(Huit heures vingt-six minutes)
M. Tanguay : Alors, bon matin
à tous et à toutes. Nous allons vous parler, encore une fois, l'opposition
officielle libérale, d'économie au Québec, du fait que le gouvernement caquiste
de François Legault n'est pas un gouvernement de l'économie, n'a pas de vision
globale d'économie. Et il s'est, dans le passé... on aura l'occasion de le
mentionner durant ce point de presse, il s'est beaucoup trompé dans le passé.
Alors, il n'y a personne qui trouve que ça
va bien. Hier, avec mes collègues Fred Beauchemin et Madwa-Nika Cadet, on a
questionné le gouvernement durant la période des questions, et, François
Legault, ce qu'il répondait, c'est que ça va bien, ça va bien, circulez, il n'y
a rien à voir. Ils ont des lunettes roses. Et on l'avait déclaré, lors du
dernier budget d'Eric Girard, que ses prévisions économiques n'étaient pas les
bonnes. Une croissance, au Québec, de 1,6 %, qu'il a réaffirmée hier, n'est
pas en lien avec la réalité de ce que l'on a vu. Le dernier trimestre, c'est
une baisse de 1,9 %. Et, même à l'époque, les principaux économistes le
disaient, ne la situaient pas à 0,6 % mais à 0,3 %. Mais il a
persisté hier en disant : Oui, ça va bien, ça va bien.
Alors, quand on regarde que la vision
économique du gouvernement, c'est axé exclusivement sur les gros deals, quand
on parle qu'il a nié la pénurie de main-d'œuvre, qu'ils n'ont pas de vision
complète en matière de développement énergétique, c'est autant de facteurs qui
font en sorte qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion et que, malheureusement,
il y a des décisions qui se prennent avec des œillères, et ça, c'est
malheureux.
Et je vous rappelle une statistique :
61 % des faillites au Canada sont au Québec. C'est nos PME qui en souffrent,
parce que, pour François Legault et Pierre Fitzgibbon, les dirigeants qui sont
là pour les gros deals, bien, les PME, c'est du détail, et ils n'ont pas mis en
pratique les nombreuses propositions que l'on avait faites.
Alors, sans plus tarder, je cède la parole
à mon collègue Fred Beauchemin.
M. Beauchemin : Merci, Marc.
Hier, j'entendais le ministre des Finances nous dire qu'il ne fallait pas être
alarmiste. Moi, je suis optimiste dans la vie, mais, en économie, je suis
réaliste. Il y a plus que juste le PIB par habitant qui compte, il y a d'autres
indicateurs qui existent, puis je vais vous les nommer.
Produit intérieur brut, au deuxième
trimestre : à la baisse de 1,9 %, comme disait Marc, bien en dessous
de la moyenne canadienne. La consommation des ménages au Québec : moins
2 % au deuxième trimestre. C'est une hausse de 0,02 % au Canada.
Donc, encore une fois, il y a une différence énorme.
Il y a autre chose qui m'inquiète. Durant
le deuxième trimestre, la construction non résidentielle au Canada a augmenté
de 10 % puis, au Québec, elle a baissé de 1,8 %. Investissement en
machinerie et équipement : au Canada, c'est une hausse de 11 % puis,
au Québec, c'est une baisse de 4 %. Si on ajoute à ça, au fait, qu'au
Québec, dans le deuxième trimestre, il y a eu une baisse de 8 % en
investissement de produits de propriété intellectuelle, là — ça, c'est
de l'innovation, là — on innove moins au Québec. Tout ça, ça m'inquiète
beaucoup parce que ce que ça veut dire, là, c'est que nos entrepreneurs ont
perdu confiance.
Finalement, là, la balance commerciale, il
faut la regarder aussi, elle a été positive dans le deuxième trimestre. Comme
je répète, le deuxième trimestre : une baisse de 1,9 %, malgré le
fait qu'on a eu une balance commerciale positive de 16 %. Le ministre des
Finances nous a expliqué hier qu'il mettait ses oeufs dans le panier, que la
balance commerciale au troisième trimestre allait être meilleure que ça. Si ça,
ce n'est pas optimiste, là... Ça, là, c'est vraiment mettre ses lunettes roses.
