(Dix heures et une minute)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour,
tout le monde. Donc, d'abord, j'aimerais offrir mes sympathies aux proches de
Maureen Breau, qui est décédée dans des circonstances... en fonction, en fait.
J'aimerais également souligner une fusillade qui a eu lieu dans ma
circonscription, à Camille-Laurin, où on aurait ouvert le feu sur un groupe de
personnes, une voiture qui aurait passé. Donc, on fait le suivi là-dessus
présentement pour identifier les causes. Donc, deux événements très tristes, et
je veux d'abord les souligner, offrir mon soutien à tous les proches.
Évidemment, il faut revenir sur la
fermeture du chemin Roxham. C'est un sujet qui a occupé beaucoup l'espace
médiatique pendant plusieurs mois, et il y a deux choses qu'on constate au
terme de l'annonce de vendredi dernier de Justin Trudeau et de M. Biden. D'abord,
l'importance de la symbolique d'un gouvernement du Québec qui n'a pas été
consulté ni même informé de l'existence de cette entente-là, alors qu'elle
existe depuis près d'un an. C'est une symbolique extrêmement forte de l'absence
de considération pour le Québec, l'absence de rapport de force pour le
nationalisme fédéraliste de la CAQ. Et la CAQ a beau essayer, comme elle l'a
fait vendredi, là, de se vanter et de s'approprier les mérites de cette
décision-là, le constat, c'est que la CAQ n'était pas dans le coup et n'est
toujours pas dans le coup, parce que se pose la question... Il y a une entente
qui parlerait de 15 000 personnes. Vraisemblablement, quand on
examine les réactions de la ministre, elle n'a aucune idée des détails de cette
entente-là puis elle n'est pas consultée. Donc, ça, c'est un premier constat.
Puis le deuxième point, c'est le constat
qu'on a tenté, dans ce débat-là, d'extrême-droitiser les personnes qui croient
que les frontières sont un élément normal d'une démocratie et d'une
social-démocratie. Je me réclame de l'idée sociale-démocrate, ce qui veut dire
que je suis démocrate, je pense que la question de l'immigration devrait être
débattue et planifiée démocratiquement. Et je suis social, dans une très large
mesure, je crois à l'État-providence, et donc je m'inquiète lorsque l'absence
de planification signifie absence de logements, absence de services, recul de
la langue française. Mais, pour ces questions-là, on a vu qu'une frange de
gauche radicale, qui occupe beaucoup d'espace, même médiatiquement, n'a pas
hésité à tenter d'accoler des épithètes à ceux qui demandaient une
planification intelligente de ces questions-là, et je suis surpris de voir que
ces mêmes personnes-là ne collent pas ces épithètes-là à Justin Trudeau et à
Joe Biden. Bien, se pose la question : Est-ce que Justin Trudeau et Joe
Biden sont des gens d'extrême droite parce qu'on a fermé le chemin Roxham?
Donc, nous réitérons, au Parti québécois,
notre volonté d'avoir un contrôle et une planification intelligente de nos
frontières. On pense que c'est aux Québécois et aux Québécois seulement de
débattre de ces questions-là et de le planifier et on tient à accueillir avec
dignité chaque personne qui choisit le Québec, notamment sur le plan du
logement et des services sociaux. Et donc c'est le point que je voulais
réitérer ce matin.
M. Lacroix (Louis) : Vous
faites référence à qui, là, dans des groupes d'extrême... de gauche radicale?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
je ne viserai pas de nom. Je laisse ça pour d'autres.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
vous vous êtes avancé pas mal, là.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ce que j'ai à dire ce matin. Vous écouterez les nouvelles. Hier soir encore, il
y avait des gens qui se présentent comme des experts et qui, dans les faits,
proposent l'abolition effective des frontières, disent : Si on tente de
faire respecter les frontières, on va échouer, il faut absolument que toute
personne voulant rentrer sur le territoire québécois puisse le faire. Et je
fais juste constater que, dans ce débat-là, qui était légitime et qui s'est
fait démocratiquement, les épithètes pour les points de vue du Parti québécois
étaient souvent très disproportionnées lorsqu'on constate que ces mêmes
épithètes là ne sont pas utilisées pour Justin Trudeau et Joe Biden.
Journaliste : ...Québec
solidaire, M. Plamondon?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne vise personne. Je vous dis, ça a eu lieu...
