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(Dix heures trente minutes)
M. Drainville : Alors,
bonjour, tout le monde. Je veux d'abord commencer en vous disant qu'en tant que
ministre de l'Éducation mais aussi en tant que père ce qui compte le plus pour
moi, c'est la sécurité de nos enfants, de nos élèves. Et c'est pour ça que j'ai
déclenché un mandat d'enquête générale, en mars dernier, qui porte sur les cas
de violence sexuelle dans nos écoles mais aussi sur d'autres situations pouvant
causer préjudice à nos jeunes.
Alors, aujourd'hui, je rends public le
rapport, tel que je m'étais engagé à le faire, et je peux vous dire que je suis
extrêmement préoccupé par ce que j'ai lu. Il y a des lacunes importantes dans
la manière dont les organismes scolaires et le ministère traitent les plaintes
mais aussi des lacunes dans la façon dont sont gérés les dossiers des personnes
visées par des allégations d'inconduite.
Je vous le dis d'emblée, j'ai la ferme
intention de donner suite aux recommandations du rapport. La gravité des
constats du rapport démontre l'urgence d'agir le plus rapidement possible. J'ai
déjà un projet de loi dont l'étude détaillée débute bientôt. Nous sommes en
train de regarder les possibilités d'y apporter des amendements pour venir
corriger rapidement les importantes lacunes identifiées dans le rapport. Les
différents organismes scolaires qui ont fait l'objet d'enquête ont déjà été
informés des constats spécifiques à leurs situations et devront prendre des
mesures afin d'y répondre.
Là, je vais vous donner... je vais vous
brosser un peu le tableau des différents axes qu'on a identifiés et par
lesquels on va répondre aux recommandations du rapport. L'axe 1 : Le
rapport recommande d'améliorer l'acquisition et le partage de données en lien
avec les employés des centres de services scolaires. C'est un non-sens qu'un
enseignant, et plus largement un employé de centre de services, puisse
commettre des gestes à caractère sexuel ou des gestes violents et se déplacer d'un
centre de services à un autre sans conséquence. Pour assurer la sécurité des
jeunes, il est essentiel que le ministère et les centres de services puissent
avoir toutes les informations pertinentes lorsqu'on embauche du personnel dans
nos écoles. Le manque d'information et l'absence de partage de cette
information constituent un grave problème qui limite notre capacité de prévenir
ce genre d'acte, et j'ai l'intention d'y remédier.
Plus précisément, le fait que le dossier personnel
d'un employé ne puisse pas être transféré d'un centre de services à un autre
est plus que préoccupant. À cela s'ajoutent les clauses de retrait de certaines
informations du dossier disciplinaire des employés après un certain temps, ce
qui soulève de sérieuses questions, surtout lorsqu'il est question d'actes à
caractère violent ou sexuel à l'endroit de nos élèves. Le non-partage de l'information
entre centres de services et ces clauses de retrait ou clauses d'effacement
contribuent à rendre le suivi et la prévention des actes violents à caractère
sexuel... à caractère sexuel, dis-je bien, inutilement complexes. Cela ouvre
ainsi la porte à ce que des employés des centres de services scolaires
perpétuent des actes répréhensibles de façon répétée tout en gardant un dossier
vierge, parce que ça s'efface au fil du temps. On permet donc à des personnes d'évoluer
dans notre système scolaire en commettant des gestes graves, sans possibilité d'en
garder une trace à long terme. C'est inacceptable.
Comme je l'ai mentionné, l'étude détaillée
du projet de loi n° 23 commence bientôt. Je n'exclus pas d'y apporter des
modifications. J'espère, évidemment, que je pourrai compter sur la
collaboration des oppositions pour ce faire. Je compte aussi avoir des
discussions avec les syndicats pour s'assurer que ce qui constitue le dossier
personnel des employés ne soit pas un obstacle à la protection des enfants. Je
compte aborder en particulier la question des clauses de retrait ou clauses d'effacement,
qui entraînent, donc, l'effacement, au fil du temps, des mesures disciplinaires
dans les dossiers d'employés. Ça, c'était pour l'axe 1.
L'axe 2 : Le rapport recommande
d'approfondir les vérifications à l'embauche et d'en accroître la fréquence.
Présentement, les centres de services scolaires doivent vérifier, à l'embauche,
les antécédents judiciaires d'un futur employé susceptible d'être en contact
avec des élèves mineurs. Comme le mentionne le rapport, ce genre de
vérification est essentiel pour assurer la sécurité de nos élèves, mais ce
n'est pas suffisant. Je veux donc mettre en place des mécanismes plus stricts
en cours d'emploi, donc pas juste au début, en cours d'emploi. Ça voudrait dire
que les antécédents d'un employé qui ont été vérifiés à l'embauche devraient
l'être à nouveau après une certaine période de temps. Nous regardons
présentement l'ensemble des avenues possibles, mais, une chose est certaine, de
vérifier les antécédents judiciaires uniquement à l'embauche, ça ne suffit pas.
