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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Friday, June 9, 2023, 9 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures treize minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce bilan de fin de session du Parti québécois. Prendront la parole les trois députés du Parti québécois, principalement le chef Paul St-Pierre Plamondon. À noter qu'ils sont accompagnés de la porte-parole nationale du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon.

M. St-Pierre Plamondon : Tout le monde est prêt? Alors, bonjour, tout le monde. Très heureux de faire ce bilan de session avec vous aujourd'hui, une session qui se termine, qui est marquée par plusieurs bonnes nouvelles pour le Parti québécois. Une session qui a débuté, tout d'abord, par l'événement qui nous a permis de devenir les premiers députés de l'histoire à siéger dans cette Assemblée sans avoir à prêter serment au roi ou à la reine d'Angleterre. On nous disait que c'était impossible, et on a persévéré, on s'est tenus debout en fonction de nos principes, de nos convictions, avec le résultat qu'on connaît aujourd'hui.

C'est une mentalité qui a guidé notre action politique tout au long de cette session, et je vous dirais même que c'est une approche politique pour le Parti québécois. Pendant que la CAQ occupe l'espace du parti qui dit une chose et fait exactement l'inverse par après, nous, on occupe l'espace du parti qui est cohérent sur la base de ses convictions, et ça va continuer de nous guider pour les prochains mois et les prochaines années comme philosophie politique. Prenez, par exemple, notre volonté de connaître toute la vérité sur les archives du camp du Non et la commission Grenier, nous aurons la même approche : service de la vérité, persévérance, cohérence.

Une des grandes réussites pour nous, je crois, dans cette session, c'est qu'on nous a prédit... suite à une élection qui a été très appréciée, une campagne électorale qui, en fait, était la plus appréciée des Québécoises et des Québécois, on nous a prédit, dans toutes sortes de tribunes, qu'à trois seulement on ne serait pas visibles, on serait inaudibles. On nous a également prédit que... parce que le financement qui nous était accordé est absolument réduit à comparer des autres partis, parce que le nombre de questions qu'on nous donne est très, très limité à comparer des autres partis, qu'on serait inaudibles, invisibles. Je pense que c'est tout le contraire. Le bilan de notre session, c'est qu'on a été pertinents, présents et énergiques sur beaucoup, beaucoup de dossiers importants pour l'avenir du Québec, et on sent réellement, à travers tout ça, un retour en force de la question nationale, et ça, c'est déterminant.

On le voit partout, dans les sondages notamment, l'indépendance est en avance par sept points chez les francophones : 48 % pour le Oui, 41 % pour le Non. Au cours des dernières années, François Legault nous a répété sans arrêt que les Québécois n'en veulent pas. Là, ce n'est pas le cas, et c'est noir sur blanc, le Oui est en avance, et c'est notre option qu'on porte fièrement, constamment, à l'Assemblée nationale. Vous l'avez vu notamment sur la question de l'Initiative du siècle avec le fédéral, vous le voyez avec toutes sortes de demandes de la CAQ qui se sont soldées par des échecs, un écart qui se creuse, mais on le voit surtout à travers l'intérêt médiatique pour la question fondamentale de l'avenir du Québec : l'avenir du Québec dans le monde, l'avenir du Québec en français, l'avenir du Québec sur le plan des changements climatiques.

Donc, pour nous, ce qui s'est produit, avec la petite équipe que vous voyez là, c'est que cette énergie, cette cohérence, cette sincérité dans notre engagement se traduit par un retour dans l'espace public de l'indépendance du Québec et se traduit par des commentaires, dans la rue, de gens qui nous disent : On aime votre travail, vous travaillez fort, vous travaillez bien, puis on vous apprécie. Donc, il y a de l'écoute en ce moment, et c'est ce qui nous attend pour les prochains mois. Les Québécois commencent petit à petit à réaliser que l'option de l'indépendance devient de plus en plus vraisemblable, réaliste, mais surtout nécessaire si on veut une pérennité linguistique et culturelle, si on veut faire des choix sur le plan environnemental.

Donc, on progresse à cause de l'indépendance, avec l'indépendance, et non pas malgré l'indépendance. Et, dans l'histoire du Parti québécois, ce n'est pas un fait anodin qu'on réussisse ça en ce moment. C'est en assumant pleinement ce que nous sommes que nous sommes devenus... nous avons réussi à atteindre le statut de deuxième force politique au Québec, suivant à peu près tous les paramètres de mesure de cette... suivant tous les indicateurs. Et, de plus en plus, donc, nous sommes vus comme l'alternative à ce gouvernement caquiste.

Et, à ce titre, bien, j'en profite pour remercier Joël et Pascal, mes collègues et mes compagnons. Je remercie également Méganne, qui a pris le poste de porte-parole du Parti québécois, et ça nous aide énormément. Je remercie les coporte-parole, qui mettent du temps dans chaque région du Québec. On a réussi à avoir une présence régionale sentie en Abitibi, Estrie, Charlevoix, Saguenay, Mauricie... Je ne nommerai pas toutes les régions, mais, avec le peu de moyens financiers qui nous a été octroyé, puis à trois députés, je pense que c'est un tour de force qui doit être souligné. Et ça découle d'une amitié et d'une appréciation sincères au sein de notre équipe, entre les députés, la coporte-parole et la petite équipe qu'on a. Et je veux témoigner de cette affection-là.

Donc, en conclusion, peut-être un mot sur la CAQ, parce que vous aurez des questions aussi sur le bilan du gouvernement, donc faire le tour rapidement. On est devant un gouvernement qui a une usure prématurée ici, là, qui se comporte en gouvernement usé, alors qu'on est en début de session, des revirements injustifiables et indéfendables sur le troisième lien, l'immigration, la langue française, le mode de scrutin, les nominations partisanes, pas de projet, pas de vision d'avenir et, malheureusement, un premier ministre qui décide... qui préfère utiliser son capital politique pour donner des augmentations de salaire à ses députés plutôt qu'utiliser ce capital-là pour défendre le Québec vis-à-vis les revendications qu'il était censé porter vis-à-vis le fédéral, qui se moque de nous en permanence.

