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Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé, et Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Version finale

Friday, June 2, 2023, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-sept minutes)

M. Marissal : Bonjour, merci d'être là. Dernière journée de la semaine, il n'en reste plus qu'une. Je voudrais... à cette session-ci, j'entends. Je voudrais commencer par exprimer des vœux de solidarité et d'amitié aux gens qui sont pris avec les feux de forêt au Québec. Ça doit être assez angoissant merci, d'autant qu'on est juste le 2 juin, puis ça brûle, puis on nous annonce un été particulièrement désastreux en la matière. Alors, courage, tout le monde, puis un merci spécial aux pompiers dans les airs, sur terre et dans les rues de Montréal, apparemment que ça chauffe pas mal.

Alors, ceci étant dit, le projet de loi n°15, on a commencé l'étude article par article hier. Ne retenez pas votre souffle, on ne va pas adopter ça dans les prochains jours. Je pense qu'on a adopté cinq ou six articles. Je dis cinq ou six parce qu'il y en a un qui a été suspendu, là. On vient de réaliser deux choses. La première, on la savait, c'est que ça va être très long. Ça va être très long. Et il n'y a que de la bonne volonté autour de la table, là, je précise, il n'y a aucune manœuvre dilatoire, là. Ça va être très long parce que c'est un immense projet de loi dont les ramifications semblent même étonner parfois le ministre et son équipe lui-même.

Après un an de travail, ils se sont lancés dans une opération pharaonique. Ils n'ont déposé des amendements que pour les 150 premiers articles. Je rappelle qu'il y en a 1 000 autres, alors on n'est pas sorti du bois. C'est assez laborieux merci. Mais on va faire le travail. Puis je vous le dis, l'ambiance est plutôt bonne, on travaille, on avance, mais je pense que tout le monde a réalisé, là, à quel point un mammouth, ça se mange juste une bouchée à la fois, puis, dans un mammouth, il y a au moins 1 200 bouchées, alors ça va être long.

J'ai surtout l'impression, depuis hier surtout, de ne peut-être pas être à la bonne place au bon moment. Et je le dis, là, en tout respect pour les gens qui ont travaillé sur ce projet de loi là. Pendant qu'on est en train de redessiner l'organigramme, essentiellement, et de créer une nouvelle agence que sera Santé Québec, sur le terrain, le diable est aux vaches, le diable est aux vaches. Hier, dans certains CHSLD du Québec, il faisait 39 degrés. Moi, ma préoccupation, en ce moment, comme député de Rosemont, là, c'est est-ce qu'ils ont installé la clim, les unités murales à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont? Parce que c'est comme ça qu'on est obligé de climatiser cet immense immeuble vétuste. Parce que, s'ils ne l'ont pas fait, pour certains étages, notamment en cardiologie, ça monte jusqu'à 38, 39 degrés. Moi, je veux bien, là, qu'on fasse un mégaprojet de loi, là, pour refaire la structure, mais, en ce moment, là, il y a des infirmières en Mauricie-Centre-du-Québec qui se sont fait dire : Aucun congé ne vous sera accordé de juin à septembre. Aucun congé. Il y a des infirmières qui se font dire, après 17 ans de service : Tu ne seras pas capable de prendre tes vacances avec ta famille parce que la plage ouverte pour les vacances ne correspond pas. Pendant ce temps-là, il y a des infirmières qui sont suspendues. Il y en a une à Victoriaville, lundi, qui s'est fait rencontrer pour se faire dire : Tu vas changer d'affectation pendant l'été. Qu'est-ce qu'elle a fait? Elle a dit : Au revoir, je quitte. Elle a remis sa démission. Elle est sortie. Au revoir. On vient d'en perdre une autre.

Alors, j'ai l'impression, malheureusement, qu'on n'est peut-être pas sur la bonne priorité. Et je le dis, là, en tout respect pour le travail qui a été fait, mais surtout pour les gens qui souffrent, en ce moment, dans le réseau de la santé, aussi bien les gens qui sont les patients que les gens qui sont les soignants. Alors, ça va prendre des solutions au-delà de la structure, là, ça va prendre des solutions pour cet été.

