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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration, de francisation et d’intégration

Version finale

Tuesday, May 9, 2023, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Content de vous retrouver à l'Assemblée nationale en ce beau mardi. D'abord, je veux revenir sur ma journée d'hier. J'ai passé la journée en Mauricie. J'ai rencontré des élus, j'ai rencontré des citoyens, des citoyennes, j'ai rencontré des dizaines de personnes qui sont très inquiètes, très inquiètes par l'explosion des claims miniers en ce moment au Québec. Grâce aux questions de ma collègue Alejandra, on a appris, il y a quelques jours, que, dans les deux dernières années, il y a eu 65 % d'augmentation des claims miniers au Québec. C'est maintenant 10 % du territoire québécois qui est claimé en vertu de notre régime archaïque de droits miniers.

Il y a une ruée vers l'or au Québec. Il y a une ruée vers l'or, et, en ce moment, ça se fait de manière incontrôlée, ça se fait de manière chaotique, sans respecter les citoyens et citoyennes, sans respecter les élus locaux qui veulent protéger leur territoire, qui veulent porter la voix de leurs citoyens et citoyennes et qui ne sont pas capables de le faire parce qu'on a un régime minier d'une autre époque, qui met le droit minier à la même hauteur que le droit divin, hein? Il y a, au Québec, une préséance du droit minier sur toutes les décisions des pouvoirs locaux, sur toutes les décisions des municipalités. C'est un énorme problème.

On a besoin d'une pause. On a besoin de prendre un temps d'arrêt pour revoir le droit minier au Québec. Sur le terrain, moi, ce que j'ai senti hier, c'est des citoyens, des citoyennes, des élus désemparés. Il y a une vraie crise, là, dans plusieurs régions du Québec, et le gouvernement de la CAQ ne peut plus l'ignorer, il doit agir. Ce qu'on lui demande, c'est un moratoire temporaire sur tout nouveau claim minier au Québec, le temps de changer les règles du jeu, parce qu'en ce moment ça n'a pas d'allure, ce qui se passe dans plusieurs régions du Québec. Il faut prendre une pause pour mettre de l'ordre dans ce système-là.

Je veux, bien sûr, aussi vous parler d'un projet de loi qui est bien attendu à Québec solidaire aujourd'hui, celui qui porte sur Airbnb, sur l'encadrement de l'hébergement touristique. Vous savez, ça fait depuis 2017, ça fait depuis 2017, à Québec solidaire, qu'on martèle la nécessité d'une loi qui vient responsabiliser Airbnb quant à la légalité des annonces qui sont affichées sur son site. Ça fait depuis 2017 qu'on mène cette bataille-là, et peut-être, c'est ce qu'on espère, qu'aujourd'hui le gouvernement du Québec va aller dans ce sens-là. C'est ce qu'on s'attend à voir dans ce projet de loi là. Et on aurait dû le faire il y a bien longtemps. Ça n'aurait pas dû prendre des tragédies comme celle du Vieux-Montréal pour qu'on agisse, mais, si c'est pour être aujourd'hui qu'on franchisse ce pas, tant mieux. On va collaborer avec la CAQ pour adopter le projet de loi rapidement si le projet de loi va dans la bonne direction, s'il responsabilise enfin, enfin, enfin Airbnb à propos de ce qui se passe sur son site Internet. On a très hâte de lire le projet de loi, c'est le moins qu'on puisse dire. Guillaume.

M. Cliche-Rivard : Merci. Bonjour, tout le monde. Il s'est dit beaucoup de choses en matière d'immigration dans les derniers jours. Je voudrais quand même rappeler l'apport extraordinaire de nos immigrants au Québec, notamment de nos travailleurs étrangers temporaires, qui participent activement à l'économie de notre province dans le contexte de la pénurie de main-d'oeuvre.

Les Québécois, les Québécoises l'ont bien vu, notamment pendant la pandémie, dans le réseau de la santé, tout l'apport que l'immigration peut apporter au Québec et à quel point c'est important qu'on ait des politiques d'intégration qui fonctionnent. Il est devenu évident que le modèle caquiste ne fonctionne pas. Le fait de maintenir nos immigrants, immigrantes dans la précarité d'un statut temporaire sans leur offrir, pour plusieurs, de voie réelle permettant d'obtenir la résidence permanente, ce n'est pas bon pour le Québec.

