To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Conférence de presse de M. Philippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et de Myrlande Pierre, vice-présidente responsable du mandat Charte de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Conférence de presse de M. Philippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et de Myrlande Pierre, vice-présidente responsable du mandat Charte de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

Bilan de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse dans le cadre du dépôt de l’édition 2021-2022 de son Rapport d’activités et de gestion

Version finale

Friday, December 2, 2022, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures cinq minutes)

M. Tessier (Philippe-André) : Merci beaucoup, et merci de vous joindre à nous. Votre présence est appréciée. C'est un plaisir de se retrouver en personne après deux années de conférences de presse à distance. Je suis accompagné de Mme Myrlande Pierre, qui est vice-présidente de la commission, responsable du mandat charte et de la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi dans les organismes publics. Mme Suzanne Arpin, vice-présidente responsable du mandat jeunesse ne peut malheureusement être présente aujourd'hui pour des raisons hors de son contrôle. Je tiens néanmoins à souligner son importante contribution au travail de la commission. Pour aujourd'hui, Mme Pierre et moi répondrons donc à vos questions qui concerneraient le volet jeunesse.

Nous allons vous résumer les faits saillants de notre rapport d'activité et de gestion 2021-2022, déposé plus tôt ce matin, qui couvre donc cette période. Nous allons d'abord aborder nos quatre grands mandats, et vous pourrez constater l'immense travail accompli par toutes nos équipes pour la protection des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Nous traiterons ensuite du volet de promotion et de défense des droits en mettant l'accent sur deux questions interreliées qui nous préoccupent énormément, la question du racisme systémique et le profilage racial.

J'aimerais débuter en remerciant les élèves de l'école primaire au Pied-de-la-Montagne de Montréal pour avoir illustré notre rapport avec leur merveilleux dessin. J'exhibe ici une copie du rapport imprimé. Nous avons prévenu ces enfants et leurs parents que notre rapport allait être remis ce matin par la commission à la présidente de l'Assemblée nationale pour dépôt et que nous allions le présenter lors d'une conférence de presse retransmise sur le site Web de l'Assemblée nationale. Il est donc possible que quelques-uns d'entre eux et d'entre elles nous regardent actuellement. Nous les saluons. En feuilletant notre rapport, vous constaterez que la nouvelle génération a énormément de talent et qu'elle est très éveillée en ce qui concerne la revendication de ses droits. C'est là une excellente nouvelle pour le Québec.

Pour revenir à notre bilan, certains enjeux d'actualité ont marqué l'année 2021-2022 dans un contexte sanitaire qui a généré un nombre record d'appels et de demandes d'information en lien avec les droits et libertés en temps de pandémie. La question du racisme et du profilage racial a également été centrale dans nos actions au cours de cette année. En protection des droits de la jeunesse, nous avons ouvert un nombre record d'enquêtes de notre propre initiative, souvent après avoir été alerté par les médias de situations de lésions au droit potentielles. Afin d'aller plus en détail, nous allons à l'instant vous présenter et vous chiffrer les quatre grands mandats de la commission. Je passe maintenant la parole à ma collègue.

Mme Pierre (Myrlande) : Alors, merci, cher collègue. Bonjour à toutes et à tous. Alors, un premier mandat consiste à protéger les personnes contre la discrimination et le harcèlement. Dans le cadre que nous fournit la Charte des droits et libertés de la personne, nous avons reçu près de 2 300 demandes et ouvert 548 dossiers d'enquête entre le 1er avril 2021 et le 31 mars 2022. Alors, comme pour les années précédentes, le principal motif de discrimination dans les dossiers ouverts par la commission est le handicap, suivi du motif race, couleur, origine ethnique ou nationale. À eux seuls, ces motifs représentent plus des deux tiers des enquêtes ouvertes par la commission dans les secteurs du travail, du logement, des actes juridiques et de l'accès aux transports et aux lieux publics.

La discrimination pour le motif handicap se manifeste sous diverses formes, comme l'exclusion d'enfants dans des camps de jour, le refus de service à cause d'un chien d'assistance ou des questions interdites sur la condition médicale en contexte d'embauche. La discrimination basée sur la race, couleur, origine ethnique ou nationale se manifeste quant à elle surtout dans le domaine de l'emploi, le profilage racial et les propos racistes. Nous reviendrons par ailleurs sur ce point un peu plus tard.

Concernant le temps de traitement des dossiers de discrimination ou de harcèlement, la commission s'est fixé comme objectif d'en arriver à faire connaître sa décision à la personne plaignante dans un délai de 15 mois suivant le dépôt de la plainte. Alors, pour donner un portrait plus juste, des délais réels pour traiter nos dossiers, nous avons revu la façon de présenter les données. Ainsi, nous calculons maintenant la durée de traitement de tous les dossiers à partir de la réception de la plainte jusqu'à la fermeture du dossier. Auparavant, ce calcul comprenait uniquement les dossiers qui se rendaient, donc, à l'étape de l'enquête. Ce délai moyen était de 17 mois en 2021‑2022, soit le même que l'année précédente. Pourtant, certains dossiers se règlent à l'étape de l'évaluation ou de la médiation et sont ainsi fermés, à la satisfaction de la personne plaignante, sans se rendre à l'étape de l'enquête. En 2021‑2022, le délai moyen de l'ensemble de tous les dossiers de plaintes ouvertes à la commission était donc de 8,6 mois. Alors, je cède encore la parole à mon collègue ici.

