(Huit heures cinquante-neuf minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. En introduction ce matin, je veux passer quelques
instants sur le sujet de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. J'ai lu comme vous l'inquiétude
de la mairesse Plante, que je partage. Je rappelle que, lors de ma rencontre
avec le premier ministre, j'ai demandé explicitement à ce que la phase I
soit complétée de manière entière, qu'on ne coupe pas dans le projet afin de
rentrer dans des paramètres budgétaires clairement insuffisants pour le défi
devant nous. Je n'ai pas senti de fermeture de la part de François Legault.
Donc, la porte était ouverte. Je lui ai rappelé l'injustice historique et
constante pour l'est de Montréal au niveau des services et des infrastructures.
Je lui ai également mentionné le fait que,
si on veut attirer de la main-d'oeuvre à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, il y a
aussi le milieu de travail qui compte. Pour ceux qui ne sont jamais allés, il
faut voir l'hôpital qui, littéralement, tient avec de la broche. Il faut voir
les locaux. J'ai eu des rencontres dans ces locaux-là. Les gens qui travaillent
en santé et qui desservent l'est de Montréal méritent un milieu de travail qui
est à la hauteur du défi.
Donc, je joins ma voix à celle de la
mairesse Plante, et j'espère qu'il y aura d'autres voix qui portent ce
dossier-là pour ne pas qu'on escamote quelque chose qui est fondamental pour l'est
de Montréal.
Mme Lévesque (Fanny) : Qu'est-ce
que ça dit, justement, que la mairesse ressente le besoin de s'exprimer
publiquement, d'exprimer publiquement sa préoccupation par rapport à un projet
par phases?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
que ça devient un enjeu de sécurité pour la population de l'est de Montréal. La
capacité en lits, la capacité en professionnels pour la population présente,
même le nombre d'ambulances per capita, tout est anormal dans l'est de Montréal,
et c'est injuste. Donc, tant mieux si la mairesse prend cette
responsabilité-là. Je prends cette responsabilité-là. Et je m'attends à ce que
François Legault et Christian Dubé prennent également une responsabilité
vis-à-vis un hôpital qui doit absolument être rénové de manière complète.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
qu'on a la capacité d'investir 4,2 milliards d'un coup, à votre avis?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
sûr. Bien sûr. Il y a un réaménagement qu'on peut faire au PQI. Des projets au
PQI, qui, à mon avis, sont loin d'être une urgence, là, il y en a quelques-uns,
comme les tunnels. Mais, tu sais, je veux dire, n'importe qui qui est de bonne
foi et qui voit l'urgence de la situation à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont va
trouver une solution. Je suis prêt à m'asseoir avec le premier ministre ou avec
quiconque à la CAQ. On va se rendre disponibles pour explorer quel
réaménagement du PQI nous permettra d'avoir une phase, une rénovation autour de
4,2 milliards, là, qui est l'estimation actuelle. Mais ne faisons pas les
choses à moitié pour ensuite le regretter pendant des décennies. Et prenons la
mesure de la situation dans cet hôpital-là. Prenons aussi la mesure de l'injustice
pour l'est de Montréal qu'on peut corriger et qu'on doit corriger.
Mme Lévesque (Fanny) : Bien, c'est
ça, c'est quoi, le risque aussi de procéder par phases? Qu'est-ce qui nous
guette si on procède par phases, ou qu'on donne un budget par étapes, là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est une urgence qui n'est pas capable de desservir la population de l'est de
Montréal. Donc, concrètement, on l'a vu en Abitibi, on l'a vu à certains
endroits à travers le Québec, quand l'urgence ne suffit pas, ce sont des gens
qui vont voir leur vie ou leur santé menacée par ce manque de responsabilité qu'on
devrait avoir vis-à-vis la population.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Par rapport à la violence, aux cas rapportés de
violence dans les écoles ce matin, on voyait ça dans les journaux, est-ce que
vous demandez un mandat d'initiative? Qu'est-ce que vous demandez?
M. Bérubé : Écoutez, je
comprends que c'est la députée de Saint-Laurent qui a fait une demande d'accès
pour obtenir le nombre d'événements rapportés de violence. Écoutez, il n'y a
pas de solution magique là-dessus. Il faut que les intervenants scolaires aient
du temps pour échanger avec les jeunes, pour faire de la surveillance, faire de
la prévention. Mais ça ne se passe pas seulement à l'école, ça se passe dans
les lieux publics, dans les parcs.