Notons que la CAQ abandonne maintenant certaines revendications face au fédéral en matière d'immigration, notons l'échec de la réforme du PEQ, notons que le ministre Roberge... s'insurge, pardon, sur la non-francisation des temporaires mais que c'est la responsabilité du gouvernement de le réussir et c'est une autre preuve d'échec.

Pourtant, en crédits budgétaires, la semaine dernière, suivant ma demande, la ministre de l'Immigration a refusé catégoriquement d'inclure les immigrants temporaires dans les débats sur les seuils d'immigration. À notre avis, il ne fait aucun sens de débattre de seuils d'immigration sans inclure nos immigrants temporaires dans nos cibles, dans nos programmes.

Ce qu'on demande depuis longtemps, c'est d'avoir une réelle consultation avec les experts sur l'immigration. C'est vrai qu'il y a des défis en immigration. Il faut franciser davantage en entreprise, il faut qu'on innove, il faut qu'on réussisse, il faut qu'on se donne les conditions pour y arriver. Je l'ai vu, je l'ai vécu avec plusieurs familles dans mon ancien boulot, l'intégration et la francisation, ça fonctionne, ça marche si on se donne les moyens d'y arriver, et c'est notre mandat, c'est notre responsabilité pour le Québec, et c'est là-dessus que je compte travailler dans les prochains mois, dans les prochaines années. Merci.

M. Lacroix (Louis) : M. Nadeau-Dubois, la culture, ce n'est pas juste une question de langue, c'est beaucoup plus large que ça. Est-ce que la culture québécoise est menacée par des cibles d'immigration élevées?

M. Nadeau-Dubois : La culture québécoise est menacée par bien des choses, et le statut de la nation québécoise au sein d'une Amérique du Nord quasi exclusivement anglophone... le statut de cette culture-là va toujours être précaire. C'est pour ça qu'à Québec solidaire on pense que c'est au gouvernement du Québec, et au gouvernement du Québec seulement, de déterminer les cibles d'immigration.

Par contre, la question qu'il faut se poser, c'est : Est-ce qu'on y croit pour vrai, à la francisation ou à l'intégration, et... en fait, à la francisation et à l'intégration? Nous, on y croit pour vrai. Nous, on pense, à Québec solidaire, que, si on rend la francisation disponible, accessible pour vrai, pas le mercredi soir après avoir fini tes deux jobs, là, mais de la francisation en entreprise, gratuite, accessible, facile... est-ce que ça peut marcher? Nous, on pense que oui. Nous, l'intégration au Québec, on y croit.

Donc, il n'y a pas d'incompatibilité entre une politique d'immigration qui est ouverte sur le monde puis une culture francophone québécoise qui grandit, qui s'épanouit puis qui fleurit. Pas si on prend nos responsabilités, pas si on prend toutes nos décisions, pas si on investit en intégration puis en francisation.

M. Lachance (Nicolas) : Mais est-ce que c'est vraiment la langue qui va sauver la culture québécoise? Par exemple, même l'immigration, qu'elle vienne d'Afrique ou de la France, lorsqu'ils arrivent ici, est-ce qu'ils adhèrent réellement à la culture québécoise?

M. Nadeau-Dubois : La culture québécoise, selon moi, ce n'est pas quelque chose qui est figé dans le temps, ce n'est pas un artefact dans un musée qui ne devrait pas changer puis qu'on devrait préserver intact. La culture québécoise, c'est quelque chose qui change, qui bouge, qui grandit, qui se modifie. Au fur et à mesure que des gens s'ajoutent à la nation québécoise, la culture québécoise, elle bouge aussi, elle change aussi. Et donc les Québécois... les immigrants, les immigrantes qui deviennent des Québécois, Québécoises en arrivant au Québec, ils contribuent à la faire grandir, puis à la réinventer, puis à la faire grandir, la culture québécoise. Moi... Notre vision de la culture, ma vision de la culture québécoise, c'est quelque chose où il y a de la place pour la contribution des Africains, des Asiatiques, des Européens, tout comme il y a de la place pour La Bottine souriante puis Gaston Miron, là. Tout ça va ensemble, puis une bonne... Pour moi, la culture québécoise contemporaine, elle est à l'image du Québec d'aujourd'hui, c'est-à-dire avec des provenances diverses, avec des origines diverses.

M. Lacroix (Louis) : ...c'est parce que vous dites : La Bottine souriante, Gaston Miron...

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est des référents plus traditionnels de la culture...

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que ça veut dire que la culture québécoise, c'est du folklore?