Je vais passer de la parole à Madwa.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
collègue. Pour conclure, ce qu'on est en train de vous dire ce matin avec tous
ces chiffres, c'est que le gouvernement, donc, en ce moment, donc, met tous ses
oeufs, donc, dans le même panier, mais finalement, donc, on n'a pas de vision
pour nos différentes PME. On le voit, donc, la baisse du PIB, là, qui a été
mise de l'avant, donc, cette semaine, donc, oui, c'est en partie, donc, la
baisse de consommation des ménages, mais c'est beaucoup, beaucoup la perte de
confiance des PME. Nos PME dans nos différentes régions, donc, cessent d'investir.
Puis, nous, ça fait des années qu'on talonne le gouvernement sur la pénurie de
main-d'œuvre, qu'on leur dit : En raison de la pénurie de main-d'œuvre,
les entreprises auront des craintes, les entreprises, donc, ne seront plus
compétitives, seront moins productives, auront, donc, différents enjeux, donc, en
termes de refus de contrat, puis aujourd'hui c'est ce qu'on est en train de
voir.
Donc, avec la hausse des coûts d'exploitation,
la hausse des coûts d'approvisionnement puis la pénurie de main-d'œuvre, nos
entreprises regardent la situation puis se disent : On est abandonnés, le
gouvernement ne voit pas nos enjeux dans nos différentes régions. On a été sur
le terrain au cours des derniers mois puis on a vu, donc, des entreprises
ailleurs que dans le secteur de la filière batterie nous donner ce message-là,
nous rendre ce message-là puis nous dire : Nous, comme petites, comme
moyennes entreprises, on n'a pas ce soutien-là du gouvernement.
Donc, pour un gouvernement qui prétend
être le gouvernement des régions, on voit que c'est tout le tissu économique
régional qui est en train de s'effriter aujourd'hui.
M. Laforest (Alain) : M.
Beauchemin — c'est au banquier que je veux parler, là — gros
investissements aujourd'hui. Les gouvernements vont prendre à peu près une
prise de possession de 40 %. Ils l'ont fait dans Volta, ils l'ont fait
dans GM, ils l'ont fait dans Ford. Est-ce que c'est bon pour le Québec? En
regardant la caméra, s'il vous plaît...
M. Beauchemin : Oui,
d'accord. Bien, écoutez, ça va être une bonne nouvelle si on est capables
d'avoir, justement, la main-d'oeuvre, si on est capables d'avoir l'habitation.
Je pense qu'au Québec on est capables de faire deux choses en même temps. On
est capables d'avoir, justement, de l'innovation, mais aussi on est capables
d'investir dans nos PME, dans le tissu social des 17 régions économiques du
Québec, qui sont nos PME. C'est ultra-important de faire ça. Donc, moi, je
pense que ça, c'est vraiment prioritaire.
M. Laforest (Alain) : Mais là
on ne parle pas de PME, là, on parle de multinationales étrangères.
M. Beauchemin : Non, exact, multinationales
étrangères, avec des investisseurs étrangers, effectivement.
M. Bossé (Olivier) : Donc, on
serait mieux d'investir dans les... prendre cet argent-là puis le mettre dans
les PME?
M. Beauchemin : Mais il est
où... En fait, on peut faire les deux, O.K., mais il est où, le prochain
Couche-Tard, il est où, le prochain Bombardier? Je pense, c'est ça qui compte.
On en a, du potentiel, au Québec, tout partout dans nos régions. Ce que j'ai
vu, moi, cet été, là, c'était exceptionnel. Ça fait que pourquoi qu'on n'aide
pas plus nos PME à, justement, sortir du lot puis d'être capables d'être le
prochain Couche-Tard?
M. Bellerose (Patrick) : Mais,
sur Northvolt, là, est-ce que c'est une bonne idée
aujourd'hui...
M. Beauchemin : Pardon?
M. Bellerose (Patrick) : Sur
Northvolt, est-ce que c'est une bonne idée aujourd'hui d'investir 1,4 milliard
en aide gouvernementale pour lancer le projet ici, au Québec?
M. Beauchemin : Bien, je
pense que la CAQ sent le besoin d'être généreux envers les étrangers pour pouvoir
stimuler une initiative, qui est la filière batterie. Est-ce que ça va porter
des fruits? On l'espère, quand même, mais la réalité, c'est qu'on n'a pas de
logement puis on n'a pas de bras. Ça fait que comment vont-ils réussir? Moi,
c'est les deux conditions essentielles pour...
