(Onze heures trente-neuf minutes)
M. Leitão : Alors, bonjour.
Bonjour, tout le monde. Le rapport préélectoral… Oui, ça me fait grand plaisir
de vous parler du rapport préélectoral pour deux raisons. Bon, la première, c'est
parce que c'est un document qui est très important, c'est un document que... C'est
le deuxième, hein? Le premier était en 2018, et c'était notre gouvernement, c'était
moi, le ministre des Finances de l'époque, qui avais jugé bon d'avoir ce
mécanisme qui donnerait l'heure juste aux Québécois, avant une élection, du
portrait exact des finances publiques. Donc, je suis très, très, très content
de vous parler du rapport préélectoral.
Maintenant, celui-ci, le rapport qui vient
d'être déposé par le ministère des Finances et validé par la Vérificatrice
générale, le portrait qui se dégage, c'est un portrait où on voit une
amélioration marquée des finances publiques qui reflète entièrement l'inflation.
J'ai entendu M. Girard avant, qui parlait de la bonne tenue de l'économie du
Québec, etc., mais, soyons clairs, là, c'est l'inflation. C'est l'inflation en
2021, l'inflation en 2022, beaucoup plus élevée que ce qui avait été prévu par
le ministère des Finances, qui donne les revenus additionnels qui font en sorte
qu'il y a maintenant un portrait qui est différent des 7 milliards de déficit
qui étaient prévus juste au budget de mars, il y a quelques mois à peine.
Donc, il y a beaucoup d'argent, les
coffres du gouvernement sont bien garnis, mais, en même temps, la population,
les familles, les individus, les aînés souffrent parce que l'inflation, c'est
une hausse du coût de la vie, une hausse du coût de la vie qui affecte tout le
monde mais qui n'affecte pas tout le monde de la même manière. Et c'est surtout
les personnes à revenus fixes, les personnes plus âgées, mais aussi les
familles avec des revenus moins élevés qui souffrent vraiment de cette hausse
du coût de la vie.
Donc, le gouvernement avait les moyens
d'agir depuis déjà... Et vous avez suivi les dernières périodes de questions de
l'hiver dernier, on y revenait souvent, sur l'inflation et la nécessité d'agir.
Le gouvernement nous répondait toujours : Ah! s'il faut faire quelque
chose, on... Bien oui, il faut faire quelque chose, et oui, vous aviez les
moyens. Je me rappelle même, et je finis avec ça, une des dernières questions
que j'avais posées à M. Girard, j'avais même terminé la question avec une façon
un peu dramatique, je lui avais dit : «You have the means, you can do it. Do it now.» J'avais même fait ça en anglais : «You can do it,
do it now.» Il ne l'a pas fait. Et même, encore aujourd'hui, il a été un
peu évasif sur ce qu'ils vont faire par la suite. En tout cas, il aurait pu le
faire. «Il», ça veut dire le gouvernement. François Legault aurait pu le faire,
ils ne l'ont pas fait. Ce qu'ils ont fait, les 500 $, 3 milliards, à
notre avis, ça aurait dû être mieux ciblé.
Alors, voilà, le portrait des finances
publiques est un portrait qui a changé depuis quelques mois. Le gouvernement,
l'État a beaucoup de revenus, et donc on est dans une situation assez
différente de celle qui nous avait été rendue publique, qui nous avait été annoncée
au mois de mars 2022. Voilà.
Le Modérateur : Alors, pour
les questions, nous débutons aujourd'hui avec Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. Il y a vous, il y a les conservateurs et maintenant la CAQ qui
promettent des baisses d'impôts. Ça va être l'enjeu de la prochaine élection?
