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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine, et M. Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia

Version finale

Thursday, December 1, 2022, 11 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-neuf minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Donc, retour sur ce qu'on vient de vivre ce matin. Un moment qui était chargé, qui était quand même aussi très respectueux, mais chargé parce que ça fait des siècles que les francophones doivent prêter serment à la couronne britannique et ça a été, comme vous le savez, souvent aussi un outil de discrimination. C'est un outil d'humiliation et c'est comme ça que plusieurs députés de plein de formations politiques expriment le sentiment de prêter serment au roi d'Angleterre.

Je ne vous cacherai pas que la décision de la présidente, ce matin, nous déçoit dans la mesure où une ancienne présidente, les plus grands juristes lui ont indiqué ou, en tout cas, ont suggéré qu'il y avait plusieurs avenues possibles pour trouver une voie de passage, faire une place à des députés qui ont prêté serment au peuple québécois et à sa constitution. Maintenant, bien qu'on soit déçus, on en prend acte et on respecte sa décision, c'est-à-dire que la présidente a un pouvoir discrétionnaire, elle l'a exercé.

Si on prend un pas de recul, il faut prendre la mesure de ce qu'on essaie de faire, en ce moment, et l'importance que ça a. Ça fait plus que des décennies, ça fait des siècles que, pour représenter le peuple québécois, il faut passer par un geste de soumission à la couronne britannique, et ça fait au moins des décennies, au Québec, qu'on dit que ça va changer et que ça ne change pas. C'était le cas à l'époque de René Lévesque, c'était le cas à la dernière session, quand il y avait un projet de loi puis que rien n'est advenu de ce projet de loi là. Donc, une institution comme l'Assemblée nationale, c'est comme un paquebot, là, ça ne vire pas nécessairement rapidement, mais on peut constater puis se féliciter de certains changements très rapides à l'échelle de notre histoire.

En l'espace d'à peine trois semaines, on part d'un environnement où... Puis vous l'avez vu lors du débat des chefs, durant les élections, chaque... la plupart des partis ont dit : Ce n'est pas une priorité, puis ne s'en occupera pas. On part de là, et là on se retrouve avec une motion de tous les partis qui vient d'être votée où est-ce qu'on on dit la chose suivante : «Que l'Assemblée exprime son souhait que le serment d'allégeance au roi devienne facultatif suivant l'adoption rapide — rapide — d'un projet de loi, de façon que les députés qui ont prêté le seul serment d'allégeance prévu à l'article 15 — ça, c'est le serment au peuple québécois — puissent y prendre leur siège dans les meilleurs délais.» En d'autres mots, en l'espace de quelques semaines, là, tout le monde est d'accord. Même André Fortin, au Parti libéral, en fait une mission d'abolir la monarchie britannique. Les choses évoluent dans la bonne direction et pas mal plus vite que ce qu'on a connu au cours des décennies précédentes.

Et, en ce sens, nous, on se dit qu'on va continuer à se tenir debout et on va continuer à respecter le fonctionnement de l'institution. Je ne vous cache pas que j'ai hâte de pouvoir rentrer dans le salon bleu, surtout que les solutions sont là, puis on en a amplement, là, discuté, de ces solutions-là. Je rappelle également à la population qui connaît peut-être moins le fonctionnement du Parlement que je suis élu député, j'ai mon bureau de député, j'ai mon personnel de député et je suis souvent dans Camille-Laurin pour m'occuper des dossiers de député. Et mes deux collègues ici font la même chose. On travaille, puis on travaille fort. La seule chose qui nous est confisquée, de toute évidence temporairement parce que là il y a consensus, c'est un droit de poser des questions et de participer à ce que vous voyez au salon bleu, mais ça ne nous empêche pas de parler aux autres partis politiques pour faire avancer certains dossiers, travailler. Ce matin, on était sur des motions, donc il y a eu des échanges de motions, on en faisait partie.

