(Onze heures trente-six minutes)
M. Tanguay : Alors, c'est
beau. Bonjour. Bon matin à toutes et à tous. Nous avons vu comme vous tous, là,
le dévoilement du Plan pour une économie verte 2030 de la CAQ. Clairement,
on remarque là aussi que nous avons devant nous, en matière environnementale,
un gouvernement sans vision, un gouvernement sans ambition, un gouvernement
brouillon, un gouvernement qui improvise et qui, après cinq ans de l'atteinte
de leur objectif, là, 3,7 % d'ici 2030, après cinq ans, ils n'ont toujours
pas trouvé de mesures pour 40 % de l'atteinte de l'objectif. Alors, des
mesures pour 40 % qui ne sont pas identifiées et qui ne sont pas
budgétées. Et ça... nous avons donc besoin d'avoir un gouvernement qui, pour l'environnement,
c'est important, qui va en faire une priorité et qui va nous aider, entre
autres en matière économique, en matière énergétique, à développer une vision
commune collective pour que, non seulement on atteigne notre objectif de lutte
aux changements climatiques, mais qu'on puisse le faire avec tous les acteurs
économiques et sociaux. Et ça, malheureusement, c'est ce que l'on n'a pas avec
la CAQ.
Je vais maintenant céder la parole de la
porte-parole officielle... de l'opposition officielle en matière, entre autres,
d'environnement et de lutte aux changements climatiques, Désirée McGraw.
Mme McGraw : Merci beaucoup
et bon matin. Bonjour, tout le monde. Alors, comme l'a dit notre chef, le plan
d'économie verte, vraiment, il manque d'ambition, de vision et de cohérence. D'une
part, il aurait fallu identifier 100 % des mesures pour atteindre une
cible, cible déjà timide de 37,5 % d'ici 2030. Il aurait fallu aussi avoir
des cibles intérimaires à l'intérieur de ce mandat politique, c'est-à-dire d'ici
2025.
La CAQ, ce qu'elle a fait, c'est qu'elle a
poursuivi le travail des importants legs des gouvernements libéraux antérieurs
qui a pris des décisions structurantes, hydroélectricité, éolien, marché de
carbone, aucune valeur ajoutée par la suite. Nous avions un élan et... nous
avions eu un élan sur les gouvernements libéraux et la CAQ l'a freiné. Le
premier ministre aime bien se comparer avec l'Ontario. Il faut faire, donc, de
bonnes comparaisons.
Les changements climatiques, c'est un
enjeu mondial. Il faudrait se comparer avec les meilleurs dans le monde. Mais
si on veut se comparer avec l'Ontario, ce qui compte, c'est les efforts. Et au
Québec, on fait la moitié des efforts de l'Ontario. Ils ont doublé les efforts.
Donc, je pense que c'est important de bien se comparer aux meilleurs et non au
moins bon pour bien paraître. Merci.
M. Lacroix (Louis) : M. Tanguay,
est-ce que vous... C'est quoi votre position sur la demande de M. St-Pierre
Plamondon de récupérer les documents de la commission Grenier. Est-ce que vous
êtes d'accord avec cette démarche-là? Est-ce que vous pensez que les Québécois
auraient quelque chose à apprendre de ces documents-là?
M. Tanguay : Moi, je pense
que c'est une démarche tout à fait valable. C'est important. C'est un débat
important. On a bien hâte d'en discuter en caucus, et on va le faire, si vous
allez me permettre, là, avec le libellé de la motion. Alors, on a bien hâte
d'avoir le libellé de la motion. J'entends que ce serait la motion du mercredi,
alors on pourra vous revenir. Mais nous, là, au départ, c'est une question
importante qui intéresse, je pense, l'opinion publique, les gens, et on fera le
débat en caucus à la vue du libellé.
M. Desrosiers (Sébastien) : Pourquoi
vous ne l'avez pas fait, vous, quand vous étiez au gouvernement, déclassifier
ces documents-là?
M. Tanguay : Écoutez, ça fait
cinq ans de ça, donc 2014-2018. Écoutez, c'est un débat qui a été amené
aujourd'hui par le Parti québécois. Un gouvernement ne peut pas tout faire dans
tous les domaines.
M. Lacroix (Louis) : Mais je
comprends, philosophiquement, vous n'avez rien contre le fait qu'on dévoile des
documents qui pourraient démontrer que le camp du non, à l'époque, avait
utilisé des moyens douteux pour avoir gain de cause?
