(Huit heures deux minutes)
M. Tanguay
: Alors, bon
matin, tout le monde. Très heureux d'être accompagné ce matin par ma collègue,
Jennifer Maccarone, et mon collègue, André Morin. Je vais vous parler du
jugement rendu en faveur de M. Jean Charest hier. Certains éléments
importants de mentionner. D'abord sur l'aspect humain, la cour a reconnu que M. Charest
avait fait face à de l'humiliation et de l'angoisse. Il avait vécu cela et a
condamné, donc, le Procureur général, l'UPAC, à lui payer des dommages en lien
avec l'angoisse et l'humiliation qui a découlé des nombreuses fuites d'information
le concernant. Personne au Québec, personne au Québec, n'importe quel citoyen
ne devrait pas avoir à subir de tels sévices de la part du gouvernement de l'État,
ici, au premier titre, de l'UPAC. Alors, nous croyons que le gouvernement doit
reconnaître la faute qui a été reconnue elle-même par le jugement et présenter
ses excuses à M. Charest.
Deuxième élément, jugement très dur,
accablant pour l'UPAC. L'UPAC, donc, a été reconnu avoir commis de fautes
lourdes, fautes intentionnelles, 54 fuites concernant M. Charest,
contenant évidemment des renseignements personnels, qui a été reconnu comme
étant une atteinte à la vie privée de M. Charest. Encore une fois, des
dommages punitifs très sévères, très élevés. L'UPAC a de sérieuses questions à
se poser : Aujourd'hui, qu'en est-il? L'UPAC a évidemment un défi de
crédibilité à la lumière de ce jugement-là. Alors, c'est important de voir
comment aussi le gouvernement va commenter et réagir à la lumière de ce
jugement. Protection des renseignements personnels, on l'a vu par les fuites
via l'UPAC, l'importance pour le gouvernement, dans l'administration, partout,
de s'assurer que les renseignements personnels sont en tout temps protégés. Et,
encore une fois, tout citoyen, peu importe s'il a fait de la politique ou pas
de politique, nous sommes tous égaux devant la justice, ne devrait pas avoir à
faire face à de tels abus.
Et dernier élément, on verra donc si le
gouvernement va porter en appel ce jugement-là. On va suivre avec intérêt, particulièrement
les... ce qui a été mentionné par le juge comme étant un potentiel abus de
procédures, des allégations dans la défense du Procureur général, qui n'étaient
pas soutenues par la preuve, notamment l'allégation voulant que des mesures de
protection étaient en place à l'UPAC. Il n'y a eu aucune preuve de présentée
là-dessus. Ça, ça peut avoir un nom comme abus de procédure. On verra la suite
des choses s'il y aura appel du jugement ou pas. Alors, voilà, ce sont nos
commentaires.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que l'UPAC a encore raison d'être, après ce qui s'est passé là, après... Vous
dites : L'UPAC a des questions à se poser et a un défi de crédibilité. Quel
est l'avenir de l'UPAC?
M. Tanguay : Écoutez, on aura
de sérieuses questions à poser à l'actuel commissaire. Ce qui ressort, c'est
qu'il semble que de telles fuites n'aient pas eu lieu sous l'administration du
nouveau commissaire. Chose certaine, il y a un défi de crédibilité pour l'UPAC.
La façon de fonctionner ces dernières années... l'UPAC doit refaire sa
crédibilité, et on va aborder, notamment, quant aux travaux parlementaires, la
cession des crédits. On aura l'occasion, ma collègue, Jennifer Maccarone, de
poser des questions au commissaire à l'UPAC pour dire : Qu'est-ce qui se
passe à l'interne? Comment pouvez-vous vous assurer que ça, ça n'arrive plus
jamais?
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous tenez responsable l'UPAC d'avoir entaché la marque libérale?