M. Nadeau-Dubois : Gaston Miron, je ne pense pas que c'est folklorique.

M. Lacroix (Louis) : Non, non, mais c'est parce que, quand vous ramenez ça à La Bottine souriante, à des...

M. Nadeau-Dubois : Non, non, mais je pourrais dire... je pourrais prendre plein d'autres exemples, là, comprenez-moi bien. Ce que je dis, c'est qu'il y a des référents plus traditionnels à la culture québécoise puis il y a des référents plus contemporains, puis je pense qu'une culture québécoise riche et en santé, c'est une culture où il y a de la place pour tout ça. Puis, dans nos écoles, la culture québécoise, ça peut être à la fois les grands classiques, ça peut être Le libraire, de Gérard Bessette, mais ça peut être aussi le hip-hop qui se crée dans certains quartiers de Montréal. Pour moi, la culture québécoise, c'est large, c'est grand, il y a de la place pour tout le monde là-dedans. En tout cas, c'est ça, notre vision.

Des voix : ...

M. Cliche-Rivard : Non, mais j'aimerais ajouter. Tu sais, on parle de culture québécoise, moi, j'ai les exemples d'immigration super bien réussie. On parle de Kim Thúy, on peut parler de Dany Laferrière, de Boucar Diouf. On a plein de modèles québécois exemplaires de réussite puis de participation à la culture québécoise qui nous font rayonner à travers le monde. Et ce sont 100 % des gens du Québec qui font vibrer la culture du Québec. Donc, ramenons-le aussi à des idées. Ramenons-le à des vraies personnes. Ramenons-le à des symboles. Je pense que c'est important.

M. Nadeau-Dubois : D'ailleurs, j'écoute beaucoup La Bottine souriante, hein, j'espère que vous ne comprenez pas mal mon exemple. C'est un monument de la culture québécoise, puis ce n'est pas... Je ne veux pas regarder ça de haut ou ridiculiser ça du tout, là, comprenez-moi bien.

M. Lecavalier (Charles) : Est-ce que c'est possible de s'arrimer aux cibles fédérales d'immigration tout en préservant la culture et la langue française?

M. Nadeau-Dubois : Bien, ça, ce n'est pas... Nous, ce n'est pas notre projet. Notre projet, c'est l'indépendance du Québec, notamment pour qu'on puisse prendre toutes nos décisions sur tous les sujets, notamment l'immigration.

M. Lecavalier (Charles) : ...je comprends. Moi, je vous pose...

M. Nadeau-Dubois : Puis les cibles actuelles du gouvernement fédéral, elles ne sont pas alignées sur les propositions de Québec solidaire. Nous, notre proposition, en campagne électorale, était claire, on pense qu'on doit faire un vrai débat sur la capacité d'accueil au Québec, enfin la définir de manière plus sérieuse.

D'ailleurs, la ministre Fréchette l'a reconnu lorsque Guillaume a posé la question en crédits : Avez-vous quelque chose qui ressemble à une étude ou une définition objective de la capacité d'accueil du Québec?, et la réponse, ça a été non, parce que, malheureusement, c'est un concept qui a été utilisé surtout de manière politique dans les dernières années, mais on ne s'est jamais attelé à vraiment le définir. Nous, on avait joué jeu ouvert sur cette question-là durant la campagne électorale.

M. Lecavalier (Charles) : M. Cliche-Rivard, je vous pose la question à vous, là, est-ce que les cibles d'immigration du gouvernement fédéral menacent la langue française ou la culture québécoise?

M. Cliche-Rivard : Nous, c'est certain, comme Gabriel l'a dit... Puis je le redis, là, la souveraineté, c'est notre objectif, puis 100 % des pouvoirs en immigration, c'est mon objectif aussi. Maintenant, nous, on a des cibles, puis on les a avancées, puis je veux qu'on en discute avec les experts. Je veux qu'il y ait des consultations qui intègrent les immigrants et les temporaires et qu'on entende les experts sur cette vraie question centrale, mais, plus important, il faut qu'on réussisse la francisation. Si on n'est pas capables de la faire...

Une voix : ...

M. Cliche-Rivard : Bien, c'est parce que la question est directement liée. Parce que, si on échoue en francisation...

M. Lecavalier (Charles) : ...à Ottawa qui a des cibles d'immigration. Je comprends que vous, vous avez des positions, là. Vous êtes le deuxième parti d'opposition à Québec.

