(Huit heures trente-six minutes)
M. Tanguay : Alors, bon matin
à toutes et à tous. Le budget de François Legault, déposé hier, est nettement
insuffisant et est à courte vue. Depuis cinq ans maintenant, c'est leur
cinquième budget, on voit le gouvernement Legault improviser sur les enjeux qui
frappent de plein fouet les Québécoises et Québécois et on voit les crises
augmenter et non pas se résorber, notamment quant aux missions essentielles qui
ne sont pas offertes aux Québécoises et Québécois comme elles devraient l'être.
Je vous donne l'exemple des services de
garde. Ce qu'on a appris dans le budget hier, c'est que la conversion à une
place subventionnée à 8,85 $ ne bénéficierait, cette année, qu'à 5 000
familles, 5 000 places en services de garde, alors qu'on sait que c'est 66 000
places qui sont non subventionnées. Et ça, ça ajoute au fardeau financier des
familles.
Évidemment, au niveau du logement, grande
déception. Crise du logement, particulièrement crise du logement social, et on
voit que, dans le budget, c'est nettement insuffisant et à courte vue. Ce qui
est offert, c'est 1 500 unités nouvelles de logement social.
Pénurie de main-d'oeuvre. On a eu un aveu
hier, dans le budget, lorsque le ministre des Finances a dit que la stratégie s'est
mise en place à l'automne, tard dans l'année 2021. Ça fait maintenant cinq
ans qu'on dit à la CAQ que la pénurie de main-d'oeuvre, c'est une véritable
crise et ça prend des moyens beaucoup plus costauds que cela, mais on peut
encore le constater aujourd'hui : pénurie de main-d'oeuvre.
Et les Québécoises, les Québécois à
faibles revenus qui ne bénéficieront pas des baisses d'impôt, parce qu'on sait
que 2,5 millions de Québécoises et Québécois ne paient pas d'impôt. Bien,
le coût de la vie... le bouclier anti-inflation de la CAQ a été confirmé hier,
il est percé et ne vient pas aider l'ensemble des Québécoises et Québécois.
Alors, un budget, encore une fois, où on
constate que le gouvernement n'a pas de vision. C'est un budget insuffisant et
à courte vue.
Et je vais maintenant céder la parole à
mon collègue Fred Beauchemin, porte-parole de l'opposition officielle en
matière de finances et économie.
M. Beauchemin : Merci, Marc.
Moi, je vais simplement vous parler de deux points.
Premièrement, les assises sur lesquelles
ce budget-là a été construit ne sont pas solides. La prémisse de base pour
faire qu'un budget se tienne, c'est d'avoir des prévisions économiques qui sont
en accord avec la communauté. La CAQ table sur une augmentation du produit
intérieur brut de 0,6 %. L'ensemble des banques canadiennes disent que ça
va être 0,3 %, et elles se sentent optimistes, et Desjardins est à négatif
0,2 %. Donc, il n'y a aucune explication pour laquelle les lunettes roses
ont été mises. J'ai entendu des commentaires, mais moi, je trouve, ça ne tient
pas la route.
Et l'autre point que je voulais mentionner
ce matin à vous tous, c'est que les baisses d'impôt, elles ont été... elles
seront financées, c'est donc de l'endettement. Le gouvernement avait un choix
de quel serait l'endettement le plus optimal à faire, le gouvernement a choisi
d'endetter nos jeunes pour se payer des baisses d'impôt. Donc, la réalité, là,
il y avait un choix économique, un choix financier. La décision aurait été plus
facile, plus optimale d'agir comme bon père de famille puis prendre la carte de
crédit la moins dispendieuse. Le gouvernement a décidé d'hypothéquer l'avenir
de nos jeunes.
M. Denis (Maxime) : Comment
expliquez-vous... Quand on lisait le communiqué, une des premières phrases, c'était
que la récession était écartée. Et là, dans le discours, tout au long de la
journée, Eric Girard, en entrevue, bien, ce n'était pas ça, là. Comment on peut
expliquer ça?
M. Beauchemin : Je ne le
comprends pas, je ne le comprends pas. La réalité, là, c'est que, la semaine
dernière, Silicon Valley Bank, là, O.K., a fait faillite. Les conditions de
crédit dans l'ensemble du marché nord-américain et européen, les conditions de
crédit pour que les banques puissent prêter de l'argent à des entreprises pour
faire du développement des affaires, pour développer leurs modèles d'affaires,
etc., toutes ces conditions de crédit là vont se resserrer. S'il y avait un
doute, peut-être, qu'il allait y avoir une récession, parce que les entreprises
vont continuer à dépenser dans leur expansion, là... Ça va ralentir. Il n'y a
aucune explication pour laquelle M. Girard est allé avec 0,6 %.
Mme Lajoie (Geneviève) : Pensez-vous
que M. Girard devra déchirer son budget d'ici quelques jours?
M. Beauchemin : Écoutez,
c'est une bonne question. Je ne peux pas vraiment y répondre en tant que tel.
