(Treize heures vingt minutes)
M. Legault : Oui, donc,
bonjour, tout le monde. Une journée importante, en tout cas pour moi, et je
suis accompagné de Christine Fréchette, qui est notre ministre de l'Immigration,
et Jean-François Roberge, qui est le ministre responsable de la Langue
française. Vous savez, ma première responsabilité, comme premier ministre du
Québec, c'est de m'assurer qu'on protège notre identité. Puis ça commence bien
sûr par notre langue. Pourquoi que c'est important? Parce que je suis le seul
chef d'État en Amérique qui représente une majorité de francophones. Donc, j'ai
une responsabilité face à l'histoire, entre autres de protéger, de poursuivre
ce parcours d'une nation francophone depuis 400 ans. Donc, je me sens
vraiment un devoir, une grande responsabilité.
Malheureusement, quand on regarde les
chiffres concernant la présence du français, là, puis tous les indicateurs, que
ce soit sur la place publique, à la maison, première langue parlée, partout, on
voit, depuis un certain nombre d'années, un déclin du français au Québec. Donc,
on a... j'ai un devoir d'agir. Moi, je ne serais pas capable, là, quand je
prendrai ma retraite dans 10 ans, dans 20 ans, de me dire : J'ai
été premier ministre du Québec, là, puis je n'ai pas pris les mesures
nécessaires pour renverser ce déclin-là. Donc, il faut agir puis on a commencé
à agir dans le premier mandat.
D'abord, on a augmenté, là, de plusieurs
centaines de millions de dollars, le budget de la francisation, on va
maintenant annoncer bientôt Francisation Québec. On a aussi adopté la loi n° 96, qui est le geste le plus important depuis la
Loi 101 de René Lévesque. Tous les gouvernements qui se sont succédé après
René Lévesque n'ont pas posé des gestes aussi forts que la loi n° 96. Puis là je ne veux pas revenir dans tout ce qu'il y
a dans la loi n° 96, mais, pour moi, il y a une
mesure ou un groupe de mesures qui est important, ça concerne le français
langue de travail.
D'abord, on a choisi d'étendre la
Loi 101 aux petites entreprises de 25 à 49 employés. On a aussi
choisi d'étendre la Loi 101 aux entreprises à charte fédérale. Il y avait
beaucoup de sceptiques, mais on a eu une certaine collaboration du gouvernement
fédéral pour que les grandes entreprises aériennes, chemins de fer, banques,
les entreprises à charte fédérale soient obligées maintenant aussi de mettre en
place la Loi 101.
Et pourquoi je souligne ces mesures-là?
Parce que c'est un signal fort. Quand on dit aux Québécois actuels puis aux
Québécois futurs : Au Québec, pour travailler, il faut parler français,
bien évidemment, là, que ça devient tout un incitatif d'apprendre le français,
de connaître le français.
Bon, maintenant, il faut agir sur
l'immigration. Il faut agir sur l'immigration. Puis peut-être, avant de vous
parler de nos mesures, rappeler... puis là je vous parle, pour l'instant, de
l'immigration permanente. Je vous parlerai tantôt de l'immigration temporaire,
mais parlons de l'immigration permanente, là, les fameux
50 000 immigrants par année. Il y en a d'abord 65 % environ que
c'est de l'immigration économique. Puis, ça, la sélection se fait entièrement
par le gouvernement du Québec. Donc, si dans le passé il y a des gouvernements
qui n'ont pas été assez exigeants, puis c'est le cas concernant la connaissance
du français, bien, on a juste le gouvernement du Québec à blâmer, que ce soient
les libéraux ou les péquistes, parce que ce deux tiers là des immigrants sont
choisis par Québec. Il y a une deuxième catégorie qui représente à peu près
20 % de l'immigration, c'est la réunification familiale, donc ceux qui
viennent au Québec pour rejoindre leur famille. La sélection se fait par le
gouvernement fédéral. Puis il y a une troisième catégorie, qui représente à peu
près 15 %, qui sont les réfugiés. Ça aussi, c'est choisi par le
gouvernement fédéral.
Revenons à l'immigration économique qu'on
contrôle au Québec. Jusqu'à présent on a toujours mis des points. Si on parle
français, on obtient des points, mais ce n'était pas obligatoire. Quelqu'un
peut être accepté comme immigrant économique, même s'il ne parle pas français,
en autant qu'il ait plus de points dans les autres conditions. Bien,
aujourd'hui, je vous annonce qu'à l'avenir, puis c'est la première fois que ça
va être le cas dans l'histoire du Québec, pour déposer... pour pouvoir déposer
une demande, pour devenir un immigrant économique au Québec, il va falloir
avoir une maîtrise du français, puis Christine va vous expliquer les différents
niveaux qui vont être exigés.
Maintenant, concernant les seuils
d'immigration, on dépose aujourd'hui, pour consultation, donc on veut consulter
les groupes, la population, les experts, on dépose deux scénarios. Premier
scénario qui est le scénario qu'on avait proposé en campagne électorale,
c'est-à-dire limiter à 50 000 immigrants permanents par année, là, le
nombre de personnes à qui on donnera des certificats. Par contre, on dépose un
deuxième scénario. Je me suis rendu compte avec, entre autres, notre excellent
sous-ministre à l'Immigration, qu'on peut, puis il y a une réelle ouverture de
la part du gouvernement fédéral, on peut augmenter seulement les immigrants
économiques.
Ça veut dire que ce n'est pas parce qu'on
augmente les immigrants économiques qu'on est obligé d'augmenter les
deux catégories qui sont contrôlées par le fédéral. Puis, à partir du
moment où on dit : Dans l'immigration économique, bien, on veut juste des
francophones, sauf exception, ce que ça veut dire, c'est que, si on augmente
les seuils en augmentant juste les immigrants économiques, on vient augmenter
le pourcentage de francophones. Puis évidemment, là, je m'attends à avoir la
question : M. Legault, vous avez dit plus que 50 000, ça serait
suicidaire. Bien, ça serait suicidaire pour l'avenir du français, mais, à
partir du moment où on est capable, puis il y a une réelle ouverture de la part
du gouvernement fédéral, de dire : L'augmentation, c'est seulement des
francophones ou des gens qui maîtrisent le français, ça vient complètement
changer la situation. Puis c'est pour ça qu'on dépose ce deuxième scénario.
Si on fait des calculs, prenons
l'année 2018, avant qu'on arrive, si on prend tous les immigrants
permanents, que ce soit économique, réunification familiale, ou les réfugiés,
au total, on avait 50 % seulement des immigrants qui parlent français,
50 % seulement. Or, avec notre scénario un, on augmenterait ce pourcentage
à 70 % et, avec le scénario deux, on augmenterait ce pourcentage à
75 %. Là, on n'a pas encore parlé d'aller chercher des pouvoirs
additionnels à Ottawa. Puis ce qu'il est important de dire, là, c'est
qu'aujourd'hui on commence avec une première étape, les immigrants permanents,
mais on travaille déjà sur une deuxième étape pour les immigrants temporaires.
Donc, on va vous revenir éventuellement pour voir comment on peut augmenter le
nombre d'immigrants temporaires, que ce soit des étudiants ou des travailleurs
qui parlent davantage français.
