(Neuf heures trente minutes)
M. Fortin :Bien. Bonjour. Merci d'être parmi nous. Aujourd'hui, on
tenait à interpeller le gouvernement de la CAQ, qui est un gouvernement
largement élu en région, en ruralité, au Québec, par rapport à l'abandon de ces
régions-là, parce qu'on sent un gouvernement qui, oui, a des représentants,
dans sa députation, élus en région, mais qui ne gouverne pas pour la ruralité
au Québec.
Les plus grands enjeux pour la ruralité
sont largement ignorés par le gouvernement. Je pense, entre autres, à l'agriculture,
où, vous le savez, là, il y a une crise dans le secteur porcin qui affecte à
peu près toutes les régions du Québec et où le gouvernement choisit... donne
essentiellement deux options aux producteurs de porcs, en ce moment, soit
continuer à perdre de l'argent ou fermer leurs portes. Ça, c'est les options
que le gouvernement du Québec met devant nos producteurs de porcs, et donc qui
affectent la vitalité économique dans nos régions, partout.
Si je vous parlais de foresterie, c'est la
même chose, on ne fait pas les investissements nécessaires pour l'éducation de
nos forêts, ces jours-ci, c'est-à-dire qu'on n'investit pas dans la qualité et
la croissance de nos arbres, et qu'il va y avoir un impact significatif sur la
possibilité forestière, et donc sur les usines forestières, au cours des
prochaines années, parce qu'on n'est pas en train de faire ce travail-là.
Si je vous demande de me nommer un seul
grand projet en région qui avance ou qui se porte mieux, je pense que vous
auriez, comme moi, énormément de difficulté à le faire. Je pense au pont sur le
Saguenay, la porte d'entrée vers la Côte-Nord. C'est un projet qui n'avance
pas, qui n'a pas bougé depuis l'arrivée au pouvoir de la CAQ. La Société des
traversiers du Québec, ça demeure un fiasco monumental pour des gens qui
dépendent de ces services-là. Si je vous parle du transport aérien régional, la
plupart des gens sur la Côte-Nord, en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine vont
vous dire que ça ne fonctionne pas comme ça devrait l'être, que c'est une
barrière à accéder à leurs régions et à accéder à des services pour les gens de
leurs régions.
Alors, ce qu'on veut faire aujourd'hui, ce
n'est pas seulement parler de développement économique régional pur, au sens du
terme, mais de dire au gouvernement de la CAQ qu'il est temps qu'il s'occupe
des régions, qu'il se mette à penser à la ruralité, dans ses politiques
publiques, et que ça devienne une vraie préoccupation dans ce qu'il propose.
Le meilleur exemple de leur abandon des
régions, c'est que le ministre responsable des régions ne se donne même pas le
trouble de venir ici aujourd'hui pour en débattre. Rien contre M. Skeete, qui
est un parlementaire d'expérience, mais le ministre responsable du
Développement économique régional, c'est M. Fitzgibbon. Alors, de toute
évidence, là, de par son absence, il nous dit qu'il est plus intéressé par ses
dossiers de Montréal que par les dossiers des régions.
M. Denis (Maxime) : Mais,
justement, c'est un défi pour le Parti libéral, en ce moment, de se
reconstruire, de parler aux régions. Qu'est-ce que le PLQ ferait de différent
si vous étiez au pouvoir?
M. Fortin :Bien, les dossiers des régions, là, c'est qu'il faut les
prendre un à la fois. Ce sont des dossiers importants. Je pense au pont sur le
Saguenay, entre autres, là. Ça, c'est un dossier où il faut que les gens de la Côte-Nord
sentent que la parole des gens est respectée. Le représentant de cette
région-là, c'est Yves Montigny. Il en a fait un combat presque quotidien, quand
il était maire, de ce pont-là, je l'ai vu manifester en avant de l'Assemblée
nationale, ici, lors du dernier mandat, et, depuis son élection, n'en parle
plus. Alors, il faut faire avancer ces dossiers-là pour que les gens sentent
qu'il n'y a pas juste une préoccupation au moment des élections, par rapport à
leurs dossiers. C'est comme ça qu'on peut regagner, de notre côté, là, le cœur
des gens des régions, c'est de parler de leurs enjeux puis de s'assurer qu'on
ne les abandonne pas une fois au pouvoir.
M. Côté (Gabriel) : Je ne
sais pas si vous avez vu la lettre de Jérôme Turcotte dans LaPresse
ce matin. Il se dit inquiet, parce que le Parti libéral du Québec semble
traversé par un certain courant de «nationalisme canadianisant». Est-ce que
c'est ce que vous sentez aussi puis est-ce que vous allez lui répondre au
congrès en fin de semaine?
M. Fortin :Bien, je vais lui répondre par ceci : M. Turcotte
mentionne dans sa lettre que le Québec a besoin d'un Parti libéral du Québec
fort, fort de la défense de ses minorités, fort de la défense de la différence
québécoise, mais, si on a besoin d'un Parti libéral du Québec fort, il faut s'y
investir. Il y a deux choix devant nous, là, à partir de ce moment-là, c'est
d'y travailler, comme les centaines de militants qui vont être à Victoriaville
en fin de semaine avec moi puis avec nos élus, ou on abandonne le navire, comme
M. Turcotte. Moi, j'ai choisi ma voie, lui a choisi la sienne.
M. Côté (Gabriel) : Mais il
déplore que les nationalistes étaient un peu utilisés, là. Quand le parti avait
besoin, là, de justement paraître nationaliste sur tel ou tel enjeu, il sentait
qu'on les sortait puis que, par après, on les cache, là. Est-ce que c'est
quelque chose que vous faites, ou...
