(Treize heures trois minutes)
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Mme Samson : Bonjour.
Bonjour, tout le monde. Alors, j'aimerais revenir un peu sur mon action de ce
matin avec ma question, dernière question de ma carrière politique, et c'était
sur la francisation des immigrants, où je tenais à ce qu'ils comprennent bien
que d'imposer à un immigrant, un nouvel arrivant, d'apprendre le français en
six mois, c'est insensé, c'est illogique, c'est impossible. À moins qu'on les
enferme nuit et jour, 24/7, là, en immersion totale, c'est impossible, d'autant
plus qu'il y a beaucoup de nouveaux arrivants qui sont des femmes qui ont des
enfants.
On a juste à regarder le groupe de gens
d'Ukraine qui sont arrivés en fin de semaine dernière. Encore faut-il, pour ces
femmes-là, pour participer à la francisation et aller suivre des cours,
qu'elles aient des places en garderie. Or, les Québécoises ne sont pas capables
d'avoir des places en garderie pour retrouver le marché du travail. Je ne vois
pas comment ils vont réussir à aménager des facilités pour les femmes qui
immigrent au Québec. C'est un réel problème, je pense. Six mois, ce n'est
absolument pas possible.
J'aurais pu poser ma question sur le
nouveau 500 $ de M. Legault, mais je pense que M. Duhaime va
vous en parler. Et il y avait 1 000 questions
qu'on aurait pu poser encore. Malheureusement, ça ne sera pas le cas, mais ça
ne nous empêche pas d'avoir des idées. Alors, je vais laisser M. Duhaime,
si vous le permettez.
M. Duhaime (Éric) : Merci
beaucoup, Claire. Merci pour ta dernière question. C'est émouvant de... Malheureusement,
tu ne veux pas te représenter. Tu aurais été une excellente candidate.
Je veux, aujourd'hui, évidemment, moi
aussi, revenir sur le 500 $ de M. Legault pour vous dire que, tu
sais, je pense que tout le monde, là, on est tous d'accord que l'inflation est
en train d'affecter les Québécois, le pouvoir d'achat, notamment, de la classe
moyenne puis des familles québécoises. Il faut faire quelque chose. Cela étant
dit, on pensait, au dernier budget, que c'était une mauvaise mesure de donner
500 $. On aurait aimé puis on aurait préféré quelque chose de plus concret
puis quelque chose de plus viable, de plus durable. On a souhaité, notamment, des
baisses de taxe sur l'essence. Vous savez que j'ai proposé, depuis plus de deux
mois, la suspension des taxes sur l'essence. Et on veut aussi des baisses
d'impôt. On pense que le taux d'imposition, là... vous avez vu que le programme
du Parti conservateur, à cet égard-là, est assez détaillé, là. On propose un
plan qui est assez ambitieux à cet égard-là.
Mais aujourd'hui, je veux revenir aussi
sur l'aspect du transport en commun parce que c'est souvent aussi... les plus
démunis, c'est aussi une dépense importante, hein? Vous savez que juste une
passe d'autobus ici, à Québec, c'est quoi, c'est 90 $ par mois. Là, on a
un projet de tramway qui est en train de se constituer malgré l'absence
d'acceptabilité sociale. On a rendu public un sondage Léger Marketing, il y a
quelques jours, où on voit qu'il y a seulement 38 % des gens dans la
région de Québec qui sont favorables au projet de tramway actuellement défendu
par le gouvernement et par l'administration de Québec. Et, pour nous, c'est un seuil
qui est bien en deçà de l'acceptabilité sociale qu'on nous avait promise au
départ. Et moi, j'ai mandaté la commission politique, déjà, depuis quelques
semaines, d'arriver à un plan pour qu'on puisse demander un moratoire sur ce
projet de tramway là, et qu'en attendant on puisse offrir la gratuité du
transport en commun dans la région de Québec. Ça serait une vraie économie
pour... c'est plus de 1 000 $
pour chaque usager par année. C'est quelque chose de très concret. On peut le
faire dès maintenant. On n'a pas besoin d'attendre cinq, six ans pour la
construction. On n'aura pas de dépassement de coûts. On va avoir des autobus
qui vont se remplir un peu plus, en tout cas, on l'espère. Ça va nous permettre
de mesurer s'il y a véritablement un appétit pour une croissance du transport
en commun parce qu'on sait que c'est une barrière quand même, les coûts.
