(Treize heures quarante-deux minutes)
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, écoutez, encore une fois, c'est difficile de faire son travail
aujourd'hui. On est plutôt en pensée avec les gens d'Amqui. Ça arrive,
effectivement, trop souvent, pas seulement ici, un peu partout dans le monde.
Hier soir, je me disais : C'est un peu décourageant, choquant. Et il faut
quand même être courageux et puis être plus tissé serré que jamais.
C'est spécial aussi dans une municipalité
qui est plus petite. Bon, moi, je viens d'une municipalité qui a 5 000
habitants, tout le monde se connaît. Donc, je parlais hier soir avec la
mairesse, je parlais avec Pascal... toutes sortes de spéculations : Comment
c'est arrivé? C'est qui? Je connais untel. Il y avait un bébé. Donc, c'est
encore plus dur quand on connaît les personnes.
Et je veux dire à toute la population d'Amqui
puis des alentours que le gouvernement est là. Déjà, aujourd'hui, François
Bonnardel est là, la responsable de la région, Maïté, est là aussi. J'ai
demandé aussi aux trois chefs d'opposition de m'accompagner jeudi pour aller
poser un geste de réconfort auprès de la population, leur dire que tout le
Québec, tous les partis, tout le monde est avec eux autres.
Et je répète un peu ce que j'avais dit à
Laval : Oui, bon, il y a, pour l'instant, deux décès, mais il y a des
conséquences, des blessures psychologiques qui risquent d'être là pour
longtemps pour beaucoup de personnes. Donc, on s'est assurés, avec Lionel
Carmant, Christian Dubé, les gens du CISSS, que toute l'aide psychologique
était disponible. Puis je veux dire à la population, là : C'est juste
normal d'être sous le choc puis d'avoir besoin d'aide psychologique, donc n'hésitez
pas à aller chercher de l'aide.
Je veux, en terminant, bien, remercier
toutes les personnes qui ont aidé depuis 3 heures hier après-midi, donc
les premiers répondants, les policiers, la Santé, là, autant d'Amqui... il y a
des blessés qui ont été transférés à Québec, des citoyens aussi qui ont essayé
d'aider. Donc, je veux dire aux citoyens d'Amqui puis du Bas-Saint-Laurent qu'on
est tous secoués, tous les Québécois sont secoués, mais il faut être tissé
encore plus serré, il faut être courageux. Donc, courage, tout le monde.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que, M. Legault, il n'est pas temps... C'est le deuxième événement du même
genre, là, où il y a un geste volontaire. Est-ce qu'il n'est pas temps d'avoir
une réflexion, peut-être, sur l'état de la santé mentale des Québécois au
sortir d'une pandémie qui aura été extrêmement difficile pour bien des gens?
Est-ce qu'il n'est pas temps d'analyser l'état de santé des Québécois?
M. Legault : Bien, comme je
le disais tantôt, on voit que ce genre d'événement là arrive de plus en plus souvent
dans le monde. Donc, ce n'est pas unique chez nous. Il faut bien analyser la
situation. Je voyais, la semaine dernière, des spécialistes qui disaient :
C'est faux de dire, selon eux autres, qu'il y a eu plus de problèmes de santé
mentale avec la pandémie. Donc, je pense que, d'abord, à court terme, il faut
d'abord réconforter les personnes, mais il faut avoir une réflexion puis être
prudent aussi sur les conclusions.
M. Lacroix (Louis) : Quel
genre de réflexion, à votre avis, qu'il faut y avoir?
M. Legault : Bien, déjà,
Lionel Carmant est sur le dossier, là, de réduire les listes d'attente en santé
mentale. Il y en a beaucoup. C'est moins tabou que ce l'était, mais il faut
agir. Et puis, quand on voit quelqu'un dans son entourage qui montre des signes
inquiétants, bien, il faut trouver une manière d'intervenir.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez déjà dit par le passé, M. le premier ministre, qu'il faudrait peut-être se
pencher sur la haine sur les réseaux sociaux. Vous aviez déjà évoqué ça. Est-ce
qu'avec les événements qu'on vit actuellement il y aurait besoin d'une
consultation nationale? Il y a des partis d'opposition qui l'ont évoqué ce
matin.
M. Legault : Bien,
encore là, c'est un problème qu'on retrouve un petit peu partout dans le monde,
qui n'est pas facile à régler. Comment intervenir tout en maintenant une
certaine liberté de parole? Mais effectivement il y a beaucoup de haine sur les
médias sociaux. Donc, c'est quelque chose qu'il faut regarder, effectivement.