Donc, devant une CAQ qui refuse d'aller plus loin, qui refuse d'être cohérente, nous, on va être cohérents puis on va continuer des luttes légitimes. Je vous rappelle, à ce titre, que la CAQ a refusé de faire un suivi sur le référendum pour les pouvoirs en immigration, là, François Legault avait lancé ça trois jours avant le scrutin, pas de son, pas d'image. Refus de la CAQ de tenir une commission sur l'avenir du Québec, tel qu'on l'a demandé, alors que le deux tiers des Québécois sont d'accord avec ça. Recul du gouvernement sur les demandes au fédéral, sur les langues officielles, sur ce qu'il qualifiait, François Legault, de pouvoir nécessaire à la nation, il n'y a plus de demande formelle en matière d'immigration.

Et, pire, je termine là-dessus, là, parce que la CAQ n'a pas de projet de société et accumule les échecs, on se retrouve avec une CAQ qui passe toutes ses énergies à essayer d'éteindre notre projet de société. Donc, combien de fois, durant cette session, en Chambre... peut-être, la population ne le sait pas, mais les journalistes l'ont vu, combien de fois François Legault s'est comporté exactement comme Jean Charest, en étant méprisant et hargneux envers le projet de société du Parti québécois, à défaut d'avoir quelque chose à proposer pour l'avenir, à défaut d'avoir des explications sur les questions légitimes qu'on pose?

Donc, on va continuer cette action-là, on va continuer notre remontée et, avec mes compagnons, on va continuer à être 100 % dédiés, à donner l'heure juste aux Québécois, à se rendre utiles, à collaborer lorsque c'est possible, mais également à être fermes sur ce qui compte vraiment pour l'avenir du Québec. C'est le sens de notre action politique. Et, sur ce, je vais prendre vos questions.

Le Modérateur : Alors, on est prêts à prendre vos questions. Maxime Denis, TVA.

M. Denis (Maxime) : Bonjour. J'aimerais vous entendre sur votre bilan à vous. C'était une première, d'entrer au salon bleu, c'était un rêve d'enfance pour vous, d'être là et de se faire affronter comme ça par François Legault continuellement, d'essayer d'avoir sa question, sa place dans ce salon-là. Quel bilan, quelles leçons vous tirez de la session?

M. St-Pierre Plamondon : Je vais vous répondre spontanément. Il y a des aspects du parlementarisme que je trouve nobles et qui sont bien plus beaux que ce que les gens peuvent penser en regardant ça à la télévision, j'ai vu des parlementaires collaborer, des commissions parlementaires qui font avancer des dossiers, mais, la partie des questions en Chambre, moi, j'ai dû m'adapter à une réalité où le premier ministre ne répond pas aux questions, vous en êtes témoins, et souvent ça vire dans la partisanerie hargneuse, dans des accusations qui n'ont rien à voir avec le sujet. Je me mets dans la peau des gens qui regardent ça à la maison, là, puis, des fois, je... Laissez-moi rêver à une amélioration, un jour, de notre système parlementaire... qui, en passant, est bien mieux qu'à Ottawa, là, donc, on a une réserve puis un sens du respect, au Québec, à Québec, qui est bien meilleure que celle d'Ottawa, mais laissez-moi quand même rêver à un jour où les questions auront un sens parce qu'elles rencontreront des réponses en lien avec la question.

M. Denis (Maxime) : Le défi, ça va être de durer, pendant les trois prochaines années, à trois.

M. St-Pierre Plamondon : Bon point.

M. Denis (Maxime) : Vous avez des bonnes distances de route à faire, dans les airs. Comment vous allez tenir le fort pendant trois ans? Vous devez être brûlés en ce moment, là.

M. St-Pierre Plamondon : Non, non, non.

M. Denis (Maxime) : Comment vous allez faire pour tenir pendant trois ans encore?

M. St-Pierre Plamondon : On en a parlé entre nous autres, je pense que l'appréciation sincère puis la chimie entre les trois mousquetaires, et maintenant avec Méganne, qui vient nous aider, va nous porter sur ces trois ans-là. On occupe... On abat beaucoup plus de boulot per capita que quiconque en ce moment à l'Assemblée nationale, mais on en est très fiers, et on a cette chimie-là qui fait qu'on a, somme toute, énormément de plaisir à le faire. Quand la population vient nous voir, sur la rue, puis nous dit : Ne lâchez pas, c'est bon, votre travail, je vous apprécie, on est comme portés. Donc, ma prédiction, c'est : Oui, on est capables de maintenir ce rythme-là au cours des trois prochaines années, à l'exception de mon congé de paternité qui s'en vient cet été.

M. Denis (Maxime) : Avez-vous trouvé le prénom, d'ailleurs, finalement?

M. St-Pierre Plamondon : On est... Il en reste trois, trois noms en finale, et là on est rendus au point où est-ce qu'on se dit : On va lui regarder la bette puis on regardera lequel des trois marche. On est rendus là, là. Il en reste trois, mais je ne veux pas dire lesquels parce que, là, ça va repartir un autre cycle.

Une voix : Pascal, Joël...

M. St-Pierre Plamondon : Méganne!

Des voix : Ha, ha, ha!

Journaliste : Bonjour.

M. St-Pierre Plamondon : Bonjour.

Journaliste : Je vais revenir, justement, sur votre cohésion. Je vais revenir sur deux événements qui m'ont marqué durant cette session-ci.

À un certain moment, lorsqu'il y a eu le dépôt du projet de loi en santé, M. Arseneau a déchiré sa chemise immédiatement concernant ce projet de loi là. Quelques jours plus tard, selon certaines chroniques et l'opinion publique, vous êtes revenu, M. St-Pierre Plamondon, en disant : Non, non, non, on ne déchire pas notre chemise, on tend notre main, on veut travailler avec le gouvernement là-dessus.