Journaliste : ...point de
presse là-dessus.
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Journaliste : ...là-dessus, il
faut l'écrire, puis, après ça, on va se dire : Bien, de qui il parle?
Journaliste
: On ne
sait pas de qui il parle.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est parce qu'il y en a plein, là, il y a plein d'exemples.
Journaliste : Pouvez-vous
nommer un groupe qui vous a traité d'extrême droite?
Journaliste
: Un expert?
M. St-Pierre Plamondon : Il y
en a plein. Faites «Parti québécois, extrême droite», regardez les médias
sociaux.
M. Lachance (Nicolas) : Oui,
mais vous faites un point de presse ce matin...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
vous qui êtes journaliste...
M. Lachance (Nicolas) : ...vous
devez bien avoir du monde derrière la tête, là.
M. Laforest (Alain) : Bien,
c'est nous qui êtes journalistes, c'est vous qui êtes le politicien...
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Et moi je vous ai dit ce que...
M. Laforest (Alain) : Qui est
l'expert d'extrême droite que vous visez?
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas parlé d'expert d'extrême droite.
M. Laforest (Alain) : Bien,
vous avez dit : Il y a des experts qui veulent la fermeture des
frontières, qui... les idées du Parti québécois. Vous avez parlé de la gauche
radicale. C'est qui?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
partout dans l'espace public. Et, juste hier soir, il y avait des gens qui
énonçaient encore le principe qu'on devrait effectivement abolir les
frontières.
M. Laforest (Alain) : Je n'ai
pas vu. C'est qui hier soir? Ça va être long, là. Il est 10 h 06.
M. St-Pierre Plamondon : Écoute...
M. Duval (Alexandre) : Parce
qu'on peut se tromper aussi, M. St-Pierre Plamondon, puis on va chercher
en ligne, puis moi, je dis : Ah! il y a lui qui aurait peut-être dit quelque
chose, il y a lui qui aurait peut-être dit quelque chose, je pense que...
M. Lachance (Nicolas) : Ce
n'est pas à nous de pointer des gens, là. Vous nommez une situation. Vous êtes
en point de presse, c'est vous qui l'amenez sur la place publique. Vous n'êtes
pas coincé dans un scrum, là, c'est vous-même qui l'avez proposé.
M. St-Pierre Plamondon : Oui.
M. Lachance (Nicolas) : Donc,
nommez-les.
M. St-Pierre Plamondon : Non.
M. Lachance (Nicolas) : Bon,
bien, on n'en parlera pas, d'abord.
M. St-Pierre Plamondon : O.K.
Journaliste : Bien, je ne
comprends juste pas qui vous a traité d'extrême droite, parce que ça nous a
échappé.
M. St-Pierre Plamondon : Ça a
été nommé souvent que les positions du Parti québécois sur le chemin Roxham...
Et on a mené le combat pendant que la CAQ vacillait, simultanément, disait une
chose et l'autre le même jour. On se rend compte qu'en fait ils n'ont jamais
été considérés par le gouvernement du Canada. Lorsque le Parti québécois
parlait du chemin Roxham, c'est arrivé souvent qu'on qualifie les positions du
Parti québécois comme étant d'extrême droite.
M. Robillard (Alexandre) : Et,
au soutien de cette affirmation-là, c'est quoi?
M. St-Pierre Plamondon : Et
j'invite tous ceux qui se sont exprimés en ce sens ou avec des épithètes
similaires à avoir la cohérence de qualifier les actions de Justin Trudeau et
de Joe Biden par les mêmes mots.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
donc, au soutien de cette affirmation-là qu'on vous a affublé de l'étiquette
d'extrême droite, c'est quoi, exactement?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est des dizaines d'exemples. Il y en a plein, là, mais c'est parce que...
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
que, selon vous, M. Cliche-Rivard, par exemple, est l'un de ces experts?
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas... en préparation du point de presse, je n'ai pas révisé chaque propos
de M. Cliche-Rivard.
M. Carmichael (Simon) : Bien,
vous semblez avoir en tête un extrait hier à la télévision. Pouvez-vous nous
dire sur quel plateau?