M. Tessier (Philippe-André) : Merci. Alors, dans le cadre de son mandat de protection des droits de l'enfant, la commission a ouvert 249 dossiers d'enquête. Sur ce nombre, 42 étaient des enquêtes de notre propre initiative, le triple de l'année précédente. La commission est de plus en plus proactive dans ses décisions de mener une enquête, parfois après avoir été alertée par les médias, comme je le disais, d'une situation problématique réclamant lumière et action.

Durant la période couverte par notre rapport d'activité, nous avons traité et fermé 258 dossiers d'enquête. Pourquoi ferme-t-on un dossier d'enquête en jeunesse? D'abord, dans la moitié des cas, parce qu'après enquête nous avons conclu à l'absence de preuve de lésion de droit. Ensuite, dans un peu moins de la moitié des cas, nous avons fermé le dossier parce que la situation a été corrigée, souvent avec une lettre d'entente pouvant contenir des recommandations de nature systémique.

Je vais d'ailleurs vous donner un exemple de recommandation dans un dossier d'enquête jeunesse. Une adolescente qui vit en famille d'accueil avait un accès limité à ses grands-parents parce qu'il avait été décidé que les visites devaient avoir lieu en présence d'un autre de leurs petits-enfants qui vit dans une autre région. Le comité des enquêtes de la commission a recommandé qu'un calendrier vienne programmer des rencontres individuelles entre l'adolescente et ses grands-parents. La famille d'accueil a également été rencontrée afin de bien expliquer l'importance de préserver le lien unissant l'adolescente aux personnes qui lui sont significatives, ici, en l'occurrence, ses grands-parents.

En mai 2021, nous avons également publié les conclusions de notre enquête sur les enfants inuits hébergés dans des centres de réadaptation qui comptaient de nombreuses recommandations systémiques. C'est pourquoi nous avons conclu notamment à l'absence de scolarisation qualifiante et aux difficultés logistiques et cliniques rattachées à la réintégration des jeunes Inuits dans leur communauté.

En droit de la jeunesse, notre objectif est de traiter une demande d'intervention dans un délai de six mois. Nous y sommes parvenus. Le délai moyen était de quatre mois il y a un an, il est maintenant de trois mois. Nous l'avons donc réduit d'un mois et nous en sommes très fiers.

Notre troisième mandat concerne l'exploitation des personnes âgées ou handicapées et représente 7 % de nos dossiers en droit de la personne. Nous avons reçu 205 demandes ou dénonciations, et, après les avoir traitées, ces demandes se sont transformées en 36 dossiers d'enquête actifs. C'est un mandat aussi important que délicat. Lorsque l'on parle spécifiquement d'exploitation, on parle de personnes qui sont dans des situations de vulnérabilité. Ces personnes dépendent parfois de leurs proches pour gérer leurs dépenses et d'autres fois aussi pour manger, s'habiller et mener leur vie au quotidien. Elles courent le risque d'être exploitées, le plus souvent au niveau économique, malheureusement par des gens desquels elles dépendent. Dans certains cas, nos enquêtes mènent d'ailleurs à des poursuites devant le Tribunal des droits de la personne.

Un exemple. Nous avons remporté une cause exploitation en décembre 2021, il y a donc un an. Le tribunal avait conclu que la fille de la victime a isolé sa mère du reste de sa famille, l'a dépossédée de sa résidence en ayant recours à des stratagèmes et a abusé de sa procuration bancaire ainsi que l'a négligée sur les plans physique et psychologique. Le tribunal a octroyé le plein dommage demandé, soit 595 000 $ pour la perte matérielle, 25 000 $ de dommages moraux et 5 000 $ de dommages punitifs.

L'exploitation est malheureusement une bien triste réalité. Notre mission est de combattre l'exploitation. Nous enquêtons, nous représentons donc les victimes devant un tribunal et nous menons aussi des campagnes de sensibilisation. Nous avons d'ailleurs lancé, à la fin de l'année, la première phase d'une campagne sur la bientraitance envers les aînés, notamment par la diffusion de deux messages radiophoniques à travers le Québec. Ces messages faisaient la promotion de deux gestes très simples de bientraitance envers les personnes âgées vivant en RPA, résidences pour personnes âgées : cogner à la porte avant d'entrer, donc le respect du droit à la vie privée protégé par la Charte, et bien expliquer à la personne les frais qu'on lui charge à chaque mois, soit le droit à l'information qui est aussi un droit prévu à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Nous venons d'ailleurs de lancer, plus tôt cette semaine, la deuxième phase de cette campagne.

Et je recède de la parole à ma collègue.

Mme Pierre (Myrlande) : Merci. Alors, le quatrième mandat de la commission, donc un mandat très important, la commission accompagne et surveille 338 organismes publics dans leurs efforts pour représenter de façon plus équitable cinq groupes historiquement victimes de discrimination en emploi, soit les femmes, les personnes autochtones, les minorités visibles, les minorités ethniques et les personnes handicapées. De ces cinq groupes, tous ont enregistré de légères avancées, sauf les personnes autochtones dont le taux de représentation est demeuré stable à 0,4 % depuis des années.