M. Lecavalier (Charles) : Comment
est-ce qu'on peut faire pour empêcher quelqu'un qui utilise son automobile
comme une arme? Est-ce que c'est possible?
M. Legault : Bien, le
ministre de la Sécurité publique y faisait allusion ce matin. Est-ce que c'est
possible d'en faire plus pour empêcher ces gens-là de ne pas avoir de permis de
conduire? On n'est pas là. Bien honnêtement, là, ce n'est pas dans les cartons,
mais je pense qu'il ne faut rien exclure à ce moment-ci.
M. Bossé (Olivier) : Vous
avez dit tantôt : Je répète un peu ce que j'ai dit à Laval. C'est terrible,
quand même, en un mois, là, ou 30 quelques jours. C'est quoi, le sentiment
d'impuissance? Parce que vous êtes quand même premier ministre. En principe, vous
êtes la personne qui a le plus de pouvoir au Québec, puis là...
M. Legault : Bien, effectivement,
là, hier soir, là, je me disais : C'est décourageant. Quelle sorte de
société on a? Puis... Mais il ne faut pas se décourager. Il ne faut pas se décourager,
puis il faut se battre contre ça, puis il ne faut pas être insensible. Je pense
que... Je me sens comme choqué en me disant : Comment ça se fait, encore,
que ça arrive? Mais, bien, il faut ensemble... Comme je le disais, il faut être
encore plus serré et... Bien là, je ne veux pas arriver... aller dans ce
cas-là, là, mais il semble que cette personne-là était peut-être identifiée
déjà. Donc, y a-tu quelque chose à faire quand on sait qu'il y a une personne
qui est à risque... d'agir plus rapidement, de ne pas être gêné de le faire
pour le bien commun?
Mme Prince (Véronique) : Mais,
M. Legault, est-ce qu'au fil des années, tous gouvernements confondus,
tous États confondus, là... est-ce qu'on a sous-estimé la nécessité d'investir
en santé mentale et est-ce qu'on paie pour ces déficits-là accumulés, là?
M. Legault : Bien, il y
a eu... Écoutez, pendant beaucoup d'années, c'était un tabou, la santé mentale.
Aujourd'hui, on a ajouté beaucoup de ressources. Si on regarde, depuis quatre ans,
là, Lionel Carmant a ajouté beaucoup de ressources, mais ce n'est pas
suffisant. Il y a encore des listes d'attente. Donc, il va falloir en faire
plus. Il y a un défi d'avoir des personnes formées. On sait tout le problème
qu'on a du côté des psychologues. On veut, dans la négociation actuelle,
augmenter les salaires pour être plus attractifs, pour avoir plus rapidement
plus de psychologues. Donc, on a augmenté les ressources, mais ce n'est pas
assez. Il va falloir encore plus augmenter les ressources pour traiter les
problèmes de santé mentale.
Journaliste : Vous avez parlé
de prudence dans ce dossier-là, de liberté de parole. Médiatiquement parlant,
quand il y a des suicides, notamment, on a une certaine retenue pour éviter des
cas d'imitation. On se pose beaucoup la question dans les cas des attentats
aussi. Pensez-vous que, dans le cas des attaques avec des voitures ou des
camions comme ça, le même principe de précaution ou de sobriété devrait
s'appliquer?
M. Legault : Bien, c'est
une question qu'on doit se poser. Pourquoi il y a plus de personnes qui ont des
mauvaises idées comme ça? C'est-tu parce qu'ils ont vu quelqu'un d'autre le
faire? C'est quelque chose qu'il faut se poser aussi. Est-ce qu'on le montre
trop? Pourquoi il y a plus de personnes qui peuvent avoir des idées contre
d'autres personnes, là, qui n'ont rien à se reprocher, là?
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
qu'il y a une responsabilité collective face à des gestes comme ça? Puis, si
oui, laquelle?
M. Legault : Bien, je pense
qu'on a une responsabilité collective, d'abord, d'identifier les personnes qui
sont à risque et d'agir pour que ces personnes-là reçoivent des services. Et
donc, oui, on ne peut pas... le gouvernement ne peut pas être dans chaque
milieu à identifier chaque personne qui peut avoir des idées négatives. Donc,
on a besoin de la solidarité de toute une société. Je pense que la grande,
grande, grande majorité des Québécois vont être d'accord avec ça. Maintenant,
si on veut avoir une belle société, bien, il faut que tout le monde contribue.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
le rôle du gouvernement, c'est quoi précisément? Vous dites : Les gens
doivent signaler ou être actifs, mais le gouvernement, et vous, comme premier
ministre, c'est quoi?
