(Neuf heures trente et une minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour
à tous. Bon lundi. Je veux revenir, ce matin, sur deux choses, d'abord le
discours de François Legault lors du congrès de la CAQ en fin de semaine, de
même que le cas des nominations faites par le ministre de la Justice,
Simon-Jolin Barrette.
Sur le discours de François Legault, bien,
on constate qu'il visait spécifiquement le Parti québécois. Il a raison de le
faire, là, c'est bel et bien son principal adversaire. En fait, on peut dire qu'il
n'a plus vraiment le choix que de nommer le Parti québécois comme son principal
adversaire. On le voit dans le financement, dans les sondages, mais également
dans la présence du Parti québécois dans toutes les régions du Québec, la
manière qu'on a de défendre les régions du Québec vis-à-vis des situations qui
laissent à désirer sous la CAQ. Et, si François Legault nous attaque de cette
manière, c'est pour détourner l'attention d'un gouvernement qui, de plus en
plus, perd la confiance de la population parce qu'elle a dit des choses, elle s'est
engagée, cette formation politique de la CAQ, à faire des choses pour ensuite
faire exactement l'inverse, ce qui soulève de nombreuses questions, dont celle
des nominations partisanes.
On se souviendra que, deux, dès 2017,
Simon Jolin-Barrette parlait et promettait de mettre fin aux nominations
partisanes et qu'au congrès de la CAQ de 2018, juste avant les élections,
François Legault disait, en criant, là, tellement que c'était rempli de
sincérité : «Avec un gouvernement de la CAQ, les nominations partisanes
puis les petits amis, [c'est] terminé.» C'est ce que disait François Legault pour
se faire élire. Dans les faits, il n'y a jamais eu de suivi sur cette loi-là.
Elle n'a jamais eu lieu. Mais, pire, c'est qu'on constate que le nombre de
nominations partisanes faites par la CAQ est hors de contrôle et très, très
grande, se compare aux années libérales, essentiellement. Donc, ça s'ajoute à
plein de promesses brisées comme le troisième lien, comme la réforme du mode de
scrutin, des paroles en l'air sur l'immigration, sur les maternelles quatre ans,
sur un nombre très, très grand de sujets. Et je pense que c'est ça, le sujet
dont on devrait discuter au Québec présentement et non pas les attaques d'un
parti envers l'autre pour détourner le sujet. Donc, je pense qu'au cours des
prochaines semaines la discussion sera assurément sur... portera assurément sur
la confiance et la valeur... Comment croire la parole du premier ministre
lorsqu'il y a autant de dossiers où on a promis quelque chose pour ensuite
faire exactement l'inverse?
Sur le cas spécifique des nominations de
juges et d'amis à titre de juges par le ministre de la Justice. Dans une
démocratie, il y a peu de choses aussi importantes que l'administration de la
justice, et rappelons-nous du rapport Bastarache. À l'époque Jean Charest, l'administration
Charest, il y avait des allégations de la part du ministre de la Justice comme
quoi il recevait des pressions de nommer politiquement des juges, que ça venait
d'en haut. Et ça, ça a été suffisant pour déclencher une commission d'enquête.
Et quel a été le rapport... les conséquences de ce rapport-là? La mise en place
d'un comité indépendant pour faire des recommandations au ministre de la
Justice. Ça, c'est l'origine des trois recommandations indépendantes qui étaient
sur le bureau de Simon Jolin-Barrette, c'est le rapport Bastarache.
