(Huit heures une minute)
M. Marissal : Bonjour. Merci.
Merci d'être là. Grosse journée aujourd'hui en santé. Elles le sont toutes,
vous direz, là, mais, ce matin, on a un projet de loi qui est attendu depuis
longtemps. Je dirais, la première chose, c'est que je suis content de voir que
le ministre Dubé va arrêter son striptease législatif. Parce qu'il se promène
un peu partout au Québec, depuis maintenant trois semaines, à distiller des
morceaux de son projet de loi devant les «top guns» du privé, dans les
rencontres à huis clos ou ailleurs. Je peux vous dire ce matin que, dans le
réseau, on est sur le gros, gros nerf, tout le monde est sur le gros nerf. Les
médecins, les gestionnaires, le personnel soignant, tout le monde est sur le
gros nerf parce que le ministre nous a préparés, là, mentalement, à avoir un
cataclysme dans le réseau, et moi, je pense que c'est la dernière affaire dont
ce réseau-là a besoin en ce moment.
Alors, juste dans la forme, là, le
ministre de la Santé est plutôt un mauvais patron, ici, là, que de prévoir d'emblée
un cataclysme dans un réseau qui est déjà très, très, très ébranlé. Alors,
peut-être que sa première job, ce matin, là, après avoir déposé son projet, là,
ça va être de rassurer son monde, là. Parce qu'au-delà des chiffres, là, c'est
du monde, qui travaille dans le réseau de la santé, puis les patients, c'est du
monde aussi, puis ces gens-là, en ce moment, ils sont mis à mal. Regardez ce
qui se passe, par exemple, ce qu'on apprend à Sherbrooke, dans le coin de
Sherbrooke, des personnes âgées inaptes qui se font shipper dans un CHSLD à 50 kilomètres,
à défaut de quoi ils paient 400 $ par jour. Ça ne va pas, dans le réseau,
en ce moment, on n'a pas besoin de rajouter une couche d'incertitude.
Alors, tout dans ce projet de loi qui ira
dans le sens de l'accessibilité, la disponibilité des soins, je vais être d'accord,
je vais travailler à bonifier ce projet de loi là, le ministre le sait, mais là
il débarque avec ses gros sabots, là, en cow-boy, en disant à tout le monde :
Tassez-vous, là, ça va shaker, ça va shaker. Franchement, c'est une mauvaise
façon de fonctionner. Le ministre, là, il n'est plus chez Cascades, là, il
n'est pas en train de gérer un entrepôt de rouleaux de papier, là, il est en
train de gérer des dizaines de milliers de personnes. Alors, je lui demande de
mettre un peu de finesse dans son approche, là. On n'a pas besoin d'une autre
crise dans le réseau de la santé. Merci.
M. Leduc : Il y avait un
duel, en cour, depuis quelques semaines, entre Québec solidaire et les lobbyistes
de la restauration, du commerce de détail, quant à la possibilité d'avoir une
exemption pour les mineurs de 12, 13 ans dans ces deux secteurs-là. Et je ne ferai
pas dans la fausse modestie, je suis bien content qu'on ait gagné ce duel-là
hier dans le projet de loi déposé par M. le ministre du Travail, M. Boulet.
Alors, c'est une bonne nouvelle. Je suis content qu'on ait réussi à gagner
cette manche-là.
Le projet de loi, on va le regarder dans
ses détails, mais là on a pris le temps un peu plus de bien le relire après l'avoir
commenté à chaud hier, après le dépôt, et, vraiment, cette fois-ci, ça semble
clair pour nous, là, qu'on a gagné cette manche-là. Il reste peut-être quelques
discussions à avoir sur les exemptions pour les entreprises familiales, mais,
au final, le gros problème qu'on voyait venir, à savoir l'exemption complète
pour deux secteurs, c'est réglé, pour nous, c'est derrière nous.
J'en profite aussi pour vous souligner que
nous allons déposer une motion tantôt sur la question des hydrocarbures et des
changements climatiques, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale exprime ses
inquiétudes de voir l'augmentation de la production pétrolière et gazière au
Canada venir miner les efforts mondiaux de lutte contre les changements
climatiques et qu'elle réitère sa demande au gouvernement canadien, tel qu'adopté
à l'unanimité par motion le 22 septembre 2021, de mettre fin à toute subvention
directe ou indirecte aux entreprises pétrolières et gazières avec l'argent des
Québécois et Québécoises.» Merci.
M. Laforest (Alain) : Vous
pensez quoi du plan vert du gouvernement fédéral et du fait que la carte de
crédit, ce n'est pas sûr qu'on va être capable de payer les intérêts à long
terme?