Puis n'oublions pas que, pour ce qui est à
peu près de la moitié des immigrants temporaires, on a déjà un levier à Québec,
parce que c'est le gouvernement du Québec qui émet le CAQ, qui n'est pas la
Coalition avenir Québec, mais le certificat d'acceptation du Québec. Ça veut
dire, là, encore là, que ce soit des gouvernements du Parti québécois ou du
Parti libéral, qui chialent qu'il y a trop d'immigrants temporaires qui ne
parlent pas français, bien, ils ont juste eux autres à blâmer, là, parce qu'on
a le pouvoir, en émettant le CAQ, d'exiger le français. Donc, on a un pouvoir.
En plus, comme vous le savez, on va continuer de le faire, on va réclamer...
J'en ai parlé avec le chef de l'opposition officielle cette semaine à Ottawa,
et j'en ai déjà parlé à plusieurs reprises avec Justin Trudeau, ce qu'on veut,
c'est d'être capable d'aller chercher les pouvoirs, entre autres, en matière de
réunification familiale, donc que ce soit le gouvernement du Québec qui
sélectionne.
Donc, c'est une deuxième étape qui est
très importante, après le projet de loi n° 96, l'immigration.
Jean-François va vous parler tantôt... Jean-François, non seulement il est
responsable de la langue française, mais aussi président du Groupe d'action
pour l'avenir de la langue française. Donc, il va vous revenir bientôt avec
d'autres propositions en éducation, en enseignement supérieur, en culture, dans
tous les domaines où on peut agir comme gouvernement pour renverser la tendance
actuelle. Donc, ce que je veux dire aux Québécois aujourd'hui, c'est que notre
gouvernement va être le gouvernement qui aura renversé la tendance. Puis
honnêtement, là, la journée où je prendrai ma retraite, ça sera une de mes
grandes fiertés.
Mais je veux aussi, en terminant, lancer
un appel aux Québécois. Tous les Québécois ont le devoir de protéger le
français, puis je suis convaincu qu'ensemble on est capable de renverser la
tendance puis de s'assurer que nos enfants puis nos petits enfants continuent
de vivre au Québec en français. Merci. Je passe la parole à la ministre de
l'Immigration... j'allais dire l'Éducation, oui...
Mme Fréchette : ...Francisation
et Intégration.
M. Legault : ...et
Intégration, Christine Fréchette.
Mme Fréchette : Merci. Merci
beaucoup, M. le premier ministre. Le dossier de l'immigration, ce n'est pas le
dossier le plus facile, alors je vous remercie de votre confiance pour m'avoir
proposé ce grand défi, beau défi. Je veux saluer mon collègue, Jean-François
Roberge, ministre notamment de la Langue française, merci de ta présence. Je
veux saluer également puis remercier mes deux adjointes gouvernementales, alors
Valérie Schmaltz, députée de Vimont, et également Audrey Bogemans, députée
d'Iberville. Et je veux saluer et remercier le sous-ministre, Benoit Dagenais,
de même que Karine Dumont, ma sous-ministre adjointe, pour le briefing
technique. Comme vous avez vu, il y a pas mal de matière dans ce domaine, alors
ça va être un peu plus technique de mon côté, là, l'intervention pour vous
expliquer de quoi il en retourne.
Alors, je suis très fière de vous
présenter une réforme importante et inégalée dans l'histoire de nos programmes
d'immigration économique. Cette réforme, elle va contribuer à changer la donne
pour l'avenir du français. Je vais aussi vous présenter les orientations
proposées pour la prochaine planification pluriannuelle de l'immigration, une
planification qui couvre les quatre années, de 2024 à 2026.
On propose, en fait, des modifications
importantes de tous nos programmes d'immigration économique afin que, pour la
première fois dans l'histoire du Québec, les candidats à l'immigration
économique aient une connaissance du français pour pouvoir être sélectionnés.
On va exiger un niveau de connaissance du français à l'oral et, dans certains
cas, à l'écrit. Ça va permettre à ces personnes non seulement de travailler en
français, mais surtout de vivre en français. Ce qu'on souhaite, en fait, c'est
qu'ils puissent avoir du succès ici, chez nous, donc chez eux, en français.
Parlons d'abord, bon, du programme
régulier des travailleurs qualifiés, le PRTQ, qui est en fait le principal
programme d'immigration économique. Actuellement, là, ce programme-là, le
premier ministre l'expliquait, il n'impose pas de connaissance du français. La
connaissance du français, elle donne des points, mais c'est possible pour
quelqu'un de se qualifier, d'être sélectionné sans parler français. Alors, ce
qu'on propose, c'est carrément de changer d'approche et de créer un nouveau
programme, le programme d'immigration pour les travailleurs qualifiés, qui
deviendra le PSTQ, Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Ce
nouveau programme ne fonctionnera pas avec une grille de points, mais plutôt
avec des critères qu'il faudra absolument rencontrer. Le programme va permettre
de sélectionner des travailleurs qualifiés connaissant le français, ayant de
bonnes capacités d'intégration professionnelle et qui seront aptes à exercer,
dans un délai raisonnable, leur profession au Québec. Pour que le programme
réponde mieux aux besoins du marché du travail, on élargit la gamme des
professions qui seront admissibles à l'immigration économique permanente, donc.
En fait, ce sera plus facile pour l'ensemble des professions de se qualifier.
On va créer, en fait, quatre volets. Le
premier volet, c'est pour les professions qui requièrent des hautes
qualifications, des compétences spécialisées. On vise les personnes qui vont
avoir un métier demandant une formation universitaire, collégiale technique ou
secondaire professionnelle. Quelques exemples, par exemple, des gestionnaires
en systèmes informatiques, des designers graphiques, techniciens en génie
mécanique, ça, c'est des exemples pour le volet un.
Le volet deux, c'est pour les compétences
intermédiaires et manuelles. On vise les emplois qui demandent une formation
secondaire générale ou professionnelle ou acquise en cours d'emploi. D'autres
exemples de ce volet deux, c'est, par exemple, pour des cuisiniers, des
préposés aux bénéficiaires ou des conducteurs de camions de transport. Ça,
c'est vraiment une nouveauté hyperimportante parce qu'elle n'existe pas dans le
programme actuel pour les travailleurs qualifiés, le PRTQ, et ça va donc nous
permettre d'être beaucoup plus agiles, de couvrir beaucoup plus de types de
professions pour permettre de garder chez nous plusieurs employés essentiels
qui sont déjà actifs dans une foule de métiers. Exemple, beaucoup de PME
embauchent des travailleurs temporaires avec des compétences manuelles et
souhaiteraient pouvoir les garder sur une base permanente. Ce sera maintenant
possible avec ce volet 2, si les exigences, bien sûr, de français et les autres
exigences sont rencontrées.
Le volet 3, c'est pour les
professions réglementées, donc ça s'adresse aux personnes exerçant des
professions qui sont régies par des ordres ou qui requièrent une autorisation
par une corporation professionnelle, un corps de métier, exemple, des
infirmières, infirmiers, des enseignants du primaire, du secondaire, des
hygiénistes dentaires. Ça, c'est des exemples pour le volet 3.
Et le dernier volet, bien, ça s'appelle le
volet des talents d'exception. Ça visera très peu de gens, mais on juge
important, là, d'avoir cette passerelle pour sélectionner les personnes qui ont
des expertises rares, prisées par le Québec, stratégiques, très pointues et qui
sont reconnues comme un leader, quelqu'un qui se démarque dans leur champ
d'expertise.
