(Dix heures une minute)
La Modératrice : Bonjour,
bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Joël Arseneau,
notre porte-parole en matière de transports et chef parlementaire, M. Martin Ouellet,
leader parlementaire et porte-parole en matière de sécurité publique, est aussi
disponible pour les questions, ainsi que le chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon.
La parole est à vous.
M. Arseneau : Bonjour,
tout le monde. J'aimerais aujourd'hui vous parler de transport et de transport
aérien, parce qu'on sait que, depuis un mois, le gouvernement essaie de
bricoler un programme suite à des annonces qui visaient à révolutionner, selon
les mots utilisés par le ministre Bonnardel, le transport aérien régional.
On découvre, petit à petit, qu'on n'avait aucune
idée des besoins des régions et que, plutôt que de présenter un nouveau modèle
en matière de transport aérien régional, bien, on va offrir, on va tenter d'offrir
des billets d'avion pour les gens des milieux urbains pour aller visiter les
régions pour la modique somme de 500 $, mais qu'encore hier des ententes n'avaient
pas été conclues avec ces entreprises de transport aérien. On découvre
également que ce programme, plutôt qu'être au service des gens des régions… Bien,
on va voir qu'on ne pourra pas voyager, par exemple, d'une région à une autre
puis qu'il faudra nécessairement passer par Montréal ou Québec.
Essentiellement, c'est un programme touristique qui a été mis en place de façon
improvisée, encore une fois, par le ministère des Transports du Québec.
L'heure de vérité approche. Il y aura un
point de presse aujourd'hui, et on va être très vigilants, et on va suivre ça
de très près. Il y aura aussi des limitations sur les billets d'avion, le
nombre de billets d'avion, selon ce qu'on a pu comprendre. Donc, encore une
fois, on voit que le gouvernement improvise et surtout qu'il y a une
déconnexion complète entre la vision du gouvernement de la CAQ et les besoins, les
enjeux réels des régions et de ceux qui habitent les régions du Québec.
Alors, là-dessus, je suis prêt à prendre
vos questions, ainsi que mon collègue, Martin Ouellet, et mon chef Paul
St-Pierre Plamondon.
M. Laforest (Alain) : J'aurais
une question sur l'UPAC, soit M. Ouellet ou M. Plamondon. Guy Ouellette laisse
entendre que l'UPAC est maintenant devenue une police politique.
M. Ouellet : Oui,
écoutez, j'ai écouté M. Ouellette, ce matin, au micro de Paul Arcand. Je pense
que M. Ouellette indique, effectivement, une situation qui s'est passée. M.
Ouellette a été victime de «frame-up», on a «framé» Guy Ouellette pour le
sortir de la commission, pour l'accuser à tort. Et puis, à ce que je sache,
aujourd'hui, M. Laforest, il y a des gens qui sont nommés par l'inspecteur du
BEI comme étant des fuites potentielles… ou, en tout cas, du moins, d'avoir
participé à des fuites organisées. Et, dans certains cas, ces personnes-là sont
encore à l'emploi de l'UPAC.
Donc, si vous me posez la question si, à
l'époque, c'était une police politique, la réponse, c'est oui. Et le fait qu'on
a encore des gens qui étaient là à l'époque, qui sont là, présentement, dans
l'UPAC, nous indique à croire que rien n'a changé.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous croyez qu'on doit appliquer une des recommandations du comité sur la
réalité policière, là, le comité Sévigny, à l'effet qu'on doit démanteler
l'UPAC puis retourner ça à la Sûreté du Québec?
M. Ouellet : Ce comité a
posé un excellent diagnostic. Évidemment, présentement, c'est ce qu'on a
appris, d'ailleurs, encore hier, c'est que le BEI est toujours en enquête sous serment
par rapport aux fuites à l'UPAC. Donc, évidemment, à la conclusion de
l'enquête, s'il y a des accusations, ça va nous donner une indication claire
que l'UPAC a perdu confiance et que la population aura perdu confiance en
l'UPAC. Donc, à ce stade-ci, j'attendrais quand même la conclusion du BEI quant
à savoir s'il y a eu...
M. Laforest (Alain) : Il
y a quand même une recommandation du comité Sévigny.
