(Huit heures trente-six minutes)
Mme Lessard-Therrien : Bonjour.
Ce qu'on a appris hier matin, dans le rapport de la Commissaire au
développement durable, ne pourrait pas être plus limpide. Les changements
climatiques... La lutte contre les changements climatiques menée par la CAQ, c'est
un échec. Au lieu de créer une crise avec l'immigration, la CAQ devrait s'occuper
de la crise climatique. Il y a juste elle pour compromettre notre avenir. La
négligence et l'incohérence de la CAQ, notamment son obsession pour les
autoroutes, nous font rater nos cibles déjà peu ambitieuses. C'est un constat d'échec
retentissant. De plus en plus de Québécois se rendent compte du mauvais bilan
du ministre de l'Environnement. La CAQ aura beau essayer toutes les diversions
possibles, les gens ne sont pas dupes. Les gens sont déçus et ils le voient bien
que... comme nous... la CAQ a démissionné. François Legault nous parle toujours
de fierté. Bien, moi, j'ai une question pour lui ce matin : Est-ce que
François Legault est fier de son bilan en environnement?
M. Leduc : Merci,
Émilise. Bonjour, tout le monde. On le savait que ça allait déjà mal, mais on
apprend des nouvelles hallucinantes ce matin. Le système de justice est dans un
chaos impressionnant ce matin. Deux accusés de proxénétisme risquent de s'en
sortir, et pas parce qu'ils ont été innocentés suite à un procès, mais parce qu'on
n'est pas capables de mener ce procès. Et pour un gouvernement qui a organisé
une commission spéciale sur l'exploitation sexuelle, ça devrait l'alarmer pas
mal plus que ça.
On voit aussi une victime d'agression qui
veut abandonner son recours. Notre système n'est pas à la hauteur, ça n'a pas
de bon sens, et c'est inquiétant pour tous les citoyens du Québec. Si le
système de justice trébuche, si l'appareil de justice trébuche, c'est la
justice qui ne fonctionne plus, c'est les victimes qui en paient le prix.
Le ministre Jolin-Barrette, de la Justice,
en a visiblement trop dans son assiette. Il est ministre de tout, leader du
gouvernement en plus. On le voit avec ce qu'il se passe actuellement, il n'a pas
le temps de gérer cette crise-là, il ne s'y attaque pas, il ne nous présente
pas de plan. C'est un échec. Il devrait délester certaines de ses fonctions
pour se concentrer là-dessus, d'ici la fin de son mandat, et s'assurer de
remettre le système de justice en marche le plus rapidement possible. Merci.
M. Carabin (François) : M. Leduc,
est-ce que cette situation-là dans les tribunaux du Québec est, selon vous, le
résultat de la dispute entre M. Jolin-Barrette, la Cour du Québec?
M. Leduc : C'est sûr que
ça n'aide pas. Est-ce que c'est la cause primaire? Je ne suis pas certain. Je
pense que c'est surtout la question de la pénurie de main-d'œuvre, la question
de l'insuffisance salariale, notamment des greffiers, des greffières, du peu de
considération qu'on semble lui faire dans ce gouvernement-là, autant au
ministère de la Justice qu'au Conseil du trésor. Donc, oui, la dispute, ça n'aide
pas, c'est clair, ça pèse, mais ce n'est pas l'élément central.
M. Laforest (Alain) : Les
ingénieurs sont en grève, les fonctionnaires de l'État sont en grève, les
greffiers sont en grève. Les augmentations doivent être de combien? Jusqu'où on
doit aller sur la capacité de payer de l'État?
M. Leduc : Vous le
savez, on ne négocie pas, nous, à la place du gouvernement, et encore moins sur
la place publique.
M. Laforest (Alain) : ...régler,
il faut payer plus. Donc, Québec solidaire paie jusqu'à quelle hauteur?
M. Leduc : Alors, on ne
vous donnera pas un chiffre aujourd'hui. Moi, je vous dis que le gouvernement
doit s'asseoir, comme il l'a fait avec d'autres secteurs...
M. Laforest (Alain) : ...qu'il
est assis au gouvernement. Ça prend des augmentations.
M. Leduc : Ça les prend
certainement.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'il faut aller à la hausse du coût de la vie? Est-ce qu'il faut augmenter de
7 %, 8 %, 9 % pour pallier les manques?
M. Leduc : Les
travailleurs, travailleuses, visiblement, trouvent ça insuffisant. Les salaires
sont toujours plus bas comparativement à d'autres services publics similaires,
que ce soit la fonction publique municipale, la fonction publique fédérale.