Mme Cadet : L'énergie.
M. Beauchemin : Puis
l'énergie, effectivement. On a besoin d'avoir ces trois éléments-là au
rendez-vous pour que ça fonctionne. On souhaite que ça fonctionne.
M. Bellerose (Patrick) : ...d'avoir
plus de main-d'oeuvre, de logement et d'électricité pour prendre le train quand
il passe? Je veux dire...
M. Beauchemin : Bien,
écoutez, je ne sais pas si l'approche, c'est de construire le stade avant que
la game commence, là, mais on va s'entendre que, pour le moment, ce qu'on veut
faire, nous autres, c'est s'assurer que nos PME soient bien représentées, puis
on va les défendre au salon bleu.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
derrière l'idée de dire : Bien, on va avoir l'ensemble de la boucle,
finalement, pour créer une batterie, là, les anodes, les cathodes et les
cellules... est-ce que ça, vous ne trouvez pas que c'est une bonne idée de
pouvoir, justement, boucler cette boucle-là et d'avoir une industrie au
complet, qui est capable de produire un produit complètement?
M. Beauchemin : Oui, mais,
comme j'ai déjà mentionné, je pense que, pour bien planifier, bien gouverner,
il faut être capable de bien calculer puis prévoir les coûts, puis actuellement
un data qui manque, c'est le nombre de bras. Ça fait que je ne sais pas où ils
vont les prendre. J'espère. C'est quand même des emplois spécialisés. On va
souhaiter qu'ils sont capables d'aller chercher ce monde-là ou que nos
universités vont en produire rapidement. Avant que ça donne un effet sur le
produit intérieur brut, ça va prendre plusieurs trimestres, on va s'entendre,
là, mais on va souhaiter qu'ils soient capables, dans ce temps-là, de réussir à
aller chercher ce qu'il faut pour que ça fonctionne.
Journaliste
: ...
M. Beauchemin : Pardon?
Journaliste
: Je vous
laisse finir...
M. Beauchemin : Mais, en bout
de piste, 98 %, 97 % de nos entreprises au Québec sont des PME, O.K.,
ils sont tout partout dans les 17 régions économiques du Québec. C'est le
tissu social, ça donne des jobs à tout le monde, dans tous les villages, puis
ça, bien, la CAQ dort. Ça fait que moi, ça, ça me dépasse.
M. Carabin (François) : Vous
dites que Northvolt va avoir besoin de bras. Craignez-vous, justement, qu'ils
aillent chercher ces bras-là dans des PME?
M. Beauchemin : C'est des
vases communicants. Dans la situation actuelle, c'est des vases communicants.
Ils vont les prendre ailleurs pour faire mal à d'autres PME, peut-être, je ne
sais pas, tu sais. C'est ça, le manque de vision, là, c'est ça.
M. Bellerose (Patrick) : ...voir
le même type d'aide qu'on donne aujourd'hui à Northvolt aux PME, si je
comprends bien, là? Des montants comme ça, là, importants, vous dites : Il
faudrait les investir pour aider nos PME.
M. Beauchemin : Bien, dans un
monde équitable, on pourrait être juste avec tout le monde, là. J'imagine que,
tu sais, ça peut être une théorie qui peut se débattre, là, mais on peut, au
minimum, au moins les écouter, les aider. On a parlé de l'industrie forestière,
cet été, qui a été à peine écoutée puis que là, bien, elle commence à se
remettre de ses cendres. Hein, ils en arrachent, eux autres, là. Ça fait qu'il
y a plusieurs autres industries, là, au Québec.
Des voix : ...
M. Beauchemin : Un instant.
M. Laberge (Thomas) :
...l'explosion des temporaires, est-ce que c'est un problème pour vous?
M. Beauchemin : Excuse-moi?
M. Laberge (Thomas) : L'explosion
des temporaires, est-ce que c'est un problème pour vous, avec la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Beauchemin : Bien là, ça,
c'est un enjeu plus relié à l'immigration en général. Il ne semble pas y avoir
de limite, là, en ce moment, là-dessus. Je pense que c'est... Je vais laisser
la parole à mon chef pour l'expliquer...
M. Tanguay : Ah! bien, vas-y,
Madwa. Vas-y, vas-y. Tu voulais-tu y aller?
