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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Wednesday, April 5, 2023, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-huit minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Content de vous retrouver ce matin. D'abord, quelques mots sur ce qu'on apprend chez Radio-Canada ce matin. On apprend donc que le gouvernement du Québec s'est directement ingéré dans une formation sur le racisme et qu'en fait le gouvernement a mis fin à une formation parce qu'il n'aimait pas les mots qui étaient utilisés dans la formation. C'est très contradictoire, pour un gouvernement qui a fait adopter une loi sur la liberté académique, qui n'a pas arrêté de dire à quel point la liberté académique, c'était important. Là, on a une intervention politique qui vient mettre fin à une formation commandée à des chercheurs universitaires parce que les mots dérangent les oreilles des élus de la CAQ. C'est de l'ingérence politique, ça n'a pas sa place puis ça démontre toute la contradiction du discours de la CAQ sur la liberté académique.

Mais permettez-moi aussi de faire un pas de côté puis de dire que cette histoire-là, c'est une belle illustration de ce qui arrive quand on centralise trop notre système de santé. Déjà, suite à la réforme Barrette, ce qu'on voit, c'est des CIUSSS qui n'ont même pas assez d'autonomie pour faire de la formation de leurs employés et qui sont à la merci d'interventions politiques en haut lieu, parce que les patrons à Québec n'aiment pas les mots qui vont être dans une formation pour le personnel. C'est ça que ça donne quand on centralise trop le système de santé.

Vous comprendrez que notre crainte et la crainte de bien des gens, aujourd'hui, c'est qu'en centralisant encore davantage le système avec la réforme Dubé on voie encore plus de ces situations-là se produire. Déjà, l'histoire d'aujourd'hui révèle le très faible niveau d'autonomie locale, le très faible niveau d'autonomie régionale dans notre système de santé, et là on a sous les yeux une réforme qui va centraliser encore davantage et qui va enlever le peu d'autonomie locale et régionale qu'il y avait encore dans notre système de santé.

Ça fait que des histoires comme ça, ça montre à quel point notre système de santé est déjà trop centralisé et qu'il faudrait le décentraliser davantage plutôt que faire, comme souhaite le faire Christian Dubé, une autre réforme de centralisation. Donc, la crainte que j'ai ce matin, c'est que la réforme Dubé donne lieu à encore plus de ces situations-là où des directives partent en haut lieu, de Québec, et sont appliquées directement sur le terrain, en manquant de respect pour l'autonomie locale et régionale des institutions de santé.

Je veux aussi vous parler, ce matin, d'une motion qu'on va déposer. Vous avez... en fait, tout le monde a été surpris, la semaine passée, de voir plus de 1 000 experts du domaine de l'intelligence artificielle appeler à une grande pause pour réfléchir à la manière de bien encadrer les nouvelles technologies d'intelligence artificielle à travers le monde. Et le Québec ne fait pas exception. Vous savez que mon collègue, Haroun Bouazzi, a déjà tendu la main aux autres partis pour demander qu'on organise une commission parlementaire sur l'intelligence artificielle au Québec. Nos lois ont été écrites à une époque où ces technologies-là n'existaient pas. Il faut moderniser le cadre législatif au Québec pour mieux réguler ces pratiques-là.

Ce matin, on va déposer une motion pour aller chercher un consensus de l'Assemblée nationale quant à la nécessité de tenir cette commission-là rapidement. On souhaite que la commission débute ses travaux avant la fin de la présente session parlementaire. On veut répondre à l'appel des experts, répondre à l'appel de l'industrie. Ces gens-là sont ceux qui connaissent le mieux ces technologies-là et ces gens-là nous disent : Wo! Minute, il faut prendre le temps de réfléchir et d'encadrer ces pratiques-là. Je pense qu'on a une responsabilité, comme législateurs, de répondre à leur appel. C'est ce qu'on va faire ce matin à Québec solidaire.

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Je vais laisser la parole à mon collègue, puis on prendra vos questions par la suite, avec plaisir.

M. Marissal : Oui. Bien, merci, Gabriel. Vous savez, le projet de loi n° 15, qu'on peut appeler, là, dorénavant, la réforme Dubé, c'est un immense morceau, hein, c'est un immense magasin dans lequel il y a énormément de rayons, là, puis, des fois, en bougeant un peu certaines choses, on trouve d'autres affaires. On n'a pas fini d'en trouver.