M. Tanguay : Écoutez, nous,
là, on n'a rien à cacher, là, on n'a rien à cacher. Ceci dit, les
considérations qui pourraient être soulevées pourraient être de l'ordre de :
Est-ce qu'il y a des droits fondamentaux juridiques à préserver pour certaines
personnes, et ainsi de suite? On va refaire le débat à la lecture de la motion.
Mais, fondamentalement, pour notamment un aspect historique, je pense que c'est
un débat important. Encore une fois, avant de vous dire si on vote en faveur ou
pas, on va lire le libellé.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que le juge Gosselin a toute l'indépendance de rendre des décisions à la Cour
du Québec après son élection par M. Jolin-Barrette?
M. Tanguay : Écoutez, nous,
on ne remet pas en question la façon dont va se comporter le juge Gosselin.
Vous l'avez vu, ce sur quoi on en a, contre quoi on en a, c'est le fait que
Simon Jolin-Barrette a nommé son ami juge, de un, sans le révéler au premier
ministre, sans le révéler au Conseil des ministres. On a vu que, dans d'autres
cas, ça s'est fait, entre autres, Eric Girard qui l'avait dit. Et, de deux,
sans se retirer. Puis ça tombe sous le sens, je pense, en 2023, quand vous avez
à nommer quelqu'un, vous êtes ministre, vous faites... c'est vous qui faites la
recommandation au Conseil des ministres, de divulguer et de vous retirer. Il me
semble que c'est des automatismes qu'on n'a pas vus là. Mais pour le juge
Gosselin, indépendamment de tout ça, je ne pense pas que ça vient entacher sa
candidature et sa façon.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
donc où est le problème si l'indépendance du juge n'est pas entachée par...
M. Tanguay : Moi, je ne le
crois pas...
M. Robillard (Alexandre) : ...ce
que vous dénoncez? Il est où, le problème?
M. Tanguay : Question de
perception. Moi, je ne le crois pas, je n'ai aucun fait qui pourrait me dire :
Ah! Oui, c'est sûr qu'il va juger de façon à préserver les lois votées par la
CAQ. Non, non, non, je n'ai aucun fait là-dessus. Par contre, au niveau de la
perception quant à la plus stricte indépendance judiciaire, le ministre ne
pouvait pas agir comme ça.
M. Lacroix (Louis) : Mais en
même temps, le processus de nomination des juges, c'est le Parti libéral qui
l'avait adopté à la suite de la commission Bastarache. Et ce processus-là fait
en sorte que c'est le ministre de la Justice, ultimement, qui a le dernier mot
et non pas le Conseil des ministres.
M. Tanguay : C'est le Conseil
des ministres qui nomme, ce n'est pas le ministre de la Justice. Le ministre de
la Justice reçoit...
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais dans le processus, le... en fait, le Conseil des ministres entérine la
décision du juge, le choix du ministre.
M. Tanguay : Mais, sans
tomber dans les technicalités, le conseil... Il ne peut pas y avoir de nomination
sans que le Conseil des ministres s'en saisisse et décide oui ou non. Et, à ce
stade-là, une fois que le ministre a fait sa recommandation, bien, en amont, il
aurait fallu qu'il le dise. Je pense que le premier ministre puis les ministres
autour de la table, ils auraient aimé ça le savoir. Puis moi, je pense qu'il
aurait mérité de se retirer durant ce débat-là.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
je ne comprends pas, vous dites qu'il y a un problème de perception?
M. Tanguay : Oui, parce que
c'est son chum.
M. Robillard (Alexandre) : Quel
est le problème?
M. Tanguay : Bien, il a nommé
son chum. Voyons donc! Le ministre de la Justice nomme son chum ministre. Il y
a un problème...
Des voix : ...
M. Tanguay : ...bien, il y a
un problème dans l'administration, dans la perception que les gens peuvent
avoir quant à l'administration, l'indépendance de l'administration judiciaire.
C'est un fondement même. Alors, on ne peut pas dire : Ah! oui, ce juge-là,
c'est un chum du ministre. Il faut effacer ça de notre mémoire. Il est nommé là
pour juger de façon objective.
M. Robillard (Alexandre) : Et
donc la perception, elle est...
M. Tanguay : La perception
est entachée. Mais sur la personne du juge Gosselin, de Me Gosselin, moi, je
n'ai aucun fait de me dire qu'il ne va pas être un bon juge. C'est sur le
processus, c'est sur la perception.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce qu'il peut rester en poste malgré le fait que, sur le plan des
perceptions, c'est entaché?