Les conditions de chacun des volets vont
être modulées selon le niveau de qualification des professions. Il va aussi
falloir démontrer avoir une connaissance du français oral et, dans certains
cas, comme je le disais, des connaissances du français écrit. Donc, les
exigences sont modulées en fonction des volets, mais notre volonté, c'est
d'obliger les candidats à avoir une bonne connaissance du français, peu importe
le métier.
On veut redynamiser aussi nos
trois programmes de gens d'affaires. Plusieurs volets, là, sont suspendus
depuis un certain temps, voire depuis des années, comme vous le savez. C'est
important pour moi de revoir le tout pour que ces programmes permettent
vraiment d'attirer et de retenir des entrepreneurs, des créateurs d'emploi et
d'entreprise.
Donc, chacun des trois programmes va
maintenant exiger que les demandeurs principaux démontrent qu'ils possèdent une
connaissance orale du français de niveau 7. Ça, c'est le niveau
intermédiaire avancé. Il y a 12 niveaux en tout. Actuellement, aucun des
trois programmes de gens d'affaires ne comporte cette exigence en matière
de français.
Donc, on a revu le programme Entrepreneurs
pour mieux répondre à une réalité dont on m'a beaucoup parlé d'ailleurs dans ma
série de rencontres en région : la nécessité de favoriser le repreneuriat
d'entreprises. Donc là, on va avoir un canal qui va permettre ça, le
repreneuriat via l'immigration.
Au niveau du Programme des investisseurs,
on a fait des ajustements qui vont permettre de corriger les enjeux
d'établissement au Québec et de rétention de ces personnes-là, donc des
éléments qui étaient très défaillants avec le programme antérieur. Dès l'an
prochain, on va pouvoir sélectionner des profils d'investisseurs francophones
qui répondent mieux à nos besoins économiques.
Un autre des changements proposés, ça vise
le regroupement familial. Des modifications seront apportées afin de s'assurer
que les garants accompagnent mieux les personnes qu'ils parrainent en matière
de francisation et d'intégration. Un plan d'accueil et d'intégration va devoir
être exigé des garants lorsqu'ils demandent à parrainer des personnes âgées
entre 18 et 55 ans. Entre 2019 et 2022, ça vaut la peine de
souligner que le regroupement familial a représenté en moyenne 24 % des
nouveaux arrivants au Québec.
Je veux vous parler, bien sûr, aussi du
PEQ, le Programme de l'expérience québécoise. Je m'en suis fait beaucoup parler
ces dernières semaines, ces derniers mois. Alors, on annonce des
assouplissements importants dans le volet PEQ — Diplômé. Le premier
ministre et moi, on l'a souvent dit, il faut vraiment miser sur les étudiants
qui viennent chez nous pour leur parcours académique. Ils prennent racine ici,
ils s'installent partout au Québec, puis on veut les garder chez nous. On vise
donc à accélérer la sélection permanente pour les diplômés de programmes
d'études universitaires, techniques ou professionnelles en français. On retire
aussi l'exigence de travail minimum d'une année et l'exigence d'occuper un
emploi au moment du dépôt de la demande. Ça va permettre aux employeurs de
bénéficier plus rapidement d'un bassin de travailleurs qualifiés et qui parlent
français. Ça va permettre aussi de retenir, dans toutes nos régions, des gens
qui s'y trouvent déjà parce qu'ils étudient dans ces régions.
On l'a officialisé ce matin en Chambre, on
va tenir, au cours des prochains mois, donc, une consultation parlementaire
pour planifier l'immigration au Québec pour les quatre prochaines années.
J'ai déposé, et je les ai ici, là, le cahier de consultation, de même que le
recueil des statistiques en immigration, c'est un document qui va servir de
base pour la consultation, donc, qu'on va tenir à cet automne, un important
exercice démocratique. Les orientations, vous allez le voir, portent sur
plusieurs thèmes humanitaires, économiques et sociolinguistiques. On propose
notamment une augmentation de la part de l'immigration permanente francophone.
On le dit depuis des mois, donc, notre objectif, c'est de tendre vers une
immigration entièrement francophone. Donc, je suis fière d'annoncer qu'avec les
modifications réglementaires que l'on propose, 96 % des demandeurs
principaux connaîtront le français, et ce, dès l'année 2026.
Il faut voir qu'en 2018 c'était 72 %.
Donc, de 2018 à 2027, on passe de 72 %... 2026 même, on passe de 72 %
à 96 %. Et comme les enfants de l'immigration vont fréquenter l'école
française, on peut vraiment dire que les gestes qu'on pose permettront à
l'immigration d'être une des solutions pour lutter contre le déclin du français
au Québec. L'arrivée de Francisation Québec également, le 1ᵉʳ juin, bien,
ça va contribuer à nos efforts puis ça va simplifier l'accès aux services
gouvernementaux d'apprentissage du français. On veut mieux soutenir
l'apprentissage du français à travers, par exemple, un apprentissage chez les
travailleurs étrangers temporaires, à travers des mesures de francisation en
milieu de travail et via aussi un accroissement de l'offre de services
d'apprentissage du français à l'étranger avant même que les gens n'immigrent au
Québec. On va aussi intensifier nos efforts de prospection et d'attraction dans
des... pour le recrutement dans des pays francophones et francotropes, dont
ceux de l'Amérique latine, bien sûr.
Évidemment, on ne peut pas faire cet
exercice sans parler des seuils. Alors, pour lancer la discussion et la
consultation, comme on l'a dit, on propose deux scénarios. On veut vraiment
entendre tous les points de vue, et l'ensemble des considérations, et des
préoccupations de tout un chacun. Alors, premier scénario, permettre une
augmentation prudente et graduelle des seuils au cours des quatre prochaines
années pour atteindre 60 000 d'ici 2027. Et dans ce scénario-là, on
permettrait, en plus, d'admettre en continu les personnes sélectionnées pour le
PEC diplômé. L'admission en continu, bien, ça veut dire que les demandes du PEC
diplômé seraient traitées par Ottawa au fur et à mesure qu'elles sont déposées,
et seraient à l'extérieur de nos seuils, et sans plafond. La logique derrière
cette nouveauté-là d'admissions en continu, c'est que la grande majorité des
personnes qui sont concernées réside déjà sur le territoire québécois. Ils
bénéficient déjà de plusieurs services publics. Ils ont un toit. Leur
intégration est déjà en processus. Il n'y a pas d'enjeu de reconnaissance de
leurs diplômes ou de leurs compétences. Donc, bref, c'est une immigration qui
est très facile pour nous parce qu'il n'y a pas d'exigences accrues sur notre
capacité d'accueil et les groupes d'accompagnement, les services gouvernementaux
sont vraiment minimalement sollicités.
Le deuxième scénario, on reste avec notre
cible actuelle de 50 000 admissions par année pour chacune des quatre
prochaines années, et les candidatures issues du PEC diplômé feraient partie,
donc, du seuil de 50 000.
C'est un moment important, là, qu'on va
vivre au cours des prochains mois. Plus que jamais l'immigration, là, c'est au
cœur des priorités collectives. On le sait, hein, freiner le déclin du
français, lutter contre la pénurie de main-d'œuvre, lutter contre le
vieillissement de la population, assurer la vitalité de nos régions, tout ça,
ça fait partie des grands défis auxquels on fait face. Alors, j'invite toutes
les personnes, les organismes qui sont intéressés à le faire, à nous partager leur
point de vue, soit en participant via le dépôt d'un mémoire ou encore en
complétant un formulaire qui est disponible déjà sur le site Internet de la
Commission des relations avec les citoyens.