M. Bérubé : Je vais en nommer
un parce que ça a été dit ici : Marc Tanguay qui dit qu'on est comme
Trump. Je n'ai pas encore vu passer son tweet où il accuse Justin Trudeau et
Joe Biden d'être comme Trump. Merci.
M. Duval (Alexandre) : Donc,
Marc Tanguay fait partie de l'extrême gauche?
M. Bérubé : Non, mais c'est
un de ceux qui a eu des épithètes.
M. Duval (Alexandre) : O.K.,
mais il ne fait pas partie des gens d'extrême gauche...
M. Bérubé : Bien, je voulais
le dire parce qu'il l'a dit ici.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que vous avez l'impression que... Là, on apprend que cette entente-là, elle
était signée, en tout cas, c'était convenu depuis à peu près un an. Est-ce que
vous avez... Comment vous comprenez le délai, le temps que ça a pris? Est-ce
que vous acceptez les explications qu'on donne sur les motifs?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on ne le saura jamais, parce que le Québec n'est pas considéré ni consulté,
donc le Canada agit à sa guise sans considérer le Québec. Et tu as un
gouvernement de la CAQ qui se présente comme nationaliste, mais, en fait, c'est
du nationalisme de tutelle, c'est-à-dire que...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que vous avez l'impression que c'était responsable, ce délai-là? Est-ce
que c'était responsable, compte tenu que ce sujet-là a fait l'objet de débats
pendant la campagne électorale? Est-ce que ça a pu contribuer à faire monter la
température sur un sujet qui était déjà très, très...
M. St-Pierre Plamondon : Ça
manque absolument de considération pour le Québec et ça témoigne de notre
absence presque complète de rapport de force avec Ottawa sur les questions
importantes dans le débat public québécois.
M. Bossé (Olivier) : Mais, au
bout du compte, là, vous êtes quand même satisfait du résultat, de ce qui
existe, en ce moment? Bien, la fermeture du chemin, c'était ça que vous
demandiez?
M. St-Pierre Plamondon : Avec
la réserve qu'en fait on ne sait pas ce qu'il y a dans l'entente et on ne sait
pas comment ils ont l'intention d'administrer l'entente. Donc, on se garde une
prudence, mais on est abasourdis du fait que l'entente est signée depuis près
d'un an et que le gouvernement du Québec, non seulement n'a pas été consulté,
il n'a pas été informé de l'existence de l'entente, et on a la ministre de l'Immigration
qui fait les plateaux, vendredi, pour s'auto-octroyer ce succès-là, se
féliciter. Là, il faut prendre conscience de la symbolique, dans les rapports
Québec-Canada, de cette absence complète de considération pour une question qui
aura quand même occupé beaucoup d'espace sur le plan médiatique et politique.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pensez du projet de réforme de la santé qui a été esquissé hier?
M. Bérubé : Bon. D'abord, on
en a appris pas mal dans un média et dans d'autres médias avant que ce soit
présenté aux parlementaires. Ce n'est jamais une bonne chose. Je ne sais pas à
qui ça sert.
Deuxième élément, le premier appui
significatif du ministre Christian Dubé, c'est Gaétan Barrette. Je m'arrêterai
là. Donc, ai-je besoin d'en rajouter? Il a utilisé le... je ne sais pas si
c'était prévu dans le plan de communication, il a utilisé «Troisième Guerre
mondiale», mais il applaudit à deux mains, tellement qu'il a les mains rouges.
Ça, c'est Gaétan Barrette. J'ai hâte de voir les autres experts s'ajouter.
Il n'en demeure pas moins que c'est
toujours des intentions, qui sont annoncées, de Christian Dubé. Puis je vous
rappelle aux engagements : en 2018, le gouvernement de la CAQ s'était
engagé à ce que le temps d'attente dans les urgences soit de 90 minutes.
Il n'en parle plus, maintenant, de ça. À Sacré-Coeur, hier, là, c'était un taux
record, qu'on avait, alors je veux juste vous dire que ce serait bien de faire
aussi le suivi des engagements précédents qui n'ont pas suivi. C'est toujours :
On a l'intention de, l'intention de. Pour l'instant, on va attendre de voir le
projet de loi avant d'en juger.