M. Tanguay : Je pense que la
nomination, ce sera confirmé comme étant... On verra. Nous, on a demandé à la Commissaire à l'éthique de se pencher là-dessus. On verra ce
qu'elle nous dira là-dessus, mais pour nous, il y avait un grand problème.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
qu'à votre avis il ne devrait pas avoir le droit de savoir s'il y avait
plusieurs noms sur la liste?
M. Tanguay : Qui aurait le
droit de savoir, excusez-moi?
M. Bergeron (Patrice) : La
population, est-ce qu'elle ne pourrait pas le savoir si... parce que le
ministre dit : Non, moi, je n'ai pas à dire ça.
M. Tanguay : Moi, je pense
qu'on devrait le savoir. Encore une fois, la transparence est importante quant
à la perception que les gens ont de notre système judiciaire. De savoir il y
avait combien de candidats, de savoir... puis excusez-moi, là, je ne sais pas
le compte, il a refait faire les devoirs à quatre ou cinq reprises, là, il a
relancé des appels d'offres. Sur quelle base, il le fait?
M. Lacroix (Louis) : ...
M. Tanguay : Non, non, non,
de façon générale, lui, comme ministre. Je pense, Sonia LeBel l'avait fait deux
fois. Lui, il l'aurait fait quatre ou cinq fois. Moi, j'aimerais ça savoir
combien de fois, pour quel motif, en toute transparence. Puis il peut le dire,
là : Nous, on cherche à avoir plus de femmes, une meilleure
représentativité, il y avait un article ce matin sur la représentativité des
communautés culturelles, alors meilleure représentativité, sur quels motifs.
Alors, plus de transparence là-dessus, ce serait important, et de savoir le
nombre de candidats aussi.
M. Lacroix (Louis) : Mais ça
veut dire que votre processus que vous avez vous-même, les libéraux, fait
adopter à l'époque, il est perfectible puis il n'est pas correct, là.
M. Tanguay : Il est
perfectible. Il est perfectible, mais, par contre, je vais vous dire une chose :
Il faut-u écrire dans la loi... puis, s'il faut le faire, bien, on le mettra,
mais il faut-u écrire dans la loi : Aïe! si c'est ton grand, grand, grand
chum, dit-le au Conseil des ministres, puis retire-toi? Moi, je pense qu'ici il
faut le dire dans la loi, parce que Simon Jolin-Barrette, il n'était pas
capable d'enregistrer ça ou d'appliquer ça. Écoutez, c'est ça, le drapeau
rouge.
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais en ce sens où vous dites : On devrait savoir qui sont les autres
candidats, alors que...
M. Tanguay : Ah! le nombre,
je parlais du nombre de candidats, mais savoir qui est candidat, moi, je pense
qu'on ne doit pas aller là, savoir qui est candidat. Je pense qu'il faut savoir
pourquoi on a refait faire... ce n'est pas dans le cas du juge Gosselin, mais
refait un concours, sur quels critères, puis avec combien de candidatures. Le
reste, je ne voudrais pas qu'on rentre, là, dans avoir les C.V., et ainsi de
suite.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce qu'il faut changer le processus pour préciser quand un ministre doit se
récuser...
M. Tanguay : C'est des
questions à se poser. Je pense, c'est des questions à se poser. Puis s'il
fallait le mettre à Simon Jolin-Barrette clairement dans la loi que,
normalement, si c'est ton chum, tu le dis puis tu te retires, bien, s'il faut
le mettre dans loi pour l'avenir, bien, mettons-le dans la loi.
M. Robillard (Alexandre) : Sur
les dispositions en matière de diversité, est-ce que ça, il devrait y avoir des
dispositions...
M. Tanguay : Bien, ça, je
pense qu'il faut mieux faire collectivement. Il faut mieux faire
collectivement. Et, vous savez, en ce sens-là, je pense que la diversité doit
être représentée au sein de nos institutions. Est-ce qu'on doit le mettre dans
la loi? Ça pourrait faire partie d'un débat également.
M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce
que ça dit sur le discernement puis le jugement du ministre, d'avoir, donc...
de n'avoir pas dit à ses collègues que...
M. Tanguay : Ça dit que Simon
Jolin-Barrette, il en a échappé une, une grosse. Et j'aimerais savoir... sachant
qu'il l'a échappée à ce point là, j'aimerais savoir les quatre ou cinq cas où
il a relancé le concours. J'aimerais d'autant plus savoir basé sur quoi, sur
quels critères, parce qu'un juge ne peut pas... un ministre ne peut pas
magasiner les juges, il doit avoir des critères. Puis sans personnaliser le
débat, sans dire c'est à cause de telle personne, mais c'est... sur quoi, il
s'est basé pour dire : Refaites le concours à quatre ou cinq reprises? On
a le droit de savoir.