Et donc on prend acte de la décision de la présidente et on voit qu'en parallèle il y a désormais consensus sur cette question dans la Chambre. Et donc tout ce qu'il nous reste, c'est compléter le travail pour que tout ce débat-là, pour une fois, se termine sur la fin du serment au roi d'Angleterre. Ça veut dire que toutes les prochaines générations de politiciens et de politiciennes n'auront plus ce geste humiliant à poser. Puis c'est ça, au fond, le sens de notre engagement puis de notre persévérance, c'est qu'on souhaite simplement que ça donne un résultat durable une fois qu'on en a débattu, là, dans tous les sens possibles.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, on comprend que vous ne comptez pas siéger jusqu'à l'adoption du projet de loi pour rendre le serment facultatif. Pourquoi vous priver de poser des questions au salon bleu au premier ministre? Pourquoi vous priver de pouvoir débattre en commission parlementaire sur le projet de loi sur l'inflation et même celui sur le serment au roi?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, dans la mesure où il y a une volonté, désormais, de rapidement faire ce projet de loi et de l'adopter et dans la mesure où ça a avancé vite parce qu'on s'est tenu droit et on maintient notre position de ne pas vouloir prêter serment au roi d'Angleterre, n'eût été de cette persévérance-là, c'est loin d'être certain que, tout d'un coup, tous les partis, y compris le Parti libéral, auraient la position actuelle. Donc, il y a aussi, dans la persévérance puis l'idée de se tenir debout jusqu'à tant qu'on atteigne le résultat, un effet politique sur la Chambre.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, c'est la pression que vous maintenez qui est garante du fait qu'on va adopter rapidement le projet loi...

M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire qu'on veille à ce que le résultat soit atteint réellement. Parce que là, en ce moment, on a des déclarations, on a même une motion, c'est quand même rare, là. Ça va vraiment dans la bonne direction, mais on a intérêt à continuer puis à compléter ce travail-là jusqu'à tant que la question soit réglée pour de bon puis qu'on soit tous ensemble en Chambre en train de travailler sur tous les sujets, là, d'actualité.

Mme Richer (Jocelyne) : ...de ne pas siéger avant la prochaine session, c'est ça que ça veut dire.

M. St-Pierre Plamondon : Non, en fait, une fois que les libéraux disent : On est prêt à adopter un, deux, trois... Là, pour la population, là, il y a des façons d'adopter très rapidement une loi. Et là ce qu'on voit, c'est que tous les partis disent : On est prêt à l'adopter très rapidement, la loi. On peut se retrouver dès la semaine prochaine en train de siéger. Il y a toutes sortes de manières d'adopter une loi rapidement, et c'est l'intention qu'on vient de constater de tous les partis en Chambre. Donc, c'est une avancée quand même extraordinaire qui me fait penser que nous aurons la chance de siéger dès la semaine prochaine. C'est mon espoir.

M. Bossé (Olivier) : ...des autres partis encore pour savoir quand...

M. St-Pierre Plamondon : Ah! bien, c'est sûr, mais, dans la démarche qu'on a entreprise, c'est justement de continuer la démarche de manière à espérer qu'on influence, comme on vient de constater, là, les autres partis à mettre cette question-là derrière nous, engendrer le changement qui est escompté par tout le monde de manière durable et finale.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que vous avez l'impression de faire faire le travail par les autres?

M. St-Pierre Plamondon : Non, avec la pression puis l'émotion qui étaient là ce matin, je pense qu'on fait notre juste part pour faire avancer ce dossier-là. Puis, pour nous, c'est une question de cohérence puis de conviction.

M. Bellerose (Patrick) : On connaît l'histoire parlementaire, c'est déjà arrivé que des projets de loi qui devaient être adoptés rapidement ne l'ont pas été.

M. St-Pierre Plamondon : Ça a même déjà eu lieu qu'un projet de loi sur cette question-là, à la dernière session, ne soit jamais adopté. On a procrastiné toute la session pour n'arriver à aucun résultat.

M. Bellerose (Patrick) : ...à ne pas siéger pendant des mois...

M. St-Pierre Plamondon : Bien là, je n'envisage pas ça parce que j'ai ici une motion qui vient d'être adoptée. Tous les partis disent rapide.

M. Bellerose (Patrick) : ...est-ce que vous être prêts à ne pas siéger pendant des mois? C'est ma question.

M. St-Pierre Plamondon : Non, non, la parole des leaders de chaque parti a quand même une valeur et elle est par écrit ici, là. Par écrit, ils s'engagent, dans une résolution, à régler cette question-là pour de bon avant Noël, là, ça dit rapidement, de manière à ce que nous trois, on puisse également siéger dans les meilleurs délais. C'est ce que ça dit. Donc là, il faut s'en tenir aussi puis respecter la parole de chaque parti, là. Moi, je n'ai pas de raison de ne pas croire ça.