M. Tanguay : Il est clair que
ça aura eu... Donc, l'UPAC a été reconnue fautive à la lumière de ce
jugement-là, ça a eu un impact évidemment dévastateur dans la vie de
M. Charest, sur une base personnelle, sur une base réputationnelle
également. Au Parti libéral du Québec, ça a nui.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
est-ce que c'est de matière à redorer le blason du Parti libéral, ce
jugement-là?
M. Tanguay : Écoutez, justice
aura été rendue en ce qui concerne M. Charest. On verra, évidemment, sous
réserve qu'il y ait une procédure d'appel, on verra s'il y a appel, si le
jugement final demeure ce qu'il est, puis on verra la suite des choses quant à
l'abus de procédure des procureurs, du procureur général là-dedans. Chose
certaine, justice aura été rendue pour M. Charest. Du reste, toutes ces fuites-là
auront nui à la marque libérale, c'est très clair.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que des procédures pourraient être intentées par le Parti libéral?
M. Tanguay : Ça, je n'ai pas
d'annonce à vous...
M. Gagnon (Marc-André) : Non,
mais vous dites que ça a nui au Parti libéral.
M. Tanguay : Je n'ai pas
d'annonce à vous faire en ce sens-là.
M. Robillard (Alexandre) : Cette
décision-là, qu'est-ce qu'elle change pour le Parti libéral du Québec?
M. Tanguay : Bien, pour Jean
Charest, je pense que justice a été rendue. Pour le Parti libéral du Québec,
encore une fois, toutes ces fuites-là auront eu un impact sur la perception que
les gens ont du Parti libéral du Québec. On voit à travers ce jugement-là que
les fautes intentionnelles, fautes lourdes, dommages historiques punitifs... on
espère qu'on va retrouver au Québec une institution digne de ce nom, l'UPAC, et
que la crédibilité de l'UPAC...
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
mais ça, c'est sur les fuites, mais, sur le fond, qu'est-ce que ça change pour
le Parti libéral du Québec, cette décision-là?
M. Tanguay : Bien, sur le
fond, je pense que ça vient souligner le fait qu'au-delà des allégations,
lorsqu'il n'y a pas d'accusations, bien, jusqu'à preuve du contraire, tout le
monde a droit à avoir... à ne pas avoir d'atteinte à sa réputation.
Rappelons-le, M. Charest n'a été accusé de rien, là.
M. Lacroix (Louis) : Vous
dites que ça a eu un impact sur la marque libérale, vous dites que ça a eu un
impact sur la perception qu'ont eu les gens du Parti libéral. Est-ce qu'à votre
avis ça peut avoir eu un effet sur le résultat de la dernière élection?
M. Tanguay : Je n'irais pas
jusque-là dans une analyse de la dernière élection... je n'irais pas jusque-là
dans une analyse de la dernière élection, mais, de façon générale, c'est clair
que ça a eu un impact négatif sur la marque libérale.
M. Lecavalier (Charles) : Je
ne sais pas si vous en avez parlé dans vos remarques préliminaires, là, je suis
arrivé un peu en retard, mais est-ce que vous demandez à Geneviève Guilbault de
s'excuser, elle qui a brandi le...
M. Tanguay : Au gouvernement.
M. Lecavalier (Charles) : Au
gouvernement.
M. Tanguay : Ah! par rapport
à ça, le juge en parle dans le jugement. Pour ce qui est de... Vous savez ce
qu'on peut faire en Chambre, on est protégé par... on est protégé par
l'immunité parlementaire. Je pense qu'il aurait été bien avisé de Geneviève
Guilbault de ne pas brandir le livre PLQ inc., je pense que ce aurait
été bien avisé de ne pas en rajouter une couche. Puis ce qu'on demande ce
matin, c'est non seulement de ne pas en rajouter une couche, mais de présenter
ses excuses.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que ça démontre, cette décision-là, qu'au Québec, en termes d'enquêtes
policières, il y a un ménage à faire, ou est-ce que ça soulève des doutes sur
la capacité des forces policières d'enquêter dans les règles de l'art, ou en
suivant...