M. Leduc : Bien, moi, je n'ai
pas eu l'occasion, malheureusement, de regarder en détail le plan vert du
gouvernement fédéral. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'absence de plan vert du
gouvernement du Québec. Je veux qu'on soit...
M. Laforest (Alain) : ...c'est
quand même les impôts des Québécois qui paient une partie de ça, là.
M. Leduc : Vous avez bien
raison.
M. Laforest (Alain) : Il y a
un 80 milliards, là, pour, entre autres...
M. Leduc : Ce n'est pas pour
rien qu'on dépose une motion aujourd'hui en ce sens, pour dire que c'est notre
argent qui va dans les subventions aux pétrolières et aux gazières. Donc, on
n'en fait pas assez, au Canada, on pourrait dire, mais moi, ce qui m'intéresse,
c'est une perspective québécoise, c'est que le Québec devienne un chef de file
mondial dans la lutte aux gaz à effet de serre et qu'on démontre que c'est
possible de faire une transition verte au Québec, pour que d'autres États
puissent s'en inspirer, une transition qui soit faite avec les travailleurs et
travailleuses et non sur leur dos.
M. Lacroix (Louis) : Vous
savez, quand on est Québécois, on aime beaucoup la météo, hein, puis, quand on
nous annonce 25 centimètres de neige, on capote puis on est là : Ça
va être la tempête épouvantable, tempête du siècle. Finalement, quand il en
tombe 15 centimètres, on se dit : Bien, ce n'était pas si pire. Vous
ne pensez pas que c'est un peu ça qu'est en train de faire M. Dubé?
M. Marissal : Ah, je n'avais
pas fait le lien entre Pascal Yiacouvakis puis M. Dubé, là, honnêtement,
ou Colette, chez TVA, en fait. Est-ce que c'est ça qu'il est en train de faire?
Si c'est ça qu'il est en train de faire, je ne sais pas à quoi il joue, là,
parce qu'en ce moment, je vous le dis, là, mon téléphone sonne, je reçois des
textos, le milieu est vraiment, vraiment sur le gros nerf, là. Et je les
comprends, je les comprends, parce que le ministre, je l'ai dit tantôt, là, et
j'insiste là-dessus, là, ce n'est pas anodin, là, le striptease législatif, là...
c'est que le ministre, il est allé très, très loin, dans des réunions, en
détaillant un projet de loi qui n'était pas encore déposé ici. Puis ça, là,
c'est en train de devenir une mauvaise habitude de la CAQ, là, leurs
90 députés, là — oui, ils sont retournés à 90, je pense, ce
matin, là.
Ça n'a pas gommé la responsabilité puis le
régime parlementaire. Un projet de loi, ça se dépose ici, ça se débat ici. Là,
M. Dubé est allé faire des rencontres avec des «big shots», là, en privé,
là, à Montréal, là, pour essayer de recruter. Ça inquiète beaucoup, beaucoup
les gens dans le réseau, plus de 1 000 articles, on va shaker les
colonnes du temple. Est-ce qu'on peut d'abord, un, déposer le projet de loi
puis l'étudier? Puis, ensuite, moi, je le dis, s'il y a des éléments,
là-dedans, puis je veux bien croire qu'il y en aura au moins un ou deux, là,
qui vont dans le sens d'une meilleure accessibilité, meilleure disponibilité
des soins aussi, et la rétention et l'attractivité du personnel dans le réseau
public, je vais collaborer avec enthousiasme, mais je ne crois pas que c'était
nécessaire de lancer un immense pavé dans la mare juste pour dire : Moi,
je suis toffe, là, puis je vais te shaker ça, là. C'est Gaétan Barrette II.
c'est Gaétan Barrette II. M. Dubé, c'est Gaétan Barrette avec un
sourire, mais, à la fin, c'est la même méthode.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
c'est ça, vous critiquez beaucoup la forme, mais, sur le fond, sur les
intentions, est-ce que vous êtes d'accord pour dire que ça prend un gros coup de
barre dans le réseau de la santé au Québec?
M. Marissal : Bien oui, ça prend
un gros coup de barre. Ça prend un gros coup de barre pour ramener le personnel
soignant dans le réseau public, ça prend un gros coup de barre dans les
infrastructures. Maisonneuve-Rosemont, cet hôpital-là tombe en ruine, ça fait
des années qu'on le dit. Il est où, le coup de barre pour reconstruire un
hôpital dont on a absolument besoin aux agences? Moi, ce qu'on me dit, encore
hier soir, là, c'est qu'il y a des infirmières d'agences qui partent, là, ces
jours-ci, vers l'Abitibi, là, à 125 $ de l'heure plus les frais de
déplacement et de logement. Le projet de loi, là, qu'on est en train d'étudier
ne règle pas ça, c'est de l'esbroufe, on n'attaque pas les vrais problèmes,
mais, par exemple, M. Dubé, là, roule des mécaniques, là, il va te
bulldozer la place. Soyons sérieux, là, ça prend des vraies mesures en santé,
là.