M. Ouellet : Effectivement.
M. Laforest (Alain) : Vous
n'avez pas l'impression qu'il a misé juste sans savoir ce qui se passait
vraiment ou il y a eu des témoignages à la commission qui font en sorte qu'on
devrait peut-être aller dans cette direction-là, c'est-à-dire, même si on a
donné le statut de corps de police à l'UPAC, on ne devrait pas l'abolir? Je
pense que votre chef veut réagir là-dessus, là.
M. Ouellet : Oui, bien,
tu sais, tout pointe vers là, M. Laforest. Tu sais, il n'y a pas
d'indication à savoir qu'aujourd'hui, ce matin, en lisant les médias, en
écoutant les reportages, hier soir, la population du Québec apprend qu'on monte
une pièce de théâtre. Je le rappelle qu'on a «framé» des gens, on a joué avec
la vie des gens. Imaginez, on a fait ça à des députés, on a fait ça à des gens
qui étaient dans les corps policiers, imaginez ce qu'ils pourraient faire à M.,
Mme Tout-le-monde.
Donc, je pense que les gens ont des
raisons de croire que l'UPAC n'a pas fait la job adéquatement et a utilisé des
méthodes qui sont questionnables. M. Doyon, lors de son témoignage, a
amené, effectivement, le juge à qualifier cette enquête-là de bidon. Donc, à la
lumière de toutes ces informations-là, je pense que les gens sont en mesure
d'évaluer que la crédibilité de l'UPAC est entachée et que, si on veut
travailler pour la collusion et contre la corruption, ça prend des corps
policiers qui sont exempts de tout…
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que c'est seulement l'UPAC ou est-ce qu'on peu…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
…juste un point.Très bien, il y a des enquêtes en cours, mais il me
semble qu'il y a une seule certitude, là, sur laquelle on doit tous être
d'accord. Si quelqu'un a manipulé le système de justice et a posé des gestes de
manière à corrompre notre processus policier et notre processus de justice, il
va falloir qu'il y ait des coupables, il va falloir qu'il y ait des
responsables, à tout le moins pour cette petite partie là. Parce que les
responsables et les coupables qu'on recherchait, à travers l'UPAC, on ne les a
jamais trouvés, en raison de ce qu'on vient d'apprendre. Donc, je m'attends, au
minimum, si la preuve, elle est là, elle est claire, qu'il y ait des
responsables pour ce sabotage de nos institutions. Parce que, s'il n'y a pas de
responsable, jamais, on ne peut pas demander à la population d'avoir confiance
en nos institutions. À un moment donné, ça prend des responsables.
M. Robillard (Alexandre) : Avez-vous
l'impression que l'enquête du BEI va vraiment faire la lumière sur ce qui s'est
passé à l'UPAC?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je pense que ça va nous permettre d'avancer sur ce qui s'est passé, mais
que ce qu'on a déjà sur la table, présentement, est très troublant. Je réitère
que ça va prendre des responsables. On ne peut pas, comme on l'a vu par le
passé, fermer les yeux, puis qu'à la fin il n'y a personne de responsable, il
n'y a personne qui en paie le prix. Il en va de la confiance envers nos
institutions.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que M. Lafrenière devrait être amené devant les tribunaux? Bien,
M. St-Pierre Plamondon, c'est vous qui dites que ça prend des coupables. C'est
qui, qu'il faut amener devant les tribunaux? Est-ce que c'est
M. Lafrenière?
M. Ouellet : Bien, c'est
ce que l'enquête du BEI sur l'enquête Serment va établir. Je veux dire, on a des
indications qu'il y a effectivement trois fuites qui viennent de M. Lafrenière,
trois fuites qui viennent de M. Boulanger, huit fuites de Mme Laurence et deux
fuites de M. Pelletier. Donc, on a déjà une indication que le BEI a circonscrit
des endroits où est-ce que les fuites auraient eu lieu. On est en 2020, ces
informations-là sont disponibles aujourd'hui. Je présume que tout ça a évolué,
mais on espère que, si ça, c'est vrai, il y aura effectivement des poursuites,
et les gens seront traduits en justice. Ça, c'est évident, ça.
