(Onze heures quatre minutes)
Mme Massé : Alors, bien,
bonjour, tout le monde. Quand j'étais plus jeune, ça commence à dater mais
quand même, je jouais à la ringuette. Puis, quand il y avait des joueuses qui
voulaient se bomber le torse puis dire qu'elles, c'étaient les meilleures, puis
qu'elles allaient scorer, puis qu'elles allaient compter des buts, on attendait
qu'elles embarquent sur la glace, puis là, des fois, quand qu'elles
embarquaient sur la glace, on se rendait compte que, pouf, pouf, pouf, la
balloune dégonflait parce que compter des points, ce n'est pas en parole qu'on
fait ça, c'est dans l'action.
Bien, c'est exactement ce qui est arrivé
avec M. Legault sur la question des transferts en santé. Ça fait quatre
ans que je suis assise au salon bleu, que je l'entends se bomber le torse sur :
lui, il va être capable d'aller chercher de l'argent pour le Québec, l'argent
du Québec à Ottawa. Il est parti avec cette idée-là, il y a quatre ans, puis
là, bien, on se retrouve, la semaine dernière, avec un premier ministre qui
revient la mine très basse parce que, vous le savez comme moi, il en demandait
6, milliards, puis on lui en a octroyé 1.
Bien, ça, dans mon livre à moi, ça a un
nom, puis ça s'appelle un échec, un échec qui creuse un trou de 5 milliards
de dollars dans le budget du Québec. M. Legault a bombé le torse, il
revient la mine basse, mais moi, je lui demande une chose, je lui demande une
chose, c'est qu'il prenne fermement l'engagement de ne pas couper dans les
services publics pour combler ce trou-là. C'est ça, l'engagement que je lui
demande, et qu'il le fasse rapidement, parce qu'on le sait tous et toutes il y
a un budget qui s'en vient.
M. Marissal : Merci, Manon.
Bonjour. Merci d'être là. Deux choses d'abord ce matin. On va passer de la
ringuette au hockey sur glace. Vous avez vu, j'imagine, comme tout le monde,
cette histoire épouvantable, là, qui est sortie hier concernant des rites
initiatiques qui ressemblent plus à des actes de barbarie quant à moi. Comme
tout le monde, j'ai été choqué, renversé de lire ça. J'ai été scandalisé de
lire encore une fois ce genre de geste, ce genre d'ignominie qu'on fait subir à
des jeunes au nom d'initiation et d'esprit de corps alors que nous sommes ici
carrément dans le Code criminel, et on parle d'agression. Alors, appelons les
choses par leur nom.
Vous le savez peut-être ou peut-être pas,
mais je suis aussi critique en matière de sports et de loisirs. Donc, je me
suis posé, évidemment, la question : À part, évidemment, l'effroi que cela
me donne comme père de famille aussi, là, qu'est-ce que je peux faire comme
parlementaire? Bien, je me suis dit : Je pense qu'on a des institutions,
ici, qui peuvent servir à entendre des témoins et surtout à passer un message.
Alors, j'ai envoyé une lettre, ce matin,
demandant à la Commission culture et éducation un mandat d'initiative pour
entendre, dans un premier temps, là, on va commencer, là, par l'urgence, les
dirigeants de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Je crois que ce n'est
pas la première fois qu'il y a des pépins avec cette ligue. On a entendu toutes
sortes de choses. Vous voyez, notamment, la réticence de cette ligue à bannir
les batailles où parfois ça vire encore en rodéo avec la Ligue de hockey junior
majeur du Québec. Il y a un changement de garde qui s'en vient dans cette
ligue-là. C'est probablement le bon moment. Et, de toute façon, je pense qu'ils
n'ont pas le choix de s'expliquer. Puis c'est le message que je voudrais qu'on
envoie ici, comme élus de l'Assemblée nationale. On les convoque, on leur
demande de rendre des comptes, puis on prendra les décisions qui s'appliqueront
après pour le Québec.
Ça tombe très bien parce que j'ai
rencontré, la semaine dernière, Isabelle Charest, qui est la ministre, à sa
demande. On a eu une très bonne rencontre. On a discuté de ses priorités et des
miennes. Je veux vous le dire, puis c'est rare entre la CAQ puis nous, mais on
est pas mal sur les mêmes priorités. En tout cas, sur la question de l'intégrité
des joueurs, des joueuses, des sportifs, des sportives, des jeunes au Québec,
on est... je pense, et je l'espère, et je la crois sincère, nous sommes, Mme Charest
et moi, sur la même la même longueur d'onde. Alors, je lui tends la main aussi.
On ne peut pas juste rester ici, les bras croisés, à dire : C'est donc
bien épouvantable, c'est donc bien dégueulasse. Oui, de fait, ça l'est, mais on
a une responsabilité, ici, à prendre.
