(Dix heures quarante-huit minutes)
M. Tanguay : Alors, bonjour
tout le monde. Nous vous parlons aujourd'hui, encore une fois, de la pénurie de
main-d'œuvre. C'est une véritable crise au Québec qui, oui, touche nos
entreprises, nos PME, mais va au fondamental... attaque de façon fondamentale
la capacité de l'État d'offrir les services essentiels. L'État abandonne des
milliers de Québécoises et de Québécois. Que ce soit en matière de santé, que
ce soit en matière d'éducation, en services de garde, en justice, cette pénurie
de main-d'œuvre là vient directement nuire à la capacité et empêcher l'État
d'offrir les services à des milliers de Québécoises et Québécois.
Le gouvernement Legault doit reconnaître
la crise, doit reconnaître que les programmes qu'il a mis en place jusqu'à
maintenant ne donnent pas les résultats escomptés. Et il doit avoir des
objectifs à court terme pour attaquer cette pénurie de main-d'oeuvre et faire
en sorte que les Québécoises et les Québécois, notamment en santé, aient les
services auxquels ils ont droit.
Vous allez maintenant me permettre de
céder la parole à ma collègue députée de Bourassa-Sauvé, Madwa-Nika Cadet, qui
est incidemment porte-parole de l'opposition officielle en matière de travail
et d'emploi. Madwa.
Mme Cadet : Merci, Marc.
Donc, notre chef vient de vous le mentionner, le gouvernement en est à sa
cinquième année et on ne voit pas de résultats en matière de pénurie de
main-d'oeuvre. On nous a dit... en fait, le gouvernement nous a dit qu'on le
jugerait aux résultats. On les attend toujours, ces résultats-là. Il y a des
programmes qui ont été mis en œuvre et on voit que les effets sont limités. Et
on parle notamment... On peut penser notamment, là, aux bourses, là, qui ont
été octroyées, donc, l'an dernier, dont certains articles, là, nous
mentionnaient, là, qu'on ne voit toujours pas, là, la hausse des inscriptions
parce que les programmes étaient déjà à pleine capacité. On parle d'un
programme de 3,9 milliards de dollars sur cinq ans pour aider à la
requalification de la main-d'oeuvre, et on n'en voit pas les effets. Et on le
dit et on le mentionne, l'importance de la pénurie de main-d'oeuvre. Donc, oui,
c'est de... bien, en fait, c'est une question qui est économique, mais c'est
également une question qui est sociale. Ce sont des services publics, des
services essentiels qui sont mis à mal parce qu'il y a une inaction dans ce
secteur. On voit l'entêtement du gouvernement caquiste depuis quatre ans, et le
gouvernement en est à sa cinquième année, et on ne voit toujours pas... Comment
est ce qu'on va être capable de pouvoir juger le gouvernement sur ses résultats
à l'avenir quand on voit le passé, quand on voit les quatre dernières années?
Parfois on nous dit : Bien, le passé, il est garant de l'avenir. Et c'est
exactement dans cette situation-là qu'on se trouve sur la question de la
pénurie de main-d'oeuvre en ce moment. Puis nous, ce qu'on demande, c'est au
gouvernement d'agir, c'est au gouvernement de mettre en place ici et maintenant
des résultats qui vont pouvoir être concrets pour la population à court terme,
pas sur deux ans, pas sur trois ans, mais à court terme, parce qu'en ce moment
c'est l'effondrement même de nos services essentiels auquel on est témoin.
M. Laforest (Alain) : M. Tanguay,
réglons la question tout de suite concernant le serment au roi.
M. Tanguay : Oui.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que votre caucus est entièrement d'accord pour une voie express et ne demandera
pas de consultations particulières?
M. Tanguay : Si le
gouvernement ne veut pas de consultation, on ne va pas les exiger. Et, s'il est
proposé par le gouvernement d'adopter rapidement, d'ici vendredi, le projet de
loi... évidemment, on va le lire là, mais sous réserve que ce qu'il y a à l'intérieur
du projet de loi corresponde à ce qui a été mis dans la sphère publique, bien,
on va le faire... on va collaborer pour qu'il soit adopté vendredi.