Donc... Et dans cet esprit-là, il y a eu
des consultations publiques qui ont été faites. Vous avez vu que c'est un peu
bidon. Vous avez vu que ça a brassé pas mal aux dernières consultations qu'il y
a eu à l'ancien hôtel de ville de Sainte-Foy, il y a quelques jours. Et là, il
y a une consultation virtuelle qui va se terminer le 9 juin prochain, donc
la semaine prochaine. Et nous, on va organiser une manifestation le 9 juin
pour réclamer un moratoire. On va être avec des groupes citoyens pour dire que
le tramway, «no way», non merci. On veut s'assurer que le transport en
commun... On croit aux transports en commun. On est favorables aux transports
en commun, mais le projet actuellement sur la table est un mauvais projet, et
donc on va aller de l'avant, là, pour manifester notre désaccord et réclamer un
moratoire sur cet enjeu-là. Sur ce, ça va me faire plaisir de prendre vos
questions.
M. Lachance (Nicolas) : M. Duhaime,
il y a un parti politique, au municipal, qui a basé, qui a axé sa campagne
électorale exclusivement sur le tramway, «no way», en faisant des pancartes où
c'était inscrit : «Ceci est une élection référendaire sur le tramway». Et
ce parti-là est bon dernier au conseil municipal à Québec. Pourquoi vous voulez
recommencer ça?
M. Duhaime (Éric) : Parce
que le parti qui a été élu n'était pas le parti du tramway tel quel. Vous vous
souvenez que le...
M. Lachance (Nicolas) : Oui,
mais il y a un parti qui s'est présenté avec les arguments que vous venez de
présenter là qui n'a pas été élu, là.
M. Duhaime (Éric) : On
peut dire aussi que la première personne qui a parlé du tramway, que c'était
Anne Guérette, qui a eu 15 % des votes quand elle s'est présentée avec
cette option-là. Aujourd'hui, elle fait partie des opposants au projet.
M. Marchand s'est présenté devant l'électorat en disant qu'il y avait
10 modifications qui seraient apportées au tramway, notamment les coupes
d'arbres, il y avait des problèmes avec ça, les dépassements de coûts, la dalle
de béton surélevée en plein milieu qui va véritablement casser des quartiers,
les fils électriques dans les airs. Donc, il y a un paquet d'engagements qui
ont été faits par M. Marchand pendant la campagne électorale, et
aujourd'hui, malheureusement, le projet de tramway qui est devant nous, c'est
le projet de Mme Savard, qui a perdu l'élection. Donc, il n'y a pas...
Puis aujourd'hui, quand on demande aux gens de Québec, oui ou non, êtes-vous
pour un tramway?, non seulement ça n'a pas augmenté, ça a diminué. Et ça ne va
pas augmenter quand ils vont se mettre à couper les arbres centenaires sur
René-Lévesque, je vous en signe un papier, quand les gens vont réaliser que
leurs espaces de stationnement vont disparaître, quand ils vont réaliser que
Grande-Allée va être congestionnée, puis qu'on va éventrer la ville de Québec
pendant plusieurs années pour la construction. Donc, s'il n'y a déjà pas
d'acceptabilité sociale, si déjà, il y a seulement 38 % qui est favorable,
imaginez quand ça va être au «peak», ça va... On ne peut pas faire le plus
important projet de développement à Québec, le plus gros investissement de
l'histoire de la ville de Québec, contre la volonté de 62 % de ceux et
celles qui vont payer.
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
que, dans ce 62 % là, c'est tous des gens qui ont voté à Québec?
M. Duhaime (Éric) : Bien
là, écoutez, là, je pense qu'on vit dans la région de Québec, là. Si quelqu'un
reste à Stoneham ou si quelqu'un reste au centre-ville de Québec, ou si
quelqu'un reste à Lévis, là, je vous rappelle juste...
M. Lachance (Nicolas) : Mais
c'est parce que vous divisez l'électorat selon vos arguments, là, vous...