Ensuite, je vais vous parler rapidement, vous
avez vu aussi, comme moi, les nouveaux chiffres, les nouveaux montants
concernant le recours aux agences privées de placement dans le réseau de la
santé. Ce n'est pas compliqué, là, ça a augmenté de 350 % en six ans. Le
gouvernement, et ça fait des années qu'on le dit, a complètement perdu le
contrôle. On a donné les clés de la banque de sang aux vampires, et ils se paient
un méchant party. Les agences font la loi et l'ordre, facturent des prix de
fous. On a entendu, là, 100 $, 125 $ de l'heure. Je peux vous dire
que c'est parfois trois fois ça. On charge des prix de fou au gouvernement.
Alors, le gouvernement nous a annoncé un projet
de loi très prochainement, vraisemblablement cette semaine, je crois qu'il est
au feuilleton depuis ce matin, justement un projet de loi touchant le recours
aux agences de placement. J'ai dit et j'ai redit, la semaine dernière, au
ministre Dubé : Si tel est le cas et qu'on s'en va dans la bonne
direction, je vais... nous allons collaborer, du côté de Québec solidaire, avec
le gouvernement, mais il faut donner un grand, grand, grand coup de barre. On
le voit, c'est parti à vau-l'eau, cette affaire-là, on a complètement perdu le
contrôle. Et, si ce n'est pas fait avec rigueur, s'il n'y a pas un échéancier,
bien, M. Dubé le sait, puis on a été très transparents, on ne jouera pas
dans ce film-là, mais, si le projet de loi va dans la bonne direction, puis qu'on
peut l'améliorer, puis qu'on arrive, à la fin, avec une pièce législative qui
va nous débarrasser de ces parasites, bien, je vais collaborer, puis on va
adopter ça très rapidement. Merci.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Vous parlez d'un échéancier. Combien de temps? Combien de temps vous donnez
au gouvernement pour se débarrasser des agences privées?
M. Marissal : Bien, écoutez,
il y a un an, j'avais dit trois ans, ça fait que je vais être bon joueur puis
cohérent avec moi-même, là : deux ans. Mais je ne suis pas complètement
fermé, là, à l'idée : Est-ce que c'est 38 mois ou 36? Ça serait mieux
22, entre vous puis moi, là, le plus tôt possible. Je vais répondre à votre
question comme ça : Le plus tôt possible, en sachant que ça ne se fera pas
comme ça du jour au lendemain.
Mais c'est sûr que ça ne se fera pas si on
n'agit pas. Puis le fait est que le gouvernement a déjà perdu au moins deux ans
dans ce dossier-là, parce qu'on aurait déjà pu intervenir il y a déjà un bon
moment, et, surprise, surprise, on va revenir à la case départ avec un projet
de loi qu'on aurait déjà pu faire il y a déjà un bon moment. On a laissé ces
gens-là s'infiltrer dans le réseau, ils ont pris toute la place.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
On a vu que, dans les régions, c'est beaucoup plus difficile, il y a une
très forte présence, là, par exemple la Côte-Nord, d'agences privées. Est-ce
que vous pensez qu'on peut s'en débarrasser à 100 %? Pensez-vous qu'il y a
un pourcentage qu'on peut garder? Comment on va régler le problème des régions?
M. Marissal : Au départ, c'était
un dépannage pour le Grand Nord, par exemple, pour l'Abitibi, des endroits où
c'est vrai que c'est plus difficile de couvrir. Puis, à la limite, c'était un
mal nécessaire, mais là c'est devenu un mal, point. Donc, moi, je pense qu'on
vise à s'en débarrasser.
Après, si on a besoin ponctuellement de
trouver des gens pour les envoyer, par exemple, en Abitibi de façon
ponctuelle... Idéalement, ça serait que les gens s'installent là aussi puis
qu'ils vivent là, ça serait le but recherché. Et, pour ça, on y revient
toujours, ça prend de bonnes conditions de travail dans le public. Si on fait
ça, les gens vont revenir travailler dans le public.
M. Laforest (Alain) : Mme Massé,
M. Legault a promis des baisses d'impôt. Vous avez dit, tout à l'heure,
que, 6 milliards, il ne faut pas qu'il coupe les services. Est-ce qu'il
doit oublier ses baisses d'impôt?
Mme Massé : Bien, vous lui
poserez la question. Moi...
M. Laforest (Alain) : Mais,
vous, est-ce que vous lui demandez de mettre de côté ses baisses d'impôt compte
tenu qu'il n'a pas eu l'argent du fédéral?