M. Legault : Bien, peut-être
s'assurer que les services sont facilement accessibles, qu'il y a, puis on en
fait déjà, de la publicité pour que les gens n'hésitent pas à consulter ou à
dénoncer.
M. Robillard (Alexandre) : Sur
un autre service, qui est la SAAQ, on a entendu, la semaine dernière, Mme Guilbault
dire qu'on aurait pu mieux communiquer sur le Service d'authentification
gouvernementale. Hier, M. Dubé incitait les gens à s'enregistrer au
profil, tout ça. Donc, là, on a comme deux ministres qui ont l'air de s'occuper
puis de faire la promotion du dossier d'un autre ministre.
Donc, est-ce que vous êtes capable un peu
de nous circonscrire les responsabilités de chacun là-dedans? Parce que
peut-être que les gens commencent à perdre un peu le fil.
M. Legault : Oui. J'ai passé
beaucoup de temps, depuis une semaine, là, à parler et à Geneviève Guilbault et
à Éric Caire. Bon, ce que je comprends, c'est qu'Éric Caire a un rôle comme de
conseil dans la transformation numérique, autant pour les ministères que les
sociétés d'État. Mais, en bout de ligne, là, si on regarde le dossier de la
SAAQ, c'est la SAAQ qui a la responsabilité finale, incluant son département
d'informatique.
Maintenant, ce que je me rends compte,
c'est qu'on ne peut pas penser qu'on va fermer des bureaux pendant trois
semaines puis que... la journée qu'on va rouvrir, qu'il n'y aura pas un impact.
On aura beau avoir fait la meilleure campagne de promotion pour essayer de
convaincre le plus de monde d'utiliser les services en ligne, il reste qu'on ne
peut pas... personne ne peut penser que tout le monde...
Journaliste : ...
M. Legault : Non, mais
laissez-moi juste finir. Donc, il y a eu un problème de planification à la
SAAQ, là, c'est clair, c'est clair. Et ce que je veux, dans les prochains
jours, les prochaines semaines, c'est d'évaluer le travail du conseil
d'administration de la SAAQ et du président de la SAAQ, parce qu'il y a eu, de
toute évidence, une grave lacune de planification à la SAAQ.
Mme Prince (Véronique) : Vous
lui mettez une épée de Damoclès en disant ça, hein?
M. Legault : Bien, ce que je
dis, c'est que je veux évaluer la situation.
Journaliste
: Mais
comment vous allez l'évaluer?
M. Legault : Là, la priorité,
à court terme, c'est d'éliminer les lignes d'attente, O.K.? Ça, c'est mon rôle
à court terme. Mais, une fois que le problème à court terme va être réglé, je
pense qu'il faut évaluer le travail qui a été fait ou qui n'a pas été fait par
le conseil d'administration de la SAAQ et par le président de la SAAQ.
Des voix : ...
M. Legault : C'est le
gouvernement, le gouvernement.
M. Robillard (Alexandre) : ...une
commission parlementaire qui va faire ça?
M. Legault : Écoutez,
laissons d'abord le gouvernement faire son travail. Si le gouvernement ne
reconnaissait pas qu'il y a eu une lacune, je comprendrais que les députés de
l'opposition veulent poser des questions. Mais laissez-nous d'abord évaluer...
Journaliste
: Mais le
SAG...
M. Legault : ...prendre les
décisions qui sont nécessaires. Je pense que le SAG est une petite partie du
problème.
M. Robillard (Alexandre) : Et
qui est responsable d'en faire la communication dans votre... autour de votre
table du Conseil des ministres?
M. Legault : Bien, comme je
le disais, de dire... Il faut aller via le SAG vous inscrire, il faut d'abord
s'authentifier avec le SAG. Mais, de penser, à la SAAQ...
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que c'est M. Dubé, Mme Guilbault ou M. Caire qui doit faire ça?
M. Legault : ...de penser, de
penser, de penser, à la SAAQ, que tout le monde serait allé faire son travail
en ligne, je pense que c'est utopique. Donc, il y a eu une erreur de
planification. On ne peut pas fermer des bureaux pendant trois semaines puis
penser, quand on va les rouvrir, qu'il n'y aura pas une file d'attente.