Mme Ghazal : Merci. Merci, Vincent. Je veux aussi vous parler de l'éducation, variation sur un même thème, là, par rapport à la santé, mais, juste avant, je voudrais quand même prendre quelques instants pour féliciter la ministre, Caroline Proulx, pour son leadership, qui a fait en sorte qu'un événement antiavortement qui brime le droit des femmes n'ait pas lieu au Palais des Congrès. Donc, bravo à Mme Caroline Proulx. Et je veux en profiter aussi pour rappeler à sa collègue, Martine Biron, ministre de la Condition féminine, que je l'ai interpellée, il y a quelques semaines, pour lui demander si... le droit à l'avortement est très important, je sais qu'elle veut revoir ça puis l'assurer, mais ce qui est très, très important, c'est d'assurer l'accessibilité aux services d'avortement partout sur le territoire du Québec. Je lui ai écrit une lettre, je l'ai interpellée, je sais qu'elle est en consultation. Je l'invite à m'inviter aussi parce que j'ai envie de collaborer avec elle pour nous assurer le droit à l'avortement des femmes qui, aujourd'hui, est remis en question par certaines personnes, alors qu'au Québec ça fait consensus.

Par rapport à l'éducation, on a eu une journée de consultations complète hier sur le projet de loi de révision des réformes... de réforme de la... des structures du système de santé par le ministre Drainville. Et ce que beaucoup de gens nous ont dit et ce que moi, je dis ici et je le répète, le ministre, actuellement, avec tout ce qui se passe dans notre système d'éducation, bien, il n'a pas les priorités à la bonne place. Pendant qu'il est en train de se donner beaucoup, beaucoup de pouvoir, on manque du personnel partout.

Et, pour rajouter une cerise sur le gâteau, hier, le ministre Drainville nous a dit qu'il trouvait normal que quelqu'un qui a un secondaire V puis qui commence son cégep qu'il puisse enseigner à nos enfants. Je comprends qu'on est en pénurie de main-d'oeuvre, là, mais le ministre, Bernard Drainville, aurait dû rassurer les parents et au moins dire que ce n'est pas normal et qu'il trouve que ce n'est pas normal que leurs enfants aient des profs devant eux qui ont juste un secondaire V. L'école, c'est un lieu pour apprendre, ce n'est pas une colonie de vacances. Il y a d'autres exemples. On a vu, aujourd'hui, des orthopédagogues, à Sorel, qui vont arrêter de donner des services à des élèves en difficulté, et on en a beaucoup dans notre réseau scolaire, pour devenir titulaires dans des classes et enseigner parce qu'on manque de profs. Chaque membre du personnel, dans une école, a un rôle très important à jouer. Puis, quand on fait ça, bien, il y a des élèves et leur réussite qui est mise en jeu.

Donc, il se passe beaucoup de choses dans le réseau de l'éducation, mais la priorité du ministre, qui trouve normal qu'un enseignant de secondaire V enseigne aux enfants, là, puis que ça inquiète énormément les parents, puis je suis certaine, parmi vous, vous n'aimeriez pas que votre enfant soit... ait un prof qui a un secondaire V qui leur enseigne, mais, pendant ce temps-là, sa priorité très, très importante, c'est d'abolir le Conseil supérieur de l'éducation. Tous les groupes, il y en a eu huit, hier, puis je suis certaine que ça va continuer aujourd'hui et la semaine prochaine, tous les groupes, même les gens qui sont pour qu'il y ait un institut national d'excellence en éducation, ne comprennent pas la décision du ministre, trouvent que c'est une mauvaise idée. C'est mettre encore plus le clou dans le cercueil de la démocratie scolaire, de ce qui reste de la démocratie scolaire. Tout le monde lui dit qu'il peut avoir un institut national, mais il peut aussi avoir un conseil supérieur de l'éducation, que c'est une bonne chose. Donc, celui qui résiste le plus, ce n'est pas tout le monde, ce n'est pas la population qui a tort, ce n'est pas les groupes qui sont venus à l'Assemblée nationale, c'est le ministre qui résiste et qui devrait plutôt, au lieu d'être en commission, là, à étudier une autre réforme de structure, comme ils le font en santé, bien, s'occuper des urgences qui ont lieu en ce moment pour la réussite des élèves.