Ceci étant dit, au 98,5, ce matin — je
regarde M. Lacroix — Paul Arcand a indiqué une donnée qui, si elle
s'avère, est fort préoccupante, à l'effet que certains hôpitaux régionaux
seraient appelés à changer de vocation ou à fermer. Je ne sais pas si j'ai les
mots exacts, je vais vérifier, mais ça a été dit ce matin par un journaliste
réputé, qui est M. Arcand. On sera attentif à ce que ça veut dire. Pour le
reste, c'est Joël qui est notre porte-parole en matière de santé. Je dirais...
M. St-Pierre Plamondon : ...
M.
Bérubé
: Oui.
Un meilleur accès à des spécialistes en région, ça, évidemment, c'est un
objectif qu'on recherche. Moi-même, j'ai des découvertures dans deux hôpitaux
de ma région. D'ailleurs, je déplore que, quand que ces mauvaises nouvelles là
arrivent, le ministre ne commente pas. Quand vient le temps de commenter ses
rêves pour le réseau de la santé, il est là puis il prend le temps de boire le
café, mais, à Amqui puis à Matane, là, les mamans vont accoucher à Rimouski.
Vous n'entendrez jamais le ministre intervenir là-dessus, parce que lui, il ne
veut pas gérer le quotidien, il veut gérer les grands ensembles. Mais le quotidien
des Québécois, en matière de santé, c'est de l'attente puis de la frustration
face au réseau actuel et c'est aussi la responsabilité du ministre de la Santé...
M. Laforest (Alain) : C'est
le budget fédéral aujourd'hui. C'est quoi, vos attentes par rapport à ce
budget-là? Est-ce qu'il y a des choses que vous aimeriez retrouver? Financement
du transport en commun? On a évoqué la semaine passée la nouvelle entente sur
le North America Act. Est-ce qu'il doit y avoir des sommes, justement, pour
aider les entreprises à exporter davantage aux États-Unis?
M. St-Pierre Plamondon : On
va le commenter quand il va sortir, mais il y a un élément de préoccupation,
c'est la propension toujours plus grande du gouvernement Trudeau de dépenser
dans des champs de compétence du Québec pour ensuite exercer un pouvoir, un
pouvoir que normalement ils n'ont pas, mais qu'ils obtiennent à travers le
pouvoir de dépenser, et ça...
M. Laforest (Alain) : Avez-vous
un exemple?
M. St-Pierre Plamondon : En
santé, en éducation, en culture. Si on regarde les 30 dernières années, ce
que le fédéral fait pour exercer du pouvoir, c'est de dépenser dans un champ de
compétence qui n'est pas le sien en mettant des conditions qui lui permettent
d'avoir de l'influence sur des champs de compétence qui sont provinciaux.
Journaliste : Juste pour
revenir sur la santé, là, le Parti québécois, historiquement, a soutenu
beaucoup les centrales syndicales. Là, on parle de fusions d'unités syndicales
et on remettrait en question l'ancienneté. Est-ce que le Parti québécois va se
ranger du côté des syndicats?
M. St-Pierre Plamondon : On
va attendre de lire ce projet de loi là, parce que Christian Dubé a cette
habitude de trouver des mots grandioses pour qualifier son action, là, donc,
souvenons-nous de la mini-révolution ou de la petite révolution, où est-ce
qu'on donnait des bonus aux infirmières du privé, initiative qui a donné pas
grand-chose, à part une dilapidation des fonds publics, shaker les colonnes du
temple, trouver des top guns, le plan d'action d'urgence, le comité d'urgence
tactique. Christian Dubé fait beaucoup d'annonces, mais qui ne correspondent à
rien, concrètement, pour la population.
Nous, ce qu'on veut, comme opposition,
c'est des résultats en termes de services à la population dans le domaine de la
santé. On a déjà proposé nos mesures, notre plan santé. Et là on arrive avec un
nouveau truc, là, qui est une révolution, celle-là aussi, puis là tout va
changer. On va lire le projet de loi puis on jugera Christian Dubé, non pas à
ses déclarations grandioses et à son autopromotion, mais bien aux résultats qu'on
pourra constater ou non pour la population.
