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Point de presse de M. André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé

Version finale

Wednesday, March 29, 2023, 15 h 05

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures dix minutes)

M. Fortin :Bonjour. Merci. Merci d'être là pour entendre notre réaction au projet de loi volumineux, appelons ça comme ça, qui a été déposé par le ministre de la Santé. D'abord, sur la création de l'agence Santé Québec, on a beau le revirer tous les bords, tous les côtés, là... puis on va le regarder en détail dans les prochaines semaines, mais on a beau regarder ça de tous les angles possibles, pour nous, ça nous semble vraiment comme un bouclier, un bouclier pour Christian Dubé, un bouclier anti-imputabilité pour que le ministre, lorsque surviendra une situation dans un hôpital ou dans un autre, n'ait qu'à se tourner vers le P.D.G. de l'agence et dire : Occupe-toi-z-en. Le ministre se décharge de sa responsabilité, de son imputabilité.

Et, s'il tenait absolument à tout centraliser à une place, il aurait pu faire ça au ministère, il n'était pas obligé de se créer une agence indépendante ou une société d'État pour faire ça. C'est du grand Christian Dubé, là, qui préfère penser aux grandes orientations du ministère plutôt que de travailler aux résultats pour les patients dans chaque hôpital.

Les premières réactions, on les trouve parlantes, surtout du fait que Christian Dubé nous a, aujourd'hui, peint un portrait assez positif de la chose. D'entendre les différents groupes, les différents intervenants avoir comme première réaction — il y en aura d'autres, assurément, là — qu'ils n'ont pas été consultés, qu'ils n'ont pas été écoutés par le ministre de la Santé avant de déposer une réforme d'une telle ampleur, c'est surprenant et décevant, franchement, de la part du ministre Dubé.

Troisième chose, ce qui nous a été présenté aujourd'hui est très loin du patient. Il y a trois mois, quand Christian Dubé a commencé à parler de l'agence Santé Québec, il nous a dit : Un cas comme celui de Mme Bourassa, qui, essentiellement, est décédée dans des circonstances atroces, dans une souffrance pénible, ça ne se reproduira plus après ma réforme. Je ne vois pas comment la réforme qui nous a été présentée aujourd'hui ferait en sorte qu'une situation comme celle-là ne se reproduirait pas.

M. Denis (Maxime) : Comment on accepte ça, l'idée d'ajouter des directeurs, d'ajouter du monde, quand on est dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre?

M. Fortin :Bien, de...

Une voix : ...

M. Fortin :Oui, mais, dans la structure actuelle, là, c'est très possible d'avoir des directeurs de CHSLD, c'est très possible d'avoir des directeurs d'hôpitaux. Il y en a, des directeurs, dans des CHSLD au Québec. Moi, dans ma région, il y a des directeurs attitrés à certains centres de soins de longue durée. Alors, de faire la même chose pour des directeurs d'hôpitaux, c'est une chose. Là où ça vient difficile et problématique, c'est qu'on enlève, essentiellement, les conseils d'administration régionaux. Donc, la structure hiérarchique, là, elle va passer de directeur d'hôpital à P.D.G. de CIUSSS, à P.D.G. d'agence, à ministre de la Santé. C'est un lien très direct où la communauté est très peu impliquée, où les acteurs locaux sont très peu impliqués. Alors, pour des représentants locaux qui ont chacun un rôle, là, sur ces C.A. là, ils deviennent essentiellement des gens qui sont là pour mesurer la performance et pour faire une reddition de compte. Ils n'ont aucun pouvoir décisionnel. Tout le pouvoir décisionnel est concentré dans les mains de celui ou celle — le fameux «top gun» — qui va être nommé par le ministre.

M. Desrosiers (Sébastien) : La création de l'agence Santé Québec, selon Christian Dubé, représente l'avantage pour les employés du réseau de n'avoir qu'un seul employeur. Il a donné l'exemple, par exemple, de la mobilité, bon, quelqu'un qui a 20 ans d'expérience à Montréal pourrait aller travailler dans une autre région sans perdre son ancienneté.