M. Duhaime (Éric) : Non,
non, je vous dis que quand la CAQ nous avait présenté son projet,
rappelez-vous, la première condition qu'ils avaient mise, parce que la CAQ
aussi, hein, a déjà... des engagements dans ce sens-là, c'était une
interconnexion avec la Rive-Sud. Donc, c'était un projet qui est pour
l'ensemble de la région, là. Ce n'est pas juste les gens qui habitent
physiquement dans le centre-ville qui vont payer ce projet-là. Et donc, pour
nous, c'est important de prendre en considération les enjeux de l'ensemble de
la région, là. Je pense qu'il faut arrêter de faire des espèces de guerres de
clocher, là, c'est un projet pour toute la région de Québec, pas juste pour
certains citoyens.
M. Lemieux (Olivier) : Le
gouvernement en place, qui est majoritaire, appuie le projet. Vous le savez, M. Duhaime,
il y a presque 550 millions qui ont été approuvés, décaissés, là. Votre
mobilisation arrive drôlement tard. Ça fait un bout qu'on en parle, là.
M. Duhaime (Éric) : Bien,
écoutez, ça fait un bout qu'on demande aussi à ce qu'il y ait de
l'acceptabilité sociale, puis ça fait un bout qu'on ne l'a pas. Et on ne peut
pas continuer à aller de l'avant dans un projet que les gens ne veulent pas. C'est
ça, notre point. Puis comment ça se fait que le projet de tramway, qui est
beaucoup moins populaire dans l'opinion publique, avance beaucoup plus
rapidement que le troisième lien qui, lui, est beaucoup plus populaire auprès
des contribuables puis des citoyens de la région? Ça aussi, il faut se poser
des questions. Comment ça se fait que, dans le budget, il n'y avait pas un mot
sur le troisième lien, mais qu'on mentionnait le tramway? Ça aussi, ça laisse
beaucoup de gens perplexes.
M. Bossé (Olivier) : ...arrêter
le projet puis...
M. Duhaime (Éric) : Mettre
ça sur la glace, oui.
M. Bossé (Olivier) : Juste
attendre de voir qu'est-ce que...
M. Duhaime (Éric) : Bien,
s'ils ne veulent pas avoir une véritable consultation, puis s'ils ne veulent
pas de référendum, puis s'ils ne veulent pas qu'il y ait une façon de mesurer
l'acceptabilité sociale, bien, on va attendre le 3 octobre, là, l'élection
est dans quatre mois. Donc, vous allez voir que la région de Québec va pouvoir
se mobiliser pour dire ce qu'elle en pense.
M. Bougon (Sébastien) : Sur
la gratuité du transport en commun, M. Duhaime, vous proposez ça à la
ville? Vous leur demandez de le faire? C'est une promesse électorale? C'est
quoi, exactement?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
on va le détailler quand on va présenter notre plateforme électorale. C'est
pour ça que j'ai mandaté la commission politique d'élaborer ça, puis de voir la
faisabilité de tout ça, comment on va le faire, comment va le concrétiser. On
sait que c'est à peu près le tiers, présentement, qui est déboursé par les
usagers. Donc, ça nous donne une idée de grandeur, on a déjà une idée. Puis
l'autre avantage qu'on trouve aussi avec la gratuité, c'est que ça accélère
aussi le processus, hein, il y a moins de monde qui... Ça va beaucoup plus
vite, on peut rentrer par les deux portes. On va accélérer la qualité du
service et on va, en plus, soulager, là, économiquement des gens qui en ont le
plus besoin.
M. Lachance (Nicolas) : ...partout
au Québec ou juste pour la région de Québec?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
je pense qu'on pourrait commencer par Québec parce que c'est ici que le projet,
là, de tramway serait...
M. Lachance (Nicolas) : ...à
Montréal, il y a le métro, il y a des autobus, il y a d'autres tramways, il y a
le REM. Là, vous vous présentez au provincial, M. Duhaime, pas à la ville
de Québec, là. Vous proposez ça pour qui exactement?
M. Duhaime (Éric) : Je
comprends, mais c'est un projet pilote, dans le sens, on veut voir est-ce que,
véritablement, il y a un appétit au Québec plus grand pour du transport en
commun. On va pouvoir le mesurer, là, est-ce que, oui ou non, les gens vont se
tourner vers, davantage, les autobus, les 800, s'il y a une gratuité. Moi, je
pense que oui. Puis ce n'est pas un projet qui va diviser la population, comme
le projet de tramway, à l'heure actuelle, de M. Legault. C'est un projet
qui va rassembler les Québécois parce que les automobilistes ont intérêt aussi
à ce qu'il y ait davantage de gens dans les autobus, parce ça va leur
permettre, eux aussi, d'accélérer leur transport. Donc, c'est un projet que je
trouve qui est gagnant pour l'ensemble de la population de Québec.