Moi, j'ai juste regardé ça avec mes yeux de 35 ans d'expérience dans le
monde de la finance, puis j'ai regardé la résultante de 0,6 %, puis je me
suis dit que ça ne tient pas la route.
M. Lacroix (Louis) : Il y a
quand même deux scénarios. Il y a un scénario plus pessimiste, à moins 1,4 %,
là. Alors, ça, d'avoir préparé un scénario comme celui-là... Celui-là, il n'est
pas réaliste non plus?
M. Beauchemin : Il calcule
son truc à 0,6 %, il se met une réserve de 1,5 milliard. La réserve
de 1,5 milliard, si Desjardins a raison, elle disparaît complètement.
Transports en commun, 400 millions pour cette année seulement. Aucun sou
pour le transport en commun dans le budget de l'année suivante, donc... On ne
veut donc pas aider l'année prochaine? Alors, à ce moment-là, on va avoir quoi?
Un budget avec un trou de 400 millions parce qu'on va vouloir aider,
l'année prochaine, à nouveau? Il y a des choses qui ne tiennent pas la route.
M. Laforest (Alain) : M.
Tanguay, avec les baisses d'impôt, quel message on a envoyé à Ottawa, hier,
quand on réclamait 6 milliards, qu'on a eu 1 milliard, puis qu'on a
pris 1,7 milliard pour baisser les impôts?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
les baisses d'impôt, nous aussi, on en proposait durant les élections. Par
contre, les baisses d'impôt et de dire que ça, c'est l'essentiel du bouclier
anti-inflation, ça ne tient pas la route.
Par rapport à Ottawa, il revient à Québec
de faire ses choix. On a critiqué les choix faits par Québec, puis ça nous
revient, nous, à l'Assemblée nationale.
Je vous donne un exemple. Le
6 milliards en services de garde qui... l'entente de 2021 où François
Legault a dit : Je prends le 6 milliards en services de garde, mais
il avait annoncé... Puis c'était... oui, par rapport à Ottawa, c'était son
pouvoir discrétionnaire de le dépenser, à Québec, comme bon lui semble, mais
nous, on a critiqué le fait que le 6 milliards, finalement, il n'ira pas
entièrement pour développer les services de garde.
Alors, les choix sont à Québec. Les
ententes, je veux dire, c'est d'aller chercher, vous m'avez déjà entendu, notre
part du butin. La façon de le dépenser, ça revient à Québec, puis c'est à nous
de le critiquer à Québec, ce qu'on fait allègrement.
Mme Morin-Martel (Florence) : En
santé mentale, là, est-ce que vous craignez que les investissements soient un
coup d'épée dans l'eau, là, comme le dit le milieu communautaire?
M. Tanguay : Écoutez, je
pense que, santé mentale, il faut faire beaucoup plus, il faut faire mieux.
Encore une fois... puis je sais qu'à un moment donné il faut renoncer à changer
le passé, là, mais la crédibilité du gouvernement, là, elle n'est pas là. C'est
leur cinquième budget. On parlait de pénurie de main-d'oeuvre. 2018.... Puis
pénurie de main-d'oeuvre, ça touche le secteur privé, mais ça touche le secteur
public aussi. François Legault, en 2018, disait : Bien, pénurie de main-d'oeuvre,
ce n'est pas un enjeu économique pour moi. Bien, ça l'est, notamment pour nos
services. Et la capacité d'avoir des listes d'attente au Québec, c'est ça qu'on
a vu augmenter. Les listes d'attente ne cessent d'augmenter partout, notamment
pour des soins en santé mentale.
M. Desrosiers (Sébastien) : Dans
le budget, le projet de troisième lien n'est pas chiffré. De ce qu'on a compris
des propos du ministre Julien, c'est pour ne pas nuire aux appels d'offres.
Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Tanguay : Vous voulez réellement
savoir ma pensée, là? Je suis un peu tanné de parler d'un projet fantôme.
Troisième lien, c'est du gros n'importe quoi. On dépense tellement de temps,
d'énergie, de salive, d'encre, de temps radio, de temps TV sur un projet
fantôme qui n'existe même pas dans le budget, pour lequel il n'y a même pas
d'étude puis qui n'est pas justifié. Pendant ce temps-là, que fait le
gouvernement? Rien. Rien pour répondre au problème, à l'enjeu de mobilité à
Québec. Alors, écoutez, je suis tanné de parler du troisième lien, moi, je suis
tanné de parler, là, d'un fantôme.
M. Lacroix (Louis) : Mais
pensez-vous qu'il va se faire, le troisième lien?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
je vais vous citer le ministre de l'Environnement : Ce n'est pas ficelé.
Je ne pense pas qu'il se fasse, le troisième lien. Honnêtement, je ne pense pas
qu'il se fasse. Puis je pense que les promoteurs, celles et ceux qui, en toute
bonne foi... les citoyens, citoyennes qui disent : Moi, j'aimerais ça,
avoir un troisième lien... je pense qu'eux... Allez-leur demander s'ils pensent
qu'il va se faire, je pense que même eux autres, là, les principaux partisans
du troisième lien, ils ont commencé à dire : Ça ne se fera jamais.