M. Cliche-Rivard : Tout à fait.

M. Lecavalier (Charles) : Là, il y a un gouvernement au pouvoir à Ottawa qui a des cibles d'immigration. Moi, la question que je vous pose, c'est : Est-ce que ces cibles-là menacent...

M. Cliche-Rivard : Moi, j'ai dit que je n'étais pas en accord avec ces cibles-là. J'ai dit que je suivais le 60 000-80 000 qu'on a mis de l'avant puis qu'on va continuer de militer pour le plein pouvoir.

Des voix : ...

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce qu'elles ont de pas correct, ces cibles-là?

M. Nadeau-Dubois : Il y avait deux questions en même temps. Excusez-moi, là.

M. Lecavalier (Charles) : Est-ce que c'est une menace, cette cible-là?

M. Nadeau-Dubois : Bien, si... Nous, on a fait une proposition d'une fourchette où on pense que c'est raisonnable puis, si c'est au-dessus de cette fourchette-là, bien, on pense que ce n'est pas raisonnable, on pense que c'est des mauvaises cibles pour le Québec pour plusieurs raisons. Il y a plusieurs facteurs. Bien sûr, la langue est un facteur. Bien sûr, la capacité de nos organismes communautaires est un facteur. La capacité de bien fournir la francisation est un facteur. Il n'y a pas, selon Québec solidaire, d'incompatibilité entre des objectifs d'immigration plus ambitieux que ceux qu'on a en ce moment puis une culture francophone en santé qui s'épanouit, mais il faut bien faire les choses puis il faut que ces décisions-là se prennent à Québec, pas à Ottawa.

M. Lacroix (Louis) : Je veux juste revenir sur ce que vous avez dit, là, sur la menace de la culture, la culture... Est-ce que les Québécois doivent faire leur deuil de la culture qu'ils ont en ce moment? Parce que vous dites que la culture, c'est en mouvance, que ça s'adapte, que ça progresse, etc.

M. Nadeau-Dubois : Exact. Depuis toujours. Depuis toujours.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que la culture qu'on connaît, là, depuis... les Québécois doivent faire leur deuil de ça et dire : On oublie ça, ça ne sera plus jamais comme ça, il faut aller ailleurs?

M. Nadeau-Dubois : Bien, en fait, je pense que c'est une excellente question.

M. Lacroix (Louis) : C'est ce que je pense aussi.

M. Nadeau-Dubois : Vous êtes d'accord avec mon appréciation de votre question? Parce que la culture québécoise, là, elle change et elle a toujours changé. Quand les Irlandais sont débarqués, la culture québécoise, elle s'est enrichie de leur apport. On parlait de la musique traditionnelle québécoise, là, tantôt, bien, il y a de l'influence irlandaise mur à mur dans cette tradition musicale là au Québec. Quand les «boat people» sont débarqués, ils ont enrichi la culture québécoise. Quand les Italiens sont débarqués, ils ont enrichi la culture québécoise. La communauté juive, qui, à Montréal, a été très importante historiquement, elle a enrichi la culture québécoise. On parlait de la fermeture d'une institution vénérable du smoked meat montréalais. Ça fait partie de la culture québécoise, le smoked meat. Ça vient d'où? Ça ne vient pas... Ça ne vient pas des Filles du roi, là.

Je veux dire, toute l'histoire de la culture québécoise, c'est l'histoire de gens qui s'ajoutent à la nation québécoise puis qui contribuent de plein de manières à enrichir notre culture puis nos traditions. La culture, elle n'est pas figée, elle n'a jamais été figée. Puis, moi, ce que je veux, c'est qu'au Québec on pose les gestes nécessaires pour continuer à accueillir des gens de partout dans le monde tout en faisant grandir cette culture-là.

Et, bien sûr, c'est un défi à l'heure des GAFAM, à l'heure d'une globalisation économique où l'anglais domine. Ça, c'est des nouveaux défis qui s'ajoutent aux défis qui ont toujours été ceux du Québec comme nation minoritaire en Amérique du Nord. Mais moi, j'ai une vision optimiste de ces questions-là. Il ne faut pas faire ça n'importe comment. Il faut prendre les bonnes décisions. Il faut investir aux bons endroits. Mais je ne suis pas un décliniste. Je ne pense pas qu'on est condamnés à un déclin. Je pense que, si on prend toutes nos décisions par nous-mêmes au Québec, qu'on investit en culture, qu'on investit en éducation, qu'on investit en francisation puis en intégration, la culture québécoise a un bel avenir devant elle.