M. Lacroix (Louis) : Il n'y a
personne dans votre caucus, à votre connaissance, qui est contre ça, qui
pourrait dire, par exemple : Je me lève puis moi je suis contre ça?
M. Tanguay : Le caucus a pris
une position commune et ce sera la même position commune pour tout le monde.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous imposez... sur ça, vous imposez la ligne de parti?
M. Tanguay : Ah! non, non, il
n'y a pas de ligne de parti, je veux dire, c'est une position de caucus. Il y a
eu une discussion, et la position de caucus est la même pour tout le monde.
M. Bossé (Olivier) : Ce n'est
pas une ligne de parti, la position du caucus?
M. Tanguay : Bien, dans la
mesure où les membres du caucus sont d'accord, c'est la position commune. Et en
ce sens-là...
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que c'était unanime au sein de...
M. Tanguay : Ah! je
n'entrerai pas dans le détail du secret du caucus, mais c'est une position de
caucus.
M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce
qui explique ce changement de position? Parce qu'il y a une semaine vous avez
dit le contraire, là : On va demander des consultations, ça va prendre des
constitutionnalistes pour voir...
M. Tanguay : Bien, écoutez,
le fait que le serment du roi est dépassé, ça, c'est clair pour tout le monde.
Maintenant, demander des consultations... il aurait toujours été possible
encore cette semaine de demander des consultations. Il serait toujours possible
d'en tenir, on est mardi, donc d'ici mercredi, jeudi, avoir des consultations.
J'entends que le gouvernement ne le fera pas. On n'en fait pas une condition,
mais je pense qu'il aurait été bien avisé d'avoir des consultations. Je le
pense toujours. Mais, si le gouvernement veut procéder sans, bien, on va
collaborer pour que ça soit adopté.
M. Bossé (Olivier) : M. Tanguay,
la capitale nationale, l'autoroute Dufferin-Montmorency, depuis maintenant 15-16 mois,
il y a eu l'accident mortel qui a tué quatre personnes de la même famille. Le
maire Marchand hier a dit : C'est long. Quand est-ce que ça va aboutir, la
transformation de ce point-là? Est-ce que vous pensez que le MTQ se traîne les
pieds dans ce dossier-là?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
je pense que le ministère des Transports du Québec a ses défis. J'imagine que
là aussi, il y a un aspect de pénurie de main-d'œuvre à quelque part. Mais pour
arriver à des objectifs de, justement... que l'autoroute soit mise à niveau
rapidement, bien, je pense qu'on voit aussi des délais, des délais qui sont
malheureux et qui ne cessent d'être plus grands. Alors, en ce sens-là, espérons
que ça viendra le plus rapidement possible. Mais, encore une fois, il y a
probablement un aspect de pénurie de main-d'œuvre, de disponibilité des
travailleurs, des sous-traitants. On a hâte que ça aboutisse, là.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que vous pensez que Carey Price a erré dans sa sortie contre le C-21?
M. Tanguay : Je crois que...
Carey Price a manqué de jugement, je crois, à deux égards. Le premier, en étant
associé ou en s'associant à la Coalition canadienne qui avait fait l'usage du #poly.
L'usage du #poly par la Coalition canadienne est odieux et je ne pense pas que
c'était avisé pour Carey Price de s'associer à la Coalition canadienne dans ce
contexte-là. Premier élément.
Deuxième élément aussi où je crois qu'il y
a un manque de jugement, c'est au niveau du moment de sa sortie. Aujourd'hui,
on est le 6 décembre. C'est une journée de commémoration excessivement
importante. 14 femmes ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes à la
Polytechnique. Et nous devons le dénoncer et nous devons commémorer... toujours
nous souvenir de cette tragédie. Et je pense que le moment choisi pour Carey
Price, quant à sa sortie, était un deuxième exemple de manque de jugement.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il a été instrumentalisé par le lobby des armes?
M. Tanguay : Je n'irai pas
jusque là. Je vais le laisser lui-même se justifier. On a vu sa dernière
publication, là, il y a à peine quelques heures. Je pense que je vais le
laisser lui-même s'expliquer. Je crois à sa face même qu'il a lui-même décidé
de son propre chef de faire ces publications-là. Du reste, je ne commenterai
pas plus amplement, là.