M. Carabin (François) : Vous comprenez du Parti libéral qu'ils veulent vraiment aller de l'avant rapidement avec l'adoption d'un projet de loi. Est-ce que vous leur avez parlé, d'ailleurs, au leader du Parti libéral, au chef?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, il y a des discussions à travers nos équipes, là. Moi, je n'ai pas fait d'appel personnellement, puis ça bouge tellement vite. Puis, en même temps, c'est ça qui nous donne espoir, c'est qu'un sujet qui n'a pas bougé pendant des siècles, en l'espace de quelques jours, évolue rapidement mais vers un consensus, également un consensus dans la population. Hier, je me suis promené à deux événements, puis les gens, on se fait dire : Ne lâchez pas. Donc, à un moment donné, tous les partis politiques prennent aussi la mesure d'une volonté populaire de dire : Là, prêter serment au roi d'Angleterre mais aussi au chef de l'Église d'Angleterre, là, pouvez-vous faire de quoi, s'il vous plaît? On voit que ça change rapidement, la position des partis politiques qui s'unissent.

Mme Richer (Jocelyne) : ...que la loi soit contestée? Parce qu'on parle quand même d'une obligation de la loi constitutionnelle canadienne... Vous ne craignez pas une contestation judiciaire?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, nous, on a toujours plaidé pour une motion qui nous autorise à siéger. Dans quel cas, ça, c'était vraiment protégé des tribunaux parce que c'est de la régie interne. De manière inexplicable et sans fournir d'avis juridique, parce qu'apparemment qu'il y en avait, mais c'est comme les études pour le troisième lien, là, on ne les a jamais vues, Simon Jolin-Barrette a décidé de ne pas faire une motion en ce sens-là parce que ça n'aurait pas été légal, mais moi, je n'ai jamais compris pourquoi.

C'est sûr que, si on procède par loi, on accepte de s'exposer aux tribunaux. Puis là je ne peux pas présumer de comment les tribunaux vont traiter de cette question. On sait que Justin Trudeau a spontanément balancé que c'est à l'Assemblée nationale de s'arranger avec ces questions-là, mais à tout le moins, à court terme, on sait qu'avec une telle motion puis un projet de loi adopté nous pourrons exercer complètement, là, notre rôle dans le salon bleu, on pourra rentrer.

Et ça crée un précédent. Et ça, c'est important, il faut le réaliser. Le jour où enfin on est capable de rentrer sans ce serment au roi d'Angleterre, c'est très difficile de revenir en arrière. Jamais les élus ne voudront revenir en arrière, ils vont être très contents de ne pas prêter ce serment-là à l'avenir. Et jamais on ne pourra enlever le fait historique que, finalement, des Québécois, puis ensuite des Québécoises, puis des gens de tous les partis rentrent dans leur maison démocratique sans s'agenouiller devant la couronne britannique.

M. Bossé (Olivier) : ...pour entrer dans l'histoire, justement, vous en parlez?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, dans un monde idéal, dans un monde idéal, ce qu'on conclura de tout ça, c'est que les institutions fonctionnent, qu'il faut peut-être un peu de patience et de persévérance, mais que, grâce à la part de tout le monde... Parce qu'il faut en donner un peu à tous les partis en ce moment, là. On voit une déclaration du premier ministre qui va dans le bon sens, Québec solidaire a pris une initiative, les libéraux ont quand même accepté de substantiellement changer leur position. Idéalement, on en conclura que, pour des questions qui nous touchent tous et pour notre avenir, on est capable, dans cette enceinte qu'est l'Assemblée nationale, de s'unir, puis ensuite de distribuer le bénéfice à tout le monde en disant : Bien, ça prenait la participation de tout le monde pour se rendre à cet objectif-là.