M. Leitão : Moi, je pense que
l'enjeu de la prochaine élection devrait être le budget des familles, la
capacité des familles de faire face à la hausse du coût de la vie. Et, pour
nous, une des façons de faire face à la hausse du coût de la vie, qui est
substantielle, l'inflation au Québec est à 8 et quelques %, là, on verra demain
la prochaine publication pour le mois de juin, mais c'est important, on n'a pas
vu ça depuis 40 ans. Donc, l'enjeu de l'élection devrait être, à mon avis,
devrait être... Comme vous savez, moi, je ne me représente pas, mais l'enjeu de
l'élection devrait être les budgets des familles, la capacité des familles de
faire face à la hausse du coût de la vie, qu'est-ce qu'un gouvernement peut
faire, qu'est-ce qu'un gouvernement doit faire. Et, dans le cas du Québec, le
gouvernement du Québec a les moyens d'agir, et ça passe par, à notre avis, une
baisse d'impôt ainsi qu'un transfert direct aux aînés. Nous avons proposé, dans
notre plateforme électorale, les 2 000 $.
M. Laforest (Alain) : Vous
êtes encore un élu, mais je vais m'adresser au prévisionniste. M. Girard vient
de nous dire qu'il restait dans sa fourchette, c'est-à-dire 35 % de
possibilité de récession. Vous êtes où, vous?
M. Leitão : Honnêtement, là,
la récession, vraiment, je ne sais pas. Est-ce qu'il y a aura une récession ou
pas? C'est extrêmement difficile à prévoir. Ce que je sais, par contre, c'est
que la croissance économique au Québec, au Canada, en Amérique du Nord, au
monde — on a vu d'ailleurs récemment les prévisions du FMI — la
croissance économique va ralentir, et ralentir de façon significative au
deuxième semestre de cette année, particulièrement le dernier trimestre, donc
octobre, novembre, décembre. L'année 2023 risque d'être pas mal plus complexe,
plus lente que ce à quoi on s'attendait. Est-ce que ça veut dire qu'il y aura
deux ou trois trimestres consécutifs de croissance négative? Je n'ai pas la
moindre idée, mais ça va être beaucoup plus faible que ce à quoi on
s'attendait.
Et, en même temps, l'inflation demeure
élevée. Moi, je trouve que c'est trop optimiste de penser que, déjà, à partir
des quelques prochains mois, l'inflation va diminuer de beaucoup. Elle ne va
pas diminuer de beaucoup. Je sais qu'on m'avait traité de vivre sur une autre
planète, je ne sais pas trop quoi, quand j'avertissais François Legault qu'il y
avait un risque que l'inflation aurait pu être élevée : Ah! je ne sais pas
sur quelle planète il habite, l'ex-ministre des Finances. Bien, voilà, sur
cette planète-ci, et donc il faut être extrêmement prudent en ce qui concerne
une récession, s'il y a, s'il n'y a pas, mais la croissance va ralentir et va
ralentir de façon significative.
Le Modérateur : Alexandre
Robillard, Le Devoir.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour, M. Leitão. Comment peut-on logiquement proposer des baisses d'impôt
avant le retour à l'équilibre budgétaire?
M. Leitão : O.K. Bonne
question. Je vous dirais qu'on est, avec les chiffres publiés aujourd'hui,
donc, on est à l'équilibre budgétaire en 2021‑2022, l'année dernière, et puis
cette année, 2022‑2023, on est aussi pratiquement à l'équilibre budgétaire,
surtout si on prend, là, la réserve de stabilisation. Donc, on est à l'équilibre
budgétaire. On est là. Alors...
M. Robillard (Alexandre) : Au
sens comptable.
M. Leitão : Oui, oui, oui,
c'est ça. Après versement au fonds.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
au sens de la loi, moi, je me...
M. Leitão : Après versement
au Fonds des générations, oui.
M. Robillard (Alexandre) : Dans
le fond, ma question s'appuie plus sur le maintien, par le ministre des
Finances, de l'objectif de retour à l'équilibre budgétaire, au sens de la loi,
là, en 2027‑2028, là. Comment on peut logiquement maintenir cet objectif-là
tout en réduisant les baisses d'impôt? Plutôt l'inverse. Comment on peut
baisser les impôts tout en maintenant cet objectif-là?