Donc, je ne suis pas maître des revendications syndicales, et encore moins de
leur stratégie, ça leur appartient. Moi...
M. Laforest (Alain) : Mais
vous vous faites le porte-voix, ce matin, de leurs revendications. Moi, je vous
demande : L'État québécois doit aller jusqu'où?
M. Leduc : Il doit aller
plus loin, certainement. C'est ça, la réponse.
M. Laforest (Alain) : Jusqu'où?
M. Leduc : Je n'ai pas un
chiffre à vous donner, monsieur. Il doit aller plus loin, il doit répondre à la
crise. C'est lui qui est aux commandes, c'est lui qui a les deniers. Le système,
actuellement, de justice est sur le bord de l'effondrement. Il doit être pas
mal plus à l'avant-garde que ça, le gouvernement, s'il veut régler la
situation.
M. Bellerose (Patrick) : Sur
la main-d'oeuvre, est-ce que vous avez une idée du nombre de personnes qu'il
faut embaucher?
M. Leduc : Non. C'est quelque
chose qu'on déplore, d'ailleurs. Le syndicat de la fonction publique réclame
que, dans le domaine de la justice, il faut que le gouvernement fasse un
tableau de bord pour voir où est-ce qu'il manque des effectifs dans chacune des
régions, dans chacun des palais de justice, ce qui ne semble pas être le cas
pour l'instant, selon le SFPQ. Nous, on est d'accord avec cette idée-là, qu'on
ait un portrait plus clair pour être en mesure de monitorer la situation.
M. Bellerose (Patrick) : Le
système... effondrement. Qu'est-ce que ça signifie pour vous?
M. Leduc : Bien, ça veut
dire qu'on annule des procès, qu'il y a des proxénètes qui risquent de s'en
sortir parce qu'on n'est pas capables de mener à terme les procès, parce qu'il
y a une victime d'agression sexuelle qui dit : Je renonce, les délais sont
trop longs, c'est trop difficile pour ma santé mentale. Alors, oui, ça ne va
pas bien. Il y a des salles vides complètes, là, en ce moment, dans les palais
de justice, et je ne pense pas que le gouvernement a pris la mesure de la
situation. Et visiblement, le ministre de la Justice ne semble pas s'y
intéresser tant que ça. On n'a pas l'écho qu'il va nous présenter un plan, là.
M. Lacroix (Louis) : On
les prend où, ces gens-là qui manquent?
Mme Richer (Jocelyne) : M.
Leduc, comment vous interprétez l'échec de la réforme du droit de la famille,
alors que le ministre a dû scinder son projet de loi hier soir?
M. Leduc : C'est un
problème de priorisation. Je le disais tantôt, le ministre Jolin-Barrette en a
trop dans son assiette. C'est une conséquence, ça aussi, de sa... On le
présentait comme l'homme-orchestre. Bien, visiblement, ça n'a pas très bien
fonctionné. Il y a des répercussions. Le demi-échec de la réforme du droit de
la famille en est une. Moi, j'aurais souhaité qu'on la complète. On était prêts
pour ça. La question de la gestation pour autrui, c'est un débat important qu'il
faut mener à terme au Québec. Mais autant ce bloc que la filiation ont été
retirés du projet de loi, hier, par le ministre. Nous, on était prêts à
continuer à travailler là-dessus en soirée, aujourd'hui, demain, s'il le faut.
Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce
que c'est un problème de conviction? Est-ce que c'est un problème de gestion du
temps des travaux parlementaires?
M. Leduc : La deuxième
réponse, c'est ça. Ça a été trop tardif. Le dépôt de la réforme, ça a été trop
tardif, la convocation en étude détaillée. Quand vous avez un ministre qui a, à
la fois, la réforme 96 de la langue française et la réforme du droit de la
famille, deux immenses pièces législatives, on le savait que ça prendrait du
temps, l'une et l'autre. Si vous en priorisez une par-dessus l'autre, après ça,
on ne peut pas se plaindre qu'on n'a pas eu suffisamment de temps pour la traiter,
celle-là. Alors, c'est dommage.
Mais la bonne nouvelle ou la consolation,
dans tout ça, c'est que, pour nous, Québec solidaire... puis, en toute
transparence, les autres partis se sont engagés à la même chose hier... nous
allons reprendre ces deux blocs qui ont été laissés sur table dans le deuxième
volet. Vous savez qu'il y a un deuxième volet qui va venir, nécessairement,
hein, du droit de la famille...