M. Robillard (Alexandre) : Vous
dites que, bon, l'UPAC, on pourrait remettre en question son statut de corps
policier, là, mais quand même, là, les faits dont on parle, c'est des faits qui
remontent à l'époque où il y avait des policiers de la Sûreté du Québec, du
SPVM, de différents corps policiers. Est-ce qu'on est en mesure de dire que,
vraiment, le problème est circonscrit à l'UPAC ou si, vraiment, on est en
mesure de se poser la question si la police n'est pas malade au Québec?
M. Ouellet : Non, je n'irais
pas jusque-là. Je n'irais pas tirer des roches à l'ensemble des corps
policiers. Il y a des gens, au SPVM, au SPVQ, à la Sûreté du Québec et dans
tous les corps municipaux au Québec, qui font un excellent travail. Et j'espère
que la population du Québec fait la différence entre ce qui se passe à l'UPAC
et ce qui se passe dans les autres corps policiers. Cela étant dit...
M. Robillard (Alexandre) : Je
ne comprends pas, parce que, je veux dire, quand même, ce qui s'est passé là,
c'était le fait de policiers qui appartenaient à divers corps policiers, c'est
une culture policière.
M. Ouellet : Ah! bien, c'est
une culture propre à l'UPAC. Est-ce que c'est une culture policière? Moi, je
n'irais pas jusque-là. Je ne suis pas en train de dire que tous les policiers
ont agi de la sorte dans toutes les enquêtes, là, ce n'est pas vrai que vous
allez me faire dire ça ce matin. Mais, du côté de l'UPAC, je me mets à la place
des citoyens, et, même si ça fait deux ans que ça, ça a été dit puis qu'on nous
dit qu'on a changé de commissaire puis qu'on a donné des nouveaux moyens à
l'UPAC de faire le travail différemment, le résultat, à la fin des courses,
c'est que Mâchurer a été laissé tombé, il n'y a pas eu de procès pour Mme Normandeau.
Donc, le bilan, pour la population, de l'UPAC, il est mince, et les gens sont
en mesure de se poser la question : Que c'est ça donne?
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il n'y a pas un malaise, justement, à toute cette question-là? Parce
qu'autant le projet A que l'enquête Serment du BEI cherchent à identifier qui a
fait des fuites dans les médias à des journalistes. Ça sous-entend qu'on va
essayer de savoir d'où viennent les sources journalistiques.Je me suis
rendu jusqu'en...
M. Ouellet : Effectivement,
M. Lacroix…
M. Lacroix (Louis) : ...pour
défendre ça. Alors là, on est en train de dire : Il faut que le BEI
continue à faire son enquête pour essayer de voir qui... À l'autre bout de ça,
là, il y a des journalistes, dont moi, là, qui pourraient voir leurs sources
dévoilées. Est-ce qu'il n'y a pas un malaise?
M. Ouellet : C'est vraiment
un gros «shit show» pour la politique, et pour le monde policier, puis pour le
monde journalistique. Je n'arrive pas à croire que, comme technique, on est
obligé d'aller jusque-là pour essayer de faire avancer les enquêtes, dans le
cas de la lutte à la corruption ou de la lutte à la collusion. C'est majeur. Et
M. et Mme Tout-le-monde, aujourd'hui, qui regardent l'UPAC puis qui voient,
effectivement, comme vous le soulevez, M. Lacroix, l'incidence que ça peut
avoir auprès des journalistes qui doivent protéger vos sources... Et vous avez
raison d'en faire mention, vous vous êtes rendus jusqu'en Cour suprême, les
journalistes ont gagné. Mais, si on n'a plus cette certitude-là, quel genre de
démocratie qu'on va être, quel genre de corps policier on aura et quel genre de
système de justice on va avoir?
C'est pour ça que, même si on nous dit :
On a fait table rase sur le passé, M. Gaudreau est l'homme de la situation ou
l'équipe a changé, les pouvoirs sont là, je pense qu'on peut difficilement
remettre la pâte à dents dans le tube pour dire au Québec : Ça va changer,
puis l'UPAC va faire son travail.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je
pense que le principe, c'est qu'il ne faut jamais contraindre les journalistes
à dévoiler leurs sources, mais que, si nos institutions policières et notre
système de justice a, au sommet de la pyramide, des gens qui sabotent les
processus, intentionnellement font des fuites, ces institutions-là ont le droit
de faire leur propre examen interne de comment ils fonctionnent. Donc, il faut
séparer les deux. La preuve d'un sabotage à travers des fuites peut être faite
sans contraindre les journalistes dans leur travail, c'est comme deux choses
séparées. Mais je pense qu'en effet il faut rappeler que les journalistes ont
le droit de protéger leurs sources.