J'entends beaucoup de gens déplorer... disons, s'inquiéter de l'impact de l'immigration sur la culture. Qu'en est-il de l'impact de notre système d'éducation sur la culture? Ça aussi, c'est un facteur déterminant pour notre capacité à transmettre la culture aux générations suivantes. Pensez-vous que ça donne le goût de la culture, passer sa journée dans une école pas de fenêtre? Je ne pense pas.

M. Lachance (Nicolas) : La culture change, là, vous dites, au gré des nouveaux arrivants, mais ces arrivants-là arrivent également avec un système culturel et de valeurs qui leur est propre. Jusqu'où on... Par exemple, il y a certaines personnes qui arrivent ici que le droit des femmes est bafoué dans leur pays, arrivent avec ce système-là de... cet aspect-là culturel à eux. Est-ce qu'on laisse ça tout le temps s'entremêler ou on... il faut intervenir par moments?

M. Nadeau-Dubois : Bien, les menaces à l'égalité entre les hommes et les femmes, il y en a beaucoup. Puis, en ce moment, le leader politique qui a la position la plus ambiguë sur la question, c'est un petit gars bien de chez nous, il s'appelle Pierre Poilievre, là. Donc, je veux dire, les menaces à l'égalité entre les hommes et les femmes, il y en a beaucoup. Il y a des menaces économiques, il y a des menaces politiques, il y a des mouvements religieux qui veulent retirer des droits aux femmes, et ces gens-là viennent parfois d'ici, parfois d'ailleurs. Le droit des femmes à choisir pour leur corps, le droit des femmes à la pleine liberté, à la pleine autonomie, à la pleine dignité, c'est un combat qu'il faut toujours continuer. Mais, comprenez-moi bien, on n'a pas besoin d'avoir de l'immigration pour avoir des défis sur le plan de l'égalité entre les hommes et les femmes, ces défis-là existent au Québec depuis très longtemps.

M. Lecavalier (Charles) : On voit qu'il y a de plus en plus d'immigrants francophones qui vont s'établir dans d'autres provinces du pays parce que c'est trop difficile... au Québec. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.

M. Nadeau-Dubois : Sur le fait que?

M. Lecavalier (Charles) : Il y a de plus en plus d'immigrants francophones qui choisissent de s'établir ailleurs au Canada parce que c'est difficile de venir au Québec.

M. Nadeau-Dubois : Guillaume?

M. Cliche-Rivard : Bien, c'est tout à fait vrai. Il y a des choses dont on a parlé en crédits. Par exemple, moi, j'ai parlé à la ministre du fait que... comment ça se fait que les gens paient leur certificat de sélection du Québec, qui est quelque 900 $, puis ils repaient le même frais complet au niveau d'Immigration Canada, alors que c'est le Québec qui fait sa sélection de l'immigrant économique. Si on a un candidat qui se destine en Ontario, il ne va payer qu'une seule fois au fédéral, qui va faire 100 % du travail. Donc, on est doublement désavantagés en termes de coûts et de délais. On a vu aussi, dans les derniers mois, à quel point nos immigrants, immigrantes attendent beaucoup plus longtemps que les candidats en Ontario ou aux autres provinces pour obtenir la résidence et on a vu, dans la complexification de nos programmes d'immigration, notamment le Programme de l'expérience québécoise, dans les deux dernières années, à quel point, malheureusement, c'est un échec complet. Et les chiffres ont drastiquement diminué dans nos programmes d'étrangers temporaires travailleurs, qui sont ici, francophones, qui pourraient accéder à la résidence permanente, nos étudiants, la même chose. Pendant ce temps-là, le reste du pays, le reste du Canada fait des accès rapides pour les francophones à l'extérieur du Québec.

Alors, c'est évident, mais on en est responsables, et il va falloir qu'on se regarde dans le miroir parce que, si on veut attirer et si on veut garder nos étudiants francophones, si on veut garder nos travailleurs étrangers francophones, il va falloir leur donner un accès réel à la résidence permanente. Et c'est ça qu'on demande, qu'on ait des programmes, réellement arrimés, de résidence permanente pour nos temporaires, et non pas qu'on les maintienne dans la précarité, qui fait que ces gens-là vont quitter, parce qu'à un moment donné tu veux le savoir, tu veux le savoir : Coudon, moi, je vais-tu obtenir la résidence l'année prochaine, ma famille va-tu pouvoir s'établir avec moi, mes enfants vont-tu pouvoir venir? Regarde, en Ontario, ils m'offrent une voie rapide. Dans six mois, je vais être résident permanent. Au Québec, ça va être dans quatre ans.