Alors, la consultation va culminer avec la
tenue d'une commission parlementaire au cours des prochains mois. Et je peux
vous dire que, depuis mon entrée en fonction, moi, mon souhait le plus cher,
c'est de mettre en place des conditions pour que les hommes et les femmes qui
décident de venir chez nous puissent avoir du succès, participer pleinement au
dynamisme du Québec et puissent s'y enraciner. Voilà. Merci.
M. Legault : Je passe
maintenant la parole au ministre responsable de la Langue française,
Jean-François Roberge.
M. Roberge : Merci, M.
le premier ministre. Merci, Christine. Chers collègues, très contents d'être
avec vous aujourd'hui. Je vais y aller rapidement, mais c'est une annonce qui
est très, très, très importante puis qui va avoir un impact sur le visage
français du Québec, avec les changements que ma collègue apporte, elle change
la donne, change les règles du jeu. Et quand on change les règles du jeu,
évidemment, on change la conclusion. Et on va se retrouver, dans quelques
années, avec beaucoup, beaucoup plus d'immigrants qui, au départ, parlent
français avant d'arriver. Puis ma collègue est en train de travailler très fort
sur Francisation Québec, ce sera nécessaire, mais si les gens arrivent et
maîtrisent déjà le français, vous comprenez qu'on part avec une longueur
d'avance.
Puis, c'est important parce que c'est
important de faire une mise en contexte, là. Le Québec est dans une situation
exceptionnelle. On est le seul État francophone d'Amérique du Nord, on est une
minorité linguistique dans une mer anglophone et on est dans une situation où
nos indicateurs sont au rouge, il faut bien le dire. Il faut bien le dire, il y
a un recul du français en ce moment. Donc, une situation exceptionnelle comme
ça amène des mesures exceptionnelles. Puis on a posé des gestes dans le
précédent mandat. Je remercie d'ailleurs l'actuel ministre de la Justice, Simon
Jolin-Barrette, qui a piloté une loi importante, la loi n° 96.
J'aime son nom, la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le
français. C'est le socle sur lequel on peut bâtir d'autres choses, voir encore
plus loin. Et on poursuit le travail en ce moment. On le poursuit d'ailleurs
avec ce Groupe d'action pour l'avenir de la langue française, que j'ai le
plaisir de piloter avec, bien sûr, la ministre de l'Immigration, mais aussi le ministre
de l'Éducation, le ministre... pardon, la ministre de l'Enseignement supérieur,
le ministre de la Culture, la ministre des Relations internationales et
d'autres ministres qui viennent contribuer aux travaux aussi. On est un groupe,
au départ, de six ministres, mais c'est important de mentionner que beaucoup,
beaucoup d'autres personnes travaillent, collaborent, contribuent. Je remercie
aussi, évidemment, le député de Saint-Jean, mon adjoint parlementaire, qui
contribue aussi notamment au volet consultation publique du Groupe d'action
pour l'avenir de la langue française.
Les choses qui sont présentées
aujourd'hui, évidemment, ont fait l'objet de débats, de discussions. Puis je
remercie énormément Christine pour son ouverture, parce que le plan a été
vraiment bonifié puis on peut vraiment être très, très fiers de ce qui est
déposé aujourd'hui. Quand on change les chiffres comme elle le fait, puis elle
a présenté des choses exceptionnelles, quand on a atteint un chiffre comme
96 %, c'est parce qu'il y a des gestes majeurs, audacieux, courageux qui
sont posés. Donc, je pense que ce sera déterminant. Et bientôt, le groupe
d'action arrivera avec d'autres mesures. Donc, soyez patients, restez à
l'affût. On parlera, oui, d'éducation, d'enseignement supérieur, de culture,
mais aussi on reviendra sur l'immigration. Le premier ministre l'a dit, on
reviendra sur la notion de l'immigration temporaire.
Ça va être important aussi de continuer le
travail avec le gouvernement fédéral. Puis j'ai une fonction qui me permet de
travailler aussi dans cette direction-là. On est capable de faire des choses
gagnant-gagnant. Ça, c'est important de le mentionner, là. On n'est pas des
chicaniers, on ne se laisse pas faire, on s'affirme fièrement, mais on est
capable de s'entendre. Regardez ce qui s'est passé avec la fermeture du chemin
Roxham, regardez ce qui s'est passé avec C-13. Quand on est capable d'inscrire
dans la Loi sur les langues officielles du Canada des éléments de la Charte de
la langue française québécoise, ça montre qu'on est capable de faire des gains.
Puis il faut le faire, parce que le français nous unit, le français nous
définit, puis je pense qu'on a tous cette responsabilité de s'assurer que ceux
qui vont nous suivre vont pouvoir s'épanouir en français au Québec. Merci.
Le Modérateur : Merci à vous
trois. Nous allons maintenant passer à la période des questions. On a très peu
de temps, une petite demi-heure tout au plus, donc je vais vous demander de
vous limiter à une question, une sous-question. Et pour les ministres et le
premier ministre, si c'est possible de juste répondre aux questions qui vous
sont adressées directement. On va commencer avec Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour à vous trois. Est-ce qu'avec le plan que vous nous proposez
aujourd'hui, là, si on exclut l'immigration temporaire, là, parce que ça, je
comprends que ça fera l'objet d'une annonce subséquente, mais pour ce qui est
de l'immigration permanente, est-ce qu'avec ce que vous nous annoncer vous
occupez entièrement, là, les champs de compétence du Québec? Est-ce que vous
utilisez déjà tous les outils à la portée de votre main? Parce que c'est un peu
ce qui était reproché, de... vous demandiez au fédéral des choses, alors que
vous n'exploitiez pas pleinement tous les outils. Là, est-ce que c'est fait?
Est-ce qu'on a retourné toutes les pierres?
M. Legault : Pour
l'immigration permanente, oui. Pour l'immigration temporaire, non, parce
qu'actuellement c'est quand même nous qui émettons les certificats, les CAQ.
Donc, pour l'instant, le gouvernement du Québec n'exige pas la connaissance du
français. Donc, il y a encore de la place, effectivement, pour agir. Ça sera
dans une deuxième étape. Mais on veut aussi aller chercher des pouvoirs additionnels.
Mais il y a peut-être une chose aussi que j'ajouterais. La réunification
familiale, c'est Ottawa qui choisit, mais, à un moment donné, on réunifie des
familles qui sont entrées, la plupart du temps, comme immigrants économiques.
Donc, à partir du moment où on augmente les francophones ou ceux qui parlent
français dans l'immigration économique, on peut penser qu'à moyen terme le
pourcentage d'immigrants dans la catégorie réunification familiale va aussi
augmenter parce qu'on réunifie les personnes qui sont là. C'est sûr qu'il reste
la catégorie réfugiés, qui est 15 %. Ça, effectivement, il peut... Puis
c'est notre contribution humanitaire, là, donc il n'est pas question de toucher
à ça, mais c'est possible que, pour ce petit groupe-là, la réunification
familiale implique d'amener les gens qui ne parlent pas nécessairement
français.
