véritable mise à jour de nos
instances démocratiques.
Comme vous pouvez le constater
aujourd'hui, M. Legault, 250 000 personnes, ce n'est pas
seulement quelques intellectuels. Qu'attendez-vous afin de soigner notre
démocratie qui est gravement malade? Merci beaucoup.
M. Ferland-Paquette
(Maël) :Bonjour. Je m'appelle
Maël Ferland-Paquette. Je suis porte-parole de la mobilisation citoyenne pour
une réforme du scrutin et j'ai l'honneur de représenter les nombreux mouvements
citoyens qui appuient la réforme : Groupe Femmes, Politique et Démocratie,
OUI Québec, Citoyenneté Jeunesse, Force jeunesse, Réseau québécois des groupes
écologistes et Réseau québécois de l'action communautaire autonome.
L'an dernier, on nous demandait si la
réforme du mode de scrutin, ça intéresse les gens après les élections.
Aujourd'hui, on est 32 groupes à s'unir pour réclamer la réforme. La
réponse est claire, nous voulons entretenir notre démocratie. Une grande partie
de la population demande une façon de voter qui les écoute réellement. Nous
méritons un gouvernement à notre image. Pourtant, la Coalition avenir Québec
s'entête à répéter qu'être bien représentés, ce n'est pas ce qui nous intéresse
au Québec.
Aujourd'hui, nous avons une occasion
unique de prouver à M. Legault que choisir notre futur, c'est une
priorité. Si vous voulez être entendus, signez la pétition, partagez-la à vos
proches. Chaque signature est importante. Chaque voix mérite d'être entendue.
Le Québec est prêt à prendre soin de lui. Ensemble, nous pouvons construire la
province qui nous ressemble. Merci.
La Modératrice : Merci
beaucoup. On va prendre les questions au micro, sur le sujet uniquement. Si
jamais vous avez des questions pour quelconque personne, vous pourrez faire des
scrums, par la suite, sur les autres sujets. Donc, en français.
Journaliste : Bonjour à tous.
Ma première question est pour qui voudra bien y répondre, M. Charbonneau
ou encore M. Nadeau-Dubois, de Québec Solidaire, puisque vous avez
présenté le projet de loi. Pourquoi maintenant? C'est-à-dire que le premier
ministre a clairement indiqué qu'il n'avait pas l'intention de s'intéresser à
la réforme du mode de scrutin, puisque cette question-là n'intéressait que des
intellectuels. Qu'est-ce qui vous fait croire que, cette fois-ci, c'est la
bonne?
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Bien, on regarde comment
les gens ont réagi, comment, même, les médias ont réagi après les dernières
élections, il y a un an. Et là, pour la première fois... Nous, on a eu
l'impression, souvent, de prêcher dans le désert. Et là, tout à coup, les gens
ont réalisé, avec le résultat électoral de l'an dernier, que les distorsions
dont on parlait depuis des années étaient réelles, effectives et avaient des
conséquences. Un an plus tard, c'est un peu une espèce d'occasion de souligner,
à la fois, le fait qu'il y a cinq ans, ici, à l'Assemblée, on signait quelque
chose de façon solennelle et qu'on n'a pas respectée, et, maintenant, un an
plus tard, après les élections, on veut dire au premier ministre : On n'a
pas oublié, on n'est pas juste quelques-uns, on pense que vous devriez revenir
sur vos paroles, revenir sur vos engagements de ne rien faire et revenir, dans
le fond, à une époque où vous étiez vertueux au plan démocratique. Et c'est ça
qu'on dit au premier ministre aujourd'hui : Vous avez la possibilité de
faire l'histoire. Et nous n'avons pas oublié, on se souvient et on va se
souvenir longtemps.
Et ce qu'on met en place, c'est non
seulement la possibilité, pour les députés à l'Assemblée nationale, de
reprendre le travail là où il a été abandonné, mais aussi de permettre aux
citoyens et aux citoyennes de s'exprimer et de dire au premier ministre :
Écoutez, on est pas mal plus nombreux que ce que vous pensez à vouloir avoir
une véritable démocratie représentative.
Journaliste : Mais avez-vous
réellement confiance que cette réforme-là voie le jour?
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Si on n'avait pas
confiance, bien, on ne serait pas ici. Sauf que ça fait... J'ai été longtemps
ici, à l'Assemblée. Mon portrait est là, là. J'ai été 25 ans. J'ai appris
que, parfois, les grandes causes prennent du temps et je crois que cette
cause-là en vaut la peine. Il faut se rappeler... puis c'était dans notre
mémoire, quand on l'a présenté en janvier 2020... le débat, en fait, les
auditions publiques sur le projet de loi, on a rappelé que les premiers moments
où on a réclamé une réforme du mode de scrutin, pour avoir un scrutin de type
proportionnel, c'est à la fin du XIXe siècle, à la suite d'élections puis
de distorsions. Et depuis, il y a presque toujours eu des distorsions, des
partis qui ont eu trop de députés par rapport à ce qu'ils avaient eu comme
votes — on a le résultat — des partis qui n'ont eu aucun
député, alors qu'ils auraient dû en avoir, puis des partis qui n'ont pas eu
assez de députés par rapport aux appuis qu'ils ont obtenus. C'est ça, notre
situation. Alors, il sera toujours temps...