Mme Lévesque (Fanny) : ...l'organisation
n'a pas aussi un peu... il n'y a pas un cafouillage de l'organisation? Parce
que c'est venu de la haute direction, hier, finalement. On a affirmé qu'il
n'était pas au courant du drame de la Polytechnique. Aujourd'hui, il dit que
lui, il le savait.
M. Tanguay : Vous parlez du
Canadien, l'organisation du Canadien de Montréal?
Mme Lévesque (Fanny) : Oui.
L'organisation n'a pas eu un manquement aussi?
M. Tanguay : Écoutez, j'ai
été surpris, comme tout le monde, de voir le changement de version. Puis je
vais laisser l'organisation peut-être apporter des éclaircissements là-dessus,
là.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Sur
les garderies, qu'est-ce que vous pensez de la centralisation pour l'octroi de
places en garderie puis des critères, aussi, pour les enfants plus défavorisés?
C'est-u une bonne affaire, ça?
M. Tanguay : Les critères... je
pense que les critères qui font en sorte, par exemple, de prioriser les enfants
à besoins particuliers sont tout à fait justifiés. Il y a, vous le savez, il y
a une liste d'attente de 51 000 enfants,
même plus, sur la liste d'attente. Il avait été discuté, avec le projet de loi
n° 1, de faire en sorte d'attribuer les places selon une certaine
priorisation. Alors, je pense que c'est tout à fait justifié de prioriser les
enfants à besoins particuliers. Maintenant, ce sont des critères objectifs ou
objectivables qui peuvent être faits par un réseau qui peut être centralisé,
mais évidemment il y a des besoins régionaux. Il y a peut-être une approche
régionale. La fameuse liste, là, des 51 000 noms,
le ministère devait la récupérer et bien la gérer, mais il y a aussi une
approche et une sensibilité régionale à y avoir dans des besoins. Même à
l'intérieur d'une même région, il peut y avoir des besoins tout à fait
particuliers. Alors, on pense qu'il s'agit là aussi de l'occasion d'avoir un
minimum de régionalisation pour combler comme il se doit les besoins.
M. Lacroix (Louis) : Sur les
garderies, M. Tanguay, là, parce que, bon, on sait qu'il n'y a pas de
places pour tout le monde, là, pour tous les enfants, donc, il y a comme deux
catégories de parents, là, ceux qui ont des enfants qui fréquentent les
garderies publiques, des CPE publics ou subventionnés, qui payent sept et
quelque chose par jour, puis il y a les autres qui n'ont pas droit à ça puis
qui paient le plein prix. Moi, mon fils, je vous donne un exemple, là, ça va
lui coûter 14 000 $
de garderie dans la prochaine année. C'est un jeune ménage, c'est un jeune
couple. Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un recours pour les parents qui
n'ont pas accès à des places comme ça? Est-ce que le gouvernement... Est-ce
qu'il ne devrait pas y avoir recours pour faire en sorte que tout le monde,
finalement, ait droit à ça? Surtout qu'on a reçu 6 milliards de
dollars qui vient du fédéral pour compenser ça, puis, finalement, on ne le
dépense pas, cet argent-là.
M. Tanguay : Les
6 milliards, tout ce qu'on sait, c'est que le gouvernement Legault s'est
assuré qu'il ne sera pas dépensé à 100 % dans les services de garde. Ça,
on l'a dénoncé à l'époque. Pour ce qui est des recours aux parents, nous, ce
qu'on a proposé, c'est prolonger de six mois le RQAP. Vous allez me dire :
Oui, mais ce n'est pas grand-chose, mais, déjà là, ça serait un bon pas dans la
bonne direction, de prolonger, pour celles et ceux qui n'ont pas de services de
garde, l'année a une année et demie, de rajouter un six mois.
Une fois que j'ai dit ça, nous, tout à
fait en ligne avec ce que vous dites, nous voulons que ce soit un droit.