Mme Cadet : Ah! bien non,
vas-y, vas-y.
M. Tanguay : Je vais te
laisser compléter.
Des voix : ...
M. Tanguay
: Non, parce
que, tantôt, je vais vouloir laisser l'occasion à Madwa, également, de
commenter. Mais on a pu voir une explosion de l'immigration temporaire, et il y
a présentement un débat. Je pense qu'aujourd'hui ils vont terminer les consultations
là-dessus. Ce que notre porte-parole, Monsef Derraji, au nom du... l'opposition
officielle libérale, a dit : Bien, il faut considérer l'ensemble de
l'oeuvre. Les temporaires, c'est du deux, du trois ans. Après ça, ils vont où,
ils font quoi? Souvent, ils vont quitter le Québec. Alors, vous ne pouvez pas bâtir
votre économie exclusivement là-dessus. On parlait, en début d'année, de plus
de 300 000, 346 000. Ça prend une vision globale. Puis clairement les
besoins en main-d'oeuvre, pour que l'annonce d'aujourd'hui demeure une bonne
nouvelle, bien, ça prend une vision, que la CAQ n'a pas démontrée, une vision
en matière d'habitation, de pénurie de main-d'oeuvre, et de services, et
d'énergie.
M. Laberge (Thomas) : Mais
est-ce qu'on en a trop? Est-ce qu'on a la capacité d'accueillir ces gens-là au
Québec?
M. Tanguay : La capacité
d'accueil, vous faites bien de le mentionner, ça, c'est le socle sur lequel on
doit tenir ce débat-là. Encore une fois, on aura l'occasion d'arriver avec les
conclusions, mais nous, nous voulons que l'on considère les travailleurs
temporaires dans la capacité d'accueil. Et capacité d'accueil veut dire quoi?
Capacité de logement, capacité d'offrir les services. Il faut qu'on ait un
débat là-dessus pour dire quelle est notre véritable capacité d'accueil. Et les
régions aussi ont besoin de main-d'oeuvre, les régions veulent être mises dans
le coup. Et ça, nous, on l'a déjà déposée, notre vision, avec la charte.
Mme Lévesque (Fanny) : ...parce
que vous ne répondez pas directement. Est-ce que le nombre de travailleurs
qu'on accueille... les immigrants temporaires, présentement, est-ce que c'est
trop ou vous aimeriez en avoir plus ou moins?
M. Tanguay : C'est le débat.
Il y a une perte de contrôle de la CAQ quand on parle de plus de
340 000 travailleurs temporaires. Lorsque la CAQ nous dit :
Bien, nous, on a établi à 50 000 la capacité d'accueil du Québec, on peut
voir que, derrière, il y a plus de 300 000 travailleurs temporaires.
Alors, nous, ce qu'on dit, c'est : Écoutez, il faut faire la discussion.
Les auditions se terminent, mais il faut considérer les travailleurs
temporaires, qui ont, eux aussi, besoin de logement puis ont besoin de
services. Alors, ce n'est pas une question de dire aujourd'hui «trop» ou «pas
assez»... une question de : notre capacité d'accueil, quelle est-elle,
puis c'est quoi... on se voit où dans un an, trois ans, cinq ans, là.
M. Duval (Alexandre) : Mais
on est rendus à 471 000, M. Tanguay...
M. Tanguay : Imaginez-vous,
wow!
M. Duval (Alexandre) : ...c'est
ça, le nouveau chiffre. Ça fait que la courbe, là, elle est comme ça depuis
quelques années...
M. Tanguay : Extrêmement
préoccupant.
M. Duval (Alexandre) : ...puis
c'est là-dessus qu'on veut vous entendre. Il y a des besoins de main-d'oeuvre,
c'est clair, mais cette courbe-là, est-ce qu'elle est tenable ou elle n'est pas
tenable?
M. Tanguay : C'est
extrêmement préoccupant. C'est extrêmement préoccupant. Et ces gens-là, ils
vont loger où? Est-ce qu'ils ont accès aux services? Parce que ce sont des gens
que l'on accueille de façon temporaire. Alors, la capacité d'accueil, c'est ça,
la question. Il faut se poser cette question-là. Vous me dites maintenant
470 000...
