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Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de solidarité sociale et d’action communautaire, Mme Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire , M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de solidarité sociale et d’action communautaire, et Mme Elisabeth Prass, porte-parole de l’opposition officielle en matière de services sociaux

Version finale

Thursday, February 16, 2023, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures trente-six minutes)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse pour souligner les 20 ans de la Loi visant à lutter contre la pauvreté. Prendront la parole tout d'abord Manon Massé, suivie de Chantal Rouleau, Elisabeth Prass, Joël Arseneau, France Fournier, Pierre Issalys, Jacinthe Leblanc et finalement Serge Petitclerc. On prendra vos questions seulement sur ce sujet-là par la suite.

Mme Massé : Bien, bonjour, tout le monde. Vraiment très heureuse d'être là avec mes collègues de tous les partis politiques, comme ça a été le cas voilà 20 ans, lorsqu'on a adopté la loi pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Je suis contente qu'on s'assoie encore là. On a adopté la motion, et j'ai bien hâte d'entendre ce que les gens qui vivent la situation ont à nous dire. Alors, merci d'être là. Je laisse la parole à la ministre.

Mme Rouleau : Bien, merci à vous toutes, à vous tous. Merci à tous ces gens qui, il y a 20 ans, ont lutté contre la pauvreté, la pauvreté qui existe encore aujourd'hui, après 20 ans. Il y a des efforts énormes qui ont été faits, il y a des résultats qui sont importants, mais il faut continuer cette lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, c'est un engagement que nous prenons. J'entreprends cette tournée à travers tout le Québec pour rencontrer les organismes, les gens qui ont des choses importantes à dire. Et je suis totalement à votre écoute, alors au plaisir de vous rencontrer à travers le Québec.

Mme Prass : Merci. Bien, il fait plaisir de joindre ma voix à tout le monde aujourd'hui pour souligner le 20e anniversaire. C'est un enjeu, malheureusement, qui n'est pas disparu, donc il faut qu'on continue le travail. Tous les partis confondus, nous avons quand même le même but, et c'est d'avoir une société où la pauvreté et les écarts de pauvreté sont vraiment réduits. Donc, on va tous travailler ensemble, on va continuer à le faire, tous les Québécois le méritent. Et donc nous sommes contents de souligner cette journée et continuer la lutte. Merci.

M. Arseneau : Bonjour. Il y a 20 ans, je pense que le besoin d'avoir une loi sur la pauvreté et l'exclusion sociale est venu tout d'abord de la base, d'une observation sur le terrain et d'un mouvement de la société civile qui a été entendu par tous les partis représentés à l'Assemblée nationale et qui s'est confirmé dans une loi qui nous a permis d'avancer, qui nous a permis d'avancer, mais, 20 ans plus tard, ce que l'on sait, c'est que la lutte doit continuer. Alors, je me réjouis de voir, aujourd'hui, l'unité des membres de l'Assemblée nationale après avoir adopté cette motion mais surtout de voir que les gens de terrain sont toujours présents, là, chez nous.

Et les membres du Collectif pour un Québec sans pauvreté vont vous entretenir de la situation actuelle et des grands défis auxquels on veut contribuer. Merci.

Mme Fournier (France) : Bonjour. Mon nom est France Fournier, présidente au C.A. du Collectif pour un Québec sans pauvreté. C'est une journée spéciale aujourd'hui.

Depuis 1998, je militais avec ATD Quart Monde, qui veut dire : Agir en toute dignité Quart Monde. En tant que personne en situation de pauvreté, le projet de loi visant à l'élimination de la pauvreté représentait beaucoup pour moi puis pour tant d'autres aussi. J'ai le même souvenir de la pauvreté... et des espoirs que nous avions de faire du Québec une société sans pauvreté grâce à notre proposition citoyenne d'une loi contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

Depuis l'adoption de la loi, en 2002, je n'ai jamais cessé de militer contre la pauvreté. Et, malheureusement, je me suis rendu compte que l'adoption de cette loi n'a permis que de bien modestes avancées. Il a fallu plusieurs fois lutter pour résister à différents reculs. Et il faut le dire, les préjugés persistent à l'égard des personnes en situation de pauvreté, tout particulièrement à l'égard des personnes assistées sociales. Ces préjugés sont d'une grande violence. Et ça... On devrait collectivement mettre tout en oeuvre pour les déconstruire.

Tout de même, aujourd'hui, en tant que présidente du C.A. du Collectif pour un Québec sans pauvreté, je tiens à remercier les parlementaires de leur appui unanime à la motion déposée par la ministre Chantal Rouleau et la députée Manon Massé. Surtout, je veux les inviter à prendre connaissance de la loi et à se l'approprier pour mettre la lutte contre la pauvreté au cœur de leurs actions. J'aimerais inviter à mener cette lutte avec, et avec, les personnes en situation de pauvreté, puisque ce sont elles qui sont au cœur du déni des droits qu'est la pauvreté. C'est une question de droits, et une société qui s'occupe du cinquième le plus pauvre de sa population est une population riche socialement.