J'avais déposé, il y a plus de deux ans, je pense, un projet de loi pour que le
service de garde soit un droit. Ça aurait coûté le 6 milliards sur cinq
ans pour développer toutes les places. Puis je vais compléter la réponse, parce
que c'est un dossier qui me passionne. Il devait y avoir conversion de milliers
de places qui sont au privé puis qui n'ont pas été converties. Ça, on le
disait : Prenez le 6 milliards, convertissez les places, ils sont
privés, où les parents paient des 40 $, des 50 $ puis des 60 $
par jour, puis faites en sorte que ce soit des places subventionnées. Ça, les
services de garde privés non subventionnés sont déjà basés sur les critères,
rencontrent déjà les critères de qualité en vertu de la Loi sur les services de
garde. Ils auraient dû faire la conversion.
Alors, vous voyez plusieurs éléments dans
ma réponse, mais ça, ça aurait dû commencer. Ça fait que, quand on dit, là,
puis je reviens sur l'objectif pour nous, là, du point de presse aujourd'hui,
quand on dit... Le gouvernement Legault, il dit : Vous nous jugerez sur les
résultats. Mathieu Lacombe a été extraordinairement efficace au niveau des...
Mais là, au niveau de la cinquième année du gouvernement Legault, la liste,
elle ne baisse pas, elle augmente : pas de conversion, 6 milliards
pas dépensés là, pas développé les places. Ça n'a pas de bon sens.
Alors, gouvernement, puis je termine
là-dessus : Jugez-nous sur les résultats en matière de pénurie de
main-d'œuvre, ça s'applique aussi aux services de garde. Il manque des milliers
et des milliers d'éducatrices.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais vous êtes avocat, vous, monsieur Tanguay. Est-ce qu'il n'y aurait pas un
recours pour les parents qui n'ont pas droit aux services publics juste parce
qu'il n'y a pas de places? Ce n'est pas parce que ces gens-là ne sont pas qualifiés,
pas parce que ces gens-là... C'est juste parce qu'il n'y a pas de places.
Alors, est-ce qu'il ne devrait pas y avoir la base d'un recours collectif pour
aller récupérer l'argent auprès des gouvernements?
M. Tanguay : Je ne vais pas
vous donner une opinion juridique, mais je vais vous aligner sur le début d'une
réponse juridique. S'il était inscrit dans la loi, au même titre que le droit
d'avoir accès à l'école quand vous êtes en première année, là, vous avez un
recours. Si c'était marqué dans la loi que c'est un droit garanti par l'État,
l'accès à un service de garde, l'État n'a pas le choix que de vous le donner.
Jamais personne n'accepterait de se faire dire à son enfant qui va rentrer en
première année : Bien, écoutez, on n'a pas de place. Mettez-le sur une
liste d'attente, puis peut-être qu'il va avoir une place, dans deux, trois ans.
Puis, dans l'intervalle, allez payer 14 000 $
au privé.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...il
n'est pas possible d'avoir de recours à cause de ça?
M. Tanguay : Bien, je ne veux
pas vous donner, encore une fois, d'opinion juridique, mais clairement, le
gouvernement n'a pas voulu adopter notre projet de loi qui aurait fait en sorte
que l'accès à un service de garde aurait été un droit garanti. Et quand c'est
un droit garanti, l'État n'a pas le choix. Et vous allez dire : Oui, mais,
M. Tanguay, ce n'est pas juste en modifiant la loi que, du jour au
lendemain, il y aurait eu des places. Nous, on faisait en sorte que ce soit
effectif dans les cinq ans, avec le 6 milliards et toutes les mesures
parce que l'on considère qu'agir tôt... justement, on parlait de la
priorisation des des tout-petits sur la liste d'attente quant aux besoins
particuliers, bien, on pense qu'il faut agir tôt, puis en services de garde, en
CPE, notamment, bien, c'est là où nos professionnels de l'éducation, de la
petite enfance peuvent agir tôt.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez une de vos députées, M. Tanguay, qui a décidé de redonner son
600 $ à un organisme. Est-ce que vous invitez tous les élus qui vont
recevoir l'aide de le retourner?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
je pense que je salue le geste posé par ma collègue. Puis je vais laisser les
collègues qui recevront une somme, une telle somme d'argent, là, je les
laisserai juger, là. Il n'y aura pas de ligne de conduite. Je pense que c'est
de leur bon vouloir. Mais en ce sens-là, je salue le geste de ma collègue.
M. Laforest (Alain) : ...montre
que ça rate la cible?