Mme Massé : Moi, ce que je
lui demande, c'est de s'engager à ne pas couper dans les services publics. Et
ça, s'il prend cet engagement-là, bien, il gérera ça comme il veut, mais cet
engagement-là, il est fondamental pour les Québécois et les Québécoises. On a
déjà des services publics qui sont en lambeaux. On vient de parler de la santé,
on pourrait se parler de l'éducation, de la DPJ, etc. Ce que les services
publics nous disent, c'est : Pour être opérant, un, peu importe le service
public, on a besoin des bonnes conditions de travail, et après ça, bien, je
pense notamment à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, on a aussi besoin
d'engagement par rapport aux infrastructures. Alors, il gérera ça comme il veut,
mais, ceci étant dit, je veux qu'il s'engage à ne pas toucher aux services
publics.
M. Laforest (Alain) : Vous ne
voulez qu'il annule les baisses d'impôt parce qu'au fond c'est les démunis qui
vont souffrir, là? C'est un peu ça, là, les baisses d'impôt, ça va donner un
peu plus d'air à ceux qui ont moins d'argent, là.
Mme Massé : Écoutez, il nous
a dit : Je vais avoir 6 milliards du Canada pour payer mes frais
de... au niveau des transferts en santé. Il revient avec 1 milliard. Ça
fait que, dans ma tête, dans mon livre à moi, il en manque 5. Bon, peut-être
que, dans les discussions bilatérales, il va aller en rechercher une couple
d'autres, mais, à l'heure où on se parle, il en manque 5. Comment ce
gouvernement-là va faire pour assurer pas seulement aux plus démunis, assurer à
toute la population du Québec que, lorsqu'ils ont besoin de soins de santé,
bien, ils vont trouver réponse à leurs besoins? Ça fait que c'est tout le
monde, ça.
M. Bergeron (Patrice) : Quand
on parle de services de santé, Mme Massé, je veux juste préciser un peu,
là, parce qu'on parle souvent de santé, éducation, mais, par exemple, là, les
budgets de mission, est-ce que vous voulez dire aussi qu'on indexe aussi,
mettons, le budget du ministère de l'Environnement? Est-ce que vous comprenez
ça dans vos services publics, là, dans votre demande budgétaire? Ou il gèle des
budgets ailleurs pour que ça arrive, ou quoi, là?
Mme Massé : Pour moi, les
services publics, par exemple, parce que là vous voulez que je sorte de la
santé puis de l'éducation, je vais vous parler de transport en commun. On est
en pleine crise planétaire au niveau des changements climatiques. Les sociétés
de transport n'arrivent pas à boucler leur budget, ils coupent leurs services. Puis
l'État québécois, qu'est-ce qu'il fait? Il doit répondre présent à ce service
public qui est là. Quand on a des inspecteurs... Vous me parlez de
l'environnement. Quand on coupe des inspecteurs au niveau du MAPAQ, au niveau
de l'environnement, c'est des services à la population, pas des méchants
fonctionnaires dans leurs bureaux. Si on n'arrive pas à faire les inspections
nécessaires au ministère de l'Environnement, comment on va faire appliquer nos
lois?
Alors donc, je pense que le gouvernement
doit absolument... M. Legault doit prendre cet engagement qu'il ne va pas
toucher aux services aux Québécois et Québécoises.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Je
reviens au hockey, M. Marissal. J'essaie de me mettre dans la tête d'un
jeune joueur, aujourd'hui, qui a peut-être des espoirs de percer au
professionnel. On ne sait pas, là, est-ce qu'il a vécu des choses similaires à
ce qui été décrit? Vers qui est-ce qu'il se tourne pour parler de ce qu'il a
vécu s'il a peur de porter préjudice à sa propre carrière? S'il va devant la
police, finalement, puis qu'il dénonce une équipe, est-ce qu'il va être puni
par son équipe à cause qu'il a... On commence par où pour l'aider, ce jeune-là?
M. Marissal : On commence par
la dignité humaine. Quelqu'un qui subit un viol, une agression, là, doit aller
à la police. Et je sais que c'est difficile, vous mettez le doigt sur quelque
chose. Il n'y a pas juste de voir sa carrière ruinée, il y a la honte aussi,
j'imagine. Je n'ai jamais été agressé, mais je peux imaginer. Ce que les
victimes nous disent, c'est ça, de ne pas se faire croire, rejeter par ses
pairs, des fois, rejeter par sa propre famille, rejeter par son équipe, rejeter
par soi-même, on se rejette. C'est épouvantable, ce que ces gens-là vivent, mais
moi, je leur dis : Allez à la police. Vous avez subi un sévice, là, qui
est de l'ordre du Code criminel, là, ou de la Charte des droits et libertés,
allez à la police, dénoncez.