M. Bossé (Olivier) : La ministre, elle n'est pas aussi en train de brimer le droit à l'expression, à la liberté d'expression?

Mme Ghazal : C'est une société d'État, le Palais des congrès, ou, en tout cas, un organisme public. Donc, si ces gens-là ont envie de s'exprimer, qu'ils aillent s'exprimer ailleurs.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que le droit à l'avortement est menacé? Est-ce qu'il y a un glissement qui nous guette?

Mme Ghazal : Bien, au Québec, il y a un consensus, mais il faut toujours qu'on reste vigilantes, hein, l'histoire nous a appris ça, puis c'est important que même si aujourd'hui, factuellement, il n'est pas brimé, je parle du droit, pas de l'accessibilité, bien, c'est important de rester vigilantes.

Maintenant, dans le mouvement des femmes, puis ce que j'entends de plus en plus, ce que les femmes nous disent : Peut-être que ce n'est pas la bonne voie de légiférer parce que ça donne une pogne si jamais il y a un gouvernement qui veut remettre le droit à l'avortement. Je sais que la ministre est en train de faire des consultations là-dessus, moi aussi je parle avec des groupes de femmes sur cet enjeu, mais ce qui est brimé, par exemple, ce qui est brimé au Québec, puis ça, c'est un fait, c'est l'accessibilité. Il y a des femmes, par exemple en région éloignée, en Gaspésie, qui doivent faire des kilomètres de transport à leurs frais, qui doivent prendre congé pour se faire avorter, et c'est ça qui est brimé en ce moment, et c'est ça qui doit être la priorité.

Mme Lévesque (Fanny) : Qu'est-ce que vous dites, donc, de légiférer pour préserver le droit à l'avortement ou comme Mme Miron veut faire? Ce que vous entendez, c'est que ça pourrait avoir l'effet inverse?

Mme Ghazal : Moi, ce que des gens disent, là, puis il y a eu des prises de parole, par exemple de juristes, ils disent ça, ils disent que ce n'est pas la bonne voie à suivre. Je ne suis pas en train de dire à la ministre : Arrêtez ça là. Moi, j'invite la ministre à parler avec les oppositions. Même en études de crédits, je me rappelle, quand je l'ai interpellé sur la question, elle m'a dit qu'elle va... elles vont me demander de la rencontrer, mais je n'ai pas eu encore...

Mme Lévesque (Fanny) : Qu'est-ce qu'ils disent? Pourquoi ce n'est pas la bonne voie? Qu'est-ce que ça... C'est quoi, les risques?

Mme Ghazal : C'est qu'en ce moment, l'état des faits, la jurisprudence fait en sorte que ce droit-là est protégé factuellement. Si on amène une loi... tu sais, je ne suis pas juriste, là, de ce que je comprends, là, c'est que si on met en place une loi, bien, on donne un outil pour qu'un autre gouvernement, par exemple, dans le futur, qu'on espère qui n'arrivera pas, dit qu'il veut restreindre le droit à l'avortement, puisse prendre cet outil-là, qui est une loi, puis mettre des dispositions pour restreindre, comme on le voit avec le Parti conservateur au Canada qui essaie d'amener des lois de façon un petit peu détournée, mais l'objectif direct, là, c'est de restreindre.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que Michael Sabia est...

M. Lachance (Nicolas) : ...juste finir ça.

M. Laforest (Alain) : Tu veux finir ça, O.K..

M. Lachance (Nicolas) : Mais ce n'est pas aux élus de faire les lois, justement? Ce n'est pas ça le rôle et non le laisser entre les mains des juges? Tu sais, ce n'est pas... dans ce dossier-là, ce n'est pas justement aux élus de clarifier tout ça et de dire : Non, il n'y en aura pas au Québec?

Mme Ghazal : En ce moment, le droit à l'avortement, le droit, là, légal n'est pas menacé. Ce qui est menacé en ce moment, c'est l'accessibilité aux services. Ça, c'est factuel.

M. Lachance (Nicolas) : Mais ça ne pourrait pas être dans la même loi? Vous ne pourriez pas, justement, venir encadrer tout ça?