Mme Prince (Véronique) : Mais
son argument, c'est de dire : Bon, ça fait quelques années que je suis
ministre de la Justice puis c'est un petit milieu, donc on vient qu'à connaître
vraiment beaucoup de monde.
M. Tanguay : Oui, mais moi,
je ne vais pas aux noces de tout le monde, puis moi, je ne suis pas allé sur
les bancs d'école avec tout le monde, puis je ne suis pas grand, grand chum
avec tout le monde. C'est juste ça. On est 8,5 millions de Québécois.
M. Denis (Maxime) : Plus
largement, là, avec les excuses de Drainville, avec Émilie Foster, avec ça la
semaine passée, il est-u temps que les vacances arrivent pour la CAQ? Qu'est-ce
que... quelle lecture ça vous donne du gouvernement en ce moment?
M. Tanguay : Un gouvernement,
effectivement...
M. Denis (Maxime) : Brouillon.
M. Tanguay : ...brouillon,
oui. J'essayais de ne pas trop vous accabler avec ça, mais je pense que le
terme a bien été implanté. Je pense que c'est un gouvernement... Il y aura eu
un avant et un après le 18 avril, troisième lien, hein? Puis, encore une
fois, brouillon, ce n'est pas juste une ritournelle ou une étiquette politique
le fun comme ça, c'est réellement brouillon, ce qu'ils font. Puis ça a
commencé, l'année a commencé sur les chapeaux de roue, ou le début de l'année,
il faudrait parler à Geneviève Guilbault, savoir quand l'année commence, mais
ça a commencé avec le fiasco de la SAAQ. Puis, depuis ce temps-là, on dirait
que c'est des résultats, des échecs après échecs, après échecs d'un
gouvernement brouillon. Alors, je ne veux pas que le gouvernement parte en
vacances, je veux qu'il travaille, puis je veux qu'il arrive avec des solutions
réfléchies.
M. Desrosiers (Sébastien) : Bien,
justement, sur le troisième lien, il semble que François Legault a donné une
directive à ses députés. Qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce que les députés
de la CAQ qui ne sont pas d'accord avec une décision comme celle-là devraient
pouvoir exprimer leur dissidence?
M. Tanguay : Moi, je pense
que, dans un caucus... un caucus, là, c'est une famille politique. Vous avez
des débats. Des fois, vous êtes pour, des fois vous êtes contre, vous en
gagnez, vous en perdez. Là où le bât blesse dans ce cas-là, c'est que, ce qui
est révélé, puis des sources à l'interne du caucus, il n'y a pas eu de débat.
Moi, quand je demande à Jonatan Julien, député de Charlesbourg, ministre
responsable de la Capitale-Nationale, je lui pose la question en crédit :
C'est une décision que tout le monde était d'accord? Il a dit, pour lui, la
décision était unanime, tous les collègues étaient d'accord. On apprend par
sources à l'interne qu'il n'y a même pas eu de débat. C'était ça, la décision
était prise.
Alors, mon point, c'est que, dans un
caucus, sans dire que tout un chacun va sortir publiquement : Puis moi,
là-dessus, je ne suis pas d'accord, moi, je ne suis pas d'accord, je ne suis pas
d'accord, on en finirait plus. Dans un caucus, vous êtes à l'aise ou vous n'êtes
pas à l'aise. Il y a des débats qui font en sorte que vous vous rassemblez sur
les grandes valeurs, et vous faites des débats, on vous écoute, puis une
décision de cohérence et de cohésion est prise. Puis, après ça, on doit avoir
une certaine solidarité. Mais de là de dire, puis je termine là-dessus, qu'il
n'y a pas de débat, c'est ça, sur une promesse phare, ça ne tient pas la route.
M. Desrosiers (Sébastien) : Donc,
vous êtes d'accord avec François Legault, d'une certaine façon? Parce que lui,
ce qu'il disait, c'était vendredi, c'est : On doit être solidaires de la
décision qui est prise en équipe puis montrer un front uni. Ça, vous êtes
d'accord avec ça?
M. Tanguay : Oui. Le «en
équipe», on voit que ça n'a pas été pris en équipe. Alors, il ne peut pas
demander une solidarité sur sa décision : Je vous informe de ça, et, après
ça, de leur dire : Bien, c'est ça la décision, taisez-vous! Tu ne peux pas
dire à des députés : Taisez-vous!