Là, ce matin, je voudrais vous parler plus particulièrement de notre inquiétude quant à l'avenir des CLSC. Il est écrit, textuellement, puis quand on regarde les fiches explicatives du gouvernement, que les CLSC vont perdre leur mission. Si vous n'avez pas de mission dans une organisation, dans un organigramme gouvernemental, aussi bien dire que vous n'existez plus, vous ne servez à rien, vous ne recevez d'ordre de personne, vous êtes donc obsolète et inopérant, dans les faits. Ça m'étonne beaucoup parce que, déjà que les CLSC ont été mis à mal, au Québec, là, depuis une trentaine d'années, notamment par le corporatisme médical, mais aussi par l'acharnement des gouvernements successifs qui ont décidé que les CLSC, ce n'est pas bon, ils n'en veulent pas, ce n'est pas ça qu'on veut, alors que, pourtant, ça fait exactement ce que le ministre Dubé cherche : le bon service au bon endroit, par la bonne personne, avec accessibilité locale et communautaire... Ça fait que là-dessus, au moins, Christian Dubé puis moi, on s'entend, là, on veut ça, tout le monde veut ça, au Québec. Puis ça, ça s'appelle un CLSC.

Alors, pour une raison, plusieurs raisons que je n'expliquerai pas ici ce matin, ce serait trop long, les CLSC se sont fait torpiller de toutes parts depuis des années, et là ce qui en reste... quand on regarde le projet de loi de M. Dubé, il veut mettre le clou, le dernier clou dans le cercueil des CLSC. Pourtant, pourtant, les CLSC, ils ont leur importance, ce qui en reste. Moi, j'ai fait une tournée, comme je vous l'ai dit souvent, au Québec. Enlevez, par exemple, le CLSC, là, de Fort-Coulonge, dans le Pontiac, là, vous laissez un immense trou de services de première ligne à toute une population qui est déjà mal servie. Même chose dans certains coins de Montréal, où les CLSC, d'ailleurs, étaient donnés en exemple comme quelque chose qui fonctionne bien par M. Dubé l'an dernier dans son plan.

Alors, moi, je vais poser des questions. On va faire la motion du mercredi, aujourd'hui, là-dessus, précisément, parce que c'est un pan important, puis je voudrais m'assurer que M. Dubé ne mette pas le dernier clou dans le cercueil, qu'il garde au moins ce qu'on a avec les CLSC, parce que, sinon, là, c'est au communautaire, c'est à la communauté... c'est les communautés locales qui seront attaquées directement par le projet de loi n° 15, qui va mettre la hache là-dedans. Alors, ce sera l'objet de notre motion du mercredi. Je tends la main aux autres partis. Nous sommes tous des députés, nous avons tous des localités, des groupes communautaires, des communautés, dans nos circonscriptions, je demande à mes collègues d'appuyer la motion que je vais déposer et débattre aujourd'hui, justement pour le bien-être de la population, localement.

M. Laforest (Alain) : M. Nadeau-Dubois, est-ce que le gouvernement du Québec doit s'excuser à Jean Charest?

M. Nadeau-Dubois : On a créé l'UPAC, à l'époque, pour attraper les bandits et pour remettre de l'argent dans les coffres de l'État, puis finalement on n'a pas attrapé grand monde, puis on remet de l'argent dans les poches de Jean Charest. Je comprends le monde d'être frustré par le travail de l'UPAC. Je partage leur frustration. C'est regrettable qu'on en soit rendu là. S'il y a des excuses qui doivent être faites, c'est à l'ensemble de la population québécoise, pour ne pas avoir livré la marchandise dans la lutte à la corruption. C'est très décevant pour tous les gens qui espéraient qu'on... que les gens qui sont... qui étaient en poste de responsabilités pendant les pires années des moeurs politiques québécoises récentes, là, bien, que ces gens-là rendent des comptes à la population.