Évidemment, ce genre de mesure pourrait nous aider... nous permettra d'agir
davantage en prévention.
Axe 3 : Alors, le rapport
recommande de renforcer l'utilisation, la diffusion et la mise à jour des codes
d'éthique dans le réseau de l'éducation et d'augmenter l'encadrement des employés
des centres de services scolaires. C'est très important de donner aux
enseignants un encadrement adéquat et suffisant. Le rapport nous démontre
toutefois que ce n'est pas toujours le cas et que l'encadrement manque souvent
de cohérence d'un centre de services scolaire à un autre. Je vous annonce que
j'aurai des discussions avec les centres de services scolaires afin de
rehausser les standards applicables en matière d'éthique et de déontologie, et
ce, pour l'ensemble des employés des centres de services. J'ai également
demandé au ministère d'élaborer un cadre de référence que nous mettrons à la
disposition des centres de services et qui leur servira de ligne directrice
lors de l'adoption ou la mise à jour de leurs codes d'éthique ainsi que lors du
traitement des plaintes.
Quatrième axe : Le rapport recommande
d'améliorer le processus de traitement des plaintes et l'encadrement du
personnel qui traite les plaintes. Le rapport recommande aussi d'améliorer
l'accompagnement des victimes et d'assurer une meilleure rétroaction aux
victimes et aux dénonciateurs. Apporter un soutien adéquat aux victimes, avant,
pendant et après la plainte, est aussi important que le traitement de la
plainte elle-même. Sur le processus des plaintes, je souhaite que tout soit mis
en place pour qu'une personne qui a vécu ou qui a vu un acte à caractère sexuel
ou violent n'hésite pas à porter plainte auprès de son établissement
d'enseignement ou de son centre de services scolaire. En ce sens, nous
n'excluons pas d'introduire des formations obligatoires pour les personnes
chargées de traiter les plaintes sur le terrain, que ce soient les directions
d'établissement, directeurs, directrices d'école, ou les responsables des
plaintes au sein des centres de services scolaires. Par ailleurs, mon ministère
est en contact avec le protecteur national de l'élève afin de prévoir des
actions pour assurer que les intervenants qui sont saisis d'une plainte soient
adéquatement informés.
En ce qui a trait aux victimes, un
meilleur soutien doit leur être offert à elles aussi ainsi qu'aux personnes qui
dénoncent. Le ministère travaillera en collaboration avec le protecteur
national de l'élève pour mettre en place un processus plus efficace pour
améliorer l'accompagnement des victimes au sein des établissements et au sein
des centres de services scolaires. Comme le rapport le recommande, je souhaite
également augmenter la transparence du traitement des plaintes au sein des
établissements et des centres de services afin que les victimes ou
dénonciateurs soient mieux informés des suites de leurs plaintes. Est-ce qu'il
y a eu un suivi qui a été fait? Si oui, la victime ou le dénonciateur doit le
savoir, doit en être informé à plus forte raison, si, au terme du suivi, il y a
eu des mesures qui ont été prises. Petit rappel ici, les plaintes relatives aux
actes de violence à caractère sexuel peuvent être adressées directement aux
protecteurs régionaux de l'élève, qui font partie du protecteur national de
l'élève. Il y a donc une voie rapide qui est disponible pour le traitement de
ces plaintes, donc, à caractère sexuel.
Axe 5, finalement : Renforcer
l'article 26 de la Loi sur l'instruction publique et en rendre le
processus plus agile et plus robuste. La loi prévoit déjà un mécanisme de
plainte pour dénoncer des enseignants qui auraient commis un acte
répréhensible. Alors, l'article 26, là, ça s'applique seulement aux
enseignants, vous allez comprendre pourquoi. Toute personne peut porter plainte
au ministère envers un enseignant qui aurait commis un acte répréhensible. Ce
processus, donc la plainte en vertu de l'article 26, peut mener à la
création d'un comité d'enquête et entraîner la suspension ou la révocation du
brevet de l'enseignant visé. Malheureusement, comme nous le dit le rapport, ce
mécanisme n'est pas toujours utilisé dans des cas où il pourrait l'être, dans
des cas où il aurait pu y avoir une plainte en vertu de l'article 26. J'ai
l'intention de répondre à ce problème et je souhaite apporter des modifications
législatives pour rendre le processus plus simple et plus accessible.
En terminant, j'aimerais rappeler
l'importance de dénoncer les actes à caractère sexuel et les actes de violence
de toutes sortes. Je l'ai répété à plusieurs reprises, mais on ne le dira
jamais assez, si vous avez connaissance d'une situation, il ne faut pas hésiter
à la dénoncer. Il est certain que, si nous devons adopter d'autres mesures afin
d'assurer la sécurité de nos... de nos jeunes, dis-je bien, nous n'hésiterons
pas à le faire.
