(Treize heures deux minutes)
La Modératrice
:
Bonjour et bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole Vincent Marissal, député de Rosemont, suivi de Josyane Giroux,
présidente du Regroupement Les Sages-femmes du Québec, et de Sarah Landry,
coordonnatrice de la Coalition pour la pratique sage-femme.
M. Marissal : Merci,
Camille. Alors, vous savez qu'on a repris ce matin les auditions sur le projet
de loi n° 15, le projet de loi mammouth, là, de
réforme en santé de la CAQ. Ce matin, en particulier, je veux vous parler de la
profession sage-femme, qui est, selon elles, menacée, justement, par le projet
de loi n° 15. On parle, par exemple, de subordination
de la profession dans la profession médicale, ce qui serait, vous en
conviendrez, un recul majeur pour cette profession qui se bat depuis des
décennies pour des gains, ma foi, somme toute encore assez mineurs. C'est aussi
une profession qui est sous-valorisée au Québec, malheureusement, qui est
méconnue, qui est sous-utilisée. On est largement en deçà des taux qu'on
voulait atteindre dans la politique de prénatalité au Québec, justement, pour
la profession sage-femme, on est largement en dessous, même de moitié et plus.
Alors, je demande au ministre, et je vais
déposer une motion aujourd'hui là-dessus à l'Assemblée nationale, de protéger
les acquis de la profession sage-femme, justement, dans le projet de loi n° 15. Pour le moment, c'est non seulement inutile, mais c'est
contre-productif de devoir les subordonner de nouveau à un pouvoir médical, d'autant
que la pratique au quotidien n'est pas toujours, aussi, facile. Les sages-femmes
nous parlent, par exemple, d'ingérence, de difficulté de travailler dans
certains secteurs et surtout du manque de disponibilité, justement, des sages-femmes
à travers le Québec. On a entendu parler ce matin, notamment, de certaines
régions qui sont à découvert. Et on le sait, par exemple, même dans mon coin de
l'est de Montréal, ça a pris des années, des années, des décennies de combat
pour finalement avoir un minimum de services.
Alors, je vous passe maintenant Josyane
Giroux, qui va vous parler plus... davantage de la profession sage-femme,
justement, et de ce qu'on recherche dans le projet de loi n° 15.
Merci.
Mme Giroux (Josyane) :Bonjour. Merci. D'abord, merci, M. Marissal, pour cette
opportunité.
D'entrée de jeu, je pense que c'est
toujours important, vous l'avez bien dit, la profession sage-femme est encore
méconnue au Québec. Donc, les sages-femmes, on est des professionnelles de
première ligne en santé reproductive et sexuelle. On offre des services à la
population à travers la province, principalement dans les maisons de naissance,
donc des suivis de grossesse, une présence à l'accouchement, au postnatal aussi,
pour les familles qu'on suit.
Je suis présidente du Regroupement Les Sages-femmes
du Québec, qui est l'association qui représente l'ensemble des sages-femmes qui
exercent dans le système de santé public. Donc, toutes les sages-femmes
exercent au niveau du public. Et malheureusement nous ne sommes pas entendues
en commission. Nous avons entendu ce matin l'Ordre des sages-femmes du Québec,
mais, comme représentante des sages-femmes, mon premier message est de rappeler
l'importance qu'on soit entendues en commission. Nous avons des recommandations
à faire au gouvernement, qui pourraient vraiment bénéficier la population.
Donc, les enjeux du projet de loi, vous l'avez
bien mis sur la table : une subordination médicale sous tous les points.
Nous avons des acquis actuellement qui nous permettent d'exercer de façon
autonome, de pouvoir répondre aux besoins des populations, et, à tous les
niveaux, on vient transformer notre capacité à exercer dans le système de santé,
que ce soit au niveau d'une hiérarchie par le directeur médical, la fusion de
notre conseil professionnel au CMDP ou encore des processus disciplinaires qui
ne respectent peut-être même pas les droits fondamentaux d'équité procédurale
et d'être évaluées par nos pairs.