Ça n'empêchera pas, par contre, la remise
en question de l'UPAC puis la remise en question, maintenant qu'on sait que ces
gestes-là ont été posés, de la responsabilité potentiellement criminelle de
gens qui ont saboté notre système de justice.
M. Lacroix (Louis) : Parce
que, si on amène ces gens-là devant les tribunaux, eux autres vont vouloir se
défendre. Et, dans leur défense, qu'est-ce qu'ils vont faire pour protéger le
secret journalistique ou le secret des sources?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui.
Puis il y a quand même un gros volume de jurisprudence puis des juges pour
démêler ça puis s'assurer de tracer une ligne. Mais je veux juste rappeler
qu'on est devant la corruption de nos services policiers et de notre système de
justice, d'en haut, là, je ne vous parle pas de quelqu'un en bas, dans
l'organigramme, qui est une pomme pourrie, là. Il y avait une intention puis
une planification si c'est ça qui est arrivé. Et moi, je vous dis, au minimum,
il faut arriver à la responsabilité pénale des gens qui ont posé ces gestes-là,
si la preuve, elle est concluante, si la preuve est aussi claire que ce qu'on
comprend ce matin.
M. Bergeron (Patrice) : Si on
va au bout de votre raisonnement, cependant, c'est que, mettons qu'on dissout
l'UPAC puis qu'on envoie ça à la SQ, est-ce qu'il n'y a pas un risque qu'il n'y
ait plus d'organisme de surveillance contre la corruption puis qu'on dise :
Bien, ça appartient à tout le monde, mais ça n'appartient à personne, puis
qu'on arrive à peu près à la même situation d'avant la création de la
commission Charbonneau?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi,
je pense que l'UPAC aura failli à la tâche sur toute la ligne parce que c'était
l'intention. Il y avait une intention dans tout ça, là, que l'UPAC ne réussisse
pas à faire son travail. Donc, quand la structure, elle est viciée d'en haut de
la pyramide et dès le départ, il y a lieu de mettre sur la table toutes les
autres possibilités pour offrir une meilleure protection contre la corruption.
Parce que, clairement, il y a une forme de corruption dans l'UPAC, et ça, bien,
on ne peut pas continuer comme ça puis s'aveugler en se disant : Bien, ça
n'a pas eu lieu, là. La preuve, elle est terriblement concluante, là, de ce
qu'on voit, là.
M. Laforest (Alain) : Êtes-vous
d'accord avec le premier ministre que le Québec, c'est la Louisiane?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je
pense que le premier ministre a fait une autre opération de communication, a
utilisé des superlatifs pour faire passer l'idée que, s'il obtient plus de
députés, il obtiendra les pleins pouvoirs en immigration. Moi, je vous dis la
chose suivante : Allez demander à Justin Trudeau, dans l'éventualité où la
CAQ obtient plus de députés après les prochaines élections, s'il va changer son
fusil d'épaule et donner les pouvoirs en immigration au Québec. Posez-lui la
question.
M. Lacroix (Louis) : Mais la
question, ce n'est pas ça, la question, c'est de savoir : Est-ce que M.
Legault exagère en disant que le français est si menacé au Québec, notamment
par l'immigration, qu'on pourrait devenir la Louisiane de l'Amérique du Nord?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le
français recule, et c'est en grande partie en raison des politiques actuelles
de la CAQ.