Mme Prince (Véronique) : M. Drainville,
il y a en déjà quand même, des mesures qui avaient été mises en place, là, je
veux dire, ce n'est pas la première fois que des problèmes sont soulevés. Puis
d'ailleurs, dans le rapport, on dit qu'il y avait différentes mesures, dans
certains centres, puis ce n'était pas uniforme, mais les mesures sont désuètes,
il n'y a pas de suivi. Donc, qu'est-ce qui fait croire que, cette fois-ci, les
mesures vont convenir?
M. Drainville : Bien,
écoutez, je viens de vous faire un portrait quand même vaste de toutes les
mesures que nous entendons mettre de l'avant. Les moyens pour y arriver ne sont
pas tous identifiés, on a reçu le rapport il y a quelques semaines de ça. Donc,
évidemment, il faut s'assurer qu'on choisisse les bons moyens et les bons
mécanismes pour arriver à l'objectif voulu.
Mais, quand je vous dis : On veut un
meilleur partage de l'information, on veut s'assurer que les personnes qui
commettent des gestes d'inconduite sexuelle et qui ont été sanctionnées pour
ça, ou qui ont posé des gestes répréhensibles et qui ont été sanctionnées pour
ça, ou qui ont reçu des avertissements pour ça et que ça apparaît dans leur
dossier... on veut s'assurer que ça ne disparaisse pas du dossier, parce que,
si jamais ils changent d'employeur, on veut que le nouveau centre de services
scolaire puisse regarder dans le dossier puis voir : Aïe! Cette
personne-là a commis des gestes répréhensibles, je ne vais pas l'amener dans
une de mes écoles, je ne vais tout simplement pas l'embaucher à ce moment-là.
Ça, ce sont des mécanismes qui n'existent pas, Mme Prince, ça n'existe
pas, et donc il faut procéder à des changements pour y arriver, même chose avec
les clauses de retrait et d'effacement.
Je peux vous parler du code d'éthique. Ce
n'est pas une obligation présentement. On souhaite que ça le devienne. On
souhaite qu'éventuellement tous les centres de services aient un code
d'éthique. On souhaite travailler sur la formation des personnes qui reçoivent
et traitent les plaintes. On souhaite améliorer l'accompagnement des victimes. On
souhaite leur donner une rétroaction quand elles ont porté plainte. C'est
beaucoup de changements, Mme Prince, et le résultat de tout ça, j'en ai la
conviction profonde, ce sera de mieux protéger nos élèves dans les écoles.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que vous vous attendiez à ce portrait-là? Est-ce que c'est un portrait que vous
qualifieriez de sombre, grave ou... Comment vous qualifiez la situation
actuelle? Puis est-ce que vous vous attendiez vraiment à ce que ce soit aussi
dramatique, là?
M. Drainville : Je vous
dirais que j'ai été surpris par l'ampleur des lacunes. J'ai été surpris par
l'ampleur des lacunes, et de là le sentiment d'urgence qui m'habite.
M. Pilon-Larose (Hugo) : C'est
beaucoup de changements, vous l'avez dit vous-même, qui devront... qui seront
nécessaires pour répondre aux recommandations du rapport qui vous a été remis
en juillet dernier. Et vous proposez, comme façon de procéder...
M. Drainville : Il m'a été
remis au mois...
M. Pilon-Larose (Hugo) : Juste
terminer ma question...
M. Drainville : Si vous
permettez, Hugo, il m'a été remis au mois d'août dernier. Je l'ai reçu le 6 août.
M. Pilon-Larose (Hugo) : D'accord.
Et vous proposez, comme façon de procéder, d'apporter des modifications en
utilisant le projet de loi n° 23, là, puisque la LIP est déjà ouverte en
ce moment. Mais c'est majeur, là, ce qui est là-dedans. Est-ce que, vraiment,
sachant que votre projet de loi n° 23 est contesté, qu'il ne fait pas du
tout l'unanimité dans les partis politiques... est-ce que c'est le bon
véhicule, vraiment, d'utiliser ce projet de loi là pour répondre à ce qui est
écrit là-dedans?
M. Drainville : Alors,
d'abord, je n'écarte pas le recours à 23. Comme je vous l'ai dit, on regarde
actuellement toutes les avenues possibles, tous les moyens possibles, mais les
pistes d'atterrissage, elles, sont très bien identifiées. L'objectif, la...
comment dire, la destination finale est très bien identifiée, je viens de la
résumer en réponse à la question de Mme Prince.
Alors, je pense qu'on ne peut pas se
permettre... justement, de par la gravité de certains des constats, on ne peut
pas se permettre d'écarter l'option de légiférer. Si j'écartais cette option de
légiférer, on m'en ferait le reproche, avec raison. Alors, ce que je vous dis,
c'est que, dans les options qui s'offrent à nous, il y a la possibilité de
légiférer, qu'on observe et qu'on analyse très sérieusement. Et évidemment, si
on décide de procéder par la voie législative, eh bien, on a déjà un projet de
loi qui est en commission parlementaire, dont l'étude article par article va
commencer dans les prochaines semaines et qui traite de certains sujets qui ont
un lien direct avec les constats du rapport.