M. Fortin :Bien, c'est le moment d'avoir des conversations sur
qu'est-ce qu'on veut pour l'avenir du Parti libéral. Il y a un comité de
relance, là, qui est en place avec, justement, des bénévoles qui choisissent de
s'engager, comme André Pratte, et qui ont ces conversations-là avec des
militants partout au Québec, à savoir comment on voit la vision du libéralisme,
qu'est-ce qu'on veut comme vision économique, qu'est-ce qu'on veut comme vision
nationaliste, au Parti libéral du Québec, et cet exercice-là, de définition, de
priorisation, il est en train de se faire par le comité de relance. J'aurais
bien aimé, j'aurais aimé bien... j'aurais bien mieux aimé que M. Turcotte
participe à cet exercice-là plutôt que de choisir de simplement critiquer la
démarche du parti.
M. Denis (Maxime) : Justement,
en fin de semaine... On entendait ce matin Fred Beauchemin, qui est peut-être
plus pressé, là, d'avoir une course. On n'aura pas les règles, là, de la course
à la chefferie, mais vous êtes un des noms qui circulent. Est-ce que, vous,
vous seriez plus tôt que tard ou tard que tôt?
M. Fortin :Moi, je fais confiance au parti, aux gens qui s'impliquent
bénévolement, aux instances du parti et au président de la course à la
chefferie pour choisir les meilleures règles possibles. Personnellement, là, je
m'en remets complètement à ces gens-là, et je ne pense pas qu'il devrait y
avoir d'ingérence de la part d'un candidat ou d'un autre. En même temps, moi,
ce...
M. Denis (Maxime) : Mais ce
n'est pas ça, ma question. La question, c'est : Est-ce que vous voulez une
course 2024 ou 2025? Est-ce qu'on veut un chef rapidement ou pas?
M. Fortin :Non, moi, je m'en remets au parti pour prendre les
meilleures décisions à ce niveau-là. Moi, ce qui m'intéresse davantage, c'est
la vision qu'on va proposer aux Québécois, la vision que chaque candidat pourra
proposer aux Québécois, les idées qui vont être mises de l'avant. Moi, les
discussions que j'ai avec les militants, là, elles ne portent pas sur le quand
de la course à la chefferie, elles portent sur les idées qu'eux veulent que le
Parti libéral du Québec porte au cours de la prochaine campagne électorale.
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que ça vous chicote que Marc Tanguay laisse le flou sur une possible
candidature puis qu'il ait autant d'«exposure»?
M. Fortin :C'est les règles que le parti a mises en place. M. Tanguay
a choisi de se présenter comme chef intérimaire. Ça, ça lui appartient. Je
pense que, peut-être, ça lui donne une certaine «exposure», pour utiliser votre
terme, mais, en même temps, il y a d'autres personnes qui peuvent avoir des
conversations plus franches, disons, avec les militants, que peut-être le rôle
de chef intérimaire, qui demande une certaine neutralité, l'empêche d'avoir.
M. Côté (Gabriel) : Est-ce
que le comité de relance est déjà passé dans votre région pour avoir une
réunion avec...
M. Fortin :C'est à la fin juin, si je ne m'abuse.
M. Côté (Gabriel) : Puis vous
allez être là?
M. Fortin :Oui, absolument.
M. Côté (Gabriel) : O.K. Ça
marche, là, à chaque fois que... Ce n'est pas tous les députés qui sont
présents, mais, s'il y a un député de la région, et là c'est juste une question
technique, un peu, là, comment ça marche?
M. Fortin :Bien, on m'a... le comité de la relance m'a demandé d'être
présent à la rencontre, ça me fait plaisir. Les militants de la région, je les
connais bien, je connais la plupart de leurs idées, je sais un peu ce qu'ils
veulent, mais ça va me faire plaisir d'aller les épauler, d'aller les entendre
à nouveau à travers ce forum-là, et je pense que c'est essentiel d'ailleurs que
les élus participent à l'occasion à ces rencontres-là pour bien prendre le
pouls des militants...
M. Denis (Maxime) : Sentez-vous
un appui? Est-ce qu'il y a des membres du public qui vous appuient pour une
possible candidature?
M. Fortin :Bien, je pense que, depuis... J'ai toujours senti un
certain appui dans le parti, mais, encore là, il ne faut pas que... Une course
à la chefferie, de façon générale, là, ça ne peut pas être un enjeu de
personnalité, pur et simple, il faut que ce soit basé sur des idées, il faut
que ce soit basé sur une vision. Puis c'est pour ça que je vous dis, moi, ce
qui m'intéresse davantage ces jours-ci, c'est de voir, est-ce qu'on est capables
de bâtir une vision rassembleuse pour le Parti libéral du Québec, est-ce qu'on
est capables de présenter des idées qui rejoignent les Québécois. Je suis
convaincu qu'on peut le faire, mais c'est un exercice qui, au-delà du débat de
personnalités, a beaucoup plus de valeur.
M. Denis (Maxime) : Et
pourquoi ce retour à Victoriaville, après l'incident de 2012?
M. Fortin :De un, c'est important de le faire en région. Le Parti
libéral, le dernier conseil général, après les élections en 2018, était
également dans le Centre-du-Québec, c'était à Drummondville, si je ne m'abuse,
mais on ne se privera pas de retourner à Victoriaville pour un congrès qui a eu
lieu il y a 12 ou 13 ans, là... 11 ou 12 ans, c'est... Puis le contexte est,
réellement, franchement différent du congrès, disons, houleux qu'il y a eu il y
a plus d'une décennie. Je ne m'attends pas non plus à voir Gabriel
Nadeau-Dubois manifester à l'extérieur du congrès, là. Merci.
(Fin à 9 h 40)