Mme Ghazal : Ce que ça prend, là, c'est plus de services dans les cliniques, dans des cliniques d'avortement plus rapprochées des populations dans les régions plus éloignées, ça prend plus d'argent, on n'a pas besoin... ça prend plus un budget pour rendre ça plus accessible, des primes pour attirer des soignants, même que ce soit l'avortement ou d'autres services. Puis Vincent pourra en parler un peu plus... quittent le réseau, ne trouvent pas que les conditions sont suffisantes pour aller travailler en région, c'est ça que ça prend. Puis, c'est pour ça, on n'a pas besoin d'une loi, là, on a besoin de plus de ressources puis de se pencher là-dessus. Puis la ministre est en consultation en ce moment, donc elle va pouvoir... et se faire dire ce qui se passe dans les régions, partout au Québec, pour l'accessibilité. C'est ça, la priorité. J'ai interpellé la ministre et je l'invite à... Moi, je suis prête à collaborer avec elle sur cet enjeu-là très, très important.

M. Laforest (Alain) : Hier, vous avez questionné le gouvernement sur Hydro-Québec, là, entre autres sur la privatisation, là. Est-ce que Michael Sabia est l'homme qui va privatiser Hydro-Québec, qui aura le mandat de Pierre Fitzgibbon et de François Legault, selon vous?

M. Marissal : Je n'ai pas vu les lettres de mandat à M. Sabia remises par le gouvernement. Je ne suis évidemment pas invité aux discussions qu'il y a entre ces gens-là. Ce qu'on sait, ce qu'on sait, c'est le passé de M. Sabia qui a participé à de grandes entreprises de privatisation et l'inclinaison, ce qu'on sait aussi, l'inclinaison du gouvernement qui a dit «on n'a rien contre le privé» et qui voudrait peut-être aller vers ça. Bon. Après ça, M. Legault a dit qu'il est d'accord pour que M. Sabia vienne se présenter ici, en sa qualité de nouveau P.D.G. d'Hydro-Québec. C'est bon, on l'attend. On aura des questions.

M. Desrosiers (Sébastien) : Sur les profs, Mme Ghazal, à quel point... bon, il en manque dans les classes, là, à quel point c'est la responsabilité de Bernard Drainville? Quelle est sa part de responsabilité dans cette situation-là, considérant qu'il est en poste depuis à peine six mois?

Mme Ghazal : Là, en ce moment, là, il est le ministre titulaire du poste du ministre de l'Éducation, là, puis c'est sa responsabilité en ce moment de s'assurer qu'il y ait des profs qualifiés dans les classes, qu'il y ait du personnel qui... des professionnels aussi pour donner des services, c'est sa responsabilité. Puis nous, on le répète, ça passe par les conditions de travail, le salaire, mais ça passe aussi par la composition de la classe. Quand on a des profs... Moi, je fais une tournée, là, de l'éducation... pardon, je fais une tournée des écoles partout au Québec, et, les gens, ce qu'ils me disent, ce qu'ils ont besoin le plus, c'est de s'assurer de garder les gens dans le réseau, puis il y a des possibilités. Le ministre nous parle tout le temps d'une mesure, qui est très bonne, l'aide à la classe, mais ce n'est pas suffisant. Ce que ça prend, c'est d'arrêter l'hémorragie des profs qui quittent le réseau scolaire, puis ça passe par les conditions de travail, on ne le répétera jamais assez, puis ça prend plus que seulement de l'aide à la classe, ça prend plus de mesures.

M. Desrosiers (Sébastien) : Est-ce qu'il devrait abandonner, carrément, sa réforme, selon vous, comme le demandent certains syndicats?

Mme Ghazal : Là, en ce moment, on est en consultations. Moi, j'ai beaucoup, beaucoup de questions à poser, par exemple sur l'institut national de l'excellence en éducation. Il y a des bonnes choses, par exemple d'obtenir des mesures, plus de mesures. Mais moi, si j'étais ministre de l'Éducation, je n'aurais pas ouvert la Loi sur l'instruction publique pour faire une deuxième réforme, alors qu'on n'a même pas fait le bilan de la réforme en éducation de Jean-François Roberge. Ça n'aurait pas été ça, ma priorité. J'aurais préféré qu'on travaille sur autre chose, sur les urgences actuellement, notamment la pénurie de personnel.