M. Issalys (Pierre) : Bonjour. Je suis Pierre Issalys, professeur à la Faculté de droit de l'Université Laval. J'interviens aujourd'hui parce que j'ai participé, entre 1999 et 2002, à la mise au point de la proposition de loi impulsée par le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté, c'était le nom qu'il portait à l'époque. J'ai fait partie d'un comité de rédaction qui a eu pour mission de traduire, dans des termes conformes aux usages et aux règles de la rédaction des lois au Québec et, bien sûr, dans des termes conformes à notre droit public, les intentions et les volontés exprimées par les assemblées citoyennes qui, réunies dans toutes les régions du Québec à l'initiative du collectif, avaient élaboré un premier projet de ce que devrait être une loi visant à éliminer la pauvreté au Québec.

Alors, je pense que nous nous sommes correctement acquittés de cette mission. Le texte que nous avons mis au point a été présenté par le collectif à l'Assemblée nationale et il a manifestement exercé une certaine influence sur la conception du projet de loi déposé quelques mois, sinon quelques années plus tard, le gouvernement de l'époque, projet de loi qui est devenu la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Cette loi présente aujourd'hui, malheureusement, un certain nombre d'écarts par rapport à la proposition qu'avait formulée le collectif. Je pense que... Personnellement, en tout cas, je déplore toujours ces écarts, même si je dois constater que la loi a produit un certain nombre d'effets bénéfiques, comme vient de le rappeler avec une émotion bien compréhensible l'actuelle présidente du collectif.

Cette loi constitue, à mon avis, pour des raisons qui ont été évoquées ce matin par les intervenants à l'Assemblée... elle constitue un précieux acquis de la démocratie québécoise. Elle est là pour nous rappeler et pour rappeler à nos gouvernants que l'invisibilité relative des pauvres ne justifie en rien l'acceptation et l'inaction face à la pauvreté dans une société riche comme l'est le Québec. Je crois que la loi, malgré ses insuffisances, ouvre un certain nombre de possibilités que nos gouvernants doivent, à mon avis exploiter, doivent utiliser, pour autant, bien sûr, qu'une volonté politique existe de le faire. Les propos que j'ai entendus, ce matin, à l'Assemblée, que nous avons tous entendus, sont très encourageants à cet égard, et je ne peux que me réjouir de la volonté indiquée notamment par Mme Rouleau de préparer un quatrième plan d'action qui prolongera les effets bénéfiques de la loi. Merci.

Mme Leblanc (Jacinthe) : Bonjour à toutes et tous. Je m'appelle Jacinthe Leblanc. Je suis déléguée d'un collectif régional de la Gaspésie.

Il était une fois un emploi. Novembre 2001, je suis embauchée pour prendre la relève de la coordination d'un petit organisme communautaire de base qui s'appelle Droits devant, c'est un organisme de défense collective des droits. Forte de mon C.V. de vécu de précarité, j'ai appris à défendre mes droits, j'étais bonne pour l'emploi. Dès la première semaine, M. Jean Forêt, fondateur et coordonnateur de l'organisme, m'explique c'est quoi, ça, la défense collective des droits. Il me parle du mouvement citoyen de l'automne 1998 à 2000, une démarche populaire qui s'est multipliée à la grandeur du Québec pour permettre de construire et de valider une proposition de loi en bonne et due forme en même temps que circule une pétition pour en demander l'adoption à l'Assemblée nationale, un travail à engager la société québécoise et ses institutions politiques à jeter les bases d'un Québec sans pauvreté. Analyser, éduquer, mobiliser, représenter, voilà le travail collectif.

Un an plus tard, décembre 2002, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale est adoptée. Wow! Un instrument, un horizon, un objectif, un outil de travail exceptionnel pour guider le mien mais surtout un processus porté par des personnes pour des personnes, faire avec. Ce processus a marqué l'histoire collective du Québec. Il a généré fierté et goût d'agir.

2003, le collectif, ayant mené à la proposition de loi n° 112, agira dès lors sous le nom du Collectif pour un Québec sans pauvreté, car il faut dorénavant veiller à son application. Que dire de sa coordonnatrice, Vivian Labrie, que j'appelle affectueusement la mère de la loi? Son approche, ses réflexions, ses croisements des savoirs, sa grande écoute du terrain furent pour moi l'exemple à suivre. Merci, Vivian, tu ne sais pas à quel point je t'admire et je t'aime.

Le collectif gaspésien pour un Québec sans pauvreté fait partie de ce grand mouvement de solidarité et surtout d'actions, de campagnes et de moyens. Dans presque toutes les régions du Québec et au cœur de plusieurs organisations, des milliers de citoyens sont engagés pour la justice sociale. Depuis 20 ans, malgré que j'étais seule employée dans mon bureau, cette loi et ce collectif ont guidé mon emploi et ma vie, car la pauvreté ne s'est jamais terminée à 4 heures et maintenant elle fait aussi du temps supplémentaire. Merci.