Un des éléments importants du projet de
loi n° 23, c'est, justement, l'accès aux données, la possibilité de savoir
ce qui se passe dans les écoles pour que le ministère de l'Éducation puisse
avoir une information plus précise en temps réel et qu'il puisse agir plus
rapidement. Quand je vous parle d'accéder aux données de l'employé, à son
dossier, qui pourrait contenir, dans certains cas, des preuves qu'il a mal agi,
qu'elle a mal agi, bien, ça fait partie, je dirais, du grand spectre de l'accès
à l'information.
Donc, il y a une cohérence, je vous
dirais, à agir. Il y aurait une cohérence, parce que je ne veux pas être encore
affirmatif, mais il y aurait certainement une cohérence à utiliser 23 pour
procéder à un certain nombre de changements en lien, justement, avec l'accès
aux données, l'accès à l'information, aux dossiers des employés et pour
permettre aussi à ces données, à cette information de circuler d'un employeur à
l'autre, ce qui n'est pas permis présentement.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : M. Drainville, la plupart des lacunes,
dans le rapport, ont quand même déjà été identifiées dans des reportages, dans
les médias. Comment ça se fait que le ministre de l'Éducation est surpris de
lire ça?
M. Drainville : Bien, je...
écoutez, là, il y a un rapport d'enquête qui a été déposé au mois d'août. C'est
moi qui ai déclenché le mandat d'enquête, et donc je voulais aller au fond des
choses. Je pense que ce rapport-là va au fond des choses. Ce rapport-là, ce
qu'il fait, c'est qu'il nous trace un portrait général de la situation. Donc,
on n'est pas dans, comment dire, un élément qui peut faire l'objet d'un
reportage, un autre élément qui peut faire l'objet d'un reportage. On a ici
un... comment dire, un horizon, une panoplie de difficultés, puis de problèmes,
puis de déficiences, puis de lacunes dans le réseau, et ça se retrouve là au
terme d'une enquête qui a été menée par le service d'enquête du ministère de
l'Éducation. Alors...
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que c'est la pointe de l'iceberg, pour vous?
M. Drainville : Bien,
écoutez, la pointe de l'iceberg... C'est quand même une enquête qui a duré
pendant plusieurs mois. Le chiffre final, si je ne m'abuse...
Mme Prince (Véronique) : On
s'est penché sur 18 dossiers, il y en a encore probablement plus que ça.
M. Drainville : Oui, voilà,
c'est ça. Alors, bien, c'est déjà pas mal, je trouve qu'un échantillonnage
comme celui-là nous permet de dire que les conclusions du rapport s'appuient
non pas sur un incident ou deux mais sur de nombreux incidents survenus dans de
nombreux établissements, dans de nombreux organismes. C'est ce qui me fait
croire que ça reflète assez bien la réalité et ça justifie d'autant plus que
nous passions à l'action.
Mme Dion-Viens (Daphnée) : En
termes d'échéancier, vous avez parlé d'urgence d'agir. En même temps, vous avez
un très gros chantier, devant vous, à mettre en branle. À partir de quand les
parents, par exemple, pourront voir des changements concrets?
M. Drainville : Bien, le plus
rapidement possible, comme... le plus rapidement possible. Comme je vous ai
dit, l'objectif, c'est d'identifier les bons mécanismes, les bons moyens pour
agir. Alors, on est là-dedans déjà. C'est évident que, si on souhaite procéder
par la voie législative, bien, l'étude article par article doit commencer dans
les prochaines semaines, alors c'est sûr qu'on va devoir statuer assez
rapidement. Et puis, moi, mon objectif... puis ça va dépendre, évidemment, de
la collaboration des oppositions, mais mon objectif, moi, c'est de faire
adopter la loi n° 23 le plus rapidement possible. Et, si on a inséré, dans
la loi n° 23, certains amendements en réponse au rapport, bien, à ce
moment-là, l'adoption des mesures sera survenue, mettons, dans les prochaines
semaines.
Des voix : ...
M. Drainville : Pardon?
Mme Dion-Viens (Daphnée) : Il
y a d'autres mesures qui ne nécessitent pas nécessairement des changements
législatifs, qui vont de directives dans les centres de service, de
négociations en cours avec les syndicats. Est-ce que vous pouvez vous engager à
ce qu'il y ait des changements concrets, des recommandations du rapport mis en
place pour la rentrée l'an prochain?
M. Drainville : Ah! bien oui.
Oui, oui, oui. Bien sûr, bien sûr, bien sûr. Oui, oui, ça, c'est... Avant ça,
là, avant ça.