Plus récemment, sur le dossier du Centre des congrès, Pascal Bérubé a dit qu'il aurait fait la même chose que Mme Proulx, que... rapidement, il réagissait en disant que c'était ça que le gouvernement devait faire. Et, sur Twitter, vous êtes revenu en disant : Ça prend un pas de recul. Bon, il y a certains chroniqueurs qui sont revenus là-dessus.

Est-ce que vous dirigez votre parti, votre formation selon l'opinion de certains chroniqueurs et les sondages, M. St-Pierre Plamondon?

M. St-Pierre Plamondon : Non, on ne peut pas... on ne peut sûrement pas dire ça.

Écoutez, sur la question de la santé, en fait, ce qu'on a fait, Joël et moi, c'est : on a mis par écrit ce qu'on espérait du gouvernement dans une lettre ouverte au Devoir puis on a travaillé avec le gouvernement. On ne peut pas dire qu'à date on a des engagements très fermes sur certains des points, mais on a décidé ensemble de se créer un espace vis-à-vis les points que Joël a soulevés. Donc, c'est bien correct comme ça.

Dans la question plus exigeante du Centre des congrès, Pascal a très bien porté, le matin même, notre position comme formation politique, puis c'est important qu'il le fasse pour qu'il n'y ait pas de confusion dans la tête des gens sur la position du Parti québécois sur la question spécifique du droit à l'avortement.

Ce que je me suis permis de faire, et j'en suis fier, c'est, quelques jours après, une fois que tout le monde était unanime à l'Assemblée nationale sur la question de l'avortement, de simplement soulever la question de la liberté d'expression puis de la suite des choses, parce qu'on se rendait compte que la ministre, le plus sérieusement du monde, affirmait que, désormais, c'était au cas par cas, en fonction de son arbitraire et de sa discrétion, elle déciderait de qui peut se rassembler ou pas puis discuter. C'était nécessaire comme pas de recul.

Je vois que Québec solidaire a accepté de suivre. Je m'attends à ce que les libéraux, à la lecture de ce que la Commission des droits de la personne vient de publier, puis je m'attends à ce que d'autres intervenants, là, interviennent... je m'attends à ce que les libéraux aussi se rangent à notre position et qu'on demande des comptes au gouvernement. Parce qu'à la fin ne perdons pas de vue que ce n'est pas la décision de quiconque ici, là, c'est bel et bien une décision d'intervention dans les choses du D.G. du Centre des congrès qui vient du gouvernement. C'est au gouvernement de nous donner des réponses plus soutenues et plus solides que simplement : C'est moi qui, au cas par cas, dorénavant, va simplement décider de qui se rassemble ou pas, là. C'est sûr que ça ne fonctionne pas.

C'était la bonne position à prendre. Puis oui, des fois, c'est la flexibilité d'être juste trois, on se parle puis on est agiles en fonction de ce qu'on pense et l'intérêt public. Donc, notre position sur l'avortement, le droit à l'avortement, elle est claire, puis on invite tout le monde à une réflexion avant de faire des erreurs à long terme au niveau de la liberté d'expression. Il me semble que c'était la chose à faire.

Journaliste : Vous avez dit : Le Oui est en avance, donc, seulement avec les francophones. Est-ce qu'on fait un pays avec seulement une majorité de francophones au Québec?

M. St-Pierre Plamondon : Bien non, mais ça demeure que le Oui, depuis longtemps, n'avait pas été en avance chez les francophones. Et je ne fais pas ça en lien avec le seuil du 50 %, mais bien avec le discours de François Legault. François Legault va avoir énormément de difficulté, au cours des prochains mois, des prochaines années, à continuer de dénigrer et répondre que ce projet-là ne correspond pas à la volonté des Québécois, alors que, dans plusieurs de ses circonscriptions gagnées par la CAQ, vraisemblablement, le Oui est en avance sur le Non. Il va falloir qu'il compose avec ça. Il ne pourra pas continuer à simplement faire du Jean Charest et mépriser notre projet de société par tous les subterfuges. Ça ne durera pas pendant trois ans, c'est impossible.

M. Bourassa (Simon) : Bonjour. Simon Bourassa, Noovo. Mon collègue parlait tantôt des prochaines années qui s'en viennent, là, bien... mais, au-delà de votre belle énergie, là, ça va prendre des sujets, des idées...

M. St-Pierre Plamondon : Au-delà de votre bonne volonté.

M. Bourassa (Simon) : Oui. Non, mais c'est vrai. Sur quoi vous allez capitaliser pour tenter de garder le momentum politique dont vous bénéficiez depuis quelques mois?

M. St-Pierre Plamondon : On ne le sait pas. Le fondement de notre action...

M. Bourassa (Simon) : Non, mais l'indépendance, l'environnement...

M. St-Pierre Plamondon : Prenez un pas de recul puis regardez comment on fonctionne. Notre action politique n'est pas fondée sur des stratégies puis laquelle... quel truc va nous permettre, pour la suite... On donne l'heure juste puis on est dédiés. On est complètement dédiés, intègres dans cette aventure-là. Donc, on n'a pas à prédire quel sujet nous permettra d'être pertinents, nous serons pertinents, c'est tout. Et c'est cette authenticité-là que les gens nous disent... quand ils nous interpellent, ils disent : Continuez comme ça, soyez ce que vous êtes. Donc, on n'a pas à faire de stratégie. J'ai déjà dit ça aussi en campagne électorale. C'est quoi, votre stratégie pour le débat? J'ai déjà répondu : La meilleure stratégie, c'est de ne pas en avoir puis de répondre avec le plus de justesse possible sur chacun des sujets de manière à être utile. Donc, non, on n'a pas à déterminer à l'avance quels nouveaux sujets... Il s'agit juste d'être cohérents, constants et pertinents à la lumière de tout ce qui se passe dans notre société. On va continuer à faire ça.