La commission a innové en publiant le premier d'une série de rapports annuels dédiés à chacun des groupes visés par la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi. Le premier rapport a été consacré aux enjeux que rencontrent les personnes handicapées dans la recherche d'un emploi ou d'une promotion professionnelle. Alors, dans ce premier rapport annuel, nous abordons trois catégories d'obstacles, soit les obstacles physiques, organisationnels et comportementaux. Le prochain rapport qui sera publié prochainement abordera la représentation des minorités visibles dans des organismes publics.

Nous allons maintenant aborder le volet défense et promotion des droits de la personne. Je vous rappelle qu'en vertu de la charte la commission a un mandat d'information et d'éducation destiné à faire comprendre et accepter l'objet et les dispositions de la charte. La commission a continué à être sollicitée pour tous ses mandats, et nous avons atteint un nouveau record sur les médias sociaux avec près de 6,5 millions de visionnements de nos vidéos, une hausse de 227 % par rapport à l'année précédente, ce qui n'est pas rien.

Le nombre de séances d'éducation données a augmenté de 50 % pour la même période. Plus de 5 000 personnes ont participé aux 173 séances données par les conseillères et les conseillers de la commission, en plus de toutes les personnes qui ont utilisé les outils d'autoformation. La commission est donc très active dans la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. Le racisme systémique et le profilage racial sont notamment des questions sur lesquelles nous travaillons sans relâche. Ce sont deux sujets interreliés pour lesquels nous possédons une vaste expertise, dont je vais maintenant vous entretenir.

Lors de la dernière année financière, nous avons ouvert 69 dossiers d'enquête pour profilage racial. Et, plus récemment, nous avons accueilli très favorablement la décision historique de la Cour supérieure du Québec qui interdit les interceptions routières sans motif réel. Par ailleurs, la commission collabore avec le ministère de la Sécurité publique, le Commissaire à la déontologie policière et l'École nationale de police du Québec pour offrir, dès l'an prochain, une formation aux corps policiers du Québec. Alors, cette formation vise à contrer le racisme et le profilage racial et social en prenant en compte le cadre légal de la charte. Alors, nous nous sommes associés à des partenaires qui connaissent la réalité concrète du travail des policiers et des policières pour assurer une meilleure représentation et intégration des besoins, des préoccupations et des réalités policières, donc, au cursus. Donc, il s'agit vraiment des partenaires clés, et c'est historique, cette entente de collaboration avec ces organismes.

La lutte contre le racisme est l'une des priorités de la commission. Notre formation sur le racisme, vu sous l'angle des droits de la personne, est d'ailleurs notre plus populaire. Nous l'avons donnée à 41 reprises durant la dernière année. Nous l'avons, entre autres, dispensée à plus de 375 gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux. Ce qui, nous l'espérons, signifie qu'un nombre croissant de Québécoises et de Québécois prennent conscience que les biais et les stéréotypes peuvent provoquer des situations discriminatoires.

La commission mène sa lutte contre le racisme de plusieurs manières, entre autres par la formation et des campagnes de sensibilisation, mais également par des travaux de recherche qui permettent de faire avancer le débat social et la réflexion. Alors, durant l'exercice financier 2021‑2022, nous avons publié un cadre de réflexion sur la notion de racisme systémique, un terme qui s'est imposé à la fin de la précédente décennie. Alors, si la commission reconnaît et dénonce le racisme systémique, il nous apparaissait nécessaire de chercher à préciser ce que signifie ce concept, dans la mesure où il est demeuré peu ou inadéquatement défini, afin qu'il soit mieux compris. Bien comprendre et circonscrire un phénomène représente un préalable aux yeux de la commission, un préalable incontournable pour s'y attaquer efficacement. Le document de réflexion que nous avons rédigé ne prétend pas mettre un terme à la discussion publique, mais plutôt fournir des éléments de définition associés à cette notion.

Alors, notre service de recherche a analysé 55 projets de loi pour évaluer leur conformité à la charte et recommander, au besoin, des modifications ou ajouts, dont certains touchent la problématique du racisme. Par exemple, la commission a produit un mémoire sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire, qui recommande, entre autres, d'inclure une formation antiraciste et interculturelle pour les personnes en situation d'autorité, de tenir compte du fait que l'accès à l'université, pour les peuples autochtones, est toujours marqué par le contexte colonial et que les groupes spécifiques, comme les personnes des communautés noires, rencontrent encore, malheureusement, des obstacles. Il est important de souligner que les institutions sont encore traversées par des rapports de pouvoir inégalitaires et des rapports d'oppression multiples.

M. Tessier (Philippe-André) : Maintenant, laissez-moi conclure en vous parlant d'une de nos grandes activités annuelles qu'est la remise du prix Droits et Libertés. Il y a un an, en plein contexte pandémique, que vous connaissez bien, nous avons remis le prix, de façon exceptionnelle, à l'ensemble des travailleuses et des travailleurs de la santé pour leur courage, leur engagement et leurs efforts essentiels pour sauvegarder notre droit à la vie, à la santé, à la dignité, qui est, faut-il le rappeler, l'article 1 de notre charte de droits et libertés. Car ce sont bel et bien ces personnes, ces travailleuses et ces travailleurs de la santé, qui ont porté ces droits sur leurs épaules au plus fort de la crise et qui continuent à le faire. Au-delà des soins, ces personnes sont engagées pour notre dignité et notre humanité.