Mme Dion-Viens (Daphnée) : Est-ce
que la majorité des recommandations seront...
M. Drainville : Bien,
écoutez, Mme Daphnée, si vous me permettez, je vous vouvoie, ça va se
faire, et on souhaite le faire le plus rapidement possible.
Mme Prince (Véronique) : Pourquoi
pas par directives ou réglementations à ce moment-là? Je veux dire, vous l'avez
fait pour d'autres cas, là.
M. Drainville : Ah! bien, on
n'écarte rien, Mme Prince, on n'écarte rien.
Des voix : ...
M. Drainville : Pardon?
M. Bourassa (Simon) : Est-ce
que c'est possible, M. Drainville... est-ce que c'est possible qu'on ait
été moins regardant, dans les dernières années, sur les dossiers problématiques
de certains employés parce qu'il manque de monde dans les écoles?
M. Drainville : Non, je...
bien, a priori, je ne crois pas, non, non. Ce n'est pas ce que dit le rapport,
en tout cas. Le rapport parle de défaillances, de lacunes, de faiblesses,
d'améliorations souhaitées et... Tu sais, par exemple, tu vois un geste qui est
répréhensible. Tu es un adulte, toi, dans une école, ton devoir, sinon ta
responsabilité, c'est de dénoncer. Alors, est-ce que le processus de
dénonciation est suffisamment clair? Est-ce qu'on doit l'améliorer? Est-ce
qu'on doit améliorer le processus de traitement de cette plainte qui viendra?
On l'espère.
Alors, tout ça, il y a du travail à faire,
mais je ne crois pas... Honnêtement, on peut blâmer la pénurie pour toutes
sortes d'enjeux, mais, dans ce cas-ci, dans le cas de la sécurité des enfants,
il n'y aura jamais une bonne raison pour ne pas s'occuper de la sécurité de nos
enfants. Il n'y aura jamais une justification ou une excuse pour ne pas veiller
sur la sécurité de nos enfants.
M. Bourassa (Simon) : Et puis
pensez-vous mettre en place un mécanisme, un jour, là, qui ressemble à celui
qu'on trouve dans les établissements d'enseignement supérieur, là? Mécanisme
qui est assez clair, là, pour traitement des plaintes, réception des
plaintes...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Qui vous est demandé, d'ailleurs, dans le
rapport.
M. Bourassa (Simon) : Oui.
M. Drainville : Oui, mais je
vous dirais que, si vous regardez les mesures qui ont déjà été mises en place,
notamment avec la mise en place du protecteur national de l'élève, si on ajoute
les mesures existantes, qui sont visiblement, comment dire, insuffisantes et si
vous ajoutez à ça les mesures dont je vous annonce la teneur aujourd'hui, sans
aller dans le détail encore, je vous reviendrai avec ça, je pense que l'addition
de toutes ces mesures fait en sorte qu'on va améliorer de beaucoup la
protection de nos élèves au préscolaire, au primaire et au secondaire.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais votre propre ministère vous demande de
mettre sur pied une politique...
M. Drainville : Je vous
rappelle, je vous rappelle, je vous rappelle que les protecteurs régionaux sont
entrés en fonction il y a seulement quelques jours de ça. Donc, ça, c'est une
addition qui est extrêmement importante. Et je pense qu'ils vont jouer un rôle.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...vous ne répondrez pas à cette
recommandation-là de votre propre ministère?
M. Drainville : Les
protecteurs et protectrices vont jouer un rôle très important, très important
pour améliorer la sécurité de nos élèves dans les écoles.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Votre propre ministère vous demande de mettre
sur pied une politique comme celle qu'on a en enseignement supérieur. Vous ne
répondrez pas à cette recommandation-là?
M. Drainville : Bien, je
réponds, aujourd'hui, avec une série de mesures.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Vous n'en ferez pas une, politique?
M. Drainville : Je réponds,
aujourd'hui, avec une série de mesures qui s'ajoutent à des mesures qui ont
déjà été adoptées, qui ont déjà été mises de l'avant.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
dites qu'un adulte... vous l'avez dit vous-même, un adulte dans un
établissement d'enseignement doit rapporter les cas.
M. Drainville : C'est sa
responsabilité. Je pense...
M. Bergeron (Patrick) : C'est
sa responsabilité.
M. Drainville : Nonobstant
les lois, les règlements, et tout, je pense, c'est une responsabilité morale,
quand tu travailles dans le milieu scolaire, de protéger un enfant mineur qui
pourrait faire l'objet d'un acte de violence, d'inconduite sexuelle ou de toute
autre menace à son intégrité physique ou psychologique.