Mais, pendant qu'on en jase, on ne parle
pas de transport en commun, on ne parle pas de lutte aux changements
climatiques, on ne parle pas de... on ne parle pas d'autre chose. On devrait
parler d'autre chose, là, puis il faudrait que François Legault se mette à
parler d'autre chose, parce que, les études sur le troisième lien, je pense
qu'on va les avoir au même moment que le budget de l'an 1 du PQ. On en
parle beaucoup, mais... on nous les promet, on nous les promet, mais ça va
venir, ça va venir, découragez-vous pas.
Mme Plante (Caroline) : Sur
la vétusté des écoles, ce n'est pas un peu décourageant qu'on soit passés de
59 % à 61 % des écoles en mauvais état?
M. Tanguay : Oui. Ça démontre
l'ampleur des travaux nécessaires à faire, ça démontre l'ampleur de l'effort
budgétaire qui doit être fait. Puis tout est dans tout, hein? Quand on
dit : La capacité, également, de construire, de rénover, on parle d'une
capacité économique. Les entrepreneurs, les constructeurs, les femmes et les
hommes qui travaillent dans ce domaine-là, je veux dire, leur carnet de
commandes est plein, pénurie de main-d'oeuvre. Ça prend une vision. Ça prend
une vision, puis ça, malheureusement, la CAQ nous a habitués, dans leurs cinq
années, à gérer ça à la petite semaine, à courte vue. C'est malheureux.
M. Bourassa (Simon) :
Sur
Airbnb, M. Tanguay, hier, le premier ministre s'est... bien, a dit qu'il était
ouvert, là, à légiférer là-dessus avant la fin de la présente session s'il
avait la collaboration des oppositions. Lui offrez-vous votre collaboration là-dessus?
M. Tanguay : Bien oui, comme
toujours, comme toujours. On va faire notre travail puis on a des questions à
poser, et notamment sur... C'est bien beau changer la loi, mais quelles seront
les ressources derrière la loi? Si on dit : La responsabilité d'inspecter
est définie de façon plus pointue, et c'est à tel palier de gouvernement à le
faire ou ça revient au gouvernement du Québec, bien, on va demander à aller
voir quelque chose... plus que 20 inspecteurs. Quelles ressources allez-vous
mettre là? Alors, c'est important. Puis oui, oui, oui, on a toujours collaboré.
Il n'y aura pas d'enjeu là-dessus, là, mais on aura des questions pour bonifier
le projet de loi puis savoir comment ça va s'exécuter.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
Aside from
the income tax cuts, what were some of your main issues with this budget?
M. Tanguay :
First of all, I don't think that it
tackles the real issues with respect, for instance… with the essential missions
of the State : health care, day care, kindergarten, and I think that there's
not enough. It's short sight, and that's the reason why we think that it's not
a budget that is tackling the real challenges that every Quebeckers, they have
to face.
And I'd love to have my
colleague to complete the answer.
M. Beauchemin :
The main problem is with the less
fortunate Quebeckers who've been given absolutely nothing yesterday. A 3%
increase in the solidarity credit is, like, $8 if you're making $20,000 a year,
it's ridiculous. So, I mean, the focus was to, you know, take care… I thought,
when you're a government, is to take care of everyone, not leave anyone behind
and don't mortgage your kids' future. This Government has done exactly that.
So, it's totally discouraging.
Mme Greig
(Kelly) :
There's
a lot of criticism, but what were you happy to see in yesterday's budget?
M. Beauchemin :
Well, two things. I think the… «le congé
de RRQ», not to have to pay the RRQ once you're 65 is a good thing. The second
thing is : not buying a pair of shoes and giving $10,000 to a non-profit
organization in his riding. I think Girard did a great... a noble gesture
there.
Mme Greig
(Kelly) :
So,
those were the two things you're happy about?
M. Beauchemin :
Well, I think, they worth noting.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
On public
transit, did you feel like there was enough in the budget?
M. Beauchemin :
$400 million this year alone. There is
an issue with public transportation in Québec. He is solving the issue this
year alone, but not next year. So, what is that going to be? A $400 million hole
in the budget next year not advertised right now? It's not responsible.
Mme Henriquez
(Gloria) :
In
terms of... We saw a long list of old schools, they're all in the French school
boards, but not a single one in the anglophone school boards, that are going to
be fixed. What do you think of that?
M. Beauchemin :
I didn't pick up on that,
unfortunately, but I have to say that I'm sure that, if it's an English school with
bricks that were installed in the sixties or an English school with bricks that
were installed in the sixties, both buildings need, you know, improvement.
Mme Henriquez
(Gloria) :
And,
in terms of money that is given for the anglophone community, there is an
increase in the financing for non-profits and other projects, but, for the first
two years, there is no money, there is just $2 million out of the 31 promised.
So, the money that is coming is coming later, and that worries some anglophone
groups that it just might never come. What do you think of that?
M. Beauchemin :
Yes. You know, there's really... I
mean, it's a vision of that Government. There's nothing else to add. It's just
unfortunate, so…
M. Tanguay :
Thank you. Merci beaucoup.
M. Beauchemin :
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 50)