M. Lacroix (Louis) : Sur l'aide médicale à mourir...

M. Lachance (Nicolas) : Bien, juste épuiser l'éducation... Êtes-vous d'accord avec les syndicats, ce matin, qui estiment que la réforme Drainville amènerait les profs à vouloir bonifier leurs notes pour avoir un meilleur résultat sur les fameux tableaux de bord qui vont être mis de l'avant?

Mme Ghazal : Bien, c'est ça, il y a une obsession managériale, là, que ce soit en santé, en éducation, le gouvernement de la CAQ gère l'État comme il gérerait une entreprise privée. Ce n'est pas mauvais d'avoir des tableaux de bord, là, c'est une bonne chose d'avoir des mesures. On manque de données pour ne pas naviguer à vue puis savoir où est-ce qu'on s'en va. Mais en faire une obsession puis que ça soit la seule et unique chose qu'on regarde, il y a des risques comme ce qui est dénoncé, là, par les syndicats.

M. Lacroix (Louis) : Sur l'aide médicale à mourir, le fait qu'on retarde de deux ans l'entrée en vigueur, en fait, de la demande anticipée, comment vous analysez ça? Qu'est-ce qui s'est passé, à votre avis? Est-ce que vous achetez l'explication de la ministre, qui dit que, bon, ça prend du temps, il faut s'arrimer avec le fédéral, il y a le Code criminel, etc.? Ces mêmes questions là se posaient quand on a adopté la première loi. Là, on est rendus dans une nouvelle mouture, en fait, une évolution de la loi. Est-ce que vous achetez ça, cette explication-là?

M. Marissal : D'abord, là, je veux rappeler que c'est ma collègue, Christine Labrie, qui était là. Moi, j'ai été là aussi, donc je connais un peu le dossier. Puis on a entendu le même discours il y a un an, à peu près jour pour jour, quand on est arrivés à la conclusion qu'on n'était pas capables d'adopter la loi qui vient d'être adoptée. Je ne sais pas si vous vous souvenez, là, les affaires vont vite, puis une nouvelle remplace l'autre, là, mais moi, j'étais là. Puis, à un moment donné, on est arrivés, à peu près à cette date-ci, là, à quelques jours près, en se disant : On n'y arrivera pas, on ne peut pas bâcler ça, ça fait que désolé, tout le monde. Puis on était vraiment désolés, sincèrement désolés. Le ministre Dubé était désolé. Tout le monde autour de la table aurait voulu y arriver. Puis on a dit : Bien, non, O.K., on remet ça après la prochaine élection puis... Et on a dit aux gens : Faites-vous-en pas. Et le ministre, je me souviens, avait dit aux gens à ce moment-là : Faites-vous-en pas, ça n'accroîtra pas les délais, les délais ne seront pas plus longs, parce que, de toute façon, il aurait fallu adopter la loi puis avoir une transition.

Je n'ai pas participé dans le menu détail des derniers travaux, mais, deux ans, je comprends que c'est le maximum et je pense qu'il faut que la ministre maintenant s'attelle, là. C'est vrai qu'il y a du travail à faire, mais est-ce que c'est deux ans? Est-ce qu'on peut, là, au moins, par respect pour les gens qui attendent ça, là... Bon, Mme Demontigny est devenue, là, le symbole de ça, mais il y en a combien d'autres qui vivent avec l'épée de Damoclès au-dessus de la tête, là, la démence, Alzheimer? Est-ce qu'on peut, au moins, là, d'ici la fin de la session, s'engager à ce que ce soit réellement le maximum des maxima? Idéalement, là, on coupe les délais puis on y va... pas bâcler, mais...

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous, vous l'achetez, son explication? Vous êtes d'accord avec son explication?

M. Marissal : Je veux lui donner... je veux donner la chance au coureur, à savoir... ou à la coureuse, dans ce cas-ci, à savoir que ce n'est pas... c'est vrai que ce n'est pas facile, là. C'est souvent dépeint comme une affaire bien, bien, bien simple, tu signes un papier, puis, quand arrive le moment, on fait une injection. Moi, pour avoir été là-dedans pendant deux ans, je peux vous dire que ce n'est pas si simple que ça.