J'en profite pour souligner que la cérémonie du prix Droits et Libertés de cette année aura lieu la semaine prochaine et portera sur un autre sujet d'actualité, l'environnement. Sous le thème Notre planète, nos droits, le prix vise à promouvoir le droit de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité, soit l'article 46.1, encore une fois, de notre charte.

Pour ce qui est de notre volet judiciaire, une décision qui a fait grand bruit dans la dernière année est bien entendu celle de la Cour suprême du Canada dans le dossier opposant M. Mike Ward à la commission et à M. Jérémy Gabriel, qui a été rendue publique en octobre 2021. Comme vous le savez, le plus haut tribunal du pays a accueilli l'appel de M. Ward, une majorité des juges affirmant que la commission et le Tribunal des droits de la personne interprétaient trop largement la notion de dignité énoncée à l'article 4 de la charte. Nous avons analysé rigoureusement le jugement pour conclure à la nécessité de recentrer le traitement des plaintes liées aux propos allégués comme discriminatoires. Cet arrêt nous a donc forcés à fermer certains dossiers en cours de traitement. Nous avons pris le temps d'informer chacune des personnes plaignantes touchées par ce type de dossier.

Depuis cette décision, nous avons reçu 189 plaintes pour des propos jugés discriminatoires. Nous n'observons pas de baisse du nombre de plaintes de cette catégorie. Et nous avons dû fermer, jusqu'à maintenant, 194 dossiers de propos des suites de cet arrêt de la Cour suprême. Il est très important de souligner que 73 % de ces dossiers concernent les motifs race, couleur, origine ethnique ou nationale, soit des propos racistes. Pour nous, de tels propos demeurent totalement inacceptables, bien que nous ne puissions plus faire légalement enquête dans plusieurs de ces cas.

Toujours en ce qui concerne le volet judiciaire, nous avons gagné un jugement en Cour d'appel dans lequel nous représentions les étudiants embauchés par l'Aluminerie de Bécancour. Le Tribunal des droits de la personne avait estimé que les étudiants font un travail équivalent à ceux des employés occasionnels ou réguliers, alors qu'ils recevaient un salaire moindre. Dans un jugement unanime, la Cour d'appel a conclu qu'ABI a discriminé les étudiants qui travaillaient pour elle, en raison de leur condition sociale et de leur âge, en leur offrant un salaire moindre pour un travail équivalent. En conséquence, ABI devra compenser les pertes salariales subies par les étudiants en raison de la discrimination qu'ils ont subie. ABI devra également payer 1 000 $ à chaque étudiant à titre de dommages moraux. Et, au moment du procès, 157 étudiants avaient déposé une plainte et auront droit à une réparation pécuniaire. Le montant total est estimé entre 1 million de dollars et 2,5 millions de dollars.

Voilà donc un aperçu de tout le travail que nous faisons afin de promouvoir et défendre les droits de toutes les personnes qui se trouvent au Québec. Avant de passer à la période des questions, et dernier petit point, nous ne pourrions pas faire le bilan de cette année sans mentionner l'octroi, en décembre 2021, d'un important budget supplémentaire pour les cinq prochaines années qui reconnaît notre expertise et notre rôle comme institution clé dans la défense et la promotion des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Cet ajout de ressources financières nous permettra notamment de poursuivre notre lutte contre la discrimination et le racisme avec plus d'efficacité, de continuer à travailler à la réduction de nos délais ainsi que de réaliser notre stratégie de régionalisation. Je vous remercie. Et nous sommes maintenant prêts pour vos questions.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Et nous allons procéder, donc, à la période de questions, avec une question et une sous-question. Là, on n'est pas nombreux aujourd'hui, donc on fera plusieurs tours si nécessaire. On commence aujourd'hui avec Kim Vermette de Radio-Canada.

Mme Vermette (Kim) : Bonjour à vous. J'aimerais ça revenir sur le point... justement, l'affaire Ward-Gabriel. Selon vous, tu sais, est-ce qu'on pourrait dire que c'est comme un recul, là, pour les droits de la personne, si ça vous a forcé à fermer plusieurs dossiers?

M. Tessier (Philippe-André) : Il s'agit ici, évidemment, d'un dossier qui a été décidé par la plus haute cour du pays. Et vous comprenez que, comme commission des droits, dans un État de droit, on se doit de respecter les décisions finales et sans appel de cette cour. Cela dit, effectivement, l'interprétation qui a été apportée par la majorité de la Cour suprême vient limiter les recours possibles pour les citoyens, les citoyennes du Québec qui sont sujets, comme je le disais, dans presque les trois quarts des dossiers dont on avait connaissance, qui étaient des propos racistes. Donc, c'est sûr et certain que ces dossiers-là, auparavant, ils pouvaient faire l'objet d'une enquête de la commission, et, ultimement, d'une décision du tribunal. Il y en a d'ailleurs plusieurs que vous pouvez vous-mêmes aller chercher sur les sites des jugements des tribunaux du Québec. Mais évidemment ces cas là, maintenant, ne sont plus rouverts. Et puis ça, bien, effectivement, ça a des conséquences humaines pour les personnes victimes de ce genre de propos là, de ne plus avoir accès à ce recours-là, et on s'en désole.