M. Lacroix (Louis) : Vous
dites que c'est un grand parleur, petit faiseur, ou quoi?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je fais la liste de toutes les sorties qu'il a faites mais qui ne
correspondaient pas à quoi que ce soit de concret pour la population et je dis
simplement qu'on va juger cette nouvelle révolution, parce qu'il y a toujours
un mot d'historique ou de révolution, là, avec la CAQ. On les jugera en
fonction du résultat réel et non pas des communications et du marketing.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que le rapport de la commissaire sur les soins à domicile, pour vous, c'est un
exemple de ça, d'absence de résultat?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
oui, parce que, si on regarde le budget, les deux plus grandes demandes du
Parti québécois en matière d'aînés, c'est de mettre fin au modèle des maisons
des aînés, parce que ça coûte trop cher et, pendant ce temps là, on ne s'occupe
pas des CHSLD, et de faire un virage important en matière de soins à domicile.
Dans le dernier budget, ni l'un ni l'autre n'est présent. Et les résultats...
évidemment, les conséquences qu'on avait prédites il y a cinq ans ont lieu, à
savoir la proportion de CHSLD qui sont vétustes augmente parce qu'on met
l'argent dans un modèle à 1 million de dollars par porte qui est celui de
la maison des aînés. Et ce modèle-là, d'institutionnalisation, ne tient pas la
route à long terme. C'est pour ça qu'il faut faire un virage majeur en soins à
domicile, mais ça non plus, la CAQ ne le fait pas.
Donc, on réitère nos propositions, comme
dans plusieurs autres domaines, comme en domaine de français, où est ce qu'on
propose, on propose, on propose, mais on constate que le gouvernement s'entête
dans des orientations pour lesquelles les résultats sont assez prévisibles.
M. Duval (Alexandre) : En
même temps, la commissaire semble indiquer que le problème, ce n'est pas juste
le financement qui est trop faible, c'est aussi l'organisation des soins qu'on
pourrait mieux faire, on pourrait faire les choses différemment. C'est quoi,
vos propositions pour que les sommes soient utilisées le mieux possible en
matière de soins à domicile?
M. St-Pierre Plamondon : Les
sommes sont insuffisantes pour réussir un virage. En bas de 2 point
quelques... 3 milliards, là, il n'y aura pas de virage vers les soins à
domicile. Et là la CAQ — vous me corrigerez, là — je pense,
elle met quelques centaines de millions. C'est combien?
Une voix : C'est
200 millions.
M. St-Pierre Plamondon : On
met 200 millions. Évidemment que les soins ne seront pas structurés de la
bonne manière, avec des sommes comme celles-là, là. Faire le virage vers les
soins à domicile, c'est un investissement puis une réorientation budgétaire
importante que la CAQ ne veut pas faire. Donc, évidemment qu'avec quelques
centaines de millions, 200 millions, on n'arrivera pas au résultat.
M. Lachance (Nicolas) : On
apprend ce matin qu'il y a une fonctionnaire qui a été tassée de son poste
durant son congé de maternité. Quelle image ça donne de notre haute fonction
publique?
M. Bérubé : Une très mauvaise
image, un manque de sensibilité. Les fonctionnaires sont importants au Québec.
Vous savez, on envoie toutes sortes de messages, présentement, à travers la
négociation. On parle des syndicats comme si c'étaient des gens qui étaient
seulement avides de faire des gains. Ils représentent des travailleurs et des travailleuses.
Les fonctionnaires de l'État, c'est le meilleur de nous-mêmes. Et d'ailleurs,
quand le ministre de la Santé, pour faire un lien, parle de «top guns», des
gens qui, eux, seraient en attente dans le privé de venir dans le réseau de la
santé, je pense qu'on doit prendre bien soin des gens qui ont choisi le service
public, il y a des gens compétents — je pense à cette grande
institution qui est l'ENAP.
Donc, les fonctionnaires, lorsqu'on les
tasse pour des raisons futiles, que ce soit dans le cas de cette dame — puis
on a même, nous, un ancien candidat, hein, qui est l'objet d'un certain nombre,
disons, de pressions quant à son engagement — ce n'est jamais une
bonne chose. Donc, évidemment que cette dame-là, j'ai l'impression que ça va
bouger prochainement, suite à la médiatisation, et c'est souvent le cas avec ce
gouvernement-là. Tellement que, pour les députés, des fois, ça nous met de la
pression : si les dossiers ne sont pas médiatisés, ils ne bougent pas. Ils
sont très sensibles à ça.
M. Lachance (Nicolas) : C'était
quand même Mme Roy qui était ministre, à l'époque, à la Culture, lorsque
c'est arrivé, Mme Biron à la Condition féminine. Est-ce qu'elles ont un
rôle à jouer dans ce type de décision là?