M. Bellerose (Patrick) : ...serment au roi, ce n'est pas quelque chose qui intéresse les gens tant que ça dans la rue...

M. St-Pierre Plamondon : Ça commence à intéresser beaucoup les gens.

M. Bellerose (Patrick) : ...ma question.

M. St-Pierre Plamondon : Pardon.

M. Bellerose (Patrick) : Je pense que la question de l'inflation, le coût de l'épicerie...

M. St-Pierre Plamondon : Bien sûr.

M. Bellerose (Patrick) : ...touche les gens de façon beaucoup plus importante. À Noël, votre bilan, ça va être d'avoir réussi, possiblement, à abolir le serment au roi, mais qu'est-ce que vous dites aux Québécois qui se disent : Franchement, on ne pourrait pas s'occuper des choses qui nous touchent plus directement comme l'inflation?

M. St-Pierre Plamondon : Mais on s'en occupe, parce que, sur l'inflation, nous, ce qu'on dit, en campagne et toujours en ce moment... Puis on tente d'avoir l'influence qu'on peut avoir sur le gouvernement, mais rappelons que le gouvernement fait ce qu'il veut, il a 100 % du pouvoir. Nous, on dit : Ce n'est pas à 3 % qu'il faut geler les tarifs des sociétés d'État, il faut les geler, point, à zéro, de la même manière qu'on répète, puis on a répété souvent, que, si l'État intervient pour aider en temps d'inflation, ça devrait être réservé aux familles...

M. Bellerose (Patrick) : ...pour en discuter pour faire changer les choses.

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est-à-dire que, dans les faits, on a cette position-là, on a essayé d'influencer la CAQ, on continue à tenter de les influencer. Je peux être au salon bleu puis poser une question en ce sens-là, mais soyons clairs sur le fait que nos positions puis l'influence qu'on peut avoir sur la CAQ est déjà en cours. Puis on vient de connaître une campagne électorale où on a justement débattu de la façon la plus intelligente de réagir à l'inflation, donc on va continuer...

M. Bossé (Olivier) : Siéger, ça ne sert pas tant que ça...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, comme vous le savez, moi, je rêve à un changement du mode de scrutin où il y aurait plus de collaboration. Les gens, des fois, ne réalisent pas que, dans ce système-là d'origine britannique, on se pose des questions, puis souvent la réponse est à côté de la question, mais, dans les faits, le gouvernement a 100 % du pouvoir. Moi, je pense qu'éventuellement le Québec choisira un système où la collaboration est plus de mise et où le pouvoir est un peu mieux réparti.

Mais ce que je vous dis, pour répondre à la question, c'est que, dans l'intervalle, nous, on travaille, là, et on prend des positions, vous allez nous voir sur plein de sujets, dans l'espoir d'influencer un peu ce que le gouvernement fait. Et ça, ce travail-là, on continue à le faire, et nos positions sont connues.

Mme Richer (Jocelyne) : ...avec la couronne britannique, là, est-ce que c'est... Une rupture comme ça avec la couronne britannique, est-ce que, selon vous, c'est un geste symbolique important pour le mouvement souverainiste?

M. St-Pierre Plamondon : Non, je pense, c'est pour tous les Québécois. Moi, un de mes grands-pères a vécu cette discrimination-là. C'est un cheminement qui est quand même improbable, celui du peuple québécois, dans un environnement de conquête coloniale. J'ai vécu à Oxford moi-même, j'ai été discriminé à quelques reprises dans une société qui est élitiste et qui a des fondements de domination coloniale d'autres peuples.

Donc, est-ce que c'est juste du symbole? Est-ce que c'est juste pour les indépendantistes? Moi, je pense qu'on est dans un sujet qui touche tout le monde parce que ça touche la démocratie. Puis c'est important, si un symbole ou un geste est antidémocratique, et moi, j'aspire à ce qu'un jour on soit vraiment une démocratie qui décide par elle-même, bien, que ces symboles disparaissent lorsqu'on a un consensus du trois quarts de la population environ. Il faut juste être un peu tenace tout en étant respectueux de l'institution, parce que l'institution prend potentiellement... tu sais, doit réagir, mais on a bougé puis on a fait avancer les choses beaucoup plus vite dans les deux dernières semaines que dans les cinq dernières décennies. Puis ça, bien, je pense qu'il faut juste persévérer jusqu'à tant que...

M. Carabin (François) : Pour revenir à la décision de la présidente, M. St-Pierre Plamondon, comment vous l'avez pris, que ce soit... C'est vraiment la première décision que Nathalie Roy a prise comme présidente, de vous exclure du salon bleu. Comment vous l'avez pris?

