(Treize heures six minutes)
Mme Labrie : Bonjour, tout le
monde. Je suis accompagnée aujourd'hui de mon collègue Alexandre Leduc,
porte-parole de Québec solidaire en matière de travail, de David Clément,
président du SCFP-5454 et de Sarah Nassar.
On est ici aujourd'hui parce que ça fait
six mois que des employés des succursales de SQDC sont en grève, et l'écart de
salaire entre ces employés et ceux de la SAQ, à mon avis, il est absolument
injustifiable. Si vous demandez à n'importe quel citoyen du Québec, il va vous
dire que c'est surprenant de voir un écart comme ça. Puis, même, il va être surpris
d'apprendre qu'il y en a un, écart, parce que la plupart des gens prennent pour
acquis que, quand tu travailles pour une société d'État, bon, bien, tu devrais
avoir un salaire équivalent que tu vendes de l'alcool ou des produits du
cannabis.
C'est d'autant plus déplorable comme écart
que les employés de la SQDC, ils ont une mission vraiment de sensibilisation,
de prévention. Ça prend des compétences particulières. C'est la mission qu'on
leur a donnée, ici, comme législateurs. Si on veut des gens compétents,
qualifiés pour faire ça, bien, il faut les payer décemment.
Et là, en ce moment, bien, la grève, elle
dure des mois, et, pendant ce temps-là, ce qu'on voit, malheureusement, c'est
que les gens se tournent vers le marché noir. Et ça, ça m'inquiète énormément.
On a besoin que le gouvernement comprenne, là, que, pendant qu'il décide de ne
pas régler ce conflit-là, on a des consommateurs au Québec qui se mettent
peut-être en danger, qui consomment des produits de moins bonne qualité, qui se
tournent vers le marché noir parce qu'il y a des succursales qui sont fermées,
il y a des heures d'ouverture qui sont réduites. Et ça, les clients, même, le
disent aux gens sur les piquets de grève, que c'est la solution qu'ils ont
trouvée. Moi, ça m'inquiète énormément.
J'invite le gouvernement à s'inquiéter de
ça aussi, parce que l'objectif de la création de la SQDC, c'était vraiment d'assurer
l'accès à des produits de qualité pour les citoyens. On a un problème en ce
moment. Donc, j'aimerais que le gouvernement se rappelle que c'était ça, l'objectif,
et qu'en ce moment il y contrevient en laissant perdurer le conflit. Donc, je
cède la parole à David Clément.
M. Clément (David) : Bonjour.
David Clément, président du syndicat des employés de la SQDC. Un gros merci à
Christine, à Alexandre pour l'invitation. On tenait à tenir un discours à l'Assemblée
nationale parce que, comme salariés de l'État, on ne sent pas qu'on est des
salariés de l'État aux yeux du gouvernement actuellement. On est une des
sociétés d'État le moins bien payé, avec, comme il a été dit, une mission
sociale particulière.
On a vu aussi M. Legault qui parlait
qu'il voulait gouverner aux résultats. On a des belles preuves, actuellement,
de ce que laisser le conflit aller pendant plus de six mois donne. C'est-à-dire
que, dans le dernier rapport financier de la SQDC, on voyait que, pour une des
premières fois, les ventes avaient diminué. Pour nous, c'est un signe évident
que ces clients-là et ces clientes-là retournent vers le marché noir. Donc,
oui, il y a le côté mission sociale, où je vais laisser ma collègue pouvoir en
parler plus longuement tantôt, mais il y a le côté économique. La job qu'on
fait comme conseiller, conseillère en cannabis, oui, c'est de donner des conseils
qui visent la réduction des méfaits, mais c'est aussi d'aller capter le marché
noir pour ramener des taxes dans le fonds consolidé du Québec. On a vu qu'avec
six mois de grève, bien, ça stagne, et on voit, dans le prochain rapport des
résultats, que ça va possiblement diminuer.
On lance donc un appel plein et entier au
gouvernement, particulièrement à Mme Sonia LeBel. On est très proches de
pouvoir régler. Je le dirais comme ça, on est à une goutte d'eau dans l'océan
budgétaire du gouvernement du Québec de pouvoir en arriver à une entente. Nos
membres veulent continuer leur mission, nos membres veulent retourner
travailler, mais ils ne veulent plus et ils ne vont pas accepter de continuer d'être
les salariés de l'État les moins bien payés dans des sociétés d'État.