M. Bourassa (Simon) : Le Parti libéral est en réflexion, là, sur... bien, sur son parti, là, de manière assez large. Est-ce qu'il y a ce genre de réflexion là qui se fait au Parti québécois... sans, tu sais, l'officialiser comme les libéraux le font, par exemple, mais est-ce qu'il y a une introspection qui se fait sur la façon dont les idées cheminent au parti, tu sais, sur des questions qui, souvent, sont peut-être un peu plus sensibles, le nationalisme, l'immigration? Est-ce que vous vous penchez là-dessus?

M. St-Pierre Plamondon : On a évidemment notre congrès, là, qui détermine le programme, ça a lieu en 2025. Mais il faut rappeler que le Parti québécois a eu une période de refondation puis une période de réflexion, ce qui fait que, depuis quelques années, même quand les sondages étaient moins bons, je vous disais : On est exactement là où on veut être. C'est parce qu'on avait déterminé notre raison d'être. Puis, entre nous, c'était très, très clair, ce qu'on voulait incarner, et ça permet cette cohérence, cette constance-là dans le temps.

Donc, on n'est pas ici, au Parti québécois, du tout dans la situation des libéraux, qui semblent se chercher une doctrine, là, se chercher un... ils se cherchent, alors que, de notre point de vue, on a eu un congrès de refondation en 2019, depuis ce temps-là, nos orientations, notre façon de faire de la politique est très, très, très constance, donc on n'est... constante, donc on n'est pas du tout dans une logique de recherche, mais plutôt de maintenir cette cohérence qui est si appréciée, là, de la population.

Journaliste : Bonjour. Vous aviez pris l'engagement de déposer le budget de l'an 1 en juin.

M. St-Pierre Plamondon : Oui.

Journaliste : Est-ce que vous maintenez cet engagement-là? Ça va arriver quand?

M. St-Pierre Plamondon : Je vous annonce une date aussitôt que la dernière étape sera complétée, qui est celle des économistes indépendants qui vérifient chacun des chiffres. Donc, aussitôt que j'ai le feu vert, je vous reviens avec une date. Aujourd'hui, je ne suis pas en mesure de vous donner une date, et il y a...

Journaliste : Mais allez-vous faire ça dans l'été ou...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, il y a un élément de plus qui embarque, c'est que, si ma femme accouche rapidement... c'est parce qu'il faut que je sois présent...

Journaliste : À l'accouchement.

M. St-Pierre Plamondon : ...lors de l'annonce.

Journaliste : Et à l'annonce.

M. St-Pierre Plamondon : Donc, aussitôt que je suis en mesure... J'ai quelques... On a des variables avec lesquelles on jongle. Je l'ai lu, le budget. Donc, tout est...

Journaliste : Il est prêt, là?

M. St-Pierre Plamondon : ...tout est beau. Il y a une vérification qui est en cours, qui demande de vérifier ligne par ligne, colonne par colonne. Et j'ai des considérations personnelles qui peuvent aussi, là... donc à voir aussi. Il y a la présence des journalistes, c'est-à-dire vos dates de vacances. Ça serait le fun que vous soyez là si... Donc, on jongle avec un certain nombre de variables que je ne contrôle pas. Mais, si votre question, c'est d'être rassurée sur le budget de l'an 1, il s'en vient, puis, aussitôt que j'ai le feu vert, je vous donne une date.

Journaliste : Au mieux en juin ou ce n'est pas... ou ça, on oublie ça, déjà, pour juin?

M. St-Pierre Plamondon : Je ne veux pas... Il y a des variables que je ne contrôle pas pour l'instant. Laissez-moi vous revenir quand j'aurai la date de manière finale.

Journaliste : Puis, justement, l'indépendance, la souveraineté, est-ce que ça va prendre davantage de place dans votre discours pour les prochains... pour la prochaine session, pour les prochaines années? Est-ce que vous allez apporter du concret à ce projet-là? C'est quoi, votre stratégie là-dessus? Parce que, là, vous semblez en faire... bien, c'est une priorité, évidemment, mais vous semblez en faire quand même un enjeu central, là, de vos travaux.

M. St-Pierre Plamondon : Bien, forcément, parce qu'au dernier conseil national je vous ai annoncé un calendrier. Donc, après le budget de l'an 1, c'est le livre bleu, puis ensuite c'est... en fait, c'est la réponse à l'Initiative du siècle, puis ensuite c'est le livre bleu, puis ensuite c'est la définition de la citoyenneté.

Et moi, je me suis engagé, au cours de la semaine, à ce qu'à l'automne on reprenne la discussion sur les changements climatiques, l'adaptation puis la cohérence de nos choix en matière de gaz à effet de serre. Attendez-nous sur les 2 milliards qu'on envoie à Ottawa pour qu'on engraisse les multinationales de l'Alberta dans les sables bitumineux, là. Il y a des limites à ne pas être cohérent vis-à-vis un pétrogouvernement, qui est le gouvernement fédéral.

Donc, sur l'environnement, la langue, l'immigration, la prochaine session va nous amener constamment à ramener l'indépendance du Québec comme seule solution cohérente avec les grands défis de notre époque.

Journaliste : Comment vous allez faire suivre, un peu, les gens? Parce que, là, vous nous donnez un calendrier, plusieurs étapes. Ça va être quoi, la stratégie pour mobiliser les gens autour de ce projet-là?

M. St-Pierre Plamondon : Comme je vous dis, on est moins dans la stratégie, on est dans donner l'heure juste. Je vais... C'est une question qui est pertinente, mais on n'a pas... je n'ai pas, pour l'instant, d'annonce spécifique à faire en ce sens-là. On se concentre sur la pertinence de ce qu'on fait. Et on peut dire qu'à ce jour, à travers le serment du roi, la commission Grenier, l'Initiative du siècle, pour laquelle on avait une réponse, il y a de l'adhésion organique dans la population à ce qu'on donne comme point de vue, à la pertinence qu'on apporte au débat public.

Journaliste : Bonjour.