Cela dit, ce que je demande, là, de main tendue à la ministre : Deux ans, là, hyper maximum, de grâce, de grâce. C'est probablement possible de diminuer ce délai-là pour donner enfin la chance aux gens qui ont un diagnostic de signer le fameux papier puis dire : Le jour où je ne serai plus là, je voudrais partir en paix.

M. Lacroix (Louis) : Mais c'est parce que là on a l'impression que ça sort d'un chapeau, là, à la dernière minute, dans la présentation du projet de loi avant le vote, puis là on arrive puis on présente une... Est-ce que vous avez... Ça donne l'impression qu'elle a subi des pressions pour qu'on arrive à la fin avec une mesure comme celle-là.

M. Marissal : Il faudrait lui demander à elle, M. Lacroix. Comme je vous dis, moi, en plus, je n'étais même pas autour de la table, ça fait que... Ce que je sais, là, c'est qu'on avait dit qu'on reprendrait le travail, on l'a repris. On a dit qu'on adopterait à cette session-ci, on l'a fait. Maintenant, est-ce qu'on peut accélérer les choses sans tourner les coins ronds? Est-ce qu'on peut faire moins de deux ans? Je pense que c'est réaliste, là. Chaque mois qu'on va retrancher aux 24 prévus, ce sera un mois de gagné. Je pense qu'on le doit aux gens qui attendent ça. Je pense qu'on le doit, en fait, à peu près à toute la population québécoise. Parce que vous savez comme moi que des diagnostics d'Alzheimer puis de démence, là, d'ici une dizaine d'années, là, nous serons quelques centaines de milliers au Québec, affligés par ces pathologies-là. Donc, je le demande, là, sincèrement au gouvernement : Faites le plus vite possible, pas botcher, là, évidemment, là, mais le plus vite possible.

M. Lachance (Nicolas) : Embarquez-vous dans l'argumentaire de Mme Bélanger qu'il faut s'arrimer au Code criminel canadien? Vous étiez là, là, quand on a passé avec la première loi, là.

M. Marissal : Oui, je sais, je saisis toutes les nuances de ce dossier-là. Mais vous savez pourquoi... d'où vient mon hésitation? C'est que ce dossier-là n'a jamais été partisan, ce dossier-là n'a jamais été partisan. Puis ce n'est pas moi qui va le «partisaner», si ça se dit. Mais je demande encore une fois à la ministre, le plus vite possible, s'il vous plaît, dans l'ordre, pour qu'on puisse donner enfin ce droit-là aux gens.

Mme Lévesque (Fanny) : Vous dites que ce n'est pas le bon moment de faire la réforme de M. Dubé, là, le projet de loi n°15, ce serait quand, le bon moment?

M. Marissal : Bien, je vais recommencer... Je vais faire une prémisse à votre question, si vous permettez : Ce serait quoi, la bonne réforme? Je pense que ce n'est pas la bonne réforme puis ce n'est définitivement pas le bon moment. Moi, vous savez, là, ce qui m'a sauté aux yeux, là, je le voyais, je le voyais, mais en discutant, ces derniers jours, avec le ministre... Puis je vais faire quelque chose que je ne fais pas souvent ici, là, je vais le remercier, le ministre, pour les discussions qu'on a eues, des discussions franches, ouvertes, longues... pas longues dans le sens de lancinants, mais des discussions comme on en a rarement ici. Vous savez, quand moi, je me lève à l'Assemblée nationale, poser une question, là, j'ai une minute, puis deux fois 30 secondes. Le ministre a juste quelques secondes de plus que moi, ça fait que ça fait des flammèches, mais ce n'est pas des discussions de fond, là, tu sais. Là, on a eu des discussions de fond, et je suis heureux de ça.

Mais ce qui me saute aux yeux, c'est que Santé Québec, là va gérer... Si on avait Santé Québec ce matin, là, Santé Québec gérerait tout ce qui va mal dans le réseau, tout ce qui va mal. Tout ce que je vous ai dit, là, les unités murales de climatisation à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, les infirmières qui se font suspendre ou qui démissionnent sur-le-champ, celles qui se font dire : Tu n'auras pas de congé, les réorganisations, tout ça, là, ce serait Santé Québec qui gérerait ça. Moi, j'ai un maudit problème avec ça, parce que ça s'appelle de l'imputabilité, ça s'appelle de la responsabilité ministérielle. Et puis, dans un grand cri du cœur, le mercredi soir, là, le ministre Dubé nous a dit : Croyez-moi, j'ai tout essayé, ça ne marche pas. Le système, dans sa forme actuelle, ne peut pas fonctionner. Moi, j'accueille ça comme un aveu, comme un aveu d'échec, que lui considère qu'il ne peut plus fonctionner dans ce système-là.