M. Lacroix (Louis) : Vous pensez que M. Charest ne mérite pas ces 385 000 $ là?

M. Nadeau-Dubois : Bien, écoutez, le jugement a été rendu, on est dans un État de droit, ça fait que moi, je...

M. Lacroix (Louis) : Non, mais vous dites ça avec dépit, là.

M. Nadeau-Dubois : Bien, avec dépit, j'espère, Seigneur!

M. Lacroix (Louis) : Vous dites : On n'a pas arrêté grand-monde puis on met de l'argent dans les poches de Jean Charest.

M. Nadeau-Dubois : Bien oui. Bien, j'espère.

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce que ça implique, ça?

M. Nadeau-Dubois : Bien, ça implique que... ce que je veux... je veux dire, qui n'est pas dépité, ce matin, de voir qu'on a... on s'est donné une institution au Québec dont la mission, c'était d'attraper les corrompus et, rappelons-nous, d'aller chercher l'argent que les Québécois, que les Québécoises ont perdu dans les scandales de corruption pour le ramener dans notre caisse commune, dans les coffres de l'État. Et là, plusieurs années plus tard, à cause d'une série de dysfonctionnements puis d'incompétences à l'UPAC, on se retrouve avec, d'abord, très peu de gens qui ont été attrapés, et on est obligé de donner de l'argent public à Jean Charest.

Je veux dire, comment ne pas y voir un gâchis total sur le plan de la lutte à la corruption au Québec? Ce n'est pas ça qu'on voulait. Pensez-vous qu'on a créé l'UPAC en se disant : Eh! On va créer l'UPAC pour faire un chèque de 400 000 $ à Jean Charest? Non. Quand on a créé l'UPAC, on voulait faire un chèque aux Québécois, Québécoises pour les rembourser de s'être fait avoir par un système de corruption pendant des années au Québec. C'était pour ça qu'on a créé l'UPAC. Donc, c'est regrettable, c'est un gâchis.

M. Lacroix (Louis) : Donc, ce qui s'est passé, c'est... Ce que vous regrettez, c'est que l'UPAC n'a pas été capable de prouver que M. Charest est un corrompu?

M. Nadeau-Dubois : Bien, ce que je regrette, c'est que l'UPAC n'a pas été à la hauteur de sa mission. Et ce n'est pas la première déception, là, dans le cas de l'UPAC, c'est le moins qu'on puisse dire. Moi, je pense qu'une énorme question se pose quant à l'avenir de l'UPAC. Est-ce que c'est encore le bon moyen, est-ce que c'est encore le bon outil pour lutter contre la corruption au Québec? Je pose la question. Je reconnais que je n'ai pas la réponse définitive à cette question-là, mais je fais partie des Québécois, des Québécoises qui se disent : Comment en est-on arrivé là?

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, le Parti libéral et Jean Charest, pour Québec solidaire, même à la lumière de ce jugement-là, ne sont blanchis de rien?

M. Nadeau-Dubois : Bien, le rapport de la commission Charbonneau était clair : il y a eu, au moment où Jean Charest gouvernait le Québec, un système qui était corrompu sur le plan du financement des partis politiques. Ce n'est pas mon opinion, c'est la conclusion du rapport de la commission Charbonneau. Les Québécois n'ont pas oublié ça.

M. Robillard (Alexandre) : M. Tanguay, il disait que la marque libérale a été ternie par les fuites puis tout ce qui a circulé autour de ça. Donc, Est-ce que vous êtes d'accord avec lui?

M. Nadeau-Dubois : Ce qui a terni la marque libérale, c'est les moeurs politiques du Parti libéral, c'est sa manière de faire de la politique, c'est les multiples scandales de corruption qui ont éclaté pendant que ce parti-là gouvernait le Québec. C'est ça qui a fait mal à la marque libérale. Ce qui a fait mal à la marque libérale, c'est l'obstination de ce premier ministre, Jean Charest, et de son gouvernement pendant des années à ne pas déclencher d'enquête publique sur la corruption au Québec. Ça, ça a fait mal. Est-ce que les fuites... Je comprends que M. Tanguay trouve que les fuites n'ont pas aidé, c'est vrai, mais, je veux dire, rappelons-nous, là, tout ça, c'est une histoire qui a commencé il y a à peu près 15 ans, où les scandales de corruption se sont mis à éclater les uns après les autres.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que les fuites ont contribué à un dommage excessif pour le Parti libéral du Québec?