M. Tanguay : Moi, je ne
pointerai pas du doigt l'ensemble des forces policières, il y a des femmes et
des hommes qui font un travail professionnel remarquable, qui sont importants,
qui sont un rouage majeur de notre système de justice. Ce que l'on voit ce
matin, c'est que l'UPAC, encore une fois, a un très, très grand enjeu de...
grand enjeu de crédibilité. On va continuer à questionner le commissaire sur ce
qui se passe aujourd'hui à l'UPAC.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
qu'il y a des enjeux au Québec en termes de capacité d'enquêtes policières, selon
vous, à la lumière de tout ce qui fait débat depuis cinq, six ans concernant
les enquêtes?
M. Tanguay : Je ne vais pas
tout mettre... mettre tout le monde dans le même panier. Je ne vais pas mettre
tout le monde dans le même panier. Ce que l'on voit ce matin, là, ceux qui sont
condamnés, c'est l'UPAC.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
quand on voit la place que ça occupe dans l'actualité, est-ce qu'il n'y a pas
des sérieuses questions à se poser sur...
M. Tanguay : Bien, il y a toujours
des questions à se poser quant à la capacité de nos forces policières de livrer
des enquêtes pour qu'ultimement il y ait un processus judiciaire. Mais, encore
une fois, ce matin, ceux qui sont sur la sellette, là, c'est l'UPAC, pour les
dernières années, on le voit très clairement dans le jugement, et l'UPAC a un
enjeu de crédibilité.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
avez annoncé la semaine dernière la composition de votre comité, là, sur
l'avenir du Parti libéral. M. Charest, est-ce que vous l'avez invité à
participer à ces travaux-là?
M. Tanguay : C'est le parti
qui a... c'est le parti, donc c'est Rafaël Primeau-Ferraro, le président, entre
autres, et la commission politique...
M. Gagnon (Marc-André) : ...M. Charest...
M. Tanguay : Je ne suis pas
au courant de cela, je ne suis pas au courant de ça.
Mme Plante (Caroline) : ...de
la crédibilité de l'UPAC. Est-ce que vous pensez que ces gestes-là, les fuites,
pourraient se reproduire encore en 2023? Est-ce que...
M. Tanguay : Justement les
questions sont à... Qu'est-ce que fait l'UPAC au moment où on se parle pour ne
pas que ça se reproduise? Qu'est-ce qui a été mis en place? Et rappelez-vous
d'une chose, celles et ceux qui ont commis de telles fuites, vous savez, quelqu'un
parlait, à un moment donné, des bandits qui ont commis ça, là, alors ils sont
toujours potentiellement sujets à des accusations criminelles.
L'article 139 du Code criminel, c'est entrave à la justice. Alors,
quelqu'un a dit, un jour, une phrase célèbre : J'espère qu'on va prendre
les bandits de cela. Bien, j'ai hâte de voir s'il va y avoir des suites à ça,
s'il va y avoir, à un moment donné, des accusations criminelles contre les
bandits, effectivement, qui ont fait ça.
Une voix : Est-ce que vous le
souhaitez?
M. Tanguay : Je souhaite que
justice soit rendue, ce qui a été... À la lumière du jugement... On se
rappelle, là, c'est une cour civile, ce n'est pas une cour criminelle, mais, à
la lumière du jugement, on verra s'il y a une procédure d'appel, et tout cela,
mais ce qui a été commis, les fuites, a nui à la justice, et ça, c'est
criminel. Alors, s'il y a des accusations à porter, j'espère qu'elles le seront
et que les bandits vont finir en prison.
Mme Plante (Caroline) : Parce
que, pour l'instant, vous avez l'impression qu'en 2023 ça pourrait se
reproduire?
M. Tanguay : L'UPAC doit
répondre et répondra, entre autres, lors de l'étude des crédits, à toutes nos
questions. L'UPAC doit assurer la population, c'est une institution importante
qui est mise à mal aujourd'hui, doit s'assurer que ça ne se reproduise jamais.
Et l'UPAC, j'imagine, doit collaborer, le cas échéant, à des enquêtes
criminelles.