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
les électeurs, là, qui ont élu ces personnes-là, entre autres, en raison du
troisième lien, on imagine, dans la région de Québec, je comprends que vous
dites, bon, le débat doit se faire à l'interne, mais eux, ils n'ont pas accès à
ce débat-là. Est-ce qu'ils méritent de savoir que leur député n'est pas
d'accord?
M. Tanguay : Il arrive, là...
quand vous ne faites pas le débat au sein du caucus puis quand le premier
ministre, le chef, il essaie... le chef, il essaie d'imposer sa décision, c'est
ce qui arrive. Il y a des collègues, il y a des députés qui vont aller parler à
des journalistes, qui vont être des sources journalistiques. Le débat se
transfère dans les médias. Et dans la population, les citoyens sont en raison
de se demander : Coudon, mon député, là, il y a de l'air fâché, il n'y a
pas de l'air à avoir... d'un, il n'a pas participé à la décision. Est-ce que
c'est un de ceux qui se plaignent? Je veux savoir où loge mon député. Là, vous
venez d'ouvrir un débat sur la place publique. Alors, François Legault, en
évitant de faire le débat au sein de son caucus, en décidant, lui, le chef, par
lui-même, bien, il a fait en sorte qu'il y a un enjeu de cohésion.
M. Lacroix (Louis) : Il
arriverait quoi à un député de votre parti, là, de votre formation, qui irait
contre la ligne de parti? Qu'est-ce qui arriverait avec?
M. Tanguay : Bien, une fois
que le débat...
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il serait exclu?
M. Tanguay : Bien, je n'irai
pas dans la gradation, là, puis dans les conséquences, on aurait une bonne
discussion. Parce qu'une fois que le débat a eu lieu au sein du caucus, encore
une fois, c'était un sage qui me disait ça, un ex-collègue qui avait siégé
bien, bien des années... il dit : Marc, dans un caucus, tu fais le débat,
tu dis ce que tu as à dire, tu parles, tu défends tes électeurs. Puis, des fois
tu en gagnes, des fois, tu en perds, mais, à la fin de la journée, tu dis :
Oui, je suis dans le bon caucus, caucus libéral. Alors, une fois que le débat
est fait, ce qu'ils n'ont pas fait, à la CAQ, clairement pas, bien, on doit se
rallier. Sinon, si le collègue député est mal à l'aise, bien, il y a une
question à se poser, s'il est dans le bon caucus.
M. Lacroix (Louis) : Mais
Jean-Marc Fournier disait... excuse-moi, je veux juste... en 2015, et je vais
le citer au mot, il disait : «Les députés votent librement. S'ils décident
de ne pas se soumettre à une décision, s'ils décident de ne pas se sentir bien
dans un caucus, ils ne font plus partie du caucus. Ils ne sont pas forcés
d'être dans un caucus, ils sont libres». Autrement dit, c'est : Tu as le
droit de ne pas penser comme les autres, mais tu vas en subir les conséquences.
M. Tanguay : Bien, écoutez,
c'est au député qui, sur une décision prise en caucus, n'est réellement pas
content puis est réellement mal à l'aise... c'est une question qu'il doit se
poser : Est-ce qu'il est dans le bon caucus? Mais, encore une fois, je
reviens là-dessus, ce qui lie... le ciment d'un caucus, c'est les valeurs,
c'est ce qui nous anime, c'est le programme, c'est les objectifs. Ce n'est pas
vrai que toutes les décisions en caucus, là, sont unanimes, là, je n'apprends
rien ce matin, là, mais il y a un consensus, puis les gens sont à l'aise avec
le consensus.
Puis, dans le cas de François Legault et
de la CAQ, ça a été une décision imposée, et là les collègues sont en train
d'aller dans les journaux pour faire le débat qu'ils n'ont pas fait au caucus.
M. Bergeron (Patrice) : M. Tanguay,
est-ce que les élus caquistes, les 90, comprennent bien, selon vous, leur rôle
de parlementaires, le droit de parole, le privilège de droit de parole qu'ils
ont? Nous, on se rappelle des caucus, ici, libéraux, avant que ça rentre, ils
donnaient tous leurs opinons, puis, des fois, c'était totalement divergent
avant de rentrer au caucus. Ici, c'est bien rare qu'on en entend un sortir du
rang.