M. Leitão : Moi, je pense
qu'il est possible de faire les deux. Il est possible de réduire les impôts,
comme nous le proposons, tout en gardant en tête qu'on va revenir à l'équilibre
budgétaire, au sens de la loi, sur les quatre ou cinq prochaines années. Ça, on
pense qu'on peut le faire. Et d'ailleurs je pense que la situation le demande,
c'est-à-dire l'effet de l'inflation sur les budgets des familles demande une
réponse de la part des gouvernements pour amortir un peu ce choc, qui est un
choc important. Et cela, ce qu'un gouvernement peut faire… on connaît tous la
politique monétaire, bon, bien, ce qu'un gouvernement peut faire avec la
politique fiscale, c'est d'amortir l'impact de ce choc sur les familles les
plus vulnérables. Et donc je pense qu'on doit le faire.
M. Robillard (Alexandre) : Quand
vous dites que vous pensez que la prévision de retour, là, à la fourchette
cible de la Banque du Canada, là, pour l'inflation est trop optimiste du côté
du gouvernement, vous, est-ce que vous entrevoyez des hausses des taux plus
importantes que ce qui est prévu? Puis qu'est-ce que ce serait, l'impact sur
les revenus du gouvernement, ça?
M. Leitão : C'est ça. Donc,
pour être cohérent, et, quand même, je veux être cohérent, donc, si je pense
que l'inflation va demeurer plus élevée que ce que le gouvernement pense — il
pense revenir à 3 % en 2023, moi, je pense que c'est un peu optimiste, là,
ça va prendre un peu plus de temps que ça avant que l'inflation revienne dans
cette fourchette-là de 3 % — donc ça veut dire que les banques
centrales vont garder les taux d'intérêt plus élevés pendant plus longtemps que
ce qu'on pensait.
Alors, qu'est-ce que ça veut dire si les
banques centrales gardent des taux d'intérêt plus élevés pendant un peu plus
longtemps que ce qu'on pensait? Ça veut dire que la fameuse piste
d'atterrissage pour un «soft landing», un atterrissage en douceur — c'est
ce que tout le monde recherche, toutes les banques centrales recherchent ce
fameux atterrissage en douceur — donc le ralentissement de l'économie
sans déclencher une récession, cette piste d'atterrissage, elle se rétrécit,
là, elle devient de plus en plus courte.
Ça peut toujours arriver, on peut toujours
être capables d'avoir un ralentissement économique sans nécessairement tomber
en récession, mais ça devient plus complexe. Ça peut toujours se faire. Moi, à
cet égard-là, je demeure quand même relativement optimiste, particulièrement
ici, au Québec, étant donné la structure de notre économie, étant donné aussi
le fait que nous avons déjà un filet social qui est quand même relativement
développé. Donc, je pense qu'on peut aider les citoyens sans que nécessairement
l'économie tombe en récession.
Le Modérateur : Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Donc, je
comprends bien que vous croyez opportun de baisser les impôts, même si on n'est
pas encore revenus à l'équilibre budgétaire. Mais, concrètement, on le fait
comment, là? Parce que, quand on regarde le cadre, là, il y a... si on exclut
la provision pour éventualité, on est tout juste à l'équilibre, là. Alors, si
on baisse les impôts, il va falloir soit couper les services ou trouver d'autre
argent ailleurs. Donc, comment vous voyez que c'est possible de baisser les
impôts, techniquement, là, tout en gardant... tout en respectant l'équilibre
budgétaire?
M. Leitão : Bien, je pense
qu'on peut baisser les impôts. Techniquement, ce n'est pas si compliqué que ça.
Est-ce qu'en baissant les impôts, disons... Et, dans notre cas, par exemple,
dans notre plateforme électorale, nous, on le ferait immédiatement. Alors, ça
aurait un impact, probablement, sur l'année fiscale 2022‑2023, mais, en même
temps, en même temps, puisque les prévisions pour l'inflation, je les trouve
encore un peu optimistes, probablement que les revenus de l'État vont être
encore un peu plus élevés. Donc, probablement qu'il y aurait un petit déficit,
en tous les cas, au sens de la loi, donc, après versement au Fonds des
générations, mais, en tous les cas, le gouvernement était prêt à revenir à
l'équilibre budgétaire sur une période de... 2026‑2027. C'est une longue période.