Et rappelons-nous, là, Sheldon Kennedy,
rappelons-nous Theoren Fleury. Vous avez raison, ces gars-là, ils ont souffert,
là. Les gymnastes américaines, elles ont souffert le martyre, là, perdu des
contrats, perdu leur carrière, tentative de suicide. Je ne suis pas en train de
dire que c'est le fun, là, mais ces gens-là se sont tenus debout. Ils ont
dénoncé leurs tortionnaires, ils sont allés... Les gymnastes américaines, elles
ont amené ça jusqu'au Congrès américain. Theoren Fleury, Sheldon Kennedy, ils
ont fait emprisonner des gens. Alors, je leur dis : Allez-y, dénoncez.
Puis nous... en tout cas, moi, je m'engage,
puis on s'engage, là, comme politiciens, puis j'espère que les 125 députés
ici sont... Là-dessus, là, on s'engage à vous soutenir là-dedans, pas juste à
parler, on va vous soutenir là-dedans, mais dénoncez. Il faut casser cette sale
culture du harcèlement, de l'agression, de la domination.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...sur
les épaules de la personne qui a été possiblement agressée de casser un système?
Et sinon, le rôle des élus pour casser ce système-là, quel est-il au-delà de
documenter ce qui se passe? Qu'est-ce que les élus peuvent faire?
M. Marissal : Bien, on peut
voter des lois. On peut retenir du financement. On peut faire de la
sensibilisation aussi, parce que nous avons la chance d'avoir un micro. Vous
savez, si mes collègues, surtout de la CAQ, acceptent d'avoir un mandat
d'initiative, là, ce n'est pas pour faire un show de boucane, c'est parce qu'il
y a des gens qui ont des comptes à rendre, puis moi, j'ai des questions à poser
puis je suis sûr que mes collègues ont des questions à poser. Comment ça se
fait que vous avez toléré ça? Ça fait combien de temps? L'avez-vous vu? Est-ce
que vous avez, dans vos équipes, des protocoles?
Parce que c'est vrai que ce n'est pas
juste aux victimes à porter ça, ce n'est pas juste aux victimes à porter ça. Il
y a un commissaire, là, à l'intégrité dans le sport, ici, qui vient tout juste
d'être nommé. Donnons-lui la chance, la chance au coureur, peut-être que ça
pourrait canaliser, vous avez raison. Mais, dans les équipes, est-ce qu'on a
les bons protocoles pour s'assurer que, s'il y a quelque chose qui dépasse, s'il
y a quelque chose qui ne fonctionne pas, il y a un protocole comme celui-là?
M. Carabin (François) : Est-ce
qu'une commission, c'est suffisant, M. Marissal? C'est quoi, la nécessité,
par exemple, d'une enquête indépendante sur...
M. Marissal : Je suis assez
favorable avec une enquête indépendante, mais comme je vous le disais tout à
l'heure, d'entrée de jeu, moi, je me suis posé la question : Dans mon
carré de sable, qu'est-ce que je peux faire à part m'indigner? Et je le suis,
croyez-moi, là. Qu'est-ce que je peux faire? Bien, on a des outils ici, à
l'Assemblée nationale, utilisons-les. On peut faire ça.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...voulez-vous
réagir?
Mme Massé : Oui, bien, en
fait, ce que Vincent dit, c'est juste. Et moi, là, j'ai l'impression que là il
faut qu'on se mette en mode c'est assez, là. Il faut que ça arrête, ça n'a pas
de bon sens. Il y a des coachs qui sont témoins de tout ça. C'est criminel. Il
faut que ça arrête.
Puis ce que je veux redire : Non, ça
ne doit pas reposer sur les seules épaules des victimes. C'est vrai pour toutes
les agressions. Les témoins ont un rôle à jouer, les témoins ont un rôle à
jouer. Et je veux redire aux victimes : Les agressions sexuelles, ce n'est
pas prescriptible. Si vous l'avez vécu voilà 20 ans, 30 ans, vous
pouvez agir aujourd'hui, vous pouvez aller à la police aujourd'hui.
Puis je dis aux policiers qui vont
recevoir ces gens-là : Ouvrez votre oreille, parce que, sous le vocable
d'initiation... Pour moi, une initiation, ça devrait être sain, ça devrait
permettre d'aller chercher le meilleur de la personne, d'avoir du fun en
équipe. Bien, un viol, là, ce n'est pas le fun. Ce n'est pas le fun, puis pas
juste un viol, dégrader les gens, les humilier. Alors, ce n'est pas
prescriptible, c'est ça que je voulais vous dire. Ça m'emballe un peu.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'on doit lier le financement à ça?
Mme Massé : Pardon?
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'on doit lier, ultimement, le financement à ça?
Mme Massé : Bien, oui, c'est
ça, c'est un des outils.