M. Tanguay : Pardon? Bien, je
pense que les députés de l'Assemblée nationale n'ont pas besoin d'avoir un
chèque de 400 $, 500 $, 600 $. Clairement. Et j'aurais aimé
mieux qu'on en donne plus à ceux qui gagnent moins.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
Pinel, M. Tanguay, là, on voit, ce matin, aussi que, bon, la semaine
passée, on avait beaucoup d'information sur le fait que le système judiciaire
est près du point de rupture. Là, on apprend que même la pénurie... en fait,
les retards à Pinel ont des effets aussi sur le processus judiciaire. Et là, il
y a un juge qui est assez sévère à l'endroit du gouvernement. Est-ce que vous
partagez son constat? Est-ce que le gouvernement a laissé faire ou a laissé
détériorer la crise au niveau des évaluations psychiatriques?
M. Tanguay : Écoutez, Pinel,
l'Institut Pinel, c'est dans mon comté, dans Rivière-des-Prairies, dans
LaFontaine. Écoutez, c'est un service, je veux dire, plus qu'essentiel, là.
Pinel, là, justement, c'est de faire déclarer des délinquants dangereux,
violents. C'est une question de base de sécurité publique. Et, quand j'ai vu,
justement, cette information-là à l'effet que les délais non seulement ne sont
pas respectés, mais on ne parle pas avant plusieurs mois, six mois, et que la
personne puisse quitter sans avoir eu cette évaluation psychiatrique là, je
pense, encore une fois, je reviens au début, pénurie de main-d'oeuvre, ne pas
avoir le service essentiel en matière, justement, d'évaluation psychiatrique.
Il arrive quoi avec un individu qui quitte sans avoir vu son évaluation
psychiatrique? C'est nécessaire, il faut le faire. Et, encore une fois, on voit
là un exemple patent de bris de service.
Mme Lévesque (Fanny) :
Qu'est-ce qu'on peut faire dans l'immédiat? Est-ce qu'on peut avoir des
exceptions? Parce que, là, c'est 60 jours, je pense, là, le délai
habituel.
M. Tanguay : Exact, puis là
on parlait de...
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
qu'on peut le prolonger, essayer de... Qu'est-ce qu'on peut faire?
M. Tanguay : Bien, je crois
que le gouvernement doit regarder s'il y a besoin d'avoir des modifications
législatives quant aux délais, s'il y a besoin d'avoir une réorganisation du
travail. Savez-vous, là, on est partout au Québec, quant aux services
essentiels, là, ça, c'est un excellent exemple, on est partout en mode urgence.
On est partout, on a un plan d'urgence, on a un comité d'urgence, mais c'est la
cinquième année du gouvernement, c'est ça qu'on dénonce. C'est leur cinquième
année. Pénurie de main-d'oeuvre, on en parlait en 2018. Rappelez-vous, durant
la campagne électorale, François Legault disait : Quand on me dit que le
principal défi économique du Québec, c'est la pénurie de main-d'œuvre, moi, je
ne suis pas d'accord avec ça. Il avait faux, à ce moment-là, mais en 2019,
2021, aujourd'hui 2022, comment peut-il encore dire que c'est une bonne
nouvelle? Je veux dire, on est en mode urgence. Partout au Québec, ça pète de
partout. On est sur des listes d'attente. C'est un gouvernement qui met les
Québécois sur une liste d'attente dans presque tous les services
essentiels : santé, éducation, justice, services de garde. C'est un
gouvernement de liste d'attente. Bien, je pense que les Québécois sont tannés
d'attendre. Puis, le gouvernement doit arriver avec des programmes. Quand
François Legault, puis je termine là-dessus, se lève en Chambre, la semaine
passée : Oui, mais on a un programme de 3,9 milliards. D'accord, mais
les résultats ne sont pas là. Puis il nous a demandé à le juger sur les
résultats. C'est catastrophique.
Mme Morin-Martel (Florence) : M. Tanguay,
on apprenait, là, ce matin, que deux présumées lanceuses d'alerte, là, de la
DPJ, ont été suspendues sans solde. Est-ce que le CISSS de la Côte-Nord a eu
raison d'agir comme ça?
M. Tanguay : Bien, je pense
que c'est excessivement préoccupant puis il va falloir faire toute la lumière
là-dessus. Il va falloir faire toute la...