M. Lavallée (Hugo) : Bon, je
vais vous rappeler des souvenirs, là, en vous parlant de Claire Samson puis du
rapport, à l'époque, qu'elle avait déposé, là, le cœur du rapport, c'était
l'idée de la francisation, puis ensuite ça a été repris par
M. Jolin-Barrette quand il était ministre de l'Immigration, on avait créé
Arrima, puis on privilégiait une sélection basée sur les compétences
professionnelles en se disant : On va franciser les gens une fois arrivés.
Est-qu'avec le recul cette approche-là de franciser a posteriori, ça s'est
avéré une mauvaise avenue?
M. Legault : Bien, ce n'est
pas idéal, parce que c'est basé sur la volonté des gens, il n'y a pas d'obligation,
puis il n'est pas question de commencer à retourner des gens chez eux qui ont
déjà été acceptés comme citoyens.
Donc, oui, puis je le disais au début, on
a beaucoup augmenté les budgets de francisation. Christine va annoncer bientôt
la création de Francisation Québec, où, là, il va y avoir un guichet unique.
Donc, ça va être plus facile aussi d'avoir accès à ces services-là, mais c'est
certain que, s'ils parlent français avant d'arriver, bien là, on ne prend pas
le risque de savoir est-ce qu'ils vont choisir ou non d'apprendre le français
une fois rendus ici.
Le Modérateur : Patrick
Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui.
Bonjour à tous. M. Legault, peut-être pour poursuivre dans la même veine,
donc, ce que vous proposez va changer beaucoup le visage de l'immigration.
Forcément, on va se concentrer sur certains pays : la France, l'Europe
francophone, l'Afrique francophone. Est-ce qu'on va venir exclure une grande
partie du bassin d'immigration qu'on avait par le passé?
M. Legault : Bien, on peut
penser aussi... je parlais avec Martine Biron, qui arrive d'un voyage en
Amérique du Sud, on peut penser aussi qu'il y a des pays où les gens, par
exemple, parlent espagnol puis qu'ils pourraient apprendre le français avant d'immigrer
au Québec. Donc, on peut penser aussi à un processus comme celui-là, où des
gens d'à peu près n'importe où dans le monde auraient le temps d'apprendre le
français, puis ensuite immigrer au Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
insistez sur le fait que, maintenant, dans le nouveau PSTQ, là, on exige le
français. Par contre, dans le passé, c'est juste 12 % des gens qui ne
parlaient pas français du tout. Et là vous venez moduler, selon les chiffres
qu'on a vus tantôt, vous venez moduler, donc, l'exigence de français. J'essaie
de comprendre à quel besoin vous voulez répondre en faisant ça. Est-ce que
c'est des entrepreneurs qui vous disent : On a besoin désormais de plus de
manœuvres, par exemple, que de professionnels, donc il faut moduler la connaissance?
M. Legault : Bien, je vous
donne les chiffres, là. Quand on regarde les requérants immigration économique,
avant qu'on arrive en 2018, là, puis qu'on mette beaucoup de poids sur le
PEQ, là — c'est ce que Simon a fait, dans le fond, pour augmenter le
pourcentage de francophones — bien, on était à 72 % qui
parlaient français. Si on ajoute les groupes réunification familiale puis
réfugiés, on est à seulement 50 % qui parlent français.
Là, ce qu'on dit, c'est que, pour les
requérants en immigration économique, on va augmenter à 96 % et qu'au
total on va passer à 70 % dans un scénario puis 75 % dans l'autre
scénario. Donc, c'est une grosse augmentation par rapport à la situation avant.
M. Bellerose (Patrick) : ...parle
du PRTQ, donc, pour le PRTQ.
M. Legault : O.K., le PRTQ.
Bien, je te laisse aller, sur le PRTQ.
M. Bellerose (Patrick) : ...c'est :
Pourquoi moduler les exigences en français?
Mme Fréchette : Bien, en
fait, on amène des exigences en français dans le PRTQ. Il n'y en avait pas.
Donc, on voulait s'assurer que ces gens-là puissent s'intégrer adéquatement
puis rapidement aussi dans la société, dans leurs entreprises, également. C'est
sûr que, quand on parle français, l'entreprise fonctionne en français, les
choses cheminent plus facilement et de meilleure manière, également. Donc, on a
modulé aussi les exigences de français pour faire en sorte que, pour les hautes
qualifications, les exigences soient plus élevées que pour les personnes qui ont
des compétences plus manuelles ou intermédiaires. Et ça, je pense que c'était
une demande importante que de moduler ces exigences en français, parce que,
bon, les niveaux d'éducation ne sont pas tous les mêmes entre les différents
corps d'emploi.
Et tout gain est bienvenu, parce que vous
mentionnez qu'on avait déjà un niveau important, quand même, assez élevé, de
connaissance du français au sein du PRTQ, mais tout gain est bienvenu. Donc,
pour nous, que de rehausser ce niveau-là, même s'il était passablement élevé,
c'était une chose à faire parce qu'on voulait retourner toutes les pierres,
hein, on l'a dit. Donc, c'est ce qu'on a fait. Et puis, de ce côté-là, on
voyait la capacité d'aller viser un peu plus haut.
Le Modérateur : Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous trois. M. le premier ministre, si on comprend bien, dans votre
scénario un, le 60 000, c'est plus que ça, parce que le PEQ étudiant n'est
pas compté. Donc, on pourrait avoir une immigration qui pourrait aller jusqu'à
70 000 par année, là?
M. Legault : Bon. Oui, vous
avez raison que c'est 60 000 plus le PEQ étudiant. Par contre, pourquoi c'est
difficile d'évaluer combien il y aura dans le PEQ étudiant? Bien, d'abord, le
PEQ étudiant actuel, c'est autant des gens qui viennent étudier dans les
universités puis les collèges francophones qu'anglophones. Là, ce qu'on dit,
c'est qu'à l'avenir le PEQ étudiant va seulement s'appliquer pour ceux et
celles qui viennent étudier dans les cégeps et les universités francophones.
Puis c'est le genre...
Une voix : Dans un programme.
M. Legault : Dans un
programme. C'est le genre qu'on souhaite attirer au Québec, parce que, là, on
parle de jeunes personnes qui n'ont pas de défi de reconnaissance des diplômes
puisqu'ils obtiennent leurs diplômes ici, au Québec. Évidemment, s'ils ont
étudié en français, c'est parce qu'ils connaissent le français, puis, bien, ils
ont un diplôme, donc ils sont très employables.
M. Laforest (Alain) : Ma
deuxième question. On comprend, là, que vous allez négocier avec le fédéral
pour les travailleurs temporaires étrangers. Je vais vous donner deux cas.
Benjamin, Français d'origine, il a suivi une formation du ministère de
l'Éducation pour devenir camionneur. Il a un emploi. Il attend après le fédéral
pour avoir son permis depuis 11 mois. Il est citoyen canadien illégal,
actuellement, en territoire. Sarah, programmeuse informatique, marocaine, parle
français, enceinte, a un permis fermé. Et son employeur l'a mise à pied, elle
ne peut pas aller travailler ailleurs parce que le fédéral, c'est trop long.
C'est de la main-d'oeuvre perdue, c'est de la main-d'œuvre illégale au Québec
actuellement. Vous allez faire quoi avec ces gens-là?
M. Legault : Bien, c'est deux
exemples, deux bons exemples de discussions qu'on va avoir dans les prochains
mois avec le gouvernement fédéral. Comme je le disais tantôt, aujourd'hui, on
commence avec la première étape, on parle des immigrants permanents. Mais on
sait qu'il y a du travail à faire aussi du côté des immigrants temporaires.