Mme Richer (Jocelyne) :
...conjugalité.
M. Leduc : ...exact, sur la
conjugalité, entre autres. Tout le monde s'est engagé hier à reprendre ces deux
sujets-là l'an prochain.
Mme Richer (Jocelyne) : Mais
quel message ça envoie aux parents d'intention, aux futures mères porteuses?
M. Leduc : Bien, ça
envoie, malheureusement, le message que le gouvernement n'a pas priorisé ce
sujet-là. C'est triste.
M. Carabin (François) : Mais
qu'est-ce que ça a comme impact de... Parce que, là, ça va prendre,
visiblement, peut-être six mois avant qu'on redépose de nouveaux articles.
Donc, qu'est-ce que ça a comme impact, dans l'immédiat, selon vous, là, de
reporter l'adoption de cette réforme-là?
M. Leduc : C'est une
réforme qui attendait depuis très longtemps. Je pense qu'on disait, hier, 40 ans,
la dernière fois qu'on l'a ouverte, cette réforme-là du droit de la famille. On
aurait aimé ça aller plus vite. Il aurait fallu déposer le projet de loi plus
tôt, il aurait fallu convoquer l'étude détaillée plus tôt. Ça n'a pas été la
priorité du gouvernement, visiblement, il a priorisé autre chose. On en paie un
peu le prix. L'impact, c'est qu'on n'est pas capables de régler ces débats-là,
qui auraient dû être réglés dans ce mandat-ci. On les réglera le mandat
prochain. C'est l'engagement qu'on a tous pris hier.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...a
servi la loi 66 pour l'accélération des projets d'infrastructures? Le fait
qu'on n'arrive pas à les accélérer, ces projets de loi là, est-ce que ça a des
impacts en région, dans vos circonscriptions? Il y a-tu des projets,
finalement, que vous souhaitez voir accélérer, que ça n'arrive pas, tout ça,
là?
Mme Lessard-Therrien : C'est
sûr que des projets qui ne voient pas le jour, ça a toujours des impacts. La
question de la pénurie de main-d'oeuvre va nécessairement revenir sur toutes
les lèvres. On parlait tantôt de la grève des ingénieurs. Il faut comprendre
que, quand on n'a pas des services publics forts, c'est problématique à toutes
sortes de niveaux. Puis pourquoi on n'a pas des services publics forts? Parce
qu'on a de la misère, parfois, à engager.
Vous parliez des ingénieurs tantôt. Moi,
les ponts dans ma région, là, ça ne va vraiment pas bien. Puis pourquoi? Parce
que le MTQ a énormément de difficultés à embaucher des ingénieurs parce qu'ils
se font offrir le double du salaire dans les compagnies minières. Ça fait qu'il
va falloir, à un moment donné, que l'État prenne la pleine conscience de l'impact
de ne pas avoir des services publics forts, parce que, d'une autre façon, on va
payer autrement, soit avec la sous-traitance, mais parce que, quand le trois
quarts de tes ponts tombent en ruine dans une région, bien, ça engendre plein d'autres
problèmes, qui ne sont pas réglés. Donc, il faut redonner les lettres de
noblesse aux travailleurs puis travailleuses du système public québécois.
M. Laforest (Alain) : Actuellement...
Les libéraux ont dit tantôt que la CAQ attise la peur de l'autre au niveau de l'immigration.
Vous en pensez quoi?
Mme Lessard-Therrien : Sur
l'immigration...
M. Laforest (Alain) : ...la
peur de l'autre...
Mme Lessard-Therrien : La
peur de l'autre.
M. Laforest (Alain) : ...que
les libéraux ont avancée tantôt.
Mme Lessard-Therrien : Tu
ne veux pas y aller?
M. Leduc : Oui, je peux
y aller. Visiblement, la CAQ a décidé de faire de l'immigration la question de
l'urne et elle fait, en ce moment, une immense opération diversion pour ne pas
qu'on parle de son bilan, son bilan médiocre en logement, son bilan médiocre en
environnement, son bilan médiocre sur la question du coût de la vie, et c'est
quelque chose qui est malheureux. Nous, on pense que ces sujets-là devraient
être mis de l'avant, devraient être pris à bras-le-corps par la classe
politique. Et visiblement ce n'est pas le choix qui a été fait par la CAQ.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous,
en immigration, est-ce que vous voulez tous les pouvoirs, comme le
gouvernement?