M. St-Pierre Plamondon : Bonjour.

Journaliste : Tout à l'heure, mon collègue Nicolas a relevé ce qui pourrait apparaître comme certaines contradictions dans différents dossiers, des positions que... parfois, ont pu évoluer, et tout ça. Est-ce que le fait d'être trois vous oblige à éviter des positions clivantes puis de ménager toujours un peu la chèvre et le chou?

M. St-Pierre Plamondon : Pourquoi? C'est quoi, le lien entre le fait d'être trois ou...

Journaliste : Bien, parce qu'étant donné que vous êtes seulement trois puis que vous voulez être plus que trois éventuellement, à moins que je me trompe, là, est-ce que ça vous oblige à toujours avoir des positions qui plaisent un peu à tout le monde, tu sais, ne pas être clivants, là?

M. St-Pierre Plamondon : Non, non, ça nous donne une agilité. C'est qu'on est trois puis, 99 % du temps, on a la même opinion. Donc, ça nous rend très agiles, ça nous rend capables d'ajuster le tir. Il y a une cohésion puis une affection aussi qui nous donnent l'énergie dont on parlait tantôt.

Rappelons, par contre, que je m'étais engagé, durant la campagne électorale, à maintenir, dans la mesure du possible, le ton le plus collaboratif pour tenter d'influencer ce gouvernement qui a 90 députés et qui, parfois, convenons-en, fait preuve d'arrogance. Donc, j'ai toujours en tête cet engagement que j'ai pris envers la population d'être capable, avec mes collègues, de conjuguer le fait de donner l'heure juste avec le fait de conserver un espace de collaboration pour tenter d'amener ces 90 députés à considérer d'autres points de vue que le leur, et ce n'est pas une mince tâche.

Journaliste : Dans la première session, qui était très courte, là, vous aviez attiré l'attention avec le fait que vous ne vouliez pas prêter serment à la reine. Cette session-ci, vous avez aussi attiré l'attention avec une requête pour les documents à la commission Grenier, bon. Est-ce que vous sentez une pression de toujours devoir sortir des choses de votre chapeau pour vous maintenir comme ça dans l'actualité, vous maintenir dans l'espace public?

M. St-Pierre Plamondon : Mais c'est parce que votre question semble sous-entendre que ce seraient les deux seules fois où on était pertinents, mais regardez, là, cette semaine, sur la liberté d'expression, regardez nos positions sur plusieurs questions d'actualité, en éducation, en santé. On a été pertinents et on a pris de l'espace médiatique sur plein de sujets, pas seulement ces deux sujets-là.

Journaliste : Non, je comprends, mais, dans ce cas-là, ce n'est pas pareil. Vous êtes un parti politique. Comme tous les autres, vous avez réagi à un enjeu social, là, tu sais. Mais ce que je vous dis, c'est que... est-ce que vous sentez une pression de devoir aller tout le temps plus loin pour, justement, vous maintenir dans l'espace puis montrer que vous êtes ailleurs, tu sais?

M. St-Pierre Plamondon : Oui, je comprends. Non, mais on pose des gestes vers l'indépendance du Québec, et ça amène, des fois, de la politique que... Je comprends plus votre question, là. C'est un peu comme de la politique extraordinaire, en dehors des choses courantes. C'est dans la perspective de bâtir notre projet de société puis de s'assurer que notre société bâtit sur la base de la vérité. Il y a tellement de mensonges institutionnalisés dans le fédéralisme. Il y a tellement de mensonges dans le peu de réponses puis le genre de réponses que j'obtiens du premier ministre en ce moment sur ces questions-là que ce n'est pas tant d'occuper de l'espace que de s'assurer qu'on est constants vers notre projet de société, à savoir qu'on est appelés à devenir un pays, que notre destin, c'est de réussir ce défi-là et d'ainsi donner raison aux patriotes et à toutes les générations de Québécoises et de Québécois qui souhaitent ça depuis maintenant des siècles.

Journaliste : Quelle est la stratégie, justement, derrière cette demande-là des documents de la commission Grenier?

M. St-Pierre Plamondon : Ça faisait longtemps qu'on voulait le demander, en fait, mais, pour reprendre la question de tantôt, c'est que, dans le quotidien, il y a tellement de sujets le matin, en point de presse, dans la «hot room», que c'est une demande qu'on a décalée pendant des mois, et des mois, et des mois, et là, tout d'un coup, on a trouvé un espace, la journée des Patriotes. Mais on en a plusieurs comme ça, des demandes fondées sur la justice, la vérité et notre volonté de réussir l'indépendance du Québec. Donc, attendez-vous... Il y en a plusieurs, là.

Journaliste : Et comment ça s'inscrit dans votre stratégie?

M. St-Pierre Plamondon : Pardon?

Journaliste : Comment ça s'inscrit dans votre stratégie? Je n'ai pas bien compris si vous avez dit tantôt si vous en faisiez, de la stratégie, ou pas, mais j'essaie de savoir, ça, est-ce que ça s'inscrit dans une stratégie du Parti québécois.

M. St-Pierre Plamondon : Ça s'inscrit dans notre volonté de bâtir une société fondée sur la vérité et non pas sur le mensonge qu'entretient le camp du Non de manière constante, et donc d'arriver à l'indépendance du Québec, d'arriver à réaliser notre projet de société. Donc, de temps à autre, on a plusieurs points... qui auraient dû être faits depuis longtemps, tu sais. Plusieurs ont posé la question : Mais comment plusieurs générations de politiciens ont-ils accepté de prêter serment au roi d'Angleterre? Récemment, les gens disent : Mais comment est-ce qu'on a accepté que, la vérité sur les fraudes électorales, au moment... un des moments les plus importants de notre histoire, on ait pu garder ça sous clé pour l'éternité? De temps à autre, on va soulever des choses inacceptables en demandant justice puis en demandant la vérité, parce qu'une société qui est bâtie sur la vérité a beaucoup plus de chances de prendre les bonnes décisions et d'être prospère.