M. St-Pierre Plamondon : On en prend acte. C'est sûr qu'on est déçus parce qu'on a entendu tous les juristes les plus importants au Québec de même qu'une ancienne présidente dire : Il y a une voie de passage, puis ce serait bon pour la démocratie. En fait, la lettre ouverte, c'est : La décision de François Paradis est une atteinte au principe démocratique. Donc, c'est sûr que, si la nouvelle présidente reconduit ce qui a été qualifié d'atteinte au principe démocratique, je n'ai pas le choix de dire que je suis déçu. Par contre, j'ai la responsabilité de respecter le rôle de la présidente puis l'institution en disant : Elle a tranché, et donc on doit en prendre acte puis travailler dans ces paramètres-là, parce que c'est comme ça que le Parlement, que l'Assemblée nationale fonctionne. Donc, c'est là qu'on est rendus, mais, en même temps, c'est parce que, simultanément, tous les partis parlent d'une seule voix en disant : On le fait. Donc, on avance, on avance, au final.

Mme Lévesque (Fanny) : Vous aviez eu des mots quand même durs, là, à l'endroit de la CAQ, il n'y a pas si longtemps, dans la négociation sur la reconnaissance des partis, même avec vos adversaires aussi. Bon, vous avez dit que M. Legault voulait voir... je ne me souviens pas du terme, là, mais disparaître le Parti québécois... ou craignait que le parti se relève. Est-ce que le geste qui est posé aujourd'hui avec toutes les formations politiques dont le gouvernement, ça vous réconforte un peu dans cette position-là? Ou vous estimez toujours que...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, sur le financement du Parti québécois, qui est nettement insuffisant pour qu'on fasse notre travail comme parti, il y a comme une masse critique de budgets dont on avait besoin. On ne l'a pas obtenue, François Legault n'a pas tenu parole, c'est aussi simple que ça. Pas longtemps après les élections, il a dit : Je ne réformerai pas le mode de scrutin — ça, c'était un autre de ses engagements qu'il a reniés — mais on peut voir d'autres manières d'atténuer la distorsion. Or, Simon Jolin-Barrette a choisi d'accentuer la distorsion. Puis les autres partis, dans l'ensemble, ne sont pas intervenus. On se retrouve avec moins de questions, également, que notre valeur en termes de députés, notre poids proportionnel.

Donc, dans ces circonstances-là, on n'a pas le choix de travailler dans ces paramètres-là. Pour la question du serment au roi, bien, il faut espérer que la CAQ et François Legault tiennent parole, et déposent, et adoptent ce projet de loi là rapidement. Et là, bien, ça, c'est une bonne nouvelle parce que c'est par écrit, et je n'ai pas de raison de douter d'un geste aussi solennel que l'adoption d'une résolution.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

M. Spector (Dan) : How did it feel to get turned away at that door today?

M. St-Pierre Plamondon : Well, my... What was important for me was that it goes... that it happens in a respectful way. So, I was worried of anything that was negative, because it's a burden for the «sergent d'armes» as well to be in that situation. So, I'm just very happy that, from a human standpoint, it was very respectful, and we smiled, saying : I know you're doing your job, I'd like to come in with what I have in my hands, and she said : Well, I'll do my best, and do my job, and give that to the President. So, from a human standpoint and from the standpoint of respecting the institution, I think it went well. And that was my first «préoccupation»... I'm sorry.

M. Bérubé : Concern.

M. St-Pierre Plamondon : Concern. Thank you.

Mme MacKenzie (Angela) : Two days ago, you were very certain that this would go your way. Were you overly confident? Did you overshoot your shot?

M. St-Pierre Plamondon : When did I say that I was certain?

Mme MacKenzie (Angela) : It was two days ago, when we asked you with this...

M. St-Pierre Plamondon : Ah! bien, je suis toujours optimiste.

Mme MacKenzie (Angela) : ...what would you do if she didn't let you in?

M. St-Pierre Plamondon : But I'm still very optimistic. I'm still very optimistic because this is moving forward. When you have all political parties saying : We want this solved and we want this solved quickly, this is such a move forward in comparison with only a week or two weeks ago. So, I'm still very optimistic, but it's an institution that will, maybe, take time, and there are steps towards a change that never happened over centuries. So, we're aiming at something difficult to change and we are very close to that objective being achieved. So, I'm still very optimistic.