Quand cela a été annoncé, a été dit la première fois, ça n'avait pas généré de
grandes controverses, donc je pense qu'on y arrivera bien avant 2026—2027, même
avec une réduction d'impôt.
M. Lavallée (Hugo) : On voit
dans le rapport qu'en 2026‑2027 on prévoit verser plus de
5 milliards de dollars au Fonds des générations, là. Je crois que ce
sera un record si jamais c'est cette somme-là qu'on verse bel et bien. Est-ce
que ça vous semble opportun de verser autant d'argent dans le Fonds des
générations, compte tenu de l'amélioration de la situation, non seulement
économique et budgétaire du Québec, mais de la situation de la dette au Québec
aussi?
M. Leitão : Oui. Je veux dire
deux choses. Je vais vous répondre en... je vais vous donner mon opinion
personnelle, mais je vais aussi vous donner mon opinion en tant que
représentant membre du Parti libéral. Personnellement, moi, je suis tout à fait
à l'aise à ce qu'on injecte 5 milliards dans le Fonds de générations. Je
pense que c'est, étant donné notre situation... Oui, la dette est sous contrôle
et tout, et tout, mais on est encore à 40 %, là, 40 et quelques %
dette-PIB, ce n'est pas rien. Donc, on a encore une dette publique qui est
élevée, nous avons un défi démographique qui est très important, donc moi, je
suis tout à fait à l'aise. J'ai toujours été un très grand partisan du Fonds
des générations, donc moi, je le garderais, je ne toucherais pas.
Deuxièmement, d'une façon un peu plus,
disons, politique, si on décide de changer ça, il me semble que cette décision
devrait être prise après une vaste consultation. Je ne pense pas que ça soit
quelque chose qu'on déciderait comme ça sur un coin de table, non. Ça a été mis
en place, le Fonds des générations, pour des raisons très concrètes il y a un
certain nombre d'années. Évidemment, ce n'est pas une vache sacrée, on ne
touche jamais, à jamais, mais, si on s'engage dans une direction de revoir le
mécanisme du Fonds des générations, alors là, il faudrait une vaste
consultation, commission parlementaire.
Et puis, surtout, n'oublions pas que moi,
ce que je ne souhaiterais pas qu'on fasse, c'est un détournement de fonds.
Quand le fonds a été créé, on lui a donné ses propres sources de revenus. Si,
maintenant, on décide, pour une raison quelconque, qu'on n'a plus besoin de ça,
bon, alors là, ces sources de revenus, il faudrait les éliminer aussi. Donc,
moi, je le garderais tel quel. Continuer à accumuler un bon montant, c'est
important pour les générations futures. Si on choisit collectivement qu'on
veule revoir ça, faisons-le de façon convenable, avec commission parlementaire,
consultations. Ce n'est pas du jour au lendemain qu'on changerait ça.
Le Modérateur : Charles
Lecavalier, La Presse.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour.Vous, à la lecture de ce document-là, est-ce que vous estimez qu'il n'y a
plus de déficit structurel au Québec?
M. Leitão : Bonne question.
Avec ce qu'on voit ici, le déficit structurel est disparu, en effet. En effet,
il n'y a plus de déficit structurel. Ce que... semble raisonnable étant donné
la forte hausse des revenus, parce que les revenus... Et vous voyez même que,
même rendu à 2023‑2024, 2024‑2025, bon, il y a, de façon récurrente, un 3 et
quelques milliards de plus de revenus, ne serait-ce que d'impôts des
particuliers. Donc, l'inflation a fait en sorte que le portrait a changé de
façon structurelle, oui.
M. Lecavalier (Charles) : Je
vous pose la question comme élu de l'Assemblée nationale, là, est-ce que vous
avez l'impression que le fait que le déficit structurel a disparu, le fait que
les finances publiques du Québec vont bien, ça enlève beaucoup au rapport de
force que le Québec tente de créer pour aller chercher de l'argent à Ottawa en
Santé parce qu'Ottawa va dire : Bien, écoutez, nous, on est en déficit,
vous, vous ne l'êtes plus, vous n'avez pas besoin de plus de transferts?