Les chiffres sont connus, mais je ne
pourrais pas vous dire qu'il y a une solution simple à ça, sinon de faire en
sorte que ces jeunes-là trouvent du sens à l'école, du sens dans le
parascolaire, dans les sports, dans la culture, ne pas banaliser la violence et
faire en sorte qu'on propose aux jeunes davantage d'entraide, davantage de
partage, davantage d'humanisme. De valoriser ces gestes-là, dans une école, par
exemple, les gestes altruistes, si on fait ça, c'est eux qui vont devenir les
cools, je pense. Et ceux qui font de la violence parce qu'ils essaient d'imiter,
parfois, des plus vieux, pour se faire remarquer, ou pour devenir, parfois
tristement, connus sur les réseaux sociaux, ça, c'est condamnable.
Ceci étant dit, lorsqu'il y a des actes aggravés,
lorsqu'il y a de la violence, lorsqu'elle est filmée, lorsqu'elle est diffusée,
je pense qu'il y a une certaine exemplarité dont on devrait faire preuve pour
dissuader d'autres personnes de faire ça, parce qu'évidemment on peut retrouver
certaines de ces scènes-là sur sur Instagram, par exemple, pas besoin de
chercher très longtemps, ou sur TikTok. Alors, tout ça est hautement
préoccupant pour tout le monde, pour la sécurité des jeunes, et pour les
conséquences sur leur estime de soi, sur la crainte qu'ils ont d'aller à
l'école, sur la crainte qu'ils ont de sortir en public. Ce n'est pas
acceptable. J'ai compris qu'il y avait des données partout, y compris aux
Îles-de-la-Madeleine. J'ai vu les chiffres, donc...
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Vous parlez de revaloriser les bons comportements,
l'altruisme, etc., mais, quand il y a des jeunes qui sont armés d'armes
blanches dans les écoles, on est rendus à une autre étape, là. Qu'est-ce qu'il
faut faire à court terme?
M. Bérubé : Bien, vous savez,
il y a des écoles à Montréal qui contrôlent par des détecteurs de métal
l'entrée d'armes blanches. J'ai moi-même été stagiaire dans une école du nord
de Montréal où cet enjeu-là était un enjeu important. Et là je vous parle de
1999. Imaginez maintenant, aujourd'hui. Donc, évidemment, ce n'est pas toujours
des armes, hein, c'est des combats à poings nus, ou des combats où plusieurs
personnes affrontent une seule personne. Alors, c'est dur pour les enseignants
qui en font déjà énormément d'être dehors, à proximité d'une école, dans un
parc, et de prévenir une bagarre. C'est à peu près impossible. Puis, pour les
policiers, ils viennent après. Paul?
M. St-Pierre Plamondon : Peut-être
rajouter, sur le plan purement programmatique, rappelons que notre position,
c'est plus de financement aux organismes communautaires. Il y a des organismes
en matière de prévention de cette violence-là. On veut également un budget
rehaussé en matière de santé mentale. Mais je pense aussi qu'on doit nommer une
discussion qu'on hésite à avoir, à savoir le fait que, jadis, la télévision
était réglementée et c'était pas mal le seul canal, là, de consommation
culturelle, aujourd'hui, on a des médias sociaux qui ont clairement un lien
avec la haine et la violence qui est en hausse. À quel point ce lien est fort?
C'est difficile de le mesurer, mais il faut prendre acte du fait qu'on ne
réglemente pas. Maintenant, ce qui est la majeure partie de la consommation
culturelle est la consommation en ligne des jeunes, et il y a un lien entre la
haine et le fait que les médias sociaux ne sont pas réglementés. Donc, notre
démocratie va devoir, à un moment ou un autre, reprendre ses droits sur cette
sphère-là d'activité, qui en ce moment est le Far West et, malheureusement, est
liée avec l'aggravation de phénomènes liés à la haine et la violence, ça me
semble clair.
M. Laberge (Thomas) : Vous
vous basez sur quoi pour affirmer ça? Est-ce que vous avez des études, quelque
chose?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
il y a quand même un certain nombre d'études sur le fait que les médias sociaux
créent des microcosmes et que certains d'entre eux vont faire la valorisation
de la haine, vont jouer dans la désinformation. Et ce qui est un fait
indéniable, c'est que, contrairement à jadis où le CRTC avait compétence sur
tout ce qui était émis et consommé, on n'a plus de pouvoir réglementaire sur
une bonne partie de ce qui est consommé culturellement, et moi, je pense que
c'est une discussion qu'il faut à tout le moins avoir.