M. Tanguay : Il est clair
que, sous François Legault, il y a, je pense, poussé à des limites qu'on n'avait
jamais vues avant, un contrôle du message. Contrôle du message. Je reviens avec
cet exemple-là du troisième lien. La décision était prise par François Legault
puis probablement Geneviève Guilbault. C'est sorti dans les médias, les
collègues députés l'ont appris par les médias puis, après ça, ils ont dit :
Bien là, on est pogné avec la décision. Puis François Legault, selon des
sources, est allé les voir au fameux matin du caucus en disant : Je n'en
veux pas un qui sorte public contre ça. Il l'a dit de façon polie, mais c'était
ça, le message.
Alors, écoutez, moi, je pense qu'il doit y
avoir présentement beaucoup de collègues députés d'arrière-ban caquistes
malheureux parce qu'ils n'ont pas de débat au sein de leur caucus. C'est ce que
je constate.
Mme Prince (Véronique) : Mais
ça n'a jamais été comme ça au Parti libéral...
M. Tanguay
: Il y avait
des débats.
Mme Prince (Véronique) : ...sous
le gouvernement Couillard, sous le gouvernement Charest, alors qu'il y a eu des
périodes très tumultueuses, là?
M. Tanguay : Oui, oui, tout à
fait. Exact, mais on avait des débats. Puis vous avez raison, des questions
tumultueuses dans les médias, des collègues qui avaient des opinions bien
tranchées, mais il y avait un débat qui se faisait, là, il y avait un débat qui
se faisait.
Mme Lajoie (Geneviève) : Il y
en avait des fois qui n'allaient pas voter, je pense à Pierre Paradis, par
exemple.
M. Tanguay : Ah! bien, ça, ça
peut arriver, ça peut arriver à l'occasion, effectivement, mais, en ce sens-là,
ce n'est pas la norme. Et des débats, c'est important d'en avoir au sein du
caucus.
M. Lecavalier (Charles) : ...sur
la fameuse commission Charbonneau, là, il y avait un militant qui a voulu en
débattre, personne...
M. Tanguay : Ah oui, ça,
c'est... écoutez, ça, c'est un...
M. Lecavalier (Charles) : ...l'absence
de débats, il y en a eu dans d'autres partis que la CAQ, là.
M. Tanguay : Oui, mais ça,
écoutez, parti politique, c'est le lieu de faire les débats, alors c'est
important que les débats se fassent.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais il n'y a pas eu... on l'avait invité à se la fermer.
M. Tanguay : Non, non, il n'y
a personne qui avait invité, mais le débat n'avait pas...
M. Lacroix (Louis) : Non? Vous
n'étiez pas président, à l'époque...
M. Tanguay : Je ne sais pas.
J'étais-tu président? Moi, j'étais président de 2009 à 2011. Il faudrait voir.
Ça se peut. Ça se peut.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
le salaire des députés, le projet de loi, Québec solidaire vient de dire qu'ils
vont utiliser tous les moyens à leur disposition parlementaire, on entend, pour
empêcher l'adoption de ce projet de loi là. Est-ce que vous êtes prêt, vous, à
appuyer un bâillon si le gouvernement doit se rendre là?
M. Tanguay : Moi, je ne pense
pas. Non, on ne parle pas de bâillon, là. On ne parle pas de bâillon, là, ce
matin, là. On n'en est pas là du tout, du tout. Je pense que les collègues de
Québec solidaire...
Mme Lajoie (Geneviève) : Bien,
on en est là, puisque, là, Québec solidaire dit ça. Donc, il est quand même....
il reste huit jours de session à peu près, là.
M. Tanguay : Oui, mais on
verra. On n'en est pas là. On n'en est pas là du tout, du tout. Puis les
collègues de Québec solidaire, ils ont le droit de dire ce qu'ils ont à dire,
puis ça fait partie de la démocratie.
M. Lecavalier (Charles) : Pourquoi
il faut que ça soit adopté, là, avant l'été, le plus rapidement possible?
M. Tanguay : Bien, nous, on
suit l'agenda du gouvernement là-dessus. Le projet de loi a été déposé. Il est
appelé. Alors, c'est le leader du gouvernement qui sonne la marche puis qui dit :
J'appelle tel projet de loi, puis je l'envoie après ça ou pas en commission
parlementaire. Alors, nous, on appuie le projet de loi, mais on va suivre les
rendez-vous qui vont être fixés par le leader du gouvernement, là.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que l'appui est unanime de votre caucus à ce projet de loi là?
M. Tanguay : Il y a eu des
débats, il y a eu des débats, puis ça, c'est une chose importante, c'est que
les débats restent au sein du caucus. Les débats restent... Alors, je ne vais
pas commenter.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que c'est unanime?