Qu'est-ce que fait Simon Jolin-Barrette
dans au moins quatre cas avérés en date d'aujourd'hui? Il contourne le
processus de sorte que tous ceux qui ont appliqué la prochaine... la première
fois ne peuvent pas réappliquer, mais vous comprenez que ça ouvre la porte à de
l'abus et au contournement des recommandations du rapport Bastarache, à savoir,
si, moi, je veux que quelqu'un soit nommé, je pourrais... Puis je n'ai pas de
preuve que c'est ça que Simon Jolin-Barrette a fait, mais vu le nombre répété
de contournements du processus…. C'est parce qu'on peut dire à quelqu'un :
N'applique pas au premier concours, je vais éliminer tous les gens dans cette
région-là qui voudraient être juges, puis ensuite tu arriveras au deuxième
concours, puis, même si tu ne viens pas de cette région-là, bien, tu auras
probablement... en tout cas, tu auras de bonnes chances d'avoir le poste. Donc,
moi, je pense qu'on contourne vraiment, en ce moment, dans cette façon d'agir
du ministre, on contourne l'esprit des recommandations du rapport Bastarache.
Et, rappelons les paroles de Simon
Jolin-Barrette lui-même, en 2017, il disait : «Il faut mettre un terme aux
nominations partisanes, dont le Parti libéral est le maître incontestable […] Si
le gouvernement Couillard n'est pas prêt à poser [des] gestes nécessaires, un
gouvernement de la CAQ, une fois élu, le fera.» «[Il est urgent] de rétablir la
confiance des Québécois envers nos institutions démocratiques.» «Il faut que le
gouvernement arrête de donner des jobs à ses chums.» «Il faut que le
gouvernement arrête de donner des jobs à ses chums», je veux dire, ça ne peut
pas être... par rapport à l'ami dont il a célébré le mariage, ça ne peut pas
être pire que ça, là, dans la catégorie dire une chose puis faire exactement
l'inverse.
Dans le contexte où le ministre de la
Justice n'hésite pas à contourner les règles existantes et aura également
contourné son propre Conseil des ministres, qui sert en dernier lieu de dernier
examen de la décision, on apprend, du propre aveu du ministre, qu'il n'a pas
été transparent. Est-ce qu'il a été transparent avec les journalistes? Moi, ce
que je constate, c'est qu'il aura pris plusieurs jours avant de divulguer que,
dans quatre cas, il a contourné les règles existantes. Il a également omis de
mentionner qu'il n'a rien dit au Conseil des ministres. Il a fallu que François
Legault dise : Moi, je n'étais pas au courant, pour que lui, finalement,
donne toute l'information au public.
Donc, ce sont des comportements qui, sur
le plan éthique, soulèvent de véritables questions, et c'est pourquoi on pense
qu'il devrait y avoir un expert indépendant, un expert en éthique qui se penche
sur ces événements-là et qui a le mandat de repenser le processus qui permet
d'éliminer toutes les candidatures d'un premier appel de candidatures. Sur la
base de quoi, finalement? De la discrétion du ministre pour des raisons dont on
ne connaîtra jamais le bien-fondé ou non. Donc, ce sont les points que je voulais
faire avec vous.
Évidemment, pour la Côte-Nord, l'Abitibi
et les Laurentides, ça soulève également la question : Pourquoi la CAQ
n'est pas capable de trouver une candidature de qualité dans cette région-là?
Et, quand j'entends la ministre Champagne Jourdain pour la Côte-Nord, là,
déclarer qu'on va gagner une famille, on va gagner des gens, donc il y a aussi
un enjeu démographique dans la nomination d'un juge, là, je regrette, là, quand
un gouvernement n'est pas capable de trouver une candidature de qualité sur la
Côte-Nord, puis on essaie de nous expliquer que c'est pour la démographie qu'on
a fait cette nomination des juges là, là, c'est vraiment se moquer des gens de
la Côte-Nord. Donc, on va continuer à faire le suivi pour que ce soit équitable
d'une région à l'autre, mais également, surtout, que ce soit transparent. Et, pour
nous, on... ça passe par un expert indépendant en éthique qui vient nous
expliquer ce qui a bien pu se passer puis comment on peut améliorer le
processus qui avait été conçu, à l'époque, dans le rapport Bastarache.