M. Bellerose (Patrick) : M. Bérubé,
vous avez mentionné les détecteurs de métaux dans certaines écoles. Est-ce que
c'est une solution? Est-ce que vous proposez qu'on élargisse leur utilisation?
Est-ce qu'on est rendus là?
M. Bérubé : Évidemment, c'est
une mesure qui n'est pas banale. Évidemment, là, on parle d'entrée d'armes dans
les écoles, ça m'apparaît une évidence, puis, pour pouvoir avoir assisté à un
certain nombre de choses, il y a une bonne surveillance qui se fait là-dessus. Mais,
quand on parle de bagarre dans un parc, ce n'est pas nécessairement avec des
armes, ça peut être à cinq personnes contre un, c'est un assaut, c'est filmé.
M. Bellerose (Patrick) : ...amené
l'idée des détecteurs de métal dans les écoles...
M. Bérubé : Non, je vous dis
que ça existe. Je n'ai pas amené cette idée, je vous ai dit que ça existe.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
qu'on doit élargir l'utilisation pour éviter...
M. Bérubé : Écoutez, il y a
eu une bagarre, il y a eu un assaut d'une personne avec des marteaux récemment.
Ils ne sont pas rentrés dans l'école, ils n'allaient même pas à l'école, ils
attendaient la personne dans le parc. Alors, l'enjeu, ce n'est pas ça. L'enjeu,
c'est de prévenir... que personne ne soit en danger, quels que soient son âge,
son origine et le lieu qu'il veut fréquenter. Donc, la plupart des bagarres ne
se font pas à l'école, elles se font dans les parcs, dans des lieux publics qui
sont connus.
Écoutez, à Rimouski, à 100 kilomètres
de chez nous, là, c'est documenté qu'il y a des bagarres de façon régulière
dans un parc qui est adjacent à l'école Paul-Hubert. Ça, là, c'est un enjeu,
là, qui est récurrent, le parc est un lieu où il y a de la bagarre. Maintenant,
il y a une surveillance particulière qui est identifiée parce qu'il y a
récurrence. Les policiers, les intervenants, on essaie de diminuer ça. Mais,
dans bien des cas, je ne pourrais pas vous dire aujourd'hui : Je suis le
porte-parole en éducation puis j'ai trouvé une solution pour ne plus qu'il y en
ait. Ce n'est pas possible. Mais ce qu'on peut faire en amont, c'est valoriser
les bons comportements, valoriser l'entraide, valoriser le partage, valoriser,
je dirais, la bienveillance entre les gens. Si on valorise ça, il m'apparaît
qu'on tire vers le haut.
Puis, pour le reste, quelles sont les
causes de la violence? Bien, il y a la consommation de drogues, à bien des
égards, où il y a des gens qui, soit intoxiqués, ou soit pour des raisons
d'acquisition ou de transaction, vont faire ça. Des fois, il y a la jalousie. Des
fois, il y a de la surenchère sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont
des supports qui peuvent servir à diffuser ces messages-là. D'ailleurs, de
façon générale, n'importe quel expert du crime au Québec va vous dire que,
maintenant, la nouvelle réalité des gangs de rue, par exemple, c'est la
diffusion de leurs exploits, de liasses d'argent, d'armes. Il n'y a pas
grand-chose à faire là-dessus, mais la police veille au grain. Alors, je sais
que le nouveau chef du SPVM a indiqué clairement qu'il veut s'attaquer à ça, et
j'ai totalement confiance en lui là-dessus.
Ça fait partie des phénomènes de société
où il n'y a pas de réponse facile. Ce matin, on vous a présenté les chiffres.
La députée de Saint-Laurent, qui est attentive à ça, nous a présenté les
chiffres. Quelle est la solution? Nous, on vous partage un certain nombre de
réflexions.
M. Robillard (Alexandre) : M. St-Pierre
Plamondon, est-ce que vous pensez que le gouvernement fait diversion concernant
les propos de Mme Elghawaby?
M. St-Pierre Plamondon : Dans
quel sens?