M. Béland (Gabriel) : Le
RTC nous dit que les autobus 800, les express, sont déjà à pleine
capacité, puis que c'est pour augmenter la capacité qu'on fait un tramway.
Vous, vous dites : On va rendre ça gratuit pour attirer plus de monde dans
des bus qui, selon le RTC, sont déjà pleins. Dites-vous que le RTC ne dit pas
la vérité?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
je vous dis que, moi, je me base sur les chiffres, là. Je ne partirai pas une
guerre de mots contre le RTC, là, je vois juste que l'achalandage n'a pas
augmenté, qu'il a diminué. Donc, moi, ça, ça m'inquiète. Quand je vois qu'il y
a de moins en moins de gens qui utilisent le transport en commun, alors qu'on a
un discours qui est de plus en plus favorable au transport en commun, il y a
quelque chose là-dedans qui est inquiétant. Il faut renverser cette
tendance-là, puis je pense que la gratuité pourrait effectivement... on
pourrait être victimes de notre succès puis de notre... À ce moment-là, il
faudrait l'évaluer, là, mais ce n'est pas impossible qu'on soit victimes de
notre succès puis qu'on...
M. Lemieux (Olivier) : L'achalandage
augmentait à Québec avant la pandémie. Vous semblez minimiser l'impact de la
pandémie sur le fait que les gens prennent moins l'autobus, mais on sait qu'il
y a des gens qui ont eu peur, M. Duhaime, là.
M. Duhaime (Éric) : Oui,
mais ça, c'est une bonne question aussi. C'est une bonne réflexion à avoir :
Quel pourcentage de gens vont continuer à faire, par exemple, du télétravail,
même après que l'ensemble des mesures sanitaires ne seront plus présentes?
Est-ce qu'il y a des gens qui ont pris goût à cette nouvelle réalité là pour
leur famille, pour leur propre qualité de vie? Il y a beaucoup de gens qui disent
que, oui, ils vont continuer à faire le télétravail. Donc, ça aussi, il faut
prendre ça en considération quand on fait un projet comme ça, parce qu'on ne le
fait pas juste pour l'année prochaine, on le fait pour la prochaine génération.
M. Laberge (Thomas) : Ce
n'est pas très conservateur, comme mesure. Est-ce que vous essayez de courtiser
l'électorat de Québec solidaire?
M. Duhaime (Éric) : C'est
une bonne question. Écoutez, moi, ce qui m'importe, ce n'est pas de savoir si,
idéologiquement, c'est complètement aligné avec ce qu'on propose. Moi, ce que
je veux savoir, c'est est-ce qu'il y a un résultat. Et je pense que la gratuité
est davantage porteuse d'avoir un résultat pour augmenter le transport en
commun que d'investir plus de 4 milliards de dollars dans un projet
hasardeux. Puis même sur le plan environnemental, on commence à avoir de plus
en plus de questions, là. Vous avez vu les acres de terrain qu'ils vont
condamner, vous savez ce qui va se passer avec plus de 1 000 arbres, dont plusieurs centaines
centenaires, vous savez qu'on va avoir une espèce de toile d'araignée de fils
électriques au-dessus de la tête. Donc, moi, je trouve qu'au niveau
environnemental le projet actuel, en tout cas, moi, il ne m'a pas convaincu
puis il n'a pas convaincu beaucoup de gens à Québec si je me fie aux sondages.
M. Bossé (Olivier) : Combien
ça peut coûter?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
pour un ordre de grandeur, là, je peux vous dire que, présentement, là, grosso
modo, là, sur un budget de 225 millions, présentement, c'est à peu près 70 millions
qui est... On va aussi économiser... parce qu'il y a quand même des coûts pour
aller chercher de l'argent. Puis ça aussi, c'est ça qu'on est en train
d'évaluer, également, parce que, veux, veux pas, tu sais, il n'y a plus de gens
qui vont vendre des billets. Il y a toute une partie, là, des dépenses qui sont
faites pour aller chercher cet argent-là, qui va pouvoir être économisée à
partir du moment où il y a une gratuité.