M. Bergeron (Patrick) : Vous
l'avez dit. Or, il n'y a pas beaucoup de parents qui ne seraient pas,
justement, surpris, aujourd'hui, d'apprendre que... Tout ce que vous dites là,
ça semble être des évidences. Comment se fait-il qu'en dépit de ce que doit
faire un adulte normal responsable il y a autant de cas qui sont rapportés puis
que ça prend encore plus de mesures pour demander à des profs de rapporter des
situations comme celles-là? Il n'y a pas... Les parents n'ont pas raison d'être
scandalisés de savoir que ça prend tout ça pour dire à quelqu'un :
Réveille, il se passe quelque chose?
M. Drainville : Le rapport,
je crois, est un rappel de notre obligation, de l'obligation que nous avons
tous, comme adultes, de veiller sur la sécurité de nos enfants. Et le rapport
nous rappelle qu'il y a des gestes à poser, et nous avons l'intention de les
poser.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
cette question très précise là, par contre, le rapport dit, justement, j'essaie
de bien comprendre, que les témoins d'événements condamnables ne sont pas
toujours considérés par le processus de plainte. Plusieurs processus exigent
d'être une victime ou le parent d'une victime pour qu'il s'enclenche, par
exemple celui du protecteur national de l'élève, sauf dans le cas des violences
à caractère sexuel. Qu'est-ce que ça veut dire, ce passage-là que je viens de
vous citer du rapport? Un adulte, finalement, qui est témoin d'un geste qui pourrait
être condamnable, il ne pourrait pas porter plainte au nom de l'élève au
protecteur?
M. Drainville : Alors, ce que
ça démontre, ce que ça démontre, c'est qu'il faut améliorer le processus. Ça
améliore le...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...changer le processus du protecteur?
M. Drainville : Ça commande
que nous améliorions le processus de traitement des plaintes. Alors... Parce
qu'il ne faut pas, justement, se priver, je dirais, d'une plainte qui a été
déposée en bonne et due forme par quelqu'un qui est bien intentionné et qui est
capable de démontrer que sa preuve est bel et bien fondée. Alors, justement, le
rapport, vous avez raison de le dire, par moment, déplore le fait qu'il y a des
mécanismes qui sont trop restrictifs. Alors, s'il faut élargir ces mécanismes,
il faudra le faire.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Et,
pour le faire, il faudra procéder, comme vous le savez, par des modifications
législatives. Êtes-vous ouvert à scinder votre projet de loi n° 23, qui va
beaucoup plus large que ces questions-là, pour traiter en priorité, avec les
oppositions, des éléments qui concernent le rapport d'aujourd'hui?
M. Drainville : Bien,
écoutez, moi, je... la réponse, c'est non. Le projet de loi n° 23 a son
utilité et sa nécessité. Et ce que nous allons évaluer, maintenant, c'est :
est-ce qu'on peut y greffer des mesures supplémentaires qui répondent aux
recommandations du rapport? Et c'est ce que nous allons évaluer, et nous allons
vous donner des nouvelles dès qu'on aura répondu à la question.
Des voix : ...
M. Drainville : Encore deux questions,
puis on s'en va en anglais par la suite. Encore deux questions.
M. Desrosiers (Sébastien) : Les
oppositions vous ont demandé d'appuyer le projet de loi de Québec solidaire
pour une politique-cadre, une loi-cadre sur les violences sexuelles à l'école.
Je comprends de vos réponses que vous n'êtes toujours pas favorable à ça.
M. Drainville : Bien, ce que
j'ai répondu, c'est qu'il y a, dans les mesures qui ont déjà été adoptées, une
base qui est quand même importante : le protecteur national de l'élève. C'est
une nouvelle institution, les protecteurs régionaux viennent tout juste
d'entrer en fonction. Je vous rappelle que, lorsque la Loi sur le protecteur
national de l'élève a été adoptée... je vous rappelle que Québec solidaire a
salué cette loi, a dit que c'était une amélioration par rapport à la situation
existante. Alors, comme je l'ai déjà dit, en Chambre, à de nombreuses reprises,
je pense qu'il faut laisser le protecteur national de l'élève faire son
travail. Et je pense qu'on constatera son efficacité au fil du temps.
Maintenant, ce que je vous annonce
aujourd'hui, c'est qu'en plus de l'entrée en vigueur du protecteur national de
l'élève, en plus des autres mesures qui existent déjà, il y a visiblement
nécessité d'ajouter d'autres protections, et d'autres mécanismes, et d'autres
moyens pour assurer la sécurité de nos enfants dans les écoles, et j'ai
l'intention de procéder avec ça. Une dernière question en français, s'il vous
plaît.
Mme Dion-Viens (Daphnée) : Juste
pour préciser ce que vous avez répondu à mon collègue, est-ce que je comprends
que le nouveau mécanisme de traitement des plaintes, qui vient d'entrer en
vigueur le 28 août, a des lacunes et qu'il faut le corriger?