Et ce qui est important dans cette
affaire-là, c'est que les citoyens ne lâchent pas et aient confiance qu'à un
moment donné quelqu'un aura le courage de respecter sa parole. M. Legault
a dit, à plusieurs reprises, encore, ces derniers jours, qu'il fallait
respecter ses paroles. Bien, je veux dire, c'est une occasion en or. Revenez à
l'époque où vous étiez vertueux, M. le premier ministre.
Journaliste : Et
M. Nadeau-Dubois, à la lumière des... bien, du résultat à l'élection
partielle cette semaine, puis des résultats de l'élection générale l'an
dernier, Québec solidaire a, comment dire, de la difficulté à faire des gains
en région. Est-ce que, pour vous, le... comment dire, la croissance de votre
parti passe nécessairement par une réforme du mode de scrutin? Est-ce que vous
avez un intérêt, au fond, partisan à présenter ce projet de loi là?
M. Nadeau-Dubois : Depuis
sa fondation, Québec solidaire dit qu'il faut une démocratie qui marche pour
vrai pour le monde. On dit ça depuis notre fondation, il y a 18 ans
maintenant. On a eu, depuis ce temps-là, des bonnes, des moins bonnes
élections, notre position n'a jamais changé. Ça n'a rien à voir avec l'intérêt
partisan.
Au Québec, là, quand le monde va voter le
jour de l'élection, là, les votes de tout le monde devraient valoir la même
affaire. C'est ça que ça veut dire, une réforme du mode de scrutin. Chaque
Québécois, chaque Québécoise devrait être égal quand ils vont voter. En ce
moment, ce n'est pas ça qui se passe, puis ça, c'est un vrai problème, pas un
détail d'intellectuel.
M. Bérubé : Je vais
ajouter aussi...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
Pascal, bien sûr.
M. Bérubé : Ça n'a pas
été dit, mais je profite de l'occasion pour inviter l'opposition officielle à
l'Assemblée nationale, le Parti libéral du Québec, à se joindre à nous parce
que ça devrait les animer aussi, l'avenir de la démocratie, je dirais même la
réalité actuelle de la démocratie qui fait en sorte que tout a été évoqué de
façon admirable, on y gagne tous comme démocratie. Alors, je profite de cette courte
intervention pour inviter aussi le Parti libéral du Québec à se joindre à nous.
Et je sais que le Parti conservateur aura une décision qu'ils vont prendre bientôt
dans leurs instances. Le plus nombreux qu'on sera, le plus nombreux on aura
l'occasion de plaider auprès du gouvernement et de ses députés, pas seulement
du premier ministre. Je pense qu'il faut également rencontrer les députés un à
un de la Coalition avenir Québec.
M. Nadeau-Dubois : Juste
peut-être un dernier ajout factuel. Vous comprenez qu'une mobilisation comme
celle-là, la rédaction d'un projet de loi touffu comme celui-là, ça prend
plusieurs mois, hein? Donc, les résultats dans Jean-Talon auraient pu être
différents. J'aurais pu gagner, Pascal aurait pu perdre, puis ça n'aurait rien
changé, on aurait tous été ici, aujourd'hui, ensemble.
M. Bérubé : Oh, oui! on s'était
engagé depuis longtemps.
M. Nadeau-Dubois : Exact.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Mais il y a une chose que
je voudrais juste ajouter, c'est que les gens doivent savoir qu'avoir un
Parlement représentatif, ça permet de régler les problèmes de la société et de
faire des choix de société différemment. Avoir un Parlement représentatif avec
un gouvernement qui est en relation avec le vote qui a été exprimé par les
citoyens... et s'il faut les gouvernements minoritaires ou s'il faut des
gouvernements de coalition... Ailleurs dans le monde, ça fonctionne. Ce qui est
important, c'est qu'on règle les problèmes des citoyens en faisant en sorte que
les citoyens aient la conviction que leur point de vue puis leur façon de voir
les choses sont aussi pris en compte dans la façon dont le Parlement
fonctionne, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Journaliste : Bonjour, tout
le monde. Peut-être, M. Charbonneau pour poursuivre, là. Vous répondez
quoi aux gens qui craignent que le nouveau mode de scrutin que vous proposez
permette à des partis aux idées plus extrêmes d'entrer à l'Assemblée nationale,
comme on le voit dans certaines assemblées en Europe, là, avec des partis
d'extrême droite, par exemple?
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Bon, attention, là. Deux
choses. D'abord, vous avez vu dans le projet de loi qui a été déposé ce matin
par Sol Zanetti, il y a un taux minimum de 4 %. 4 %, là, pour
l'ensemble du Québec, ça veut dire pas mal de monde. C'est un gros, gros, gros
sondage et il n'y a pas beaucoup de partis extrémistes actuellement qui
seraient en mesure de percer ce mur-là, d'une part. Et peu importe le mode de
scrutin, le mode de scrutin qu'on a n'empêche pas aux États-Unis Donald Trump
d'exister. Le mode de scrutin actuel au Canada n'empêche pas, par exemple, le
Parti conservateur, avec une frange plus à droite, plus populiste, d'avoir le
vent dans les voiles. Faisons la distinction entre le mode de scrutin et,
finalement, le type de politique qu'on peut faire.