M. Nadeau-Dubois : Je vais laisser les élus libéraux évaluer les dommages sur leur marque politique, là. Moi, ce que je sais, c'est que, pour les Québécois, pour les Québécoises, ce qui a fait mal, d'abord et avant tout, c'est les pratiques, c'est les scandales de corruption qui ont été mis au jour sous les années libérales. C'est d'abord ça qui a fait mal au Parti libéral.

M. Lecavalier (Charles) : M. Tanguay souhaite que les bandits qui ont fait les fuites se retrouvent en prison. Êtes-vous d'accord avec lui?

M. Nadeau-Dubois : Oui.

M. Lecavalier (Charles) : Pourquoi?

M. Nadeau-Dubois : Parce qu'il n'y a pas de corruption, il n'y a pas de système de corruption sans individu corrompu. Un système, ça ne flotte pas dans les airs, ça s'incarne dans des individus. Il y avait des gens au courant de ces pratiques-là, il y avait des gens qui organisaient ce système-là. Le rôle de l'UPAC, c'était de les trouver, de les accuser puis de leur faire rendre des comptes à la population québécoise. Ce mandat-là, l'UPAC ne l'a pas vraiment accompli. Il y a eu quelques arrestations, c'est vrai, au niveau municipal, il faut le concéder, mais au niveau québécois...

M. Laforest (Alain) : ...

M. Nadeau-Dubois : Oui, mais j'y arrive.

M. Laforest (Alain) : Ceux qui ont les fuites, est-ce que ce sont des corrompus? Ceux qui ont fait les fuites, là?

M. Nadeau-Dubois : Ah! je ne saisissais pas que la question... Les bandits, c'est les gens qui ont fait des fuites?

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Bien, s'il y a des gens qui ont contrevenu à la loi en faisant volontairement des fuites aux médias, ces gens-là doivent être tenus responsables. Ça, il n'y a pas de nuance là-dessus. Mais je constate que M. Tanguay est très, très, très fâché contre les gens qui ont fait des fuites, et je le comprends, moi, je suis aussi fâché. Je suis également fâché contre les gens qui sont responsables... qui ont été responsables de la corruption au Québec pendant des années. Je pense qu'il faut être fâché contre les deux, disons ça comme ça.

M. Lacroix (Louis) : Alors, est-ce que vous pensez que M. Charest était au courant de ça? Est-ce que vous pensez... Vous dites qu'il y avait des gens qui organisaient ça, donc vous sous-entendez qu'il y a des gens qui étaient au courant de ce qui se passait?

M. Nadeau-Dubois : Bien là...

M. Lacroix (Louis) : À votre avis, est-ce que M. Charest était au courant de ce système de corruption là?

M. Nadeau-Dubois : Est-ce qu'il y a quelqu'un au Québec...

M. Lacroix (Louis) : Sans l'avoir organisé, est-ce que vous pensez qu'il était au courant?

M. Nadeau-Dubois : Oui, oui, mais est-ce qu'il y a quelqu'un au Québec qui pense, après avoir relu le rapport de la commission Charbonneau, qu'il y avait plein de corruption mais qu'il n'y avait personne qui ne savait rien? Je veux dire, ce n'est pas sérieux. Qu'est-ce que savait exactement M. Charest? Je ne le sais pas, je ne suis pas enquêteur, dans la vie, mais il y avait, au Québec, pendant qu'il gouvernait le Québec, des problèmes de corruption systémique. Il y avait, au Parti libéral, pendant que M. Charest gouvernait le Parti libéral, des problèmes de corruption. Qu'est-ce que lui savait, personnellement, moi, je ne suis pas enquêteur, mais, à un moment donné, le gros bon sens a ses droits. Tout le monde au Québec est d'accord, bien, peut-être à part les libéraux eux-mêmes, là, mais, je veux dire... qu'il y a des gens qui savaient ce qui se passait, voyons donc!

M. Gagnon (Marc-André) : ...simple, Jean Charest...

M. Nadeau-Dubois : Il n'y avait pas de la corruption, mais c'était de la corruption spirituelle puis c'étaient des... Je veux dire, il y avait des gens en chair et en os qui avaient des pratiques problématiques.

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, Jean Charest ne mérite pas d'excuses ni de la part de l'UPAC ni de la part du gouvernement?