M. Tanguay : Déjà là, j'enfreindrais
une règle qu'on ne commente pas ce qui se dit au sein du caucus. Mais il y a eu
des débats, c'est clair.
M. Desrosiers (Sébastien) : Un
député qui ne serait pas en accord, aurait-il droit de nous le dire?
M. Tanguay
: Ah! bien,
écoutez, encore une fois, c'est des décisions qui sont prises en caucus et qui
doivent rester en caucus. Alors, toute personne est libre à la liberté
d'expression. Mais, à ce moment-là, on se pose la question : Est-ce que ça
aide à la cohésion d'équipe? Est-ce que le point qui a été fait publiquement
aide aux objectifs que l'on veut atteindre comme groupe? Je ne penserais pas,
là. Donc, il y aurait... Un collègue peut toujours se poser la question :
Est ce que je suis dans le bon caucus?
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que les libéraux ont droit à la dissension publique?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
il y a des... il y a différents aspects à votre question. Premier élément,
entre autres, il y a des projets de loi où il n'y a pas de ligne de parti, notamment
en ce qui concerne mourir dans la dignité. Du reste, ça revient aux débats qui
doivent être faits au caucus. Puis un collègue qui déciderait de sortir public
puis dire : Bien, moi, je ne suis pas d'accord là-dessus puis j'en fais
une question de principe, bien, naturellement, il va être question de savoir :
Est-ce que tu es dans le bon caucus? Puisque tu en fais une question de
principe.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que ça va être un vote libre, sur le salaire?
M. Tanguay : Non, on a une
ligne de parti là-dessus, on a une cohésion d'équipe et on va être en faveur.
M. Robillard (Alexandre) : Airbnb,
ils ont décliné l'invitation à participer au projet de loi, à l'étude du projet
de loi sur l'hébergement touristique. Est-ce que c'est un manque... une
illustration de leur manque dans le sens des responsabilités face à ce
sujet-là?
M. Tanguay : C'est
regrettable. Ils auraient dû être là parce que c'est un acteur central puis il
y a beaucoup de questions que l'on veut leur poser. Ils auraient dû être là. Je
le déplore.
M. Robillard (Alexandre) : Donc,
sur le plan de l'image, est-ce que ça leur nuit, ça?
M. Tanguay : Je pense qu'on a
besoin, pour avoir une loi efficace, qu'ils soient autour de la table. Qu'ils
décident de ne pas être là, je le déplore. Ils auraient dû être là.
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que, justement, il y a des leçons qui ont été apprises, avec le cas de
Marie-Claude Nichols notamment, sur la liberté de parole puis la ligne de
parti?
M. Tanguay : Oui, il y a
toujours... Puis là-dessus, je vous dirais, là... c'est que c'est une...
M. Denis (Maxime) : Est-ce
que ça va traîner un peu?
M. Tanguay : C'est... tu
sais, on n'est pas parfait, personne. On n'est pas parfait, personne. Puis il
est clair que, si on avait à revivre cet épisode-là, de part et d'autre, il
aurait été probablement vécu différemment. Mais, voilà. Alors, on n'est pas
parfait, personne.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
qu'on ne peut pas aspirer à autre chose? Mme Foster a dit : Il y a
d'autres pays, là, où des députés peuvent avoir un peu plus de liberté sur...
Tu sais, est-ce qu'un député, par exemple, pour un cas de circonscription, ne
pourrait pas dire : Oui, bien, mon parti dit ça, mais moi, j'ai une
réserve? Je ne sais pas. C'est parce que vous semblez...
M. Tanguay : C'est une bonne
question...
M. Lecavalier (Charles) : ...être
assez tranché, là. C'est : Si vous n'êtes pas pour le caucus, trouvez-vous
un autre parti.
M. Tanguay : Non, bien, je
n'ai pas dit ça de même, là.
M. Lecavalier (Charles) : Bien,
ça ressemblait un peu à ça.
M. Tanguay : Non, non, mais
attendez.
M. Lacroix (Louis) : ...pas
dit ça de même, mais...
M. Tanguay : ...mais la
question est à se poser, la question...
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que je suis dans le bon caucus, ça veut dire : Trouvez-vous un autre
parti, ça?
M. Tanguay : Non. Posez-vous
la question. Parce que si vous êtes malheureux...
M. Lacroix (Louis) : ...
M. Tanguay : Alors, la
question se pose à ce moment-là, la question se pose. Ce n'est pas dire :
Ah! elle est sortie publiquement, de facto, n'existe plus au sein du caucus.