M. Desrosiers (Sébastien) : Bien,
là-dessus, pourquoi vous ne demandez pas une enquête de la Commissaire
à l'éthique comme le Parti libéral du Québec?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
déjà fait, donc on soutient cette demande-là. Maintenant, on pourrait avoir un
ancien juge ou un expert en éthique qui se penche sur l'évolution depuis
Bastarache. Parce qu'en fait ce qu'on découvre, c'est qu'il y a une faille, à
savoir que c'était une bonne idée d'avoir un comité indépendant qui donne trois
recommandations, mais, si on peut tout annuler de manière purement
discrétionnaire, éliminer tous ceux qui étaient candidats, ça donne lieu à des
abus, mais également probablement à un appauvrissement des nominations, parce
que tous ceux qui avaient une chance se trouvent éliminés au terme du pouvoir
discrétionnaire du ministre pour des raisons qu'on ne connaît pas. Dans la
mesure où il est prêt à nommer un ami d'université pour qui il a célébré le
mariage, là, vous me permettrez de remettre en question le processus et de se
dire : Bien, on va l'améliorer à nouveau, parce que, clairement, il y a
une faille ici, là.
M. Côté (Gabriel) : Est-ce
qu'il faut enlever complètement la politique du processus de nomination des
juges puis laisser ça complètement entre les mains des juges, selon vous?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
moi, je pense que le ministre doit procéder à la nomination. L'idée d'avoir un
comité indépendant, c'était la bonne, avec trois recommandations, mais on se
rend compte que, si le ministre peut tout annuler, contourner complètement le
processus pour des raisons discrétionnaires dont on ne connaît pas le
bien-fondé et en plus, de surcroît, éliminer tous ceux qui avaient une
candidature plausible pour recommencer avec ceux qui ne s'étaient pas présentés
la première fois, il y a là un problème. Il y a là une réflexion à avoir sur
comment on va palier à ce mécanisme qui, lorsqu'on est rendus à quatre
reprises, là, à contourner le processus, vraisemblablement, peut donner lieu à
un abus de procédure, un abus de pouvoir de la part du ministre. Mais
ultimement ça demeure la décision du ministre parmi un certain nombre de
recommandations de gens jugés compétents. Ça, je pense que c'est un principe
qu'on va conserver.
Mme Morin-Martel (Florence) : Vous
avez parlé, plus tôt, là, de la confiance de la population qui s'effrite, selon
vous, là, en la CAQ. Comment expliquer que l'appui des militants ne s'effrite
pas avec le record de votes de confiance de M. Legault?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est sûr qu'il y a un contraste entre ce vote de confiance et l'actualité,
depuis un mois, en termes de promesses brisées. Mais la réponse à savoir
pourquoi tout le monde a voté d'une manière ou d'une autre à la CAQ relève de
la CAQ, là. Moi, je ne m'immiscerai pas dans les affaires internes de la CAQ,
c'est une question qui doit être posée à ceux qui ont exercé leur droit de
vote.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
comment vous interprétez son score?
M. St-Pierre Plamondon : Je
laisse ça à la CAQ, dans le sens que, ce matin, là, on a tellement de questions
graves que je laisse à la CAQ les questions internes de leur gérance pour
demander des comptes sur ce qui est l'éthique et des promesses brisées à
répétition.
M. Bossé (Olivier) : Êtes-vous
jaloux de son pointage? C'est quand même 0,1 %...
M. St-Pierre Plamondon : Comme
je vous dis, là, c'est...
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
est-ce que ça témoigne d'un déficit démocratique, vous pensez, à la CAQ, que
les militants ne lui aient pas fait payer le prix, par exemple, d'une promesse
brisée comme celle du troisième lien?
M. St-Pierre Plamondon : À
nouveau, c'est des questions qu'on devrait poser aux militants de la CAQ sur
les raisons de leur vote, mais, moi, les votes de confiance à la CAQ, là, ce
n'est pas mon sujet, mon... ça ne me regarde pas, en fait. Mon sujet, c'est des
nominations partisanes, alors que la CAQ avait promis de mettre fin à ça, des
promesses brisées à répétition, des enjeux d'équité pour les régions, avec des
ministres puis des députés qui se trouvent à être étonnamment silencieux devant
ces situations-là. Moi, je vais faire mon travail de chef de parti,
indépendamment de ce que la CAQ fait à l'interne, ça ne me regarde pas.