M. Lacroix (Louis) : Vous
faites référence à M. Lafrenière, là, avec «bandits», tout ça, là.
Pourquoi vous ne le nommez pas?
M. Tanguay : Ah! moi, je ne
veux pas en rajouter une couche, je ne veux pas en rajouter une couche. Et, si
certains ont commis des actes criminels, bien, moi aussi, j'espère que les
bandits seront mis devant la justice. Je ne vise personne, je vise de façon
spécifique, je vise celles et ceux qui ont commis ça. Ils sont sujets à faire
face à la justice au niveau criminel.
M. Gagnon (Marc-André) : ...ne
vise personne, mais, en reprenant cette citation-là, vous faites référence à
M. Lafrenière, là.
M. Tanguay : Ceux qui ont
fait ça, c'est des bandits. Alors, on verra s'il y aura des suites criminelles.
Ils s'exposent... Puis c'est important, je pense, dans notre système de
justice, de réaffirmer cela, c'est que toute personne s'expose, en faisant ça,
des fuites, entrave à la justice, à être poursuivie.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
est-ce que vous avez des raisons de croire qu'il y a toujours des lacunes
aujourd'hui à l'UPAC?
M. Tanguay : On a plusieurs
questions pour, justement, s'assurer qu'il n'y ait toujours pas de lacune à
l'UPAC. Il y a de sérieuses questions à poser.
M. Laforest (Alain) : Vous
n'avez pas plus confiance en la nouvelle administration, l'administration...
M. Tanguay : Pardon,
excusez-moi?
M. Laforest (Alain) : Vous
n'avez pas plus confiance en la nouvelle administration, l'administration
Gaudreau, là.
M. Tanguay : Ce que je
constate, jusqu'à preuve du contraire, c'est que, sous la nouvelle
administration, il n'y a pas eu de telles fuites. Maintenant, à l'interne,
quels sont les processus mis en place pour ne plus que ça se reproduise? Dans
le jugement, vous l'avez tous noté, il était dit qu'il n'y avait même pas en
place des systèmes qui empêchaient tout un chacun, dans l'organisation, d'aller
fouiller dans les dossiers d'enquête. Ça, c'est une des questions qu'on pourra
poser à l'UPAC : Avez-vous resserré la protection des renseignements?
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
un peu pour clarifier, là, parce que le nouveau commissaire, il a été nommé aux
deux tiers...
M. Tanguay
: Oui,
exact.
M. Gagnon (Marc-André) :
...il bénéficie encore de la confiance du Parti libéral?
M. Tanguay : Jusqu'à preuve
du contraire, oui, mais on a plusieurs questions, on a plusieurs questions à
lui poser, mais je constate que, sous sa gouverne, il n'y a pas eu de fuites,
encore une fois, jusqu'à preuve du contraire.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
juste pour clarifier, là, pourquoi ce ne serait pas seulement que l'UPAC qui
devrait s'excuser? Pourquoi le gouvernement doit aussi s'excuser?
M. Tanguay : Parce que le
gouvernement répond dans son administration, répond de l'institution, et c'est
important. Entre autres, lorsqu'on a vu Geneviève Guilbault brandir le livre PLQ
inc., là, elle en a rajouté une couche. Alors, elle aurait été bien avisée
de ne pas en rajouter une couche au salon bleu, de ne pas présenter le livre PLQ
inc., qui reprenait, elle le savait très bien, le fruit des 54 fuites.
Puis il y avait un procès devant les tribunaux. En vertu de l'article 35
du règlement de l'Assemblée nationale, on ne peut même pas commenter ce qui se
passe devant les tribunaux, puis elle, elle en a rajouté une couche. Imaginez-vous
donc, comme ministre de la Sécurité publique, je pense que ça prendrait des
excuses.
M. Bossé (Olivier) : Vous demandez
que le gouvernement actuel n'aille pas en appel, paie et s'excuse?