Journaliste : Mais faites-vous le lien entre votre démarche par rapport au serment au roi, votre démarche par rapport à la commission Grenier puis d'autres prises de position comme ça puis ce que vous mettez de l'avant, là, l'espèce de... l'adhésion organique, là, qui fait monter le Oui chez les électeurs francophones?

M. St-Pierre Plamondon : On a en banque d'autres remises en question du régime fédéral qui nous est imposé et qu'on n'a pas signé dans la Constitution, dans le rapatriement de la Constitution de 1982, mais on a également un engagement de servir l'intérêt des Québécoises et des Québécois au quotidien, d'être pertinents, de demeurer collaboratifs avec le gouvernement. Donc, c'est d'équilibrer ça. Je pense qu'on a réussi à le faire.

Journaliste : Mais faites-vous le lien entre vos initiatives, particulièrement sur le serment au roi, sur la commission Grenier, puis l'adhésion organique qui fait remonter le Oui dans le vote francophone?

M. St-Pierre Plamondon : Je ne le sais pas, mais je sais que, dans l'espace médiatique, et ce serait le premier facteur que j'identifie, dans la discussion publique, notamment dans les médias, mais dans les chaumières, clairement, la question nationale, l'indépendance du Québec a repris sa place, prend beaucoup plus de place. Je pense que les gens réalisent que c'est soit le déclin linguistique et culturel dans le Canada ou on sort du Canada et on crée notre propre pays, puis, à ce moment-là, on a notre voix à l'ONU puis on a notre équipe de hockey aux Olympiques. C'est binaire, là, c'est vraiment un ou l'autre. Cette réflexion-là prend beaucoup plus d'espace qu'avant. C'est un peu grâce à nous, un peu grâce à d'autres personnes? Je ne sais pas exactement la cause à effet, mais c'est une réalité indéniable.

Journaliste : Est-ce que c'est plus compliqué que vous pensiez d'en arriver avec le budget de l'an 1? Parce qu'on a l'impression, là, que vous reportez l'échéance de manière répétée, là. C'est comme si... On a l'impression qu'on se dirige vers des calendes grecques, là.

M. St-Pierre Plamondon : Non, non.

Journaliste : Êtes-vous capable de nous... de vous fixer une date butoir, là, une fois pour toutes?

M. St-Pierre Plamondon : Non, mais il y a aussi... Il y a des considérations personnelles, mais il y a aussi le fait que... Je ne pense pas que, dans la population, là, une date ou une autre... Tant qu'on livre la... Tant qu'on livre le budget de l'an 1, il n'y a personne qui...

Journaliste : ...questionne plus par rapport aux engagements que vous prenez...

M. St-Pierre Plamondon : On va tous les tenir.

Journaliste : ...puis qui changent.

M. St-Pierre Plamondon : Non, ils ne changent pas...

Journaliste : Donc, les gens, ils se font une opinion sur les engagements que vous prenez puis que vous tenez.

M. St-Pierre Plamondon : C'est ça.

Journaliste : Donc, est-ce que vous êtes capable de prendre un engagement définitif sur le moment où ces chiffres-là vont être rendus publics?

M. St-Pierre Plamondon : Donc, votre préoccupation... un peu comme, supposons, le troisième lien et la CAQ, si je... si, ce matin...

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon : J'aimerais ça répondre, par contre.

Journaliste : ...que vous répondiez à la question.

M. St-Pierre Plamondon : Justement, j'aimerais ça répondre. Si je vous disais ce matin : On avait promis le budget de l'an 1, puis il n'aura pas lieu, je comprendrais tout à fait votre question. Ce que je vous dis, c'est que je vous reviens avec une date, mais, en date d'aujourd'hui, j'ai besoin du feu vert des vérificateurs et j'ai des considérations personnelles liées à l'accouchement de mon épouse. Mais la population va entendre que c'est certain qu'ils vont avoir le budget de l'an 1. Donc, je ne vois pas cet enjeu-là. Je vous reviens avec la date aussitôt que les variables que je ne contrôle pas sont précisées, tout simplement.

Le Modérateur : ...

Journaliste : Oui, je m'excuse, là, c'est vrai, je prends beaucoup de temps, mais je veux juste... Dernière... Dernier truc. Est-ce que vous allez appuyer la motion de la CAQ sur la demande au DGE, là, pour les documents de Grenier, là?

M. St-Pierre Plamondon : Oui, donc, évidemment, on va appuyer toute démarche pour obtenir les documents, mais on s'explique mal pourquoi la CAQ s'entête à procéder par résolution, alors que, les opinions juridiques qu'on a obtenues, c'est que c'est difficile, juridiquement, pour l'Assemblée nationale de donner un ordre contraignant au Directeur général des élections, qui est dans son pouvoir discrétionnaire. La certitude, la seule certitude, c'est de faire une loi, et, pour une raison qu'on ignore, qui est inexplicable, la CAQ refuse de passer par le chemin de la loi. Donc, on ne votera pas contre, on va voter pour, parce que toute démarche dans la bonne direction est une démarche, mais il y a quand même quelque chose d'inexplicable dans cette chose-là.

Et, parlant de motion, nous arriverons avec une motion sur la liberté d'expression qui va permettre à chaque parti de nous donner l'heure juste. Est-ce qu'on a le texte ici?

M. Arseneau : Moi, je ne l'ai pas.

M. Bérubé : Non.

M. St-Pierre Plamondon : Mais vraiment suivre notre motion...

M. Bérubé : On va leur envoyer.

M. St-Pierre Plamondon : ...mais on va réitérer... laisser chaque parti voter sur la liberté d'expression et le pouvoir arbitraire de la CAQ dans la détermination de qui correspond aux principes fondamentaux de la société québécoise. Donc, ça, ça me semble être un vote à suivre aujourd'hui, parce que j'ai entendu mon collègue Marc Tanguay, des libéraux, nous parler des valeurs libérales, là. Là, la Commission des droits de la personne est on ne peut plus claire. Je m'attends à ce que d'autres intervenants politiques viennent nous dire la même chose. J'ai hâte de voir le vote du Parti libéral, et le vote de la CAQ, bien évidemment, qui, à date, nous répond que l'arbitraire, c'est bien correct pour déterminer qui a le droit de s'exprimer ou pas. Je pense qu'il y a un terrain glissant.