M. Marissal : Absolument.
C'est ce que le fédéral, à son niveau... Quand je parlais de carré de sable,
c'est ce que le fédéral veut faire, oui, effectivement, mais ça prend des
protocoles très, très clairs. Il faut être capable d'exiger, au moins une fois
par année, un rapport de ces organisations-là qui nous font la démonstration
qu'ils ont effectivement mis les garde-fous en place.
Vous savez, en ce moment, là, dans la
ligue junior majeur du hockey, là, la ligue junior majeur du Québec, il y a des
séances qui se donnent à tous les joueurs et à leur entourage, là, je pense que
c'est l'entourage d'équipe, j'entends, là, sur, justement, ce que c'est, une
agression, ce que c'est, le consentement. On a eu des problèmes. Vous avez
entendu l'histoire de Logan Mailloux, ce jeune joueur, là, qui fait partie de
l'organisation du Canadien. C'est notamment Léa Clermont-Dion qui donne,
justement, des séances, des séminaires puis de la formation. Très bien, mais il
faut aller plus loin aussi. Il faut s'assurer que la formation est donnée. Il
faut s'assurer que ces gens-là suivent les protocoles et qu'on montre patte
blanche, justement.
Mais, si ça passe par le financement, ça
passe par le financement. La Ligue de hockey junior majeur, là, elle a eu au
moins 12 millions de dollars pendant la pandémie parce qu'évidemment ses
activités ne roulaient plus en raison de la pandémie. Ce sont des entreprises,
les équipes de la Ligue de hockey junior majeur, elles ont des crédits d'impôt.
Oui, on a des leviers de cet ordre-là pour s'assurer que, minimalement, ils
vont mettre des protocoles en place, ils vont les respecter puis ils vont
montrer patte blanche, puis, si on les convoque ici, bien, qu'ils viennent ici.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
parlez du junior majeur, mais est-ce que, par exemple, le bantam, le midget, là...
Je veux dire, ces jeunes-là, ils arrivent de quelque part, là, ça fait
peut-être aussi partie, là, de l'équation. Il y a peut-être des choses qui sont
permises là pour qu'on les accepte encore au junior majeur. Est-ce que ça, bon,
pee-wee, bantam, midget, ça ne devrait pas aussi faire l'objet d'un examen
aussi, là?
M. Marissal : Bien, le Code
criminel, il s'applique à tout le monde, chez le bantam, le pee-wee autant que
dans la Ligue nationale de hockey, en passant, là, ou toute forme de ligue professionnelle.
Le Code criminel, parce que c'est de ça dont on parle ici, ça s'applique.
Là, comme je le dis, il y a une urgence,
là, parce qu'on a entendu parler de beaucoup de cas qui semblent se concentrer,
là, dans le junior, mais je ne suis pas naïf, là, je sais qu'il y a des cas
aussi. Puis il y en a eu ailleurs, rappelez-vous, là, ski Canada, par exemple.
On doit appliquer la même vigilance et peut-être, oui, couper les fonds quand
il y a des associations sportives qui ne se conforment pas.
La bonne nouvelle, là-dedans, là, c'est
que... bonne nouvelle, c'est un drôle de mot, là, mais, en tout cas, il y a une
sensibilisation qui se fait, puis il y a des parents, maintenant aussi, qui
sont très vigilants. Je pense, notamment, dans le domaine du hockey, des
parents qui sont de plus en plus vigilants. Puis les parents aussi ont un rôle
à jouer dès qu'ils entendent quelque chose, dès qu'ils sentent quelque chose.
On ne tolère pas ça, on ne tolère pas ça, puis ça glisse vite.
Moi, je vous dis, mon fils, il a joué au
football, là, pendant quelques années, puis il était très mal à l'aise... Puis
ça me met un peu mal à l'aise de le personnaliser, le débat, mais je vais vous
dire comment ça commence. Que tu manques ton bloc sur la ligne offensive puis
tu te fais traiter de fif, puis tu te fais traiter de fif à répétition, là,
puis mon fils, il rentrait chez nous en me disant : Je ne suis vraiment
pas à l'aise avec ça. J'ai dit : O.K., mais est-ce que tu le dis? Est-ce
que tu... Pas facile, il va se faire ostraciser, il va se faire... mais ça
commence de même. Puis, après ça, bien, hein, c'est ouvert, puis on y va.