M. Robillard (Alexandre) : Bien,
je veux dire, dans le sens où on entend qu'on accuse le gouvernement d'avoir
pris une position qui servait à faire diversion dans ce dossier-là.
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Je pense que tout le monde comprend que les propos étaient des généralisations
qui manquent de sensibilité, là, de manière flagrante envers le Québec. Il y a
une motion qui a été votée hier demandant la démission de Mme Elghawaby.
Moi, je pense que le cœur de cette histoire-là, c'est l'absence de rapport de
force de la CAQ vis-à-vis Ottawa. Il y a quelque chose de gênant, d'humiliant à
parler d'une seule voix au nom de l'Assemblée nationale et se faire fermer la
porte au nez en 24 heures. Et donc il ne faut pas... Je pense, le rôle du
Parti québécois là-dedans, c'est de demander à tout le monde de prendre un pas
de recul et de prendre acte que, de manière régulière, parce que ça a eu lieu
au débat aux dernières élections fédérales, la même référence, là, comme quoi
le Québec, c'est un endroit de lois discriminatoires, des généralisations...
prendre acte de mon épisode avec M. Attaran puis toutes ses déclarations,
de beaucoup de moments, finalement, où le «Québec bashing» existe dans les
médias canadiens, et où la réponse de la CAQ, c'est de s'indigner pendant
24 heures pour ensuite prendre acte qu'elle n'a aucun rapport de force, et
que demeurer dans le Canada, bien, c'est d'accepter cette généralisation-là.
C'est une forme d'intolérance envers le Québec, au sens où on ne tolère pas que
le Québec puisse faire des choix différents de ceux du Canada. On catalogue
cette différence-là, très souvent, dans des termes d'intolérance, des termes
péjoratifs pour parler des Québécois. Et ça, ça dure depuis des générations.
M. Robillard (Alexandre) : Pour
revenir sur la notion de diversion, M. Bouazzi, hier, a dit que le
gouvernement avait fait de la diversion dans ce dossier-là. Ce matin, Mme Massé
dit que non, le gouvernement n'a pas fait diversion, qu'il s'agit de «Québec
bashing», selon elle, les propos de Mme Elghawaby. Donc, je voulais juste
savoir, tu sais, qu'est-ce que vous pensez de ça.
M. Bérubé : J'ai bien écouté
Manon Massé ce matin vous parler de ça puis défendre son député. Je veux dire,
ce n'est pas tellement... Le gouvernement n'a aucun rapport de force. Il a
demandé un mandat fort. Il a 90 sièges. Il ne fait peur à personne, là, à
Ottawa, là. Puis Jean-François Roberge peut bien arriver, là, avec sa motion,
ça ne leur fait pas peur l'autre bord, puis ses TikTok non plus.
Ceci étant dit, hier, il y avait un moment
de rapport de force. Bon, le gouvernement dit : J'ai 90 sièges, ce
n'est pas assez, je vais rajouter ceux de l'opposition. Il arrive avec une
motion. Québec solidaire dit non à ça, donc diminue le rapport de force qu'on
veut augmenter. Je vais vous suggérer une hypothèse bien personnelle sur ce qui
s'est passé hier. Québec solidaire a un congrès à venir en février, voit
arriver ça, se dit : Bon, il faut que... nos membres surveillent de près,
puis les membres ont vu le sondage avant Noël aussi. Je pense qu'ils essaient
de protéger leur clientèle, mais moi, je demande à ce qu'on protège les
prérogatives de l'Assemblée nationale. Ça, c'est de s'élever, et ça fait partie
du rôle qu'on a ici et c'est ce qu'on essaie de faire.
Hier, on ne s'est pas dit : On veut
un avantage sur la CAQ. Ils sont arrivés avec la motion, on l'a appuyé, parce
que c'était la chose à faire, comme c'était la chose à faire d'appuyer la loi
n° 21. Puis on continue de la défendre. Ce n'est pas notre loi, mais on a
voté pour. Il y a des moments où on doit faire preuve d'une unanimité. Ça en
était un hier. Je les observais, là, du côté. J'ai dit : Ils vont-u voter
contre? Ils se sont abstenus, c'est comme s'ils avaient voté contre. Donc, je
suis très déçu de ça, et je pense qu'ils vont devoir porter un certain bout de
temps cette non-décision.