Mme Nassar (Sarah) : Bonjour.
Mon nom est Sarah Nassar. Je suis la vice-présidente au SCFP-5454 pour les
sociétés québécoises du cannabis. Donc, oui, ça fait plus que six mois qu'on
essaie de signifier à l'employeur sur tous les tons que choisir de travailler à
la SQDC, c'est choisir une situation difficile, c'est demeurer dans une
permanente précarité financière. On doit voir une révision des salaires à la
hausse, parce que, pour la plupart d'entre nous, ça signifie renoncer à la possibilité
d'être un jour propriétaire, de devoir peut-être faire vivre moins décemment sa
famille. On n'a pas de possibilité d'économiser pour le futur. Et puis, pour
les étudiants qui sont des temps partiels à la SQDC, c'est difficile de
poursuivre ses études sans encourir des dettes faramineuses sur le long terme.
Donc, on réclame notre juste part. Le but, c'est d'obtenir la stricte nécessité,
d'être rémunéré pour arrêter de survivre et pouvoir commencer à vivre, pouvoir
commencer une carrière à la SQDC, évoluer avec notre mission sociale.
La mission sociale, elle est très
gratifiante au jour le jour. On a un bon contact avec notre clientèle, on fait
de la prévention des méfaits, mais on devient un petit peu les confidents de
ces gens-là puis on manque énormément de ressources pour venir en aide à ces
personnes-là. Puis, sur le long terme, malheureusement, il va y avoir une
mouvance au niveau des salariés qui vont quitter la SQDC, puis ça va se
répercuter directement sur la qualité du service client.
Donc, comme mon collègue le disait, on le
sent, là, il y a des dommages collatéraux de ce conflit de travail là : les
gens retournent sur le marché noir, la clientèle a une grosse perte de
confiance dans l'institution qu'est la SQDC. Puis il y a vraiment une grosse
incompréhension au niveau du fait qu'on n'est pas capables d'avoir un salaire
comparable aux autres sociétés d'État pour qu'on soit pris au sérieux. Tu sais,
cette mission sociale là, c'est vraiment un... c'est un beau projet, c'est
vraiment un beau projet, mais il va falloir que la SQDC, l'État nous montrent
le respect qu'on mérite, parce qu'on est des employés qualifiés qui veulent
évoluer avec la mission puis protéger le consommateur. Donc, je vais céder la
parole à Alexandre Leduc. Merci.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Moi, j'ai été faire un tour sur les lignes de piquetage au mois de juin. J'ai
rencontré des gens motivés, des gens animés d'un désir de servir le public, des
gens passionnés. On a passé le mot à l'intérieur du caucus. Plusieurs autres
collègues sont allés faire des tours. Christine est allée, je sais qu'Alejandra
est allée aussi, Sol est allé aussi dans la région de Québec. Donc, le caucus
solidaire est présent sur le terrain, et c'est important pour nous aujourd'hui
de relayer le message auprès du gouvernement, en particulier auprès de Sonia
LeBel, de dire qu'il faut prendre soin de son monde.
Hier, le discours du premier ministre le
disait. Il saluait tous les gens qui travaillent dans le secteur public du
Québec. Bien là, il faut être conséquents, il faut passer de la parole aux
actes. Six mois de grève pour des revendications de base, ça n'a pas de bon
sens. C'est Noël qui s'en vient, il fait froid dehors. Alors là, on appelle
vraiment, là, au sens des responsabilités du gouvernement. Je sais qu'il y a
des gens, probablement, du cabinet de Mme LeBel qui nous écoutent en
direct en ce moment. David et Sarah sont ici, dans la bâtisse, pour encore
quelques heures. La manifestation est encore devant le Parlement pour le
restant de la journée, pour le restant de l'après-midi, je suis bien convaincu.
Alors, il est toujours possible, là, de se rencontrer, de s'asseoir avec Mme LeBel,
ou pour le moins avec quelqu'un de son cabinet, et faire débloquer enfin ce
conflit qui dure depuis trop longtemps. Alors, solidarité, puis ne lâchez pas.
Est-ce qu'il y a des questions? Un mot de la fin, Christine?
Mme Labrie : Ça va.
M. Leduc : Ça va? Tout va
bien. Bonne journée, tout le monde.
(Fin de la séance à 13 h 14)