Mme Senay (Cathy) : Do you think you won, between now and the election campaign, when, for example, the CAQ said that it was not a priority and now you have this motion in front of you?

M. St-Pierre Plamondon : It did change, because, in the debates, it was said that it was not a priority, and now it's a priority for everyone, and it generates as well a conversation on the importance of democracy and the space we want for democracy in Québec. So, it's all very positive. But I think, at the end, when we achieve that, democracy will win. And, until we have achieved that, we cannot talk of a win. We need to make sure that, at the end, what is written on that motion is actually a material, actually happens. And I hope, really hope, because we can do that next week, we could do that tomorrow. So, I hope that this is all behind us and is a success over the next week.

M. Authier (Philip) : Just technical question : Mr. Zanetti's Bill 190 is tabled today, it's now on the order paper. I've looked at the order paper for tomorrow, the CAQ's bill is not... there is no «préavis» of the CAQ's bill for tomorrow. So, the earliest the CAQ could table a bill would be Tuesday or Wednesday, I guess. So, it... What I'm trying to say is that it doesn't seem that such a bill would be adopted before Christmas, so you're going to wait a while. And that's fine with you? Is that what...

M. St-Pierre Plamondon : Well, I think there is a judgment of the population on how the Government will behave. They have a vast majority, 90 representants, and, if they say that they want to solve this, and then they do nothing about it, as they did during the previous legislation, of course people are following this and will say : This is not good faith, this is not correct. So, I'm not expecting them to do that because people who follow, and there are a lot of people following the outcome of that adventure, is... People are expecting that the Government, with all the power they have, play in good faith and put forward their bill. Since there's already a bill in place, so they might take this one or, if it's their own bill because they want to say it's their law, fine, but people I don't think will react very well if they procrastinate and act as if there's no issue to be dealt here.

M. Spector (Dan) : To you, what's the symbolic value of making this gesture to the British monarchy and taking it all the way through this exercise? What's the... In French, you talked about colonialism and bending the knee. Like, what is the symbolism of what you're doing?

M. St-Pierre Plamondon : Well, it's the same words in English. It's a humiliation and a reminder that we never chose our political system that continues from a generation to another in our Assemblée nationale. So, at some point, it has to stop and it has to change. And, for that to happen, we need to persevere and stand still, even though sometimes an institution may take time or may take a path that we didn't expect. But since the population is... the vast majority of the population is behind us, I think it will happen.

M. Spector (Dan) : Do you think other provincial parties in other provinces even could see your example and be like : Maybe we could do that?

M. St-Pierre Plamondon : Oh! I get videos, people writing or making videos in British Columbia, Ontario, Alberta saying : It's very important, Paul St-Pierre Plamondon. So... And we might... We'll see how it resonates around the world, but we know that many countries are really taking a different perspective on population dominating others from a military, political and financial standpoint. This is not an acceptable order. And so, I think many people around the world will ask themselves : Where are we at in terms of democracy and what can be done to improve democracy?

M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Je veux juste rebondir là-dessus en français. Donc, vous espérez que ça ait une influence ou un impact à travers la planète sur les anciennes colonies britanniques?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, ce n'est pas que je l'espère, c'est que je le constate. Je sais que le débat qu'on a en ce moment, il est entendu et il a lieu dans plein d'autres pays dans le monde qui s'interrogent sur la validité qu'on peut donner à des peuples qui en dominent d'autres sur le plan militaire, politique et économique. Et récemment, c'étaient les Bermudes qui ont décidé...

M. Bérubé : Barbade.

M. St-Pierre Plamondon : Les Barbades, excusez. Les Barbades ont décidé de juste sortir de la monarchie. L'Australie, le débat existe. Et donc je fais juste constater qu'on n'est pas le seul endroit dans le monde à se dire : Ce n'est pas normal de prêter allégeance à une couronne étrangère. Puis c'est important que, quand on a des gens élus pour protéger puis représenter les intérêts de leur peuple, ils ne soient pas pris dans un conflit d'intérêts avec d'autres intérêts étrangers. C'est contre le principe démocratique. Notre discussion ici, elle est très similaire à ce qui se passe ailleurs dans le monde.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 12 h 14)