Mme Morin-Martel (Florence) : ...un
projet de loi pour mieux protéger les choses?
M. Tanguay : Ah! il faut.
S'il faut, le cas échéant, bonifier la loi, on le fera et on l'appuiera, mais
je pense qu'il faut d'abord, dans ce cas d'espèce là, faire toute la lumière,
toute la transparence, voir ce qui n'a pas marché. Puis, s'il y a nécessité
d'avoir des correctifs, oui, on va travailler là-dessus.
M. Bourassa (Simon) : Sur la
biodiversité, la COP15, M. Tanguay, quel pourcentage du territoire
québécois devrait être protégé?
M. Tanguay
: Bien là, l'objectif,
c'est 30 % d'ici 2030. Là, j'entends qu'à la grande messe de la COP15, le
ministre de l'Environnement caquiste va venir faire une grande annonce. Alors,
lui aussi, il est dans sa cinquième année à titre de ministre de
l'Environnement. Je pense que, jusqu'à maintenant, ils en ont fait trop peu,
beaucoup trop peu. Puis là on a la visite de la COP15. Alors, on a vu les
articles, là, il y a comme un rattrapage qui se fait, là, on bouscule les
annonces.
L'objectif, ça demeure 30 % en 2030.
On ne peut pas faire ça à titre de plan de communication puis de tentative
marketing, là. Ça prend un ministre qui soit là à temps plein puis qui a un
plan de match véritable, puis ne pas faire une belle annonce quand la visite
est en ville, là.
M. Bourassa (Simon) : Allez-vous
être à la COP15?
M. Tanguay : Oui, on va... Je
ne participerai pas évidemment à toutes les activités, mais je suis déjà
inscrit à certaines activités, et également ma collègue Désirée McGraw va
participer activement à la COP15.
Mme Lévesque (Fanny) : Pour
finir sur la justice, est-ce que vous trouvez qu'Ottawa se traîne les pieds
dans la nomination de juges?
M. Tanguay : Bien là,
j'entends qu'il y a neuf postes de juge à la Cour supérieure qui ne sont pas
comblés, neuf ou 12. Et je m'explique mal le temps, le délai. Parce que moi,
quand j'étais critique de la justice il y a deux ans, j'interpellais,
imaginez-vous donc, à l'époque, Sonia LeBel, qui était ministre de la Justice,
en disant : Bien, voyons donc, pouvez-vous faire pression à Ottawa? Alors,
je demande à Ottawa, j'imagine qu'il y a de quoi qui accroche, là, mais de
faire atterrir ça. Parce qu'on a tous vu ce matin l'article de la nouvelle juge
en chef de la Cour supérieure du Québec, puis, je veux dire, elle ne mâche pas
ses mots, là. C'est excessivement préoccupant. Puis Cour supérieure du Québec,
c'est à Ottawa de les nommer.
Mme Greig
(Kelly) :
On
the oath to the King, do you find that there is any historic value to doing it,
to maintaining it?
M. Tanguay
: I think that setting aside the historic value, I think that the
legal value of it, I think that we can go forward with a bill saying that it
should be optional. On a political standpoint, I don't think that, as an MNA,
you need to have an oath with respect to Charles III.
That being said, on the
legal side, I think that it's something that would be done and that's going to
be the good thing to do.
Mme Senay
(Cathy) : Without consultations?
M. Tanguay
: We asked for a consultation, we asked for this, but because it's a
constitutional issue, what will be the end result of it? Are we going to have
judicial contestation of proceedings against that bill that we're about to
pass? So, I think that it would have been well advised to have a consultation. Now,
I see that most probably it's not going to happen, and the government will try
to have the bill being passed this Friday. In that case, we're still looking
for a consultation, but, in any event, we will vote the bill.
Mme Greig
(Kelly) : On daycares, just to pick up the
question from earlier in French, what do you think of this idea of
centralization of the daycare spots? And it's supposed to be more equitable, but
are there also dangers in that? Because we've seen the centralization before,
it ignores certain aspects like social, economic makeup of a certain
neighborhood, for instance? So, what are your thoughts on daycares?