Donc, créer Santé Québec, une grosse, grosse instance qui va gérer, qui va gérer vraiment, là, le quotidien puis, pendant ce temps-là, le ministre et ses équipes feront les grandes orientations. Moi, ça m'inquiète beaucoup, ça m'inquiète beaucoup, parce que, dans notre système politique et parlementaire, à la fin, il y a des gens qui sont responsables, il y a des gens qui sont responsables. Puis je sais que ça ne doit pas être agréable, là, pour un ministre de la Santé de se faire réveiller à cinq heures du matin pour se faire dire : Il y a une autre urgence qui vient de péter, là, mais c'est sa job.

M. Laberge (Thomas) : Juste une petite précision, Mme Ghazal, là, sur la question de l'avortement, là. Vous dites que, si jamais on légiférait, il y a des gouvernements qui peuvent s'accrocher là-dessus pour restreindre le droit, mais on voit déjà des tentatives du gouvernement fédéral aussi par des manières détournées comme, par exemple, en criminalisant davantage un homme qui s'attaquerait à une femme enceinte, par exemple. Donc, la brèche, elle est déjà là.

Mme Ghazal : Moi, ce que je vous dis, c'est ce que des gens... dès que Mme Martine Biron a parlé de sa volonté de légiférer pour vraiment protéger le droit à l'avortement, j'ai lu des expertes, des gens qui ont parlé de ça. Ça fait que, moi, je parle du risque. Je ne suis pas en train de dire : Il ne faut absolument pas le faire. Je ne le sais pas, je n'ai pas vu sa loi. Elle n'est peut-être pas encore écrite. Elle est en consultation. Puis moi, je l'invite aussi à consulter les partis d'opposition pour que je puisse la sensibiliser encore plus, probablement qu'elle est en train d'être sensibilisée par les organisations sur l'accessibilité. Moi, s'il y a une urgence aujourd'hui, au moment où on se parle là... Je ne suis pas en train de dire : Il faut absolument... Je ne suis pas en train de prendre position. Je vous dis ce que j'ai lu des gens qui ont pris la parole sur cet enjeu-là quand le ministre a parlé de sa volonté de légiférer. Mais ce que je vous dis aujourd'hui, là, c'est : L'accessibilité est menacée. Ça, c'est les faits et c'est l'urgence sur laquelle elle doit se pencher.

M. Laberge (Thomas) : Le droit n'est pas menacé quand vous voyez Maxime Bernier qui dit qu'il veut restreindre ça au troisième trimestre, je crois, là?

Mme Ghazal : Bien oui, c'est-à-dire que ça va toujours être menacé à cause de ce qui se passe dans les États-Unis, aux États-Unis, ce qui se passe au Canada. Ce n'est pas au Québec. Je veux dire, même des élus du Parti conservateur au Québec ne se prononcent pas là-dessus puis sont toujours mal à l'aise parce qu'il y a un consensus au Québec, puis, dans les faits, ce droit-là au Québec n'est pas menacé.

Maintenant, dans le monde, dans le discours qu'on entend de la droite qui vient, c'est menacé, puis ce discours-là, je veux dire, on n'est pas sur une île déserte ou sur une autre planète, il existe aussi au Québec puis il faut toujours, toujours, toujours rester vigilantes et vigilants avec les alliés aussi.

Mme Morin-Martel (Florence) : Sur un autre sujet, on apprenait ce matin, là, que le gouvernement a condamné une femme à rembourser des prestations d'aide sociale parce qu'elle avait omis de déclarer des revenus de la prostitution. Elle, elle disait qu'elle a remis ces revenus à son proxénète. Est-ce que le gouvernement s'est trompé de cible?