Le Modérateur : Il reste environ huit minutes. M. Bossé.

M. Bossé (Olivier) : J'en ai juste une. Bonjour. À pareille date l'an passé, on parlait... on prédisait la mort du PQ, à l'extérieur de Matane-Matapédia probablement. Un an plus tard, est-ce que... Mais c'est vrai, c'est ce qu'on disait il y a 12 mois.

M. Bérubé : Je n'y croyais pas.

M. Bossé (Olivier) : Un an plus tard, est-ce que vous avez l'impression d'avoir sauvé le PQ?

M. St-Pierre Plamondon : On est dans une logique de service public. On est juste contents d'être là.

M. Bérubé : Ça va bien.

M. St-Pierre Plamondon : On est heureux, on est contents d'être là, on est contents du travail qu'on fait. La population nous a donné des conditions qu'on n'avait pas prévues mais qui, finalement, génèrent un travail qui est très apprécié de tout le monde puis qui nous rend très fiers. C'est tout.

Le Modérateur : ...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour. Marco Bélair-Cirino, du Devoir. Vous dites qu'on constate un élan indépendantiste au Québec. Qu'est-ce que le premier ministre du Québec doit faire face à cet élan-là? Vous ne lui demandez tout de même pas de tenir un référendum sur l'indépendance du Québec?

M. Bérubé : Ne pas nuire.

M. St-Pierre Plamondon : Ne pas nuire. On demande juste ça. Être cohérent avec les demandes de la CAQ dans leur programme et les maintenir. J'ai demandé notamment : Avez-vous, depuis l'élection, demandé les pouvoirs en immigration, parce que vous étiez prêt à faire un référendum là-dessus en élection, là? Jamais eu de réponse. Juste être cohérent, s'en tenir à leur programme et cesser de nous dénigrer en Chambre en qualifiant notre projet de société de grand soir qui n'arrivera jamais puis en nous disant que les Québécois n'en veulent pas. Cesser de nuire. C'est tout ce qu'on demande.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais ça, ça nuit aux indépendantistes et à votre formation politique ou, au contraire, ça vient les revigorer, les...

M. St-Pierre Plamondon : Vous me demandez ce que j'espérerais du premier ministre?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.

M. St-Pierre Plamondon : Qu'il s'en tienne à son programme pour vrai et qu'il cesse de nous dénigrer. C'est tout ce que je demande.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'on peut faire l'indépendance du Québec en 2026, 2027, 2028, selon vous?

M. St-Pierre Plamondon : Tout est possible.

M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K. Il va peut-être y avoir des sondages d'opinion dans les prochains jours...

M. St-Pierre Plamondon : Il y en a souvent.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Le bond à Québec que vous avez... bien, en fait, qui a été observé par Léger, est-ce que vous le sentez encore aujourd'hui sur le terrain ou comme un feu de paille pour vous?

M. St-Pierre Plamondon : Ah non! Moi, je suis allé aux Remparts avec mon fils, je suis allé aux Capitales voir le baseball, et les gens nous parlent puis ils ont du fun avec nous. Ils viennent prendre des photos, ils viennent parler de politique. C'est comme si ça redonne le goût de la politique à des gens. Donc, c'est indéniable que ça a lieu.

En même temps, je vous l'ai déjà dit quand les sondages étaient plus difficiles, là, il ne faut pas faire de la politique en fonction des sondages, il faut maintenir le cap, maintenir notre cohérence, se concentrer à être pertinent, laisser un espace de collaboration, tout ce que je viens de vous dire, là. Nous, notre mission, c'est de continuer dans la cohérence et la solidité de ce qu'on présente. On ne peut pas, à chaque sondage, essayer de faire des ajustements, ce n'est pas... Les sondages ne sont que le reflet de notre action politique, mais notre action politique ne se définit pas par les sondages.

M. Laberge (Thomas) : Bonjour. Thomas Laberge, La Presse canadienne. Juste pour peut-être clarifier sur ce que mon collègue vous demandait... Donc, un référendum, toujours, dans le premier mandat. Si vous formez le gouvernement aux prochaines élections, référendum, premier mandat, c'est clair.

M. St-Pierre Plamondon : Exact. Donc, notre position est exactement la même. Comme je vous disais, c'est parce que l'espace politique qu'on occupe puis qu'on va continuer d'occuper, c'est celui du parti qui a des convictions et qui demeure cohérent dans le temps, puis on laissera à la CAQ l'espace politique du parti qui dit quelque chose pour faire constamment l'inverse. On laissera les gens choisir entre ces deux options-là.

M. Laberge (Thomas) : Parlant de cohérence dans le temps, lorsqu'on s'est parlé la dernière fois, je vous ai posé une question sur la charte des valeurs, et vous avez dit : Je vais répondre des décisions de... tu sais, de mon... bien, pas mon gouvernement, mais de mon Parti québécois en tant que Paul St-Pierre Plamondon comme chef. Est-ce que vous essayez de marquer une certaine rupture avec des éléments du passé du Parti québécois, comme la charte des valeurs ou autres?

M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est pas tant ça, c'est juste qu'il faut... Prenez l'exemple d'hier en Chambre, je pose une question sur l'immigration temporaire au premier ministre, il me répond que le Parti québécois n'a rien fait en matière d'immigration temporaire à l'époque 2012-2014. C'est parce que ça fait 11 ans, puis, à l'époque, il y avait peu ou pas d'immigration temporaire. Donc, c'est une manière de complètement dévier la question. Et, à un moment donné, il faut qu'on évalue les positions du Parti québécois en date d'aujourd'hui et des décisions politiques qu'on prend ensemble, parce que, sinon, on peut revenir sur les années 80 puis des décisions... Le Parti québécois a une histoire, mais je pense que les gens comprennent que ce qui est présenté par le Parti québécois, c'est l'oeuvre des gens qui sont là aujourd'hui suite à notre réflexion à nous, pas celle des générations précédentes.