M. Leitão : D'accord. C'est
une bonne question. Et d'ailleurs je fais un petit parallèle ici, là, j'ai un
document que je promène avec moi, un document... Vous savez, les économistes,
on porte des documents tout le temps. Celui-là, c'est le Fiscal
Sustainability Report du directeur parlementaire du budget à Ottawa, qui
dit que... lui aussi, il dit que les finances fédérales sont soutenables à long
terme. Donc, le gouvernement fédéral a les moyens de faire quelque chose, et ce
sont surtout les provinces, collectivement, les provinces, qui, à long terme,
ont un enjeu de soutenabilité de leurs finances publiques.
Donc, nous, au Québec, nous n'avons pas
d'enjeu, disons, à moyen terme. Pour les prochains cinq, six ans, je pense
qu'on a réussi à éliminer notre déficit structurel, mais à plus long terme,
vraiment — dans ce rapport-là, on s'en va jusqu'à 2080 — à
plus long terme, étant donné notre enjeu démographique, on va toujours avoir
besoin d'une meilleure répartition de la facture des services de santé.
Donc, je pense que les provinces, pas
seulement le Québec, mais les provinces canadiennes doivent continuer de
pousser sur cet enjeu-là, de pousser le gouvernement fédéral à s'asseoir et à
convenir d'une nouvelle formule de transferts pour financer adéquatement la
Santé à long terme au Canada.
Le Modérateur : Nicolas
Lachance, Journal de Québec.
M. Lachance (Nicolas) : Bonjour.
M. Leitão : Bonjour.
M. Lachance (Nicolas) : Je
reviens sur la baisse d'impôt, parce que votre parti l'a également promise,
puis je suis peut-être vraiment niaiseux, là, mais je n'ai pas compris encore
comment vous allez la financer, surtout que vous semblez tenir au Fonds des générations
et que, bon, bien, là, tout le monde a le même document avec les mêmes
finances, donc vous savez exactement ce qu'il y a dedans. Il n'y a pas de
surprise après où vous pouvez dire : Bon, bien, ce n'était pas,
finalement, ce qu'il y avait réellement dans le budget. Donc, où les libéraux
vont-ils prendre l'argent pour baisser les impôts des Québécois?
M. Leitão : Je pense que,
dans le cadre financier qui nous est... le cadre financier de base qui nous est
présenté avec le rapport préélectoral, il y a de la place pour faire une
réduction d'impôt. Et, si, en faisant ça, on trouve qu'à la fin de l'année 2022‑2023
on serait encore légèrement en déficit selon la Loi sur l'équilibre budgétaire,
donc après versement des fonds des générations, «so, be it». Ce n'est pas
quelque chose qui nous arrêterait, parce qu'on propose de faire une baisse
d'impôt pour quoi? Pour aider les familles les plus vulnérables à faire face à
la hausse du coût de la vie, qui est significative. C'est une hausse qui est venue
rapidement et de façon très forte, et donc nous pensons que les familles ont
besoin de soulagement, ont besoin de soutien maintenant, pas dans un an ou dans
deux ans. C'est maintenant qu'on a besoin d'une aide ciblée, et ça devrait
venir, à notre avis, d'une réduction d'impôt.
M. Lachance (Nicolas) : Donc,
on comprend que ça sera un financement qui serait fait par une dette. Donc,
vous êtes prêts à aller plonger dans le rouge pour aider les Québécois?
M. Leitão : Je ne pense pas
que la dette nette augmenterait parce qu'il y aura toujours les versements au
Fonds des générations, mais, regardez, c'est ce qu'on propose de faire, oui.
Le Modérateur : Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour,
M. Leitão.
M. Leitão : Bonjour.
M. Bossé (Olivier) : Donc,
vous dites qu'il n'y aurait pas de coupure de services pour autant?