C'est sûr que la question se pose, mais, si on est raisonnable... on est responsable... C'est la CAQ qui est responsable de son bilan, et là, quelques années plus tard, fait le constat d'échec que tout le monde avait dit. Tous les groupes avaient prédit que la réforme du PEQ, ça allait être un échec patent. Puis on le constate aujourd'hui, c'est le bilan caquiste, puis ça a eu des...

M. Lecavalier (Charles) : Dernière petite question. L'immigration temporaire... Est-ce que l'explosion du nombre d'immigrants temporaires, c'est la démonstration qu'il faut hausser les seuils d'immigration permanente et qu'on a besoin d'eux pour faire rouler l'économie?

M. Cliche-Rivard : Il faut qu'on ait une discussion réelle, parce que des gens qui obtiennent un permis de travail ont fait la démonstration d'une pénurie de main-d'oeuvre dans leur secteur. Des entreprises ont envoyé des offres d'emploi, ils n'ont pas eu de réponse, ils ont été obligés d'aller à l'international pour combler les postes. Ce n'est pas un processus simple et facile, et Immigration Canada, avec le Québec, qui joue un rôle en émettant des certificats d'acceptation, n'émet aucun permis quand il y a quelqu'un qui est prêt à faire la job au Québec, c'est impossible. Donc, s'il y a une job, s'il y a un permis de travail qui est émis, c'est parce qu'il y avait un manque, c'est parce qu'il y avait une ressource. Et là il faut qu'on débatte et il faut qu'on ait des discussions en matière de plan sur la place de ces temporaires-là de manière pérenne dans le marché de l'emploi du Québec pour leur donner accès à la résidence permanente quand les besoins sont péreins.

M. Nadeau-Dubois : Tu sais, en campagne électorale... Juste poursuivre là-dessus. En campagne électorale, Québec solidaire martelait que le débat sur l'immigration ne pouvait pas seulement être un débat de chiffres, que ça devait être un débat de modèle. Le monde nous regardait : Qu'est-ce qu'ils veulent dire? Bien, c'est ça qu'on voulait dire, que, pendant qu'on a des débats politiques, parfois un peu superficiels, sur le seuil d'immigration permanente, bien, on assiste, depuis les dernières années, à une explosion de l'immigration temporaire. Donc là, on se débat. 50 000, 60 000, 40 000, tout le monde fait ses propositions. Il y a 300 000 — c'est ça? — ...

M. Cliche-Rivard : À peu près.

M. Nadeau-Dubois : ...300 000 immigrants, immigrantes temporaires au Québec. Donc, il faut avoir le débat sur notre modèle d'immigration. Est-ce qu'on veut un modèle d'immigration permanente, régionalisée, francisée, bien intégrée ou on veut un modèle d'immigration temporaire, donc précaire, donc fragile, donc qui s'intègre moins, pas parce qu'elle ne le veut pas, mais parce qu'elle vit avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête et donc elle ne le peut pas?

M. Duval (Alexandre) : Les pleins pouvoirs en immigration, c'était pas mal aussi l'objectif de la CAQ, et là on a l'impression que cet objectif-là n'est plus tout à fait le leur. Peut-être... Je ne sais pas qui de vous deux voudra prendre la question, mais qu'est-ce que... est-ce que le Québec a quelque chose à perdre à potentiellement ouvrir l'accord Québec-Canada sur l'immigration? Est-ce que c'est ouvrir une boîte de Pandore si on s'en va renégocier ça?

M. Nadeau-Dubois : Ces contradictions-là, c'est les contradictions qui appartiennent au gouvernement de la CAQ, parce que nous, on les veut, tous les pouvoirs, parce qu'on veut que le Québec ait tous les pouvoirs dans tous les domaines. Si la CAQ s'enfarge dans ses engagements, c'est parce qu'elle a fait des engagements tout croche, et on en a eu plusieurs exemples dans les derniers mois.

M. Duval (Alexandre) : ...l'argent du fédéral pour l'immigration, on reçoit des centaines de millions par année. Est-ce que ça ne fait pas aussi partie de l'équation, ça, ce qu'on reçoit versus ce qu'on risque de perdre si on ouvre l'accord?