Mais une chose est claire, c'est qu'on
voit un peu partout où il y a des systèmes de proportionnels que même les
partis de droite sont obligés de faire des compromis parce que tu ne peux pas
te retrouver au pouvoir avec une petite frange de la population extrémiste.
Journaliste : Puis peut-être
en terminant, la question est pour tout le monde, là. Bon, là, vous êtes
rassemblés à l'Assemblée nationale, ici, on voit vous êtes de nombreuses
personnes issues de la société civile, mais comment vous pouvez faire en sorte
que votre message percole au-delà des milieux que vous représentez, là, que ça
aille toucher réellement la population?
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :À cause de vous. C'est à
dire que nous, quand on vient à l'Assemblée nationale, et je le sais, là, j'ai
été député... puis je le sais, le mouvement Démocratie nouvelle existe depuis
maintenant 21 ans, on a prêché dans le désert longtemps parce que les médias ne
s'intéressaient pas à nous, ils ne nous prenaient pas au sérieux. Et tout à
coup, à un moment donné, après les dernières élections, avez-vous vu le nombre
de chroniques, d'éditoriaux, de commentaires? Encore cette semaine, un de vos
collègues au Journal de Montréal ou au Journal de Québec, Antoine
Robitaille, a fait toute une chronique sur ça, Michel David aussi. Il y a eu
des éditoriaux depuis les dernières élections, depuis un an, plus qu'il n'y en
a jamais eu, et des gens ont pointé du doigt chaque fois ce problème-là. C'est
ça qu'on recherche. C'est-à-dire qu'à travers la pétition, à travers notre
présence à l'Assemblée nationale et à travers la caisse de résonance que vous
pouvez activer ou ne pas activer, on espère qu'à un moment donné il y aura non
seulement cette prise de conscience là, mais cette mobilisation citoyenne.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? On
va passer en anglais.
Journaliste :
Good afternoon. I'm not sure who wants
to take this question, but we've heard the Premier, the CAQ, as well as the
Liberals say repeatedly, they're not interested in this electoral reform. What
makes you think that it's realistic? What makes you think that it's realistic
for it to see the light of day?
M.
Nadeau-Dubois :
Well, you know, the only struggles that you loose are the ones that
you abandon. That debate has been ongoing for decades in Québec and it never
stopped. Why? Because this debate will always be alive until the democracy in
Québec really represents the people of Québec. And that's why, in all
democracies that have the same electoral system that we have, that debate is
still ongoing and is still unresolved. The issue will never be resolved, now
until we have a real democracy that actually represents the plurality of
opinions in Québec. That's a very basic principle. When people go out and vote
on the night of the election, each of those votes should be equal to one another,
each of those voices should be heard. Our system does not do that. That's a
real problem. It should be a problem for Mr. Legault himself.
Journaliste :
And I just want to come back to
something that was said a few moments ago about gender parity, the idea that
this could get more women MNAs in the National Assembly. Can you explain exactly how that works? So, why is that…
M.
Nadeau-Dubois :
When you have a system where there's a list of candidates from
different political parties, it's actually pretty easy just to ask parties to
alternate on that list between a man and a woman as a candidate. It's the
easiest and cheapest way to obtain parity in our electoral system.
La Modératrice :
Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. Authier
(Philip) :
Good
afternoon. But we also know Mr. Legault is not interested in talking about
this at all. What are you going to do about that?
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :
He's not interested… He was interested some years ago. Do you know
who started again, when the Liberals abandoned the reform many years ago, the
Charest government? it's Mr. Legault. He decided with…
M. Authier
(Philip) :
In this
very room. It was in this very room that he signed.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :
He signed and the CAQ signed two times. The first time in December
2016 with the others. And, at that time «c'étaient les représentants des
partis…» I'm sorry but... I can switch.
M. Authier
(Philip) :
It's
alright.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :
And, in the beginning of the last election in May 2018, here, it was
the chief of his party who signed again. So, two times in front of the cameras
of the National Assembly, in
front of you, the journalists who cover the National
Assembly. You know, they signed, they signed. And he
said: If I don't respect my «parole», this will encourage, you know, the
cynicism in the society, and I don't do that, I will never do that, he said.
M.
Bérubé
: I don't want to be Justin Trudeau. That's what he said.
M. Charbonneau (Jean-Pierre) : So, you cannot break your signature only because now it's not in
the interest of your party. You know, you cannot in politics… because one of
the biggest things in politics, important, and I know that why, it's confidence.
You know, if the people trust a politician, woman or man, trust, you know, his
«parole»… how do you say… his words…
M. Authier
(Philip) :
His
words.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :
...yes, it's the fundamental key of the democracy. If you cannot
trust when a leader of politics said some things, how can you trust for the
future and how can you build something very strong in this society?
M. Authier
(Philip)
: Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup
(Fin à 12 h 24)