M. Leduc : Nous, on veut
l'indépendance du Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...
M. Leduc : Bien, ça implique
tous les pouvoirs en immigration, tous les pouvoirs sur les frontières, tous
les pouvoirs sur la défense nationale, tous les pouvoirs...
M. Bossé (Olivier) : ...mais
en attendant que ça se réalise, mettons?
M. Leduc : Bien, commencer en
attendant, bien...
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...3 octobre
prochain, êtes-vous d'accord pour qu'on rapatrie tous les pouvoirs en
immigration?
M. Leduc : Ainsi que tous les
pouvoirs en défense nationale, ainsi que tous les pouvoirs sur la monnaie,
ainsi que tous les pouvoirs... Je veux dire, on veut l'indépendance du Québec,
donc, bien sûr qu'on veut tous les pouvoirs en immigration, mais ce n'est pas
suffisant.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...un
Québec indépendant aurait une armée?
M. Leduc : La réponse à ça,
c'est oui, bien sûr.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous prenez le programme du PQ?
M. Leduc : Là, on n'entrera
pas dans la comparaison PQ-QS.
M. Laforest (Alain) : Bien non,
mais c'est écrit dans le programme du PQ.
M. Leduc : Vous me demandez
si on veut tous les pouvoirs en immigration. Je vous dis : On est un parti
indépendantiste. Bien sûr, mais on ne s'en satisfait pas et on veut les
pouvoirs de l'ensemble des leviers de l'État, on veut un Québec indépendant.
Donc, bien sûr.
M. Laforest (Alain) : Quand
Lucien Bouchard a dit...
M. Bellerose (Patrick) : ...vous
voulez le pouvoir pour choisir des immigrants francophones, pour pouvoir
s'assurer que le déclin du français s'amenuise?
Mme Lessard-Therrien : Bien, sur
la question de l'immigration, là, en ce moment, c'est le modèle qu'il faut
revoir. Faire venir 170 000 travailleurs étrangers temporaires, ce n'est
pas ça qui est structurant pour le Québec. Vous savez, dans ma région, on parle
beaucoup de «fly-in/fly-out». Quand on fait venir des travailleurs étrangers
temporaires, c'est la même chose, mais à l'échelle nationale. On fait venir des
gens d'ailleurs, ils viennent travailler chez nous puis ils repartent, avec la
masse salariale, dans leur pays d'origine. Puis souvent, ces gens-là, ils ont
le goût de venir s'installer de manière permanente au Québec. Ça fait que c'est
le modèle qu'il faut revoir.
Puis si on a 177 000 travailleurs
étrangers temporaires, en ce moment, au Québec, c'est parce qu'on en a besoin, de
ces gens-là. Vous savez, moi, chez nous, là, mon Provigo, à Ville-Marie, là, il
recrute son boucher en Tunisie. Il y a des gens chez Temisko, à
Notre-Dame-du-Nord, qui font de la soudure, ils viennent du Nicaragua, ils
viennent du Mexique. On a besoin d'avoir ces gens-là chez nous. Puis ces
gens-là veulent faire venir leur famille, puis quand on les garde dans un
statut précaire de travailleur étranger temporaire, c'est compliqué, c'est
compliqué.
M. Bellerose (Patrick) : ...pris
avec ce système-là? C'est trop long, faire passer par la filière permanente,
avec le fédéral. Donc, on est pris avec ce système-là. Êtes-vous d'accord avec
cette idée-là?
Mme Lessard-Therrien : Bien,
si on rapatriait tous nos pouvoirs, bien, on pourrait prendre ce système-là
totalement en charge. Puis il va falloir parler davantage de régulariser les
statuts de ces gens-là, d'avoir de l'immigration permanente. On n'arrête pas de
parler de pénurie de main-d'oeuvre. On va avoir besoin de ces gens-là pour venir
contribuer à notre société, puis ces gens-là sont prêts à le faire.
M. Laforest (Alain) : Lucien
Bouchard a dit, hier, en parlant du PQ, que ça avait été un bon véhicule, mais
que c'est peut-être le temps de changer de véhicule. Pensez-vous que vous êtes
le nouveau véhicule?
M. Leduc : J'ai manqué sa
citation. Est-ce qu'il a dit qu'on était le nouveau véhicule?
Des voix : Non.