M. Bérubé : Ah bien, là, les
ministres sont responsables de tout, hein? C'est une donnée qui tend à
disparaître sous ce gouvernement, la responsabilité ministérielle. Ils sont
responsables. Éric Caire est responsable du réseau informatique, et puis
Bernard Drainville est responsable du réseau de l'éducation et de l'état des
infrastructures.
D'ailleurs, j'essayais de le glisser tout
à l'heure, mais Sonia Bélanger, qui est la ministre responsable des Aînés, je
veux la féliciter parce qu'elle, elle dit : J'ai des données du ministère
quant à l'état des CHSLD et je respecte ces données, ça a été fait par des
professionnels. Exactement le contraire de ce que M. Drainville nous a dit, et
le premier ministre, la semaine dernière. Parce qu'eux autres, ils se promènent
dans les écoles : leur plâtre a l'air correct. Je touche aux murs, ça va. Je
veux dire, c'est quoi, là, on a Éric Caire qui est conseiller puis l'autre qui
est évaluateur en bâtiment? Je veux dire, ça ne marche pas, là.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que vous allez appuyer la motion de Québec solidaire qui réfère aux propos de
Gilles Proulx?
M. Bérubé : Tu pourras parler
de la nôtre avant. Parce qu'on a aussi une motion que j'aimerais voir s'ils
vont appuyer.
M. Robillard (Alexandre) : Bien
oui, mais on peut y aller dans l'ordre, par contre.
M. Bérubé : Je vais commencer
par la nôtre.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
peut-être que vous pourriez le laisser terminer sa question puis répondre
ensuite.
M. Bérubé : J'avais bien
compris sa question.
M. St-Pierre Plamondon : On a
compris la question, mais on n'a pas étudié...
Journaliste : Répondez dans
l'ordre que vous voulez, mais répondez.
M.
Bérubé
: On
n'a pas statué.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est ça, on n'a pas encore statué. On n'a pas encore étudié cette motion-là.
Puis notre motion, on ne l'a pas avec nous, mais on peut vous le dire
verbalement.
M. Bérubé : On l'a reçue. À
propos de propos sur les députés, c'est bien ça? On n'a pas statué encore.
Notre motion, et je vais renvoyer la même question aux autres parlementaires...
on va demander que l'Assemblée nationale déplore que le gouvernement du Québec
ne faisait pas partie des négociations de l'entente sur Roxham, qu'il n'a pas
été informé et que le Québec devrait être le seul maître d'oeuvre de ses
politiques d'immigration. Alors, si je suis la logique du gouvernement de la
CAQ qui dit vouloir tous ces pouvoirs, il va être en accord. Québec solidaire
est indépendantiste, il va être en accord. Le Parti libéral voit bien que ça
n'a aucun sens. Là, je ne sais pas c'est quoi, leur nouvelle relation avec
Justin Trudeau depuis qu'ils ont fermé le chemin Roxham. Donc, c'est la motion
qu'on met au jeu ce matin.
M. Carmichael (Simon) : Ce
matin, la traverse Québec-Lévis est suspendue encore une fois. D'ailleurs, elle
va marcher avec un...
M. Bérubé : J'ai de
l'expertise en traversiers.
M. Carmichael (Simon) : Oui,
bien, c'est pour ça que je me disais que ça devrait être vous au lutrin.
M.
Bérubé
: Bien
vu.
M. Carmichael (Simon) : D'ailleurs,
jusqu'à la moitié de l'été, là, elle va être à un bateau sur deux. Les maires
de Québec et de Lévis, là, commencent à être plutôt impatients. Ils trouvent
qu'ils ont beaucoup été patients puis que, là, ça commence à urger. Et le chef
de l'opposition à l'hôtel de ville de Québec, lui, pense que le gouvernement
met le feu dans ce lien-là pour justifier le troisième lien. Partagez-vous
cette analyse-là?
M. Bérubé : Bien, je suis
député de Matane, hein, alors, en matière de traversier, là, j'ai une certaine
connaissance. Un traversier qui peut traverser, mais j'ai compris que c'est un
problème de moteur, c'est un problème technique, ce matin, c'est ça que j'ai
compris, alors c'est des affaires qui peuvent arriver.