M. Leitão : Non, aucune.
D'ailleurs... Allez-y, je ne veux pas vous couper, là.
M. Bossé (Olivier) : Non,
non, bien, allez-y, c'est vous qui répondez.
M. Leitão : Ce que je voulais
aussi mentionner, c'est que, dans le rapport de Mme Leclerc, le risque qu'elle
soulève, ce n'est pas tellement du côté des revenus, elle pense que les
revenus, bon, vont continuer de rentrer. Elle soulève l'enjeu que,
probablement, du côté des dépenses, le gouvernement ne sera pas capable de
dépenser les montants qui sont budgétés, essentiellement parce qu'il leur
manque du monde, qu'il leur manque du personnel.
Donc, c'est très bien d'annoncer des
nouveaux programmes en santé, c'est très bien d'annoncer des nouvelles
initiatives, 300 millions ici, 400 millions là, mais, s'il n'y a
personne ou s'il y a une grande difficulté à recruter du monde dans le secteur
public pour la livraison des services, ces services-là ne seront pas fournis.
Donc, c'est là qu'est le vrai risque et c'est ce qui m'amène à vous parler un
peu de pénurie de main-d'oeuvre, parce que c'est l'enjeu... à mon avis, l'enjeu
fondamental de l'économie québécoise à court terme et à long terme, c'est la
pénurie de main-d'oeuvre. Il nous manque du monde.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que la CAQ, en venant dire qu'ils vont baisser les impôts, ne vient pas voler
votre positionnement électoral?
M. Leitão : Je ne pense pas
parce que... et j'ai suivi la conférence de presse de M. Girard, et franchement
je n'ai pas trop compris quand est-ce qu'il baisserait les impôts. Il dit qu'il
va le faire, mais il va le faire je ne sais pas quand, peut-être un peu plus
tard, s'il le peut, et puis on verra, mais on va baisser les impôts.
Regardez, nous, c'est très clair, là.
Nous, si je… Bon, je ne reviens pas. Oups! Non, je ne reviens pas. Mais, si le
Parti libéral revenait au pouvoir, c'est clair que la réduction d'impôt serait
très rapidement mise en œuvre après la formation d'un gouvernement.
Le Modérateur : Simon
Bourassa, Noovo.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour,
M. Leitão. Vous proposez des baisses d'impôt mais aussi l'abolition de la TVQ
sur les produits de première nécessité. C'est quand même deux sources de
revenus très importantes pour l'État québécois. N'est-ce pas imprudent?
M. Leitão : Écoutez, la
baisse d'impôt, oui, c'est un montant important, oui. Pour ce qui est de la
baisse de la TVQ sur les produits de première nécessité, oui, l'État va se
priver de revenus, mais ce n'est pas un montant... Je ne vais pas minimiser la
chose parce que, pour les personnes qui en ont besoin, c'est important, mais,
dans le cadre financier global de quelques centaines de milliards de dollars,
ce n'est pas ça qui va causer un grand déséquilibre.
M. Bourassa (Simon) : O.K.
Merci.
Le Modérateur : Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) : Bonjour,
M. Leitão.
M. Leitão : Bonjour.
M. Dutrisac (Robert) : Vous
avez reconnu que, bon, il y avait une amélioration marquée des finances
publiques due à l'inflation, etc., mais il reste que, bon, on prévoyait un
déficit structurel, il n'y a plus de déficit structurel. Les promesses, les
engagements que le Parti libéral du Québec a pris étaient basés essentiellement
sur les prévisions économiques passées. Là, ça s'améliore. Est-ce que le Parti
libéral pourrait améliorer, si on veut, ses promesses, devenir plus... Est-ce
que vous pensez qu'il devrait le faire?
M. Leitão : Écoutez... Je ne
veux pas vous couper.