M. Nadeau-Dubois : Mais si... Bien, d'abord, le jugement a été rendu. Moi, je ne conteste pas la validité du jugement. Il doit être respecté, il doit être appliqué. Si l'UPAC veut s'excuser pour les fuites, qu'ils le fassent. Qu'ils ne s'excusent pas juste à Jean Charest, qu'ils s'excusent aux Québécois, Québécoises qui voulaient que l'UPAC... qu'ils s'excusent, que l'UPAC s'excuse aux Québécois, Québécoises pour avoir échoué à accomplir sa mission.

M. Gagnon (Marc-André) : Ma question, c'est : Est-ce que Jean Charest, l'ancien premier ministre du Québec, l'ancien chef du Parti libéral, mérite des excuses?

M. Nadeau-Dubois : M. Charest a gagné sa cause. Il va recevoir un chèque d'à peu près 400 000 $ d'argent public. Si l'UPAC veut rajouter des excuses, qu'ils le fassent. Moi, j'aimerais ça, entendre des excuses de la part des libéraux pour la corruption qu'ils ont faite au Québec. C'est parce que moi, là... M. Charest, il a gagné sa cause. Moi, ce que je vois, c'est un jugement qui a été rendu. Moi, je pense que M. Charest a gagné sa cause devant les tribunaux. Il va recevoir un chèque de 400 000 $. Il a gagné sa cause.

M. Desrosiers (Sébastien) : ...Québec devrait aller en appel, selon vous?

M. Nadeau-Dubois : Je n'ai pas pris connaissance du jugement. Je ne suis pas qualifié pour juridiquement trancher cette question-là, mais moi, comme citoyen, je partage le sentiment de bien des citoyens aujourd'hui qui se disent : Comment on en est arrivé là?

M. Gagnon (Marc-André) : Mais est-ce que vous êtes conscient, quand même, du fait que, si l'UPAC s'était excusée, les contribuables auraient économisé 400 000 $?

M. Nadeau-Dubois : Je ne comprends pas la prémisse de votre question.

M. Gagnon (Marc-André) : M. Charest, au départ, au début des procédures, demandait des excuses.

M. Nadeau-Dubois : Bien, je vais vous dire, si l'UPAC avait bien fait son travail, ils n'auraient pas eu besoin de s'excuser ni de signer un chèque de 400 000 $. Puis, pour moi, c'est ça, la question fondamentale, ce matin : Qu'est-ce qu'on fait avec l'UPAC? Devant cette succession de gâchis, qu'est-ce qu'on fait avec l'UPAC? Parce que, bien sûr, s'ils s'étaient excusés, ça n'aurait pas coûté 400 000 $, mais, s'il n'y avait pas eu de fuite, s'ils avaient fait leur travail, si ça n'avait pas été incompétence par-dessus incompétence pendant des années, à l'UPAC, il n'y aurait eu ni excuses ni chèque de 400 000 $. La question, ce matin, c'est celle-là : Qu'est-ce qu'on fait avec l'UPAC? Je n'ai aucune prétention d'avoir la réponse définitive à ça, mais les Québécois, les Québécoises voient ça ce matin puis ils se disent : Comment c'est possible qu'on signe un chèque de 400 000 $, alors que la job de... alors que le travail de l'UPAC, c'était le contraire, c'était de mettre de l'argent dans les coffres de l'État québécois?

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce que les responsables des fuites, c'est des bandits?

M. Nadeau-Dubois : Bien, si les gens ont brisé des lois, si les lois sont... si c'est des lois criminelles, oui, c'est des criminels. On peut appeler ça des bandits si on veut. S'il y a des gens, à l'UPAC, qui ont brisé des lois, ils doivent être tenus responsables. On peut mettre le qualificatif qu'on veut, bandits, criminels, si c'est illégal, c'est illégal, puis les gens doivent respecter la loi, surtout au sein même des corps de police. Je veux dire, il ne s'agit aucunement d'excuser ou de minimiser des infractions à la loi si elles ont été commises, surtout que les principales victimes de ces incompétences-là, c'est qui, bien, c'est les Québécois, Québécoises, eux-mêmes, qui pensaient qu'ils obtiendraient justice à travers l'UPAC puis qui, aujourd'hui, se rendent compte que leur argent va être utilisé pour signer un chèque de 400 000 $ à Jean Charest.