Mme Vermette (Kim) : Ensuite, sur les enquêtes ouvertes, là, dans les dossiers jeunesse, trois fois plus d'enquêtes ouvertes de votre propre initiative, est-ce que c'est par prudence? Est-ce que c'est, par exemple, avec l'histoire de la petite fille de Granby qu'on a vue? Qu'est-ce qui fait que vous ouvrez plus d'enquêtes maintenant?

M. Tessier (Philippe-André) : Bien, je pense qu'il y a effectivement peut-être une plus grande sensibilité sociale. Il y a beaucoup de choses qu'on voit aussi rapportées de la part de plusieurs citoyens, et c'est une bonne chose. Une de nos inquiétudes pendant la pandémie, c'était le fait que, justement, il y avait un... pas l'année dernière mais l'année d'avant, donc la première année de la pandémie, il y avait eu une légère baisse. Quand on était à notre rapport annuel l'année dernière, on s'était un peu inquiétés de cette légère baisse là. On a vu une remontée. Donc, ce qu'on se dit, c'est que les gens qui voient des situations alertent, dénoncent. Évidemment, ça permet à une commission comme nous d'agir lorsqu'on est face à ces genres de signalements là, et ça, c'est une bonne chose.

Maintenant, est-ce que, oui, aussi comme institution, nous, on a pris certains engagements? Oui, tout à fait. On a adopté une planification stratégique, on a adopté des orientations en matière jeunesse, on a eu des budgets supplémentaires. Donc, oui, effectivement, on déploie des enquêtrices qui peuvent elles aussi se déplacer et faire des constats, et, dans certains cas, constater des lésions de droit, dans certains cas, ne pas constater de lésion de droit. Puis aussi, d'un point de vue communication publique, ce qu'on souhaite faire également, et c'est ce qu'on a fait dans la dernière année, c'est également publier des communiqués plus fréquents pour interpeler les médias sur aussi l'impact de ces divulgations-là.

Le Modérateur : Gabriel Côté, QMI.

M. Côté (Gabriel) : À propos des interceptions aléatoires, donc, vous avez dit que vous saluez la décision de la Cour supérieure de mettre fin aux interceptions au hasard des automobilistes. La semaine dernière, je ne me trompe pas, vous avez envoyé un communiqué quand le gouvernement a dit qu'il allait en appel de la décision. Vous aviez dit que vous alliez prendre connaissance de la décision puis réagir plus tard. Donc, est-ce que vous êtes prêt à réagir aujourd'hui? Qu'est-ce que vous pensez de la décision du gouvernement d'aller en appel?

Mme Pierre (Myrlande) : Écoutez, oui, comme nous l'avions mentionné la semaine dernière ou il y a deux semaines, c'est vraiment... on va prendre vraiment le temps d'analyser attentivement le contenu de la requête en appel, bon, qui vient, en fait, d'être déposé par le gouvernement, là, afin d'évaluer quelle implication concrète que va ou que pourrait avoir la commission dans ce contexte-là. Puis, bien entendu, on maintient le fait que le jugement de la Cour supérieure, sous la plume du juge Yergeau, va vraiment dans le sens de plusieurs recommandations phares par ailleurs formulées par la commission par le passé.

Donc... Et on pense qu'effectivement c'était un levier complémentaire, là, pour lutter contre le phénomène du profilage racial, comme il y a d'autres leviers. Et effectivement je parlais, tout à l'heure, de formation qui prend en compte le cadre de la charte et qui nomme le profilage racial tout comme la question du racisme. C'est aussi un levier, à notre point de vue, qui va participer, disons, à éliminer, à contrer le profilage racial dans notre société dont sont victimes, comme vous le savez, hein, des personnes racisées, des jeunes racisées, des jeunes des communautés noires, qui, par ailleurs, sont susceptibles d'être quatre fois à cinq fois susceptibles d'être interpelés par, voilà, une interpellation sans motif réel. Donc, on maintient le fait que ce jugement de la Cour supérieure était historique.

M. Côté (Gabriel) : Donc, l'argument du gouvernement voulant qu'il faut laisser les policiers faire leur travail, que les interpellations au hasard permettent d'arrêter des gens qui prennent de l'alcool au volant, puis tout ça, ça ne vous convainc pas?

M. Tessier (Philippe-André) : Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en aucun cas est-ce que la commission ou les jugements du Tribunal des droits de la personne, ou de la Cour d'appel, ou même de la Cour suprême qui reconnaissent les notions de profilage racial ne viennent prendre appui ou visent à empêcher qui que ce soit de faire son travail pour intercepter des automobilistes, effectivement, dans le cadre de barrages routiers pour l'alcool au volant ou des gens qui commettent des infractions au Code de la sécurité routière. Il n'est absolument pas question, il ne sera jamais question et ce n'est absolument pas les positions de personne... Et effectivement, ce n'est pas du tout ce qui est dans le jugement du juge Yergeau, si vous le lisez attentivement. Il précise de façon très correcte qu'il ne s'agit ici pas d'empêcher le travail mais bel et bien de mettre fin à un phénomène discriminatoire qu'est le profilage racial.

Maintenant, la question c'est, et je pense que tout le monde s'entend là-dessus : Comment on met fin à ce phénomène-là délétère pour les droits des citoyens et des citoyennes, particulièrement, comme disait ma collègue, des communautés noires. Donc, comment on y met fin? Bien, c'est sûr et certain que, si on constate qu'il y a des façons de faire, des pratiques qui entraînent de façon disproportionnée du profilage, il faut se poser la question : Est-ce que cette pratique-là, elle est utile? Est-ce que c'est la meilleure pratique? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres façons de faire pour éviter, justement, ces comportements discriminatoires là que personne ne souhaite?