M. Leduc : Non. Il manquait
ce bout-là, hein, il manquait ce bout-là. Bien, nous, on peut le rajouter, bien
sûr. À Québec solidaire, quand on a fondé ce parti-là, et c'est le cas jusqu'à
aujourd'hui, on fait l'analyse que, pour que le peuple québécois se déploie,
les peuples au Québec se déploient dans toute leur solidarité, dans tout leur
potentiel, il faut l'indépendance du Québec. Vous le savez, on a publié un
livre, il y a quelques mois, qui voulait renouveler et relancer le discours
indépendantiste alentour de la question du territoire, de l'environnement et la
question de nouvelles relations avec les différents peuples autochtones qui
occupent le territoire. Donc, bien sûr que, pour nous, Québec solidaire, c'est
ce véhicule-là.
M. Laforest (Alain) : Mais
plusieurs diront que votre indépendance que vous prônez est une indépendance de
façade, que vous n'êtes pas purement souverainistes et indépendantistes. Une
frange de votre parti le dit.
M. Leduc : Qui dit ça? Qui
dit ça?
Journaliste : Le PQ.
M. Leduc : Le PQ dit ça?
Bien, je les laisse dire ça, pour vrai. Nous, on a nos convictions, on a des
gens motivés, on présente des belles candidatures autochtones pour la prochaine
élection...
M. Laforest (Alain) : Il n'y
a pas de... fédéraliste dans votre parti?
M. Leduc : Moi, je ne les
connais pas.
M. Bellerose (Patrick) : Il y
a comme un discours qui circule, puis il y a une chronique de Michel David, ce
matin, sur le sujet, que M. Legault pourrait préparer, disons, les conditions
gagnantes pour la souveraineté. Est-ce que vous croyez que la CAQ peut préparer
la souveraineté?
M. Leduc : Si c'est ça qu'ils
font, ils le cachent très bien. Non, ce n'est pas une analyse que je partage.
Moi, je pense que la CAQ a fait son nid, s'accommode de ce système-là, joue une
espèce de jeu mi-figue, mi-raisin, en disant «on veut plus de pouvoirs»,
sachant qu'ils ne les auront pas, sans aller au bout de cette logique-là, puis
de dire : Bien, donc, il faut faire l'indépendance. Nous, ce débat-là,
cette analyse-là, on l'a faite depuis longtemps, elle se manifeste, encore une
fois, aujourd'hui. Alors, on garde le cap sur la question de l'indépendance.
M. Carabin (François) : Mais,
si... hypothétiquement, la CAQ proposait un projet indépendantiste, est-ce que,
chez Québec solidaire, vous seriez capables de l'appuyer, considérant leurs
valeurs, leurs idées?
M. Leduc : Bien là, vous me
posez une très bonne question hypothétique. Il faudrait voir, il faudrait voir.
M. Duval (Alexandre) : Hier,
à la période de questions, le ton a monté encore d'un cran sur la question de
l'immigration. On n'a pas fini d'en parler. Est-ce que ça va mal finir, ce
débat-là, à votre avis, là? En plus, on s'en va en élection.
M. Leduc : C'est correct
d'avoir un débat... d'avoir des débats. L'immigration est un sujet parmi
d'autres. C'est sain d'avoir des discussions au Québec. Moi et Québec
solidaire, on appelle à ce que ce soit un débat le plus serein possible, un
débat qui se fasse sur des termes polis, sur des termes rationnels. On peut
avoir plein de débats. Ça part mal.
Mme Lessard-Therrien : Puis c'est
qu'il ne faut pas faire de cette question-là une question de diversion. C'est
ça, je pense, la vraie question. On ne doit pas utiliser, faire apparaître
cette crise en immigration là pour faire diversion sur les vrais sujets qui
menacent l'avenir au Québec. Puis ce sujet-là, c'est l'environnement. On vous
en a parlé, on a le rapport de la Commissaire au développement durable, qui dit
clairement qu'on est en situation d'échec, qu'on va rater nos cibles. Les
priorités du gouvernement, s'il veut garantir un avenir à la nation québécoise,
là, bien, c'est de réorienter ses priorités sur la lutte aux changements
climatiques. C'est ça qu'il devrait faire.
M. Bossé (Olivier) : ...qu'il
y a une crise en immigration aussi.
Mme Lessard-Therrien : En
fait, cette crise-là, elle est inventée de toutes pièces par le gouvernement du
Québec.
M. Laforest (Alain) : ...vous
avez dit que votre épicerie faisait venir un boucher de la Tunisie, là. Ce
n'est pas inventé, à ce que je sache, en Abitibi, le manque de main-d'oeuvre.