M. Robillard (Alexandre) : Pour quelle raison, selon vous, ces fuites-là se sont produites?

M. Nadeau-Dubois : C'est une bonne question. Je ne le sais pas, je ne veux pas spéculer, mais c'est un gâchis total.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que le gouvernement doit s'excuser? Est-ce que Mme Guilbault doit s'excuser à Jean Charest?

M. Nadeau-Dubois : Pour... à cause du livre, là?

Mme Plante (Caroline) : Oui. Et puis le gouvernement en général. Est-ce que le gouvernement doit s'excuser?

M. Nadeau-Dubois : Je ne vois pas pourquoi le gouvernement actuel s'excuserait, non.

Mme Lajoie (Geneviève) : M. Khadir, à l'époque, disait que Jean Charest était le suspect numéro un. Est-ce que vous estimez que c'est encore le suspect numéro un, qu'on n'a pas eu, finalement, ce qu'on aurait dû savoir au terme de cette enquête-là?

M. Nadeau-Dubois : Mon collègue, Amir, parlait du suspect numéro un, puis je pense que bien du monde au Québec était d'accord que M. Charest était suspecté de bien des choses, et, oui, c'était le suspect numéro un.

M. Bossé (Olivier) : Pour vous, c'est la fin de l'UPAC? Ça sonne la fin de l'UPAC?

M. Nadeau-Dubois : Je ne sais pas si c'est la fin. J'espère, en tout cas, que c'est le début d'une réflexion sérieuse, à savoir : Qu'est-ce qu'on fait avec cette institution-là? Parce qu'il faut le reconnaître, là, le symbole, il est fort, là, le symbole est fort. On s'est donné une institution qui était censée ramener de l'argent dans les coffres de l'État, puis cette institution-là, à cause de... et c'est sa faute, à cause de son gâchis, nous met dans une situation où il va falloir signer un chèque à Jean Charest.

M. Laforest (Alain) : ...malgré le fait que ce soit un corps de police indépendant, malgré qu'on a changé la direction, les gestionnaires, Robert Lafrenière n'est plus là, pour vous, ça n'a plus sa raison d'être? Parce que c'est ce que j'entends, là.

M. Nadeau-Dubois : C'est une nuance importante, là, que vous faites, c'est-à-dire que les ratés en question datent de la précédente direction de l'UPAC. Ce n'est pas des ratés qui se sont produits sous l'actuelle direction. Mais je pense, puis je ne pense pas être le seul, que le débat doit avoir lieu. Qu'est-ce qu'on fait avec l'UPAC? Je ne sonne pas, ce matin, le glas de l'UPAC, je ne dis pas qu'on doit l'abolir, je pose la question : Qu'est-ce qu'on devrait faire collectivement avec ça? Parce que, franchement, c'est frustrant pour les Québécois, Québécoises de voir des affaires comme ça.

M. Lecavalier (Charles) : Sur la Davie, êtes-vous à l'aise que le gouvernement du Québec donne 520 millions d'aide publique à la Davie, alors que la société de contrôle de l'entreprise est dans un paradis fiscal?

M. Nadeau-Dubois : Pouvez-vous répéter votre question?

M. Lecavalier (Charles) : Le gouvernement, hier, du Québec a annoncé une aide publique de 520 millions au chantier maritime Davie. La société de contrôle de l'entreprise se trouve aux îles Guernesey, dans un paradis fiscal. Pour vous, est-ce que le gouvernement du Québec devrait donner des aides publiques à des entreprises dont les sociétés de contrôle sont...

M. Nadeau-Dubois : Bien, notre position générale sur ces questions-là, c'est que l'État du Québec devrait être exemplaire. Quand il investit dans des sociétés, il devrait s'assurer que ces sociétés-là sont elles-mêmes responsables sur le plan fiscal. Pour ce qui est de la question spécifique du chantier Davie, vous me l'apprenez, on va regarder ça puis on va vous revenir.

M. Gagnon (Marc-André) : ...spécificité, là, quand même, là-dessus, c'est que l'argent va être injecté dans une société en commandite, Davie Infrastructure, qui a été créée spécialement pour l'occasion. Donc, peut-être que ceci explique cela, là.