M. Tanguay : Bien là, le
gouvernement devra répondre, à la suite de cela, qui est un potentiel abus de
procédure. Le fait, pour le Procureur général du Québec, qui a pris fait et
cause pour l'UPAC, de dire, d'affirmer la citation exacte : «des mesures
de protection est en place», alors que le juge a dit : Il n'y a aucune
preuve venant étayer ça de la part du Procureur général, c'est potentiellement
un abus de procédure. Bien, première des choses, on a tous hâte de voir comment
va répondre de cela le Procureur général. Du reste, c'est à eux de faire leurs
analyses. On verra s'ils portent le jugement en appel. On verra.
M. Lacroix (Louis) : Avez-vous
parlé à M. Charest?
M. Tanguay : Non.
Mme Plante (Caroline) : Quand
est-ce que vous voulez poser vos questions à l'UPAC, au commissaire? Est-ce que
ça prend une commission parlementaire?
M. Tanguay : Bien, on aura
l'occasion. La prochaine occasion sera lors des crédits, dans deux, trois
semaines, à Québec, où, là, crédits de sécurité publique, il est de coutume
d'avoir le commissaire à l'UPAC, puis vous le savez, là, c'est toujours... je
ne sais pas pourquoi, mais dans les dernières années, ça a toujours été un
forum très, très couru. Alors, encore une fois, cette année, on aura plusieurs
questions à lui poser, notamment sur : Qu'avez-vous fait à l'interne pour
vous assurer que tout un chacun n'ait pas accès au dossier d'enquête? De un. Et,
de deux, comment peut-il rassurer la population que ça ne se reproduira pas
puis que l'UPAC est sur les tracks, là?
M. Robillard (Alexandre) : Qu'est-ce
que c'était, selon vous, la motivation derrière les fuites?
M. Tanguay : Je ne le sais
pas. Honnêtement, je ne le sais pas. On pourrait... Moi, je constate le fait
que c'est une faute. Je constate le fait, comme le juge, que c'est un acte criminel,
c'est entrave à la justice.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
justement, ces gestes-là, ils ont été posés, selon vous, pourquoi?
M. Tanguay : Je ne peux pas
me l'imaginer, pourquoi. Je ne peux pas me l'imaginer, le motif, le motif.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous pensez que M. Lafrenière, qui était à la tête de l'UPAC à l'époque — je
vous rappelle que c'est le même Robert Lafrenière qui avait aussi fait arrêter
Nathalie Normandeau à l'époque — est-ce que vous pensez qu'il y avait
une motivation politique derrière ces gestes-là?
M. Tanguay : Je ne
m'avancerai pas. Je ne m'avancerai pas à commenter ça. Je ne m'avancerai pas à
commenter ça. Ce que je constate, encore une fois, sans viser aucun individu,
c'est que l'institution a failli à sa tâche et il y a eu entrave à la justice.
Ce que je constate, c'est que M. Charest n'a été accusé de rien.
Aujourd'hui, il y a un jugement en sa faveur accablant pour l'UPAC. Plein de
questions restent encore une fois aujourd'hui à poser à l'UPAC.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que ça a été une erreur de créer l'UPAC, par votre gouvernement?
M. Tanguay : Non, je ne crois
pas. Les fautes commises par l'UPAC reconnues dans cette décision-là sont
autant d'erreurs, mais l'UPAC a sa raison d'être au Québec, mais une UPAC qui
est digne de confiance et qui fait sa job.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
quand on voit tout ce qui a été fait pour, ensuite de ça, structurer davantage
cette organisation-là, est-ce que ce n'est pas le signe que ça avait été un peu
créé à la hâte?
M. Tanguay : Non, je ne pense
pas. Non, non. Et d'ailleurs, on a revisité la loi. À cette heure, le
commissaire est nommé aux deux tiers. Cette loi-là... Je veux dire, sur papier,
l'UPAC, là, ça devrait fonctionner, là. On a vu, entre autres, à la lumière de
ce jugement-là, qu'il y a eu des fautes lourdes commises. Voilà. Mais...