M. Laberge (Thomas) : Quelle
clientèle, ils veulent protéger, Québec solidaire?
M. Bérubé : Les gens qui sont
présentement à Québec solidaire.
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas tant les gens, ce n'est pas tant les... Je vais le prendre
là-dessus. Juste une nuance qu'il faut faire, là, c'est : les gens, ça,
c'est... Je veux juste être précis, là. Je pense qu'on est devant quelques
interventions de Québec solidaire qui s'adressent à des factions à l'intérieur
du parti qui sont très militantes et qui sont très promptes à dénoncer toutes
les injustices, sauf lorsque ce sont des injustices vécues par le Québec. C'est
comme si, pour certains groupes très militants, défendre le Québec, ça, ce
n'est pas une recherche de justice légitime. En tout cas, cette timidité-là par
rapport à la question du destin du Québec, elle a toujours existé dans des factions,
là, des groupes internes, là, qu'ils soient marxistes ou antiracistes,
décoloniaux, je ne sais pas quoi, là. Ces groupes-là existent dans le parti de
Québec solidaire, et ça explique peut-être le manque de solidarité flagrant
qu'on a vu hier.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous suggérez donc qu'il y a des factions à l'intérieur de Québec solidaire
qui sont d'accord avec les propos qui ont été tenus par Mme Elghawaby?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
c'est très probable.
M. Robillard (Alexandre) : Et,
sur M. Bouazzi, est-ce qu'il devrait clarifier sa position, compte tenu...
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense qu'il a été très clair. Puis là c'est à Québec solidaire de s'arranger,
là. Le vrai enjeu, ce matin, c'est... Tu sais, Québec solidaire ont leurs trucs
internes, mais l'enjeu, c'est qu'on a un gouvernement puis une Assemblée
nationale qui ont parlé, qui demandent une chose précise à Ottawa et à Justin
Trudeau, et ça prend 24 heures, la porte est fermée, mais sans aucun égard.
Et ça fait drôlement penser à tous les autres dossiers dans le cadre desquels
ce gouvernement caquiste est incapable de démontrer que sa doctrine fédéraliste
a un quelconque avenir. Notre avenir dans le Canada, c'est le déclin de notre
pouvoir politique et le déclin de la langue française et de la culture au
Québec. C'est ça qui nous attend, et c'est ça, l'enjeu de fond. Donc, ensuite,
là, Québec solidaire ou les libéraux peuvent avoir toute leur poutine interne,
le sujet le plus important à nos yeux, ce matin, c'est ce moment humiliant pour
la CAQ et pour l'ensemble de l'Assemblée nationale, à tout le moins ceux qui
ont voté pour cette motion-là, de voir qu'en fait on n'a aucun rapport de force
avec Ottawa sur des questions qui me semblent quand même des questions de
respect de base.
M. Bellerose (Patrick) : M. Arseneau,
un petit mot sur le projet pilote qui va permettre à des infirmières, en fait,
des étudiantes en soins infirmiers qui n'ont pas encore leur permis d'exercer
dans les salles d'accouchement. Est-ce qu'on met en danger la population? Et
est-ce qu'on nivelle par le bas la profession?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
ce matin, moi, je ne veux pas juger, là, de la compétence de celles qui vont
pouvoir participer à ces projets pilotes là. On ne peut pas blâmer le
gouvernement d'explorer certaines pistes. Puis j'ose espérer que ça va se faire
avec rigueur, évidemment, dans les règles de l'art. Et puis, écoutez, c'est une
tentative encore désespérée du gouvernement d'assurer des services dont il a
été incapable d'offrir au cours des quatre dernières années avec des mesures
qui ont souvent été spectaculaires mais qui n'ont rien donné. Là, il y a un peu
de concret. Moi, je veux laisser la chance au coureur dans ce cas-là. Puis je
pense que les administrations hospitalières ne mettront pas la santé des gens
en jeu. Je leur fais confiance à ce niveau-là. En fait, j'ai davantage
confiance aux gens du terrain que la confiance que je pourrais offrir dans les
décisions gouvernementales. C'est pour ça qu'on souhaite la décentralisation,
en fait, du système de santé, ce n'est pas à Québec qu'on gère ça.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
voyez ça comme une fatalité, la pénurie de main-d'oeuvre? On ne peut pas...