Alors, vigilance à tout le monde, là, vigilance à tout le monde et à tous les
niveaux, vous avez raison.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
c'est quoi, le problème avec le hockey en particulier? On le voit, là, c'est
notre sport, il y a un engouement envers le hockey, c'est notre fierté, tout le
monde veut que le Canadien gagne, on est tous derrière ces équipes là, mais, en
parallèle, on voit les scandales avec Hockey Canada, on voit le scandale avec
la LHJMQ et les autres organisations juniores. Il n'y a aucun joueur de la
ligue nationale qui affirme tout haut s'il est homosexuel ou non. Il y a une
culture dans le hockey. C'est quoi? Ça vient d'où? Qu'est-ce qui explique ça,
selon vous?
M. Marissal : Il n'y a pas
beaucoup de joueurs au football non plus, que ce soit la ligue canadienne ou la
ligue nationale, qui s'affichent ouvertement homosexuel. Il y a un problème
dans la société en général. Il y a un problème dans la société, puis c'est là
qu'on a un rôle à jouer, là, pour casser ces tabous-là puis cette
discrimination systémique et systématique.
Le hockey, c'est que c'est très pratiqué,
oui, effectivement, au Québec puis au Canada, c'est un sport qui est très,
très, très pratiqué, donc il y a un volume, mais il y a eu des problèmes au
basketball, il y a eu des problèmes dans le ski alpin, vous l'avez vu comme
moi, il y a eu des problèmes en gymnastique. Est-ce qu'il y a une culture
particulière au hockey? C'est vrai que ça revient souvent.
M. Lachance (Nicolas) : ...une
culture du silence parce qu'on aime mieux les victoires que ce genre d'image
là.
M. Marissal : C'est vrai que
ça revient souvent et c'est pour ça qu'il faut continuer de marteler qu'il faut
casser cette culture-là, absolument.
Mme Massé : Oui, moi, je veux
peut-être juste rajouter, tu sais, les situations de violence, qu'elles soient
conjugales, sexuelles, psychologiques, économiques, puis là je parle bien des
hommes envers des femmes, que ce soit dans nos écoles... On l'a vu, le ministre
vient d'investir encore plus au niveau des protocoles pour protéger les
étudiantes, les étudiants en matière d'agressions sexuelles ou, à tout le
moins, de comportements inacceptables, et voire même criminels. Quand il s'agit
des enfants, des plus jeunes, on n'a pas rien qui protège nos enfants, là,
comme ça protège les universités, les cégeps. On n'a pas ce type de loi là pour
exiger des écoles qu'elles agissent, qu'elles se donnent des protocoles.
Pourquoi? Parce qu'on pense que, chez les plus jeunes, ça n'existe pas? Parce
qu'on pense qu'on n'a pas un rôle à jouer là-dedans?
Puis ce pourquoi je vous fais ce
parallèle-là, c'est parce que Vincent, à mon sens, met le doigt dessus : à
l'intérieur de notre société, il demeure des préjugés gros comme le bras
concernant les personnes homosexuelles, transsexuelles, non genrées. Et on le
voit encore, ce matin, dans l'étude de Dre Généreux et son équipe, les
jeunes trans, les jeunes non binaires, parfois hommes, parfois femmes, parfois
non binaires, bien, ils pensent plus souvent au suicide que le reste de nos
jeunes. Alors, c'est quelque chose, ça. Et ça, c'est un travail d'éducation
sans arrêt qu'il faut continuer à faire mais surtout de dire non, non à ce type
de propos là, parce que ça peut dégénérer puis ça crée des problèmes énormes
chez nos jeunes.
Mme Martin (Léa) :
Justement, au sujet des
jeunes trans et non binaires, il y a plusieurs organismes LGBTQ+, là, qui sont
sortis, entre autres, dans le 24 heures, pour dire qu'ils étaient à
bout de souffle, qu'ils n'avaient pas de financement. Quelle est la solution?
Qu'est-ce que le gouvernement doit faire pour pouvoir aider cette jeunesse-là
qui est en détresse?
Mme Massé : Bien, tu sais, premièrement,
on le voit, là, par exemple, l'organisme Interligne, là, qui, à partir du 31 mars,
va devoir cesser ses activités de nuit. Pourquoi? Bien, parce qu'ils n'ont pas
le financement nécessaire pour être capable d'opérer une ligne d'écoute 24 heures
sur 24 qui sauve des vies. Interligne, c'est pour les gens qui se questionnent,
qui ont vécu des agressions, qui ont vécu de l'homophobie, de la transphobie...
doivent fermer, à partir du 31 mars, leur ligne de nuit.
Moi, je pense que le gouvernement a de la
misère à saisir qu'ici, là, c'est un enjeu de santé mentale puis qu'il faut les
soutenir. Je vous donne ça comme exemple, mais, au niveau des groupes, par exemple
TransEstrie, qui était dans le journal ce matin, c'est des gens qui
accompagnent de nos concitoyens, et ces gens-là n'ont pas de financement
récurrent. Pas de financement récurrent, qu'est-ce que vous faites avec ça? À
chaque année, vous ne savez pas le nombre d'intervenants que vous allez avoir
sur le terrain pour aider à accompagner les jeunes dans leur cheminement
personnel.