M. Robillard (Alexandre) : Quand
on voit tous les changements, ça, ce n'est pas la preuve, quand même, qu'il y
avait des trucs à resserrer dans cette organisation-là?
M. Tanguay : Oui, oui, c'est
clair qu'il y a des trucs à resserrer, puis ça participera des questions qu'on
posera.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
même avant les fuites, ces questions-là se posaient, là.
M. Tanguay : Oui, oui. Puis
vous avez vu le nombre d'enquêtes sur les fuites, là, à un moment donné, on en
perd son latin, là. Et, encore une fois, l'UPAC, c'est une institution
importante. Plusieurs questions. Sa crédibilité est entachée là-dedans, et on
aura plusieurs questions à poser à l'UPAC.
M. Robillard (Alexandre) : Madame...
et je reviens à ma question de tantôt, là, sur la police au Québec. Mme Guilbault,
elle avait quand même entamé un travail de réflexion sur la police au Québec,
là, au début du dernier mandat. Est-ce que vous pensez qu'il y a encore des
questions à se poser sur le travail policier au Québec?
M. Tanguay : Bien, je pense
qu'il y a toujours... sur toute institution, il y a toujours des questions à se
poser, comment on peut être plus performant. Là, on ne parle pas d'être plus
performant pour l'UPAC, on parle à l'UPAC de nous rassurer qu'aujourd'hui ils
font... l'UPAC, l'organisation, les dirigeants s'assurent que la job soit
faite. Mais, encore une fois, sur papier, l'UPAC a une mission importante à
faire, on espère juste qu'ils la fassent en respectant les droits fondamentaux
de tous les citoyens, y incluant M. Charest.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
avez fait référence au livre PLQ inc., là. Des fois, on parle de culture
de l'annulation. Est-ce que c'est un livre qui devrait être annulé...
M. Tanguay : Non, non, non. On n'est pas là.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
When you
say that this damaged the reputation of the party, what exactly do you mean?
M. Tanguay
: It means that, based on the impact on the reputation, all these
allegations, unfounded, again based on these leaks, causes, of course, damages
with respect to the population's perception of the QuébecLiberal Party.
Mme Mignacca (Franca
G.) : What kind of damages are you talking
about though? Do you feel like this affected...
M. Tanguay
: Reputational, reputational, what's going on with QuébecLiberal Party, those kinds of questions. And we can see with these very clear decisions in favor of Mr.
Charest that the base of all these allegations was misconduct, illegal
misconduct and potentially criminal as well.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Why is it so important that Mr. Charest get an apology from the Government?
M. Tanguay
: Because I think that it's the thing to do, the good thing to be
done, again for Mr. Charest, as a human being, was deeply impacted by this, as
anyone else would have been, and I think that he deserves sincere apologies
form the Government on behalf
of, for instance, the UPAC.
M. Authier (Philip) : But would it suffice if the Government just did not appeal it, appeal this ruling? Would that suffice or
there would still be an apology required?
M. Tanguay : Absolutely, absolutely. We'll see. The Government may have other reasons to appeal a decision. But, that being said,
we'll follow very carefully what will be the motives if they decided to go in
front of the Court of Appeal. But, that being said, it's separate from the need
to present to Mr. Charest excuses.
M. Authier (Philip) : And how far are you willing to push into… to dig down into the way
UPAC behaved in this case? And what are your options in terms of getting to the
bottom of that?
M. Tanguay :The next option will be to ask all our
questions to the commissioner of the UPAC who will be here at the Québec… he's going to be summoned to be here
in probably two, three weeks from now at the «étude de crédits». And as we're
doing it year after year, we will ask him a lot of questions with respect to
what did he put in place as we speak to make sure that UPAC will be able to do
its job and to prevent any leaks and to have results.
M. Authier (Philip) : Do you think Mr. Charest's… sorry. Do you think Mr. Charest's
reputation has been irreparably tarnished?