Pour le reste, le troisième lien, c'est un
enjeu du gouvernement du Québec, c'est son projet, il le justifie ou pas, mais
je pense que ça dit plus sur le type de gouvernement que c'est que sur sa
relation avec Québec. Alors, encore là, je pense qu'on va attendre de voir ce
qu'ils vont faire avec, mais notre position est connue depuis longtemps.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous, est-ce que vous y croyez encore, au troisième lien? Est-ce que vous
pensez qu'ils vont faire ça, le troisième lien?
M. Bérubé : On n'est pas au caucus.
M. Lacroix (Louis) : Non, je
le sais, mais je vous demande, parce que, là, on entend un paquet de déclarations
qui disent : Bien, ce n'est pas encore ficelé, puis, après ça : On
attend les études sur la fréquentation avec le télétravail, puis...
M. Bérubé : C'est fin mars, ces
études-là.
Journaliste
: Il reste
deux jours.
M. Lacroix (Louis) : Alors,
est-ce que vous y croyez encore, vous, à cet investissement-là du gouvernement
dans le troisième lien?
M. St-Pierre Plamondon : De
moins en moins, mais on essaie de convaincre le gouvernement d'investir dans un
lien de transport collectif comme celui qu'on a proposé en campagne parce que
Québec mérite des infrastructures pour la suite sur le plan des transports.
M. Lachance (Nicolas) : Donc,
en fait, c'est la rumeur qui court, actuellement, là. Ça serait quoi, un
troisième lien strictement...
M. St-Pierre Plamondon : Vous
irez voir notre proposition, mais, tu sais, pour à peu près la moitié de la
somme...
M. Lachance (Nicolas) : ...seulement
du transport en commun, là, réservé uniquement au transport en commun, là?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
avec une bonification du réseau de tramway, de sorte qu'on connecte Lévis.
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
est-ce que ça passait par... vous n'aviez pas précisé si ça passait par un
tunnel ou par les ponts actuels, en campagne électorale.
M. St-Pierre Plamondon : On
l'avait précisé.
M. Lachance (Nicolas) : Non,
non, on s'est battu souvent pour savoir c'est quoi que vous vouliez, exactement,
puis vous aviez dit : Ça va prendre des études qui vont nous confirmer si
c'est le tunnel ou s'il faut passer par les ponts.
M. Bérubé : On n'a plus les
études. On fait quoi?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ça. C'est qu'on n'a pas de bureau de projet, mais...
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que c'est les libéraux.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
s'ils arrivaient avec une proposition de dire, par exemple : On fait un
tunnel, mais on ne fait passer que du transport en commun dedans, par exemple,
je ne sais pas, moi, ça peut être un train, une espèce de sorte de métro, si on
veut, qui relierait le réseau de tramway, est-ce que ce serait acceptable?
M. St-Pierre Plamondon : Nous,
on a reviré la question de tous les côtés avant la campagne électorale et on a
fait une proposition qui est à peu près moitié moins chère et qui va enlever
beaucoup plus de voitures sur les routes et donc débloquer les ponts. On
demande au gouvernement d'étudier une possibilité comme celle-là, parce que ça va
être moins cher et plus efficace, et on pense que Québec mérite un réseau de
transport structuré et structurant.
M. Lacroix (Louis) : O.K.,
mais vous me répondez par ce que vous vous proposez.
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
M. Lacroix (Louis) : Moi, ce
que je vous soumets, comme question, c'est : Si la CAQ devait annoncer un
tunnel dans lequel on ne ferait circuler que du transport en commun, à vos
yeux, est-ce que ce serait acceptable, oui ou non?
M. St-Pierre Plamondon : Ça dépend.
Bien, je ne l'ai pas devant moi, le projet, donc, ça, c'est une hypothèse que
je ne peux pas... Ce que je sais...
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
que vous seriez parlable, comme, QS disent, eux autres : On est toujours
parlables?
M. St-Pierre Plamondon : Si
on est proches d'une proposition comme celle qu'on a faite, évidemment qu'on
est prêt à parler. C'est juste qu'en fait la CAQ ne s'en occupe pas, là, elle
pellette par en avant cette histoire de troisième lien, cache les études, il n'y
a rien de transparent. Donc, le temps passe. Je ne sais pas, je ne suis pas
dans le secret de la CAQ, là.