M. Desrosiers (Sébastien) : Sur
le troisième lien, je reviens encore une fois, vous avez peut-être vu les
nouvelles données de circulation sur les ponts Pierre-Laporte et sur le pont de
Québec, on se rend compte que la congestion ralentit par rapport au niveau
prépandémie, par rapport à 2019.
Qu'est-ce que ça dit, encore une fois, de l'avenir
de ce projet-là, du tunnel Québec-Lévis?
M. Leduc : Bien, une autre
tuile supplémentaire, une autre porte qui s'ouvre enfin pour M. Legault
pour annoncer ce qu'on a tous compris qu'il arriverait tôt ou tard,
c'est-à-dire qu'il n'y en aura pas, de troisième lien. Moi, j'ai fait des
campagnes avec Québec solidaire depuis plusieurs années, là, depuis 2012, j'ai
fait celle de 2014, où cette promesse-là est tombée un peu de nulle part, j'ai
fait 2018, j'ai fait 2022. On peut-u s'épargner la prochaine, 2026, avec
encore cette affaire-là dans le parage? Non, non, ça suffit. Qu'on tire la
plogue puis qu'on passe à autre chose.
M. Bossé (Olivier) : Puis
est-ce que ça n'ouvrirait pas la porte justement, peut-être, à une autre
version, à une autre façon de faire le tunnel quand même? Parce qu'hier
M. Legault a bien dit : Je tiens à faire ce tunnel. Il n'a pas dit ce
qu'il allait mettre dedans, mais il a dit qu'il ferait un tunnel.
M. Leduc : Voilà, mais il faut
qu'il nous démontre que c'est le meilleur investissement possible, il faut que
les experts en transport public nous disent que c'est la meilleure façon
d'aller de l'avant avec le transport dans la région de Québec. Puis, pour
l'instant, ce n'est pas ça qu'on a comme information.
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
que c'est une option que vous ne pourriez pas étudier, par exemple, à laquelle
vous seriez ouverts, de dire, par exemple : On va faire un tunnel puis on
va faire circuler du transport en commun dedans, pas de voitures? Est-ce que
ça, c'est une option? M. Nadeau-Dubois a déjà dit qu'il serait parlable.
M. Leduc : Bon, vous vous
rappelez que ce n'est pas ça qu'on a proposé en campagne électorale, mais vous
vous rappelez aussi qu'on n'a pas fermé la porte à double tour. On est des gens
parlables, mais ce n'est certainement pas ça notre option numéro un.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...sur
l'intelligence artificielle.
M. Leduc : Oh!
M. Pilon-Larose (Hugo) : Oui,
parce que, ce matin, il y a une lettre ouverte qui est signée par beaucoup de
personnes, notamment l'expert montréalais, M. Bengio, qui s'inquiète du
développement très rapide, notamment avec les ChatGPT de ce monde, et tout ça,
et qui disent : Là, on est peut-être rendu au point qu'il faut mettre une
pause, là, avant qu'on perde le contrôle de la machine. C'est sociétal, comme
débat, malgré tout, parce que ça nous concerne tous. Est-ce que vous, vous êtes
inquiet, justement, quand vous voyez la vitesse à laquelle cette technologie-là
se développe et la place qu'elle prend? Ça vous inquiète?
M. Leduc : Oui, c'est sûr.
Moi, j'ai le dossier enseignement supérieur puis j'ai beaucoup d'amis dans mon
réseau qui sont enseignants soit au collégial soit à l'université, et ils sont
dépassés, actuellement, par ces logiciels-là qui font que tu peux fournir un
travail de fin de session en deux temps, trois mouvements, puis c'est très
difficile à détecter après si la personne n'a pas... C'est une forme de
plagiat, là. Tu devrais avoir zéro, on s'entend, là, si tu fournis une copie
basée par ton... et compagnie, les autres logiciels. Donc, oui, c'est
inquiétant, sur le volet, notamment, enseignement supérieur, sur la qualité du
savoir, sur qu'est-ce qu'on apprend, finalement, sur les bancs des cégeps,
universités, mais il y a plein d'autres volets aussi qui sont inquiétants. Je
ne sais pas si tu veux rajouter quelque chose, Vincent.
M. Marissal : Bien oui. L'image
que j'ai eue, en entendant ça ce matin, c'est Frankenstein, hein? Vous savez,
des fois, il y a des savants qui créent des trucs, puis, une fois que la bête
est sortie de la boîte, on s'aperçoit que c'est un truc qui est incontrôlable.