M. Tanguay : No, I don't think so. But again, it goes with, for instance,
receiving excuses for this, for instance.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Sorry, just one last... Do you have any
concerns that this could happen again with UPAC's current structure?
M. Tanguay
: I think that everyone in this room… sorry, I don't want to talk on
your behalf, but I think that any citizen can reasonably have suspicions.
M.
Lacroix (Louis) : M. Tanguay, juste une petite précision sur ce que
vous avez dit tantôt parce que ça me chicote. Vous avez dit que vous ne croyez
pas que le dommage fait à la réputation du Parti libéral ait pu avoir un impact
sur l'élection. Vous êtes avocat, vous savez qu'il faut établir un dommage,
hein, quand il y a une... Alors, de quelle façon, ça a... Quel a été le dommage
créé au Parti libéral dans ce cas là, si ce n'est pas un résultat sur l'élection?
Alors, il est où, le dommage?
M. Tanguay
: La réponse
que je voulais vous donner, puis là vous m'inviter à préciser ma réponse, c'est
que le résultat de la dernière élection, là, je n'irai pas vous dire ce matin :
Ah! c'est à cause des 54 fuites de l'UPAC. Mais il est clair que ça n'a
pas aidé. Ça n'a pas aidé. Ça a nui. Ça n'a pas aidé. Mais je ne suis pas en
train de vous dire : Ah! on a perdu à cause de ça, là. Non, non. Je veux
dire, il y a probablement 100 raisons, certaines plus importantes que d'autres.
C'est un ensemble, là, une campagne électorale, mais il est clair que ça n'a
pas aidé. Ça aura probablement nui. Et nos adversaires politiques, quand
Geneviève Guilbault est au salon bleu puis qu'elle sort le livre PLQ inc.,
bien, elle se paie la traite puis elle n'aurait pas dû faire ça.
M. Gagnon (Marc-André) : Ça
n'a pas aidé puis ça a nui. Est-ce que, par définition, ce n'est pas de l'interférence
politique?
M. Tanguay
: Là, on
revient au motif du pourquoi l'UPAC a fait ça. Il est clair que ça a eu un
impact sur M. Charest au premier titre et sur le Parti libéral également.
Les motifs? Je ne vais pas spéculer sur les motifs par rapport à ça.
M. Denis (Maxime) : Est ce
que vous encourager Hydro-Québec dans son étude pour développer des barrages...
M. Tanguay : Faire une
étude... on ne peut pas être contre faire une étude, je veux dire, on
demande...
M. Denis (Maxime) : ...
M. Tanguay
: Pardon,
excuse-moi?
M. Denis (Maxime) : …les
barrages...
M. Tanguay
: Exact. On
ne peut pas être contre faire des études. Ce que l'on veut d'abord et avant
tout, c'est une vision, on veut... ça fait des mois maintenant, je peux
calculer en mois, qu'on demande une discussion nationale sur notre avenir
énergétique. On l'a toujours dit au Parti libéral du Québec, je ne vais pas
vous dire à matin : On est contre les barrages. Non. Q'Hydro-Québec fasse
une étude là-dessus, ah! O.K., mais est-ce qu'on a besoin de barrages? Où?
Quand? Comment? Mais avant de parler des barrages, il faut savoir qu'est-ce qu'on
fait avec l'efficacité énergétique, avec... il faut aller chercher une
demi-Hydro-Québec. Comment on peut et selon quel calendrier aller chercher ça?
Puis les options, une des options, c'est les barrages. Qu'Hydro-Québec fasse
une étude, bon, mais encore une fois, on sent qu'Hydro-Québec, c'est géré sans
vision à la petite semaine. Il n'y a pas de vision.
M. Desrosiers (Sébastien) :
Sur un autre sujet, là, le ministère de la Santé a annulé une formation sur le
racisme systémique. Des chercheuses évoquent de la censure. Qu'est-ce que vous
en pensez?