M. Bossé (Olivier) : Sur
l'annulation des concours, vous dites : Ça, c'est plus inquiétant. Est-ce
que vous laissez... pas laissez entendre, est-ce que vous dites que, dans ces
quatre cas-là, il y a probablement un favoritisme du ministre ou... Jusqu'où
vous allez, là, dans votre...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
dans le cas d'une nomination d'un ami d'université pour qui tu as célébré son
mariage, le fait de ne pas avoir mentionné cette situation-là au Conseil des
ministres, ça m'apparaît comme un manque d'éthique, de transparence envers le
Conseil des ministres, qui est le dernier juge, là, mais également envers la
population. Parce que, quand on lui a posé la question, au début, ce n'était
pas transparent. Ensuite, sur les contournements à répétition du processus
établi pour trouver des juges compétents...
M. Bossé (Olivier) : ...qui
existe, mais qui est supposé d'être vraiment exceptionnel dans...
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
Ça me semble soulever de véritables questions éthiques quand on contourne trop
fréquemment le processus établi. Mais j'aimerais qu'un ou une spécialiste en
éthique, peut-être un ancien juge à la retraite, nous donne l'heure juste.
Parce que, là, évidemment, vu qu'il n'y a pas de transparence, il me manque des
faits avant de qualifier le comportement du ministre de la Justice. Ce que
j'aimerais, c'est que quelqu'un qui est expert en éthique nous donne son
opinion puis nous fasse quelques recommandations. C'est comme si, en fait, les
recommandations du juge Bastarache ont permis d'améliorer le processus, mais il
y a encore de la place pour de l'abus si on abuse, finalement, de l'annulation
des concours. Moi, je veux avoir l'heure juste de manière transparente. Ça va
prendre l'intervention d'un tiers.
M. Côté (Gabriel) : Est-ce
qu'il faudrait s'assurer que le comité indépendant recommande plusieurs
candidatures chaque fois? Parce qu'on comprend qu'ils peuvent recommander
jusqu'à trois candidats, mais c'est plausible qu'ils fassent des listes avec un
seul candidat, puis qu'un ministre se retrouve devant ça, puis dise non.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais dans quel cas c'est légitime de retourner à un autre processus? Ce que je
pense qui est problématique, c'est l'élimination de toutes les candidatures du
premier concours, les gens qui ont fini quatrième, cinquième, sixième,
septième. Si on élimine tout le monde puis on repart à zéro sans pouvoir
reconsidérer les autres candidatures, ça permet des situations abusives où est-ce
qu'on dit aux gens : Bien, n'applique pas au premier concours parce que,
le premier concours, ça se peut qu'il n'ait pas… finalement, qu'on ne retienne
personne puis qu'on doive éliminer tout ce beau monde là. Donc, il faut repenser
le processus, à mon avis.
M. Bossé (Olivier) : O.K.,
mais ça prendrait quelle forme, là, cet expert-là? Ça serait une commission, ça
serait... Ça serait quoi? Comment vous voyez ça, là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
moi, je mandaterais un juge à la retraite ou un ou une experte en éthique pour
nous faire un rapport sur ce qui s'est passé puis les améliorations au cadre...
qui s'est amélioré, là. Ça s'est vraiment amélioré depuis la commission
Bastarache, mais clairement il y a encore des choses à améliorer. Puis là,
bien, c'est à nous, comme parti politique, de mettre de la pression pour qu'on
ne s'en tienne pas, finalement, à : Bien oui, j'ai agi comme ça,
faites-moi confiance, je le faisais pour des bonnes raisons. C'est... Il y a
trop d'éléments pour qu'on s'en tienne seulement à ça.