M. Cliche-Rivard : Bien, ça va être une question de choix et de priorités. Je veux dire, dans le Québec souverain, on va contrôler notre immigration, puis ça va faire partie de nos responsabilités, puis on va en recevoir la plus-value. Je veux dire, ce débat-là, on ne l'aurait pas dans un Québec souverain parce que, finalement, on choisirait qui arrive, on choisirait nos politiques, on choisirait nos seuils, en manière permanente et temporaire. Donc, après, on serait responsables de nos propres choix et de nos... et des conséquences de nos choix. Et puis je pense qu'on réussirait à franciser beaucoup plus, on aurait des cibles qui sont beaucoup plus arrimées avec nos besoins, puis on aurait un programme d'immigration qui fonctionne... puis qu'on ne laisse pas constamment dans la précarité les temporaires, sans jamais leur donner un accès à la pérennisation de leur statut avec la résidence permanente.

M. Bergeron (Patrice) : ...de Statistique Canada, là, ce que je vois, là, 346 000 personnes non résidentes permanentes sont au Québec. Est-ce qu'on pourrait considérer, le plus rapidement possible, leur donner une résidence permanente, à ces gens-là, là, rapidement, à ces 346 000 personnes là?

M. Cliche-Rivard : Bien, nous, on est dans nos cibles, on est dans les chiffres, on a fait une évaluation puis on veut entendre les experts sur les chiffres. Cela dit, une voie rapide à l'accès à la résidence permanente pour les gens qui répondent aux besoins qu'on va définir... qu'on a définis dans nos programmes d'immigration, c'est quelque chose qu'on va mettre de l'avant. Après, on ne régularisera pas ou on ne donnera pas un statut pérein à 350 000 personnes d'un coup. La machine n'est pas capable de l'absorber de toute façon. On va faire... On ferait les choses de manière ordonnée, avec la francisation et la régionalisation au cœur de nos programmes puis de nos plateformes.

M. Nadeau-Dubois : Oui, bien, juste pour compléter là-dessus, souvent, ces 300 000 personnes là, là, elles sont déjà au Québec. Alors, quand on parle d'immigration, pourquoi est-ce qu'on ne commence pas par ces gens-là? Ces gens-là prennent déjà un logement, ils sont déjà dans nos services publics. Donc, ce n'est pas un poids supplémentaire pour la société québécoise, pour reprendre les mots de certains politiciens là-dessus, au contraire. Donc, nous, on l'a dit depuis la campagne électorale, pendant qu'on débat de seuils d'immigration permanente, il y a des gens déjà sur le territoire du Québec qui sont... qui veulent devenir des Québécois, des Québécoises. Pourquoi on ne commence pas par offrir à ces gens-là une voie rapide vers l'immigration permanente? Et ces gens-là sont déjà parmi nous, souvent envoient déjà leurs enfants à l'école francophone, puisque la loi 101 s'applique. Je veux dire, il n'y a pas de raison de ne pas sortir ces gens-là de leur statut précaire sauf l'obstination idéologique à respecter un seuil de 50 000 qu'on a promis en élection pour des raisons un peu superficielles, puisque ce n'est pas basé sur aucune étude sérieuse.

M. Lacroix (Louis) : Juste revenir, en terminant, sur l'outil que vous avez mis en ligne, là, pour les claims miniers.

M. Nadeau-Dubois : Oui, les claims miniers, oui.

M. Lacroix (Louis) : Je suis allé sur cet outil-là, puis, quand on clique dessus, la première chose qui apparaît, c'est un formulaire où on remplit le nom, numéro de téléphone, adresse courriel. Puis, quand on va en bas complètement, on vous suggère de faire des dons à QS.

M. Nadeau-Dubois : Bien sûr, oui.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que c'est un outil qui sert aussi à renflouer votre banque de coordonnées en vue de la prochaine élection?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est un site de nature partisane. C'est pour ça que c'est hébergé et financé par des fonds partisans. Ce n'est pas l'initiative de notre aile parlementaire. Ça s'inscrit dans des mobilisations Web qu'on fait sur plusieurs enjeux. Si les gens ne souhaitent pas donner leurs coordonnées, ils ne nous les donnent pas. S'ils souhaitent nous les donner, ils nous les donnent pour qu'on puisse les recontacter dans le cadre de la mobilisation qu'on mène actuellement sur les claims miniers et de d'autres mobilisations potentielles. Ça fait partie, en 2023, des outils qu'ont les partis politiques pour rejoindre les citoyens, citoyennes, pour faire de la mobilisation. Et, si les gens souhaitent avoir de l'information sur les claims miniers sans être en contact avec Québec solidaire, la plateforme officielle du gouvernement du Québec existe toujours, GESTIM, je pense qu'elle s'appelle. Elle n'est pas très...