Moi, je suis heureux de voir, notamment, des gens comme Bengio nous appeler à
une prudence, effectivement. Parce que l'intelligence artificielle, c'est comme
le reste, c'est un outil. C'est un outil. Moi, j'ai visité des hôpitaux,
récemment, où il y a notamment des robots qui font certaines opérations,
évidemment, avec le chirurgien, notamment des parties du corps qui sont plus
difficilement accessibles, là, je vous épargne les détails... mais ça, ça va,
là.
Il y a de l'intelligence artificielle,
maintenant, qui est à peu près partout, mais, comme Alexandre l'a dit, dans le
domaine de l'éducation, puis je pense que c'est votre journal qui a publié
récemment, là-dessus, un dossier, il ne faut pas que ça devienne une espèce de
panacée, là. La technophilie, parfois, ça nous amène à penser que toute
nouvelle invention, c'est la panacée puis c'est extraordinaire. Je répète, tu
sais : Qu'un gars comme Bengio, qui a quand même fait sa carrière
là-dedans, nous dise : Attention! Qu'on prenne juste un petit pas de recul
avant justement que le monstre soit sorti du laboratoire puis qu'il soit
incontrôlable, je pense que c'est sain de le faire.
Mme Mignacca (Franca
G.) : On the upcoming health care bill,
Mr. Marissal, what are some of your main concerns going into it?
M. Marissal : Well, my main concerns, even before Mr. Dubé tabled actually this bill, because it's not been
tabled yet… two things. Mr. Dubé has been traveling across Québec giving bits and pieces of this draft
bill to anyone who was in the room. So, this is something that I don't like
with this Government, that they
publish bits and pieces of their draft bill before tabling it at the National Assembly, and that's the way that
should be done. First thing.
The second thing is that
Mr. Dubé is somehow promising the network another major shuffle, another major
overhaul, and, I mean, based on my conversation with people in the network, the
people are very, very anxious about that. They want to see the draft bill, but
they don't want another chaos. We don't need another layer of chaos in the
public health network, and that's basically what is promising Mr. Dubé right now.
Mme Mignacca (Franca
G.) : In terms of the pieces that we have seen
so far, though, what do you make of it, and especially when it comes to the
creation of Santé Québec?
M. Marissal : Well, I don't have the details about Santé Québec, the agency. Is it an agency? Is it just like Hydro-Québec? I still don't know. The only
thing I know is some money has been provisioned in the budget. That's what I
know, but I don't know why exactly. So, on that part, basically it's wait and
see, for me. I will have a briefing today, obviously, on this draft bill, and I
will be able to tell you more.
The thing is I don't want
this agency to give the opportunity to the Government not to take its responsibility in the sector, you know? It's too easy to create a new
agency and say, basically : Ah! you know, the day-to-day business, it's not my business, I don't take care
of this. The minister is still responsible for what's going on in health in
Québec.
M. Spector (Dan) :
A synagogue in Montréal had to face
with swastikas. How do you guys react?
M. Marissal :
Again?
M. Spector (Dan) :
Yes.
M. Marissal :
I don't know about this specific case,
I'm sorry, but any kind of hatred or gesture like this should be condemned.
Basically, that's what I have to say, and I'm kind of flabbergasted again to
hear that this morning.
M. Spector (Dan) :
And just on Louiseville and the man who
stabbed the police officer, what did you think when you heard about the history
of mental illness, not criminally responsible verdicts? I mean, this person
walked free. Does something have to change here?
M. Leduc :
Yes. I think my colleague, Andrés
Fontecilla, on public security, might give you more insight on that topic, but
one thing for sure, when we read that piece this morning, I think I can say we
were afraid. What's happening right now? Is there more of those cases among us
as we speak? How is it working, what are the... It's not the first time that
something like this has happened. So, Government should get a good look into
that and tell us... and reassure us that everything is still... is on good
hands.
M. Grillo (Matthew) :
On the health care reforms, is this
something that the system doesn't need right now? Is there a better option? Is
there another way to do this that is less of a shake-up, in your opinion?
M. Marissal :
Well, things are not going well in
health. That's one point. That's for sure. That's a given. But the way Minister
Dubé is planning to do it, I mean, it's counterproductive. This network has
been stressed out to the extreme limit. It was true before the COVID, it's even
more true today after the COVID. And then Mr. Dubé, not only he has big plans,
basically, to attack unions and people working in this network, but he is
making sure to let anybody knows that he's coming : I'm coming with a new
big overhaul of the network. I mean, we don't need another layer of chaos in
this system.
Une
voix : Merci.
M. Marissal : Merci.
M. Leduc : Bonne journée,
tout le monde.
(Fin à 8 h 18
).