M. Laberge (Thomas) : Mais vous avez quand même toute une histoire derrière vous. Bien, vous êtes encore indépendantistes, ça, vous gardez cet élément-là.

M. St-Pierre Plamondon : Évidemment.

M. Laberge (Thomas) : Vous avez une photo de René Lévesque dans votre bureau.

M. St-Pierre Plamondon : Plusieurs.

M. Laberge (Thomas) : Je veux dire, où vous tracez cette ligne-là sur les éléments que vous conservez versus les éléments que vous évacuez?

M. St-Pierre Plamondon : On a un programme, on a un vote démocratique avec nos membres. Et c'est parce qu'aussi les questions d'actualité changent, là. On n'est plus dans l'interdiction du tabac dans les espaces publics, dans l'alcool au volant ou dans la défusion des villes, là. C'est parce que les choses évoluent dans le débat public. Donc, il faut prendre la position actuelle du Parti québécois, mais évidemment que les fondements du parti demeurent et demeureront.

M. Laberge (Thomas) : ...des valeurs du Québec, c'est moins une préoccupation actuellement?

M. St-Pierre Plamondon : Je ne sais pas à quelle déclaration ou à quoi vous faites référence.

M. Laberge (Thomas) : Bien, sur la charte des valeurs.

M. St-Pierre Plamondon : Mais, dans chaque position qu'on prend, on cherche à définir ce qui est l'intérêt public, dans l'intérêt de tous les Québécois. C'est ça.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : Good morning.

M. St-Pierre Plamondon : Good morning.

Journaliste : Sovereignty is clearly very important for the Parti québécois. It has been working for you guys lately. That being said, it's not very popular among Anglophones, and, with only four MNAs here, can the PQ really afford to isolate or push away Anglophones, the anglophone vote?

M. St-Pierre Plamondon : Have we been doing that? Have we been isolating anyone? I don't think so. But you're correct, I agree with your statement that we have a challenge in being four, three plus one, in terms of reaching out to everyone. That's a genuine, very concrete challenge. How do you ensure that you're there in a dialogue, working on the field, while you're only three elected members of Parliament, with very limited budget? And that's why we've been working on «coporte-parole», on cospokespersons, and we are yet to its developing in terms of coordination.

But, just to be clear, I've said that and I'm going to say that over and over, I believe there's a proportion of Anglophones in Québec that are open to the idea of Québec becoming a country. They are favorable to the French language as a common language, they want as well their institutions to be protected. So, I will always campaign to convince the largest proportion of Anglophones in Québec that we should become a country and that we will be better served from an economic and environmental point of view.

Journaliste : So, when you come back in the fall session, is that going to be part of what you are going to fight for, Anglophones keeping their institutions, with the larger project of sovereignty?

M. St-Pierre Plamondon : So, the next session will be a lot about adapting to climate change and about the consultation on immigration, because the CAQ doesn't want to have the temporary immigration, there is the Canadian Century Initiative in all that. So, those two topics will be there.

What I'm saying is that, in terms of reaching out to everyone and, at least, answering the questions, the legitimate questions that Anglophones might have on our project, we will widen the number of people who are working for the Parti québécois, have more cospokespersons, and we will come with documents that explain what it will look like, that will answer questions that are legitimate within the population. So, that's our plan for the upcoming year.

Journaliste : On a personal level, I know this is something you wanted for many years, to get the head of that party, how was it for you? It's your first full session ending.

M. St-Pierre Plamondon : Well, we had fun. As I was saying earlier, we get along very well. So, we laugh, we have good fun doing it. I really dislike the questions in the «salon bleu». I don't understand how you can ask questions, in the name of the population, and there is no obligation to answer the questions, that you can go on partisan attacks and all sorts of things that are unrelated to the questions. I think, there is an issue there. I found it very difficult. And, if you see, on my Twitter account, all the questions and answers, I mean, it's constant, I rarely get an honest and rigorous answer to my questions. So, that part was difficult to adapt to. But, in terms of our daily lives, we are very proud of what we are doing, and we enjoy it.

Journaliste : I think, that's why they call it question period, it doesn't necessarily mean you're going to get an answer.

M. St-Pierre Plamondon : Exactly. There's no answer period.

Journaliste : You are not the first one to complain about this.

M. St-Pierre Plamondon : No?

Journaliste : I just want to come back to a comment you made about the CAQ platform, their commitments that they made during elections and the promises that they make. What do you think of their… the party's approach to its promises? Because it seems to change quite a bit depending on which way the wind is blowing.

M. St-Pierre Plamondon : I think, it's unprecedented. Rarely, in the history of Québec's politics, we've seen a party say something on several very important topics and do the exact opposite within a few months after the elections. I think, it's an unprecedented situation. And so it creates a space, that is CAQ space, where a government says something and does the exact opposite, so people are not trusting them anymore. And there is our space, and whether people are in accordance... whether people agree or not with our position, they know that it's our position and that we'll stick to it and we'll be coherent, that's our political space. So, it's going to be very interesting to see how it plays out, because it's really two political approaches that are opposite, that are very different, and that's how we intend to define ourselves.

Journaliste : Perhaps, when you are asking questions to Mr. Legault and not getting answers in the House, it's not, perhaps, the best forum for...

M. St-Pierre Plamondon : No, but I don't get answer anyway, so it's my only forum. And it's one thing, not to answer, but it's also the contempt and the things, that are lies, that are answered. I mean, at some point, we need to imagine a system where there is more accountability, a more rigorous and serious accountability than what we are seeing right now. I mean, it's, by far, the part that is the most difficult to adapt to if you are a new elected member of Parliament. I think, it's obvious.

Journaliste : Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. St-Pierre Plamondon : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 56)