M. Duval (Alexandre) : ...si
c'est tenable ou pas tenable, là, ce rythme-là de croissance?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
c'est un rythme qui est excessivement préoccupant, et ça, c'est un drapeau
rouge pour notre capacité d'accueil. Et ça, il faut en tenir compte dans notre
politique d'immigration.
Puis tu voulais compléter, Madwa. Je t'en
prie.
Mme Cadet : Bien oui, bien,
tout simplement compléter, puis je pense que le chef l'a déjà mentionné, notre
collègue Monsef Derraji, donc, il le mentionne, donc, en ce moment, on est dans
la planification pluriannuelle de l'immigration et on ne considère pas
l'immigration temporaire, donc les gens qui cherchent... qui souhaitent
séjourner, donc, chez nous de façon temporaire, dans cette planification
pluriannuelle là. Donc, dans la Loi sur l'immigration, la capacité d'accueil et
d'intégration, elle fait partie d'un des critères pour la planification
pluriannuelle, mais on n'intègre pas, donc, la donnée des travailleurs
temporaires dans cette planification-là. Donc, pour nous, c'est un non-sens de
parler, donc, de planification, avec les chiffres que vous mentionnez, si on
n'a pas de contrôle sur ces chiffres-là, si on n'est pas capables de planifier
notre immigration sur trois ans en tenant compte de ces éléments-là
d'information qui sont tout à fait, donc, hors de contrôle du gouvernement en
ce moment.
M. Lacroix (Louis) : Sur un
tout autre ordre d'idées, hier il y a eu un événement malheureux qui est
survenu dans la région de Lac-Mégantic, là, les policiers qui sont intervenus
auprès d'un homme qui avait menacé et M. Legault et M. Trudeau. Bon,
ça s'est terminé par un échange de... bien, pas un échange, mais par un coup de
feu, quelqu'un qui a été blessé. D'abord, comment vous réagissez à ça? Et,
deux, M. Bérubé a dit que, depuis trois ans, il a noté une augmentation
des menaces à l'égard des élus, toutes formations confondues. Est-ce que vous
partagez son observation?
M. Tanguay : D'abord, sur ce
qui s'est passé hier, j'entends qu'il y a une enquête du BEI qui a été ouverte,
alors on va laisser le BEI. C'est clair que c'est préoccupant, et le BEI nous
dira si tout s'est bien passé selon les règles de l'art de l'intervention
policière, mais évidemment ce qui s'est passé hier, c'est excessivement
préoccupant.
Pour ce qui est des menaces sur les élus,
on l'a déjà mentionné, notamment sur... pas juste à l'Assemblée nationale, mais
les élus municipaux également font face à davantage de menaces. Et ça, il faut
s'assurer collectivement comment on peut mieux faire. Je pense que c'est un
questionnement qu'on doit avoir, comment on peut mieux faire pour s'assurer
qu'en démocratie les gens aient accès aux élus, mais également qu'il n'y ait
pas de dérapage.
M. Laforest (Alain) : Mais ça
s'est calmé ou ça a augmenté? C'est un peu ça, la question de mon collègue.
M. Tanguay : Écoutez, sur les
réseaux sociaux, ça ne s'est pas calmé, et il faut faire en sorte que notre
démocratie... Vous savez, on parle de notre capacité aussi d'attirer de
nouvelles personnes qui ont le goût de faire de la politique. C'est clair que
c'est quelque chose qui vient probablement en dissuader plusieurs. Donc,
violence verbale sur les réseaux sociaux et également un potentiel de menaces
sur le terrain.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que vous le sentez, là? Vous trois, est-ce que vous en recevez, des menaces, au
quotidien?
Journaliste
: ...Mme Cadet,
vous faites oui de la tête. Est-ce que vous pensez à quelque chose en
particulier?
Mme Cadet : Ah! bien,
c'est... Bien, je hochais oui de la tête, là, quand le chef, donc, nous
parlait, donc, de la situation sur les réseaux sociaux. Puis j'ai l'impression
qu'avec, bon, d'une part, donc, la pandémie puis le fait que les... donc, les
gens, donc, arrivent à se dissimuler derrière les réseaux sociaux, derrière,
donc, l'écran numérique, il y a cette espèce de sentiment de proximité avec les
élus puis ce sentiment qu'on peut faire à peu près, donc, n'importe quoi, qu'on
peut dire n'importe quoi.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que vous en recevez, vous? Parce que... Est-ce que, pour vous, c'est une
surprise, là? Parce que vous sortez d'un autre milieu professionnel, vous
arrivez en politique de façon assez récente, depuis un an. Est-ce que vous
sentez une... cette pression-là?