Ça fait que, oui, moi, je pense que le
gouvernement du Québec, il y a un budget qui s'en vient là, il a des questions
à se poser sur comment on va continuer d'accompagner ces groupes-là. Parce
qu'en bout de ligne on a beau se désoler des suicides, rendu à l'autre bout,
mais, quand il est temps de faire de la prévention, il faut que le gouvernement
soit au rendez-vous.
M. Laberge (Thomas) : Pour
revenir sur la santé, M. Marissal, là, on a vu qu'il y a beaucoup
d'entreprises privées d'ambulance, là, qui reçoivent, évidemment, des fonds
publics, font des profits, mais la transparence, elle n'est pas là. Qu'est-ce
qui doit être fait? Est-ce qu'il y a des comptes à rendre au niveau de ces
entreprises-là?
M. Marissal : À terme, ce qui
devrait être fait, puis ça, c'est la solution qu'on a mise sur la table et qui
est largement partagée dans le milieu des paramédics, c'est de faire une
société d'État. En ce moment, il n'y a qu'une société d'État dans le domaine
paramédic du préhospitalier, c'est Urgences-Santé, qui couvre Montréal et
Laval. Pourquoi ailleurs, tout d'un coup, ça s'est développé autrement? Vous
savez, des fois, on tricote quelque chose, puis ça ne donne pas le résultat
voulu, là, mais ça se détricote. Alors, à terme, là, une société d'État. Parce
que je ne vois pas pourquoi un accidenté de la route en Mauricie ne serait pas
couvert de la même façon qu'un accidenté de la route sur la 40, à Montréal, par
une société d'État qui a des comptes à rendre puis qui a de la transparence à
donner aussi. Puis, en plus, il a été démontré que les coûts sont moins élevés
avec Urgences-Santé qu'ailleurs.
Ensuite, dans l'immédiat, les OBNL, les
très mal nommés OBNL du système préhospitalier, doivent ouvrir leurs livres. Le
ministre de la Santé, là, c'est un comptable, il aime ça, des chiffres, il aime
ça, des livres. Moi, je suis prêt à l'épauler là-dedans, là, puis à travailler
là-dedans si on travaille dans le bon sens. Il faut que ces entreprises-là
ouvrent leurs livres, parce que, pour le moment, c'est assez opaque, c'est
assez opaque, merci, on ne sait pas trop où va tout l'argent. Moi, j'entends
presque tous les jours, avec mes contacts sur le terrain, des paramédics qui
vivent des situations épouvantables. Il y a des découvertures, il y a des gens
qui meurent en attendant l'ambulance. Le diable est aux vaches, il y a vraiment
quelque chose qui ne marche pas avec le système préhospitalier au Québec. Je
pense qu'il est grand temps qu'on fasse le ménage là-dedans.
M. Laberge (Thomas) : ...la
nationalisation des services...
M. Marissal : À terme, oui,
absolument, j'y crois, oui. Ça marche bien, là, à Laval et à Montréal avec
Urgences-Santé. Et, de toute façon, ça s'appelle le préhospitalier. À partir de
quand tu deviens un patient? Tu es dans ton auto, accidenté, tu es un patient,
tu t'en vas à l'hôpital... Donc, pourquoi est-ce que ces gens-là sont couverts
d'une façon différente par des entreprises qui n'ont pas beaucoup de comptes à
rendre et une transparence totalement défectueuse?
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Sur l'immigration temporaire, vous avez vu les chiffres qui ont bondi, 300 000,
là, selon les calculs, là, de Radio-Canada. C'est quoi, le message qu'on envoie,
quand le gouvernement parle d'un maximum de 50 000 immigrants par
année, c'est la capacité du Québec, mais que, de l'autre côté, l'immigration
temporaire semble augmenter?
Mme Massé : Oui, bien, on
voit là-dedans le jeu de M. Legault, hein, qui nous disait il n'y a pas si
longtemps : Il faut en prendre moins, il faut en prendre soin. Je vous
dirais qu'actuellement ce qu'on voit, c'est : on ouvre les portes, puis on
en prend jusqu'à 300 000, puis on les garde en précarité.
Moi, sincèrement, là, je trouve que, là,
les Québécois et Québécoises commencent à être moins dupes sur le discours de
M. Legault. Parce qu'on le voit, entre pas plus que 50 000 et on
ouvre la porte à 300 000 travailleurs, travailleuses qui sont
précaires, qui n'ont pas accès aux cours de français... Le grand défenseur de
la langue française, là, il laisse 300 000 personnes qui n'ont pas
accès aux cours de français, dont les enfants ne peuvent pas aller à l'école en
français. Il est temps que ça change.