Mme Pierre (Myrlande) : Et je rajouterais, au fond, lorsqu'on lit le jugement de la Cour supérieure du juge Yergeau, qui s'appuie, hein, qui s'appuie sur des données probantes, qui s'appuient sur des faits, qui s'appuie sur des opinions d'experts et aussi le témoignage des personnes qui ont été victimes, clairement d'ailleurs que la commission a accompagné dans leurs plaintes, donc le jugement s'appuie aussi, là, sur des témoignages, donc des faits, des données probantes. Alors, ça, je pense que c'est important à souligner.

M. Tessier (Philippe-André) : Cela dit, évidemment le dossier est devant la cour d'appel et, bon, on s'exprimera pour la suite des choses en respectant cette autorité.

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

M. Bourassa (Simon) : Bonjour, Mme Pierre, M. Tessier. Concernant... toujours dans ce même dossier, vous dites être en mesure de donner de la formation, là, aux différents corps de police sur, entre autres, le profilage racial. Comment c'est reçu par les corps policiers quand vous arrivez avec ces éléments de formation? Est-ce que vous êtes bien accueillis? Est-ce qu'il y a de la résistance? Comment ça se passe?

Mme Pierre (Myrlande) : D'accord. Bien, c'est une excellente question. Merci de la poser. En fait, même dans l'approche même, cette entente avec le ministère de la Sécurité publique ainsi que les deux autres partenaires, soit le Commissaire à la déontologie policière et l'École nationale de police du Québec, ce qui a été fait, il y a eu une présentation à tous les corps décisionnels des corps de police, c'est-à-dire de premier et de deuxième niveau à travers le Québec. Donc, on les a réunis dans le cadre d'une réunion. Bon, c'était pendant la pandémie. Ça se passait en virtuel, mais les chefs de police étaient présents. On a présenté les thématiques et les objectifs visés par la formation, donc, justement, pour avoir cette espèce de... pas l'aval, mais que les gens se sentent aussi partie prenante. Il y a une responsabilité qui revient aux chefs des corps de police, et puis cette formation aussi, hein, c'est aussi d'amener un cadre plus uniforme, c'est-à-dire qui va aborder les thématiques clés pour lutter contre le profilage racial et avoir vraiment une approche qui va permettre à l'ensemble des corps de police, non seulement de nommer le phénomène, soit du racisme et du profilage racial, mais également au cœur de cette formation. Et ça, pour la commission, c'était fondamental que le cadre de la charte soit pris en compte, donc le respect des droits de la personne dans les pratiques policières.

M. Bourassa (Simon) : Donc, c'est bien accueilli par les policiers?

Mme Pierre (Myrlande) : Oui, il y a un consensus sur les thématiques. Bien sûr, on va voir dans la mise en œuvre, puis, par ailleurs, dans la mise en œuvre, on va s'assurer aussi d'avoir une évaluation pour s'assurer soit d'ajuster la formation en cours de route, mais s'assurer aussi de l'impact de la formation sur la formation continue des policiers. C'était bien accueilli. Les personnes, lors de la réunion, les chefs de police ont eu l'occasion aussi de se prononcer. Et moi, je vous dirais : Je suis sortie satisfaite, là, de cette rencontre-là parce qu'on avait quand même une espèce de... On voulait aussi que les chefs de police soient partie prenante dans le sens, tu sais, ça prend un leadership de votre part et, dans cette démarche-là, vous êtes aussi des parties prenantes.

M. Bourassa (Simon) : Concernant les dossiers d'enquête ouverts, là, selon, bon, le motif de discrimination, handicap ou race, couleur, origine ethnique ou nationale, on voit que c'est encore des pourcentages qui sont très, très élevés. Il y a encore beaucoup de dossiers ouverts pour ces motifs de discrimination. Puis on voit que ça stagne, là, depuis 2019-2020 ou même, dans certains cas, c'est en légère augmentation. Qu'est-ce qu'on en conclut? Qu'est-ce que ça dit sur notre société, là?

M. Tessier (Philippe-André) : Bien, écoutez, comme on vous l'a dit, puis vous le soulignez, de façon historique, ce n'est pas exclusif à ce rapport d'activité de gestion cette année, les motifs handicap et les motifs cousins, là, donc race, origine ethnique, nationale et couleur sont trois motifs qu'on associe étroitement ensemble. Donc, la lutte contre la discrimination envers les personnes handicapées et le racisme, ce sont les deux principaux champs d'action en matière de discrimination de harcèlement de la commission. Et ça, c'est vrai, vous pouvez regarder les rapports annuels précédents, année après année. Évidemment, ce sont... et puis ma collègue y a fait référence, lorsqu'on parle des groupes historiquement discriminés, bien, évidemment, vous le savez, il y a une loi, on y a fait référence, Loi sur l'accès à l'égalité, et on parle évidemment des personnes en situation de handicap. Il y a même une loi visant à assurer l'exercice des personnes en situation de handicap, qui existe depuis 1979, au Québec, de façon concomitante à l'adoption de la charte en 1975. On a aussi plusieurs politiques publiques et actions en matière de lutte contre le racisme.       Ce sont deux thématiques qui font en sorte que c'est dans... L'objectif de la charte étant d'assurer un vivre-ensemble en égalité réelle, bien, c'est sûr et certain que les personnes en situation de handicap puis les personnes racisées sont ultimement les personnes qui sont le plus souvent sujettes à des situations de discrimination, malheureusement. Et ça, c'est vrai depuis de nombreuses années.