M. Petitclerc (Serge) : Merci beaucoup. D'ailleurs, Mme Vivian Labrie n'a pas pu être avec nous aujourd'hui. On avait prévu sa présence, mais elle a... on a filmé une petite vidéo qui est sur le compte Facebook du Collectif pour un Québec sans pauvreté. D'autant plus content d'être ici que, moi-même, dans la période de 1998 à 2002, qui est la période qui a mené à l'adoption de la loi, j'étais parmi les militants, les militantes, les travailleurs, les travailleuses dans des organismes communautaires qui y ont travaillé.

Parce qu'effectivement, de 1998 à 2000, le collectif a rédigé avec la population un projet de loi citoyen qui visait justement l'élimination de la pauvreté. Et c'était aussi une période où on a récolté des appuis à l'idée, des appuis qui ont pris la forme d'une pétition, comme disait Jacinthe, mais aussi d'un registre d'appui auprès des organisations. En 2000, à l'an 2000, on a déposé cette pétition qui comptait autour de 215 000 appuis, on s'entend, à une époque où les pétitions étaient en papier, alors imaginez le défi pour récolter autant de signatures. On a recueilli aussi l'appui autour de 1 500 organisations qui comportaient des groupes de défense de droits, comme celui pour lequel Jacinthe vous parlait, des groupes anti-pauvreté, mais il y a eu aussi, et surtout je dirais même, des appuis qui sont provenus de banques alimentaires, de centres d'action bénévole, des cercles des fermières, des clubs d'âge d'or, des paroisses, des sociétés de Saint-Vincent-de-Paul, et j'en passe. Et il y a même une soixantaine de MRC, de municipalités puis de villes qui ont donné leur appui au projet de loi citoyen, des villes comme Lévis, Québec, Rimouski, Trois-Rivières qui ont donné, dans le fond, un appui politique à l'idée d'une loi pour éliminer la pauvreté.

C'est la raison pour laquelle il y a de nombreuses organisations qui ont repris le collectif entre 2000 et 2002 pour que cette loi-là devienne une vraie loi adoptée par l'Assemblée nationale. Et il y a notamment la Marche mondiale des femmes, la première marche mondiale des femmes en 2000, qui a appuyé l'idée d'une loi pour éliminer la pauvreté, loi qui a été adoptée en 2002. On a eu trois plans d'action depuis ce temps-là.

Et, peut-être en conclusion, dans le fond, qu'est ce qu'on doit retenir de cette loi-là et de toutes ces années après 2002? Quatre petites conclusions. La loi elle-même n'est pas un problème. Comme le disait Pierre, elle donne les coudées franches au gouvernement pour mettre en place des mesures structurantes pour combattre la pauvreté. Deuxième élément, il faut quand même constater qu'on est encore loin d'avoir atteint l'objectif premier de la loi qui est de faire du Québec une société qui tend vers l'élimination de la pauvreté. Et malheureusement on doit même constater souvent qu'on fait du surplace. S'il y a eu des améliorations du côté des familles, il y a eu des pertes du côté des personnes seules et des couples sans enfants. Et qu'au final, troisième conclusion, c'est que tout est une question de volonté politique. Parce que, pour faire du Québec une société sans pauvreté, il faut de l'ambition. Il faut que la lutte contre la pauvreté s'élève au rang d'impératif national, comme c'est indiqué dans le préambule de la loi. Il faut abandonner l'incitation à l'emploi comme le seul fondement de la lutte à la pauvreté. Et enfin il faut que le respect des droits, notamment celui d'assurer un niveau de vie décent à tous et à toutes, devienne justement le fondement de la lutte à la pauvreté et le fondement des plans de lutte contre la pauvreté.

Puis ça tombe bien, on a une occasion en or qui se présente. C'est, en effet, en 2024 que le gouvernement doit déposer un quatrième plan de lutte contre la pauvreté. Et c'est pour cette raison que le collectif invite l'ensemble des parlementaires, pas juste ceux du gouvernement, mais l'ensemble des parlementaires à assumer leur responsabilité à cet égard-là, à inscrire la lutte contre la pauvreté parmi... réellement parmi leurs priorités puis de ne viser rien de moins que l'élimination de la pauvreté.

Alors, sur ce, je vous remercie. Et je remercie, en fait, aussi toutes les personnes qui sont venues, bien, Jacinthe est venue de très loin, de la Gaspésie, mais aussi des gens qui sont venus de Montréal, qui sont venus de la Rive-Sud de Québec. On est à peu près une vingtaine aujourd'hui. Alors, on remercie toutes les personnes qui ont voulu participer à cet événement. Merci beaucoup.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 54)