Mais ça, c'est une question, pour avoir fait un bac en sciences politiques, là,
intéressante qu'on pourrait peut-être collectivement se poser.
M. Lecavalier (Charles) : Bien,
vous allez faire une réforme parlementaire.
M. Tanguay : Une réforme
parlementaire? Je ne sais pas, on attend, on attend d'être convoqué par le
leader parlementaire là-dessus. Il y a des propositions de part et d'autre. Il
n'y a pas eu, là... je n'ai pas eu connaissance récemment qu'il y avait eu de
rencontre de fixée.
M. Denis (Maxime) : On
s'attend à quoi samedi? C'est quoi, le gros «highlight» de votre congrès en fin
de semaine, vu qu'il n'y a pas de...
M. Tanguay : Bien, on va
parler de la relance, on va parler de la relance. Sans divulguer d'éléments
d'ordre du jour, c'est clair qu'il va y avoir beaucoup de consultations des
militantes et des militants, entre autres sur la relance et, notamment, ça ne
sera pas les seuls, mais notamment, on pourra voir le comité de relance,
coprésidé par Madwa-Nika Cadet et André Pratte, qui vont consulter les membres.
Donc, ça, ça va être un moment important, mais il y en aura d'autres qui vont
venir consulter également.
M. Bossé (Olivier) : Comme
chef intérimaire, est-ce que vous essayez encore de ramener Mme Nichols,
vous?
M. Tanguay : Ah! bien,
écoutez, les... je n'ai pas eu de conversation depuis avec Mme Nichols et
la porte est toujours ouverte. Merci beaucoup. Merci.
M. Authier
(Philip) :
...
M. Tanguay
: Oh, you had a question. O.K., sorry, I was just… Go ahead, sorry,
sorry.
M. Authier
(Philip)
: Do you think that the CAQ
caucus is in disorder? Because it seems that a lot of people, a lot of the
Québec city MNAs, about the tunnel, had more things to say, but they… now their
story's floating around that they're being muzzled.
M. Tanguay
: Yes, absolutely, and I think that it's very, very important for a
caucus to have internal debates, it's important for the MNAs. We are elected to
bring our constituencies challenges and propose solutions and to have a
thorough discussion within the walls of the caucus. And we see, with respect to
the CAQ caucus, that Mr. Legault is not the one pleading for more debate. He
decided himself, probably with Geneviève Guilbault, to put aside the so-called
third link, «troisième lien autoroutier», without any consultation, and the
MNAs learned the decision within the media. And we can see that they're living
with the backlash. Now, the MNAs are expressing themselves via different
medias, stating that there's a lack of debate within their caucus.
M. Authier (Philip)
: Don't you agree with the principle that, in a caucus, once a
decision is taken, the MNAs should be… show solidarity with the decision once it's
taken?
M. Tanguay
: Yes. Yes, I think that it's important. It's important.
M. Authier (Philip)
: That being the case, do they not get to express themselves enough
in the caucus?
M. Tanguay
: I think that they… Based on what we've learned, I think that there
was no debate at all. They learned via the media the decision and they had…
François Legault had to call an emergency… an emergency caucus a certain
morning a couple of days after to try to bring together their MNAs, because
there was a lot of… they were stunned and a lot of anger as well. So, I think
that, unfortunately, it shows the kind of leadership that François Legault is putting forward. I'm the
boss. I'm the one deciding. The other ones just follow. And I don't think that
you can run a caucus like this, and I don't that you can be a leader in Québec with that type of leadership.
Mme François (Mélissa) : I was wondering what do you think of the situation of Pierre Dufour?
Some indigenous groups are asking for him to resign. He should resign? What do
you think?
M. Tanguay
: I think that what he said, contesting a factual conclusion from the
Viens commission, was unacceptable at all. I think that the most important
thing, the Premier thing to do, was to present regrets. And now, people are questioning the sincerity of his regrets.
Now, I would not be demanding him for him to resign, but I think it's a question that he should be asking himself.
M. Spector (Dan) : Pierre Poilievre and Mr. Legault are meeting this afternoon. If you
were Premier, would you meet with him?
M. Tanguay
: Sure. Yes.
M. Spector (Dan) : What are you expecting out of their meeting? What are you hope they
cover?
M. Tanguay
: I think that Premier Legault will have the occasion to present his government's priorities and see at the
federal level if the official opposition will be able to help and support. So,
I think that it's part of good conduct to meet with Mr. Poilievre.
Merci
beaucoup. Merci. Thank you.
(Fin à 12 h 03)