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Point de presse de M. Haroun Bouazzi, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de finances

Version finale

Thursday, April 27, 2023, 13 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quarante et une minutes)

M. Bouazzi : Merci beaucoup. J'ai énormément de plaisir à être ici aujourd'hui. On a déposé, donc, un projet de loi qui touche directement à la mission de la Caisse de dépôt. Pour mettre en contexte, la situation du réchauffement climatique est grave. Je pense qu'on devrait toujours rappeler que les 20 prochaines années sont déjà écrites par la pollution qu'on a faite dans les dernières années. Tout ce qu'on va faire, actuellement, va commencer à avoir des effets à partir de 2040. On va très probablement atteindre le 1,5° de réchauffement. Et ici, au Québec, on s'attend à une augmentation, d'ailleurs, supérieure, parce que le 1,5° est une moyenne.

La Caisse de dépôt, c'est notre bas de laine. C'est une richesse commune qu'on a au Québec. C'est des investissements autour de 400 milliards de dollars, c'est des investissements mondiaux. La mission de la caisse n'a pas bougé depuis une vingtaine d'années. Actuellement, il y a deux fondements qui sont importants : un, évidemment, fructifier notre bas de laine et, de l'autre côté, participer à l'essor économique du Québec. Il est temps que les impacts écologiques et sociaux soient le troisième pilier sur lequel s'appuie la caisse. Je pense qu'aucune Québécoise, aucun Québécois ne voudrait que les fonds de pension, leurs fonds de pension soient investis dans quelque chose qui va encore empirer la situation. Et donc nous avons besoin d'une saine gouvernance qui entoure ces investissements-là. Et nous mettons aujourd'hui une mise en jeu pour le débat public et nous espérons qu'il aura un écho.

Évidemment, on sait déjà qu'il a un écho dans la société civile, et j'ai la chance d'être accompagné aujourd'hui par des représentants d'associations de la société civile qui visent à sortir la caisse... en gros, à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, qui a commencé, évidemment, avec sortir la caisse des hydrocarbures.

Donc, je ne prendrai pas plus de votre temps. Je vais passer la parole, d'abord, à Mme Papineau, et puis, ensuite, M. Collard prendra la parole.

Mme Papineau (Krystel Marylène) : Merci beaucoup. Bonjour. La coalition Sortons la Caisse du carbone, un regroupement non partisan, réagit positivement au projet de loi déposé aujourd'hui par Québec solidaire qui vise la modernisation de la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec. La coalition travaille depuis plusieurs mois déjà à ce qu'un débat de société sur la loi sur la CDPQ ait lieu afin que celle-ci soit alignée avec la science et les grands défis auxquels l'humanité est confrontée, dont les changements climatiques et les effondrements de la biodiversité.

La CDPQ a amorcé un virage important vers des pratiques plus respectueuses des limites des écosystèmes, et celui-ci doit maintenant être encadré et pérennisé par une modification à la mission de la CDPQ de manière à ce qu'elle s'aligne... aligne, pardon, ses investissements sur des critères de protection du vivant plus larges que la seule rentabilité et le développement économique du Québec, comme c'est le cas présentement. L'inclusion d'objectifs sociaux et environnementaux à la loi permettrait également que les décisions de la CDPQ, telles que le désinvestissement du pétrole, ne dépendent plus seulement des aléas du marché financier ni du bon vouloir de ses dirigeants, mais que celles-ci soient inscrites dans une vision durable.

M. Collard (Sébastien) : Inchangée depuis 2004, la mission de la Caisse de dépôt et placement du Québec doit maintenant être cohérente avec l'Accord de Paris et amener la Caisse de dépôt et placement du Québec à respecter la science du climat, selon laquelle nous devons diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 50 % d'ici 2030.

Comme les émissions des placements que gère la caisse sont effectuées sur la Terre, nous demandons depuis longtemps plus d'ambition pour que les cibles de diminution de GES s'alignent sur les exigences du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, pour respecter de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Une modification à la loi pourrait la forcer à aller en ce sens.

Cibler la Caisse de dépôt et placement du Québec et sa loi habilitante est le début d'une réflexion qu'il faut avoir sur la responsabilité des fonds de pension et des institutions financières dans la crise climatique et l'effondrement de la biodiversité. Nous invitons tous les partis politiques, ainsi que tous les cotisants et les cotisantes à la Caisse de dépôt et placement du Québec à débattre de la question de manière à ce que la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec soit modernisée le plus rapidement possible. Merci.

M. Laberge (Thomas) : ...revenir sur le cœur de l'annonce. Au fond, vous demandez quoi, exactement, vous demandez que la caisse sorte des hydrocarbures, M. Bouazzi?