Mme Cadet : Bien, ce n'est
pas une surprise, mais oui, je constate une hausse, là, manifestement. Moi... bon,
évidemment, donc, moi, je suis impliquée autour, donc, de la politique depuis
assez longtemps, donc, depuis mes années à la commission jeunesse du parti,
puis...
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais de façon plus visible...
Mme Cadet : ...oui, de façon
plus visible, puis oui, je constate qu'il y a quelque chose qui a changé dans
le climat, il y a quelque chose qui s'est détérioré.
M. Bellerose (Patrick) : Ça
ressemble à quoi le type de menaces, commentaires, peu importe, que vous
pouvez...
Mme Cadet : Ah! bien,
souvent, c'est ça, donc, ça va être des... donc, des courriels hargneux, donc,
des courriels assez... assez difficiles. Donc, parfois, on est un peu, donc,
sur la ligne, donc, avec la menace en tant que telle. Je ne peux pas dire que
c'est notre quotidien, là, on s'entend. Donc, ce n'est pas tous les jours,
heureusement, c'est assez marginal, mais c'est certain que c'est préoccupant. Mais,
particulièrement sur les réseaux sociaux, on en reçoit beaucoup.
M. Laforest (Alain) : Avez-vous
déjà porté plainte?
Mme Cadet : Non, pas porté
plainte à la police, mais ici, donc, à l'Assemblée, donc, il y a un certain
processus lorsqu'on reçoit certaines communications, donc on peut les
transmettre.
M. Laforest (Alain) : Mais
c'est des policiers de la SQ ici qui s'occupent de ça. Donc, vous avez porté
plainte à l'Assemblée nationale pour certains courriels?
Mme Cadet : On a déjà... Oui,
mon bureau, donc, a déjà communiqué à une reprise, donc, avec l'Assemblée
nationale pour ce type de...
M. Carabin (François) : François
Legault avait parlé de rouvrir la loi pour encadrer les échanges sur les
réseaux sociaux. Est-ce que c'est quelque chose, au Parti libéral, que... à
quoi vous pensez qu'on devrait réfléchir?
M. Tanguay : Il y a une
question, évidemment, d'abord, de liberté d'expression et il y a une
responsabilité. Rappelez-vous, moi, j'avais... je pense, quand j'étais leader,
il y a deux, trois ans, j'avais interpelé le gouvernement pour que l'on puisse
se doter d'une politique de gestion des réseaux sociaux, autrement dit que nous
soyons, nous, élus, et l'Assemblée nationale, proactifs, à un moment donné dire :
Ça suffit, on ne va pas laisser un tel commentaire sur nos réseaux sociaux et
on va davantage avertir les gens qui naviguent puis qui viennent sur nos
réseaux sociaux, de dire : Bien, voici ce qui est toléré. Une personne dit :
Je ne suis pas d'accord avec vous, vous faites fausse route, c'est épouvantable,
puis je ne voterai pas pour vous, ça, c'est bien correct, c'est la démocratie,
mais, quand on dépasse la limite, c'est haineux, c'est violent, c'est
inacceptable.
Alors, je pense qu'on aurait lieu... Et je
réitère la demande que j'ai faite il y a deux, trois ans, on pourra la
ressortir, que l'on se dote d'une politique claire et uniforme sur la gestion
des réseaux sociaux et qu'on envoie collectivement le message de dire :
Ça, c'est la limite de l'intolérable puis ça ne sera pas accepté.
M. Lacroix (Louis) : Mais je
n'ai pas senti beaucoup d'empathie à l'égard de M. Legault dans votre discours.
Vous avez dit : Bon, les policiers vont... le BEI va faire une enquête à
savoir si les policiers ont bien agi, etc., mais je n'ai pas senti que vous
aviez une très grande empathie à l'égard de...
M. Tanguay : Ah! bien,
écoutez, évidemment, évidemment, il faut protéger nos institutions, il faut
protéger notre premier ministre. Et quiconque, élu, fait face à de telles
menaces, bien évidemment, il a toute notre sympathie, et il faut s'assurer que
la protection est là, très clairement, là.