Puis il y a des exemples, effectivement,
où il y a des francophones qu'on souhaiterait avoir ici comme immigrants et
qui, pour toutes sortes de raisons, ont des délais très longs avec le
gouvernement fédéral. Donc, ça va faire partie, là, des discussions qu'on va
avoir dans les prochains mois avec le gouvernement fédéral.
Le Modérateur : Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, Mme la ministre, M. le ministre. D'abord... parce que vous
allez exiger un niveau de français, qui est le niveau 7, de ce qu'on
comprend, qui est un peu l'équivalent de ce qui permet de rentrer au cégep, là,
puis, dans certains cas, le niveau 5, qui est un niveau plus bas, là, où
ce n'est pas un haut niveau de français, là. Comment est-ce que vous pouvez
vous assurer... Parce que, là, on a un pourcentage de gens qui parlent français
à la maison de 74,7 %, je pense, en ce moment, puis c'est en baisse.
Est-ce que vous pensez qu'avec des standards comme ceux-là, vous allez être
capables de freiner la descente du français parlé à la maison?
Mme Fréchette : On considère
que de freiner le déclin du français, ça repose sur un bouquet de mesures.
Nous, à l'Immigration, on peut avoir notre contribution dans ce mouvement-là,
ce phénomène-là, qu'il nous faut amorcer de manière accélérée pour freiner le
déclin du français, le stopper et, idéalement, relancer à la hausse, donc,
l'usage du français. Et on est allés vraiment regarder toutes les options qui
étaient à notre disposition en matière d'immigration économique pour ce faire.
Donc, à partir du moment où les gens ont un niveau de connaissance du français,
qui se situe dans la zone intermédiaire, parce que le niveau 5, tout comme
le niveau 7, c'est dans la zone intermédiaire, il y a aussi le niveau
avancé...
M. Lacroix (Louis) : Ce n'est
pas un très haut niveau de français hein?
Mme Fréchette : Bien, c'est
le début du... pour le niveau 5, c'est le début du niveau intermédiaire.
Pour le niveau 7, c'est un niveau intermédiaire avancé. Et souvent,
lorsque le niveau 7 est requis, il y a aussi un niveau de connaissance en
français écrit qui est requis, donc... Et il faut voir que ces gens-là, à
partir du moment où ils travaillent dans un milieu, dans un environnement qui
est francophone, s'ils vivent particulièrement en région, le niveau
d'acquisition, de progression en français va continuer dans le temps. Il ne va
pas s'arrêter. Et ce n'est pas parce qu'une personne à une date X est un niveau
de français 7 qu'elle va rester toute sa vie au niveau de
français 7. Vous comprenez qu'elle va pouvoir cheminer aussi. Et puis
Francisation Québec sera là aussi pour l'aider à cheminer, parce que, nous, on
va offrir des formules d'apprentissage du français encore plus diversifiées et
on va pouvoir accompagner les gens pour continuer à cheminer dans les
différents processus.
M. Lacroix (Louis) : Sur le
programme de réunification familiale, ce qu'on nous a expliqué tout à l'heure,
c'est que, bon, ça représente à peu près 20 %, je pense, là, autour de
l'immigration, là, au Québec qu'il va y avoir effectivement une espèce de
programme de parrainage, si on veut, là, que les gens qui vont parrainer des
gens qui reviennent, en fait, vont devoir s'assurer qu'il y a une espèce de
plan de francisation qui va être présenté. Mais on nous dit qu'en réalité il
n'y aura aucune vérification... ou, en fait, il n'y aura pas de permis qui va
être enlevé ou quoi que ce soit. C'est : Ils présentent un plan, puis,
s'ils ne le font pas, bien, ce n'est pas grave. Est-ce que ce n'est pas un peu
inutile de présenter un plan ou de présenter une mesure qui ne sera pas
applicable dans la réalité?
Mme Fréchette : Bon, il faut
voir qu'en matière de regroupement familial le pouvoir actuel du Québec est
quand même réduit. Notre pouvoir, il concerne les exigences que l'on peut
associer à la personne qui est garante, la personne qui parraine quelqu'un qui
veut venir au Québec dans le contexte du regroupement familial. Alors, c'est
sûr que, notre pouvoir étant limité, on n'avait pas une pleine marge de
manœuvre pour agir de ce côté-là, mais on a quand même pris soin d'agir, en
invitant, en intégrant, donc, dans les responsabilités de la personne garante,
l'idée qu'il va falloir... pour une personne qui parraine une personne ayant
entre 18 et 55 ans, il va falloir qu'un plan d'accueil soit élaboré. Et,
advenant que la personne qui est parrainée ne parle pas français, il va falloir
qu'il y ait un plan aussi de francisation.
M. Lacroix (Louis) : Je vais
poser ma question autrement. Il arrive quoi à une personne qui présente le plan
de francisation, mais, finalement, ils n'y vont pas, aux cours de français,
puis ce n'est pas mis en application? Il arrive quoi?
Mme Fréchette : Bien, le MIFI
va faire quand même des vérifications qu'il y ait bel et bien un plan qui
tienne la route, mais, au-delà de ça, c'est sûr que notre pouvoir demeure
limité.
Le Modérateur : O.K. Thomas
Laberge de LaPresse canadienne. Il reste moins de 10 minutes
pour les questions en français, donc je vais vous inviter à aller rapidement.
M. Laberge (Thomas) : Oui.
Bonjour à vous trois. Dans le fond, M. Legault, bon, vous l'avez un peu évoqué,
vous avez dit, pendant la campagne, c'était suicidaire, et là finalement vous
avez comme trouvé une voie de passage, finalement, en disant : Mais, si on
prend juste des gens qui sont francophones à la base, on n'aura pas de
problème. Est-ce qu'au final, donc... tout le débat sur les seuils
d'immigration était finalement inutile?
M. Legault : Non, je ne
dirais pas ça, là. Je vous avoue, là, que j'étais content quand le
sous-ministre m'a dit qu'il a parlé à Ottawa puis qu'il y avait vraiment une
ouverture pour qu'on puisse augmenter seulement l'immigration économique.
Est-ce que, demain matin, on pourrait le faire de façon illimitée? Là, on parle
quand même d'une augmentation qui est modérée. Et il y a aussi toute
l'intégration, je dirais, là, puis sujet délicat, concernant les valeurs du
Québec, il n'y a pas seulement la langue, là, aussi l'intégration, concernant
les valeurs au Québec, mais, effectivement, c'est une bonne nouvelle de savoir
qu'il y a une ouverture à Ottawa pour qu'on puisse augmenter seulement
l'immigration économique, qu'on contrôle, donc, où on peut exiger le français.
M. Laberge (Thomas) : Je
trouve ça intéressant que vous ameniez la question des valeurs. Est-ce que
c'est dans le plan ou est-ce qu'il va y avoir quelque chose là-dessus dans le
futur, pour s'assurer que les...
M. Legault : Non, il n'y a
rien de prévu de ce côté-là.
M. Laberge (Thomas) : Dans le
futur, est-ce que c'est une préoccupation?
M. Legault : La loi 21...
non, je pense que la loi n° 21 est un bel équilibre.
M. Laberge (Thomas) : Mais il
ne faut pas trop hausser les seuils.
M. Legault : Je n'ai pas dit
ça.