M. Bouazzi : On demande de changer la mission de la caisse pour que, dans sa gouvernance, elle soit obligée de rendre des comptes au gouvernement sur ce qui est non pas juste de sortir des hydrocarbures, mais sur des objectifs de baisse de gaz à effet de serre qui sont en ligne avec les recommandations du GIEC. Donc, ça, ça veut dire beaucoup de choses. Il n'y a pas juste, d'ailleurs, les baisses de gaz à effet de serre, il y a aussi le respect de la biodiversité et puis l'aspect social, vous savez, en cohérence avec les différentes COP qu'il y a eu. Il y a toute la question aussi du respect des droits des personnes autochtones, il y a aussi les conséquences de nos investissements par rapport au respect des droits de la personne.

On pense que l'argent qui est dans cette institution très importante pour les Québécoises et Québécois ne peut pas juste faire fi des conséquences qu'elle a et puis, évidemment, doit faire partie de la solution dans la lutte contre la crise climatique.

M. Laberge (Thomas) : Vous voulez que la caisse, donc, réduise ses GES, mais, au fond, vous voulez que la caisse réduise ses investissements dans des entreprises qui produisent des GES?

M. Bouazzi : Exactement.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce qu'on peut vraiment évaluer, par exemple, combien la caisse produit de GES avec ces investissements-là et comment on réduirait ces GES là si on investissait ailleurs? Est-ce que c'est possible de calculer ça?

M. Bouazzi : Bien, la caisse a déjà commencé à faire ça. D'ailleurs, c'est une des rares institutions qui le fait à ce point, là, il y a quelques autres institutions financières qui le font, mais plusieurs ne le font pas, c'est un autre sujet. On pense qu'elles devraient toutes être obligées de rendre des comptes. Celle-là nous appartient collectivement, et évidemment on s'attend à ce qu'elle ait des objectifs et des obligations légales pour rendre des comptes par rapport à ça. Effectivement, il faut que, d'ici 2030, les émissions mondiales de gaz à effet de serre diminuent de 50 %, et la caisse doit être partie prenante de cet effort-là et, même, dans la loi, doit devoir, évidemment, rendre des comptes par rapport à ça.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce qu'on sait la proportion des placements de la caisse qui sont, justement, dans les hydrocarbures, les énergies polluantes? Peut-être, derrière.

M. Collard (Sébastien) : Oui. En fait, il y a environ... cette année, ils ont sorti 4 milliards du pétrole, donc c'est quand même un très bon montant. Il reste environ 8 milliards dans, dans le fond, le transport des hydrocarbures, dans le gaz, surtout la distribution. Et, dans toute la sphère de la production d'électricité, on parle d'environ 12 milliards de dollars qui sont placés dans ces placements, dans secteurs-là. Voilà.

Et c'est un secteur qui compte pour beaucoup au niveau des émissions dans le portefeuille de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Même si c'est un montant seulement de 2 % ou 3 %, en termes de dollars, c'est responsable d'environ 40 % des émissions, le secteur de la production d'électricité.

Une voix : Merci…

M. Bouazzi : Si je peux rajouter un point, il n'y a pas seulement les hydrocarbures. Je vous donne juste l'exemple… je veux dire, il y a tout le bâtiment, par exemple, dans lequel on investit, il y a tout des procédés de construction qui permettent d'éviter de produire plus de gaz à effet de serre avant même que l'immeuble soit terminé, au-delà du fait de le chauffer ou pas avec des combustibles fossiles. Tous les secteurs de l'industrie produisent des gaz à effet de serre et tous doivent contribuer.

Évidemment, le secteur de l'hydrocarbure est un secteur des plus importants. Il y a l'extraction, où la caisse a déjà fait des gestes, il y a tout ce qui est du transport... mais il n'y a pas seulement ça. Il faut la rigueur. La caisse est capable de rigueur, il faut que cette rigueur-là, dans la loi, l'oblige à atteindre les objectifs de diminution de gaz à effet de serre. L'avenir de la planète en dépend. Les investissements de la caisse sont sur le temps long, l'avenir de la planète aussi, donc c'est vraiment le bon véhicule.

M. Laberge (Thomas) : Vous avez dit :Évidemment, c'est le bas de laine des Québécois. Est-ce qu'on est certains qu'en changeant l'endroit de ces investissements-là on est capables d'être aussi rentables?

M. Bouazzi : Bien, ce n'est pas... l'idée, ce n'est pas de changer, c'est aussi d'obliger. Je veux dire, quand tu es propriétaire d'une compagnie, tu peux l'obliger elle-même à atteindre ces objectifs-là… c'est des grosses corporations parmi lesquelles la recherche et développement doit aller dans le sens de la carboneutralité. Il y a aussi la possibilité, dans une institution aussi grande, d'influencer où s'en va les industries qu'elles possèdent. Ce n'est pas juste acheter, elle possède, elle est propriétaire, donc il y a beaucoup de choses à faire.

Et puis, aujourd'hui, on peut se poser la question aussi sur le pilier du développement économique du Québec. Il y a des investissements qui rapportent plus d'argent à l'étranger. On est capables de trouver un équilibre entre les deux objectifs, le développement économique du Québec et celui du développement... maximiser les rendements du bas de laine. Et il y a un troisième pilier qui manque, qui est la question écologique et sociale.

Des voix : Merci.

(Fin à 13 h 51)

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