M. Arseneau : Ah! bien au
contraire. Ce que je dis, c'est que, pour une fois que le gouvernement va de
l'avant avec quelque chose de concret, moi, je ne vais pas, là, tirer dans la
chaloupe. Ce que je dis, c'est qu'il doit en faire beaucoup plus et puis qu'à
certains égards il a démissionné en disant que : Regardez à l'extérieur, à
travers le monde, comment il y a des difficultés, là. Ça doit nous permettre de
banaliser, là, cette espèce d'effondrement du système, il faut comprendre,
parce que, finalement, ailleurs aussi ils ont des difficultés. Ce n'est pas
prendre ses responsabilités. Je trouve que ce discours-là, en fait, il est
vraiment inquiétant, surtout lorsqu'on dit que la seule solution, c'est le
recours au privé. Alors, vous voyez la responsabilité du gouvernement à l'égard
du système de santé et du système de santé publique. Ça, c'est lamentable.
M. Bellerose (Patrick) : ...les
seuils d'immigration, mais là on est rendus à prendre des infirmières qui n'ont
pas encore de permis, des aides en services de garde pour être dans les écoles,
des enfants pour travailler dans les services... les commerces et les
restaurants. Je veux dire, est-ce qu'on ne devrait pas hausser l'immigration
pour pallier ce manque à gagner là?
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Et c'est parce que des économistes comme Pierre Fortin, des études, aussi, à
l'international démontrent clairement qu'il y a peu ou pas de lien entre
l'augmentation des seuils, d'une part, et la réduction de la pénurie de
main-d'oeuvre. Si ça se trouve, lorsqu'on est en crise du logement, il faut non
seulement calculer la consommation des travailleurs, qui s'équilibre, mais la
mission de bâtir suffisamment de logements pour toutes les personnes qui en
cherche un. Donc, dans le contexte actuel, c'est important de lire ce qui s'est
écrit. Au-delà de l'idéologie, là, qui est très forte, notamment à Ottawa,
quels sont les faits? Est-ce que, véritablement, l'augmentation des seuils
comble la pénurie de main-d'œuvre? Puis ce qui s'écrit là dessus, c'est que c'est
une fausseté, qu'on ne vérifie pas ça dans la réalité.
M. Arseneau : Je veux juste
ajouter un petit petit mot là-dessus. Le gouvernement s'était donné pour
objectif — je pense que la nouvelle est sortie la semaine dernière — d'aller
chercher plus de 500 préposés aux bénéficiaires à travers le monde dans
une campagne qui devait donner des résultats intéressants. Il a lamentablement
échoué. Bon, qu'on nous dise qu'on veut faire la même chose dans les autres
domaines de la santé, je pense que... Écoutez, si on dit du même souffle que la
crise est internationale, bien, qu'est-ce qui va faire en sorte qu'ils vont
venir, ces gens-là, de l'extérieur du pays du Québec vers le Québec, alors
qu'on a un système qui dévalorise le travail dans le système de santé publique?
C'est véritablement ce qu'on dit.
Le discours gouvernemental, à l'heure
actuelle puis depuis la dernière campagne électorale, c'est le discours de la
défaite et de l'abandon du système de santé québécois en disant que la seule
solution, la vraie solution, c'est le recours au privé. Le gouvernement est en
train de faire la promotion du secteur privé aux dépens du secteur public. J'ai
écho qu'il y a encore des démissions, là, au moment où on se parle, des
infirmières qui quittent les hôpitaux pour aller vers le privé, tout simplement
parce que les conditions de travail, les conditions salariales sont meilleures.
C'est la seule façon qu'elles voient de pouvoir continuer leur travail et de
pouvoir avoir une vie, d'avoir des conditions de conciliation travail-famille
qui soient décentes. Et le gouvernement leur donne essentiellement sa
bénédiction. C'est ça qui est inquiétant.
M. Rodrigue-Comeau (Philip) : Sur
Hydro-Québec, est-ce que Mme Brochu doit absolument témoigner en
commission parlementaire?
M. St-Pierre Plamondon : Hydro-Québec
doit témoigner. En principe, Mme Brochu serait toujours à la tête
d'Hydro-Québec au moment où on tient cette commission. Donc, dans ces
circonstances-là, oui, elle devrait témoigner. Donc, je ne sais pas c'est quoi,
la date précise qui est prévue pour son départ.