M. Béland (Gabriel) : Est-ce
que ça... Parce que vous avez déjà parlé d'un projet, pour Québec, structurant.
Est-ce que ça remplace... Est-ce que c'est ça, votre proposition, ou il y a
aussi un projet qui s'en vient?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
non. Moi, ce que je pense, c'est qu'on veut aller dans cette direction-là, voir
les résultats. Il n'y a pas d'impact, c'est-à-dire que si, demain matin, ça ne
fonctionne pas, puis, effectivement, ça prend un métro, ou un tramway, ou peu
importe le projet, on n'aura pas rien perdu, au contraire, il y a des usagers
qui vont avoir gagné puis ça va nous permettre de mieux mesurer l'impact.
Monsieur parlait tantôt, notamment, du télétravail. On va être capable de voir
c'est quoi, la demande puis l'offre, en fonction des résultats qu'on va
atteindre au cours de la prochaine année. Puis si jamais on fait fausse route,
ça va être facile de se revirer de bord, alors que le tramway, ça va être très
difficile si on se rend compte que c'est un fiasco dans cinq ans.
M. Béland (Gabriel) : Sur
la manifestation, il y a des députés de la région de Québec, de la Coalition
avenir Québec, qui ont déjà, dans le passé, été très critiques du tramway.
Est-ce que vous leur tendez la main puis vous les invitez à votre
manifestation?
M. Duhaime (Éric) : J'aimerais
bien qu'ils se présentent, effectivement, s'ils veulent venir. Tout le monde
est bienvenu, c'est une manifestation non partisane. Oui, on participe à
l'organiser puis on est avec des groupes de citoyens, mais s'il y a d'autres
partis politiques qui veulent se joindre à nous...
M. Béland (Gabriel) : Vous
pensez à quels députés, là, par exemple?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
c'est sûr que celui qui a été le plus critique, c'est probablement le ministre
Éric Caire, hein, qui, lui-même, a été très critique du tramway. Je me souviens
de l'avoir entendu à la radio dire : Tramway, «no way». Donc, je l'invite,
s'il veut venir, être à nos côtés, Claire et moi, on va l'accueillir comme un
héros, là, qu'il puisse venir. Ce n'est pas... Tout le monde est bienvenu, en
fait, toute la population de Québec, ce n'est pas que... Peu importe vos
allégeances, je pense que tout le monde doit se joindre à ça. Puis je l'ai dit
tantôt, je donnais l'exemple d'Anne Guérette. Tu sais, Anne Guérette a été, à
Québec, le symbole du tramway. Aujourd'hui, elle est une des plus grandes
critiques du tramway. Il y a beaucoup de gens qui réalisent que ce projet-là,
le projet qui est sur la table... ils ne sont pas nécessairement contre le
transport en commun, au contraire, ils ne sont pas nécessairement contre, même,
le tramway, mais ils sont contre le projet qui est proposé actuellement.
M. Lemieux (Olivier) : Vous
attendez combien de personnes à votre manifestation?
M. Duhaime (Éric) : Ah!
ça, tout le monde qui veut venir est bienvenu. On ne s'est pas fixé d'objectif
en termes de nombre de participants, on veut juste marquer le coup. On veut que
la fin des consultations... démontrer que la population n'est pas d'accord. Et
plus on sera nombreux, bien, plus le message sera fort.
M. Béland (Gabriel) : Ça
va être où?
M. Duhaime (Éric) : Ça
va être ici, devant l'Assemblée nationale.
M. Béland (Gabriel) : Si
on résume : moratoire, vous le demandez dès maintenant, et à compter du 3
octobre, bien, là, il y aurait peut-être une gratuité qu'on pourrait installer.
M. Duhaime (Éric) : Si
les gens nous confient le pouvoir, c'est vers là où on s'en va.