M. Lachance (Nicolas) : Le
Conseil en éducation des Premières Nations a varlopé un peu la loi n° 96 dans nos pages, récemment, soutenant que c'était une
politique d'assimilation de forcer les étudiants unilingues anglophones
autochtones d'être obligés de passer à un cours de français...
l'examen de français pour obtenir son diplôme. Qu'est-ce
que vous avez à leur dire? D'ailleurs, que... il va y avoir des recours devant
les tribunaux, là, c'est ce qu'on comprend.
M. Bérubé : Oui. C'est une
position qui est connue parce qu'il y a eu des représentations dans le cadre de
la loi n° 85. Ceci étant dit, donc, on parle
d'autochtones pour qui la langue d'usage est beaucoup l'anglais, qui ne veulent
pas apprendre le français et qui prétendent que le français est une langue
coloniale. Est-ce que l'anglais est une langue coloniale? Je n'ai rien à
ajouter là-dessus.
Le Modérateur :
En anglais.
M. Spector (Dan) : On Roxham, how are you feeling? Are you having a bit of an «I told
you so» moment?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, on Roxham, basically, two
things. First of all, it is astonishing that the Government of Québec was not
even… was never consulted about that issue over the past year while we were
debating this issue regularly. But, on top of that, not only they were not
consulted, they were never informed of the existence of that agreement. So, how
can we interpret François Legault's and the «ministre» Fréchette's statement
that it's thank to their work and… the self-promotion that is very typical at
the CAQ? How can we interpret that, if they were never even consulted,
informed, and that for the rest, for the upcoming years, we still don't know
what's in this agreement and the government of Québec doesn't
know? So, it tells you how little bargaining power and how little consideration
there is for the Government of Québec in Ottawa.
And, second of all, we
see that parties, political parties such as the Parti
québécois, who raised that issue and demanded that we
close Roxham Road, were associated with backwards extreme right positions, and
we are asking these people who said explicitly or implicitly that we were equivalents
of Donald Trump… we're asking them : Are you going to say the same about
Joe Biden and Justin Trudeau, now that that is the state of our borders?
And I think it tells that
there's a shift in the public discourse where radical left ideas such as cancelling
frontiers, making frontiers ineffective and having an unlimited amount of
people coming on the territory are becoming sometimes the norm, and everything
that doesn't fit that norm is targeted with expressions like «extreme right».
It's non-sense, for us, which… I believe in social democracy, so it means that
I'm a democrat, I want a democratic debate on those issues. And I'm social, I
believe that we should be able to give housing and services to everyone, that
we have a responsibility to host people who choose Québec, in a human and decent manner. And so I raise those questions because I think they need to be
raised once that decision has been made.
M. Spector (Dan) : Just on the upcoming health bill, what do you want to see?
M. St-Pierre
Plamondon : I think we're going to wait until
the health bill is actually under a study, but we think, at this point, we
should judge Christian Dubé's and the CAQ's work based on the results they get
and not based on the autopromotion and self-declarations they have the habit of
making, such as… they already talked about a mini revolution, a small
revolution, when they gave bonuses to nurses from the private sector. It was a
failure. It never worked. And they had all sorts of expressions : to shake
the columns of the temple, and to hire top guns, and we are going to make
something that was never seen before, and we have a group of emergency… They've
done so much communications without delivering any result. Our stance is that
we're going to study the bill, but we're going to require that actually we get
results for the population, in
terms of services, health services Otherwise, we're making communications all
the time.
M. Pouliot (Samuel) : On the federal budget, what are your expectations?
M. St-Pierre
Plamondon : We're going to see what's in that
budget, but, of course, we're going to look after, very carefully, attempts
from the federal to spend money in Québec's jurisdiction so as to exercise a power that they actually shouldn't
have. And that has been a growing trend under Justin Trudeau in the past
decades as well.
M. Pouliot (Samuel) : And is it possible to get your reaction in English on the police
officer that was killed yesterday?
M. St-Pierre
Plamondon : We want to give all our support to
the people close to Sergeant Maureen Breau. We're very troubled by what
happened. It also happened at the same time than a shooting in my riding, Camille-Laurin, and we're still very, very
worried with a rise in violence in Québec. We think we need to act upon this.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 31)