Ces gens-là, parce que je l'entends aussi
de la part de M. Legault, habitent déjà à quelque part, sont déjà intégrés
à la population québécoise. Alors, ce que je demande, c'est que M. Legault
ait l'honnêteté de dire qu'il accepte 300 000 travailleurs,
travailleuses temporaires, qu'il les maintient dans la précarité et qu'à
quelque part, à terme, il ne leur donne pas l'opportunité de pouvoir apprendre
le français puisqu'ils n'y ont pas droit.
Mme Mignacca (Franca
G.) : On the use, Mr. Marissal, of
private agencies in the public system, you mentioned earlier the most recent
data that came out, and it was $3 billion of public funding spent on these
private agencies since 2016. What would you like to see the Government do? And what would you like to
see in this upcoming bill?
M. Marissal : Yes, Minister Dubé is going to table a bill this week on
private agencies. The first thing we would like to see is real measures, really
strong and robust measures to make sure that we will get rid of them, for real,
I mean. So, in order to achieve that, we need a timeline. You cannot just adopt
a bill and say : Well, in a near future, maybe, somehow we will get rid of
them. We need a timeline, we need a guideline, we need real, strong, robust
measures to do that.
Mme Mignacca (Franca
G.) : What would those robust measures look
like, though?
M. Marissal : Well, you know, the name of the game is money, we know that. The
agencies are charging up to $400, $500 an hour sometimes, it's totally out of
this world. So, basically, they're making a ton of money. So, if you want to
hurt them and get rid of them, the first thing you have to do is to aim at
their wallet and their profits. If there's no profit, there is no agency.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But how can we get rid of them when so
many regions outside of Montréal, the Côte-Nord, the
Abitibi, are relying on them just to keep their hospitals open?
M. Marissal : Yes, to answer your question, you have to ask yourself where do the nurses come from. They come
from the public sector and they decided to switch to private for many good
reasons, because the Government
is not a good employer, because the public health system is broken, but we have
to fix it and make sure that these nurses come back to our public service. They
were formed for that, we paid for their formation and for their education. So, if we manage to fix the
problems in our public service, they will come back. And, if you don't have any
other option because there's no more private agencies, they will come back.
Mme Massé : And maybe I just want to add that what we discover, it's not only
about nurses, it's also about, I
don't know how to say that, «PAB», it's also... You know? So, what that means? That
means that the private is in our public services, health care system, but not
only for the nurses, more than that. So, this law, this bill needs to take this
in deliberation too.
M. Marissal : We're losing, basically, the expertise from public to the private,
and this has to stop. This is a vicious circle, we have to stop it right now. Thank
you.
M. Lachance (Nicolas) : Peut-être
juste une dernière en français, M. Marissal. Est-ce que M. Carmant
aurait dû dévoiler les informations médicales de la personne qui a utilisé un
autobus pour commettre le terrible drame de Laval?
M. Marissal : C'est une bonne
question. Je me suis posé la question quand j'ai entendu ça sortir aux
nouvelles vendredi ou jeudi dernier. Je ne suis pas avocat, je ne haïrais pas
ça avoir un avis légal là-dessus. C'est la meilleure réponse que je peux...
M. Lachance (Nicolas) : ...demander
ces informations-là sur n'importe qui? Est-ce qu'il pourrait continuer avec
vous, par exemple?
M. Marissal : Comme je vous
dis, j'ai eu un doute, il y a un gros, gros point d'interrogation dans ma tête
qui s'est affiché quelque part. Et ses explications étaient à savoir : Oui,
mais il y a des rumeurs qui courent. Je ne sais pas. Manon, peut-être?
Mme Massé : Bien, oui, moi,
ce que j'ai envie de dire là-dessus, c'est sûr que moi aussi, j'ai fait : Bien,
voyons donc, tu sais, je veux dire, ce n'est pas son médecin traitant, là,
comment ça se fait que...
M. Marissal : Et même si ça l'était.
Mme Massé : Alors,
là-dessus... Oui, et même si ça l'était, tu as raison. Là-dessus, il y a une
ligne qui, à mon sens, a été traversée. Je pense que M. Carmant avait
d'autres moyens de dire qu'il ne faut pas stigmatiser la santé mentale.
Je pense, vous avez étudié un projet de
loi dernièrement... ou vous êtes en train d'étudier un projet de loi
présentement sur, justement, les données personnelles, l'utilisation des
données personnelles, je pense qu'il faut qu'on trace des lignes. Puis moi,
j'ai confiance en Vincent pour l'aboutissement de ce projet de loi là.
(Fin à 11 h 38)