M. Bourassa (Simon) : M. Duhaime,
est-ce que la langue parlée à la maison, ça a un rapport avec ce que le
gouvernement en pense? Est-ce que les gens à la maison devraient uniquement
parler français ou ils peuvent parler la langue de leur choix?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
écoutez c'est toujours un choix individuel, évidemment, là, tu sais, on ne peut
pas obliger des gens à se parler entre conjoints ou avec leurs enfants dans une
langue que le gouvernement impose, là. Je n'ai jamais vu ça puis je ne pense
même pas que c'est l'intention du gouvernement actuel, là, je ne veux pas lui
prêter cette intention-là d'aucune façon. Mais je me pose beaucoup de
questions, par exemple, sur les motivations du gouvernement d'en arriver avec
un discours qui est aussi divisif. Je ne pense pas qu'avec l'adoption du projet
de loi n° 96 le français, aujourd'hui, est mieux protégé qu'il l'était la
semaine passée. Je pense que c'est davantage un outil politique à la veille des
élections d'un gouvernement qui veut faire une vaste campagne de diversion afin
de ne pas parler de son bilan. Parce que son bilan est très peu reluisant à
plusieurs égards, notamment au niveau du système de santé, où le système est
dans un pire état qu'il l'était quand la CAQ est arrivée, au niveau des
finances publiques, où la dette va être beaucoup plus considérable. En fait, on
a eu les déficits les plus lourds de l'histoire du Québec. Et je pourrais
continuer encore sur plein de sujets où le gouvernement de la CAQ... sur
l'exploitation de nos ressources naturelles, l'exploitation des hydrocarbures, où
la CAQ a fait un virage à 180, a trahi celles et ceux qui, comme moi, ont voté
pour elle. Donc, il y a beaucoup... Puis même en immigration aussi, hein. Moi,
je me souviens de la CAQ qui disait : En prendre moins et en prendre soin.
Aujourd'hui, on se rend compte qu'ils en ont pris plus, puis ils n'en prennent
pas soin. Donc, il y a beaucoup, beaucoup de choses dont on va pouvoir discuter
en campagne électorale, mais la CAQ veut ramener ça à des enjeux plus
identitaires à des fins, évidemment, électoralistes. Je pense que tout le monde
commence à le voir.
M. Béland (Gabriel) : La
louisianisation du Québec, ça ne vous inquiète pas?
M. Duhaime (Éric) : Mais
c'est-à-dire qu'en tant que Québécois, en tant que francophone en Amérique, il
faut toujours s'inquiéter du sort de notre langue. On va toujours être dans une
situation de minoritaires, puis il va toujours... on a un devoir de vigilance.
Je pense que, là-dessus, beaucoup de gens sont d'accord. D'utiliser un mot
comme la «louisianisation», je trouve que ça a l'effet inverse de l'objectif
qui est recherché, c'est-à-dire qu'on dramatise, on fait peur aux gens, plutôt
que de se baser sur la réalité des faits. Et on n'est pas... La situation de la
Louisiane puis du Québec, à l'heure actuelle, ne se compare pas. Puis je trouve
que M. Legault dessert le débat quand il amène des arguments qui me semblent
démagogiques.
M. Lachance (Nicolas) : Si
vous êtes élu, est-ce que vous allez, vous, également, demander le rapatriement
des pouvoirs en immigration?
M. Duhaime (Éric) : Vous
voyez, ça, c'est un bel exemple, là. Vous avez une très bonne question parce
que, moi, je suis de ceux, là... J'ai entendu M. Legault dire qu'il
voulait un mandat fort. C'est parce que ça fait quatre ans qu'il a un mandat
fort. Qu'est-ce qu'il a fait? Ça ne prend pas... Ce n'est pas en élisant
150 députés de la CAQ sur 125 circonscriptions qu'on va faire avancer
ce dossier-là. M. Legault, s'il était sincère dans sa démarche, il
tendrait la main aux oppositions parce que le Québec n'est jamais aussi fort
que quand il est uni. Et M. Legault divise les Québécois, et c'est lui qui
est en train d'affaiblir le rapport de force du Québec. Moi, si j'étais premier
ministre du Québec, si j'étais à sa place le 4 octobre prochain, je
tendrais la main aux partis d'opposition, puis je m'arrangerais pour que
l'Assemblée nationale du Québec parle d'une seule voix en matière de
rapatriement des pouvoirs en immigration, ce sur quoi je suis totalement
d'accord.