M. Fortin :Oui.

M. Desrosiers (Sébastien) : Est-ce que vous voyez là quelque chose d'intéressant?

M. Fortin :Et l'ancienneté réseau, là, ça peut être un concept intéressant, c'est un concept... On entendait certains des leaders syndicaux, par le passé, hier, dire que c'est une demande de longue date de la part de certains syndicats. On entend d'autres syndicats, aujourd'hui, nous dire que ce n'est pas une demande de longue date de leur part, qu'eux ont des appréhensions importantes par rapport à ça. C'est quelque chose qui peut avoir des effets positifs, ça, on le reconnaît, mais il faut que ce soit fait correctement parce qu'il y a aussi une part de risque pour le fonctionnement de certaines régions. Donc, il faut s'assurer de le faire correctement. Si c'est quelque chose que le ministre tient à mettre de l'avant, on peut comprendre pourquoi, mais il faut faire attention à ne pas déshabiller certaines régions en faisant ça.

Mme Deschênes (Stéphanie) :Est-ce que vous voyez, vous, une similarité entre cette réforme-là puis la réforme de votre ancien collègue, Gaétan Barrette?

M. Fortin :Bien, moi, je... Il y a deux choses, là. Peut-être qu'à un certain niveau philosophique, je peux comprendre, sauf que le Parti libéral a choisi de faire certaines réformes et d'arrêter à un certain point. La Coalition avenir Québec fait un autre choix aujourd'hui. Elle choisit d'aller beaucoup plus loin que des réformes passées.

Et ce qui est surprenant, là-dedans, c'est qu'il y a... beaucoup des pouvoirs que les réformes des dernières années ont octroyés au ministre, il ne s'en sert pas. Il y a une raison pour laquelle le nombre de Québécois qui ont un médecin de famille bien à eux a diminué, dans les dernières années, c'est parce que le ministre de la Santé actuel a choisi de ne pas utiliser des pouvoirs qu'il a eus dans les dernières réformes. Si le ministre Dubé veut envoyer des spécialistes en région, là, bien, le projet de loi n° 130, qui avait été piloté par le Parti libéral, à l'époque, lui donne beaucoup de ces pouvoirs-là, en fait, donne à ses gestionnaires de CISSS et de CIUSSS beaucoup de ces pouvoirs-là. Alors, lui, il choisit d'aller beaucoup plus loin aujourd'hui que ce que le Parti libéral avait choisi de faire à l'époque.

M. Laberge (Thomas) : Vous parlez d'aller plus loin, là, mais que certains l'interprètent comme, finalement, le parachèvement de la réforme Barrette, est-ce que vous êtes d'accord avec ça?

M. Fortin :Moi, je pense que ce qui avait été proposé à l'époque par le Parti libéral, c'étaient plusieurs avancées, mais, à un moment donné, le Parti libéral a fait un choix, que c'était suffisant aussi. Maintenant, il y a des concepts qui sont introduits que moi, en tant que député libéral pour les huit dernières années, on ne m'a jamais présentés. Le concept d'agence, là... moi, c'est la première fois que j'entends parler du concept d'agence Santé Québec, et quand je le regarde, aujourd'hui, ça m'apparaît comme un écran de fumée.

M. Desrosiers (Sébastien) : Vous dites : On a choisi d'arrêter, mais M. Barrette lui-même, dans un article de presse, disait... bien, donnait une autre version, disait que c'était plutôt Philippe Couillard qui avait, je reprends son terme, là, «choké». Est-ce que c'est ça qui s'est passé ou on a choisi d'arrêter?

M. Fortin :Je ne peux pas dire, je n'étais pas dans la conversation entre le ministre de l'époque et le premier ministre de l'époque. Cependant, je peux vous dire que c'est normal que Philippe Couillard, à un certain point, dise : Moi, c'est la réforme que je mets de l'avant. Aujourd'hui, le ministre Dubé peut très bien mettre une réforme, puis, dans quelques années, quelqu'un d'autre peut dire : Moi, je veux aller encore plus loin. Ça ne lui appartient pas, à ce moment-là.