M. Nadeau-Dubois : On va regarder ça puis on va vous revenir là-dessus.

M. Denis (Maxime) : ...des barrages, lorsque Pierre Fitzgibbon et M. Legault parlaient de barrages. Là, Hydro-Québec fait une étude sur la question à Tête-à-la-Baleine. Est-ce que vous appuyez l'idée?

M. Nadeau-Dubois : Bien, nous, notre position sur les nouveaux barrages, elle est très simple, hein, c'est-à-dire que nous, on n'a pas d'opposition de principe à des nouveaux barrages au Québec. Ce qu'on pense, c'est que le fardeau de la preuve repose sur les épaules du gouvernement. C'est eux qui doivent faire la démonstration que ces barrages-là sont pertinents et nécessaires pour l'avenir énergétique du Québec. Et cette démonstration-là, elle, n'a pas été faite. Il n'y en a pas, de plan à long terme pour l'avenir énergétique du Québec. On a une cascade de décisions individuelles et on a l'impression spontanée de Pierre Fitzgibbon. Nous, on n'a pas d'opposition, en théorie, à des nouveaux barrages, mais le gouvernement doit faire la démonstration que c'est nécessaire, que c'est pertinent et que ça s'inscrit dans une vision à long terme. Cette démonstration-là n'a pas été faite.

M. Laforest (Alain) : ...dans le plan stratégique qu'on regarde la possibilité d'avoir de nouveaux barrages.

M. Nadeau-Dubois : Oui, mais le plan stratégique a été rédigé et présidé par Mme Brochu, qui vient de s'en aller, et tout le monde se demande si ce n'est pas justement à cause d'un désaccord sur la mission et l'avenir d'Hydro-Québec. Il nous faut un BAPE générique, c'est ce que demande tout le monde, pour planifier l'avenir énergétique du Québec, pour refaire cet exercice-là et voir qu'est-ce qui est réellement nécessaire ou pas. Puis nous, en campagne électorale, déjà, on le disait : Pas d'opposition à Québec solidaire, par principe, à des nouveaux barrages, mais pas n'importe comment, et c'est au gouvernement à faire l'exercice de nous démontrer que c'est nécessaire.

M. Laforest (Alain) : Êtes-vous d'accord avec l'augmentation de la capacité éolienne, l'augmentation de capacité des barrages? On dit qu'on va manquer d'électricité.

M. Nadeau-Dubois : On a besoin de plus d'électricité, au Québec, pour atteindre nos objectifs de lutte aux changements climatiques, personne de raisonnable ne conteste ça, mais il y a plusieurs manières de générer plus d'électricité. La première manière, c'est d'en dépenser moins, de faire de l'efficacité énergétique. Il y a un potentiel éolien à développer. Il y a un potentiel solaire — timide, mais quand même — qui existe au Québec. Il y a plein... il y a des technologies de stockage d'énergie également qu'on peut développer. Il y en a, des solutions pour se libérer des capacités électriques, pour électrifier la société québécoise, mais de deux choses l'une : d'abord, il faut un plan général, un plan global, ce que le gouvernement du Québec n'a pas, puis, deuxièmement, il faut un plan pour atteindre nos objectifs de lutte aux changements climatiques, nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre, et ça non plus, le gouvernement Legault ne l'a pas. Il nous dit qu'il faut plein d'électricité pour décarboner, mais il n'a pas de plan pour décarboner.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que l'intérim probable qui a été évoqué hier par M. Fitzgibbon, c'est le signe que c'est plus difficile que prévu de trouver un nouveau P.D.G. pour Hydro-Québec?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne suis pas... Tu sais, personne, à Québec solidaire, n'est impliqué dans les tractations autour de la...

Journaliste : ...

M. Nadeau-Dubois : Par rapport à la nouvelle direction d'Hydro-Québec. Nous, on fait partie des gens qui auraient souhaité un processus un peu plus transparent. Je sais que des collègues de l'opposition avaient fait une proposition en ce sens-là. Nous, on aurait souhaité un processus plus transparent.

Et, de toute façon, au-delà de l'individu, ce qui est important, c'est la vision. C'est pour ça qu'il faut un BAPE générique sur l'avenir énergétique du Québec, pour qu'au-delà de la personne choisie il y ait une vraie réflexion collective, démocratique sur qu'est ce qu'on va faire avec notre énergie, l'énergie des Québécois, Québécoises dans les prochaines décennies.