M. Laforest (Alain) : Mais
vous n'acquiescez pas à ce qu'il dit, là, vous dites : Il va trop loin,
quand il dit ça, ou il y a une part de vérité, même s'il fait un calcul
politique derrière ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le
français recule. Est-ce qu'on est au stade de la Louisiane? Non, mais le
français recule, et c'est lié aux décisions actuelles de la CAQ. Mais ce que
François Legault essaie de faire, je le réitère, c'est d'utiliser des
superlatifs pour convaincre les gens de l'idée farfelue que quelques députés de
plus changeraient quoi que ce soit à Ottawa, et c'est faux.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais est-ce
que la situation de la Louisiane nous guette, au Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui,
on est toujours à risque de voir le français reculer de manière irréversible,
notamment dans certaines portions de notre territoire. Ça a toujours été la
raison d'être du Parti québécois, d'ailleurs, trouver les politiques publiques
qui permettent une pérennité de la langue française et de notre culture. Et,
sous la CAQ, ce qu'on a vu, c'est la continuité des politiques du Parti libéral
du Québec, avec les résultats qu'on connaît.
M. Lacroix (Louis) : Donc, M.
Legault a raison? Parce qu'il n'a pas dit qu'on était la Louisiane, il a dit
qu'il y avait un danger qu'on devienne la Louisiane. Vous dites la même chose.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : François
Legault a tort parce que ce qu'il dit, c'est qu'aux prochaines élections il
obtiendrait plus de députés, de sorte qu'il obtiendrait les pouvoirs en
immigration. Ça ne tient pas la route.
M. Laforest (Alain) : Ça fait
qu'il mange votre tourtière nationaliste?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ce
n'est pas une tourtière, c'est un gros pot de crastillon.
M. Lacroix (Louis) : C'est du
porridge?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est
pire que du porridge.
M. Lachance (Nicolas) : Mais
en l'entendant, en fin de semaine, parler de nationalisme de la sorte, vous
n'avez pas eu l'impression de vous faire voler un peu votre discours, puis...
qui a, bon, perdu la partie en ce qui concerne le nationalisme?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Il
faut arrêter de voir la politique comme une joute sportive et prendre les
affirmations de chaque parti pour la valeur qu'elles ont pour l'avenir.
L'affirmation de François Legault comme quoi, s'il obtient plus de députés, il
obtiendra les pouvoirs en immigration, elle est loufoque, elle est burlesque. C'est
ça qu'il faut discuter, et non pas voir, comme on fait beaucoup trop, là, est-ce
qu'il vous a pris votre thème, puis là qu'est-ce que ça a comme incidence, puis
essayer de projeter. Évaluons si ce que François Legault nous dit a du sens
pour l'avenir. Et la réponse, c'est non, ça n'a pas de sens. Puis ça devrait
être ça, le débat.
M. Bossé (Olivier) : ...du
PQ qui va donner les pouvoirs en immigration au Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Absolument pas, c'est le même film qui se répète. Mais on voit très bien
c'est quoi, l'intention, c'est d'instrumentaliser un enjeu pour s'assurer, là,
de...
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous croyez M. Legault, quand il dit qu'il ne fera jamais de
référendum sur la souveraineté, compte tenu de son passé, compte tenu de ce
qu'il demande à Ottawa puis du fait qu'Ottawa n'a pas l'air extrêmement ouvert?
Alors, est-ce que vous croyez M. Legault, quand il dit : Moi, je ne
ferai pas de référendum sur la souveraineté, je ne ferai jamais ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
François Legault a fondé un parti avec des fédéralistes pour le
fédéralisme. Et, pour ceux qui avaient un petit doute sur son intention, il a eu
une vingtaine d'occasions, au cours des quatre dernières années, de vraiment se
dresser contre le fédéral. Mais ce qu'on a vu, de François Legault, c'est qu'à
chaque défaite, à chaque refus, généralement, ça dure 48 heures, il se dit
déçu ou un peu fâché, puis après vous n'en réentendrez plus jamais parler.
C'est ça, la CAQ.
Et, comme je disais dans mon discours en
fin de semaine, la raison de cet à-plat-ventrisme, c'est que la CAQ se refuse à
nommer la seule solution possible et se refuse, donc, à se donner un minimum de
pouvoir de négociation en invoquant l'idée d'indépendance du Québec. Pire, la
CAQ cherche à éliminer l'idée et le parti qui représente cette option-là, alors
que c'est notre seule source de pouvoir de négociation quelconque. Si le zèle
fédéraliste de François Legault avait donné un quelconque résultat dans ses
demandes auprès du fédéral, après quatre ans, on le saurait. Et la vérité,
c'est qu'il est zéro en 22.