M. Lacroix (Louis) : ...pas mis un lien direct vers ça...

M. Nadeau-Dubois : Bien, parce qu'on mène, on mène, comme formation politique, une mobilisation sur cette question-là. On a des revendications, on a des demandes, on a des arguments à faire valoir à la population, puis ça fait partie des rôles... du rôle des partis politiques, dans leur animation de la vie démocratique d'une société comme la nôtre, de mettre de l'information, de faire des initiatives de mobilisation.

M. Duval (Alexandre) : Il ne faudrait pas l'indiquer clairement aux gens, M. Nadeau-Dubois : Vos données, ce n'est pas juste pour le moratoire, mais QS pourrait les utiliser...

M. Nadeau-Dubois : Quand les gens consentent à donner leurs données, c'est indiqué clairement qu'on peut les recontacter par la suite. Nous, on s'assure que tous nos sites de ce genre-là... Ce n'est pas le premier. Puis d'ailleurs les partis politiques, pas mal, à travers le monde mènent ce genre d'opérations là maintenant. On respecte les lois québécoises sur les données personnelles, bien sûr.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Comment ça se passe, votre campagne pour recueillir des dons?

M. Nadeau-Dubois : Ça va bien, ça va bien...

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais, depuis... Vous avez envoyé un appel il y a deux semaines, je pense.

M. Nadeau-Dubois : Oui, pour mobiliser notre gang, un peu, à continuer le financement, mais on est sur la route pour atteindre nos objectifs de financement.

M. Denis (Maxime) : Sur les deux chefs qui ont quitté au CIUSSS de l'Estrie-CHUS, les chefs de département qui sont découragés des améliorations qui ne voient pas le jour dans le système de santé, quel message ça envoie, justement? Est-ce qu'on s'en va vers une vague de départs?

M. Nadeau-Dubois : Vous me l'apprenez. Au CHU de?

M. Denis (Maxime) : ...

M. Nadeau-Dubois : L'Estrie. Je vais référer à ma collègue de Sherbrooke, qui connaît bien la situation sur le terrain dans sa région.

M. Lachance (Nicolas) : Le conflit entre Boralex et la communauté à Warwick, est-ce que vous craignez que ça... qu'il y en ait de plus en plus avec l'explosion, là, des parcs éoliens puis le plan du gouvernement du Québec actuellement?

M. Nadeau-Dubois : Cette situation-là est un peu... je pense, est un symptôme. C'est un symptôme des défis que ça représente pour le Québec, la transition énergétique. On parlait des claims miniers tantôt, là on parle des éoliennes. C'est la démonstration qu'on a besoin d'une vraie vision à long terme pour planifier l'avenir énergétique du Québec. Parce qu'Hydro-Québec a été claire, il faut développer des nouvelles capacités. L'éolien, c'est une des manières d'y arriver. Il y a le solaire aussi un peu, il y a potentiellement, peut-être, des nouveaux barrages. On ne peut pas gérer ça à la pièce sur le coin d'une table. La demande des groupes de tenir un... de plusieurs groupes en environnement, en énergie de tenir un BAPE générique sur l'avenir énergétique du Québec, je pense que c'est une proposition que la CAQ doit envisager sérieusement, parce que ça nous permettrait justement de faire le tour d'horizon sur c'est quoi, les défis, pour avoir un plan de match puis qu'il y ait une adhésion de la population québécoise à un vrai plan de match pour l'avenir énergétique du Québec. Et ça, ça va nous aider à dénouer des situations d'acceptabilité sociale ou de conflit local comme celle à Warwick.

M. Lachance (Nicolas) : Est-ce que c'est quand même un pas en avant, la consultation qu'il y aura le 15 mai prochain? Est-ce que vous allez y participer?

M. Nadeau-Dubois : Sur?

M. Lachance (Nicolas) : Sur l'avenir énergétique du Québec.

M. Nadeau-Dubois : Je pense que quelqu'un de chez nous va y participer, oui, mais ce ne sera pas moi personnellement. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 29)