M. Drainville : Non, non,
non. Ce que vous devez comprendre, c'est qu'on va prendre acte du
fonctionnement de l'ensemble de l'institution qu'est le protecteur national de
l'élève, et puis, s'il faut rajouter des éléments qui vont nous permettre
d'assurer encore davantage la sécurité des enfants, bien, on va l'évaluer, bien
entendu. Mais vous comprenez que, comme les protecteurs régionaux entrent en
action maintenant, bien, je ne vais quand même pas porter un jugement sur leur
travail, ils viennent de commencer.
Mais ce qu'il y a dans le rapport, c'est
des voies de solution qui sont très claires et qui sont complémentaires à ce
que le protecteur national de l'élève doit accomplir. Alors, en plus de ce que
le protecteur national de l'élève va accomplir en fonction de sa loi, il y a
d'autres éléments, d'autres mécanismes de protection qu'on va mettre en place à
partir des recommandations du rapport. Et on va le faire en travaillant en
collaboration avec le protecteur national de l'élève sur les mesures d'accompagnement,
sur les mesures de rétroaction, sur la formation des personnes qui reçoivent
les plaintes.
Parce que, rappelez-vous, le protecteur
national de l'élève, tu as les protecteurs régionaux, tu as le protecteur
national, mais ça n'a pas effacé les mécanismes existants. Le mécanisme qui
existe présentement, selon la LIP, selon la Loi sur l'instruction publique,
c'est que la plainte doit d'abord être déposée auprès de la direction de
l'école ou encore auprès du centre de services scolaire. Ces mécanismes-là
existent toujours et, selon le rapport, ils doivent être renforcés, et c'est ce
que nous allons faire. Donc, l'un est complémentaire à l'autre. In English.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Un
petit mot sur les syndicats, si c'est possible, là, juste avant, sur les
syndicats, M. Drainville, sur la clause d'amnistie.
M. Drainville : La dernière,
dernière.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Bon,
inévitablement, là, le gouvernement a aussi les deux mains dans les conventions
collectives en ce moment, là. Est-ce que ça devient un enjeu prioritaire, pour
vous, que, dans les présentes négociations, ce thème-là soit abordé entre les
syndicats d'enseignants et le gouvernement?
M. Drainville : Bien, moi, ce
que je veux dire aux syndicats, c'est que je leur tends la main. Et,
savez-vous, la négociation collective, Mme LeBel s'en occupe, donc je ne
vais pas commenter sur l'état des négociations, mais ce dont je suis absolument
certain, c'est que la sécurité des enfants, elle est importante pour nos
syndicats aussi, évidemment. Et donc ce que je souhaite, c'est de travailler
avec les syndicats pour améliorer la protection des enfants à l'école. Alors,
je pense qu'il y a toutes sortes de moyens d'arriver là. Est-ce que ça passe
par la convention collective? Peut-être, je vais laisser ça à la négociation, mais,
chose certaine, encore une fois, je pense qu'on s'entend sur l'objectif. Je
suis absolument convaincu que je peux travailler avec les syndicats
d'enseignants, d'enseignantes pour améliorer la protection de nos enfants à
l'école et je leur tends la main pour y arriver. In English.
Mme Warren (Émilie) :Yes, please. Émilie Warren, from CBC.
Can you, please, briefly
just resume the main findings and how do you feel about these conclusions from
the report?
M. Drainville : Well, it's quite a question, isn't it? Yes, I'm going to try to synthesized what I said in French in my intro, introductory
remarks.
First, I'm extremely
preoccupied, I would even say troubled by this report. I read it, and read it
again, and read it again. The shortcomings are important on several fronts, on
several issues, for example the process of treatment of the «plaintes»...
Une voix : ...
M. Drainville : Complaints, yes. «Complaint» is a little weak, I think, it's... Let's
use «complaint» for the sake of discussion. The process of treating an
information with regards to a potential aggression, for example, that a student
may have suffered, this process of treatment is inadequate and needs to be
rectified. So, I'm taking a commitment, I'm saying : We'll work on this
and we will strengthen this process.
Let me just go back to my
remarks. The fact that the information with regards to an employee may not be
shared from one school board to the next is completely inacceptable. If an
employee from one school board committed a gesture or committed an act which
threatened the physical or psychological integrity of a student, and this
person decides to leave a particular school board and, you
know, try to get hired by another school board, the
second school board should know what is in the «dossier» of the employee in the
first place, so that you know who you are hiring and so that you can say :
This is not the person that should be working with kids anymore, you know.
The other issue is the
fact that some of these... in some cases, after a certain period of time, the
sanction, the disciplinary sanction that the person received for, for example,
an inappropriate act is erased from the file. After a certain time, a few
months, a few years, it just disappears. So, if you're trying, again, to find
out, you know, why this person
leave a particular school board, what were the reasons behind it, you know... She's telling us, he's telling
this is the reason, but you want to know the real reasons. In some cases, you
will not be able to find out because it's been erased from the file, yes? Now,
the other issues that are raised in the report, so... So, we're going act upon
this also, we want to act upon this.