M. Dutrisac (Robert) : …
M. Leitão : O.K. Excusez-moi.
M. Dutrisac (Robert) : Est-ce
que vous pensez, finalement, qu'il n'y a pas lieu, là, de bonifier, là, vos
engagements, compte tenu…
M. Leitão : Fort probablement
que ça va se faire, oui, ça va se faire. Écoutez, ce n'est pas à moi,
aujourd'hui, ici, de faire ça, là… entre 10 heures du matin et midi, que je
vais rafistoler quelque chose, ce n'est pas à moi à faire ça. Mais, oui, il y a
un nouveau portrait, et je pense qu'on devrait… et on va, on devrait et on va
regarder ce qu'on peut améliorer, et probablement que ça va se faire, et même
probablement assez... plus tôt que tard. On va parler, même, de l'aide aux
fournitures scolaires, si je pense à quelque chose qu'on va annoncer
rapidement. Mais moi, je ne peux pas m'avancer plus que ça parce que ce n'est
pas à moi à prendre toutes ces décisions tout seul, non. Mais, oui, on va
revoir ça, tout à fait.
Le Modérateur : Alors, nous
passons maintenant aux questions en anglais. Phil Authier, The
Gazette.
M. Authier (Philip) : Good afternoon, Mr. Leitão.
M. Leitão : Good afternoon, Phil.
M. Authier (Philip)
: A few moments ago, Mr. Girard was here also announcing a tax cut. Are we witnessing the beginnings of an election
campaign in which everybody promises tax cuts? Is that the scenario you're
seeing?
M. Leitão : It's possible. I remind that we did it back in June, when we
announced, when we made public our election platform, it was… one of the
central elements of our election platform was a tax cut, a tax reduction.
Why do we did that?
Because it's appropriate in the context of a sudden and massive increase in the
cost of living. Inflation came, accelerated very quickly, and that had a big
impact on families' budgets, and I think, in that context, it's entirely
appropriate to look at taxation, look at how can governments improve the lot of
their citizens. And, in our opinion, we came to the conclusion that a tax cut
was the appropriate response.
Since then, since we've
done that, we've seen other parties, even the CAQ today, the Conservative
party, I think, yesterday, going in the same direction, but, early on, in June,
we came out with that, yes.
M. Authier (Philip)
: But is it kind of a cynical exercise for the average voter that
sees these attempts to buy their votes with their own money?
M. Leitão : I don't think so. I don't think so, because people realize… people
feel this sudden increase in the cost of living. It really hits people hard.
And, when we say that people go to the grocery store and they have to make
decisions on, you know, what it is that they buy or they cannot buy, the issues
around, you know, do I buy this, or do I pay my rent at the end of the month, these
are real, this is not made up. This is real, real life. This is a situation
facing folks, a large number of people today, it's reality. So, I think it's
appropriate... governments to do that.
Now, are politicians
bribing the citizens with their own money? I would see it the other way around.
In fact, it's the citizens' money that the Government has, and the Government's
coffers have, you know, replenished very quickly in the last year or so because
of inflation, which means... and this tax income that is coming, now gushing
into the Government's coffers. So, it's the citizens' money. So, what we
propose that the Government does is return some of that money to the taxpayers.
Le
Modérateur : En terminant, je vais poser une question pour un membre,
un… membre de la tribune, CBC News. Vous pouvez
répondre à la salle : «The Auditor General says we're essentially in
surplus already. How would you rate the Government's performance after four years?»
M. Leitão :
Oh! that's a... we have, what, half an
hour to answer that question? How would I rate the Government's performance?
Clearly, yes, the books are balanced. However, it's largely because of this
sudden acceleration in inflation over the last couple of years. It is that that
has, you know, made sure that billions of dollars, of additional dollars have
entered into the Government's coffers. And throughout that entire period, the
Government has always been one or two steps behind. We were warning them that
inflation could be an issue, they ignored that. We were warning them it was
necessary to act, to assist the population in facing those higher costs, and
they said : Oh well, if need be, we will react, but for the time being, we
prefer to wait and see, wait and see, wait and see. Well, I think, if you want
me to use a word to describe the Government's financial management, I would say
that they were lucky.
Le
Modérateur : Merci. Et c'est ce qui met fin au point de presse.
(Fin à 12 h 9)