Mme Senay (Cathy) : Can I
jump in English, please? Mr. Beauchemin...
M. Bellerose (Patrick) : ...sur
Mme Roy, qui va présider... sur Suzanne Roy, qui va présider le comité de
sages, est-ce que vous êtes à l'aise avec le fait qu'une ministre dirige ce
comité-là?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
je me demande où va François Legault avec ses skis dans le bain, là. Il doit
clarifier le mandat, le livrable. Ils vont se poser des questions sur quoi? C'est
une question éminemment délicate. On a déjà répondu à la question. Bien, il y a
déjà deux comités : celui de 2011, le Bureau de lutte contre l'homophobie
et la transphobie, puis il y avait, en 2020, un comité national sur la
diversité sexuelle en matière de santé et services sociaux. Là, François
Legault, il dit : Non, non, non, ça ne sera pas des experts, ça ne sera
pas des scientifiques, ça va être des sages. Et là la sage en chef, c'est la
ministre Roy. Il doit clarifier, il doit clarifier où il s'en va avec ses skis
dans le bain, ses gros sabots, c'est quoi, le mandat du comité, c'est quoi, le
livrable. Il y a des experts sur le terrain, il y a des intervenants sociaux,
il y a des psychologues, des professionnels qui encadrent les personnes qui
vivent avec ces réalités-là. Toutes ces questions-là, on se demande où il s'en
va.
M. Beauchemin : Tu avais une
question?
Mme Senay (Cathy) :
Can I jump in in English?
M. Bellerose
(Patrick) : …
M. Tanguay
: Pardon?
Mme Senay (Cathy) : Pat, on a des questions, nous autres aussi, s'il te plaît. Merci.
Mr. Beauchemin, can I ask
you questions on Northvolt?
M. Beauchemin :
Yes.
Mme Senay (Cathy) :
You said that… where is Couche-Tard and
the next Bombardier, but the Liberal Government invested lots of money on
Bombardier, and it didn't work. Don't you think that it's a good strategy for
the Legault Government to put billions of dollars in this electric batteries
sector?
M. Beauchemin :
It will be a good idea if it's
successful. I mean, people are judging investments sometimes as the results
come in. And the one criteria that... well, few criteria that need to be there
for this to be optimal : labor, obviously, electricity, we need housing.
These are variables that enter into the equation. At the end, if it results something
positive, then we'll be able to judge. But, for now, my point was more a fact
that, you know, this is one thing, it's a big investment, right, that is
conditional on these variables for it to be successful, but, parallel to that,
we need to invest in our small businesses across Québec. We have 17...
Mme Senay (Cathy) :
But we do.
M. Beauchemin :
Well, I mean, we don't invest in all of
the regions equally. We don't invest in small... «petites entreprises», like,
you know, «un bûcheur»… I'm not too sure how you say that in English, but «un
bûcheur» in Rouyn who just lost his equipment in the fire basically has no way
to pay for the deductible for the insurance in order to go buy a new
«bûcheuse».
M. Authier
(Philip) : Wood cutter.
M. Beauchemin : Thank you. Wood cutter. So, you know, we have a lot of these
situations, and the feeling and the comments that we're getting on the ground
is that the small businesses feel as if they're forgotten by this Government.
So, because it is the social tissue of this province, because it is the social
tissue of the economic connection within the 17 regions of Québec, well, we
need to take care of that. So, we can do two things at the same time, we can
walk and chew gum, we can do this thing, but we need to invest as well in our
small...
M. Authier (Philip) :
If you were in power, let say you are
in power, would you let the battery train go by like that? Would you let that…
Would you let… I mean, it's a worldwide trend, it's a huge market.
M. Beauchemin :
I would like to...
M. Authier (Philip) :
The Government will argue that they're
getting in at the right point. They're investing a lot of tax money at the
right point to be on the bandwagon.
M. Beauchemin :
That's right.
M. Authier (Philip) :
So, would you... If you were in power,
would you let that go by?
M. Beauchemin :
Well, had I been in power, I would have
planned for this better, I would have had the time to think about what's our
need in terms of electricity. In 2018… In 2016, it was obvious that we were
going to go into that direction of lack of surpluses. So, we needed to think
about how to renew that. We… The Liberal Government, at the time… I wasn't
there, I was working at another job. The Liberal Government, at the time,
proposed Apuiat, which was a «parc éolien», a wind farm, that… The first thing
that the CAQ did when they came in is they trashed the deal to just simply...