M. Tanguay
: Absolutely. I think that the centralization… It's always a red flag
when you're talking about centralization, because region by region, you have
different realities. That being said, with respect to the objective criteria of
having first the kids with special needs receiving a place, I think that's a
good idea. That being said again, you have different realities based on
different regions and I think that it has to be taken into account.
Mme Cadet : …
M. Tanguay
: You want to add something?
Mme Cadet : No, I was just adding that there are just not enough spots for all
the kids that are on all the waiting lists. So, it's one thing to really get to
this objective of having kids with special needs and being from… economic
backgrounds to be first in the list. And, like, we do think that this is a very
good idea, a very good criteria, but, well, like, the leader just said, just
mentioned the centralization issue that is a red flag, but also the fact that
we are creating a good criteria, but not even the spots for them to actually
get to…
Mme Greig
(Kelly) : So, it's like a Hunger Games for
spots...
Mme Cadet : Exactly.
M. Tanguay
: Unfortunately.
Mme Plante (Caroline) : Juste
une petite précision, M. Tanguay. Si le serment au roi devient optionnel, est-ce
que vous allez continuer de le prononcer personnellement?
M. Tanguay : Ah!
personnellement, non. Personnellement, non, puis c'est un choix personnel.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
qu'il y en a dans votre caucus qu'ils vont continuer de le...
M. Tanguay : Ah! je vous
laisserai leur... Je n'ai pas eu cette conversation-là.
Journaliste
:
Mme Cadet, est-ce que...
Mme Cadet : Moi, je ne me
prononcerai pas.
M. Tanguay : Bien, c'est un
choix personnel. Je n'ai pas eu de conversation avec mes collègues là-dessus.
Mme Plante (Caroline) : Avez
vous personnellement cheminé sur cette question-là? Parce que...
M. Tanguay : Bien, écoutez,
moi, ça fait quoi, ça fait cinq fois, là, que je fais le serment. C'était le
serment à la reine, là, c'est le serment au roi. Je n'en ai jamais fait de cas
comme tel. Maintenant que ce sera optionnel, je ne le referai pas. C'était un
élément qui était en lien avec notre Constitution, la Constitution canadienne,
puis maintenant j'entends qu'il sera optionnel par la loi qu'on va passer. Puis
moi, je... Moi, là, le serment au peuple du Québec, là, c'est toujours celui-là
qui était fondateur de mon désir de servir la population.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que c'était plus facile à l'époque de la reine? C'était-tu plus facile de
prêter serment à la reine qu'au roi?
M. Tanguay : Ah! Bien
là, vous me demandez lequel des deux est plus sympathique. Je ne vais pas... Je
n'ai pas d'opinion là-dessus.
M. Lacroix (Louis) : ...quand
vous prêtiez serment, là, c'était tu plus sympathique à la reine?
M. Tanguay : Non, c'est
du pareil au même.
M. Laforest (Alain) : Ah,
oui! Vous n'avez jamais eu l'impression d'être souillé?
M. Tanguay : Non.
Mme Greig (Kelly) : And if I
could finish up in English, just for... Being December 6 and this whole issue
with Carey Price coming up as well, do you think that for someone who's lived
in Québec for so long... he says he does know about the Polytechnique…
that came to light this morning, but to have a figure like that who is very
popular in Québec to come out with a stance so close to December 6, do you
think this might influence people in Québec?
M. Tanguay :
Honestly, I don't know. I was stunned when
I learned that Carey Price decided to go public with respect to his position. I
think that it was a lack of judgment, first, to be associated with the Canadian
Coalition who used the #poly, this coalition, first.
And second, it's a second lack of judgment with respect to the timing of him
going public.
Mme Greig
(Kelly) : But is there anything deeper than
that? I mean just because the timing was bad, obviously…
M. Tanguay :
The timing and the association with the
Canadian Coalition was, for the two instances, was a lack of judgment. And it's
very, very unfortunate and surprising from Carey Price. And you're right to
mention that Carey Price has a glorious reputation within the population of
Québec. But that being said, I think that it's a lack of judgment based on
these two aspects of him going out public.
M. Spector
(Dan) :
On the
legal challenge for the swearing to the King law, you're a lawyer, do you think
a challenge is inevitable? Do you think it's something that would happen?
M. Tanguay :
We'll see, but I would not be surprised.
Thank you. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 13)