Cela étant dit, j'aurais aussi tendu la
perche parce qu'on en a, des alliés, au Canada anglais. On a des provinces qui
sont plus décentralisatrices. Il y a des gens aussi qui en ont assez du «Ottawa
knows best» et qui pourraient être des alliés stratégiques. M. Legault,
non seulement il n'a pas cultivé ces liens-là pour créer une alliance, pour
mettre de la pression sur le gouvernement fédéral, il s'est créé des ennemis
avec des gens qui auraient dû être des alliés naturels autour de la table des
premiers ministres. Donc, je pense que si M. Legault était plus
rassembleur, autant ici, avec les partis politiques, qu'avec ses collègues des
autres provinces, on serait dans une situation de force plutôt que dans une
situation de faiblesse, parce que là il se fait dire non. Ça n'a même pas été
compliqué, M. Trudeau, ça a pris 24 heures pour qu'il réponde, puis
c'était un non retentissant parce qu'il n'y avait aucun rapport de force. Puis
ce n'est pas 25, 50, 100 députés de la CAQ de plus qui vont changer quoi
que ce soit.
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
que ça va être ça l'enjeu de la campagne électorale?
M. Duhaime (Éric) : Bien,
ça va être un des enjeux, certainement, mais j'espère que non. J'espère
sincèrement que ça va être le pouvoir d'achat des Québécois parce que je pense
que... Moi, je fais le tour des régions présentement, je rencontre des milliers
de Québécois de toutes les régions. Puis je peux vous dire que les Québécois, présentement,
sont inquiets quand ils voient le prix du litre d'essence à 2 $, quand ils
voient la crise du logement, quand ils voient que leur salaire ne suit pas le
coût de l'épicerie. Les gens réalisent qu'à toutes les semaines, à tous les
mois, ils sont en train de s'appauvrir. Et ça, je pense que ça va être l'enjeu
numéro un pour bien des Québécois, le 3 octobre, quand il va arriver le
temps de voter.
M. Laberge (Thomas) : Vous
dites que le gouvernement veut faire de la question identitaire un enjeu
important, mais vous avez quand même pris la position d'accueillir des
immigrants en fonction de leur compatibilité civilisationnelle, là. Je pense
que ça s'inscrit clairement dans un débat identitaire. Donc, vous aussi, c'est
une de vos préoccupations. Puis est-ce que vous voulez baisser les seuils
d'immigration?
M. Duhaime (Éric) : Mais
je l'ai dit depuis le début, là, je pense qu'il y a beaucoup de partis ici qui
sont d'accord avec le fait qu'on a un devoir de préserver notre identité, notre
langue. C'est un héritage qui est précieux, et il faut continuer à aller dans
ce sens-là. Tout à l'heure, Claire a parlé, justement, des gens, là, que... le
six mois, là, pour intégrer les gens. C'est sûr qu'apprendre le français... Il
y a des gens qui arrivent de certaines régions du monde où c'est plus facile
d'apprendre le français que quand on arrive avec une langue qui n'a même pas le
même alphabet, tu sais. Le délai de temps pour apprendre une langue seconde n'est
pas le même pour ces gens-là. Ce n'est pas une question d'intelligence, là, et
il faut être réaliste par rapport à ça. Et c'est dans ce sens-là que, nous, on
dit : Prenons des immigrants qui vont ultimement travailler. Parce que le
vrai indicateur, quant à moi, d'une immigration réussie, c'est quand un
immigrant travaille. Quand un immigrant est sur le chômage, c'est un échec et
pour lui et pour sa société d'accueil.
Donc... Puis, tu sais, présentement, il y
a 35 000... cette année,
on prévoit qu'il pourrait y avoir jusqu'à 35 000 immigrants
qui vont entrer illégalement par le chemin Roxham. C'est immense, là, c'est
quoi, 30 %, 40 %, 50 % des immigrants qu'on va accueillir vont
rentrer de façon illégale. Ils n'auront pas de possibilité de travailler, même
s'ils le veulent, pendant un an, puis il va y avoir des délais épouvantables.
Puis ça, M. Legault, tout ce qu'il fait, encore une fois, c'est une
déclaration pour renvoyer la balle du côté d'Ottawa, mais concrètement, il n'a
fait aucun geste concret pour que cette hémorragie-là cesse.
C'est tout? Merci beaucoup.
15
409
Mme Samson : Merci.
(Fin à 13 h 24)