Mme Mignacca (Franca G.) :...Radio-Canada… earlier, what do you make of that when you see, you know, the cultural sensitivity training the....

M. Nadeau-Dubois : You know, there was... it's clear that there was a political intervention because the CAQ officials did not like the language, the words that were in that formation. It's pretty ironic and it's a contradiction for a government that has said that academic freedom is so important for them. They just intervened into the content of a formation written by two scientists because they don't like the words that those scientists used. And it is also an example of the centralization we have already in our system. Now, we have a healthcare institution at the regional level that does not have even the power to do a formation for is own employees. They have official from Quebec City intervening to stop them doing a simple formation for their employees. So, that's an illustration that our system is already very, very centralized. There is already a very, very little autonomy at the regional level in our system. I have to underline the fact that we have, right now, a new reform of the healthcare system that will centralize it even more and will get rid of the very small autonomy that is still left in our system.

Mme Mignacca (Franca G.) : I mean, aside from the, you know, the changes of the healthcare system, what else do you feel the Government should do at this point, now that the story has come out? Are you hoping to see the minister react?

M. Nadeau-Dubois : Well, there should not have been a political intervention in the first place. I don't know if they will change their minds. They should. They should let regional authorities form their own employees. And if the scientists employed to do such a formation say it's pertinent to use a concept, they should let the scientists use that concept, and that concept then could be debated between the employees. I mean, no one is being censored to contest or to debate the content of a formation, but I don't see why words should be banned or formations should be closed because some ministers don't like the words that are in the formation.

Mme Mignacca (Franca G.) : And on your...

M. Authier (Philip) : I was going.... Go ahead.

Mme Mignacca (Franca G.) : On UPAC… You can go.

M. Authier (Philip) : O.K.. In the days… Mr. Lafrenière has left UPAC. In the days since all of these leaks and the incidents, the UPAC has said it's improved itself, it's actually now a real police force, it has a new leader. Do you think, as a result of all this, there still needs to be more of a shake-up, in UPAC, there has to be more... like more of an inquiry into how it operates, or someone needs to be policing the police?

M. Nadeau-Dubois : You know, I have the humility to recognize this morning that I dont't have the perfect solution to this problem. Québec solidaire doesn't have an already made-up solution to solve the problem with UPAC, but let's say one thing : There is a problem with UPAC, there is a big problem with UPAC, it's a recuring problem. That institution has a huge credibility deficit, and we need to ask the question : What are we doing with this? Because that institution was founded to do two things, to catch the criminals, the corrupted people, and to bring back money into the public Treasury. This morning, what we see is that not a lot of corrupted people were caught and we're actually signing a cheque to Jean Charest. So, what a frustrating situation for Quebeckers!

M. Authier (Philip) : But, as a citizen, don't you think Mr. Charest deserves an apology?

M. Nadeau-Dubois : You know, I think all Quebeckers deserve an apology for the huge mess, for the huge mess into our fight against corruption. UPAC has not been up to the task, it's a euphemism to say so, and the Liberal Party should put forward excuses to Quebeckers for what they did during… when they were in power. Mr. Charest won his cause before the tribunal, he gained his plea, he will have $400,000 in his pockets, he has his victory, but the Quebeckers have won nothing.

Mme O'Malley (Olivia) : So, what's your… you say you can't come up with solutions, right now, but what's your message to these Quebeckers who are frustrated and had trust in this system?

M. Nadeau-Dubois : First, my message is that I understand their frustration, I share their frustration. You know, we've been fighting for people… for corrupted people to be, you know, for them to… how do you say «rendre des comptes»… held accountable. So, we've been fighting for those people to be held accountable for their actions, the corrupted people in Québec, because there is no corruption system without individuals that participate in that system.

So, it's a huge mess, it's very frustrating, I know the «commissaire» of UPAC will be in front of us in a few weeks, during the audition for the credit. We will have very serious questions for him and for the minister responsible for UPAC also, because something needs to be done. It's not normal that the institution that was put forward to fight corruption is unable to do it and that trips on itself at the point of signing a cheque to Jean Charest.

(Fin à 8 h 58)

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