M. Bourassa (Simon) : Est-ce que c'est juste de dire que ça ne s'améliore pas?

Mme Pierre (Myrlande) : Bien, moi, je dirais, ce sont des phénomènes complexes. Tu sais, si je prends, par exemple, la question du racisme, bon, du profilage racial qui en est une déclinaison, le profilage racial, je vous dirais qu'il faut vraiment qu'on travaille sur la source même, tu sais, du phénomène, puis travailler à la source, c'est-à-dire qu'on travaille à lutter contre le phénomène sous toutes ses formes. Puis, bon, la commission a clairement pris position sur le caractère systémique du phénomène, parce que le caractère systémique… Effectivement, tant pour les personnes handicapées, plus on va à la source d'un problème, et, lorsqu'on arrive à nommer un phénomène, c'est déjà une réponse.

Donc, ça nous apparaît... En fait, qu'est-ce que ça nous dit sur notre société? C'est qu'on doit collectivement continuer à travailler sur les phénomènes discriminatoires qui ont un impact sur des populations, que ce soient les personnes en situation de handicap, que ce soient les personnes racisées ou les personnes des minorités visibles. Les plaintes que nous recevons à la commission, moi, je vous dirais que c'est un indicateur et ce n'est que la pointe de l'iceberg. Combien de personnes vivent des situations de racisme ou des situations de discrimination, qui ne portent pas nécessairement plainte? Donc, voilà, c'est une responsabilité collective. Et puis, de par le mandat de la commission, bien, nous, on va jouer notre rôle, on va continuer à le jouer.

M. Tessier (Philippe-André) : Oui, tout à fait, bien, c'est ça. Par rapport à votre question directement, ce n'est pas possible ici de dire que la situation, elle est pire ou elle est moins pire. La situation, elle évolue dans le temps en fonction aussi de certaines données. Par exemple, la situation actuelle au Québec fait en sorte qu'on a des problématiques qui sont liées aussi à des changements démographiques. Par exemple, nous, les situations aussi d'exploitation de personnes âgées, on voit aussi une recrudescence, parce que les personnes âgées vivent plus vieilles, sont aussi avec des moyens plus importants qu'il y a, ça, 40 ans. Donc, disons que l'analyse un peu plus complexe, plus fine ferait en sorte de voir que c'est très difficile de faire ce qualificatif-là.

Ce que je peux vous dire, par exemple, c'est que ces enjeux-là sont vrais pour l'ensemble des sociétés. Il n'y a pas de société qui est exempte de racisme ou qui est exempte de problématiques avec les personnes en situation de handicap. Le Québec n'est pas différent des autres sociétés là-dessus. Et c'est pour ça que le Québec s'est doté, la deuxième juridiction au Canada qui l'a fait, il faut le souligner, sept ans avant l'adoption de la Charte canadienne, on s'est dotés d'une charte québécoise des droits et libertés en 1975.

Et donc ça va faire bientôt 50 ans qu'on a cet instrument-là, parce que, collectivement, on s'est dit que cet idéal-là d'égalité réelle entre les citoyens, c'est quelque chose qui vaut la peine, on l'inscrit dans une loi quasi constitutionnelle, la loi fondamentale du Québec qu'est cette charte. Et, quant à moi, ça témoigne de l'adhésion du Québec puis des Québécoises et des Québécois à ces valeurs fondamentales fortes qui sont contenues dans la charte. Puis, bien, nous, notre travail, comme commission, bien, c'est de venir, à chaque année, vous présenter ce qu'on fait comme travail, depuis près de 50 ans, pour lutter contre ces phénomènes-là.

Le Modérateur : Avant de passer en anglais, on a d'autres questions en français. Gabriel Côté, QMI.

M. Côté (Gabriel) : J'en aurais une dernière, c'est à propos des résultats relatifs aux engagements du plan stratégique 2021-2025. On remarque que les orientations pour les enfants et les jeunes n'ont pas été adoptées, de même que les orientations en matière de protection contre l'exploitation des personnes âgées ou handicapées. Ah! non, celles-là ont été adoptées, c'est les autres, pardon, celles contre le racisme n'ont pas été adoptées non plus. Est-ce qu'on doit s'inquiéter, là, pour la mise en oeuvre? Est-ce que ça va retarder leur mise en oeuvre d'ici 2025?

M. Tessier (Philippe-André) : Bien, je peux vous rassurer, une chose, il ne faut pas oublier, c'est que le rapport annuel, évidemment, compte tenu des élections, c'est le rapport au 31 mars 2022. Alors, ce que je peux vous dire, c'est que les orientations jeunesse sont adoptées, les orientations exploitation sont adoptés et la stratégie de lutte, les orientations stratégiques, sur le racisme sont en voie d'être adoptées également. Donc, quand on va se représenter à vous l'année prochaine, je vous le dis, c'est un scoop, mais ce n'en est pas un, tout ça va être aussi mis de l'avant.