Le Modérateur : Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) : Bonjour
à tout le monde. C'est quand même, M. Legault, un revirement de votre part, là,
parce qu'en campagne électorale vous teniez à votre 50 000. Qu'est-ce qui
vous a convaincu, là? Est-ce que c'est le milieu des affaires qui faisait
pression sur le gouvernement, qui doit encore faire pression sur le
gouvernement, assurément? Est-ce que c'est pour des raisons économiques que
vous faites ça?
M. Legault : Bien, la seule
raison, c'est que le fédéral est ouvert à ce qu'on augmente seulement
l'immigration économique, qu'on contrôle et où on peut exiger le français.
C'est la seule raison.
M. Dutrisac (Robert) : O.K.,
mais il y a quand même des pressions, là, de la part des milieux d'affaires,
là, pour avoir plus d'immigrants, même plus de travailleurs temporaires, puis
plus de tout, non?
M. Legault : Oui, puis il
faut peut-être s'attendre à ce qu'il y ait certaines réactions négatives de la
part du monde des affaires, qui aimerait mieux qu'on ne mette pas d'exigence
concernant la connaissance du français, mais, pour moi, c'est non négociable.
J'ai la responsabilité, comme premier ministre du Québec, de m'assurer de
l'avenir du français.
Le Modérateur : Simon
Bourassa, Noovo.
M. Bourassa (Simon) : Oui.
Bonjour à vous trois. Je vais y aller avec une seule question, vu que ça va
vite. Peut-être, M. Legault, qu'est-ce qui vous permet de croire que le bassin,
là, d'immigrants francophones potentiels est assez grand, là, pour pouvoir
atteindre vos objectifs?
M. Legault : Bien, c'est une
bonne question, et puis on n'a pas de certitude de ce côté-là, mais ça va être
un des grands défis aussi de Martine Biron de s'assurer que, dans nos
délégations à l'étranger, qu'on fasse des efforts de recrutement partout, de
gens qui parlent ou qui sont prêts à apprendre le français. Donc, c'est un
défi, mais on est confiants d'être capables d'atteindre nos cibles.
Le Modérateur : Léa Martin, 24 heures.
Mme Martin (Léa) : Oui. M. le
premier ministre, tout à l'heure, vous parliez, comme, des étudiants
hispanophones, par exemple, qui peuvent venir au Québec. Il y en a plusieurs
d'entre eux qui peuvent avoir un bon niveau de français, mais sans avoir
nécessairement fait les trois ans requis d'études, comme, secondaires,
postsecondaires, en français. Ça fait qu'à ce moment-là, est ce qu'à ces
gens-là, vous leur dites carrément : Vous ne vous inscrivez pas à McGill
ou à Concordia parce que vous n'aurez pas votre résidence permanente?
M. Legault : Bien, ça dépend
s'ils viennent avec le PEQ ou s'ils viennent, éventuellement, comme immigrants
économiques, hein, immigrants économiques, s'ils ont le niveau 7 ou 5,
bien, ça va être suffisant.
Mme Martin (Léa) :
Mais, s'ils viennent
étudier à l'université, normalement, c'est qu'on veut aussi avoir accès au PEQ,
là, pour que ça aille plus rapidement?
M. Legault : Oui, mais là, à
partir de maintenant, le PEQ, il va être seulement pour les étudiants qui
viennent dans les universités puis les cégeps francophones.
Mme Martin (Léa) :
O.K. Ça fait que... O.K.
Il faut absolument...
M. Legault : Le PEQ. Mais ça
ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas venir étudier, là, c'est juste qu'ils ne
pourront pas utiliser le PEQ.
Mme Martin (Léa) :
O.K. Même s'ils sont
diplômés à McGill, même s'ils savent parler français, ils ne peuvent pas
utiliser le PEQ?
M. Legault : Non.
Mme Fréchette : Ils vont
pouvoir utiliser le PEQ s'ils peuvent nous montrer qu'ils ont fait trois ans
d'études à temps plein au secondaire ou au postsecondaire, pour utiliser le PEQ
diplômé, s'ils ont pris un cours qui était donné essentiellement en anglais.
Mme Martin (Léa) :
Est-ce que vous n'avez
pas peur que ce soit problématique pour les universités anglophones de
Montréal, par exemple, pour les inscriptions?
Mme Fréchette : L'attractivité
des universités montréalaises va demeurer. Là, ce dont on parle, c'est, dans le
fond, l'accès à une résidence permanente au terme de... du diplôme obtenu au
Québec. Et il faut voir que ceux qui ne se qualifieraient pas pour le PEQ
diplômé vont pouvoir tenter leur chance du côté du PSTQ, le programme de
sélection des travailleurs qualifiés. Donc, ce n'est pas comme si la porte
était fermée, c'est que c'est un autre chemin qui serait pris.
Le Modérateur : Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Je vais vous ramener sur les valeurs. Est-ce que... Non...
M. Legault : Vous voulez me
ramener dans la campagne électorale, oui?
M. Bossé (Olivier) : Non,
non. Mais est-ce que, pour vous, freiner le déclin du français égale
nécessairement freiner le déclin de la culture québécoise? Est-ce que, pour
vous, ça va être... c'est égal ou il y a d'autres interventions à faire?
M. Legault : Bien, la
culture, c'est plus que la langue, là. Mais aujourd'hui on vous parle de la
langue, puis c'est au cœur de ce que c'est, la nation québécoise.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que l'augmentation de... possible de 36 %, mettons, de... vous passez de
50000 à 68000 ou 70 000, bien,
est-ce que vous considérez ça comme une promesse brisée de promesse électorale?
M. Legault : Bien, écoutez,
comme je le disais tantôt, tout le monde a compris, quand j'ai dit qu'il
fallait sauver le français en limitant le nombre d'immigrants, que je parlais
de sauver le français. Si on dit : On est prêts ou on a un scénario pour aller
à plus que 50 000, mais en ajoutant seulement des gens qui parlent
français, bien, dans le fond, on atteint l'objectif que je visais, là.
M. Carabin (François) : Je
vais me permettre une petite question, M. Legault. Vous... Avec les
mesures que vous annoncez aujourd'hui, croyez-vous que vous êtes en mesure de
freiner la louisianisation du Québec?
M. Legault : Bon. Moi, je
vous dirais, là, que, comme le disait Christine, c'est un bouquet de mesures
qui va nous permettre de renverser la tendance : plus de cours de
français, création de Francisation Québec, la loi n° 96, l'immigration
permanente, éventuellement, des gestes concernant l'immigration temporaire,
éventuellement, des gestes que Jean-François va annoncer en éducation, en
enseignement supérieur, en culture. Parce que, très important, là, même pour
les jeunes Québécois francophones actuels, d'avoir une disponibilité de
produits culturels en français, au Québec, disponibles, très, très, très
important, parce qu'on le sait il y a beaucoup de jeunes qui consomment de la
culture en anglais.
M. Carabin (François) : Mme Fréchette,
vous, vous voulez réduire les délais dans l'acceptation des CSQ, le traitement
des CSQ, comment vous allez faire? Parce que jusqu'à maintenant c'est
difficile, là, de réduire ces délais-là.
Mme Fréchette : Bien, c'est
sûr que c'est en collaboration avec le fédéral, hein, cet engagement-là, qu'on
a. Donc, nous, on s'engage, en fait, à ce que les CSQ soient délivrés, là, pour
les travailleurs qualifiés en une période de six mois. Actuellement, notre
moyenne est de 50 jours, donc, déjà, on est, je dirais, au fil d'arrivée.