M. Tanguay
: De ce que
je comprends, donc, c'est qu'aurait été retiré ou demandé de retirer «racisme
systémique» dans la formation. Encore une fois, ce gouvernement-là ne reconnaît
pas le racisme systémique et je pense que le gouvernement a tort de ne pas
reconnaître le racisme systémique. Maintenant, d'aller politiquement modifier
des présentations qui sont faites à l'interne, c'est questionnable. C'est
questionnable puis on va voir quelle sera la réponse du gouvernement là-dessus.
M. Desrosiers (Sébastien) : Selon
vous, ça va contre la Loi sur la liberté académique?
M. Tanguay : Là, c'est une
formation qui a été donnée au sein de l'appareil gouvernemental.
M. Desrosiers (Sébastien) : Exact,
qui avait été préparée par des chercheuses universitaires.
M. Tanguay : Oui, bien, à ce
moment-là, c'est une question à se poser, une question à se poser.
M. Robillard (Alexandre) : M. Fitzgibbon,
hier, a dit qu'il y aura probablement un intérim à la tête d'Hydro-Québec.
Qu'est-ce que ça vous dit, ça? Est-ce que ça s'avère plus compliqué qu'on
pouvait s'y attendre, de trouver un remplaçant à madame Brochu, et pour quelles
raisons, selon vous?
M. Tanguay : C'est important
qu'il y ait un pilote à bord à Hydro-Québec. Ce qu'on demandait, c'est un ou
une gestionnaire d'expérience avec les compétences et qui ne serait pas sous
les ordres des directives directes du superministre Fitzgibbon.
Alors, nous, on s'attend à ce qu'il y ait
une personne qui soit nommée de façon permanente, qu'elle ait les coudées
franches, et que le gouvernement emboîte le pas. Notamment Fitzgibbon, Pierre
Fitzgibbon, a dit qu'il allait faire une consultation, on attend toujours de
voir la forme de cette consultation-là quant à l'avenir énergétique.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que vous demandez à ce que quelqu'un soit capable de succéder à Mme Brochu
sans qu'il y ait intérim?
M. Tanguay : Je pense que ce
serait important d'avoir quelqu'un qui ne soit pas, puis là c'est moi qui va me
dire ça, chef intérimaire, quelqu'un qui ne soit pas intérimaire à
Hydro-Québec...
M. Robillard (Alexandre) : ...conflit
d'intérêts...
M. Tanguay : C'est ça, c'est
un conflit d'intérêts. On ne devrait pas parler contre les intérimaires. Mais
chose certaine, il y a un processus de nomination, qui ne s'appelle pas une
chefferie, au sein d'Hydro-Québec et qui devrait nous permettre d'avoir une personne
en poste.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
dépendamment de votre situation à vous, là, quand on compare... quand on dit
que ces situations-là ne peuvent pas se comparer, là, est-ce qu'à Hydro-Québec,
ça vous surprend qu'on n'ait pas été capable de trouver quelqu'un? Parce qu'on
sait que Mme Brochu avait annoncé son départ il y a deux mois ou...
M. Tanguay : Janvier.
M. Robillard (Alexandre) : ...je
perds un peu la notion du temps, là. Donc, ça dit quoi, ça?
M. Tanguay : Bien, moi, je
suis surpris. Je pense qu'on aurait besoin d'avoir... Et le processus permet de
trouver la bonne personne. Je pense que le gouvernement doit dire pourquoi il
veut y aller avec une personne intérimaire. Ça prend quelqu'un en place qui ait
tous les pouvoirs et qui puisse s'assurer qu'Hydro-Québec fasse son travail.
Et, en ce sens-là, Hydro-Québec n'est pas le jouet du gouvernement de la CAQ,
Hydro-Québec doit pouvoir mettre à jour le plan stratégique 2022-2026.
Sophie Brochu disait : Ça nous prend une discussion nationale, une jasette
nationale qu'elle avait dit, et on est d'accord là-dessus. On attend d'avoir la
discussion nationale, une vraie vision, puis une personne à temps plein en
poste, pas intérimaire, à Hydro-Québec. Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 28)