Mme Morin-Martel (Florence) : Oui,
pour revenir aux attaques d'hier de M. Legault, là, à votre endroit, il a dit
que vous avez... pour être au gouvernement, il faut pouvoir rassembler assez de
monde. Qu'est-ce que vous lui répondez?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ce sont des attaques, à nouveau, très partisanes et très personnelles. Est-ce
que je dois répondre à ça? Pour être au gouvernement, il faut rassembler
beaucoup de monde. On rassemble de plus en plus de monde au Parti québécois, c'est
un constat. Puis moi, je veux demeurer sur les comptes que la CAQ doit nous
rendre par rapport à des promesses, des engagements formels pour lesquels on
fait l'inverse. Donc, on va continuer à faire notre travail sans embarquer dans
une guerre de... qui vise finalement, là... Ce genre d'attaque là, ça vise à
changer le sujet. Puis il me semble que le sujet, c'est la nomination des
juges, le fait que la CAQ n'a pas respecté son engagement de mettre fin aux
nominations partisanes, et toutes les autres promesses brisées qui s'accumulent…
et qui, à juste titre, là, fait en sorte que la confiance du public n'est pas à
son plus haut.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
vous avez dit que le Parti québécois est le principal adversaire de la
Coalition avenir Québec maintenant. Bon, ce n'est pas un secret que vous
partagez certains... le même bassin d'électeurs, je dirais. Vous avez eu la
chance de faire ce diagnostic-là au cours des dernières années, encore une fois
en octobre dernier. Pourquoi plusieurs nationalistes québécois vont à la
Coalition avenir Québec? Est-ce que vous avez senti que François Legault, cette
fin de semaine, était au diapason non seulement avec ses militants, mais avec
les Québécois?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne sais pas si c'est d'être au diapason des Québécois que d'attaquer une autre
formation politique pour éviter de rendre des comptes. Moi, j'en doute, je
doute que les Québécoises et les Québécois veuillent de ça. Donc, c'est pour ça
qu'il faut que je m'abstienne, d'une certaine manière, de répliquer puis que je
m'en tienne aux faits, au travail que nous, on veut faire, à savoir : Vous
nous aviez dit, pour vous faire élire, qu'il n'y aurait plus de nominations
partisanes. Là, on est pris avec des problèmes de nominations partisanes à peu
près partout. Rendez-nous des comptes, s'il vous plaît. Mais, si j'embarque
dans un cycle d'attaques partisanes, on passe à côté de l'essentiel en termes
de qualité des décisions, travail parlementaire. Donc, je vais m'en tenir à ça.
M. Côté (Gabriel) : Avez-vous
observé, dans vos associations, un retour d'anciens membres du PQ qui étaient
allés à la CAQ puis qui reviennent maintenant vers le PQ?
M. St-Pierre Plamondon : Disons
qu'on veut demeurer modestes, mais il y a plusieurs personnes qui nous
encouragent en disant : On aime ce que vous faites, on aime votre travail.
Donc, est-ce que, dans ces circonstances-là, on va faire autre chose que se
concentrer sur du travail de qualité qu'on livre? La réponse est évidente, là,
on va juste continuer à livrer du travail de qualité et ne pas se laisser
déranger par des pronostics puis des chiffres ou des attaques.
M. Côté (Gabriel) : Les
résultats impressionnants que vous et M. Legault avez reçus lors de vos votes
de confiance, est-ce que ça... c'est un indicateur que les partis politiques ne
sont peut-être plus des lieux de réflexion, où, finalement, ça part d'en haut,
il y a des chefs qui disent quoi penser, puis la base acquiesce...
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Le Parti québécois est très différent de la CAQ sur ça, là. À la CAQ, il y a
vraiment des gens élus qui ont dit en fin de semaine que, peu importent les
résolutions des membres, ils ne se sentaient pas liés, là. Si quelqu'un dit
quelque chose comme ça au Parti québécois, je vous promets que ça va être
intenable, là. Le Parti québécois a un programme qui est entièrement déterminé
par des militants qui n'ont aucun intérêt financier, qui ne sont pas employés
de la CAQ, qui sont là à titre de citoyens, et chacune des régions du Québec
sont représentées. Ce processus-là, il est là. Ça donne lieu à des débats, des
fois intenses, au Parti québécois, mais c'est parce qu'on est réellement
démocratiques. Donc, je pense que la CAQ et le Parti québécois là-dessus sont
très différents.