Il va... On va maintenir ça, puis, si on peut améliorer notre score, on va le
faire. Du côté fédéral, bien sûr, il va falloir qu'ils entrent dans la danse.
Donc, on va continuer à mettre de la
pression sur le fédéral pour qu'il y ait une immense amélioration, là, du côté
des délais d'attente à IRCC, là.
Le Modérateur : O.K. Une
toute petite dernière question pour Alexandre Duval, Radio-Canada.
M. Duval (Alexandre) : M. Legault,
la portion du français, je la comprends. Ce sur quoi je m'interroge, c'est plus
sur la capacité d'accueil sur laquelle vous nous avez dit à répétition qu'elle
était atteinte au Québec. Qu'est-ce qui fait en sorte qu'en vertu du scénario à
60 000 et plus finalement on s'aperçoit que la capacité n'est... n'était
peut-être pas atteinte ou ne l'est peut-être pas?
M. Legault : Bon, d'abord, il
y a une partie des immigrants dont on parle qui sont déjà sur le territoire
québécois. Deuxièmement, on parle d'un plan sur quatre ans,
jusqu'en 2027, là, puis France-Élaine a un mandat de faire exploser le
nombre de logements puis de résidences au Québec. Donc, il y a aussi, là, le
fait que ça se passe sur un certain nombre d'années.
M. Duval (Alexandre) : Mais
c'était déjà au moment où on avait ces discussions-là l'année dernière, où on
savait que beaucoup de ces personnes-là, travailleurs étudiants, étaient déjà
sur le territoire du Québec. Donc, qu'est-ce qui vous a fait changer d'idée sur
le fait que la capacité d'accueil, finalement, est plus grande que 50 000?
M. Legault : Bien, il y a
toute la question, là, de la connaissance du français. Parce que, quand je
posais des questions sur le seuil de 50 000, puis que je parlais de la
survie, je parlais de la survie du français. Donc, à partir du moment où les
gens sont déjà ici, ils ont déjà des services, puis que, là, on peut s'assurer
qu'ils aient une connaissance du français, bien là, c'est gagnant.
Le Modérateur : On va passer
en anglais. Philippe Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip) : Good afternoon. Question for Mme Fréchette. If I understand you
right, with the PEQ program, only students will be allowed... they will only be
allowed to go to francophone universities and cegeps, so... And everyone knows
the PEQ program is used to facilitate immigration into Québec. So, is the net
result of what you're doing going to amount to : It's easier to immigrate
to Québec, for a student, if they go to a francophone cegep or university that
an English one? Is that the net result of your plan?
Mme Fréchette :
Thank you. Just to be more precise, it
is the language in which the program will be given that will be of importance
for us. It's not : Is it an anglophone or a francophone university, but
rather : Is the program the person has studied in was given in French or
another language, I suppose, English? So, for example, in McGill, you can find
a program for physicians that is taught… that is given in French in Gatineau.
So, people who will be having a diploma from there will be able to be a
candidate for the «PEQ diplômés».
M. Authier (Philip) :
O.K., thanks for clearing that up. And,
Premier, during the election campaign, you said that going above 50,000
immigrants a year in Québec would be suicidal. How is it no longer suicidal now
to go to 60,000?
M. Legault :
O.K., because I thought at the time
that the federal Government wouldn't permit us to increase only the percentage
of economic immigrants. And, so far, with the discussions we had with the
federal Government, they are more than open to accept that, so it's changing
completely the picture.
M. Authier (Philip) :
And you have the power to impose a
level 7 French on immigrants applying to come to Québec? We have... Québec has
the power to do that already?
Mme Fréchette :
Yes, of course. We have it already for
the PEQ diploma, therefore, we will extend that power to other types of
programs. But it is a requirement that we are able to implement if we want to,
yes.
Le Modérateur :
Mélissa François, CBC.
Mme François
(Mélissa) :
Premier,
can you elaborate on why is it important for you, for your Government, to
increase those French requirements?
M. Legault :
Because, unfortunately, since many
years now, we see, year after year, the percentage of francophones in Québec
decreasing. In fact, on the Island of Montréal, we're now at 48% of
francophones at home. So, I think, if we want to make sure, long term, that we
still speak French in Québec, it's important that we stop this decrease and
start seeing an increase in the percentage of francophones.
Mme François
(Mélissa) :
You
presented two scenarios today. Do you have a favorite one, a preferred one,
or...
M. Legault :
No, I want to first hear about the
experts and see what these experts... what they think about the two scenarios.
We can see that, with the scenario where we increase the number, it looks like
we can increase, in total, the percentage of people speaking French to 75%,
instead of 70%. But still, these are projections, so I would like to listen
first to the experts before taking a decision.
Le Modérateur :
Dan Spector, Global.
M. Spector (Dan) :
With these new rules, it's inevitable
that some people, skilled, qualified people who want to come here are not going
to be able to come here, maybe people who even want to come here and learn
French. How do you feel about that?
M. Legault :
But I don't see... If they want to
learn French, that's what we're asking. So...
M. Spector (Dan) :
But I'm saying, like, learn French once
they get here.
M. Legault :
Yes, but I think we have to take these
measures, because French will always be vulnerable in North America. And I
remember René Lévesque, saying that we would prefer to see people choosing
French, but, at the same time, I cannot accept to see the percentage of
Francophones decreasing like we're seeing right now.
M. Spector (Dan) :
How are you going to alleviate the
concerns of the business community?
M. Legault :
I think that, first, we'll make sure
that we have more and more people with the right diplomas. And, second, I think
that even to work, it's important that people… that they know French in Québec,
in order to speak with the other workers.
Le
Modérateur : Matt Grillo, CTV.
M. Grillo
(Matthew) :
Good
afternoon. Mr. Legault, I'm just wondering, it sounds as though you have
certain concerns about people's good faith in learning French once they get
here. Why is that?
M. Legault :
But it's a question of facts. When we
look, since last 10, 15, 20 years, we see that the percentage of people
speaking French is decreasing. So, we have to do something. And I think it's
important that we request that they speak French before being accepted.
M. Grillo (Matthew) :
So, if somebody comes from another
province, studies in medicine at McGill, speaks some French or is willing to
learn some French, but maybe is not fully fluent, they shouldn't be fast-tracked
through PEQ?
M. Legault :
But they will... if they are coming
from another province, they will already be a citizen, so there's no issue.
M. Grillo (Matthew) :
O.K.. And then,
so they would have to be coming from another… I guess, another country, if
they're coming from the US…
M. Legault :
Yes. It's different if they come from
Ontario or if they come from New York, of course.
M. Grillo (Matthew) :
O.K.. But we
wouldn't want to fast-track them to help out the health care system.
M. Legault :
I'm not sure I understand your
question.
M. Grillo (Matthew) :
If they study medicine, they're ready
to be a doctor and they're coming from the US, we wouldn't want to fast-track
them through PEQ to then become a doctor in the health care system here in
Québec, if they're willing to stay?
M. Legault :
I think, right now, our top priority is
really French, but like Christine said, we are open to about a 4 %, so it
can be an exception if you are a doctor.
Le
Modérateur : Merci. Ceci met fin à cette conférence de presse.
M. Legault : Merci, tout le
monde. Bonne fin de journée. Bonne fin de semaine.
(Fin à 14 h 18)