Je vous avoue qu'on a pris aussi, mes collègues et moi… parce que Suzanne Arpin, également, y participe de façon très active, Myrlande Pierre et moi-même, de prendre ces engagements-là publics et de faire en sorte qu'on ait des orientations sur les différents mandats de la commission pour mieux faire comprendre notre rôle, nos actions puis nos responsabilités. Donc, je vous rassure, celles-ci sont adoptées, mais, comme je vous dis, là, aujourd'hui, il fallait qu'on fasse la fiction qu'on était au 31 mars parce que c'est notre rapport annuel d'activités. Mais je vous rassure que ce sont nos priorités puis qu'on y travaille très fort.

Mme Pierre (Myrlande) : Tout à fait. Puis on travaille aussi.... Bon, vous savez, on a différentes équipes au sein de la commission. Donc, on met en place des équipes de travail, des différentes équipes, que ce soit de la recherche, enquête, affaires juridiques, l'éducation, pour aussi, tu sais, que tout le monde s'imprègne de ces orientations et de ces stratégies à mettre en place. Donc, on a l'engagement des employés qui travaillent, hein, vraiment avec acharnement pour qu'il y ait des impacts réels pour les populations visées, donc les populations les plus vulnérables et aussi ceux qui sont victimes de toutes sortes... toutes formes de discriminations, que ce soit sur le motif handicap, mais aussi race, sexe aussi, parce qu'on a aussi des dossiers qui touchent particulièrement les femmes.

On a vu, pendant la pandémie, à quel point la situation a été exacerbée sur la réalité des femmes. Par exemple, dans le domaine de l'emploi, de l'accès à l'égalité en emploi, on se rend compte que, pour les femmes, bon, quoiqu'on observe une certaine progression, mais en ce qui concerne la progression en emploi, c'est-à-dire les femmes qui se retrouvent dans les corps décisionnels, bien, il y a encore un déficit de représentation, pour les métiers traditionnellement masculins également. Donc, il y a tout un travail à faire par les organismes qui sont assujettis à la loi pour s'assurer d'une représentation juste et équitable. Donc, voilà.

Le Modérateur : En anglais maintenant avec Dan Spector, Global News.

M. Spector (Dan) : How do you guys explain the increase in youth protection cases, including this tripling of the amount of cases opened by the agency itself?

M. Tessier (Philippe-André) : Well, thank you for your question. As I said in French, the idea here is that there's a couple of things that happened. Two years ago, during the pandemic, the first part of the pandemic, we had seen a lower number of complaints coming our way because of... and we were worried about that. So, when we did this annual report last year, we talked about that. And we were looking at this year to see if things would be going back to normal, in the sense that there's more reporting because people were in their homes and children were not seen by other parties. Because, more often than not, how these complaints come our way, it's because the children are seen by other people and then these people report these things to us, and then we acknowledge.

The other thing, also, is that there's a lot of media attention also on certain situations, and we highlighted that, this situation. So, we also rely on the excellent work done by the media to… When they are made aware of such complaints, then we have the authority to investigate on our own initiative and to open a file and to look into the matter. We did so, just so, again, very recently. And then, when we do that, we issue a press release and we communicate publicly our finding, obviously without identifying children's names, but when it's a situation involving, for example, a rehabilitation centre, then we talked about that situation itself. So, for us also, it's... We talked about adopting measures, «des orientations jeunesse», so these guidelines, if you want, for the commission and its work. We got additional budget, so we were able to hire more investigators to go on the field and to look at these situations.

So, when you add all these measures together, you get a higher number of files. And, as you also know, if you look at the DYP's report, the number of «signalements» per year has also increased. So, it's kind of normal that we also get an increase in our complaints because there is more — I'm sorry, I'm looking for the English word — «signalement», which is... I don't know...

Yes. Sorry. It's a legal term coined in the...

M. Spector (Dan) : I don't know the exact word.

M. Tessier (Philippe-André) : I'm sorry about that.

M. Spector (Dan) : That's O.K.. And then, on just the 548 number, the cases of discrimination for handicap, race, etc., how do you interpret that number, I mean, and what does it say, I guess, about the state of discrimination in Québec?

M. Tessier (Philippe-André) : So, again, like I said, the important thing is : we have to take a step back and look at what the charter is about. The charter adopted in 1975, so seven years before the Canadian Charter, is a tool that Québec gave itself, fundamental law, quasi constitutional status, to fight against discrimination and harassment in Quebec and to ensure real equality and not just formal equality.

So, this is the work of the commission, now for, soon, 50 years of work, fighting against these discriminations for... the number one field of complain is for handicap persons, second is for racialized persons. So, you know, year after year, we are dealing with these measures because we are the institution that has been mandated to deal with these situations, and we are trying to do so to make sure that the citizens have that real equality and are not discriminated against, so...

And, on the other hand, what we also try to do, as we mentioned today, is : we try to advocate publicly for systemic measures also, to have institutions adapt and put in place practices and policies so that, ultimately, we attack the system at the source or the problems at the source and not only on the individual level. So, for example, in racial profiling, what we have is : we always ask and recommend also systemic measures to fight and combat the individual act itself of the racial profiling in our files. So, that's one example, I could give you other examples, but just to give you an idea.

M. Spector (Dan) : Thanks.

Le Modérateur : Merci. C'est ce qui met fin, donc, au point de presse.

M. Tessier (Philippe-André) : Merci.

Mme Pierre (Myrlande) : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 47)


Document(s) Related