M. Bossé (Olivier) : Le
ministre des Finances, M. Girard, a aussi dit qu'il avait nommé... qu'il avait
promu, je pense, un ami à un poste important. Il l'avait déclaré, mais est-ce
que vous en... est-ce que vous incluez cette nomination-là dans les autres comme
celle de M. Jolin-Barrette?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
nous autres, on a... on ne le savait pas, donc on a ajouté la nomination de M.
Girard sur notre longue liste de nominations partisanes. Mais donnons à M. Girard
qu'il aura été honnête et transparent envers ses collègues. Et, quand on lui a
posé la question : Donc, votre collègue ministre de la Justice a manqué
d'honnêteté et de transparence avec vous, il ne vous ne l'a pas dit, il s'est
bien gardé de répondre, parce qu'on sait très bien que la réponse s'impose
d'elle-même.
Donc, c'est pour ça que, sur le plan
éthique, moi, je pense qu'on a besoin d'un expert extérieur pour nous dire
comment est-ce qu'on peut améliorer le processus puis quoi retenir de ces décisions-là,
alors que l'engagement de la CAQ était ferme de passer une loi pour mettre fin
aux nominations partisanes. Simon Jolin-Barrette avait parlé de petits amis de
nommer juges, tu sais, nommer ses chums comme juges. Ça ne s'invente pas et
c'est très décevant pour ceux qui auront donné... accordé de leur confiance à
la CAQ. Et c'est là que nous, on veut livrer le plus de qualité puis le plus de
rigueur possible dans ces circonstances-là.
Le Modérateur
: Merci…
M. Pouliot (Samuel) : ...just
in English.
M. St-Pierre
Plamondon : Sure.
M. Pouliot (Samuel) : What is your reaction on what François Legault has said this
weekend about the PQ and do you think he now considers the PQ as his main
opponent?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, he targeted the PQ, and
that's because, obviously, there is no other option for
the CAQ than to consider the PQ the main opponent given the data on financing,
on polls, our presence in every region in Québec. So, all those factors lead
him to attack the PQ, but, for us, we shouldn't reply by an attack, we should
just make sure that he is not successful at changing the main topic, and the
main topic is trust. How can we trust a government that says something and then
does the exact opposite on numerous occasions, and the latest is with partisan
nominations?
They were supposed, and
really the Prime Minister… the Premier himself said : First thing I do
when I get elected, in 2018, a bill that will change partisan nominations. They
never did it and they're on their way to doing worse than the Liberals on that…
in that field. So, it's very serious, and we don't want to change the topic, we
want the CAQ to explain to us why they're not doing what they promised, and we
want an independent expert who will evaluate to what degree there was ethics
problems in the Minister of Justice manner of getting around the independent
process that was put in place after the Bastarache Report that was precisely
for preventing situations like that.
M. Pouliot (Samuel) : Do you think he followed all the rules? Because he keeps repeating
that he followed all the rules…
M. St-Pierre
Plamondon : Well, you can follow all the
rules, and yet abuse of those rules. And that's what an independent expert will
tell us. And maybe that person will say : Well, we can improve those rules
to make sure that we don't do this again. And, from an ethics standpoint, if
you are nominating a friend of yours that you celebrated his wedding, and you
don't tell all your colleagues, in French, we say : «En passer une petite
vite.» I don't know how you translate that in English, but to throw a very
quick… I don't know. Je ne l'ai jamais traduite, celle-là, mais en
français, c'est... Je pense que le ministre de la Justice a tenté d'en passer
une petite vite à ses collègues, mais également à la population. Puis, grâce au
travail des journalistes, on a pu obtenir de vraies réponses. Mais comment
ensuite avoir confiance? Là, je pense qu'il y a un enjeu.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 24)