Mme Ghazal : Écoutez, je vais dire, j'ai lu cette situation-là de cette femme-là, et, en plus, c'est une mère monoparentale. Elle a un enfant en bas âge. Je trouvais ça vraiment choquant, là, ce qu'elle a vécu et j'ai beaucoup d'empathie pour ce qu'elle est en train de vivre.

Maintenant, on se rappelle qu'il y a eu le rapport sur l'exploitation sexuelle des mineurs, puis une des recommandations, c'est de s'assurer que les prestations d'aide sociale... bien, de les revoir pour les personnes qui sont exploitées sexuellement. Là, elle, elle n'est pas mineure, mais, je veux dire, ça s'applique aussi. Donc, il y a un consensus que ça n'a pas de bon... Surtout que ces femmes-là, on veut qu'elles aillent aussi dans les services publics quand elles en ont besoin, qu'elles aillent, par exemple, dans nos institutions, qu'elles aient confiance, puis une telle situation ne leur donne pas confiance d'aller dans nos institutions publiques.

Mme Greig (Kelly) :With Bill 96, some municipalities, I'm sure you saw, in Montréal, yesterday, updated their3-1-1 phone message. This morning, the city of Côte-Saint-Luc updated its message saying : If you'd like service in English, you don't need to show... through report card, your family tree going back 10 generations or have to pinky promise anything, for historic Anglos. What do you think of municipalities taking this approach of, kind of mocking Bill 96, in a way?

Mme Ghazal : Well, you know what? In Bill 96, there's some articles that are not applicable and we said that a lot in the last year. For example, for the six months for the immigrants, when they come, after six months, it's impossible for the Government, they can't talk to them in their language or in English, and it's not applicable. That's why we said if we were in the Government... there's a lot of good things in Bill 96, but this element, we will make it... we will delete it from the law, because it's not applicable, and we have this ridiculous situation.

Mme Greig (Kelly) : So, yes, it's putting... saying : Well, you need to prove, you know, you need to just say...

Mme Ghazal : It's not applicable. These disposals are not applicable. Now, what's the priority to protect French in Québec? Really, it's in the workplace. People, when they come to work, even if they speak French, they are asked to speak English to get the job. This is the priority, and there's not enough disposals and strong disposals in Bill 96. Québec solidaire, we will move on, for example, giving French courses paid by the employers in the workplaces.

Mme Greig (Kelly) : So, this, like, English message saying... it doesn't matter, really...

Mme Ghazal : It's not protecting.

Mme Greig (Kelly) : ...it's like : Why are we doing this?

Mme Ghazal : Well, we have a proof that this type of disposal, like the six months for the immigrants, are not applicable, but it's important to protect French. This measure will not really protect French, it's in the workplace.

Mme François (Mélissa) : A few words on education. The unions are here today and there's that reform going on, of Bernard Drainville. What are your thoughts on that?

Mme Ghazal : Yes, well, the unions are here today in front of the National Assembly and maybe they will continue also to be there, because they are saying to M. Bernard Drainville that he doesn't have the priorities in education in the right place. Now, we don't have enough teachers in the schools, and M. Bernard Drainville, yesterday, said that it's normal to have a teacher with a secondary V.

Mme François (Mélissa) : I'd like to know how do we get more teachers. I would like to know...

Mme Ghazal : The condition... the workplace conditions, workplace conditions, workplace conditions are the priority in the schools, and I'm repeating this message to M. Bernard Drainville : This comes with salaries, it comes also to have less students with difficulties in the classroom. Almost 50% of the class in composed by students who have difficulties, and the teachers, they can't do their job. But Mr. Drainville doesn't want to hear. One of the causes of this situation is that three-speed system, private, normal school and...

Une voix : ...

Mme Ghazal : Yes, exactly. So, this is the cause, and he doesn't want to hear it. Even the Conseil supérieur de l'éducation told him that this a... the three-speed in the education system is a very big problem. What the Minister said? He abolished the Conseil supérieur de l'éducation, even if all the society, the civil society, groups who came yesterday and will continue to come told him that this is not the good situation. He's trying to fix something that there's no problem, because the Conseil supérieur de l'éducation doesn't agree with him. What's important for Mr. Drainville is to make sure to have teachers, and this comes with the workplace conditions.

M. Marissal : Merci.

Mme Ghazal : Merci.

(Fin à 8 h 57)

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