M. Duval (Alexandre) : Ça
n'a pas l'air de trop déranger la population, en tout cas, dans les sondages,
ce type de position là, M. St-Pierre Plamondon. Est-ce qu'il n'y a pas un
examen à faire, de votre côté, à savoir quel type de discours peut, justement,
vous permettre de remonter la pente? Parce qu'il a beau être fédéraliste, il a
le vent dans les voiles, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Le seul discours qui peut nous permettre de remonter la pente, c'est de
dire vrai, de donner l'heure juste. Si la CAQ utilise subterfuge après
subterfuge pour donner une impression puis ensuite faire d'autres choses, faire
l'inverse, c'est à nous de démontrer que ce n'est pas la voie à suivre si on
veut bâtir un Québec qui a une langue puis une culture durable qui est
prospère.
M. Robillard (Alexandre) : ...de
réclamer le pouvoir d'interdire les armes de poing au Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Allo.Pardon?
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que vous pensez que M. Legault serait en position de réclamer le pouvoir
d'interdire les armes de poing au Québec?
M. Ouellet : Non, je ne
penserais pas. On a eu la réponse hier du gouvernement fédéral avec une
nouvelle pièce législative pour légiférer pour la circulation des armes. Ce
n'est pas parfait, mais c'est déjà un pas dans la bonne direction. Au moins, on
ne pellette pas la responsabilité dans la cour des municipalités. Donc, le
fédéral joue une certaine partie, son rôle. Est-ce que ça va avoir une
incidence sur le trafic d'armes illégales? J'en doute pour le moment, mais ça
aura effectivement une incidence sur un certain contrôle, actuellement.
M. Robillard (Alexandre) : Donc,
je comprends que, pour vous, ce pouvoir-là, ça n'intéresse pas le Parti
québécois?
M. Ouellet : Bien, c'est
un... On veut tous les pouvoirs, ça fait que, si vous me dites de faire du
«cherry picking», la réponse, c'est non. On les veut tous, ça fait que ce soit
celui-là ou les pouvoirs en culture, en immigration, bref, on veut tous les
pouvoirs. Donc, pour nous, ils sont tous importants.
Mme Lévesque (Fanny) : Le
projet de loi n° 28, on arrive à terme, là, est-ce que vous allez voter
contre?
M. Arseneau : Bien, on
va annoncer, au moment du vote, de quel côté on penche. On va certainement
tourner la page sur cette période de gouvernance par décrets, mais
malheureusement le projet de loi, lui, perpétue un certain nombre de décrets.
Donc, on était très sceptiques par rapport au projet de loi, on l'est toujours,
on ne pense pas qu'on avait besoin d'un projet de loi pour lever l'état
d'urgence. Et on se prononcera, là, au cours des prochaines heures.
M. Laforest (Alain) : M. Arseneau,
est-ce que ça vous fait capoter? Vous ne pouvez pas prendre l'avion à
500 $ pour aller à Matane, vous êtes obligé de venir à Québec.
M. Arseneau : En fait,
si le problème était uniquement les tarifs, je pense que la solution qui est
proposée par le MTQ pourrait être envisageable, mais le nombre de problèmes
qu'on éprouve, actuellement, en matière de fiabilité de service, de fréquence,
le nombre de sièges disponibles, c'est ça, le vrai problème. C'est le modèle
qu'il faut revoir, puis le gouvernement s'y est refusé.
Mais, pour répondre plus spécifiquement à
votre question, on annonce un programme pour... qu'on a présenté comme une
petite révolution dans le domaine du transport aérien régional, puis essentiellement
on va payer une partie du billet d'avion pour les gens de Montréal et de Québec
pour aller visiter les régions. Pire encore, on va payer les billets des gens
de l'Ontario, de la Colombie-Britannique ou même de l'étranger pour venir
visiter les régions. Mais les gens des régions, eux, ne pourront pas aller
visiter d'autres régions du Québec. C'est absolument absurde, inacceptable, et
c'est une démonstration, encore une fois, de la déconnexion du parti au pouvoir
avec les régions qu'on dit vouloir soutenir.