M. Laberge (Thomas) : Mais comment vous réagissez que votre ancien collègue applaudisse à ce point-là la réforme de M. Dubé?

M. Fortin :Bien, je pense qu'il y a des gens qui vont voir, de leurs perspectives, quelque chose de positif, il y a des gens qui vont voir quelque chose de négatif. Moi, je trouve surtout qu'il faut regarder la réforme du point de vue du patient, en ce moment, et de personne d'autre. Et la réalité de 2023, elle est différente de la réalité de 2016, puis il y a des patients, aujourd'hui, là, dans le mode postpandémique, qui n'ont pas les services auxquels ils avaient accès à une certaine époque, et je pense qu'il faut d'abord penser à eux plutôt que de penser au jeu politique.

M. Desrosiers (Sébastien) : Vous allez participer aux consultations. Selon vous, quand est-ce que ça pourrait être adopté?

M. Fortin :Bien, honnêtement, je n'ai jamais vu un projet de 1 200 articles, donc c'est dur à dire, combien de temps ça va prendre, étudier ça. C'est le projet de loi, de loin, là, le plus volumineux que j'ai vu depuis les huit ans que j'ai passés comme parlementaire, alors c'est dur à dire, mais c'est une réforme qui est importante. Sans vouloir dire que cette réforme-là va prendre un grand bout de temps à adopter, je pense qu'il y a des concepts qui méritent d'être étudiés, à l'intérieur de cette réforme, il y a des impacts qui méritent d'être mesurés et il y a des gens qui aujourd'hui nous disent : Le ministre de la Santé ne nous a pas consultés qui méritent d'être consultés.

M. Spector (Dan) :Just… In English. What did you like, what did you dislike?

M. Fortin :Well, first off, the concept of an independent or… a «société d'État» or an agency is a brand new concept, it's something that, to us, is much of a… is very much a shield for the Health Minister to protect himself against his own ministerial responsibility. It basically feels like every time something happens in a hospital, he'll simply turn to his CEO of the agency and say : Go fix that. He basically, himself, resumes or takes his job and says : My job is to get money from the Finance Minister, my job is to give it to the agency, and they can operate anything else. So, he's very much taking responsibility away from himself with… and «imputabilité» away from… accountability away from himself, and I don't see how that's positive.

One of the things that has surprised us is the reaction of a lot of the groups who said they weren't consulted, they weren't listened to. I expected better out of Christian Dubé. And what really, to us, seems lacking here is how this will impact the patient. One of the first things that Christian Dubé said when he started musing about this was that a patient like «Mme Bourassa», who died at St. Mary's Hospital in Montreal under painful conditions, without getting the quality of care that we expect, that a situation like that could not happen again. I fail to see, with the bill that was put forward today, at least at this point, how a situation like that would be avoided.

M. Spector (Dan) : Yes, and like do you think there's enough in there to reduce, you know, ER wait times, you know, like somebody waiting at the Lakeshore for 50 hours is… like, have you seen enough to think that that's going to go away?

M. Fortin : There may be aspects of the bill that, in time, can have a positive impact, but there's also a big part of the bill that we don't see how it's geared towards patient care, it's not geared towards the people who, right now, are at the emergency room, it's not geared towards the people who, right now, are in a operating room and who are waiting. It seems to be a bill that is very much in a… more in a philosophical area, like the creation of the agency. A lot of what the minister proposes to do could have been done inside the ministry. If he really felt like he needed to centralize everything the way he's doing, he could have done that through the ministry instead of creating an independent agency and hiring what he calls «top guns» from the private sector. So, that's the part that, really, the minister has to prove to everybody and demonstrate to everybody, how patient care will be improved by this, because, at first glance, it's not visible to us.

Merci à vous.

(Fin à 15 h 21)

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