Le Modérateur
: ...une dernière
en français.
M. Lacroix (Louis) : ...toujours
confiance au président Denis Marsolais, au président de la SAAQ? Est-ce qu'il a
toujours votre confiance?
M. Legault : Je veux évaluer
le travail du conseil d'administration de la SAAQ et du président de la SAAQ.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
Mme Prince (Véronique) : Il
n'y a pas de responsabilité ministérielle?
M. Legault : Bien, écoutez,
les sociétés d'État ont un conseil d'administration. Donc, entre la ministre et
la SAAQ, il y a aussi un conseil d'administration. Donc, il faut regarder,
effectivement, le travail qui a été fait à ces niveaux-là. Ce qu'on me dit,
c'est que la ministre avait été rassurée avant que ça se fasse.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, on va passer en anglais.
Journaliste : À quoi sert le
ministère de la Cybersécurité et du Numérique, alors?
M. Legault : Il sert de
conseil, il sert à s'assurer, justement, parce qu'on ne peut pas avoir de
l'expertise dans chaque ministère puis dans chaque société d'État,
d'accompagner chacun des ministères puis des sociétés d'État.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Legault : Yes.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
On the
situation in Amqui, how did you feel when you first heard what happened
yesterday?
M. Legault :
I feel terrible because it's happening
for a second time in a month. Of course, all my thoughts are with the people in
Amqui. We'll offer them all the support we can. I'll be there with the three
opposition leaders this Thursday. It's important also to offer everybody
psychological help. And I'm asking all the people to don't hesitate to get this
help because it's normal that you've been very affected, especially in a small
city. I'm from a small city, Sainte-Anne-de-Bellevue, and I know that all
people know each other, and it's very tough. So, all my thoughts are with these
people. And Mr. Bonnardel and Maïté, they are on place today.
M. Authier (Philip) :
On the reasons for this, I have the
impression, from what you're saying, Premier… is that you are like many other
people, in that we have more questions than answers about why such a thing
would happen again.
M. Legault :
Yes. Yes, and unfortunately it's
happening everywhere in the world. We've increased the resources for mental
health in the last few years, but we'll have to do more. We'll have to do more
publicity also to make sure that people, they get help and also that… if they
see somebody around them who's at risk, that they take some action.
M. Authier (Philip) : But, if we don't really know why this is happening, there's not
much we can do…
M. Legault :
Yes, but there'll be an inquiry. There'll be an analysis. And we're already
working on trying to be better helping mental health problems.
Mme MacKenzie
(Angela) : Beyond the psychosocial services
for this community, I mean, you mentioned how special is being such a small
community where everyone knows each other, what else is being done to ensure
that everyone's OK?
M. Legault :
I think that you have physical challenges. So, there were 11 people,
unfortunately two dead. Some were transferred to Québec City hospitals. We made
sure that we had all the personal. Psychological help also is given. Police are
also trying to see exactly what happened, because people said that… Hey! How
can you have, at 3:00 p.m., 10 people all together? The answer is that they
were not all together. The guy went to get many of them. So, how did it happen?
What was the information about this guy before this happened? So, that's the
kind of information we're working on.
Le Modérateur
:
Merci. Merci. Ou on en fait une dernière.
Mme Henriquez
(Gloria) : In terms of mental health services,
Mr. Premier, you mentioned : We have to do more. Some members of the
opposition said : We could even go as far as doing a parliamentary
commission logging into mental health services and what's needed in Québec. Is
that something that you'd be open to…
M. Legault :
I'm open to constructive suggestions. But, right now, one of the big challenges
we have is to find more psychological people, I mean, trained ones, and it
takes many years to train them. And I think there's no magic solution. So, I
don't think that a commission will find concrete solutions. And, if they have
concrete proposals, I would like to hear them.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup. Non, on doit y aller. La période de
questions...
Journaliste
:
Just a word on SAAQ, please, in English…
M. Legault :
SAAQ, I think that clearly there was a bad planning. You cannot close offices
for three weeks and expect that… when you reopen them, that everything would be
fine. So, there was a lack of planning. And I will study the work of the board
and the CEO of SAAQ and take action. But, short term, what is important is to
make sure that everybody get services very quickly.
Le Modérateur
:
Merci.
M. Legault : Merci.
(Fin à 14 h 01)