M. Duval (Alexandre) : Ce
n'est pas tout à fait exact puisqu'il existe déjà un programme de réduction des
tarifs aériens, et le ministre dit que ce programme là, en étant bonifié, va
permettre aux gens des régions d'avoir eux aussi des billets à tarif, disons,
enviable. Ma question, c'est : Pour les gens des régions qui ont ce
programme-là, est-ce que ça permet réellement de voyager pour 500 $ ou
moins? Est-ce que la bonification le permet vraiment?
M. Arseneau : Non,
absolument pas. C'est qu'en fait on parle de deux choses différentes. Le programme
de réduction des tarifs aériens, il était déjà existant. Alors, si on dit :
La nouvelle mesure à 500 $ va permettre davantage aux gens des régions de
voyager, c'est faux parce que le programme, il existait déjà, le PRTA.
M. Duval (Alexandre) : …c'est
qu'il y a une équivalence un peu entre les deux, là, que les gens qui ont accès
à un tarif à 500 $, bien, finalement, les gens des régions, ils y ont déjà
accès d'une certaine manière à travers le programme de réduction des tarifs
aériens. Vous êtes aux Îles-de-la-Madeleine, vous le savez. Ça vous coûte quoi,
avec ce programme-là, pour y aller?
M. Arseneau : Oui, mais,
en fait, la question qui se pose, c'est : Quelle est la valeur ajoutée,
pour le transport aérien régional, de la mesure qui est présentée d'offrir des
billets à 500 $ pour les citadins… d'aller visiter les régions? Et elle
est nulle. En fait, au mieux, ça n'aura aucun avantage puis, au pire, ça va
enlever des sièges à ceux des régions qui voudraient, justement, voyager d'une
région à l'autre ou des régions vers les grands centres.
Et l'exemple des Îles-de-la-Madeleine est
patent là-dessus, c'est-à-dire que, si on augmente le nombre de sièges qui
seront vendus, là, au cours de la période estivale, on n'aura pas de place pour
loger les gens qui vont venir nous visiter, on n'aura pas de voiture à leur
louer, et les gens vont se retrouver Gros-Jean comme devant en se disant :
Bien, j'ai eu un billet d'avion, mais je ne suis pas capable de profiter des
vacances aux Îles-de-la-Madeleine. Et les gens des Îles-de-la-Madeleine qui
vont vouloir sortir, il n'y aura pas de billet disponible.
Alors, ce qu'on veut, c'est rendre plus
robuste le système de transport aérien régional sur une base de 12 mois
par année, puis ce n'est pas le bon moyen, avec des billets à 500 $ pour
les gens de la ville ou les gens de l'étranger.
La Modératrice : On va passer
aux questions en anglais, s'il vous plaît.
M. Authier (Philip)
: M. St-Pierre Plamondon, with
what we know today and what was revealed yesterday, do you think UPAC should be
dismantled? Do you think we're at that stage where we cannot proceed with
allowing this police force to exist?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Yes, we cannot trust that
police force anymore. Obviously, the problems are very profound, and we need to
look at every single option other than to continue with a police force that
failed us, failed dramatically.
M. Authier (Philip)
: When you see what was said, what was your reaction to the
revelation? I mean, it seems quite troubling.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : I have trouble believing
how bad it is. We kind of knew that the inquiries surrounding the Charest era
were problematic, were not leading to any result. So, we had hypothesis, we had
ideas that, maybe, things are not right. But to the point where people at the
top of the organization would make things like what was done, would sabotage
the institution as a whole, it's extremely troubling, and we need to take this
seriously by making sure, at least, that those who committed those felonies
will be before a court of justice.
Mme Senay (Cathy) : But, now that Mr. Lafrenière went from the head of UPAC to a main
suspect, do you have the impression that UPAC needs to be scraped, we need to
start all over this, as soon as possible, because the population doesn't
have... doesn't trust the UPAC anymore?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Exactly, we have an issue
of trust now, because it says that, for years, all this was theater. So, how
can you continue with that organization if, culturally speaking, the
organization as a whole was in a business of theater? You can't trust them.