M. Bérubé : Ils jouent
l'horloge, c'est-à-dire que, plus ils repoussent... Ils jouent l'horloge :
plus ils repoussent, à un moment donné, Mme Brochu aura fait ses boîtes
puis elle aura quitté le bâtiment. Donc, si ça se fait plus... S'ils veulent,
ils vont le faire rapidement. S'ils ne veulent pas, ils vont repousser. C'est
juste ça, l'enjeu. Mais, je pense, entre est-ce que c'est mieux que
Sophie Brochu vienne ou que Sophie Brochu ne vienne pas, je vais prendre
Sophie Brochu qui vient. Ça serait ça, l'enjeu.
M. Rodrigue-Comeau (Philip) : Avez-vous
l'impression que c'est l'intention du gouvernement de la faire...
M. Bérubé : D'après vous?
M. Rodrigue-Comeau (Philip) : Je
vous pose la question.
M. Bérubé : La réponse, c'est
non. Je ne pense pas qu'ils veulent l'entendre. Puis j'ai posé une question
hier. Je la repose : Est-ce qu'ils ont essayé de la retenir? Tu sais, elle
dit : Je m'en vais. Reste donc! J'aimerais ça savoir c'était quoi, leur
réaction : Ah! O. K. vous quittez, merci pour tout, ou restez? Ça, ça peut
paraître anodin, mais vous poserez la question à M. Fitzgibbon s'il lui a
demandé de rester malgré qu'elle ait annoncé qu'elle quittait. Juste cet
élément-là, ça nous dirait de quoi.
M. Bergeron (Patrice) : C'est
quoi, selon vous, la lecture de ce qu'il se passe avec les de nombreux départs
dans la haute direction d'Hydro-Québec? Voyez-vous là une crise à Hydro-Québec?
M. Bérubé : Bien, je vois là
un exode, là, c'est sûr, minimalement. Pour le reste, Paul, ça t'inspire quoi?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
il y a un affaiblissement à l'Hydro-Québec. Allons-y avec les faits, là,
clairement, c'est un affaiblissement d'Hydro-Québec. Et il y a des
préoccupations légitimes sur la politisation d'Hydro-Québec. On réitère qu'il y
a un risque. Quand Mme Brochu a parlé du Dollarama de l'énergie, il y a eu
comme un signal d'alarme lancé dans l'espace public en disant : Un
instant, là, est-ce qu'on fait de la planification de l'énergie au Québec, ou
est-ce qu'on est déjà fixé sur un plan pour attirer un certain nombre
d'entreprises en bâtissant plus de barrages?
Moi, hier, j'étais en commission
parlementaire sur le p.l. n° 2, et ce qui m'a frappé
lorsque j'ai posé des questions à Hydro-Québec, à la Fédération des chambres de
commerce et à d'autres associations d'entreprises, c'est qu'à la
question : Reconnaissez-vous que la diminution de notre consommation
énergétique fait partie de notre planification à savoir est-ce qu'on a besoin
de barrages ou pas?, on m'a répondu : Oui, en effet, les deux sont liés. J'ai
dit : Très bien. Est-ce qu'à ce jour on a ou vous avez obtenu du
gouvernement un plan puis une planification précise des étapes qu'on va suivre
pour réduire notre consommation d'énergie et décarboner notre économie? Ce que
je me suis rendu compte, c'est que la Fédération des chambres de commerce a
fait ce travail-là. Mais, quand je leur pose la question : Est-ce que le
gouvernement a fait ce travail-là? Est-ce qu'on vous a approchés pour vous dire
quels étaient les objectifs puis les mesures par secteur d'économie?, la réponse,
c'est : Non, on n'a jamais rien reçu, on n'en a jamais entendu parler.
Donc, comment voulez-vous qu'on fasse une
planification intelligente du nombre de barrages, ou pas, dont on a besoin s'il
n'y a, à ce jour, pas de planification spécifique de comment on entend changer
notre modèle économique, décarboner notre économie? Est-ce que ce serait normal
de harnacher une rivière comme la rivière Magpie? Et on sait qu'il y a vraiment
une organisation légitime... une remise en question légitime d'une hypothèse
comme celle-là. Est-ce que ce serait normal de poser ce geste-là si on n'a pas
planifié la question de notre décarbonation et diminution de consommation
d'énergie, et si on a des turbines qui n'ont pas été entretenues puis qui ne
fonctionnent pas à plein régime? Est-ce que ce serait normal? Moi, je pense, la
réponse, c'est non.