M. Authier (Philip) :
They brought it back later.
M. Beauchemin :
They brought it back three years...
three, four years later. So, we lost those four years. So, vision is important,
long-term planning is important. I'm not saying that it's bad news, I'm saying
it's good news, but we need to see labor, we need to see housing, we need to
see power for it to be successful.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
Just in
terms of small and medium-sized businesses, you mentioned investments, like we
should be investing in both, but what about labor? Are you concerned that opening
something like this could take workers away from the smaller businesses?
M. Beauchemin :
Yes. I'm not too sure what the
expression is in English, «mais un vase communicant». I mean, it's... it's a
defined pool...
M. Authier (Philip) :
…
M. Beauchemin :
Pardon?
M. Authier (Philip) :
Two-way street.
M. Beauchemin :
Two-way street. It's a defined pool of
employees that are available, and, you know, they're going to have to pick from
the already-working pool to satisfy those demands, so… unless there is, you
know, additional supply of labor that comes in.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
But, just
in terms of the investment itself, you know, you mentioned that we should be
doing both, but the Government does have a limited amount of money, they can't
spend everywhere, and there are other concerns.
M. Beauchemin :
That's the reason why it's a choice, exactly.
So, the point being it's a choice. Maybe it's a choice that is not in sync with
the reality of 98% of our businesses in Québec. Maybe it's a choice that needs
to be revisited in the sense that we have thousands and millions of people
working in Québec that are not going to be working at this industry, which is
fine, but, at the end of the day, we need to help everyone. So, maybe a bit
more balanced approach would be making sense.
Mme O'Malley (Olivia) :
We've seen an explosion of temporary
workers over the last year. Does Québec right now have the capacity to handle
all these newcomers?
M. Beauchemin :
As Marc said before, you know, it's
something that we need to have a conversation with the proper people in society that are able to participate in that
dialogue. We need to figure out the capacity, we need to figure out what it is
that is going to be required in years to come. Those that are already here are
already here, what are we going to do with them? These are all the variables that need to be taken
into account to make a proper human decision.
Mme Cadet :Actually...
M. Beauchemin : Yes.
Mme Cadet : …it's…
M. Lacroix (Louis) :
Juste mentionner, les amis, là, ce
n'est pas parce qu'on pose une question en français que vous avez droit à une
question en anglais ensuite. Vous pouvez tous poser les questions que vous
voulez ensuite. Alors, il ne faut pas...
Une voix : On va vous laisser débattre de ça...
M. Lacroix (Louis) : ...ce n'est pas notre rôle, à nous autres, de journalistes de
s'autocensurer, tu sais, d'empêcher nos collègues de poser des questions.
Des voix :
...
Journaliste : Allez-y, Mme Cadet.
Mme Cadet : O.K.?
Des voix : ...
M. Tanguay :
Si ça vous va, Madwa va...
Mme Cadet : OK, let me get back to my train of thought. Yes, so actually, like, what is funny is that I see
a connection between the two files. Like, what we're saying, like, about
Northvolt is that... So, the Government, right now, like, OK,
like, they embarked on a train that is already running, we see what President
Biden is doing in the U.S., so there's a momentum here, but it's like housing,
energy, labor are just considered as a footnote in that plan. So, when we think
of the situation in
immigration, it's the same thing, it's like : OK, like, we're in a process
of planning, the process that is billed by the immigration act of Québec, so the process that is billed in the
law to plan immigration, but we see an explosion of temporary workers, and
there is nothing that is done about it.
And we see that the
Minister, like, is uncomfortable about that, because, obviously, like, there is
something that doesn't work in the pluriannual planning of immigration that is
done when we don't consider all the needs of… all the temporary workers that
are coming in. Like, when we talk about, like, the capacity of welcoming and...
not sure, like, how to translate that properly, but, when we think about that
criteria, when we don't consider the temporary, well, workers and students that
are in Québecright now, because the... on one part,
because all of our businesses realise that, well, there's a labor shortage and
the Government is not doing
anything about it, so, like, they spend from their own funds, they invest
themselves to be able to get, like, the workers that they need without a proper
planning, this is the result of that lack of preparation that the Government executes in all of their files.
Une voix :Merci, tout le monde.
M. Tanguay : Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 53)