The other issues, the
fact that, when you're hiring someone, right now, when a school board is hiring someone, his criminal file... well, actually, «antécédents judiciaires»... I
think it's more than criminal, the judiciary files, right...
Une voix : ...
M. Drainville : Yes, but it's more than criminal records, I think. Because,
«antécédents judiciaires», could that... Est-ce que ça pourrait impliquer le pénal? Je pense que ça peut impliquer le
pénal, mais en tout cas. Let's say the criminal files to begin with, but it may
actually be wider than that.
Now, that criminal file
is verified at the beginning of the process, when you're actually hiring the
person. Now, once you've hired the person, there's no provision in the law for
another verification to occur. The report says : After a certain period of
time, there should be another verification of the criminal file of the
employee, yes? So, we are going to act upon this.
The report says that
school boards, in certain cases, they have ethical codes or codes of ethics, I should
say. Now, in some cases, they don't. So, there needs to be a strengthening of
this framework of ethics, let's put it this way, within the school board
apparatus or infrastructure.
The report is also saying
that, as I said at the outset, the process to treat the complaints is... needs
to be improved. What needs to be improved as well is the training of the people
who are dealing with these complaints, or grievances, or serious act of
misconduct. There should be a better process also to accompany the victims and
those who have lodge the complaint. And there should also be better feedback. If
you file a complaint, you should know what happens, what happened to the
complaint, you know.
And finally, there's also...
if you don't mind, I know it's a longue answer, but it was quite a question.
The final path that we're going to follow, to address the recommendations of
this report has to do with article 26 of la Loi sur l'instruction
publique, which makes it possible for the Ministry and the Minister to actually
trigger an investigation, which can lead to the suspension or even the actual
revocation — can you
say that?, yes — of
the teacher's licence. And that process, which can be quite efficient, is not
used to its fullest potential possible. So, we're going to address that as
well. Next question.
Mme Warren (Émilie) :Yes, really briefly. As, I think, one of my
colleagues mentioned in French, some of these flaws, it seems a bit obvious. And
I know there's been complaints for several years, this is not a new issue that
people are asking for changes in the system. How come it took so long to
identify these flaws and how confident are you that these measures that you're
announcing will be effective in making it better?
M. Drainville :
Well, as I said in French, this is a
very in-depth and thorough investigation that was conducted on several
different cases. So, I think we can safely say, considering the number of cases
that this investigation was based upon... I think we can safely say that this
is not an «épiphénomène», this is not one issue here and there. This is...
these are difficulties, problems, shortcomings, weaknesses that are quite
widespread throughout the system. And therefore, I think we have somewhat of a
complete picture, very complete and very sad picture of the state of affairs. And
that's why, I think, determined actions need to be taken. And I think that, if
these determined actions are taken, and they will be taken... I think the end
result will be a significant improvement of the security of our students in the
school system. O.K., c'est bon? Merci.
M. Pouliot (Samuel) :
If I just may ask about the non-binary
teachers. Do you think there's a problem with teachers using pronouns such as mix
or asking students to use their pronouns?
M. Drainville :
You're talking about Mx. Martine,
here, yes? O.K. Well, now, that's a different issue. Let me just go back to my
notes. Now, as I said yesterday, with regards to Mx. Martine, first,
there's been reports of intimidation and violence or threats of violence on the
social networks. So, please, can everyone calm down, you know? Because there
are no reasons to be intimidating anyone or to be threatening anyone for any
reasons at all. Whether it is this issue or another issue, I think we should be
able to debate these sensitive questions with respect, without resorting to
violent language, or intimidation, or threats, or anything like that. That's
the first thing.
The second thing I'm
saying is that, when I visit the schools, when I visit the classrooms, and I
have had three children who went through the system, the usual way of calling a
teacher... I'm not too sure what the word is in English, but in French, it's «madame»,
Mme Alexandra, Mme Annick, M. Jérôme. This way of calling the
teachers, I think, is a proper way and I think it needs to be continued,
because I think it is the right mix of respect for the authority of the
teacher, «monsieur», «madame», but also, by calling him or her by her first
name, by his first name, it also demonstrates a kind of proximity. So, I think
it's a nice balance between respect for the authority and proximity with your
teacher.
Now, there are teachers
who do not consider themselves neither «monsieur» nor «madame», they say :
I'm «non-binaire», I'm non-binary. Not sure if this is the proper word. Now,
what I called for yesterday was the fact that we all need to reflect upon the
fact that this is a reality in our society and, particularly, in this case, in
our school system, and we all need to reflect upon the fact that there is a
third way or there will have to be a third way to call a teacher who considers
himself or herself neither «monsieur» nor «madame». And I don't necessarily
have an answer to this right now, but I am convinced that we all have to
reflect upon it, and eventually we're going to have to find a proper way, you
know. So, that's my answer.
O.K. Merci beaucoup.
Bonne journée, tout le monde.
(Fin à 11 h 13)