Mme Lessard-Therrien : On
parle d'une crise de main-d'oeuvre, pas une crise de l'immigration.
M. Laforest (Alain) : ...qui
est réglée par l'immigration? Comme Ottawa se traîne, puis qu'ils ne donnent
pas les délais...
Mme Lessard-Therrien : La
crise de main-d'oeuvre, au Québec, elle va être réglée par... Je veux dire, il
y a un coffre à outils qu'il faut utiliser pour régler la crise de
main-d'œuvre. L'immigration en fait partie, les places en services de garde en
font partie aussi. Combien de femmes ne retournent pas sur le marché du
travail, à l'heure actuelle, parce qu'elles ne sont pas capables d'avoir de
places en services de garde pour leurs enfants?
M. Laforest (Alain) : Ça,
c'est le discours de Jean Boulet, là. Il dit exactement la même affaire que
vous, là.
Mme Lessard-Therrien : Bien,
nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut agir sur plusieurs fronts avec des actions
à moyen, court et long terme.
M. Laforest (Alain) : La CAQ
dit la même affaire.
Mme Lessard-Therrien : Il y a
des gens, chez nous, qui n'envisagent même pas d'avoir d'autres enfants parce
que c'est trop un enjeu, les places en services de garde, chez eux. C'est
grave, là, c'est grave. Il y a des gens, dans le réseau de la santé, qui ne
retournent pas sur le marché du travail parce qu'ils ne sont pas capables
d'avoir de places en services de garde. La CAQ a échoué aussi à ce niveau-là,
d'offrir des places pour tous les enfants. Ça a été extrêmement long. Puis la
pénurie de main-d'oeuvre, on la voyait venir depuis des années, là. Comment ça
se fait qu'au jour un de leur mandat ils n'étaient pas prêts pour la régler?
Le Modérateur
: En
anglais.
M. Leduc : English.
M. Authier
(Philip)
: Sure.
M. Leduc : If you want, if you want.
M. Authier (Philip) :
Let's talk about immigration. What did you think of the tone, yesterday… But more
importantly, you heard Mr. Legault… According to Mr. Birnbaum, Mr. Legault
walked into the House, yesterday, and said: «Le West Island s'énerve», about
Bill 96. What do you think of the tone, of what's going on there, and the fact
that the immigration is suddenly becoming an election issue?
M. Leduc :
For us, there's no immigration crisis. There's… c'est quoi, une crise de
main-d'oeuvre...
Des voix : Labor.
M. Leduc : ...labor, labor shortage crisis. There's clearly one, but there's no
immigration crisis. Clearly, Mr. Legault has decided that immigration will
become the ballot question of the next election. It's a big diversion
operation. We can't agree with this strategy. We think that there's a lot of
issues that need to be addressed, and this diversion operation is to hide his
failure in environment, his failure in housing and in many other topics. So,
we don't like the tone that he started this debate. We prefer to have a good
discussion in Québec. It's a sensible discussion, it's real humans we're
talking about, so we need to have a better tone, in the next days, about it.
M. Authier (Philip) :
And do you think the Government should have a say about the
language people speak in their homes?
M. Leduc :
What do you mean, "should have a
say"?
M. Authier (Philip) :
Well, yesterday, we're floating the
idea that, you know, we have data on the language spoken in the workplace, and
French is in decline, and in public space. But now, they're talking about: We
need a more complete picture.
M. Leduc :
O.K., I get it.
The language spoken at home is one data. Is it the most important one? We don't
think so. The most important
one is the language spoken at work, is the language that people can speak. Is the
French really the common language in Québec? That's the real data, that's the real issue here. And maybe, it's
another operation of diversion.
M. Grillo (Matthew) :
But why do you think he is making immigration the ballot question? Why do you think he's taking this
tactic?
M. Leduc :
To hide his failure. To hide his
failure in housing, to hide his failure in environment, to hide his failure on
cost of living and on any other subjects.
M. Grillo
(Matthew) :
You
don't think he's trying to speak to a very specific voter pool?
M. Leduc :
It's his strategy, he does what he
wants.
Mme O'Malley (Olivia) : …do you think the Government should meddle on the affairs of people at home? Do you think they
could have that power, eventually, to ensure that French stays in the province?
M. Leduc :
Well, I don't even understand how it
could be applied. I mean, you're going to send the police in your dinner table
to see what… It's a nonstarter, it's not happening. I don't get it.
Merci, bonne
journée.
(Fin à 8 h 55)