Mme Senay (Cathy) : So, you scrap it?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Yes. We need to put on the
table any other possibility that we think would be effective against
corruption, but we can't go forward with this.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Legault went... he made that comparison with Louisiana, that's
his motto, right now. Do you have the impression that he's playing with fire? Because
it's a very important comparison. And then he's talking about survival of
Québec, and then he goes and says : We need those powers from Ottawa,
those immigration powers. What will happen if he doesn't get them?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
It's not what will happen if, he tried on several occasions and he
didn't get them. And I'm telling you, go and ask Justin Trudeau : What's
going to happen if CAQ brings 15 more MPs during the… after the next election? You,
Justin Trudeau, are you going to change your mind as to powers on immigration, are
you going to give Québec all the powers in immigration? Ask him. Of course, the
answer is no. So, François Legault is misleading the population, trying to use
strong wording to make us forget that his plan, nationalism, or federalism,
should I say, is leading nowhere.
M. Grillo (Matthew) :
Is he just trying to keep his team motivated, do
you think?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I don't know what he's trying to do, but it doesn't make any
sense for anyone who is attentive, who's following the politics, it doesn't
make sense, it's not true. And that's the issue we have : Is the narrative
more important than the reality?
La Modératrice
:
Une dernière en anglais, s'il vous plaît.
M. Authier (Philip)
: What did you feel… I was at the CAQ on the weekend.
How did it feel when you saw all those PQ members, really, people who had PQ
roots, at the microphone, asking for a referendum, at a CAQ event, on
immigration? How did that make you feel, as the leader of the PQ, to see your
people, that used to be affiliated with your party, now actively working inside
the CAQ and going to the microphone? I think his name is Mr. Massicotte, going
to… It was like being at a PQ event, but without the PQ banners.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. And I have to admit, I kind of laughed. In French, we
say : «Le ridicule ne tue pas.» But here we are, being upfront with the
only solution, that is the independence of Québec, and some people, they
conclude : I have a good idea, I'm going to go to the CAQ event, a
federalist party, and I'm going to tell them that we're going to hold a
referendum on immigration, we'll see how that goes. Obviously, it was a total
failure. So, we need to stop to lie to ourselves, we need to have that courage
to see that there's a solution, it's called the independence of Québec, and we
need to be coherent. Otherwise, it's a waste of time.
M. Authier (Philip)
: But why aren't they with you?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, we have former CAQ… former members
of the youth of the CAQ that joined us for that reason. So, maybe, in three
months, those people will just be fed up and will switch, so that's what we
hope. But it's so absurd, there's something very ridiculous about the
situation, and, at some point, we just need to be honest and say : Well,
this doesn't make sense. They are federalists because they cannot even say the
word «independence». They have no bargaining power whatsoever with Ottawa.
Therefore, they will never get any of their demands. And when we say :
What's your plan B? They have none. That's where we come up.
Mme Senay (Cathy) : What did you think about Mr. Legault comparison with Le Pen and
Trump, on Sunday afternoon, when he was asked about Bill 96 and immigration,
that it's reasonable, his speech is reasonable, how we are asking people to
speak French, so…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : But I missed that one. What did he
say about Le Pen and Trump?
M. Authier (Philip)
: No, no, he said : Our policy is reasonable just to…
Mme Senay (Cathy) : It's comparable to Le Pen and Trump, on French and on immigration.
So, he compares himself to Trump and Le Pen saying that we are reasonable in
Québec. But why do you compare yourself, on your own initiative, to Donald
Trump and Marine Le Pen?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I just want… I don't want to start
trying to justify what François Legault says, I mean…
Mme Senay (Cathy) : No, I'm not asking you to justify, but…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I was asked in French : Is it a
«tourtière»? And I answered : It is «crastillon». And it's basically what
it is. It's just, I don't even understand. Let's hope that, at some point, we
will come back to a sphere of politics where we talk about public policies and
that we try to determine what's the best public policy. So long that we are
satisfied with just sentences, like, just phrases like this that are thrown to
make diversion, so long we are satisfied with that, we are going to be very
disappointed with the society that we have.
M. Grillo (Matthew) :
Just on guns, what are your thoughts on
the Trudeau Government's plan that they came out with, just yesterday? And does
it go far enough?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
Well, I mean, it's a good thing that we start acting. I'd rather
have the federal Government… as much as I'm critical, I'd rather have something
happening than nothing. Now, the issue is : What about the illegal guns?
What about the borders? Because a substantial part of the problem is not
through legal purchasing, it is through illegal importation of guns through the
borders, and, for this, we have little or no solution right now.
La
Modératrice : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 10 h 33)