Donc, des grandes préoccupations que nous
avons, et, pour ça, nous avons aussi des recommandations. On pense que c'est
important de saisir l'opportunité de ces grands changements qui ont lieu, qui
sont importants pour la population, et, en ce sens, une première
recommandation, qui est, de toute évidence, la plus importante, c'est le
maintien du conseil des sages-femmes. Je ne vais pas en dire plus longtemps,
mais vous... voyons, vous informer à quel point le conseil professionnel des
sages-femmes est l'organe qui a permis aux sages-femmes de continuer à offrir
tous les services qu'elles pouvaient offrir durant la pandémie, parce que c'est
une place où il y a une gestion de proximité, un objectif du ministre, et donc
de pouvoir réagir, par exemple, lorsqu'il y a une pénurie de main-d'œuvre dans
un service de sages-femmes.
Je ne vous en dis pas plus long sur nos
recommandations. Je veux simplement vous rappeler qu'on veut être entendues en
commission et je remercie, là, Vincent Marissal. Je vais passer la parole à
Sarah Landry. Je n'ai pas fait état des recommandations que nous avons, mais la
place des usagères et la profession sage-femme, nous sommes liées depuis les
tout débuts, et elle va pouvoir vous en dire plus. Merci.
Mme Landry (Sarah) :
Bonjour. Bonjour à tout
le monde. Merci, M. Marissal, de nous donner cette possibilité de prendre
la parole.
Donc, je suis la maman de deux enfants qui
sont nés en présence de mes sages-femmes. Je représente aujourd'hui la
Coalition pour la pratique sage-femme, qui est une coalition qui regroupe 15
organisations nationales, communautaires et féministes depuis 1988. La
coalition a été de tous les combats depuis la réintégration de la pratique
sage-femme au Québec.
Ma présence aujourd'hui aux côtés du
regroupement n'est pas anodine. La pratique est née de la demande des familles,
et cette demande est toujours très présente et grandissante au Québec. Les
données les plus récentes qu'on a sont celles recueillies dans le cadre du
développement des services en Abitibi-Témiscamingue dans la dernière année, et
il y avait 40 % des familles qui voulaient un suivi complet avec
sage-femme et plus de 50 % des familles qui désiraient recourir aux
services d'une sage-femme dans un moment de leur suivi. Donc, cette demande,
elle est présente, et ce qui est central à cette demande, c'est d'avoir un
accompagnement qui n'est pas seulement sur l'aspect médical, d'avoir une
relation de confiance qui nous permette surtout de faire des choix pendant
notre grossesse, notre accouchement.
On est aujourd'hui en train de parler
d'une importante réforme de la santé. C'est une occasion de marquer l'histoire.
On aimerait, comme ça a été dit ce matin en commission parlementaire, que le
projet de loi soit un levier pour faire reconnaître la profession sage-femme.
On souhaite que nos sages-femmes soient encore mieux reconnues et qu'elles
soient autonomes, parce que c'est l'autonomie des sages-femmes qui va nous
permettre de répondre à nos besoins.
Et, en terminant, j'aimerais aussi vous
parler de nos propositions. Donc, la Coalition pour la pratique sage-femme
travaille très fort pour être capable d'écrire un mémoire, pour être capable de
faire des propositions, et j'en nomme deux ici. Donc, le projet de loi pourrait
être une occasion de formaliser les comités de parents, qui sont déjà présents,
depuis 25 ans, dans les maisons de naissance, et aussi d'ajouter une usagère au
conseil des sages-femmes pour encore mieux que les familles contribuent à
l'amélioration continue des services, qui est un des objectifs du projet de
loi.
En terminant, j'aimerais dire qu'on lance
aujourd'hui une campagne d'information et de mobilisation parce que toutes les
familles usagères du Québec ne savent pas que ce projet de loi vient affecter
les services qu'elles demandent. Alors, pour nous : Sage-femme sous
l'autorité médicale, non merci! Son autonomie, mes choix, j'y tiens! Alors, on
veut que toutes les... la population du Québec puisse nommer à tous les partis
confondus qu'elle souhaite des sages-femmes autonomes. Merci encore pour cette
occasion.
La Modératrice : Merci
beaucoup.
M. Marissal : Merci. Merci,
tout le monde.
(Fin à 13 h 10)