M. Robillard (Alexandre) : Vous
dites qu'il y a un risque de politisation. Mais est-ce que, dans les faits, ce
risque-là n'est pas avéré? Si on regarde, par exemple, le comité qui a été mis
en place, présidé par M. Legault, est-ce que ça, c'est un fait de
politisation plutôt qu'un simple risque?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
fait plusieurs faits de dépolitisation. On a tassé la Régie de l'énergie...
M. Robillard (Alexandre) : De
politisation.
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
dit «dépolitisation»? Pardon. Il y a décarbonation et politisation. Il y a
plusieurs faits de politisation d'Hydro-Québec. Le premier, ça a été de tasser
la Régie de l'énergie pour que le pouvoir politique fixe lui-même les
augmentations sans bénéficier de cette expertise et de cette objectivité-là. Il
y a ce que vous soulignez ce matin, c'est-à-dire que c'est plus qu'étrange que
plusieurs personnes quittent le navire au même moment. Et je pense que la
question de Pascal devrait être posée : Est-ce que le gouvernement peut
affirmer avoir tenté de retenir Sophie Brochu en disant : Restons,
entendons-nous, ou est-ce qu'ils vont garder le silence qui sous-entendra qu'il
y avait une volonté politique, là, dans ce qui se passe en ce moment?
Le Modérateur : En anglais.
M. Authier
(Philip) :
Good
morning. I just want to get your take on QS abstaining yesterday. In your mind,
does abstaining amount to saying no? Or how do you interpret their decision? Do
you think they have an internal crisis to deal with, and that's why they have
to be cautious?
M. St-Pierre
Plamondon :
I
think it's a «déception»…
M. Authier (Philip)
: Disappointment.
M. St-Pierre
Plamondon : …disappointment. I think it's a
disappointment. I think it lack solidarity with the rest of the National Assembly. And I think they are
talking to certain more radical groups within their party in preparation to
their congress, and it's unfortunate. It's unfortunate, because they are few
moments where we need to come together and say: This is not acceptable, please
make that change. And, unfortunately, the reality is: 24 hours after the
CAQ initiated that motion that we voted in favor, it took less than 24 hours
for Justin Trudeau to say: You have no bargaining power towards me, you have no
impact whatsoever on how I intend to run Canada. And this should be noted,
because, as an «indépendantiste», my message is: We need to take a step back
and look at how many times the Government of Québec, under the CAQ, has demanded things by saying: It's a
question of survival of the nation or it's a question that is fundamental to
Quebeckers, it's a question of «indignation», of great indignity for us, and
that they not only received the negative answer, but they received also
contempt. At some point, we need to take a step back and ask ourselves: Why are
we coping with this? Why do we need to be part of a country that does not
respect us for so many decades and centuries? Why does François Legault… How
can François Legault not be able to actually just do like Robert Bourassa and
name the possibility that we could be a country? At least, like at the strict
minimum, do like Robert Bourassa.
M. Authier
(Philip) :
Just
on a technical level, there's one little thing that is king of unusual. The
Bloc, your cousins in the Bloc Québécois are meeting madam, and you are not
doing that, you just want her to… Can you explain the difference?
M. Bérubé :
There's a simple reason: there's a
minority Government in Ottawa and Mr. Blanchette could do so. So, they can
ask anyone to be in a committee, and a committee can ask a tough question. So,
this is normal. They can do that with ministers as well, they can do that with
some high profiled, or people who work for the Government of Canada. So, since that's a nomination of
the Government of Canada, so that's normal that he has… He had this possibility
and he used it, so he's being useful at this debate. But we don't have this
power here. She is not working for the Government of Québec; she is working for
Justin Trudeau. And what Justin Trudeau told us is: It's not of your business
and «fuddle duddle».
M. Authier (Philip)
: That's an old...
M. St-Pierre
Plamondon :«Fuddle
duddle»?
M.
Bérubé
: Philip knows what it means.
M. Authier (Philip)
: So, you said, they have the advantage of the procedure of the House
of Commons?
M.
Bérubé
: Minority Government.
And we have a motion today about the democratic «déséquilibre».
M. St-Pierre
Plamondon : Imbalance, disproportion.
M.
Bérubé
: I sent you that motion by e-mail earlier today.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 32)